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Full text of "Bulletin de la Commission historique et archéologique de la Mayenne"

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DE  Là  commission 


DE    LA    MAYENNE 


GRÉÉE   PAR   ARBÉTÉ   PRÉFECTORAL    DU   17   JANVIER   1878. 


DEUXIÈME  SÉRIE 

TOME     D1X-SE3PTIÈME 

1901 


LAVAL 

IMPRXMKRIB     LAVAL.L.OmE 

E    LtuivRi 

4901 


1*  THUfSsnis  DK  1901. 

49, 


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Harvard  Collège  LIbrary 
MAR  28  1912 


Pref .  A.  Cl 


~.  Coolldge 


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MEMBRES  DE  LA  COMMISSION 


Membres  titulaires. 


MM 


ANGOT  (Fabbé  Alphonse),  auteur  de  travaux  historiques,  à 
Louverné  (Mayonne). 

BEAUCHESNE  (marquis  de),  licencié  ès-lettres,  au  château 
de  Lassay  (Mayenne),  au  château  de  la  Roche-Talbot, 
par  Souvigny  (Sarthe),  et  8,  avenue  Marceau,  Paris. 

CHEDEAU,  Président  de  la  Société  d'Archéologie,  Sciences, 
Aris  et  Belles-Lettres  de  la  Mayenne,  place  Cheverus, 
Mayenne. 

DURGET  (Charles),  rue  de  Tours,  Laval. 

F  ARC  Y  (Paul  de),  inspecteur  de  la  Société  française  d'Ar- 
chéologie pour  le  département  de  la  Mayenne,  rue  de  la 
Poste,  Chàteau-Gontier. 

GARNIER  (Louis),  architecte,  inspecteur  des  édifices  diocé- 
sains, membre  de  la  Commission  d'architecture,  rue  de 
Joinville,  Laval. 

GOUVRION  (E.),  rue  Verte.  Mayenne. 

GROSSE-DUPERON  (A.),  auteur  de  travaux  historiques,  ju- 
ge de  paix,  rue  Jacques  Labitte,  Mayenne. 

H.\WKE  (Eugène),  ancien  architecte  du  département,  mem- 
bre delà  Commission  d'architecture,  rue  de  Rennes,  LavaL 

LA  BEAULUÈRE  (Louis  de),  auteur  de  travaux  historiques, 
chàieau  de  la  Drujeotterie,  Entrammes  (Mayenne). 

LAURAIN  (Ernest),  ancien  élève  de  l'école  des  chartes, 
archixiste  de  la  Mayenne,  3,  rue  Ambroise  Paré,  Laval. 

LEBLANC  (Edmond),  avocat,  ancien  député,  conseiller  géné- 
ral, Nouvelle  'l'raverse,  Mayenne. 

LECOMTE  j|,  ingénieur  en  chef  des  ponts  et  chaussées, 
membre  de  la  commission  d'architecture,  28,  rue  de  Paris, 
Laval. 

LEMONNIER  DE  LORIÈRE  (Léon),  membre  de  la  Société 
pour  la  conservation  des  monuments  historiques,  con- 
seiller général,  Epineu-leSéguin (Mayenne). 


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MOREAU  (Emile)  Qy  membre  de  plusieurs  Sociétés  savantes, 
8,  rue  du  Lieutenant,  Laval. 

ŒHLERT  (Daniel)  j|,  O,  ancien  vice  président  de  la  So- 
ciété géologique  de  France,  membre  non  résident  du  Co- 
mité des  travaux  scientifiques  au  ministère  de  Tlnstruc- 
lion  publique,  membre  correspondant  de  l'Institut,  29, 
rue  de  Bretagne,  Laval. 

RAULIN  (Jules), avocat,  membre  de  plusieurs  sociétés  sa- 
vantes, auteur  de  travaux  historiques,  Mayenne. 

RICHARD  (Jules  Marie)  Q,  archiviste  paléographe,  corres- 
pondant du  ministère  des  Beaux-Arts,  2,  place  du  Gast, 
Laval. 

TRÉVÉDY  (Julien),  ancien  président  du  Tribunal  de 
Quimper,  rue  de  la  Préfecture,  Laval 

COMPOSITION  DU  BUREAU 

Président  honoraire,  M.  Floucaud  de  Fourcroy,  0.  ^, 
Président,  M.  E.  Moreau  0« 

IMM.  Trévédy, 
Leblanc, 
DE  Farcy, 
Secrétaire,  M.  Laurain, 
Trésorier,  M.  Durget. 


Membres  Correspondants. 


MM. 

Acbon  (Ch.  d'),  au  château  de  la  Roche  de  Gennes  (Maine- 
et-Loire). 

Alleaume  (A.),  peintre  verrier,  rue  de  Bootz,  I-.aval. 

Angot (Edmond), docteur-médecin,48, rue  de  Joinville,Laval. 

Anis  (l'abbé  A.), licencié  ès-letlres,  curé  de  Vaiges  (Mayenne). 

Appert  (Jules),  Fiers  (Orne). 

Argentré(comte  d'),  au  château  de  la  Bermondière,par  Cou- 
terne  (Orne). 


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—  9  — 

Auguste  (l'abbé  Alphonse),  licencié  es-lettres,  Collège  Sainte- 
Croix,  Le  Vésinet  fSeine-et-Oise). 
Auguste  «l'abbé  Henri),  vicaire,  Andouillé  (Mayenne). 
Aveneau  de   la  Grancière,  château  de  Moustoir-Lan,  en 
Malguénac,  par  Pontivy  (Morbihan). 

Barbe,  ancien  membre  titulaire,  conservateur  du  camp  de 
Jublains,  juge  de  paix  à  Conlie  (Sarthe). 

Bertrand  de  Broussillon  (comte)  0,  archiviste  paléogra- 
phe, président  de  la  Société  des  archives  historiques  du 
Maine,  15»  rue  de  Tascher,  Le  Mans,  et4S,  rue  de  Grenelle, 
Paris. 

Brou  (Charles),  bibliothécaire  de  la  ville,  rue  du  Pont-de- 
Mayenne,  Laval. 

Chappée  (Jules;,  place  Saint  Pavin,  au  Mans. 

rhardon  (Henri),  rue  de  Flore,  au  Mans. 

Chemin,  4, ancien  membre  titulaire,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées,  ^2,  avenue  de  l'Aima,  à  Paris. 

Chiron  du  Brossay,  ancien  directeur  de  l'Enregistrement, 
à  Chàteau-Gonlier. 

Coquart,  ^,  0,  ancien  architecte  diocésain  de  Laval,  42, 
rue  de  Boulainvillier,  Paris-Passy. 

Cornée  O,  ancien  membre  titulaire,  316,  rue  Solférino,  à 
Lille. 

CourtilloUes  d'Angleville  (Antoine  de),  au  château  d'Assé- 
le-Bérenger,  parÉvron. 

Coutard  (l'abbé  Alb.),  curé  de  Vallon  (Sarthe). 

Darcy,  ^,  architecte  de  la  Commission  des  monuments 
historiques,  2,  rue  de  Bruxelles,  Paris. 

Delaunay  (Léon),  interne  des  hôpitaux,  18,  rue  Vavin,  Paris. 

Desmot  (Lucien)  O,  receveur  particulier  des  finances,  à  Is- 
soire  (Puy-de-Dôme). 

Dubel  (Isidore)  0,  maire  de  St-Ouen-des-Toits,  (Mayenne). 

Dubois  (Mgr  Ernest).,  évéque  de  Verdun. 

Dulong  de  Rosnay  (Monseigneur),  ancien  vice-président  de 
la  commission  à  Morlaix. 

Duval  (Louis),  ancien  élève  de  l'Ecole  des  chartes,  archivis- 
te du  département  de  l'Orne,  correspondant  du  ministère 
de  l'Instruction  publique  et  des  Beaux-Arts,  à  Alençon. 


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-   10  - 

Farcy  (Louis  de),  Angers  (Maine-et-Loire). 

Fleury  (Gabriel),  imprimeur  à  Mamers  (Sarthe). 

Floucaud  de  Fourcroy,  0.  j|,  inspecteur  des  ponts  et 
chaussées  lionoraire,  président  honoraire  de  la  commis- 
sion, Saint-Malo  (Ilie-et- Vilaine). 

Frain  de  la  Gaulairie,  à  Vitré  (Ille-et- Vilaine). 

Gerbault  (Georges),  au  Buard,  c°°  de  Changé,  par  Laval. 

Gillard  (Fabbé),  «-uré  de  Couesme  (Mayenne). 

Goupil  (Albert),  licencié  ès-leltres,  imprimeur,  quai  Jehan- 
Fouquet,  Lavai. 

Guétron  (rabbéj,  licencié  ès-lettres,  vicaire  à  Juvigné-des- 
Landes  (Mayenne).* 

Hauterive  (Blanc  de  la  Naule  d'),  chef  de  bataillon  au  lOi*. 
Paris 

Hétier,  ^,  ancien  membre  titulaire,  ingénieur  en  chef  des 
ponts  et  chaussées,  Paris. 

Kuntz(A.)  ^,  sous-intendant  mihtaire  en  retraite,  2:2,  rue 
Monsieur  le  Prince,  Paris. 

La  Broise  (Henri  de)  »î<,  170,  rue  du  Faubourg-Saint-Honoré, 
Paris. 

La  Chesnais  (Maurice)  0.  ^,  ancien  chef  de  bureau  au  mi- 
nistère de  la  guerre,  à  l'Huisserie,  et,  21,  rue  du  Cherche- 
midi,  Paris. 

Lair  (Jules),  archiviste-paléographe,  11,  rue  Croix-des- 
Petits-Champs,  Paris. 

La  Porte  (marquis  de),  35,  rue  de  Plaisance,  Nogent-sur- 
Marne  (Seine» 

Lardeux  (l'abbé),  licencié  ès-lettres,  professeur  nu  pelit-sé- 
minaire,  Mayenne. 

Laurière  (de),  inspecteur  général  de  la  Société  française 
d'archéologie,  7,  rue  d'Aguesseau,  Paris. 

Lebreton,  ^,  Q  I.  P.,  proviseur  honoraire,  Champeaux 
(Manche). 

Le  Coq  (Frédéric),  8,  rue  Sedaine,  Paris. 

Ledru  (l'abbé  Ambroise),  53,  rue  des  Maillets,  Le  Mans. 

Lemercier,  ancien  juge  de  paix  d'Ambrières 

Letourneurs  (Henri),  avocat,  château  de  Grenusse,  Argen- 
tré  (Mayenne). 


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—  11  — 

Ligep  (F.),  château  de  Courmenant,  par  Sillé-le-Guillaume 

iSarlhe). 
Maître  (Léon)  Q,  I.  P.,  archiviste  de  la  Loire-Inférieure, 

Nantes. 
Masjambost  (André  Ardant  du),  à  Dunkerque  (Nord). 
Menjot  d'Elbenne  (le  vicomte),  château  de  Couléon,  par 

Tuffé  (Sarthe). 
Métais  (Fabbé),  chanoine,  secrétaire  de  l'Evêché,  Chartres. 
Mercier  (Fabbé  Ed.),  curé  de  Bierné  (Mayenne). 
Montagu,  instituteur,  Hardanges  (Mayenne). 
Monlalembert  (André  de),  122,  rue  de  Grenelle,  Paris,  et 

château  de  la  Côtellerie,  par  Bazougers  (Mayeunei. 
Morin  (Auguste),  39,  rue  de  Bretagne,  L:aval. 
Morin,  architecte,  Vitré  (lUe-et- Vilaine). 
Morisset,  docteur-médecin.  Mayenne. 
Mouchet,  ancien  président  du  Tribunal  de  commerce,  48, 

rue  Soltérino,  Laval. 
Mowat  (Robert),  10,  rue  des  Feuillantines,  Paris. 
Mris-Jallobert  (Fabbé  Paul),  recteur   de   Balazé    (111e  et- 

Vilaine). 
l'atry^rabbéEdouard),  chanoine  honoraire,  curé-archiprétre 

de  Notre-  Dame  de  Mayenne. 
Perrot  (Paul),  notaire,  Mayenne 

Pichon  (Fabbé),  chanoine,  vicaire  général  honoraire,  secré- 
taire de  l'Evêché,  au  Grand-Séminaire,  Le  Mans. 
Planté,  ancien  notaire,  à  la  Haute-Besneraie,  par  Cossé-le- 

Vivien  (Mayenne). 
Ponthault  (André),  place  de  llercé    Mayenne 
Port,  professeur  au  collège  de  Saint-Nazaire. 
Quatrebarbes  (comte  Léopold  de),  au  château  de  Noirieux, 

par  Bierné  (Mayenne). 
Quatrebarbes  (comte  Foulques  de),  château  de  la  Motle- 

Daudier,  par  Craon  (Mayenne) 
Queruau-Lamerie,  6  bis,  rue  des  Arènes,  Angers. 
Ricouard,  14,  rue  de  l'Arsenal,  Arras. 
Salles  (Auguste)  0,  professeur  agrégé  au  lycée  Janson  de 

SaiUy,  88,  rue  Claude  Bernard,  Paris. 


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—  12  - 

Sauvage  (Hîppolyte)  O,  I.  P.,  ancien  juge  de  paix  du  canton 
de  Couptrain,  83,  boulevard  Bineau,  Paris-NeuiUy. 

Senthilhes,  ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  ancien  mem- 
bre titulaire,  Bordeaux  (Gironde). 

Sesboué  (Frédéric),  ancien  notaire,  7,  rue  de  Beauregard, 
Laval. 

Simonet,  sous-ingénieur  des  ponts  et  chaussées,  Château- 
Gontier. 

Sinoir  (Emile),  professeur  agrégé  au  lycée  de  Lavai. 

Thuau(René-Auguste),  notaire,  Meslay  (Mayenne). 

Tirard,  place  des  Halles,  Ernée  (Mayenne). 

Tranchant  (Charles)  0.  ^,  OI.  P.  ancien  élève  de  FÉcole 
des  Chartes,  membre  du  Comité  des  travaux  historiques, 
28,  rue  Barbet  de  Jouy,  Paris. 

Tribouillard  (rabbé),  curé  de  Laubrières  (Mayenne). 

Triger  (Robert),  président  de  la  Société  du  Maine,  château 
des  Talvasières,  près  Le  Mans. 

Turquet  (Alphonse-Alexandre),  notaire,  rue  Souchu  Servi- 
nière,  Laval. 

Uzureau  (l'abbé  F  ),  chapelain  du  Champ  des  Martyrs, 
Angers. 

LISTE   DES  MEMBRES  DÉCÉDÉS 
DEPUIS  LA  CRÉATION  DE  LA  COMMISSION 

Membres  titulaires 


1882  GUILLER  (Fabbé),  chancelier  de  Tévéché,  Laval. 

1883  MARCHAL,  jgj,  ancien  ingénieur  en  chef  du  départe- 

nient,  ancien  maire  de  Laval. 
—      LE  FIZELIER  (Jules),  secrétaire  général  de  la  Com- 
mission. 

1891    JOUBERT  (André),  Le  Lutz,  Daon  (Mayenne). 

1894    COUANIER  DE  LAUNAY  (Fabbé),  chanoine  honoraire 
de  Laval. 

1896    MARTONNE  (Alfred  de),  secrétaire  adjoint  de  la  com- 
mission. 


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^    13  — 

1897    PERROT  (Ernest)  ,  O,  propriétaire,  ancien  vice  -prési- 
dent delà  Commission,  Laval. 

1899  POINTEAU  (Charles),  aumônier  de  Thôpital,  Craon. 

1900  SOUCHU-SERVINIÈRE  ( Théophile),  ancien    député, 

ancien  vice-président  de  la  Commission,  Laval. 

Membres  correspondants. 


1881    Legras,  ^,  ingénieur  en  chef  des  travaux  maritimes 

à  Lorienl,  ancien  membre  titulaire. 
1883    Prévost,  0.  4^,  géuéral  du  génie  en  retraite. 

1886  Ravault  (Athanase-Henri),  notaire  Mayenne. 

-—      Savary  (Georges),  professeur  d'histoire  au  lycée  de 
Laval. 

1887  Duchemin  (Victor-Tranquille),  O,  archiviste  de  la  Sar- 

the,  ancien  membre  titulaire. 

—  Charles  (l'abbé  Robert),  vice-président  de  la  Société 

du  Maine,  Le  Mans. 

—  Bonneserre  de  Saint-Denis,  Angers. 

1898    Bernard  (Almire),  à  Saint  Pierre-sur-Orthe. 

—  Chapiain-Duparc,  à  Paris. 

1889  Courtiiloles  (de),  château  de  Courtilloles,  près  d*A- 

lençon. 

1890  Trouillard  (Charles),  avocat,  Mayenne. 

1891  Montozon  (S.  de),  à  Chàteau-Gontier. 

1892  Foucault  (abbé),  à  Saint-Fraimbault  de  Lassay. 

—  Piolin  (Dom  Paul),  à  Solesmes  (Sarthe). 

1893  Chomereau,  à  Laval. 

1895    Beauchesne  (marquis  de),  au  château  de  Lassay. 

—  Sicotière  (de  la),  sénateur,  à  Alençon. 
Abraham  (Tancrède),à  Paris. 

—  Palustre  (Léon),  ancien  directeur  de  la  Société  fran- 

çaise d'archéologie,  à  Tours. 

—  Laigneau,  curé  de  Bourg-Philippe  vMayenne). 

1897    Delaunay  (Edouard),  procureur  de  la  République  à 
Poût-rÉvéque. 


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-  14  - 

1897  Goupil  (Auguste),  libraire,  quai  Jehan  Fouquet,  à 

Laval. 

—  Maillard  (Fabbé),  curé  de  Gennes  (Mayenne). 

1898  Delépine  (l'abbé),  curé  de  Sacé  (Mayenne). 

—  Magaud  (Henri),  propriétaire,  à  Laval. 

1899  Beauchamp  de  Monlhéard  (baron  Emmanuel  de),  à 

Paris. 
-—      Contades  (comte  Gérard  de),  à  Saint  Maurice  du-Désert 
(Orne). 

—  Gadbin  (René),  à  Château  Gonlier. 


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LE  CHATEAU  DU  COUDRAY 


ET   LES 


GHATELLENIES  DE  GHEMERÉ 
ET  DE  SAINT-DENIS-DU-MAINE 


CHAPITRE  IV 

Les  Sévigné  ;  Renault  de  Sévigné,  mari  de  Gabrielle 
du  Bellay  ;  René-François  de  Sévigné, 


Si  les  des  Retours  étaient  très  anciens  en  Normandie, 
les  Sévigné  ne  Tétaient  pas  moins  en  Bretagne.  Cette 
famille,  à  qui  les  illustrations  n^ont  pas  manqué,  et  qui. 
portait  pour  armes  :  «  écartelé  de  sable  et  d^argent  d, 
prétendait  avoir  été  aux  croisades  avec  Guillaume  de 
Sévigné,  contemporain  de  saint  Louis.  En  tous  cas  sa 
filiation  remontait  d'une  façon  certaine  à  Guy  de  Sévigné, 
seigneur  dudit  lieu  et  de  Gesson  près  de  Rennes,  qui 
avait  épousé  en  1392  Agard  Rataud,  héritière  du  Chas- 
telet  en  Balazé.  Guy  de  Sévigné  et  Agard  Rataud  avaient 
eu  pour  fils  Guillaume  de  Sévigné  I  du  nom,  chevalier, 
seigneur  dudit  lieu  et  du  Chastelet,  marié  avec  Margue- 
rite de  Chàteaugiron,  et  père  de  Guillaume  II,  baron  de 


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—  16  — 

Sévigné,  seigneur  du  Chastelet  ;  grâce  à  son  union  avec 
Anne  de  Mathefélon,  ce  dernier  avait  joint  à  ses  autres 
domaines  celui  des  Rochers  près  Vitré.  Son  fils  Guil- 
laume I II,  baron  de  Sévigné,  épousa  Isabeau  de  Malestroit, 
alliance  d'où  sortit  Guillaume  IV  baron  de  Sévigné, 
seigneur  du  Chastelet,  des  Rochers,  et  époux  de 
Jacquette  de  Montmorency.  Ceux-ci  eurent  deux  fils, 
Guy  II,  qui  continua  la  ligne  directe  éteinte  au  bout  de 
deux  générations,  et  François,  auteur  de  la  branche 
d'Olivet.  Marié  avec  Catherine  de  la  Chamne,  François 
de  Sévigné  eut,  lui  aussi,  deux  fils  :  Bertrand  et  Gilles. 
Bertrand  eut,  comme  aîné,  la  terre  d'Olivet  en  partage. 
Il  épousa  Marguerite  de  Champagne  et  fut  père  de  Joachim 
de  Sévigné,  baron  dX)livet,  qui,  pendant  les  guerres  de 
la  Ligue,  joua  un  certain  rôle  auprès  du  duc  de  Mercœur 
en  qualité  de  maréchal  de  camp,  et,  rallié  enfin  à  la 
cause  d'Henri  IV,  obtint  ainsi  le  collier  de  l'Ordre  de 
Saint-Michel.  Par  suite  de  son  mariage  avec  sa  cousine 
Jeanne-Marie  de  Sévigné,  héritière  de  sa  branche,  ce 
Joachim  de  Sévigné  avait  recueilli  les  biens  de  cette 
branche  et  était  devenu  chef  du  nom  et  des  armes  de  sa 
famille.  Il  eut  de  cette  union  Charles,  marquis  de  Sévigné, 
seigneur  des  Rochers  et  autres  lieux,  lequel,  marié  en 
premières  noces  avec  Marguerite  de  Vassé,  fut  père 
d'Henri  de  Sévigné,  le  mari  de  la  célèbre  marquise  ^ 

Quant  à  Gilles  de  Sévigné,  le  second  fils  de  François 
de  Sévigné  et  de  Catherine  de  la  Chamne,  partagé  de  la 
terre  de  Saint-Didier,  il  avait  épousé  Charlotte  de  Mont- 
moron,  dame  dudit  lieu,  et  devint  ainsi  la  tige  de  la 
branche  de  Montmoron^,  celle  qui  nous  intéresse  parti- 
culièrement. 

C'est  de  cette  alliance  qu'étaient  nés,  dans  les  dernières 
années  du  XVP  siècle,  notre  Renaut  ainsi  que  sa  sœur 

1.  Voir  dossier  Sévigné,  aux  P.  O.  du  cab.  des  Titres. 

2.  Ibidem. 


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-  17  - 

Anne  de  Sévigné  qui  devait  épouser  avant  1627,  Nicolas 
de  Bourgneuf,  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne*. 

A   l'exemple   de   son   beau-frere.   le  futur   mari   de 
Gabrielle  du  Bellay,  au  lieu  de  suivre,  comme  ses  ancê- 
tres, la  carrière  des  armes,  s'était  fait  magistrat,  et,  tout 
jeune  encore,   était  entré   au   Parlement  de  Bretagne, 
où  il  s'était  fait  recevoir  conseiller  dès  le  18  mars  1616^. 
Trois  ans  après,  en  avril  1619,  il  avait  épousé  demoiselle 
Bonaventure   Bernard  de   la    Turmelière,  dame   de   la 
Bouexière^,  qui  n'avait  pas  tardé  à  le  laisser  veuf  avec 
un  fils  et  une  fille  nés  de  leur  mariage^.  C'est  alors  que, 
comme  nous  l'avons  vu,  ii.  s'était  remarié  en  novembre 
1627  avec  la  sœur  cadette  de  la  dame  de  Malnoë.  Au 
moment  où,  en  1637,  il  devenait  au  droit  de  sa  femme 
seigneur  du  Goudray,  Renaut  de  Sévigné  avait  eu  déjà 
de  sa  seconde  union  au  moins  cinq  enfants  :  1°  Marie, 
baptisée  en  l'église  d' Alexain  en  novembre  1629  ;  2®  René- 
François,  tenu  sur  les  fonts  de  la  même  église  le  14  mars 
1632  par  «  Messire  René  du  Bellay,  chevalier  de  l'Ordre 
du  Roy,  seigneur  de  la  Feuillée  )),et  par  «  dame  Renée 
de  Fréart,  dame  de  Vautorte  »  ;  3**  René,  né  le  4  juin 
1632  et  baptisé  le  20  du  même  mois  dant»  l'église  Saint- 
Etienne  de  Rennes;  4**  autre  René,  baptisé  dans  la  même 
église  le  18  octobre  1633;  5^  Gilles,  né  en  1636^ 

Bien  qu'il  fût  entré  dès  l'année  1637  en  possession  de 
la  terre  du  Goudray,  c'est  seulement  à  partir  de  1640  que 
quelques  actes  nous  montrent  le  gendre  de  Radegonde 

1.  Voir  Les  Sévigné  oubliés,  par  M.  Fr.  8aulnier,  p.  91,  note. 

2.  Renseignement  communiqué  par  M.  Saulnier. 

3.  Voir  Les  Sévigné  oubliés,  p.  108,  note. 

k,  Charles,  né  en  1622,  et  yVune,  née  en  1624.  Voir  à  leur  sujet 
dans  Les  Sévigné  oubliés,  le  chapitre  intitulé  :  a  Les  malheurs 
d*un  Montmoron  ». 

5.  Voir  pour  l'étal  civil  des  deux  premiers,  les  registres  parois- 
siaux d'Aiexain  qui  remontent  aux  premières  années  du  XVI1« 
siècle  ;  quant  à  celui  des  trois  derniers,  il  nous  a  été  communiqué 
par  M.  Saulnier. 


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-Io- 
des Rotours  agissant  en  qualité  de  seigneur  propriétaire 
de  cette  terre.  Le  8  septembre  de  cette  année-là,  nous 
voyons   «  Messire  Regnauld  de  Sévigné,  seigneur  de 
Montmoron,  la  Guibergère,  Feurron,  le  Pont-Rouaud  et 
autres  ses  terres,  conseiller  du  Roy  en  ses  conseils  d'Estat 
et  privé  et  en  son  parlement   de  Bretagne,  demeurant 
d'ordinaire  en  la  ville  de  Rennes,...  de  présent  en  sa 
maison   seigneuriale  du    Couldray,  paroisse  de  Saint- 
Denys  du  Mayne  »,  acquérir  par  échange  de  «  Messire 
Clia-les  de  Montesson,  chevalier,  seigneur  dudit  lieu, 
le  Plessis  Bourreau...  et  autres  ses  terres,  demeurant 
en  sa  maison  seigneuriale  de  Montesson,  paroisse    de 
Bays  »,  deux  pièces  de  terre  appelées  Tune  «  la  grande 
pipce  des  Garennes,  dépendant  du  lieu  et  mestairie  du 
Creuslis    appartenant   audit    seigneur    de    Montesson, 
paroisse  de  Saint-Denys  du  Mayne,  joignant  d'ung  costé 
les  garennes  et  murgiers  à  connils  et  la  prée  du  Couldray, 
de  Taultre  costé  la  terre  de  la  Clergerie  appartenant 
audit  seigneur  de   Montmoron  et  dépendant  de   ladite 
terre  du  Couldray  »  ;  Tautre  pièce  appelée  «  le  cloteau  de 
la  Ooisnière,  dépendant  de  la  Grande  Croisnière  appar- 
tenant également  audit  seigneur  de  Montesson'  ».  L'année 
suivante,  à  la  date  du  2  novembre,  «  Messire  Regnault 
de  Sévigné,  seigneur  de  Montmoron,..  de  la  chastellenie 
de  Chemeré  et  la  Bazouge,  le  Couldray,  Vauberger  et  les 
Tousches,  conseiller  du  Roy  en  ses  conseils,.,  demeurant 
ordinairement  en  la  ville  de  Rennes,.,  estant  de  présent 
en  sa  maison  et  chasteau  du  Couldray  »,  prolonge  pour 
quatre  ans  en  faveur  de  M®  Hélie  Lambert,  notaire  royal, 
demeurant  à  Vaiges,  le  «  bail  de  ferme  du  greffe  ordinaire 
de  ladite  chastellenie  de  Chemeré  et  la  Bazouge  ainsi 
que  des  fiefs  et  seigneuries  desdits  lieux  du  Couldray, 

1.  Minutes  anciennes  de  M»  Martin  Raison,  gracieusement 
mises  à  notre  disposition,  comme  nous  1  avons  dit  au  chapitre 
précédent,  par  notre  obligeant  collègue  de  la  Commission  de  la 
Mayenne,  M.  Thuau,  propriétaire  actuel  de  Tétude  de  Meslay 
où  sont  conservées  ces  mmutes. 


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—  19  — 

Vauberger  el  les  Toiischcs,  et  autres  iimiexés  av(iC(j 
ladite  chaslelleaie  »*.  Cette  même  année,  le  mari  de 
Gabrielle  du  Bellay  reçoit,  comme  seigneur  de  Ghemeré, 
la  déclaration  féodale  des  Jésuites  de  la  Flèche  pour  «  tous 
les  choses  héritaux  »  que  lesdits  Jésuites  tenaient  «  à 
cause  de  leur  seigneurie  de  Bollebranche  et  de  la  Moinerie, 
en  la  chastellenie  de  Ghcmeré  »-'. 

En  novembre  1644,  Renault  de  Sévigné  se  fait  rendre 
compte  par  Hardouin  Périer,  sieur  du  Grandin,  demeu- 
rant au  bourg  d' A  vessé  en  Ghampagne.  «  naguères  fermier 
du  domaine  de  la  terre  du  Gouidray  »,  des  «  fermes  dudii 
domaine  du  Gouidray  dont  ledit  Périer  a  joui  le  temps  de 
six  années  au  jour  de  la  Toussaint  dernièrement  passé  »  ; 
dans  Tacte  qui  intervient  à  ce  sujet  entr'eux  il  est  fait 
mention  du  «  foin  que  les  chevaux  dudit  seigneur  ont 
consommé  pendant  le  temps  qu'il  est  venu  séjourner  en 
ladite  terre  du  Gouidray  m^. 

En  1645  le  seigneur  de  Montmoron,  «  estant  de  présent 
au  liou  seigneurial  du  Gouidray  »,  baille  à  René  Noblet, 
marchand  boucher,  demeurant  au  bourg  de  Saint-Jean- 
sur-Erve  «  le  profit  de  Teau  de  Testang  de  la  Bazouge 
sous  le  moullin,  c'est-à-dire  le  droit  de  faire  mettre  par 
ledit  Noblet  autant  de  poisson  que  bon  lui  semblera  audit 
estang,  de  reprendre  et  pescher  ce  poisson,  aussi  quand 
bon  lui  semblera,  deux  fois  pendant  le  temps  de  ce  présent 
bail  et  marché  qui  est  fait  et  accordé  pour  six  années  »^. 
Gomme  nous  rapprennent  d'ailleurs  ces  dilféronts 
actes,  Renaut  de  Sévigné  ne  faisait  en  son  manoir  du 
Bas  Maine  que  des  séjours  passagers  ;  sa  principale  i  ési- 
dence  était  à  Rennes  où  le  retenait,  du  mois  de  février  au 
mois  d'août,  sa  charge  de  conssiller  au  parlement  de 
Bretagne.  11  possédait,  nous  le  savons,  dans  cette  ville, 

J.  Ibidem. 

2.  Ârch.  de  la  Sarthe,  fonds  Beliebranche,  H.  663 

3.  Minutes  de  M*  Martin  Raison. 

4.  Ibidem. 


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-  î>()  - 

rue  Saint-Sauveur,  près  de  la  cathédrale,  un  vieux  logis 
transformé  depuis  en  un  bel  hôtel,  où  il  faisait  sa 
demeure  ' . 

C'est  là  que  Gabrielle  du  Bellay  était  accouchée  le 
22  février  16 12  et  le  27  mars  1644  de  ses  deux  derniers 
fils  qui  furent  baptisés  tous  deux  le  25  juin  1645  dans 
Téglise  de  Saint-Etienne  lès  Rennes  d'où  relevait  l'hôtel 
de  Montmoron.  Le  plus  ïigé,  qui  reçut  le  nom  de  Chris- 
tophe-Jacques, eut  pour  parrain  «  Messire  Christophe 
Budes,  seigneur  du  TertreJouan,  conseiller  au  Parlement 
de  Rennes  »,  et  pour  marraine  «  demoiselle  Anne  de 
Sévigné  »,  fille  unique  de  Renaut,  née  de  son  premier 
mariage^.  L'autre  enfant  fut  tenu  sur  les  fonts  baptis- 
maux par  son  oncle  «  Measire  Jacques  de  Malnoë,  seigneur 
dudit  lieu,  gouverneur  du  fort  Louys  »,  et  par  «  dame 
Marie  de  Rabuslin-Chantal.  espouse  de  Messire  Henry 
de  Sévigné,  soigneur  baron  dudit  lieu  ».  Ainsi  le  plus 
jeune  des  fils  du  seigneur  du  Coudray  était  le  filleul  de 
la  célèbre  marquise.  11  fut  appelé  Jacques-Christophe-^ 

1.  Les  Sévigné  oubliés,  p.  87. 

2.  Ibidem,  p.  88. 

3.  Ibidem,  p.  90-91.  Voici,  d'après  M.  Saulnier,  qui  Ta  copié 
aux  re«çislres  paroissiaux  de  Sainl-Elienne.  conservés  à  la  mairie 
de  Hennés,  la  reproduction  textuelle  de  son  acte  de  baptême. 

«Jacques  Christolle.  lilzde  Messire  Henauld  de  Sévigne, seigneur 
de  Monmoron.  conseiller  du  Hoy  au  Parlement  de  lîennes,  et  de 
dame  Gabrielle  du  Bellav    son  espouse,  a  esté  baptisé  sur  les 
foniz  bapiismaux  de  l'Eglise  paroiessielle  de  Sainct-Eslienne  les 
Uennes,   nay  et   venu   au  monde  le  jour  de  pasques,  vingt  et 
septiesme  mars  mil  six  centz  quarante  et  quatre  ;  parrain  messire 
Jacques  de  Mallenoe,   seigneur  dudit  lieu,  gouverneur  du  fort 
Louys  ;  marraine  dame  Marie  de  Rabustin  Chantai,  espouse  de 
messire  Henry  de  Sévigné,  seigneur  baron  dudit  lieu,  le  vingt  et 
cinquiesme  juin  md  six  centz  uuarante  et  cinq. 
Marie  de  Rabustin 
Jacques  de  Mallenoe 
Henriette  de  Golanges  Renée  du  Bouillye 

Marie  de  Vauclin  Marie  Despinoze 

Renée  de  Bourgneuf 
Renault  de  Séviçné 
Gabrielle  du  BelTajr 
Charles  de  Sévigné 
Desclaux 
P.  de  Lorgeril. 


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—  21  — 

Il  convient  d'ajouter  qu'en  acceptant  d'être  marraine 
d'un  des  fils  de  son  cousin  de  Montmoron,  la  jouno  femme 
d'Henri  de  Sévigno  ncî  faisait  que  payer  en  quelque  sorte 
à  ce  dernier  une  dette  de  reconnaissance.  Lorsque,  veuf 
de  Marguerite  de  Vassé,  Charles  de  Sévigné  s'était 
remarié  en  1629 avec  Marguerite  deCoempnon,  le  mari  de 
(iabrîelle  du  Bellay  avait  été  nommé  tuteur  de  son  fils, 
et  il  s'était  depuis  acquitté  avec  zèle  et  dévouement  do 
cette  charge  que  des  procès  sans  fin  avaient  rendue  aussi 
lourde  que  compliquée.  C'est  ainsi  que  on  janvier  1647 
Renaut  de  Sévigné  figure  encore  dans  un  acte  comme 
«  curateur  créé  par  justice  à  Messire  Henry  de  Sévigné, 
marquis  dudit  lieu  »*. 

Nous  avons  vu  qu'en  1640  le  seigneur  de  Montmoron 
avait  fait  un  échange  avec  le  seigneur  de  Montesson, 
cousin  de  sa  femme,  qui  possédait  autour  du  Coudray  les 
métairies  du  Creulis,  de  la  Croisnière  et  de  la  Tour.  Au 
commencement  de  l'année  1649  il  obtint  de  celui-ci  la 
cession  de  ces  trois  métairies,  ce  qui  constituait  pour  la 
terre  dont  nous  retraçons  l'histoire  une  augmentation  des 
plus  désirables.  L'acte  de  vente  fut  passé  le  29  janvier 
devant  M"  Hélie  Lambert  notaire  royal  à  Vaiges.  Le 
seigneur  et  la  dame  du  Coudray,  se  trouvant  alors  retenus 
à  Rennes,  avaient  chargé  M"  Martin  Raison,  leur  sénéchal 
de  Chemeré,  de  les  représenter  en  cette  circonstance. 
Dans  un  acte  on  effet  annexé  au  contrat  de  vente,  daté 
du  16  janvier  précédent,  et  passé  devant  les  notaires  de 
Rennes,  nous  voyons  c  Messire  Rcgnault  de  Sévigné, 
seigneur  de  Montmoron,  conseiller  du  Roy  en  ses  conseils 
d'Estat  et  privé  et  au  Parlement  de  Bretagne,  et  dame 
Gabrielle  du  Bellay,  dame  de  Montmoron,  son  espouse, 
demeurants  près  l'église  Saint- Pierre  dudit  Rennes  », 
constituer  et  nommer  leur  procureur  général  et  spécial 
M«  Martin  Raison,  sénéchal  de  Chemeré  le  Roy,  «  avec 

1.  Voir  Les  Sévigné  oubliés,  p.  87,  et  au  dossier  Sévigné  des 
P.  0.  du  cab.  des  Titres. 


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-  22  — 

pouvoir  de  comparoir  pour  lesdils  seigneur  et  dame 
constituants  devant  un  ou  deux  notaires  et  achepter,  pour 
eux  et  leurs  hoirs  et  ayant  cause,  de  Messire  Charles  do 
Montesson,  chevalier  seigneur  dudit  lieu,  et  de  dame 
Marie  Prévost  de  Saint-Gyr  son  espouse,  les  lieux  et 
mestairies  du  Creuilly,  laGrande-Croisnièreetla  closerie 
de  la  Tour,  situés  en  la  paroisse  de  Saint  Denys  du  Maine 
au  comté  de  Laval,  tout  ainsi...  que  lesdits  lieux  sont 
advenus  audit  seigneur  de  Montesson  du  chef  de  défunte 
dame  Renée  de  Rotroux,  sa  mère,  avec  tous  les  droits 
appartenans  et  dépendans...  comprins  les  perrières 
d'ardoise  qui  ont  esté  faictes  aux  terres  dudit  lieu  du 
Creuilly,  lesquels  lieux  relèvent  prochainement  et  sont 
mouvants  à  foy  et  hommage  ou  autrement  des  terres,  fiefs 
et  seigneuries  du  Coudray  et  des  Touches  »....  et  ce  pour 
la  somme  de  3.000  livres  «  à  payer  partie  aux  créanciers 
desdits  seigneur  et  dame  de  Montesson,  partie  à  eux- 
mêmes  avant  la  Toussaint  prochaine  ». 

Le  8  février  suivant  M°  Martin  Raison,  agissant 
toujours  au  nom  des  seigneur  et  dame  de  Montmoron, 
prit  possession  des  métairies  que  ceux-ci  venaient  d'ac- 
quérir. 

Enfin  le  23  novembre  de  Tannée  suivante,  par  acte 
passé  devant  M®  Raison,  notaire.^  la  Bazouge,((  Messire 
Regnault  de  Sévigné,  seigneur  de  Montmoron,  la  Guiber- 
gère,  Chemeré  le  Roy,  le  Coudray.  conseiller  du  Roy, 
etc.,  et  dame  Gabrielle  du  Bellay,  sonespouse,  estant  de 
présent  ensemble  en  leur  chasteau  et  maison  seigneuriale 
dudit  lieu  du  Coudray  »,  ratifièrent  la  vente  que  leur  avait 
faite  Tannée  précédente  le  seigneur  de  Montesson^ 

Quelques  jours  auparavant,  pendant  ce  même  séjour 
fait  par  eux  au  Coudray,  le  seigneur  de  Montmoron  et  sa 
femme  avaient  déjà  fait  venir  M"  Martin  Raison  en  leur 
manoir  et  là,  avec  l'assistance  de  son  ministère,  invoquant 
«  l'amitié  conjugale  »  qu'ils  se  portaient  mutuellement, 

1.  Minutes  de  M*'  Martin  Raison. 


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—  23  — 

s'étaient  fait  a  don  mutuel  et  réciproque,  du  prémourant 
au  survivant  ».  de  tout  ce  qu'ils  pouvaient  et  leur  était 
«  loisible  de  se  donner  Tun  à  Tautre  tant  en  meubles, 
immeubles,  acquêts  et  conquets  que  patrimoine  ))^  Peut- 
être,  en  s'assurant  ainsi,  sous  l'orme  de  réciprocité,  cet 
avantage  on  cas  de  décès  de  sa  femme  avami  lui,  Renaut  de 
Sévigné  prévoyait-il  Tavenir.  Ses  affaires  commençaient 
à  être  assez  embarrassées,  et  Tétat  de  santé  de  sa  femme 
qui,  comme  nous  le  verrons,  n'avait  plus  que  quelques 
années  à  vivre,  n'était  probablement  pas  sans  lui  inspirer 
quelques  inquiétudes. 

A  cette  époque  le  seigneur  et  la  dame  de  Montmoron 
étaient,  paralt-il,  en  procès  devant  la  juridiction  des 
Requêtes  du  Palais  avec  René  du  Bellay  au  sujet  du 
partage  de  la  succession  de  Radegonde  des  Rotours,  et 
une  sentence  de  cette  juridiction  rendue  le  2  janvier  1651 
porta  cassation  du  partage  de  la  terre  du  Goudray-. 
Ajoutons  que  la  sentence  ainsi  intervenue  ne  semble  avoir 
eu  aucune  conséquence  effective,  puisque  la  terre  en 
question  devait  continuer  à  appartenir  à  Gabrielle  du 
Bellay  et,  après  elle,  à  ses  enfants. 

En  1652  Renaut  de  Sévigné  eut  Thonneur  de  recevoir, 
comme  seigneur  de  Chemeré.  Thommage  du  prince  de 
Condé,  le  glorieux  vainqueur  de  Rocroy.  Louis  II  de 
Bourbon  possédait  en  effet,  du  chef  de  sa  femme  Glaire- 
Clémence  de  Maillé-Brézé,  petite-fille  de  Jacqueline  de 
Thévalles,  la  terre  de  ce  nom.  De  là  les  offres  de  foy  et 
hommage  faites  cette  année  au  seigneur  du  Goudray,  «  à 
cause  de  sa  chastellenie  de  Ghemeré  »,  par  «  n.  h.  Louis 
Chotard,  intendant  de  Monseigneur  le  Prince  de  Gondé  », 
pour  raison  «  de  la  terre,  fiefs,  maison,  pourpris  et  domaine 
de  Thévalles,  en  tant  et  pour  tant  qu'il  en  est  tenu  en 
ladite  chastellenie  de  Ghemeré,  pour  Maubusson  »,  etc.^ 

1.  Même  source. 

2.  Renseignement  communiqué  par  M.  Saulnier. 

3.  Arch.  du  château  de  Thévalles. 


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—  24  — 

Au  commencement  de  janvier  1653  Gabrîelle  du 
Bellay,  bien  qu'à  peine  âgée  de  cinquante  ans,  passa  de 
vie  à  trépas.  Elle  se  trouvait  sans  doute  alors  dans 
rhôlel  de  son  mari  à  Rennes.  Avant  de  mourir  elle  avait 
demandé  à  reposer  après  sa  mort  auprès  de  son  aïeul 
Robert  des  Rotours  devant  le  maître-autel  de  Téglise  de 
la  Bazouge.  Voici  ce  que  nous  lisons  à  ce  sujet  dans  les 
registres  de  cette  paroisse  : 

«  Ce  4*  janvier  (1653)  a  été  transporté  le  corps  de 
haute  et  puissante  dame  Gabrielle  du  Bellay,  épouse  de 
haut  et  puissant  seigneur  Regnaud  de  Sévigné,  conseiller 
du  Roy  et  doyen  en  son  parlement  de  Bretagne,  et  ledit 
corps  fut  mis  reposer  en  la  chapelle  du  Coudray,  et  puis 
le  7  dudit  mois  fut  apporté  en  l'église  de  céans  où  ont 
été  faites  les  cérémonies  ordinaires  de  sépulture  par 
M«  François  Raison,  prestre,  curé  de  la  Gropte,  où  ont 
assisté  les  curés  de  Chemeré,  de  Saint-Denys-du-Maîne, 
de  Saint-Georges-le-Feschal  et  plusieurs  chapelains  ». 

Ainsi  Renaut  de  Sévigné  se  trouvait  veuf  pour  la 
seconde  fois,  et  nous  avons  tout  lieu  de  supposer  qu'il 
regretta  sincèrement  celle  qui  avait  été  pendant  vingt- 
quatre  ans  la  fidèle  compagne  de  son  existence  :  toutefois, 
et  malgré  ses  soixante  ans  passés,  il  ne  tarda  pas  à  songer 
à  un  troisième  mariage  :  le  12  juillet  1654,  il  épousait  une 
jeune  femme,  mère  de  trois  enfants,  Renée  du  Breil  de 
Rais,  veuve  depuis  quatorze  mois  de  Charles  de  Visdelou 
de  Bienassis^ 

Quelques  années  après,  en  janvier  1657,  il  obtenait  du 
roi  Louis  XIV  l'érection  en  comté  de  sa  terre  de  Mont- 
moron.  Les  lettres  d'érection  étaient  accordées  à  «  notre 
amé  et  féal  conseiller  ordinaire  en  nos  conseils,  Regnaud 
de  Sévigné,  sieur  de  Montmorou,  du  Coudray^  Chemeré^ 
la  Guimbergère,  le  Pont-Rouault,  la  Boissière,  et  doyen 
des  conseillers  de  nostre  cour  de  Parlement  de  Bretagne  » . 
Elles  étaient  d'ailleurs  précédées  des  considérants  les  plus 

1.  Voir  Les  Sévigné  oubliés ,  p.  70,  note. 


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—  25  - 

flatteurs  pour  Timpétrant'.  On  y  rappelait  d'abord  qu'il 
avait  rendu  v(  service  »  au  Roi  «  et  au  publicq  depuis 
quarante  deux  ans  à  l'imitation  de  Gilles  de  Sévigné,  son 
père,  qui  avoit  exercé  mesme  charge  l'espace  de  trente 
ans  »  ;  on  y  éaumérait  ensuite  «  ceux  de  ses  prédécesseurs 
qui  avaient  fait  profession  des  armes,  notamment  Jamet 
de  Sévigné,  lequel  en  considération  de  ses  grands  servi- 
ces fut  honoré  par  un  duc  de  Bretagne  de  la  qualité  de 
chevallier  en  l'an  1251  »,  Guillaume  de  Sévigné  IV®  du 
nom,  u  chambellan  du  duc  Jean  VI,  qui  mérita  aussy  de 
sa  recongnoissance  l'érection  de  sa  terre  et  seigneurie  de 
Sévigné  en  baronie  par  lettres  patentes  de  l'an  1440  n  ; 
Guillaume  de  Sévigné  «  V®  du  nom,  qui  avait  souffert  la 
ruine  de  son  chasteau  de  Sévigné  pour  avoir  esté  affec- 
tionné au  bien  de  la  province  »  et  que  «  le  duc  François 
voulut  récompenser  des  pertes  qu'il  avoit  receues  en  la 
démoUition  de  son  dit  chasteau  qui  estoit  des  plus  consi- 
dérables de  la  province  ».  Il  était  enfin  fait  mention  dans 
ces  lettres  des  alliances  contractées  par  les  seigneurs  de 
Sévigné  avec  les  «  plus  illustres  maisons,  comme  d'Assi 
gné,  de  Chasteaugiron,  de  Mathefélon,  de  Malestroit,  de 
Montmorency,  de  Tréal,  de  Champaigne,  du  Bellay,  de 
Barenton,  de  Quellenec,  de  Vassé,  de  Rabutin,  par  le 
moyen  desquelles  ils  ont  eu  l'honneur  de  toucher  aussy 
d'alliance  les  maisons  de  Champaigne,  de  Bretaigne,  de 
Vendosme,  de  Brienne,  de  Vitré,  de  Montfort,  deRohan, 
de  Surgères,  du  Chastel.  de  Guébriac,  du  Pont,  de  Gondy, 
de  Clermont,  et,  par  h  s  iilles,  celles  de  du  Guesclin,  de 
Beaumanoir,  d'Espinay,  de  Busson,  du  Gué,  de  Chas- 
teaub riant,  de  Guémadeuc  ». 

Le  nouveau  comte  de  Montmoron  ne  put  d'ailleurs  pas 
jouir  longtemps  de  cette  distinction  ;  il  mourut  à  son 
château  de  Montmoron  le  5  septembre  1657  à  l'âge  de 


1.  Ces  lettres  patentes  qui  se  trouvent  dans  les  registres  du 
Parlement  de  Rennes  pour  l'année  1657  ont  été  publiées  à  la  fin 
de  rédition  Montmerqué  des  lettres  de  Madame  de  Sévigné, 
t.  XII  bis,  p.  9  et  suivantes. 


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soixante-cinq  ans.  Ses  obsèques  furent  célébrées  avec 
toute  la  pompe  due  à  sa  haute  position  dans  Té^lise  des 
religieux  de  Saint-Dominique  à  Rennes  ;  tous  les  membres 
du  parlement  ainsi  que  tous  les  chanoines  du  chapitre  de 
la  Cathédrale  avait  tenu  à  honneur  d'y  assister'. 

Lors  des  partages  auxquels  donna  lieu  la  succession, 
fort  obérée,  du  défunt,  la  terre  du  Coudray  échut  tout 
naturellement  à  René- François,  Taîné  des  enfants  qu'il 
avait  eus  de  son  second  mariage  avec  Gabrielle  du  Bellay. 
Aussi  voyons  nous  celui-ci,  à  la  date  du  24 novembre  1660, 
prendre  les  qualifications  de  «  chevalier,  seigneur  de 
Chemeré  le  Roy,  la  Bazouge,  !e  Coudray,  Vauberger,  et 
les  Touches  »,  à  l'occasion  du  baptême  de  René-François 
Guiard,  célébré  dans  Téglise  de  la  Bazouge,  où  il  figure 
comme  parrain. 

Notre  René-François  de  Se  vigne  avait  été  sur  le  point 
de  succéder  à  son  père  comme  conseiller  originaire  au 
parlement  de  Bretagne,  et  ce  au  préjudice  de  son  frère 
consanguin  Charles  de  Se  vigne,  comte  de  Montmoron, 
issu  du  premier  mariage  de  Renaut,  et  par  conséquent 
mieux  fondé  à  obtenir  cet  office  que  le  fils  de  Gabrielle 
du  Bellay. 

Voici,  d'après  M.  Saulnier  2,  ce  qui  avait  eu  lieu  La 
chose  remontait  à  l'année  1654,  année  du  troisième 
mariage  de  Renaut  de  Sévigné  avec  Renée  du  Breil. 

«  Le  beaii-fils  de  cette  dernière  avait  vu  de  mauvais 
œil  le  deuxième  convoi  du  vieux  magistrat.  Un  vieillard 
de  soixante-deux  ans,  chargé  de  famille,  épouser  une 
jeune  veuve,  mère  de  trois  enfants  !  D'une  part  aveugle- 
ment et  folie  ;  de  l'autre,  séduction  et  calculs  intéressés  ! 
Au  tort  inexpiable  que  Charles  de  Sévigné  eut  peut- 
être  d'apprécier  trop  librement  la  conduite  de  son  père 
et  surtout  les  manœuvres  de  Renée  du  Breil,  il  en  ajouta 
un  autre  en  insistant  pour  une  reddition  de  compte.  C'en 

1.  Voir  Les  Sévigné  oubliés,  p.  109. 

2.  Vo\v  Les  Sévigné  oubliés,  p.  110-111. 


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—  27  — 

fut  assez  pour  lui  aliéner  les  bonRes  grâces  des  deux 
époux,  pendant  que  les  plus  proch^^s  parents  de  Gabrielle 
du  Bellay,  mus  par  un  intérêt  de  famille,  s'attachaient 
au  contraire  à  les  gagner.  M.  et  Mme  de  Malnoë  tramè- 
rent au  profit  de  leur  neveu  un  véritable  complot  auquel 
s'associa  certainement  la  troisième  femme.  Le  conseiller, 
cajolé,  circonvenu,  capté,  se  prêta  à  ce  qu'on  voulut. 
Six  semaines  après  avoir  épousé  Mme  de  Bienassis, 
appelé  en  Basse- Bretagne  par  une  commission  de  jus- 
tice, il  fut  attiré  à  Hennebont;là,  sous  la  couleuvrine  du 
Fort- Louis  dont  son  beau- frère  était  commandant  mili- 
taire, il  comparut  le  30  août  1654  devant  deux  notaires 
du  lieu.  Marquer  et  Bourgf^ois.  et  déclara  se  démettre 
de  son  oflBce,  à  charge  de  survivance,  en  faveur  de  son 
fils  puîné,  René-François  de  Sévigné,  seigneur  de  Che- 
meré.  Le  lendemain,  il  la  lui  vendit  au  prix  de  50.000 
livres — elle  en  valait  plus  de  100.000!  — et  stipula 
toutefois  qu'en  cas  de  survenance  d'enfants  de  sa  récente 
union,  le  cessionnaire  verserait  une  somme  de  12.000 
livres  payable  à  leur  majorité,  avec  intérêts  du  jour  de 
la  mort  du  cédant.  Mais  en  souscrivant  à  ces  conditions 
exorbitantes,  le  vieillard  n'avait  pu  obéir  qu'à  des  sug- 
gestions étrangères.  Il  ne  fut  pas  difiicile  à  Charles  de 
Sévigné,  l'héritier  lésé,  de  nommer  les  instigateurs  de 
cette  collusion  et  d'obtenir  de  la  justice  la  reconnais- 
sance formelle  de  ses  droits  méconnus.  En  moins  de  deux 
ans,  il  fit  prononcer  par  le  Parlement  de  Rennes  et  par 
le  conseil  du  Ro'  la  nullité  des  actes  de  1654  :  le  16  no- 
vembre 1659,  la  cour  l'admit ,  à  l'exclusion  de  son  frère 
puîné,  à  prendre  possession  du  siège  qu'il  devait  occuper 
vingt-cinq  ans  ». 

N'ayant  pu  réussir  à  se  faire  admettre  comme  con- 
seiller au  Parlement  de  Bretagne,  René- François  de 
Sévigné  parait  s'être  consolé  de  cet  échec  en  faisant  du 
manoir  du  Coudray  son  habitation  la  plus  ordinaire  ;  il  y 
résidait  déjà  en  1660,  puisque,  cette  année-là,  nous  l'avons 
vu  apparaître  comme  parrain  dans  l'église  delà  Bazouge; 


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-  28  - 

de  même,  en  1664  et  dans  les  années  suivantes  à  Voc- 
casion  de  différents  baux  passés  par  lui  devant  M®  Mar- 
tin Raison  pour  affermer  successivement  la  métairie  de 
la  Couture,  le  domaine  de  Vauberger,  la  closerie  de  la 
Douce  et  la  métairie  de  la  Rivière,  après  s'être  qualifié 
«  comte  dudit  lieu  (de  Sévigné),  chevalier,  seigneur  du 
Couldray,  Chemeré  le  Roy,  Vauberger  et  les  Touches  », 
il  se  dit  «  demeurant  en  son  chasteau  du  Couldray,  pa- 
roisse de  Saint-Denis  du  Maine  ».  Enfin  en  1667,  il  reçoit 
«  au  chasteau  du  Couldray  »  en  sa  qualité  de  «  seigneur 
de  la  chastellenie  de  Chemeré  le  Roy  »,  une  offre  de  foy 
et  hommage  faite  par  Simon  Le  Vayer,  «  pour  raison 
du  lieu  et  métairie  de  Ralles,  situé  paroisse  de  la  Bazouge 
de  Chemeré  »  *. 

Cependant,  si  François-René  de  Sévigné  avait  en  ces 
années-là  définitivement  fixé  sa  résidence  dans  ses  terres 
du  Bas-Maine,  cette  résidence  n'y  était  pas  encore  de 
date  assez  ancienne  pour  qu'il  put  être  regardé  par 
Voisin  de  la  Noiraye  dans  sa  Recherche  de  1667  comme 
appartenant  à  la  noblesse  de  notre  province  ;  on  n'a  donc 
pas  lieu  d'être  surpris  de  ne  pas  le  voir  figurer  sur  !a 
liste  des  nobles  de  la  généralité  de  Touraine.  Par  contre 
nous  savons  qu'il  obtint  en  1670,  tant  pour  lui  que  pour  ses 
frères  René,  abbé  de  Genestoux,  Christophe-Jacques  et 
Jacques-Christophe,  ces  deux  derniers  officiers  de  marine, 
un  arrêt  de  maintenue  de  la  Chambre  de  réformation  de 
la  noblesse  bretonne  -. 

Mais  revenons  au  Bas-Maine.  En  1671.  Henri,  duc  de 
la  Trémoille  et  de  Thouars,  rendit  au  roi  Louis  XIV  son 
aveu  pour  le  Comté  de  Laval  ;  parmi  les  principaux 
vassaux  énumérés  dans  cette  importante  déclaration  féo- 
dale, nous  rencontrons  «  messire  René-François  de 
Sévigné,  seigneur  de  Chemeré  »,  d'abord  i*  homme  de 

1.  Arch.  de  la  Mayenne,  E,  dossier  Chemeré. 

2.  Voir  à  la  Bibliothèque  de  Hennés,  les  extraits  des  registres 
des  arrêts  de  la  Chambre  de  noblesse,  t.  V,  f®i22. 


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-  29  — 

foy  lige  pour  raisoa  de  la  haulte,  moienae  et  basse  jus- 
tice et  juridiction  contentieuse  qu'il  a  en  sa  terre  de 
Chemcré  et  de  la  Bazouge  »  ;  puis  «  homme  de  foy  sim- 
ple pour  raison  de  sa  terre,  fiefs  et  chastellenie  dudit 
Chemeré,  pour  raison  de  laquelle  il  doit  (à  son  suze- 
rain) trois  livres  dix-sept  sols  de  taille  à  Tangevine  et 
dix  sols  audit  terme  pour  raison  delà  Motte  Géraine*  ». 
On  a  certainement  beaucoup  exagéré  les  inconvénients 
de  l'ancien  régime,  au  moins  pendant  les  deux  derniers 
siècles  de  la  féodalité,  en  ce  qui  concerne  les  rapports 
que  pouvaient  avoir  les  seigneurs  avec  leurs  vassaux  et 
la  soi-disant  oppression  exercée  par  les  nobles  sur  les 
manans.  Il  faut  pourtant  reconnaître  que,  même  au 
XVI 1®  siècle,  il  se  rencontrait  encore  parfois  quelqucR 
seigneurs  qui  semblaient  prendre  à  tâche  de  justifier 
par  leurs  violences  envers  les  plus  humbles  de  leurs 
vassaux  les  terribles  représailles  qui,  lors  de  la  Révo- 
lution, eurent  lieu  de  la  part  du  peuple  des  campagnes 
contre  tous  les  châtelains.  Or,  à  l'époque  dont  il  s'agit, 
le  seigneur  du  Coudray  sembla  avoir  été,  hélas  !  du 
nombre  de  ces  seigneurs  aussi  violents  qu'impolitiques. 
Le  25  juin  1671  Philippes  Yvon,  demeurant  en  la  ville 
de ChâtcauGontier,  et  Charles  Letrois.  tissier,  compa- 
raissaient devant  Louis  Pelé,  juge  et  lieutenant  criminel 
au  présidial  dudit  Château-Gontier,  et  présentaient  à  ce 
magistrat  au  nom  de  Jacques  Lamboust,  «  natif  du  bas 
pays  du  Mayne,  près  Mayenne,  cabaretier  à  la  Bazouge 
de  Chemeré  le  Roy»,  et  beau-frère  dudit  Philippe  Yvon, 
la  plainte  suivante.  Le  dimanche  précédent,  disaient-ils, 
«  le  sieur  comte  de  Sévigné,  seigneur  dudit  Chemeré, 
par  animosité  qu'il  a  contre  ledit  Lamboust,  estant  dans 
ledit  bourg  de  Chemeré,  envoya  de  ses  vaslets,  lesquels 
avec  tricots  et  armes,  rouèrent  de  coups  ledit  Lamboust 
à  la  sortye  des  vespres,  à  raison  desquels  excès  il  est 
en  danger  de  mort  ».  A  en  croire  du  reste  les  plaignants, 

1.  Arch.  nat.,  P.  401. 


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—  so- 
le seigneur  du  Coudray  faisait  «  journellement  commet- 
tre des  violences  et  assassinats  pareils,  en  particulier  et 
en  publicq,  pour  donner  de  la  crainte  et  terreur  tant  aux 
habitans  et  autres  paroissiens  que  voisins,  lorsquHIs  ne 
veullent  pas  exécutter  ses  commandemens  qui  sont  à  leur 
ruisne  ;....  ses  vaslets,  serviteurs  et  satrapes  »  commet- 
taient «  des  vols  des  biens  des  particuliers  de  tout  ce 
qu'ils  »  pouvaient  «  prendre  sur  lesdits  particuliers  »... 
«  Ledit  de  Sévigné,  les  »  obligeait  «  forçablement  d'aller 
travailler  en  son  chasteau  »....  Enfin,  déclaraient  les 
plaignants,  «  lorsque  ledit  Lamboust..  fut  ainsy  assas- 
siné par  les  domestiques  dudit  seigneur  de  Sévigné  », 
ce  dernier  «  estoit  dans  une  maison  dudit  bourg  de  Che- 
meré  pour  apuyer  les  violences  de  ses  dits  domestiques  ». 
Telle  était  la'«  plainte  »,  avec  «  autres  circonstances  », 
formulée  par  Philippes  Yvon  et  Charles  Letrois  en  vertu 
de  laquelle  ils  requéraient  «  justice  et  permission  d'in- 
former ».  Est-il  besoin  d'ajouter  que  le  juge  et  lieutenant 
criminel  du  présidîal  de  Ghateau-Gontier,  obtempérant  à 
cette  requête,  s'empressa  de  décerner  aux  plaignants 
acte  de  leur  «  plainte,  circonstances  et  dépendances  », 
et  leur  permit  <'  d'informer  »  devant  lui  «  des  faicts 
d'icelle  et  autres,  pour,  ce  faicr,et  le  tout  communicqué 
au  procureur  du  Roy,  estre  ordonné  ce  que  de  raison  »  *  ? 

L'année  suivante,  nous  voyons,  par  actes  passés  devant 
M«  Martin  Raison,  «  M^  René-François  de  Sévigné, 
comte  dudit  lieu,  chevalier,  seigneur  du  Gouldray,  Ghe- 
meré-le-Roy,  Vauberger,  les  Tousches,  et  autres  ses 
terres  »,  toujours  a  demeurant  en  son  chasteau  du  Goul- 
dray, paroisse  de  Saint-Denis  du  Maine  »,  donner  à  bail  : 
1®  le  domaine  dudit  lieu  du  Gouldray  ;  2®  le  moulin  de 
la  Ghaussée  (en  la  Bazouge)  ;  3**  le  profit  de  l'eau  de 
l'étang  de  la  Bazouge  ;  4**  le  lieu  et  métairie  de  la  Tur- 
pinière  en  Saint-Denis-du-Maine. 

A  cette  époque,  les  affaires  du  seigneur  du  Goudray 

1.  Ârch.  de  la  Mayenne,  B.  2694. 


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commençaient  à  être  singulièrement  embarrassées.  De 
nombreux  créanciers  le  harcelaient  sans  trêve.  Quelques- 
uns  de  ceux-ci,  il  est  vrai,  ne  lui  étaient  pas  person- 
nels. Quand  en  1658,  il  était  entré  en  possession  de  la 
terre  du  Coudray,  il  Pavait  trouvée  grevée  de  deux  lour- 
des rentes.  D'abord,  on  se  le  rappelle,  il  y  avait  la  rente 
annuelle  de  450  ^  constituée  en  1610  par  Charles  du 
Bellay  et  Radegonde  des  Rotours  au  profit  de  Mathu- 
rin  de  Savonnières,  rente  qui  avait  même  été  cause  en 
1629  d'une  saisie  momentanée  de  la  terre  qui  nous  in- 
téresse. Puis  il  y  avait  la  rente  de  1.000  livres  qu'en 
avril  1634,  Radegonde  des  Rotours  de  concert  avec 
son  fils  René  du  Bellay,  avait  été  obligée  de  consti- 
tuer sur  tous  ses  biens  en  faveur  de  M"  Jean-Jacques 
de  Barillon,  chevalier,  seigneur  de  Chastillon,  con- 
seiller du  Roy  en  ses  conseils,  président  en  la  pre- 
mière chambre  des  enquêtes,  et  de  dame  Bonne  Fayet, 
son  épouse  ;  telles  étaient  les  deux  rentes,  non  encore 
amorties,  qui,  hélas  !  pesaient  toujours  en  1672,  pour 
partie  du  moins,  sur  le  fils  de  Gabrielle  du  Bellay. 
Mais  ce  n'était  pas  là  tout.  Comme  Renaut  de  Sévi- 
gné,  très  obéré  lui-même  vers  la  fin  de  sa  vie,  n'avait 
jamais  pu  rendre  compte  de  sa  tutelle  à  Charles  et  Anne 
de  Sévigné,  les  enfants  qu'il  avait  eus  de  son  premier 
mariage  avec  Bonaventure  Bernard,  ces  derniers,  et 
surtout  Louis-François  Lefebvre  de  Caumartin,  marquis 
de  Cailly,  mari  d'Anne  de  Sévigné,  revendiquaient  avec 
âpreté  sur  les  enfants  issus  du  second  mariage  de  leur 
père,  les  sommes  dont  la  succession  de  celui-ci  leur  était 
restée  redevable  *.  Enfin  à  ces  divers  créanciers  qui  lui 
provenaient  du  chef  de  ses  parents,  François-René  de 
Sévigné  en  joignait  encore  d'autres  d'un  ordre  plus  per- 
sonnel, tel  que  ce  M®  Léonard  Le  Breton,  notaire  royal, 
qui  dès  l'année  1670  s'était  fait  autoriser  par  une  sen- 

1.  Voir  Les  Sévigné  oubliés,  p.  112-113. 


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—  32  — 

tence  du  juge  de  Laval  à  opérer  une  saisie  mobilipre  sur 
le  seigneur  du  Coudray  K 

C'était  à  la  requête  de  ce  dernier  créancier  qu'avait 
été  expédié  dès  le  11  décembre  de  Tannée  précédente 
(1671),  devant  le  lieutenant  général  en  la  sénéchaussée 
et  siège  pré?idial  du  Mans,  le  premier  de  ces  baux  judi- 
ciaires *  auxquels  la  terre  du  Coudray  allait  désormais 
être  soumise  sans  interruption  jusqu'à  sa  vente  définitive 
par  autorité  de  justice  au  commencement  du  siècle  sui- 
vant. Cependant  à  François  Raison,  marchand,  qui  avait 
été  le  premier  fermier  judiciaire,  ne  tarda  pas  à  succé- 
der «  haut  et  puissant  seigneur  Messire  Louis-François 
Lefebvre  de  Caumartin,  chevalier,  seigneur  marquis  de 
Cailly  et  autres  lieux  »,  que  nous  voyons,  avant  la  fin 
de  Tannée  1672,  agissant  «  au  nom  et  comme  cession- 
naire  du  bail  judiciaire  de  la  terre  seigneuriale  du  Cou- 
dray et  Vauberger,  appartenances  et  dépendances  », 
s'apprêter  à  poursuivre  devant  les  autorités  compétentes 
«  certains  quidams  malintentionnés  »  qui  «  se  dispo- 
soient  à  »  y  «  enlever  des  bestiaux  »  ^.  Puis  au  marquis 
de  Cailly  va  succéder  à  son  tour  dans  les  années  suivan- 
tes comme  fermier  judiciaire  un  nommé  René  Pineau,  dit 
Tranchardière,  qui  ne  sera  en  réalité,  comme  nous  le 
verrons  plus  loin  ^,  que  le.  prête-nom  de  René-François 
de  Sévigné,  son  maitre  ;  et  c'est  ce  dernier  qui  enverra  de 
temps  en  temps  à  Paris  au  sieur  Forcadel,  commissaire 
des  saisies  réelles,  par  Tintermédiaire  d'une  certaine 
dame  Radigue,  les  deniers  nécessaires  pour  payer  audit 
commissaire  le  prix  du  bail  judiciaire. 

En  juin  1680  nous  retrouvons  le  seigneur  du  Coudray 
«  estant  de  présent  à  Paris,  logé  en  la  maison  du  sieur 
Sautel,  huissier  en  la  court  de  Parlement,  et  en  sa  garde, 

1.  Arch.  de  la  Mayenne,  B.  2356. 

2.  Minutes  de  M®  Martin  Raison,  acte  de  1672. 

3.  Même  source. 

4.  Dans  le  testament  de  René-François  de  Sévigné. 


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—  33  — 

rue  des  Marmousets,  paroisse  de  la  Magdelaine  »  *. 
Avait-il  commis  en  ces  années-là  quelque  nouvelle  incar- 
tade, dans  le  genre  de  celle  de  1671,  qui  cette  foisTaura 
conduit  devant  la  juridiction  criminelle  du  Parlement  de 
Paris,  ou  bien  ses  créanciers,  à  défaut  d'être  payés, 
avait-ils  fait  prononcer  par  la  Cour  souveraine  son  incarcé- 
ration? Nous  l'ignorons.  En  tous  cas,  confiné  ainsi,  depuis 
nous  ne  savons  combien  de  temps,  dans  la  maison  de  la 
rue  des  Marmousets,  il  devait  avoir  tout  le  loisir  d'y  faire 
sur  sa  pénible  situation  deri  réflexions  d'autant  plus 
amères  qu'à  la  perte  de  sa  liberté  était  venue  s'ajouter 
une  grave  indisposition.  Il  se  trouvait  donc  «  gisant  au 
lit,  malade  de  corps  en  ladite  maison  dudit  Sautel.  dans 
une  petite  chambre  aiaut  veue  sur  1  court,  toutesfois 
sain  d'esprit,  mémoire  et  jugement,  »  quand  il  résolut 
de  faire  son  testament.  Ce  testament  daté  du  17  juin, 
et  qui  ne  devait  pas  l'empêcher  de  vivre  quelques  années 
encore  est  pour  nous  un  document  des  plus  précieux, 
en  ce  qu'il  éclaire  de  la  façon  la  plus  complète  la  vie 
menée  jusqu'alors  par  notre  personnage.  Aussi  croyons- 
nous  devoir  le  reproduire  ici  dans  toute  sa  teneur  '^  : 

(c  Devant  les  notaires  au  Chastelet  de  Paris  fut  présent 
Messire  René-François  de  Sévigné,  marquis  de  Ghemeré 
le  Roy,  demeurant  ordinairement  en  son  chasteau  du 
Coudray.  paroisse  de  Saint-Denis  du  iVlayne,  estant  de 
présenta  Paris,  logé  en  la  maison  du  sieur  Sautel.  huis- 
sier en  la  court  de  Parlement,  et  en  sa  garde,  rue  des 
Marmousets,  paroisse  de  la  Magdelaine  gisant  au  lit, 

1.  Voir  plus  loin  le  testament  de  René-François  de  Sévigné. 
A-joutons  que  l'église  de  la  Madeleine  dont  dépendait  la  paroisse 
de  ce  nom,  était  située  dans  la  cité,  non  loin  par  conséquent  du 
Palais  et  de  la  conciergerie.  Quant  à  la  rue  des  Marmousets,  elle 
se  trouvait  dans  le  pâté  de  maisons  qui  sépare  Noire-Dr.me  de  la 
Seine  au  nord  de  la  basilique. 

2.  Ce  testament,  qui  fait  maintenant  partie  dos  archives  du 
château  du  Coudray,  se  trouvait,  1  y  a  quelques  années,  parmi 
les  autographes  en'vente  chez  Madame  veuve  Charavay  :  comme 
il  est  sig^é  du  testateur,  c'est  évidemment  la   minute  originale. 


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—  34  — 

malade  de  corps  en  ladite  maison  dudit  Sautel,  dans  une 
petite  chambre  aiant  veue  sur  la  court,  toutesfois  sain 
d'esprit,  mémoire  et  jugement,  comme  il  est  apparu  aux 
notaires  soubssignés  par  ses  discours,  lequel,  en  veue 
de  la  mort,  a  faict,  dict  et  nommé  aux  dits  notaires  son 
testament  comme  il  ensuit,  après  avoir  recommandé  son 
âme  à  Dieu  et  imploré  l'intercession  de  la  glorieuse 
vierge  Marie  et  de  tous  les  saincts  et  sainctes  pour  ob- 
tenir la  rémission  de  ses  péchés  par  les  mérites  infinis 
de  la  mort  et  passion  de  nostre  sauveur  et  rédempteur 
Jésus-Christ. 

Item,  désire  ses  debtes  et  torts  faicts,  si  aucuns  y  a, 
estre  paiez,  réparés  et  amendés  par  le  sieur  exécuteur  de 
son  testament  cy  après  nommé. 

Item  déclare  que  feue  Madame  de  Braye,  veusve  de 
Monsieur  de  Braye,  conseiller  au  Parlement  de  Bretagne, 
luy  a  preste,  dès  il  y  a  24  à  25  ans,  la  somme  de  250  ^, 
laquelle  il  désire  estre  paiée  à  ses  héritiers,  quoyque 
ladite  dame  n'en  eust  aucun  billet  ny  promesse  dudit 
sieur  testateur. 

Item  déclare  qu'il  debvoit  aussy  au  feu  sieur  de  Ri- 
vière Ravenel,  de  la  ville  de  Rennes,  la  somme  de  110^ 
laquelle  il  désire  aussy  estre  paiée  à  ses  héritiers. 

Item  désire  qu'il  soit  paie  au  sieur  de  Portai,  lieutenant 
au  régiment  des  gardes  du  Roy,  la  somme  de  264  ^  que 
ledit  sieur  de  Portai  a  cy-devant  fourni  à  la  dame  de  Pelet, 
femme  du  sieur  Radigue,  demeurant  rue  Sainte- Anne, 
laquelle  disoit  les  emprunter  pour  ledit  sieur  testateur  ; 
sçait  que  ledit  sieur  de  Portai,  en  les  baillant,  a  cru  les 
prester  pour  luy,  quoyque  ladite  dame  Radigue  en  ait 
disposé  comme  elle  a  trouvé  bon  et  qu'il  n'en  soit  tourné 
aucune  chose  au  proffît  d'icelluy  testateur  ;  qu'il  doit  audit 
sieur  Sautel  la  somme  de  400  ^  de  reste  de  ses  nourritu- 
res et  frais  de  garde  depuis  qu'il  est  en  sa  maison  jusqu'au 
14®  du  présent  mois  qu'il  en  a  passé  obligation  audit 
sieur  Sautel.  laquelle  somme  il  désire  estre  paiée  avec 
ce  qu'il  doit  pour  lesdites  nourritures  et  frais  de  garde 


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-  35  — 

depuis  ledit  jour  et  qu'il  debvra  à  Vadvenir  jusqu'au 
jour  de  son  déceds,  si  lors  il  est  cncores  en  la  garde 
dudit  Sautel. 

Item  ledit  testateur  déclare  debvoir  à  René  Pineau, 
dit  Tranchardière,  son  domestique,  la  somme  de  200  ^ 
pour  gaiges,  lesquels  200  ^  il  veult  estre  paiées  audit 
Pineau;  plus  à  Françoise  Dubois,  aussysa  domestique, 
la  somme  de  300  ^  ;  à  Noyer,  son  jardinier.  60  ^  ;  à  Picart, 
tireur,  15  *  ;  à  la  RouUette  pareillement  sa  domestique, 
36*  ;  à  Jeanne  Piau,  veuve  Lebreton,  40  *;  à  Gilles  Le- 
breton,  son  lacquais,  six  vingt  *  ;  le  tout  pour  gaiges  ; 
lesquelles  sommes  il  veult  estre  paiées  aux  susnommés. 

Item  désire  qu'il  soit  paié'à  Claude  Chaulne,  son  valet 
de  chambre,  ce  que  le  sieur  Raison,  notaire  à  la  Bazouge, 
agent  des  affaires  dudit  sieur  testateur,  sçaura  estre  deub 
audit  Chaulne. 

Item  désire  qu'il  soit  paie  au  boucher  de  la  Crotte  3*, 
et  2  ou  3  escuz  au  boucher  de  Chemeray,  suivant  ce  qui 
se  trouvera  luy  estre  deub  par  son  compte. 

Item  donne  et  lègue  au  nommé  Bodinier  demeurant  à 
la  Bazouge  30*,  et  au  nommé  Gulonie,  demeurant  audit 
lieu,  15*. 

Item  ledit  sieur  testateur  désire  qu'il  soit  distribué  aux 
pauvres  de  la  paroisse  de  Saint-Denis  du  Mayne  la  somme 
de  50*,  et  aux  pauvres  de  chacune  des  paroisses  de  la 
Bazouge  et  Chemeray  la  somme  de  60  *,  qui  est  six 
vingt  *  pour  les  deux  le  tout  par  l'advis  des  curés  et 
marguilliers  desdites  paroisses. 

Item  désire  qu'il  soit  dit  et  célébré  à  son  intention  et 
pour  le  repos  de  son  âme  dans  l'église  de  la  Bazouge  la 
quantité  de  six  vingt  messes  basses  par  les  sieurs  Bien- 
venu et  Hiars,  prestres,  pendant  deux  mois  après  son 
déceds,  qui  est  60  jours  chascun  d'eulx,  et  qu'il  leur  soit 
pour  ce  paie  la  rétribution  convenable. 

Item  qu'il  soit  dict  30  messes  basses  aussy  à  son  inten- 
tion dans  l'église  dudit  Saint-Denys  par  tel  prestre  qui 
sera  nommé  et  choisy  par  le  sieur  curé  d'icelle,  et  40  en 


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—  36  — 

l'église  de  Chemeray  aussy  par  le  prestre  qui  sera  choisy 
par  le  sieur  curé  de  ladite  paroisse. 

Item  donne  et  lègue  aux  Capucins  de  Laval  la  somme 
de  30  K 

Item  ledit  sieur  testateur  déclare  et  recôgnoist  debvoir 
au  sieur  Cazar,  demeurant  dicte  rue  Sainte-Anne,  la 
somme  de  2.000^  tant  pour  argent  qu'il  a  preste  audit 
sieur  testateur  à  son  besoin  pendant  quUl  a  esté  en  pri- 
son, et  qu'il  a  advancé  pour  ses  affaires,  que  pour  voiages, 
peines  et  soins  qu'il  a  prins  pour  ledit  sieur  testateur  ; 
laquelle  somme  il  veult  estre  paiée  audit  sieur  Cazar, 
auquel  il  a  donné  de  plus  la  somme  de  1.000^  pour  recon- 
naissance de  ses  services. 

Item  qu'il  doibt  à  André  Sorin,  aussy  son  domestique, 
la  somme  de  40^  pour  gaiges. 

Ledit  sieur  testateur  désirant  rendre  tesmoignage 
de  la  vérité  pour  la  descharge  de  sa  conscience, 
resclaircisscment  de  ses  affaires,  et  le  bien  de  ses  héri- 
tiers et  des  personnes  qui  se  trouveroient  légitimement 
intéressées  dans  sa  succession,  se  sent  obligé  de  décla- 
rer, comme  il  fait,  que  le  sieur  Guinet,  qu'il  croit  gen- 
tilhomme d'honneur,  et  ladite  dame  Radigue,  devant 
nommée,  luy  donnant  espérance  de  faire  réussir  un  ma- 
riage qu'ils  lui  proposoient  comme  fort  advantageuxpour 
ledit  sieur  testateur,  désirant  que  pour  rescompense  de 
leurs  soins  ot  peines  il  fist  deux  lettres  de  change,  l'une 
de  1.000^,  et  l'autre  de  6.600^,  paiables  à  des  banquiers 
ou  autres  personnes  des  noms  desquels  il  ne  se  souvient 
pas.  et  comme  cette  affaire  n'a  pas  réussy,  et  qu'il  n'a 
jamais  receu  aucune  chose  des  sommes  contenues  esdites 
lettres  de  change,  et  n'en  doit  partant  rien,  il  n'estime 
pas  que  le  sieur  Guinet  ny  ladite  dame  Radigue  veul- 
ient  demander  soubs  leurs  noms  ny  soubs  ccluy  de  per- 
sonnes interposées  le  paiement  desdites  sommes,  et, 
s'ils  le  faisoient,  ses  héritiers  seroient  bien  fondés  à  s'en 
défendre,  et  il  prie  mesme  Messieurs  les  magistrats  de 
vouloir  avoir   esgard  à  ceste  déclaration  qu'il  fait  de 


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—  37  — 

bonne  foy  et  en  très  grande  sincérité,  dans  la  pensée  de 
comparaître  peut-être  en  bref  devant  Dieu  pour  recevoir 
la  rétribution  de  ses  bonnes  et  mauvaises  actions.  Et, 
dans  la  mesme  veue  et  pour  les  mosmes  motifs,  ledit  tes- 
tateur déclare  de  plus  que,  jouissant  des  terres  qui  sont 
sur  luy  saisies  réellement  en  vertu  d'un  bail  judiciaire 
qu'il  en  a  pris  sous  le  nom  dudit  Pineau,  son  domestique, 
et  aiant  parfaite  confiance  en  ladite  dame  Radigue,  il 
luy  envoioit  de  temps  à  autre  les  deniers  nécessaires 
pour  paier  audit  sieur  Forcadel,  commissaire  dos  saisies 
réelles,  le  prix  dudit  bail  judiciaire,  et,  comme  il  craint 
que  ladite  dame  n'en  ait  retiré  les  quittances  en  son  nom 
comme  si  les  paiemens  avaient  esté  faicts  de  ses  deniers, 
ledit  sieur  testateur  affirme  qu'elle  n'en  a  jamais  rien 
fourny,  et  que  le  tout  a  esté  tousjours  paie  de  ceux  dudit 
testateur,  lequel,  par  négligence  et  par  une  trop  grande 
confiance,  a  manqué  de  retirer  lesdites  quittances  des 
mains  de  ladite  dame  Radigue. 

Ledit  sieur  testateur  cognoist  debvoir  aux  sieurs 
benoist  Chesnay,  et  Fouquet,  apoticquaires  en  la  pro- 
vince du  Mayne,  quelques  médicaments  qu'ils  luy  ont 
fournis,  dont  il  vcult  qu'ils  soient  paies. 

Item  ledit  sieur  testateur  donne  et  lègue  à  sa  fille  natu- 
relle demeurant  en  la  maison  de  Baillet,  cordonnier  en  la 
ville  du  Mans,  aagée  de  7  ans  ou  environ,  la  somme  de 
400  *  une  fois  paiée. 

Item  donne  et  lègue  à  Renotte  de  Vauberger,  fille 
naturelle  dé  feu  messire  Renaut  de  Sévigné,  son  frère, 
la  somme  de  150  ^^  une  fois  paiée. 

Et,  pour  exécuter  et  accomplir  le  présent  testament, 
ledit  sieur  testateur  a  nommé  et  esleu  la  personne 
dudit  Cazar,  lequel  il  prie  d'en  prendre  la  peine,  aiant 
cru  debvoir  faire  ce  choix,  Messieurs  les  deux  frères 
et  présomptifs  hoirs  dudit  sieur  testateur  estant  empes- 
chés  par  leurs  emplois  d'y  vacquer,  d'aultant  plus  qu'ils 
sont  presque  tousjours  en  mer  pour  le  service  (ît  sur  les 
vaisseaux  du  Roy,  et  dessaisissant  es  mains  dudit  sieur 


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—  38  — 

Cazar  de  tous  et  chascuns  ses  biens,  desquels  il  désire 
qu'il  soit  saisy,  suivant  la  coustume  do  Paris  et  il 
s'en  remet  du  compte  de  ladite  exécution  testamentaire 
à  la  justice  et  juridiction  de  cette  ville,  prévosté  et  vicomte 
de  Paris. 

Ce   fut   ainsy   faict,  dicté    et par    ledit 

sieur  testateur  auxdits  notaires  et  à  luy,  par  l'un  d'eulx, 
en  la  présence  de  l'autre,  leu  et  releu  en  ladite  cham- 
bre où  il  est  au  lit  malade  Tan  1680,  le  17®  jour  de  juin 
après-midi. 

(Signé)  :  René -François  de  Sévigné  ». 

Ainsi,  comme  il  nous  en  fait  lui-même  l'aveu  dans  son 
testament,  pendant  les  dernières  années  qui  venaient  de 
s'écouler,  ce  seigneur  d  :  Coudray,  jadis  si  violent  et  si 
emporté  à  l'égard  de  ses  vassaux,  s'était  vu  réduit  aune 
condition  vraiment  misérable  et  digne  d'inspirer  de  la 
pitié  à  ses  plus  grands  ennemis.  Pressé  par  de  nom- 
breux créanciers,  qui  avaient  déjà  mis  la  saisie  sur 
tous  ses  biens,  et  se  trouvant  dans  l'impossibilité  de  payer 
ses  fournisseurs  et  ses  domestiques,  il  avait  du  moins 
espéré  un  moment  se  tirer  d'embarras  en  contractant  un 
mariage  avantageux,  mais  ceux  qui  lui  avaient  fait  entre- 
voir cette  trompeuse  perspective, le  sieur  Guinet,  et  la  dame 
Radigue,  n'étaient  que  des  aigrefins  cherchant  à  exploiter 
sa  crédulité,  et  n'ayant  qu'un  but,  lui  extorquer  des  som- 
mes d'argent  sous  prétexte  de  lui  venir  en  aide.  Pour  le 
moment,  impliqué  peut-être  dans  nous  ne  savons  quel 
procès  criminel,  il  n'avait  échappé  à  la  prison  qu'en  se 
faisant  garder  à  vue  dans  la  maison  d'un  huissier  au  Par- 
lement, et  pour  comble  de  malheur,  une  grave  indisposi- 
tion, fondant  sur  lui  tandis  qu'il  attendait  dans  ce  triste 
séjour  la  fin  de  son  procès,  lui  avait  fait  redouter  une  mort 
prochaine. 

Mais  ce  même  testament  qui  nous  dévoile  l'abîme  d'in- 
fortune où  est  tombé  notre  personnage,  nous  montre 
aussi  que  tous  les  bons  sentiments  sont  loin  d'être 
morts  dans  son  cœur.  S'il  avait  eu  le  tort  de  se   laisser 


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—  39  - 

aller  à  une  liaison  illégitime  et  probablement  d'un  ordre 
peu  relevé,  à  en  juger  par  Thumble  artisan  chargé  d'éle- 
ver l'enfant  qui  en  avait  été  le  fruit,  il  veut  du  moins, 
avant  de  mourir,  mettre  un  peu  d'ordre  dans  ses  affaires, 
et  rendre,  autant  que  possible,  à  chacun  ce  qui  lui  est 
dû.  Il  désire  que  ses  fournisseurs  et  ses  serviteurs 
soient  payés,  et  il  tâche  de  faire  en  sorte  que  ses  héri- 
tiers ne  soient  pas  fraudés  par  sa  faute.  On  reconnaît 
bien  là  le  gentilhomme,  de  même  que  Ton  retrouve  le 
chrétien  et  dans  les  messes  qu'il  demande  après  sa  mort 
pour  le  salut  de  son  âme  et  dans  les  aumônes  qu'il  a 
soin  de  prescrire  en  faveur  des  pauvres  de  Saint- Denis- 
du-Maine,  de  la  Bazouge  et  de  Chemeré. 

Du  reste,  en  dépit  de  ses  sinistres  prévisions,  René- 
François  de  Sévigné  avait,  comme  nous  l'avons  déjà  dit, 
encore  quelques  années  à  vivre,  et,  rendu  enfin  à  la 
liberté,  il  allait  bientôt  pouvoir  reprendre  le  chemin  du 
Bas-Maine  II  était,  en  tous  cas.  Tannée  suivante  dans 
son  manoir  du  Coudray,  où  nous  le  voyons,  à  la  date  du 
18  septembre  1681,  affermer  à  Michel  Houdu  et  à  sa 
femme  la  métairie  du  Plessis  pour  la  somme  de  280  li- 
vres en  retenant  à  titre  de  faisances  6  livres  de  beurre, 
6  chapons.  6  poulets,  etc.  K  Cette  même  année  «  Mes- 
sire  René-François  de  Sévigné,  chevalier,  comte  dudit 
lieu,  seigneur  de  la  chastellenie  de  Chemeré,  le  Coudray, 
Vauberger  et  les  Tousches,  demeurant  au  chasteau  du 
Coudray,  paroisse  de  Saint-Denis  du  Maine  »,  appose 
sa  signature  au  bas  du  contrat  de  mariage,  reçu  par 
M°  Raison,  de  ce  même  Gilles  Lebreton.  «  demeurant 
alors  au  chasteau  du  Coudray  » .  qu'il  avait  mentionné 
comme  «  sonlacquais  »,  dans  son  testament. 

En  mars  1682.  il  eut,  comme  seigneur  de  Chemeré,  à 
donner  sa  permission  et  son  consentement  à  Tinhumation 

1.  Etude  de  Meslay:  anciennes  minutes  de  M*  Martin  Raison. 


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—  40  — 

de  Pierre  Coignard  dans  le   chœur   de  l'église  de  celte 
paroisse  *. 

En  1685,  le  25  octobre,  parmi  les  seigneurs  du  voi- 
sinage réunis  au  château  des  Arcis  à  l'occasion  du  ma- 
riage de  Jean-Baptiste,  comte  de  Montesson,  avec  Cathe- 
rine de  Cervon.  on  rencontre  «  Messire  René-François 
de  Sévigné,  chevalier,  comte  du  Couidray,  Chemeré  et 
Vauberger^  ».  Ce  n'était  pas  du  reste  seulement  comme 
voisin  que  le  seigneur  du  Coudray  avait  assisté  à  ce  ma- 
riage ;  c'était  aussi  comme  parent,  car  il  était  à  la  fois 
par  sa  mère  cousin  issu  de  germain  de  J.-B.  de  Mon- 
tesson, et  par  son  père  cousin  au  même  degré  de  Cathe- 
rine de  Cervon. 

Le  7  septembre  précédent  il  avait  alFermé  à  Jacques 
Freulotet  sa  femme  le  moulin  et  closerie  de  Vauveron 
pour  la  somme  de  280^;  de  même  le  22  janvier  1686 
nous  le  voyons  encore  donner  à  bail  à  Michel  Boudier  et 
sa  femme  le  lieu  et  métairie  de  la  Chesnaye  ^. 

Cet  acte  du  22  janvier  1686,  où  René-François  de 
Sévigné  est  dit,  comme  dans  les  actes  précédents,  «de- 
meurant en  son  chasleau  du  Couldray  »,  est  le  dernier 
où  il  nous  apparaît,  et  il  a  dû  mourir  avant  le  5  octobre 
de  la  même  année,  date  à  laquelle  un  acte  passé  devant 
M®  Martin  Raison  nous  montre  cette  fois  René  Pineau, 
«  marchand,  fermier  judiciaire  de  la  terre,  (îef  et  sei- 
gneurie du  Couldray,  situés  paroisse  de  Saint-Denis  du 
Maine,  circonstances  et  dépendances  d'icelle,  par  bail 
expédié  au  Châtelet  de  Paris,  demeurant  au  chasteau  du 

Couldray »  baillant  à  Laurent  BouUeau  «  le  domaine 

dudit  lieu  du  Couldray  et  le  lieu  de   la  Coulture,  à  la 
réserve  de  la  maison  et  chasteau  du  Couldray,  enclos  en 


1.  Voir  aux  arch.  de  la  Mayenne,  au  dossier  de  Chemeré,  le 
factum  imprimé  du  procès  des  héritiers  Goustard  contre  le  sei- 
yfnéur  de  la  Hoche-Lambert  au  sujet  du  droit  de  patronnage  dans 
l'église  de  Chemeré  (firi  XVIII*  s.). 

2.  Cab.  des  Titres,  P.  O.,  dossier  Montesson. 

3.  Minutes  de  M®  Martin  Raison 


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—  41  — 

dépendant,  avec  le  jardin  joignant  les  fossés  de  ladite 
maison^  d  etc. 

René-François  de  Sévigné  était  mort  célibataire. 
Nous  avons  vu  qu'en  1680,  dans  son  testament,  il 
avait  désigné  comiiie  ses  héritiers  présomptifs  ses  deux 
frères,  qui  étaient  alors  «  presque  toujours  en  mer  pour 
le  service  et  sur  les  vaisseaux  du  Roy  ».  En  s'expri- 
mant  ainsi,  il  faisait  allusion  aux  deux  derniers  fils  issus 
de  l'union  de  Renaut  de  Sévigné  et  de  Gabrielle  du 
Bellay,  c'est-à-dire  à  Christophe-Jacques  et  à  Jacques- 
Christophe,  nés,  nous  l'avons  dit,  le  premier  en  février 
1642,  et  le  second  en  mars  1644.  Ceux-ci  se  trouvaient 
en  effet  dès  cette  époque,  avec  leur  aîné,  René- François, 
les  trois  seuls  survivants  des  cinq  fils  qui  en  1657 
s'étaient  partagé  la  succession  du  comte  de  Montmoron. 
Aussi  est-ce  à  eux  qu'échut  en  1686  la  terre  du  Coudray 
et  ses  dépendances  ;  ils  semblent  d'ailleurs  en  avoir  joui 
indivisément,  car  tous  deux  se  qualifieront  également 
seigneurs  du  Coudray,  Chemeré,  etc.,*et  agiront  l'un 
comme  l'autre  en  qualité  de  propriétaires  de  cette  terre. 

Mais  avant  de  les  montrer  sous  ce  dernier  rôle,  nous 
devons  remonter  un  peu  en  arrière,  et  rechercher  leurs 
états  de  service  dans  la  noble  carrière  qu'ils  avaient  em- 
brassée. 


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LES   COMMENCEMEiNTS  DE  L'IMPRIMERIE 

DANS  L'OUEST  DE  LA  FRANCE 


Dans  le  grand  nombre  d'expositions  rétrospectives  et 
de  congrès  qui  se  sont  célébrés  au  cours  de  Tannée  1900, 
il  est  une  réunion  qui  a  passé  à  peu  près  inaperçue  en 
France,  et  qui  cependant  aurait  mérité  de  nos  érudits 
moins  d'indifférence  et  un  intérêt  plus  marqué.  C'était  là 
leur  vraie  fête,  la  fête  de  tous  ceux  qui  vivent  du  livre, 
matériellement  et  moralement,  de  tous  ceux  qui  savent, 
comme  Montesquieu,  y  chercher  un  soulagement  à  leurs 
peines  et  qui,  comme  lui.  y  trouvent  des  jouissances 
incomparables.  Le  congrès  se  tenait  Tété  dernier  à 
Mayence,  dans  cette  ville  allemande  qui  vit  éclore  au  seuil 
des  temps  modernes  la  plus  importante  révolution  qui 
se  soit  accomplie  depuis  dix-huit  siècles,  et  solennisait 
le  cinq-centième  anniversaire  de  la  naissance  de  Guten- 
berg.  Des  mémoires  très  curieux  y  ont  été  lus  ;  d'autres, 
non  moins  intéressants,  ont  été  écrits  en  France  pour 
exalter  le  souvenir  de  celui  qui,  suivant  l'expression 
de  Lamartine,  «  a  spiritualisé  le  monde.  »  11  faut  citer 
à  ce  propos  la  publication  essentiellement  française  dans 
laquelle  l'Imprimerie  nationale  offrait  au  public  lettré  une 
reproduction  de  plusieurs  monuments  primitifs  conservés 
à  la  Bibliothèque  nationale,  que  la  science  toujours  jeune 
de  M.  Léopold  Delisle  décrivait  sommairement  en  mon- 
trant les  conclusions  à  en  tirer  pour  l'histoire  de  l'impri- 


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—  43  — 

merie^  En  même  temps  paraissait,  comme  complément 
commémoratif  du  jubilé  de  Gutenberg,  le  prenïier 
volume  du  somptueux  ouvrage  que  M.  A.  Glaudin  a 
commencé  d'écrire  sur  VHistoire  de  l'Imprimerie  en 
France  au  XV^  et  au  XV  1^  siècle"^, 

A  côté  de  ces  œuvres  officielles,  d'autres  œuvres, 
moins  ambitieuses,  mais  fort  jolies,  sont  venues  consacrer 
la  gloire  de  celui  qui,  au  dire  de  Rabelais,  inventa  son 
art  «  par  inspiration  divine  »,  à  moins  que  ce  ne  soit 
«  comme  Tartillerie,  par  suggestion  diabolique.  »  Telles 
sont  les  pages  de  biographie,  colorées  et  pittoresques,  que 
M.  Anatole  France  a  écrites,  et  que  Téditeur  délicat  qu'est 
M.  Edouard  Pelletan  a  composées  pour  être  comme  le 
pur  témoignage  de  gratitude  des  typographes  au  premier 
d'entre  eux  3. 

Il  n'est  pas  sans  intérêt  pour  nous,  quoique  ceci  sorte 
du  cadre  restreint  où  s'enferme  notre  Bulletin,  de 
résumer  rapidement  ces  études^  et  de  voir  avec  leurs 
auteurs  comment  s'est  manifestée  immédiatement  en 
France,  et  plus  particulièrement  dans  l'ouest»  pour  ne 
pas  trop  nous  éloigner  de  chez  nous,  la  géniale  découverte 
du  Mayençais. 

On  a  beaucoup  discuté  jadis  sur  la  part  qui  revenait  à 
Gutenberg  dans  la  création  do  son  art  et  il  n'y  a  pas  bien 
longtemps   encore   un  journal  de   Roumanie,    la   Foia 


\.  A  la  mémoire  de  Jean  Gutenberg.  Hommage  de  P Imprimerie 
nationale  et  de  la  Bibliothèque  nationale.  Paris,  Imprimerie 
nationale.  Juin,  1900.  In-f<>,  77  p.  avec  1  front,  et  17  planches 
photogr. 

2.  Paris,  Imprimerie  nationale,  1900.  In-f^,  d  —  xxiv  —  490  p. 

3.  Jean  Gutenberg,  suivi  du  Traitté  des  Phantasmes  de  Nicole 
Langelier.  Paris.  Ed.  Pelletan,  1900.  In-4o,  viii  —  28  p. 

4.  Parmi  celles-ci  je  citerai  spécialement  l'ouvrage  de  mon 
confrère  M.  L.-H.  Labande  :  L  imprimerie  en  France  auXV^  siècle, 
in-4o,  45  p.  (Aus  dor  Festschriftder  Stadl  Mainz  zum  500  jâhriçen 
Geburstage  von  Johann  Gutenberg.  —  Mainz  am  Rhein,  Philipp 
von  Zabern,  1900).  Voir  encore  de  M.  Johannes  Luther  dans 
Sonntagsbeilage  zur  Vossis(;hen  Zeitung  (1900,  n®  25)  l'art,  inti- 
tulé :  Johan  Gutenberg, 


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—  44  — 

diecesana^  prétendait  que  rimprimerie  avait  été  inventée 
par  les  Romains,  ni  plus  ni  moins,  et  que  la  quatrième 
légion,  la  Flavia  Félix ^  pratiquait  la  typographie  avec 
des  types  mobiles  :  cela  résultait,  disait-il,  de  la  décou- 
verte faite  par  un  archéologue  dans  les  ruines  du  château 
de  Bersovia.  Malheureusement  la  Foia  diecesana  ne  citait 
aucun  des  documents  sur  lesquels  se  fondait  son  affir- 
mation ;  elle  se  contentait  de  dire  que  doux  membres  de 
TAcadémie  scientifique  de  Bucharest  avaient  examiné  la 
trouvaille  et  l'avaient  déclarée  sensationnelle.  Ce  n'était 
pas  tout-à-fait  suffisant  comme  éclaircissement.  11  est 
vrai  que  Larousse  avait  eu  autrefois  cette  même  idée 
d'attribuer  aux  Romains  Tinvention  de  Timprimerie  et 
tout  le  monde  sait,  depuis  feu  M.  Floquet  que  Larousse 
jouit  d'une  autorité  indiscutable. 

Une  certitude,  et  ceci  est  plus  sérieux,  c'est  que  la 
découverte  de  l'imprimerie  ne  fut  pas  un  fait  spontané  : 
les  xylographes,  les  cartiers,  les  chirotypographes 
étaient  de  véritables  précurseurs.  Mais  il  fallut  le  génie 
de  Gutenberg  pour  amener  du  premier  coup  leur  procédé 
à  sa  perfection  définitive.  Personne  n'ignore  qu'en  1436, 
à  Strasbourg,  il  entreprenait  déjà  des  recherches  ;  que 
faute  de  ressources  il  avait  dû  prendre  des  associés  et 
qu'à  la  mort  de  l'un  d'eux,  André  Dritzehen,  les  héritiers 
de  celui-ci  lui  avaient  intenté  un  procès  (1439).  L  issue 
du  procès  avait  été  favorable  au  chercheur,  mais  l'action 
judiciaire  avait  évidemment  fait  quelque  bruit,  ne  serait-ce 
qu'à  Strasbourg;  des  indiscrétions  avaient  dû  être 
commises  et  plusieurs  personnes  eurent  sans  doute 
quelque  intelligence  de  ce  qui  se  préparait.  Rt  c'est 
probablement  ainsi  qu'un  orfèvre  de  Prague,  Procope 
Waldfoghen,  qui  de  1444  à  1446  se  trouvait  à  Avignon, 
forma,  comme  Gutenberg,  une  association  avec  quelques 
étudiants  et  un  serrurier-horloger,  et  parvint  à  fabriquer 


1.  Cf.  Anton  Schubert  ;  /aip  Gesihichte  der  Familie   V^aldfo- 
ghel  dans  le  Centralblatt  fur  Bibliotlieksa'esen,  1899,  p.  500. 


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—  45  - 

tout  un  matériel  pour  convaincre  que  son  art  d'écrire 
artificiellement  était  «  vrai,  possible  et  utile  à  qui  voulait 
s'y  adonner.  »  Avignon  vit  ainsi  les  premiers  essais 
d'impression  typographique.  Mais  l'association  était 
caduque.  Waldfoghel  était  constamment  poursuivi  par 
ses  créanciers;  ses  compagnons,  peu  riches,  quoiqu'il 
y  eut  un  juif  parmi  eux»  se  lassèrent  vite  et  réclamèrent 
leurs  fonds,  et  l'orfèvre,  abandonné  et  endetté,  dut 
quitter  la  ville  de»  papes. 

C'est  seulement  dix  ans  après  sun  procès  que  Guten- 
berg,  de  retour  à  Mayence,  put  enfin,  grâce  au  concours 
de  Fusl,  monter  un  véritable  atelier  et  donner  son  premier 
volume  (1448).  Cette  date  est  importante,  car  elle  met 
à  néant  une  de  ces  belles  mystifications  comme  on  en 
rencontre  souvent  dans  l'histoire  et  de  laquelle  M.  Palletan 
se  faisait  encore  l'écho  dans  la  préface  du  livre  que  nous 
citions  tout  à  l'heure.  Et  pourtant,  sinon  quelque  hollan- 
dais chauvin,  qui  oserait  parler  encore  de  Laurent  Koster. 
ce  descendant  des  comtes  de  Hollande  qui  aurait  découvert 
rimprimerie  avant  Gutenberg  et  qui  aurait  été  dépouillé 
de  son  invention  par  ce  dernier?  Koster  ne  fut  pas  un 
faussaire,  ni  un  mystificateur;  il  n'a  pas  existé.  Ce  fut 
le  bourgmestre  Jan  van  Zuyren  qui,  par  patriotisme  sans 
doute,  mit  au  monde  cette  fable  (1569)  que  le  cerveau  de 
Junius  (Adrien  de  Jonghe)  étaya,  par  ordre,  pour  les 
États  de  Hollande  en  1588,  de  parchemins  et  de  documents 
typographiques  C'est  un  intermède  joyeux  que  le 
développement  de  cette  légende  jusqu'au  portrait 
authentique  de  Koster,  gravé  en  1765,  jusqu'au  superbe 
monument  que  le  collège  de  médecine  de  Harlem  a  fait 
élever  au  fondateur  de  la  typographie  Laurentienne  !  Et 
cependant,  en  dépit  de  ses  prétentions,  Harlem  n'est 
classée,  par  Santander,  que  la  121®  parmi  les  villes  qui 
furent  pourvues  de  presses  typographiques,  alors  que 
Paris  arrive  la  11°  sur  le  tableau  chronologique*. 

1.  F.-E.  Valois  :  Gutenberg  et  les  origines  de  l'imprimerie  en 
France  et  à  Paris  (Rev.  biblio-iconograpnique,  1900,  n»  8,  p.  381). 


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—  46  — 

L'invention  de  Gutenberg  fut  en  effet  rapidement 
connue  en  France.  Mais  malgré  une  prétendue  ordonnance 
de  Charles  VII  qui  aurait  chargé  Nicolas  Jenson  de  se 
rendre  en  Allemagne  pour  s'informer  des  procédés 
nouveaux*,  on  ne  peut  pas  prouver  que  chez  nous  elle  fut 
répandue  autrement  que  par  les  agents  des  typographes 
rhénans.  Ceux-ci  d'ailleurs  s'empressèrent  de  faire 
passer  leurs  éditions  sur  les  marchés  étrangers,  et  l'on 
a  voulu  par  là  expliquer  la  tardive  création  des  ateliers 
français.  Fust  et  Schœffer  apportaient  à  Paris,  au  sortir 
de  leurs  presses,  les  ouvrages  qu'ils  venaient  d'imprimer; 
ils  eurent  ensuite  dans  la  même  ville  et  à  Angers  un  dépôt 
de  livres  tenu  par  Hermann  de  Stadtborn.  Dès  1470, 
une  réelle  activité  se  faisait  sentir  à  Lyon,  à  Toulouse,  à 
Tours.  Surtout  après  1475,  s'opéra  une  grande  immi- 
gration d'imprimeurs  allemands  en  France,  venus  des 
bords  du  Rhin,  depuis  Cologne  jusqu'à  Bâle,  et  qui 
allaient  s'établir  principalement  dans  la  région  lyonnaise 
et  dans  le  Languedoc  :  les  villes  de  Lyon,  Marseille  et 
Bordeaux,  très  cosmopolites,  s'ouvraient  facilement;  les 
provinces  du  nord  et  de  l'ouest  restaient  plus  fermées, 
mais  l'élément  étranger  s'infiltrait  pourtant  dans  les 
grands  centres  comme  Rouen,  Poitiers  et  Angers.  Sans 
doute  les  typographes  eurent  à  vaincre  la  rivalité 
désespérée  des  scribes  et  des  enlumineurs  que  ruinait 
la  nouvelle  industrie,  mais  s'ils  n'avaient  point  par 
eux-mêmes  les  ressources  pécuniaires  suffisantes  pour 
faire  face  à  tous  les  frais  d'une  installation,  ils  trouvèrent 
une  aide  souvent  puissante  à  leurs  débuts.  Quelques-uns 
restèrent  en  détresse,  mais  d'autres  furent  commandités 
ou  protégés.  Ceux  qui  encouragèrent  ainsi  de  leurs 
deniers  l'art  naissant  furent  à  Paris  des  docteurs  de 
Sorbonne;  «  ce  furent  des  marchands  à  Lyon,  Rennes, 


1.  Cf.  Karl  Dziatzko  :  Die  ordonnanz  Karls  VII  von  Frankr.  von 
4  oktob,  Îi58  dans  le  Sammiung  Bibliothekswissensch,  Arùeiten, 
heft  2,  p.  41. 


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—  47  — 

Mâcon  et  plus  tard  Avignon  ;  des  évoques  et  des  chanoines 
à  Poitiers,  Troyes,  Chartres,  Salins,  Grenoble,  Embrun, 
Uzès,  Limoges  ;  des  abbés  et  des  coirgrégations  religieuses 
à  Lantenac,  Dijon,  Cluny;  des  seigneurs  à  Bréhant- 
Loudéac  ;  ailleurs,  ce  fut  le  voisinage  de  cours  opulentes 
et  amies  des  arts  (Angers,  Tours,  Chambéry,  Angouléme, 
Nantes)  ou  bien  un  milieu  parlementaire  (Dôle,  Grenoble) 
qui  assurait  aux  typographes  un  travail  rémunérnteur  »*. 

Cette  immigration  des  imprimeurs  allemands  détermina 
deux  courants  d'influence  ;  les  uns,  en  plus  grand 
nombre,  suivirent  la  route  de  Lyon  et  se  répandirent 
dans  Test  et  le  midi  de  la  France  où  ils  exercèrent  une. 
véritable  domination  que  leur  disputèrent  cependant  les 
indigènes  et  les  Italiens  à  la  fin  du  XV*  siècle  ;  les  autres, 
moins  nombreux,  se  dirigèrent  sur  Paris  où  les  Français, 
instruits  par  eux,  leur  firent  bientôt  une  concurrence 
redoutable,  finirent  très  vite  par  les  supplanter  et  d'où 
ils  rayonnèrent  à  leur  tour  dans  les  provinces  du  nord 
et  de  Touest.  Les  relations  qu'avaient  dans  ces  provinces 
les  grands  libraires  comme  Antoine  Vérard  et  Simon 
Vostre,  aidèrent  à  la  propagation  et  à  Faction  des 
presses  parisiennes. 

Cette  influence,  nous  lavons  déjà  dit,  s'exerça  d'abord 
à  Angers,  une  des  résidences  préférées  du  roi  René. 
Hermann  de  Stadtborn  établit  dans  la  ville  artistique  un 
dépôt  des  livres  de  Fust  et  de  Schœfl*er.  Jean  de  la  Tour 
et  Morel  y  imprimèrent  une  Rhétorique  de  Cicéron 
(5  février  1477),  le  Manipulas  curatorum  (19  septembre 
1477)  et  une  édition  des  coutumes  d'Anjou.  Et  ce  qui 
prouve  l'influence  des  presses  parisiennes,  c'est  que  ces 
ouvrages  furent  imprimés  avec  des  caractères  à  peu  près 
semblables  à  ceux  qu'employa  au  Soufflet  vert  l'asso- 
ciation de  Louis  Symonel.  Richard  Blandin,  Jean  Simon 
cum  multis  aliis  in  eodem  laborantibus^  à  ceux  de  Pie- 
ter  Keysere,  de  Gand,  et  de  l'allemand  Jean  Stol,  qui 

1.  L.-H.  Labande,  op,  cit. 


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—  48  — 

avaient  précédemment  imprimé  les  deux  premiers  ou- 
vrages dans  la  rue  Saint- Jacques.  Nos  deux  angevins 
possédaient  aussi  un  assortiment  de  lettres  analogues  à 
la  grosse  fonte  de  Pasquier  Bonhomme,  ce  libraire  qui 
donna  les  Grandes  Ch'*onicques  de  France^  .eiihs'enser' 
virent  pour  composer  un  Perse.  Vingt  ans  plus  tard  seu- 
lement, apparut  une  seconde  édition  du  Manipulas,  mais 
Jean  de  la  Tour,  sans  doute,  ne  pouvait  lutter  contre  les 
importations  des  ateliers  parisiens,  poitevins  ou  rouen- 
nais  dont  le  libraire  Jean  Alexandre  était  un  agent  très 
actif  et  il  cessa  d'imprimer.  Cet  Alexandre  commandait 
en  effet  plusieurs  de  ses  livres  à  Paris  chez  Bocard, 
Wolf  et  Korver  ;  à  Rouen,  chez  Martin  Morin. 

Je  ne  m'occuperai  pas  des  questions  très  controver- 
sées de  rimprimerie  à  Poitiers,  qui  donneraient  lieu 
à  une  bibliographie  trop  abondante  pour  ce  simple 
articulet,  si  ce  n'est  pour  constater  que  le  prêtre  Sain- 
tongeais,  Jean  Bouyer,  qui  semble  avoir  emprunté  sa 
marque  aux  frères  parisiens  de  Marnef,  était  à  la  tête  de 
cette  industrie  à  Poitiers  lorsqu'il  édita  vers  1490  les 
heures  d* Angers  avec  la  collaboration  de  Pierre  Belles- 
culée,  qui  arrivait  de  Rennes.  Mais  plus  près  de  nous, 
à  Nantes,  vers  1480,  un  libraire  cherchait  à  placer  le 
produit  des  presses  étrangères,  allant  même  jusqu'à 
Venise  pour  y  faire  imprimer  le  bréviaire  et  le  missel  du 
diocèse.  Ce  n'est  qu'en  1493  qu'Etienne  Larcher  donna 
dans  cette  ville  le  premier  volume  qui  y  fut  imprimé  avec 
les  Lunettes  des  princes  de  Jean  Meschinot,  d'»nt  Tannée 
suivante  vit  une  seconde  édition.  Cette  imprimerie  qui 
prospéra  produisit  encore  dans  le  XV®  siècle  des  Heures  à. 
l'usage  de  Nantes  (1499),  la  Table  de  la  coutume  de  Bre- 

1.  Il  est  curieux  de  constater  aue  dès  1494  les  Grandes  Chro- 
niques entraient  dans  la  petite  collection  que  formait  l'Hôtel-de- 
Ville  d'Amiens,  où  elles  allèrent  rejoindre,  avec  «  un  livre  maullé 
nommé  Josephus  ».  la  Mer  des  Ystoires  et  deux  volumes  d*Orose, 
achetés  dès  1493  et  mis  à  «  l'hôtel  des  Cloquiers.  »  Celte  biblio- 
thèque municipale  doit  être  l'une  des  plus  anciennes  que  Ton 
connaisse.  Cf.  Arch.  municip.,  d'Amiens,  (GC.  70,  P  145  ; 
ce.  72,  ^•  121,  124). 


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-49- 

tagne  et  les  ordonnances  et  statuts  du  Roy,  «  faictz  au 
pays  de  Bretagne  »  en  mai  1494. 

L'influence  parisienne  se  manifeste  encore  d'une  façon 
évidente  à  Caen,  où  Jacques  Durandas  et  Gilles  Quijoue 
publièrent,  le  6  juin  1480,  les  épîtres  d'Horace.  Mais 
de  ces  deux  typographes  qui  disparurent,  c'est  le  seul 
livre  que  Ton  connaisse,  tandis  que  des  libraires  de 
l'Université  avaient  le  champ  libre  pour  introduire  les 
impressions  de  Paris  ou  de  Rouen. 

Si  dans  cette  dernière  ville,  l'art  typographique  na- 
quit tardivement,  il  s'épanouit  bientôt  en  une  brillante 
efflorescence.  C'est  en  mai  1487  seulement  que  fut  donné 
le  premier  ouvrage  à  date  certaine  imprimé  en  cette 
ville  par  Guillaume  Le  Talleur,  «  natil  et  demeurant  à 
la  paroisse  Saint  Lô  ».  Ce  livre  était  les  Chroniques  de 
Normandie,  L'année  suivante,  le  même  imprimeur  don- 
nait le  missel  du  diocèse  de  Séez,  commandé  par  M®  Jean 
de  Courteilles,  prêtre,  curé  de  Sarceaux,  dont  le  seul 
exemplaire  actuellement  connu  est  conservé  à  la  biblio- 
thèque Mazarine  '.  En  1489,  LeTalleur  travaillait  pour 
le  diocèse  du  Mans  et  imprimait  le  missel  préparé  par  le 
lavallois  Pierre  Hennier,  curé  de  Saint-Pierre-dc-la- 
Cour^  et  réimprimé  bientôt  en  1503,  par  celui  que  l'on 
croit  avoir  succédé  à  Le  Talleur,  le  rouennais  Martin 
Morin.  Celui-ci  jouit,  partout  où  s'étendaient  ses  rela- 
tions commerciales,  «n  France  et  en  Angleterre,  d'une 
réputation  méritée,  et  put  comme  Le  Talleur^  travailler 


1.  L.  Duval  :  L'imprimerie  et  la  librairie  à  Alencon  et  dans  le 
diocèse  de  Séez,  Alençon,  Herpin,  1900  ;  in-4o,  100  pages. 

2.  Cauvin  :  Documents  relatifs  à  l'histoire  des  corporations  d'arts 
et  métiers,  p.  311. 

3.  Le  Talleur  travailla  même  pour  l'AnçIeterre.  En  elTet  le 
Catalogue  of  books  in  the  John  Rylands  library,  Manchester, 
printea  in  Ensland,  Scotland  and  Ireland,  and  of  books  in 
english  printea  abroad  to  the  end  of  the  year  16k0  (Manchester, 
J.  Ë.  Cornish,  1895.  ln-4o.  ni  et  147  p.),  mentionne  deux  ouvrages 
imprimés,  vers  1490,  par  Le  Talleur  pour  le  compte  de  H.  Pynson  : 
Tenures  de  Littleton,  et  Stathan  Aoridgement,  of  cases. 

4 


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-  5Ô  - 

pourle8  libraires  de  Paris.  D'autres  imprimeurs  vivaient 
près  de  lui  dont  le  nombre  montre  Tactivité  des  pres- 
ses rouennaises. 

Mais  en  plus  de  ces  presses  sur  lesquelles  Fécole  de 
Paris  Kt  sentir  d'une  façon  indéniable  son  influence  et  qui 
s'établirent  dans  les  localités  que  nous  venons  de  nommer, 
il  en  fut  d'autres  dont  des  villes  voisines  allèrent  chercher 
le  matériel  dans  les  Flandres,  en  Suisse  ou  en  Italie  ou 
qui  furent  établies  par  des  imprimeurs  venus  de  ces  pays 
lointains.  Dans  ce  genre,  il  faut  mentionner  en  première 
ligne  les  petites  presses  qui  fonctionnèrent  presque  toutes 
en  même  temps  en  Bretagne.  Les  caractères  gothiques 
en  usage  à  Rennes,  à  Bréhant-Loudéac  et  à  Tréguier, 
appartiennent  à  une  famille  de  types  flamands  fondus  sur 
le  modèle  de  ceux  d'Arendt  de  Keysere,  de  Gand,  et  de 
Rodolf  Loefl's.  de  Louvain.  «  C'était  le  même  matériel,  a 
dit  M.  Claudin,  composé  de  trois  fontes  graduées,  qui 
avait  été  réparti  entre  les  trois  ateliers,  »  le  corps  supé- 
rieur servant  à  Bréhant-Loudéac,  le  moyen  à  Tréguier, 
le  bas  de  casse  à  Rennes. 

Des  ateliers'  de  Robin  Fouquet  et  de  Jean  Grès,  à 
Bréhant,  sortirent,  entre  décembre  1484  et  juillet  1485, 
df;  courts  livrets  pour  faille  une  sorte  d'encyclopédie 
religieuse,  morale  et  politique,  comme  le  Mirouer  cTor 
de  Vâme  pécheresse^  La  vie  de  Jésus-Crist,  Les  Coustu- 
mes  de  Bretagne  qui  parurent  ensuite,  œuvres  plus 
importantes,  semblent  avoir  été  publiées  aux  risques  et 
périls  des  typographes.  Au  bout  d'un  an,  les  ateliers  de 
Bréhant  devenaient  muets,  mais  on  a  attribué  à  tort  l'in- 
terruption de  leurs  travaux  à  la  guerre  qui  éclata  entre 
la  France  et  la  Bretagne,  car  les  hostilités  ne  commen- 
cèrent qu'en  1487  et  l'on  retrouve  au  commencement  de 
1488  Jean  Grès  à  l'abbaye  bénédictine  de  Lantenac  où, 
avec  d'autres  caractères  flamands,  il  composait  le  Voyage 
en  terre  Sainte  de  Jean  de  Mandeville  :  les  travaux  du 
typographe  étaient  intermittents. 


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—  51  —      • 

Ceux  de  ses  confrères  de  Rennes  ne  Tétaient  pas  moins. 
Là  travaillèrent  d'abord  Pierre  Bellesculée  et  Josses. 
Avec  le  concours  d'un  riche  bourgeois,  Jean  Huss,  ils 
réussirent  à  donner  le  2ô  mars  1485  la  première  édition, 
parue  en  Bretagne,  des  Coutumes  et  constitutions  du 
duchés  puis  peu  à  près  un  Floret  en  franczois  et  cela  fait, 
ils  s'éclipsèrent.  Bellesculée,  nous  l'avons  vu,  alla 
s'associer  avec  Jean  Bouyer  à  Poitiers. 

L'atelier  de  Tréguier  parait  avoir  eu  un  peu  plus  de 
résistance.   Lui  aussi  donna  en   1485  une  édition  de  la 
Coutume  et   des   constitutions  de  Bretagne^  puis   un 
Grécisme  d'Ébrard  de  Béthune.  On  ne  connait  que  le 
monogramme  du   typographe    qui    composa    ces  deux 
ouvrages.   Fut-il  le  prédécesseur  de   Jean  Galvez   qui 
publia  en  1499  leCatholicon  en  «  trois  langaiges,  sçavoir 
breton,  fianczois  et  latin?  »  Nous  ne  savons.  Mais  les 
presses  de  ce  dernier  marchaient  alors  déjà  depuis  trois 
ans  au  moins.  Car  on  a  découvert  dernièrement  dans  le 
fonds  de  la  reine  Christine,  au  Vatican  (ms.  n"  988)  un 
petit  placard  imprimé  qui  sortit  de  son  atelier  :  feuille 
volante  contenant  le  mandement  de  l'évêjjue  de  Saint- 
Brieuc  pour   l'année  1496.  C'était  l'usage  dès  lors  en 
Bretagne  d'imprimer  sur  des  feuilles  volantes  les  man- 
dements épiscopaux  et  il  est  permis  de  croire  qu'on  a 
eu  recours  au  même  procédé  dans  d'autres  diocèses.  Un 
chercheur  patient  et  sagace  aura-t-il  la  bonne  fortune  de 
découvrir,  dans  le  Maine,  quelqu'un  de  ces  bilboquets 
qui  occupèrent  tant  d'ateliers  à  la  fin  du  XV®  siècle  ?  Il 
serait  étonnant,  alors  que  de  toutes  petites  agglomérations 
urbaines  possédaient  à  cette  époque  des  presses  plus  ou 
moins  actives,  qu'une  ville  comme  le  Mans  en  ait  été 
complètement  dépourvue.  SaufCauvin,  dont  les  recherches 
ont  été  bien  sommaires,  sauf  M.  de  la  Bouillerie  qui  a 
rencontré  Timprimerie  à  la  Flèche  seulement  dans  le  der- 
nier quart  du  XVP  siècle,  personne  dans  le  Haut-Maine 
ou  dans  la  Sarthe  n'a  été  tenté  d'étudier  cette  question 


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-  52  -^ 

intéressante.  La  société  historique  du  Maine  compte 
pourtant  plusieurs  membres  parfaitement  outillés  pour 
ce  travail.  Un  d'entre  eux  ne  voudra-t-il  pas  enfin  montrer 
que  si  notre  province  semble,  en  ce  qui  concerne  l'art 
typographique,  comme  on  le  dit  en  d'autres  choses,  en 
retard  sur  ses  voisines,  ce  n'est  là  encore  qu'une  erreur  et 
qu'elle  n'a  rien  à  leur  envier?  N'essaiera-t-il  pas  au  moins 
de  nous  dire  quelles  causes  historiques  ont  produit  ce 
retard?  C'est  là  ce  que  nous  souhaitons  et  c'est  pour 
poser  cette  question  à  nos  collègues  du  Mans,  nous 
pouvons  l'avouer,  que  nous  avons  écrit  cet  article,  ne 
doutant  pas  que  la  réponse  qu'on  y  fera  ne  soit  piquante. 


E.    LA.URAIN. 


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ARRllT  DU  PARLEMENT 

CONCERNANT     DES     NÉGLIGENCES     DANS    LA    TENUE 
DES    REGISTRES 

DE   BAPTÊMES,   MARIAGES    ET   SÉPULTURES 

De  la  paroisse  de  Saint-Fort^  en  Anjou 

(26  mai  1772). 


I 

Aux  XVI*  et  XVI P  siècles,  les  rois  de  France  rendirent 
de  nombreuses  ordonnances,  tendant  à  obliger  les  curés 
des  paroisses  du  royaume  à  tenir  sur  des  registres 
spéciaux,  mention  des  baptêmes,  mariages  et  sépultures 
qui  seraient  administrés  et  célébrés  dans  leurs  églises 
paroissiales  soit  par  eux-mêmes,  soit  par  leurs  vicaires, 
chapelains  ou  autres  prêtres  habitués.  Cette  innovation 
dans  le  clergé  séculier  mit  du  temps  à  se  répandre  et  à  se 
populariser  un  peu  partout,  et  tandis  que  toutes  les 
abbayes  possédaient  leurs  obituaires,  leurs  nécrologes, 
leurs  livres  des  morts,  etc..  dont  quelques-uns  remon- 
taient au  XI®  siècle,  on  ne  trouve  guère  de  registres  de 
paroisses  au-delà  des  premières  années  du  XVI®  siècle. 
Il  n'en  existe  pas  du  moins  dans  nos  contrées*.  Le  plus 

1.  Nous  n'avons  voulu  changer  rien  au  travail,  le  dernier  qui 
soit  sorti  de  sa  plume,  —  que  nous  avait  donné  notre  méritant 
collègue,  M.  Gadbin,  quelques  jours  avant  de  mourir.  Nous  de- 
vons cependant  préciser  certains  renseignements  sur  Tancien 
état-civil  dont  l'histoire  est  généralement  peu  connue. 

On  prend  souvent  l'ordonnance  de  Villers-Cotterets  comme 
point  initial  de  cette  institution.  En  réalité,  l'origine  est  bien  plus 
ancienne.  Il  faut  descendre  jusqu'à  la  première  moitié  du  XIV* 
siècle  pour  trouver  le  premier  registre  paroissial.  Il  appartient  à 


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—  54  — 

vieux  registre  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  que 
nous  connaissons  dans  le  pays  appartient  à  la  mairie  de 
Château-Gontier  et  remonte  à  Tannée  1527.  C'est  celui 
de  «  Téglise  de  Monsieur  Sainct-Jehan-Baptiste  de 
Chasteaugontier.  » 

A  cette  époque  et  jusqu'à  la  révolution  d'ailleurs,  la 
paroisse  Saint-Jean  était  seule  pourvue  de  fonts  baptis- 
maux, en  qualité  «  d'église  matiice  et  seule  baptismale 
de  Châteaugontier  ;  »  son  annexe  Saint-Jean  l'évangé- 
liste,  vulgairement  connue  sous  le  nom  de  l'église  du 
petit  Saint- Jean,  détruite  en  1791,  et  l'église  Saint-Remy, 
n'étaient  considérées  que  comme  des  chapelles  vicariales 
du  ((  grand  Saint-Jean  »,  et  devaient  y  envoyer  les 
enfants  nouveau-nés  pour  y  recevoir  le  baptême.  Il 
n'existe  pas  de  registres  spéciaux  pour  le  petit  Saint- 
Jean,  les  actes  divers  de  cette  église  se  mélangaient  avec 
ceux  de  Saint-Jean-Baptiste.   Quant  aux   registres  de 

la  commune  de  Givry  (Saône-et-Loire).  On  y  voit  des  décès 
de  1335  à  1348  et  des  mariages  de  1336  à  1350.  (Cf.  Léon  Lex, 
BibL  de  L'Ecole  des  Chartes,  t  41.  p.  377).  Le  premier  registre, 
de  Montarcher  (Loire),  date  de  1469.  Celui  de  Sainl-Maximin 
(Var),  signalé  dernièrement  par  M.  Gortez,  remonte  à  1473. 

Les  deux  premiers,  au  moins,  de  ces  registres,  sont  des  livres 
de  compte  où  les  curés  inscrivaient  les  redevances  qui  leur 
étaient  dues  à  l'occasion  des  décès  ou  des  mariages,  les  baptêmes 
étant  très  probablement  payés  en  nature  et  comptant.  Ces  sortes 
ae  registres  étaient  donc  purement  personnels  et  cela  explique 
leur  rareté.  Mais  les  synodes  épiscopaux  en  recommandèrent 
l'usage  pour  empécher/par  la  connaissance  exacte  des  généalo- 
gies, les  unions  entre  consanguins.  C'est  la  teneur  même  des 
statuts  au'Henri  le  Barbu,  évoque  de  Nantes,  donna  en  1406. 
le  synode  de  la  Roche-Bernard  (6  juin  1408)  obligea  les  curés 
de  Bretagne  à  tenir  des  registres  de  baptêmes.  En  1504  et  1507 
l'évoque  d'Angers  prescrivit  à  son  clergé  de  faire  de  même. 
Dans  l'Ouest,  cependant,  ces  mesures  ne  furent  pas  également 
suivies,  car  au  synode  de  Séez.  en  1524.  «  il  fut  pour  la  première 
fois  question  d'ouvrir  des  registres  dans  les  paroisses.  »  Le  plus 
ancien  registre  du  dépjarteinent  de  la  Mayenne  est  celui  deSaint- 
Ouen-des-Vallons  qui  reinonte  àl525. 

L'ordonnance  de  Villers-Cotterets  (août  1539),  établit  pour  tout 
le  royaume  des  registres  de  baptêmes  devant  être  visés  par 
un  notaire  pour  jjlus  de  garantie  ;  on  y  devait  constater  le  temps  et 
l'heure  de  la  nativité.  La  môme  ordonnance  prescrit  aussi  la  tenue 
de  registres  de  décès,  mais  il  s'agit  uniquement  du  décès  des 


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-  55  — 

Saint-Remy,  qui  ne  comprennent  que  les  mariages  et 
sépultures  de  cette  paroisse,  ils  sont  de  près  d'un  siècle 
postérieurs  à  ceux  de  Saint-Jean;  le  1*""  ne  commence 
qu'en  Tan  1617. 

Voici  par  ordre  chronologique  les  paroisses  environ- 
nantes dont  les  registres  d'état-civil  sont  les  plus  vieux. 
D'abord  Saint-Fort,  où  ils  sont  presque  aussi  anciens 
qu'à  Saint-Jean  de  Château- Gontier,  puisqu'ils  remontent 
à  Tannée  1554.  Le  curé  titulaire  de  cette  paroisse,  d'après 
sa  signature,  se  nommait  alors  Bioche  ;  la  paroisse 
portait  à  cette  époque  encore  le  nom  de  Saint-Evroult, 
ce  n'est  que  vers  1582  qu'on  commence  à  la  nommer 
Saint- Fort. 

Viennent  ensuite  :  Chemazé  (1559)  ;  Menil  (1563)  ; 
Bazouges  (1571)  ;  Azé  et  Fmmentières  (1574)  ;  Ampoi- 
gné  (1601)  ;  Coudray  (1617)  ;  Loigné  (1660)  ;  Laigné 
(1677)  ;  Marigné-Peuton  (1683). 


ecclésiastiques  pourvus  de  bénéfices,  pour  prévenir  les  contes- 
talions  entre  les  divers  ayant-droits   L'ordonnance  de  1579  s'oc- 
cupe encore  des  rejçi  4res,  et  celte  fois,  des  rejçistres   de  baptê- 
mes, mariages  et  euteppements  Gepeniant  l'opdonnance  de  1667 
sur  la  péformation  de  la  justice  est  la  première  qui  ait  reçu  une 
sépieuse  exécution  quant  au  point  qui  fait   l'objet  de  cette   note. 
L'ordonnance  de  1579  enjoignait  aux  cupés  d'apporter  leurs  re- 
gistres auxgpelTes  poyaux.  Celle  de  1667  demandait  qu'une  gpos- 
se  des  actes  fût  déposée  chaque  année  dans  ces  mêmes  gpefTes, 
paraphés    et    cotés    par  le  juge  poval  du  lieu   Un  édit  de    1691 
créa  des  gre ffiers-conservateups  qui  paraphèrent  les  registres  et 
gardèrent  les  grosses  jusqu'en  1716  où  ces  officiers  furent  sup- 
primés. La  déclaration  du  9  avril  1736  est  le   monument  le  plus 
comnlet  de  la  législation  de  l'étal-civilsous  l'ancien  régime.  Elle 
a  été  abolie  par  la  loi  du  20  sepleuibrel792,  q^ui  opdonna  le  trans- 
fert aux  arcnives  départementales  des  collections  antépieurement 
versées  aux  greffes  aes  juridictions  poyales   :  celles-ci   revinrent 
aux  greffes  oes  tribunaux  en  1815  app'ès  instruction  des  minisires 
de  rintérieup  el  de  la  Justice.    Mais  ce  triple  transfert  de  la  pa- 
roisse aux  tribunaux  des  tribunaux  au   département,  du  dépar- 
aux  greffes  n'a  pas  toujours  été  régulièrement  effectué.  Il  est  par- 
fois nécessaire  de  rappeler  que  ces  registres  ne  sont  pas  la  pro- 
priété de  l'église  ou  des  pt'élres  qui  les  ont  rédigés.  Dans  l'Ouest 
notamment,  beaucoup  de  presbytères  en   détiennent  encore    in- 
duement,  malgré  les  réclamations  qui  ont  été  faites  par  les  fonc- 
tionnair  s  chargés  de  ce   soin,  trop  Leureux  encore  quand   ces 
réclamations  n'aboutissaient  pas  a  un  broiement  systématique 
pour  n'en  pas  venir  à  une  restitution  (ë.  Laurain.) 


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—  56  — 

En  1735  un  nouveau  pasteur,  M.  Pierre  Jolly,  devenait 
titulaire  de  la  cure  de  Saint-Fort.  Ce  prêtre,  quelque  peu 
paresseux  ou  insouciant,  laissa  souvent  en  détresse 
pendant  son  assez  longue  administration,  les  registres 
des  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  Saint-Fort, 
surtout  à  partir  de  Tannée  1738.  Nous  ne  savons  trop 
comment  il  put  pendant  vingt-sept  ans  éviter  les  pour- 
suites des  autorités  civiles,  pour  la  mauvaise  tenue  de  ses 
registres  paroissiaux.  M.  Jolly  mourut  le  1®*"  mai  1762  et 
fut  inhumé  le  surlendemain  dans  Téglise  de  Saint-Fort. 

Son  successeur,  M.  René  André  Deschères,  remit  tout 
en  ordre,  mais  six  ans  plus  tard,  une  indiscrétion  du 
greffier  de  la  sénéchaussée  d'Angers  amena  Tintervention 
de  la  justice,  dans  la  vérification  des  anciens  registres 
(le  la  paroisse.  Nous  allons  raconter  cet  épisode  assez 
curieux. 

II 

En  1768,  le  procureur  du  roi  à  Angers  fut  instruit 
qu'un  curé  de  la  paroisse  de  Saint-Fort,  en  Anjou, 
paroisse  située  dans  Tétendue  de  la  sénéchaussée 
d'Angers,  avait  pendant  une  période  de  près  de  trente 
années,  tenu  d'une  manière  déplorable  et  avec  de  grandes 
omissions,  les  registres  des  baptêmes,  mariages  et 
sépultures  de  la  dite  paroisse. 

Le  magistrat  se  hâta  de  remédier,  dans  la  mesure  du 
possible,  à  cet  abus  qui  menaçait  l'état  d'un  grand  nombre 
de  personnes.  A  sa  requête  la  cour  ordonnait  le  3  avril 
1768  que  MM.  le  procureur  du  roi  et  le  lieutenant  général 
en  la  sénéchaussée  d'Angers,  auraient  à  se  rendre  à  Saint- 
Fort,  et  là,  se  feraient  représenter  les  registres  en  ques- 
tion, dresseraient  procès- verbal  constatant  Tétat  dans 
lequel  ils  les  trouveraient,  ainsi  que  les  feuilles  volantes 
qui  pourraient  contenir  mention  de  quelques  actes  ou  ren- 
seignements quelconques. 

Il  leur  était  encore  enjoint  de  provoquer  une  assemblée 


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—  57  — 

générale  des  habitants  de  la  dite  paroisse,  et  d^annoncer 
qu'il  serait  par  eux  fait  enquête,  afin  de  recevoir  les 
dépositions  de  ceux  qui  pourraient  indiquer  des  noms 
précis  et  les  dates  des  baptêmes,  mariages  ou  sépultures 
vus  par  eux  à  Saint- Fort,  ou  dont  ils  auraient  connaissan- 
ce, au  cours  de  la  période  incriminée.  De  cette  enquête, 
les  commissaires  nommés  devaient  dresser  également 
procès-verbal,  pour  qu'une  expédition  en  fût  ensuite 
remise  à  M.  le  procureur  général  du  roi,  afin  que  celui  ci 
pût  en  toute  connaissance  de  cause,  préparer  son  réquisi- 
toire sur  lequel  la  cour  aurait  alors  à  statuer. 

L'année  suivante,  les  deux  délégués  de  la  cour  d'An- 
gers se  rendirent  donc  à  Saint-Fort,  où  ils  arrivèrent  le 
3i  août  1769.  S'étant  fait  remettre  tous  les  registres  et 
papiers  détenus  par  le  sieur  curé,  il  les  consultèrent, 
les  classèrent  et  deux  jours  plus  tard,  ouvrirent  leur  en- 
quête à  la  date  du  2  septembre.  Elle  fut  longue  et  minu- 
tieuse, et  ne  fut  close  que  deux  mois  et  demi  plus  tard, 
le  15  décembre  1769.  Les  commissaires  enquêteurs  re- 
cueillirent avec  soin  tout  ce  qui  pouvait  remplacer  les 
actes  omis,  toutes  les  dépositions  des  intéressés  furent 
classées  méthodiquement  par  date  d'ancienneté,  et  du 
tout  on  envoya  une  expédition  conforme  à  M.  le  procureur 
du  roi  à  Angers. 

Ce  procès  verbal  d'enquête  ainsi  que  toutes  les  décla 
rations  des  habitants  de  Saint-Fort,  devant  servir  à  l'a- 
venir, de  registre  pour  la  période  où  la  rédaction  avait  été 
si  négligée,  il  était  nécessaire  de  lui  donner  une  forme 
authentique  et  légale,  et  pour  y  parvenir  M.  le  procureur 
du  roi  à  la  date  du  26  mai  1772,  requérait  la  cour 
d'Angers  d'avoir  à  homologuer  «  le  procès  verbal  de 
«  déclaration  et  état  des  registres  des  baptêmes,  ma- 
«  riages  et  sépultures  de  la  paroisse  de  Saint-Fort  en 
«  Anjou  ;  ledit  procès-verbal  commencé  par  le  lieute- 
a  nant  général  de  la  sénéchaussée  d'Angers  et  le  substi- 
«  tut  du  procureur  général  du  roy  audit  siège,  les  deux 


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-  58  — 

i'  septembre  et  jours  suivants  1769  et  arrêté  le  15  dé- 
«  cembre  suivant  ; 

«  En  conséquence  : 

«  Ordonner  que  ledit  procès-verbal  tiendra  lieu  des 
«  registres  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  ladite 
«  paroisse,  depuis  Tannée  1738  et  suivantes,  jusques  et 
«  compris  Tannée  1762  ;  ce  faisant  que  foi  sera  ajoutée 
«  aux  extraits  qui  en  seront  délivrés,  comme  s'ils  étaient 
«  tirés  desdits  registres,  et,  à  cet  effet  ordonner  que 
«  mention  de  Tarrêt  de  la  cour  du  3  avril  1768,  ensem- 
«  ble  de  celui  à  intervenir,  sera  faite  tant  sur  la  minute 
«  dudit  procès-verbal  que  sur  Texpédition  par  le  lieute- 
«  nant  général  de  la  dite  sénéchaussée  auquel  Texpédi- 
a  tion  étant  ès-mains  du  procureur  général  du  roy  sera 
«  renvoyée,  pour  par  lui  être  remise  au  curé  actuel  de  la 
«  dite  paroisse  à  Teffet  d'en  délivrer  les  extraits  néces- 
a  saires  ; 

if  Comme  aussi  ordonner  que  la  déclaration  du  roy 
«  du  9  avril  1736,  enregistrée  en  la  cour  le  13  juillet 
«  de  la  même  année  sera  exécutée  ; 

«  Enjoindre  aux  curés  de  s'y  conformer  ; 

«  Enjoindre  pareillement  aux  substituts  du  procureur 
a  général  du  roy  es  sièges  royaux  et  notamment  à  celui 
«  de  la  sénéchaussée  d'Angers,  de  se  conformer  par  la 
«  suite  avec  plus  d'exactitude  aux  dispositions  des  arti- 
«  clés  XXXVIIl  et  XIj  de  la  dite  déclaration  ; 

w  En  conséquence,  faire  les  poursuites  nécessaires 
«  pour  contraindre  les  curés  des  différentes  paroisses, 
«  d'apporter  chaque  année  aux  greffes  de  leurs  sièges, 
«  le  double  des  registres  des  baptêmes,  mariages  et  sé- 
«  pultures  et  d'envoyer  au  mois  de  mars  aussi  de  cha- 
«  que  année,  au  procureur  général  du  roy,  l'état  en  pa- 
«  pier  commun,  certifié  du  greffier,  des  curés  qui  auront 
«  satisfait  aux  dispositions  de  ladite  déclaration  et  de 
«  ceux  qui  seront  en  retard  d'y  satisfaire  ; 

<(  Ordonner  que  Tarrêt  à  intervenir  sera  imprimé,  lu, 
«  publié,  affiché  partout  où  besoin  sera  ;   être    copies 


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—  59  — 

«  collationnées  dudit  arrêt    envoyées   aux  dits   sièges 
«  royaux,  pour  y  être  lu,  publié  et  registre  ; 

«  Enjoindre  aux  substituts  du  procureur  général  du 
«  roy  d'y  tenir  la  main  et  d'en  certifier  la  cour  dans  le 
«  mois  ;  être  aussi  copies  collationnées  dudit  arrêt  en- 
«  voyées  aux  conseils  supérieurs  ^  » 

Cette  requête  du  procureur  général  ainsi  que  les  con- 
clusions développées  ci-dessus,  acceptées  par  la  cour, 
lurent  communiquées  au  conseiller  du  roi,  rapporteur  de 
service  pendant  ledit  mois  près  la  cour,  M®  Louis-Jac- 
ques Langelé,  quelques  heures  avant  l'audience  dudit 
jour  26  mai  1772.  Il  connaissait  l'affaire  qui  avait  eu  un 
certain  retentissement  dans  toute  la  province,  car  ce  cas 
était  heureusement  fort  rare  en  Anjou,  où  les  registres 
anciens  d*état  civil  sont,  pour  l'ordinaire,  très  bien  tenus, 
se  suivant  presque  partout  sans  interruption  depuis  le 
XVII»  siècle. 

A  la  séance  delà  cour,  M.  le  conseiller  rapporteur 
donna  lecture  de  ses  conclusions,  confirmant  celles  de 
M.  le  procureur  général  du  roi.  En  conséquence  l'arrêt 
suivant  fut  alors  rendu  : 

«  Ouï  le  rapport  de  M.  Louis-Jacques  Langelé,  con- 
«  seiller  :  tout  considéré  ; 
La  cour  : 

«  A  entériné  et  entérine  le  procès-verbal  de  déclara- 
«  tion  et  l'état  des  registres  de  baptêmes,  mariages  et 
<c  sépultures  de  la  paroisse  de  Saint-Fort,  en  Anjou  ;  le- 
«  dit  procès-verbal  commencé  par  le  lieutenant-g^^néral 
«  de  la  «énéchaussée  d'Angers  et  le  substitut  du  pro- 
<c  cureur  général  audit  siège,  le  deux  septembre  et  jours 
«  suivants  1769,  et  arrêté  le  15  décembre  suivant  ; 

«  En  conséquence  : 

«  Ordonne  que  ledit  procès-verbal  tiendra  lieu    des 


1.  Extrait  du  mémoire  imprimé  en  1773,  à  Paris,  chez  P.  S. 
Simon,  Imprimeur  du  Parlement,  rue  Mignon  Saint-André-des 
Arts,  4  pages  petit  in-quarto,  gracieusement  communiqué  par  M. 
Paul  de  Farcy. 


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—  60  — 

«  registres  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures  de  la- 
«  dite  paroisse  depuis  rann<^el738et  suivantes,  jusques 
«  et  y  compris  Tannée  1762  ;  ce  faisant  que  foi  sera 
«  ajoutée  aux  extraits  qui  en  seront  délivrés,  comme  s'ils 
«  étaient  tirés  desdits  registres,  et  à  cet  effet  : 

«  Ordonne  que  mention  de  Tarrèt  de  la  cour  du  3  avril 
tt  1768,  ensemble  du  présent  arrêt,  sera  faite  tant  sur  la 
«  minute  dudit  procès-verbal  que  sur  Texpédition  par  le 
«  lieutenant  général  de  ladite  sénéchaussée  auquel  Tex- 
«  pédition  étant  ès-mains  du  procureur  général  du  roy 
«  sera  renvoyée,  pour  par  lui  être  remise  au  curé  actuel 
«  de  ladite  paroisse  de  Saint- Fort,  à  Teffet  d'en  délivrer 
«  les  extraits  nécessaires  ; 

«  Comme  aussi 

«  Ordonne  que  la  déclaration  du  roy  du  9  avril  1 736, 
«  registrée  en  la  cour  le  13  juillet  de  la  même  année. 
«  sera  exécutée  ;  enjoint  aux  curés  de  sV  conformer; 
«  enjoint  pareillement  aux  substituts  du  procureur  géné- 
«  rai  du  roy  ès-sièges  royaux,  et  notamment  à  celui  de 
«  la  sénéchaussée  d'Angers,  de  se  conformer  par  la  suite 
«  aux  dispositions  des  articles  XXXVlIlet  XL  de  ladite 
«  déclaration; 

«  En  conséquence,  faire  les  poursuites  nécessaires 
«  pour  contraindre  les  curés  des  différentes  paroisses 
<c  d'apporter  chaque  année  aux  greffes  de  leurs  sièges 
<'  le  double  des  registres  de  baptêmes,  mariages  et  sépul- 
«  tures,  et  d'envoyer  au  mois  de  mars,  aussi  de  chaque 
«  année,  au  procureur  général  du  roy,  l'état  en  papier 
«  commun,  certifié  du  greffier,  des  curés  qui  auront  sa- 
((  tisfait  aux  dispositions  de  la  déclaration  et  de  ceux 
«  qui  seront  en  retard  d'y  satisfaire  ; 

«  Ordonne  que  le  présent  arrêt  sera  imprimé,  lu. 
«  publié  et  affiché  partout  où  besoin  sera,  et  copies  col- 
ce  lationnées  d'icelluy  envoyées  auxdits  sièges  royaux 
«  pour  y  être  lu,  publié  et  registre  :  enjoint  aux  substi 
«  tuts  du  procureur  général  du  roy  d'y  tenir  la  main,  et 
«  d'en  certifier  la  cour  dans  le  mois  ;  comme  aussi  copies 


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-  61  — 

«  coUationnées  du  présent  arrêt  envoyées  aux  conseils 
a  supérieurs. 

«  Fait  en  parlement,  le  26  may  1772.  OoUationné  par 
«  Lutton.  (Signé)  Le  Jay  ». 

III 

Ainsi  que  le  portait  la  sentence  de  la  cour  d'Angers, 
Tarrêt  du  26  mai  1772  reçut  une  grande  publicité;  il  fut 
quelques  mois  plus  tard,  dans  les  premiers  jours  de  1773, 
imprimé  à  grand  nombre  d'exemplaires,  qui  furent  en- 
voyés à  tous  les  sièges  de  justice  relevant  de  la  cour 
d'Angers,  où  ils  furent  affichés  dans  tous  les  prétoires 
desdits  tribunaux  ;  à  tous  les  curés  du  diocèse  d'Angers 
avec  injonction  d'avoir  à  en  donner  lecture  au  prône  de 
la  messe  paroissiale,  dans  le  délai  d^un  mois  à  compter 
du  jour  de  sa  réception.  Un  autre  exemplaire  en  fut 
encore  affiché  dans  toutes  les  maisons  communes  du 
duché  d'Anjou,  par  les  soins  du  procureur  syndic  de 
chacune  des  paroisses.  C'est  à  l'aide  d'un  de  ces 
placards  qui  nous  est  tombé  sous  la  main  que  nous  avons 
pu  grouper  les  quelques  données  historiques  contenues 
dans  ce  modeste  article. 

Comme  nous  l'avons  dit  précédemment ,  le  curé  JoUy  qui 
avait  causé  cette  intervention  de  la  justice  n'existait  plus 
alors,  ce  fut  son  successeur  M.  l'abbé  René  Deschères, 
qui  eut  le  déplaisir  de  voir  son  presbytère  servir  de 
siège  à  Fenquête  des  deux  commissaires,  présents  à  Saint- 
Fort  dans  les  derniers  mois  de  l'année  1769.  Heureuse- 
ment pour  sa  tranquillité  personnelle,  les  registres  parois- 
siaux étaient  correctement  tenus  depuis  pa  prise  de  pos- 
session au  29  juillet  1762,  car  sans  cela,  il  eut  encouru 
de  graves  reproches  et  se  serait  certainement  vu  déplacé. 
On  peutjuger  de  la  moyenne  des  actes  à  Saint- Fort  chaque 
année  à  cette  époque,  quand  nous  aurons  dit  qu'en  1763 
il  y  eut   douze  baptêmes,  et  quatorze  l'année  suivante. 

En  1772.  messire  Marie-Augustin  Salomon  de  la  Tul- 


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-  ei  - 

laye,  seigneur  de  Maignannes  et  de  Saint-Fort,  nommait 
par  procureur  une  cloche  nouvelle  en  cette  paroisse. 
Quelques  mois  plus  tard,  le  2  mars  1773,  M.  René- 
André  Deschères,  curé,  décédait  et  était  inhumé  dans 
l'église.  Il  n'était  âgé  que  de  55  ans. 

Son  successeur  fut  M.  André  Dulion.  vicaire  de  Miré, 
qui  le  21  janvier  1794,  devait  périr  sur  Téchafaud  à 
Laval,  confesseur  de  la  foi. 

René  Gadbin. 


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LA  MAISON  DE  LAVAL 


CARTULAIRE  DE  LAVAL 


GUY   XVII 


XVU  (2360-2611)  1531-1547 


2463.  —  1540,  21  avril,  Amiens.  —  Lettre  écrite  par 
Marguerite,  reine  de  Navarre,  à  M.  de  Montmorency  ;  elle  y 
mentionne  Cliarlotte  de  LavaP  (Imprimé,  Génin,  Lettres  de 
Marguerite  d'Angouléme,  p.  341). 

..  L'autre  point  est  de  mademoiselle  de  Laval,  quy  est 
fort  ennuyée  despuis  la  mort  de  sa  mère  et  sy  fait  une  grande 
despérence.  J'en  ay  parlé  à  la  Pommeraye  ;  mais  nous  n'y 
voyons  ordre  sy  vous  ne  la  retirés,  luy  rompant  son  train,  et 
sy  ne  luy  ferés  peu  de  bien  pour  sa  santé  de  luy  oster  ceulx  qui 
ne  cessent  de  la  faire  ennuyer  et  luy  mettent  en  la  teste  tout 
plain  de  fascheries,  à  quoy  par  vostre  commandement  saura 
bien  donner  ordre  ledict  de  la  Pommeraye,  quy  vous  est  tel 
serviteur  que  vous  cognoissé.  Sy  vous  voulés  que,  en  atten- 
dant vostre  retour,  elle  viengne  là  où  est  ma  fille,  vous  sçavés 
que  tout  ce  que  j'ay  est  à  vous  comme  vostre  maison  mesme. 


1.  M.  Génin  a  daté  cette  lettre  de  1537.  Il  semble  que  la  mention 
de  Charlotte  oblige  à  l'assignera  Tannée  1540.  Sans  doute  aussi, 
à  la  deuxième  ligne,  il  f&ut,  comme  on  le  fait  ici,  lire  mère  su  lieu 
de  tante. 


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-64- 

2464.  —  1540,  5  mai.  —  Lettre  par  laquelle  Anne  de  Laval 
reproche  à  Charles  de  la  TrémoïUe,  5on  fils,  les  velléités  qu'il 
a  d'abandonner  l'étal  ecclésiastique  (Imprimé,  Lettres  du 
XV I^  siècle,  p.  133). 

Cl^arles,  j'ay  veu  voslre  lettre,  et  trouve  par  trop  estrange 
l'exortation  et  conseil  que  vous  ont  donné  les  nommez  en 
icelle,  veu  le  bien  et  honneur  qu'ilz  ont  receu  et  reçoipvent  de 
jour  en  jour  de  nostre  maison  ;  car  ce  seroit  le  plus  grant  mal 
qui  vous  pourroit  arriver  que  de  discontinuer  vostre  estude, 
ce  que  Monseigneur  et  moy  n'entendons,  mais  que  la  conti- 
nuez de  bien  en  myeulx,  car  c'est  le  moyen  par  lequel  pouvez 
plus  acquérir  de  bien  et  d'honneur.  Et  se  aultrement  vous  le 
faictes,  soiez  seur  que  le  nom  d'enffant,  que  vous  appeliez, 
vous  sera  eslogné  de  telle  faczon  que  n'en  aurez  aulcun 
secours,  aide  ne  faveur,  ne  pareillement  espérance  de  rentrer 
en  nostre  bonne  grâce  ;  par  quoy  doresnavant  ne  croiez  plus 
de  tel  conseil  qui  n'est  comme  deuvez  cognoistre,  veu  vostre 
eaige,  vostre  proffit  et  honneur. 

Qui  est  fin... 

J'ay  parlé  au  prothonataire  du  contenu  de  voz  lettres,  qui 
m'a  fait  response  ne  vous  avoir  jamais  donné  le  conseil  tel 
que  le  dictes,  mays  que  c'est  vostre  propre  mauvays  vouUoir  ; 
et  que  ce  qui  vous  a  fait  rescripre  les  lettres  de  Monseigneur 
et  de  moy  a  esté  la  précipitation  de  vostre  précepteur,  par  quoy 
fêtes  certain  mondit  seigneur  et  moy  de  la  vérité,  sans 
emprunter  des  mensonges  qui  portent  préjudice  à  aultruy. 

Du  V®  jour  de  mai  V*^  XL. 

2465.  —  1540,  21  mai,  Limours.  —  Lettre  écrite  par  le 
connétable  de  Montmorency  à  la  Pommeraye  (B.  N,,  français^ 
3147,  77). 

A  monsieur  de  la  Pommeraye,  conseiller  et  maistre  d'hostel 
ordinaire  du  Roy, 

Monsieur  de  La  Pommeraye,  j'ay  esté  très  aise  d'avoir 
entendu  ce  que  vous  m'avez  faicl  sçavoir  par  vostre  lectre  du 
sixiesme  de  ce  mois,  touchant  ce  qui  a  esté  faict  à  la  prinse 
de  possession  et  investiture  des  choses  que  m'a  données 
Monsieur  de  Chasteaubriant,  auquel  j'escriptz  présentement 


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-  6Ô  - 

une  honnesle  lectre,  tant  de  cella  que  d'autres  choses,  dont  il 
m'avoit  semblable  ment  escript 

Et  au  regard  de  la  tutelle  de  madamoiselle  Charlotte  de 
Laval,  jo  trouve  merveilleusement  bon  l'advis  dudit  seigneur 
de  Chasteaubrtent  et  le  vostre,  et  ay  incontinent  passé  une 
procuration  pour  me  descharger  de  ladite  tutelle  par  devant 
le  séneschal  de  Rennes,  laquelle  procuration  je  vous  envoie 
présentement  avec  une  lectre  que  j'escriptz  à  monsieur  du 
Ludde*,pour  accepter  ladite  tutelle;  et  sera  bon  que  vous  la 
luy  faciez  tenir  le  plustost  que  vous  pourrez.  Car  il  est  à  ceste 
heure  plus  près  de  vous,  qu'il  n'est  d'icy. 

Quant  à  l'affaire  d'entre  monsieur  de  Brou  et  de  moy  vous 
verrez  ce  que  je  vous  en  escriptz  par  ma  première  lectre,  qui 
sera  avec  la  présente.  Et  faictz  bien  mon  compte,  que  vous  ne 
fauldrez  d'en  communicquer  ensemble,  vous,  le  président  de 
Cussé  et  le  Général  et  que  vous  y  ferez  selon  l'entière  fiance 
que  j'ay  en  vous. 

Je  vous  avois  désjà  mandé  une  autrefoiz  que  vous  m'en- 
voyissiez  le  pintier  que  le  Roy  demande  tous  les  jours  ;  mais 
il  n'est  poinct  venu  :  par  quoy  vous  ne  fauldrez  de  le  faire 
incontinant  partir  pour  s'en  venir  ;  mais  qu'il  ne  soit  pas  si 
fol  d'y  faillir. 

Nous  nous  en  allons  à  Fontainebleau, où  le  Roy  pourra  faire 
quelcque  séjou  *,  qui  est  tout  ce  que  je  vous  diray  pour  ceste 
heure,  en  priant  Dieu,  Monsieur  de  La  Pommeraye,  qu'il  vous 
aict  en  sa  saincte  garde. 
De  Lymours,  ce  xxi®  jour  de  may. 

Je'  vous  randeré  tout  d'ung  coup  réconpance   de  tant  de 
poygne  que  vous  prenés  pour  moy. 
Vostre  bon  amy  :  Montmorency. 

2466.  —  1540,  22  mai,  Paris.  —  Lettre  dans  laquelle,  en 
réponse  à  celle  d'Anne  de  Laval  du  5  mai,  Charles  de  la 
Trémoïlle  explique  ce  qui  s'est  passé  au  sujet  de  ses  velléités 
d'embrasser  la  carrière  des   armes  (Imprimé,   Lettres  du 


1.  Jean  III  de  Daillon,  frère  d'Antoinette  de  Daiilon,  était  ron- 
de de  Charlotte  de  Laval. 

2.  A  partir  d*ici  la  lettre  devient  autographe. 


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-  66  - 

2467.  —  Vers  1540,  6  octobre,  Chantilly.  —  Lettre 
écrite  à  Gilles  de  la  Pommeraye  par  Montmorency  ;  il  y 
mentionne  son  désir  de  voir  Guy  XVII  (Monsieur  de  Laval, 
mon  nepveu)  évoquer  à  Paris  toutes  les  causes  qui  les  divi- 
sent (Original,  B.  N,,  français,  3094,  209).  . 

2468.  —  1540,  6  octobre,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Lettres  par  lesquelles  François  I  fait  don  à  Guy  XVII, 
gentilhomme  de  sa  chambre,  de  tous  les  droits  échus  au 
domaine  parla  mort  d'Henri  de  Foix,  sieur  de  Laulrec,  beau- 
frère  de  Guy  XVII*  (Arch.  de  la  Côte-d'Or,  B.  339). 

2469.  —  Vers  1540,  21  octobre,  la  Mennetais.  —  Lettre 
écrite  par  Louis  de  Rohan-Guémené  pour  annoncer  à  Anne  de 
Laval  l'envoi  d'un  lévrier  (Imprimé,  Lettres  du  XVI^  siècle, 
n*»  94). 

2470.  — 1540, 10  novembre,  Fontainebleau.  —  Lettre  écrite 
à  Menault  de  Martory  par  le  connétable  de  Montmorency  (B. 
N.,  français,  3212,  30). 

A  monsieur  de  Conserans  (de  M.  le  connestable). 

Monsieur  de  Conserans,  j'ay  sceu  de  vos  nouvelles  par  le 
bailly  de  Pallais^  qui  m'a  esté  plus  grand  plaisir  que  ne 
pourriez  penser  et  mesmement  de  l'assurance  qu'il  m'a  donné 
de  vostre  bonne  santé,  car  vous  povez  estre  seur  que  ne  la 
sauriez  avoir  si  bonne,  que  ne  vous  la  désire  encores  milleur, 
et  toute  telle  que  je  la  vouldrois  pour  moy-mesmes  ;  vous 
advisant,  au  surplus,  que  j'ay  esté  merveilleusement  aise 
d'entendre  ce  que  luy  aviez  donné  charge  me  dire.  A  quoy 
j'ay  bonne  espérance  que  nous  pourvoirons  aisément,  selon 
vostre  bon  advis,  et  combien  que  je  n'aye  jamais  fait  doubte 
de  l'affectionnée  voulonté  que  vous  ave/  au  bien  et  direction 
de  tout  ce  qui  peult  et  pourra  toucher  à  monsieur  de  Laval, 
mon  nepveu,  et  à  mademoiselle  de  Laval,  ma  niepce,  si  ay  je 
eu  et  ay  à  très  grant  plaisir  d'entendre  aussy  par  ledict  bailly, 
le  désir  que  vous  aviez  d'y  continuer,  dont  ne  vous  sauroit 
assés  remercier,  vous  priant  de  penser  et  croire,  que  le  plus 
grant  plaisir  que  je  pourrois  avoir  c'est  que  vous  y  vueiller 
employer,  comme  je  suis  seur  que  saurez  trop  mieulx  faire, 

1.  Il  était  décédé  le  22  septembre  1540. 


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—  67  — 

que  ne  le  vous  pourrois  escripre  et  non  seullement  en  ce  qui 
louche  lesdictes  affaires,  mais  encores  vous  prieray  je  d'en- 
tendre aux  miens,  lesquels  avec  ceux-là,  j'estyme  une  mesme 
chose,  vous  priant  me  faire  souvant  savoir  de  vos  nouvelles, 
et  vous  me  ferez  bien  grant  plaisir. 

Priant  Nostre  Seigneur  vous  donner,  monsieur  de  Conserans , 
ce  que  désirez. 

De  Fontaynebleau  le  x*  jour  de  novembre  MDXL. 

Vostre  bien  bon  amy  :  Montmorency. 

2471.  —  1540,  30  novembre.  —  Quittance  délivrée  par 
Guy  XVII,  à  Jean  du  Tillet  des  1.200  livres  dues  au  feu 
seigneur  de  Lautrec  pour  ses  gages  de  sénéchal  de  Guyenne, 
(original  signé,  B.  N.,  français,  28153,  160). 

2472.  —  1540,  2  décembre,  Paris.  —  Acte  par  lequel  le 
parlement  de  Paris  homologue  les  lettres  par  lesquelles,  le 
3  novembre  1540,  le  roi  avait  émancipé  Guy  XVII  (A.  N., 
X**  4912,  52). 

Du  jeudi,  second  jour  de  décembre,  l'an  mil  cinq  cens 
quarente  —  Maine.  J.  Hennequin,  conseiller  lay  plus  ancien 
en  réception,  président  en  l'absence  des  quatre. 

Sur  les  lectres  patentes  du  Roy,  données  à  Paris  le  IIP  jour 
de  novembre  dernier  passé,  signées  :  par  le  Roy,  Bayard, 
par  lesquelles  et  pour  les  causes  y  contenues  cedit  seigneur 
a  voulu  et  luy  plaist  que  Guy,  à  présent  conte  de  Laval,  ayt 
à  présent  et  doresnavant  l'administration,  entremise  et 
gouvernement  de  tous  et  chacuns  ses  biens,  nonobstant  qu'il 
n'ait  encores  actaint  pour  ce  faire  l'aage  que  luy  est  requis 
avoir  par  les  coustumes  des  lieux  où  sesdits  biens  sont  situez 
et  assis,  dont  il  l'a  dispensé  et  dispence  par  sesdictes  lectres, 
et  icelluy  mis  hors  de  bail,  garde  et  tutelle,  de  grâce  espécial, 
en  deschargeant  les  sieurs  de  Montmorency  et  de  Chasteau- 
briand  de  la  charge  et  administration,  qu'ilz  en  ont  eue 
jusques  à  présent  :  de  laquelle  touteffois  ilz  seront  tenuz  rendre 
bon  et  loyal  compte,  selon  et  en  ensuivant  le  contenu  ei.  les 
lectres  de  création,  parde\ant  ceulx  qui  à  ce  par  luy  seront 
commis  et  députez  ;  icelles  lectres  judiciairement  leues. 

Après  que  de  Thou,  advocat  dudit  sieur  et  conte  de  Laval, 
présent  en  personne,  a  dict  que  lesdits  sieurs  de  Montmorency, 
connestable  de  France,  et  Chasteaubriand  avoient  par  cy 
devant,  suivant  la  disposition  testamentaire  et  ordonnance  de 


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-  6Ô  - 

dernière  volunté  du  feu  conle  de  Laval,  esté  éleuz  tuteurs  et 
curateurs  aux  personne  et  biens  dudit  à  présent  conte  de 
Laval,  ce  que  flepuis  par  lectres  patentes  du  Roy  auroit  esté 
ratiffîé  et  approuvé,  suyvant  lesquelles  et  ladite  ordonnance 
de  disposition  testamentaire,  ilz  avoient  administré  ladite 
tutelle  et  curatelle  jusques  à  présent,  que  ledit  seigneur  par 
lectres  présentement  leues,  auroit  mis  ledit  conte  de  Laval 
hors  de  bail,  garde  et  tutelle,  parquoy,  suyvant  icelles  lectres 
et  en  les  entérinant,  requéroit  ledit  conte  de  Laval  estre 
déclairé  usant  et  joïssant  de  ses  droictz  et  l'administration  de 
ses  biens  à  luy  permise,  comme  suffisamment  ydoine  et 
capable,  selon  la  certification  que  présentement  en  seroit 
faicte  par  les  gentilzhommes  présens,  et,  en  ce  faisant, 
fussent  lesdicts  seigneurs  connestable  et  Chasteaubriant 
deschargez  des  tutelle  et  curatelle  dessusdites  et,  après 
aussi  que  ledit  seigneur  de  Laval  présent,  comme  dict  est, 
a  affermé  par  serment  soUemnel  que  en  février  prochain  il 
actaindra  le  XIX®  an  de  son  aage,  et  que  maistres  Olyvier  de 
la  Pommeraye,  doyen  de  Sainct  Tugal  de  Laval,  Guillaume 
Lateranus,  abbé  de  Bon  Repos  Smessire  Loys  de  Rabodanges, 
chevalier,  et  Françoys  de  Garches,  escuyer,  par  serment 
sollen  nel  par  eulx  faict,  ont  semblablement  et  respective- 
ment affermé  que  ledit  seigneur  et  conte  de  Laval,  qu'ilz 
congnoissent  de  sa  jeunesse  et  naissance,  entrera  xiiii*  jour 
de  février  prochain  au  dix  neufiesme  an  de  son  aage,  et  que 
néantmoins  pour  sa  jeunesse,  il  estoit  assez  saige,  capable 
et  suffisant  pour  avoir  l'administration  de  ses  biens,  et 
pensent  qu'il  les  gouvernera  très  bien. 

La  Court,  en  entérinant  les  lectres  patentes  du  Roy  pré- 
sentement loues,  a  deschargé  et  descharge  les  seigneurs  de 
Montmorency  et  Chasteaubriand  de  la  tutelle,   curatelle  et 


1.  Guillaume  du  Côté,  abbé  de  Bonrepos  de  1537  à  1562. 

Ce  Guillaume  avait  été  le  précepteur  de  Guy  XVIL  Nicolas 
Bourbon  dans  ses  Nugœ  (V,  n*>  31)  a  publié  une  pièce  latine  ad 
Gui.  Lateranum,  virum  doctissimum  ^acerdotio  recens  auctum: 

Dicite  lo  Musœ  vester  Lateranus  opimam... 

Dans  une  épilre  datée  de  Lyon,  l^»*  octobre  1538,  et  adressée  à 
Henri  de  Foix  il  mentionne  :  nobiHssimum  virum  adolescentem 
dominum  Vidonem  Lavallum,  fratrem  tuum,  ejusque  preceptorem 
Gui.  Lateranum,  veterem  amicun  meum  (Nicolai  Bornonii  Nuga- 
rum  libri  octo,  Lugduni,  1538). 


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—  69  — 

administration  des  personne  et  biens  que  ilz  ont  eue  dudit 
conte  de  Laval,  en  rendant  par  eulx  bon  et  loyal  compte, 
selon  et  en  ensuyvant  le  contenu  es  lectres  de  création 
d'icelle  tutelle  et  curatelle,  pardevant  qui  il  appartiendra  et 
sera  par  le  Roy  ordonné  ;  et,  en  ce  faisatit,  a  commis  et  com- 
mect  ladite  court  audit  conte  de  Laval,  dès  à  présent  et  pour 
l'advenir,  l'administration,  entremise  et  gouvernement  de 
tous  et  chacuns  ses  biens,  selon  et  en  ensuyvant  la  forme  et 
teneur  des  dictes  lectres. 

Appel  pour  le  procureur  général  du  Roy  :  a  protesté  de 
contrarier  à  la  qualité  de  parlement  de  Bretaigne  mise  et 
apposée  èsdictes  lectres  présentement  leues,  et  requis  acte 
de  sadite  protestation. 

Ladicte  court  a  ordonné  et  ordonne  que  ledit  procureur 
général  aura  acte  de  sadite  protestation. 

2473.  —  1540,  4  décembre,  Fontainebleau.  —  Hommage 
au  roi  par  Guy  XVII,  pour  Radepont,  Pont-Saint- Pierre  et 
le  Bourg-Beaudoin,  mouvant  du  duché  de  Normandie 
(Original,  A.  N.,  P.  265*,  1501). 

2474.  —  1540,  4  décem.bre,  Fontainebleau.  —  Hommage 
de  Guy  XVII,  au  Roi  pour  les  seigneuries  d'Orval  et  des 
Bruyères,  mouvant  d'Aiaay-le-Château,  d'Epineuil,  mouvant 
d'Hérisson,  et  pour  Châteaumeillant,  mouvant  d'Issoudun 
(original,  A.  N.,  P  16,6050). 

2475.  —  1540,  4  décembre,  Fontainebleau.  —  Hommage 
de  Guy  XVII  au  Roi  pour  la  vicomte  de  Saint-Florentin,  et 
les  châtellenies  d'Ervy  le  Châtel,  Dannemoine,  Séant-en- 
Othe  *,  mouvant  de  la  grosse  tour  de  Troyes  et  échues  à  Guy 
XVII  et  à  Claude  de  Foix  par  suite  du  décès  d'Henri  de  Foix 
(Original,  A.  N.,  P  166*,  2132). 

2476.  —  1540,  4  décembre,  Fontainebleau.  —  Hommage 
de  Guy  XVII  au  Roi  pour  le  comté  de  Laval  (Original,  A. 
N.,  P351,  45). 

2477.  —vers  1540.  —  Entrée  de  Guy  XVII  et  de  Claude 
de  Foix  à  Laval  (Imprimé,  BourjoUy,  I,  392,  d'après  Charles 
Marest). 

1.  Aujourd'hui  Bérulles  (Aube). 


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—  70  — 

2478.  —  1540,  V.  s.,  5  janvier,  —  Mariage  de  Louis  de 
Sainte-Maure,  comte  de  Joigny,  avec  Renée  de  Rieux  (Note  du 
P.  Anselme,  V.  13). 

2479.  —  1540,  V.  s.,  19  janvier,  Maillé.—  Naissance  de 
Ciabrielle  de  Laval-Maillé,  qui  devait  épouser  un  jour  François- 
Aux-Epaules,  seigneur  de  Pisy  [Note,  Dictionnaire  d'Indre^ 
et'Loire^  IV,  131,  et  du  Chesne,  histoire^dii). 

2480.  —  1540,  V.  s.,  15  février:  Paris.  —  Lettre  écrite  par 
Guy  XVII  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  françaitty  3212,  31). 

A  monsieur  mon  compère,  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  Pyennes,  présent  porteur,  que 
j'ay  nourry,  m'a  dict  qu'il  désire  faire  et  construire  quelque 
maison,  me  priant  luy  faire  don  de  douze  piedz  d'arbres  au 
boys  du  Bouté  :  et  parce  que  je  le  vouldrois  bien  gratiffier 
en  plus  grant  chose  que  cela,  je  vous  pry,  monsieur  mon 
compère,  luy  faire  bailler  et  délivrer  lesdits  douze  piedz 
d'arbres  ;  et  vous  me  ferez  bien  grant  plaisir. 

Priant  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  bonne 
et  longue  vie. 

A  Paris,  le  xv^  jour  de  febvrier. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  ami  :  Guy  de  Laval. 

2481.  —  1540,  V.  s.,  8  mars,  IHois.  —  Lettre  de  Guy  XVII 
à  Menault  de  Martory  {Original^  B.  N.,  français^  3212,  32). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  oultre  ce  que  vous  ay  escript,  je 
vous  veulx  bien  supplier  de  me  faire  ce  plaisir  que  de  me 
prester  quatre  cens  escuz  solz,  dont  vous  envoyé  asseurance, 
et  faisant  promesse  de  les  vous  rendre  si  tost  que  monsieur 
de  Naupernes  sera  arrivé,  ou  bien  vous  feray  ordonnance 
de  ladite  somme  sur  le  trésorier  Sébastien  David,  et  ainsi 
que  vous  adviserez  ;  vous  asseurant  que  ne  me  sçauriez  faire 
plus  grand  plaisir  que  en  cet  endroit,  où  supplieray  Dieu 
vous  donner,  monsieur  mon  compère,  en  santé  très  bonne  et 
très  longue  vie. 

A  Bloys,  ce  viii*  jour  de  mars,  Tan  MDXL. 

Ung  sommelier  de  monsieur  d'Orléans  m'a  présenté  une 
requeste  que  vous  envoyé  pour  y  pourveoir,  ainsi  que  adviserez 
de  faire. 


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-  71  -. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  myleur  amy. 

Guy  de  Laval. 

2482.  —  1540,  V.  s.,  11  mars,  Blois.  —  Lettre  écrite  par 
Guy  XVII,  à  Menault  deMartory  (B.  N.,  français,  3212,  36). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  je  suis  déplaisant  de  ce  que  le 
porteur  ne  s'en  va  expédié  avant  mon  parlement,  et  aussi  de 
ce  que  je  n'ay  eu  de  voz  nouvelles  ;  mais  je  laisse  Jhérosme 
icy  pour  en  entendre,  et  aussi  pour  parachever  lexpédicion 
des  hommaiges  que  j'ay  faictz  au  roy  des  terres  que  je  tiens 
de  luy  à  cause  de  ma  femme*,  qu'il  vous  plaira  envoyer  audit 
Jhérosme  affin  qu'il  me  vienne  incontinant  trouver  en  Bretai- 
gne  de  là  où  je  vous  escripray  des  myennes.  J'espère  que 
m'en  ferez  bien  au  long  entendre  par  mon  secrétaire  de 
Thou,  qui  me  fera  très  grant  plaisir. 

Et  cependant,  monsieur  mon  compère,  je  ne  vous  feray 
aultre  recommandation  de  mes  affaires  pour  la  seureté  que 
j'ay  :  les  aurez  en  aussi  bonne  recommandation  que  les  vos- 
tres. 

Et,  pource  que  ledit  porteur  vous  dira  toutes  nouvelles, 
feray  fin,  priant  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner 
très  bonne  et  longue  vye,  après  m'estre  recommandé  très 
affectueusement  à  vostre  bonne  grâce. 

A  Bloys,  ce  xi«  jour  de  mars. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  milleur  amy. 

Guy  de  Laval. 

2483.  —  1541,  5  mai,  Bois-Dauphin.  —  Lettre  écrite  par 
de  Thou  à  Menault  de  Martory,  (B.  N  .français,  3212,  94). 

A  monsieur  monsieur  de  Coserans. 

Monsieur,  monsieur  de  Sainct  Polquè  a  charge  de 
monsieur  de  Laval  de  vous  aller  veoir  pour  vous  faire 
entendre  de  ses  nouvelles  et  la  bonne  voullunté  qu'il  a  en 
vostre  endroict,  à  laquelle  pensez  que  bien  amplement  an 
serez  faict  certaing  par  le  dict  sieur  de  Sainct  Polquè  que 
trouverez  bien  de  vos  amys. 


1.  L'original  est  aux  Archives  nationales.  (Voir  numéros  2474 
et  2475). 


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—  72  — 

Ne  vous  en  feray  plus  long  discours  de  lettres.  Monsieur 
de  Bonrepos  *  et  moy  accompagnons  monsieur  de  Bois- 
Dauphin  par  les  terres  de  Madamoiselle  à  la  réception  des 
hommages,  où  nous  séjournerons  environs  troys  moys  ou 
plus,  qui  sera  l'endroict  où  suppliray  Dieu  vous  donner, 
monseigneur,  en  santé  très  bonne  et  très  longue  vye. 

A  Bois-Dauphin,  ce  v*  mars. 

Vostre  très-humble  et  très  obéissant  serviteur.  De  Thou. 

3484.  —  1541,  13  mai,  Chantilly.  —  Lettre  écrite  par  le 
connétable  de  Montmorency  à  Menault  de  Martory  (Original, 
B.  N.,  français,  3212,  13). 

Monsieur  de  Conserans,  monsieur  de  Laval,  mon  nepveu, 
vous  envoyé  monsieur  de  Sainct-Polquès  par  lequel  il  vous 
escript,  pour  dilligenter  les  comptes,  que  monsieur  de  Chas- 
teaubriant  et  vous,  avez  à  rendre.  Je  voue  prye  vouloir 
donner  ordre,  que  le  plus  tôt  que  vous  pourrez,  cela  se 
puisse  dépescher,  de  quoy  j'ay  tousjours  congneu  que  vous 
y  avez  si  bonne  en  vye,  que  cela  me  faict  vous  pryer  encores 
une  fois  y  vouloir  tenir  la  main,  comme  vous  entendrez  plus 
au  long  par  monsieur  de  Saint  Polquès. 

Vous  asseurant,  que  en  tous  les  endroicts  là  où  je  vous 
pourray  faire  plaisir  et  en  ce  que  me  vouldrez  employer,  me 
trouverez. 

De  Chantilly,  Je  xiii"  jour  de  may. 

Vostre  byen  bon  amy  :  Montmorency. 

2485.  -  1541,  15  mai.  —  Aveu  à  René  do  Laval  par  Jacques 
de  Grandmesnil  pour  le  Grand-Parc  (A.  N.  T  105l",  343). 

3486.  —  1541,  11  juin.  —  Lettre  de  François  de  la  Tré- 
moïlle  à  Anne  de  Laval,  sa  mère  (Imprimé,  In\>entaire  de 
François  de  Lai^al,  p.  168). 

A  madame  à  Craon. 

Madame,  je  suis  bien  marry  que  n'é  eu  le  moyen  de  vous 
faire  sçavoiyer  plutôt  de  mes  nouvelles,   et  sont  telles  que 


1.  Ce  monsieur  de  Bonrepos  est  évidemment  Guillaume  Late- 
ranus  (du  Côtéj,  abbé  de  Bonrepos  el  ancien  précepteur  de 
Guy  XVII,  qui,  le  2  décembre  1540,  avait  pris  place  au  nombre 
des  personnes  qui  accompagnaient  Guy  X  Vil  lors  de  sa  mise  hors 
de  tutelle. 


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—  73  — 

l'Empereur  passit  devent  Marselles  avecques  cincquante  sept 
gallères,  ung  jour  devent  que  y  arivisions,  et  s'en  alla  droyt 
à  Gènes,  là  où  il  feut  mal  reculi,  et  s'en  retourne  droyt  en 
Onjçrie,  pour  donner  secours  à  son  frère,  là  où  le  Turc 
a  mys  sur  terre  quatre  cent  mile  homme  pour  défayre  le 
roy  de  Ongrie  et  le  roy  de  Tunes,  lequel  s'en  vat  fouyr  droyt 
à  Gènes.  Et  sommes  ycy  en  atendant  tous  les  jours  des 
nouvelles  du  Turc  et  aussy  d'ung  gentilhomme,  lequel  mon- 
sieur d'Enghien  a  envoyé  vers  le  Roy. 

Madame,  aultre  chose  ne  sçay  sinon  que  sommes  ycy  à 
grand  frès  et  myse,  et  n'avons  pas  beocup  d'argent,  vous 
suppliant  très  humblement  avoyer  pitié  de  nous.  Quant  au 
reste,  monsieur  d'Engueyn  me  fayct  bonne  chère  et  nou» 
alons  ausy  tou  les  jours  sur  la  mer  pour  nous  aguéry  et 
faysons,  Dieu  mercy,  la  plus  grand  chère  de  quoy  nous 
povons  avisé. 

Icy  faisant  fin,  faysant  mes  très  humbles  recommandations 
à  vostre  bonne  grâce  et  suppliant  le  Créateur  vous  donner 
santé  très  bonne  et  longue  vie. 

Le  XI*  de  jung. 

Vostre  très  humble  et  obéyssant  filz  :  F.  de  la  TrÉMoïLLE. 

2487.  —  1541,  11  juin.  —  Aveu  rendu  par  François  de 
Laval,  abbé  de  Paimpont,  pour  le  temporel  de  son  abbaye 
(Arch.  de  la  Loire-Inférieure,  B.  791). 

2488.  —  1541,  23  juin,  Châtelleraud.  —  Lettres  par  les- 
quelles le  dauphin  Henri,  duc  de  Bretagne,  prescrit  à  Jean 
de  Laval-Châteaubriant  de  convoquer  le  ban  et  l'arrière  ban 
pour  faire  montre  le  15  sepj^mbre  (Imprimé,  dom  Morice, 
III,  1043). 

2489.  —  1541,  29  juin,  Châteaubriant.  —  Ordonnance  par 
laquelle,  en  exécution  des  lettres  du  Roi  du  10  mars  1541  et 
de  celles  du  Dauphin  du  23  juin  1541,  Jean  de  Chât(!aubriant 
convoque  le  ban  et  l'arrière  ban  de  la  Bretagne  pour  le  15 
septembre  (Imprimé,  dom  Morice,  III,  1043). 

2490. —  1541,  10  juillet,  Machecoul. —  Lettres  par  les- 
quelles Jean  de  Laval-Chàteaubriant  commet  Bertrand  de 
Pleguen  pour  faire  le  15  septembre  à  Rennes  la  montre  du 
ban  et  de  l'arrière  ban  de  l'évéché  (Imprimé,  dom  Morice,  III, 
1044). 


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—  74  — 

3491.  —  1541,  3  octobre.  —  Enquête  faite  par  Jean 
d'Argentré,  prieur  de  Saint-Nicolas  de  Vitré,  sur  ses  droits  à 
la  dîme  du  pain  consommé  par  la  maison  du  comte  de  Laval, 
lors  de  ses  séjours  à  Vilré  '  (Archives  de  Saint-Nicolas,  com- 
muniqué par  M.  P.  de  Farcy). 

L'information  laite  par  vénérable  et  discret  messire  Jehan 
d'Argentré,  prieur  et  administrateur  du  prieuré  et  maison 
Dieu  de  Saint-Nycollas  de  Vitré,  a  prouvé  que  les  prédéces- 
seurs dudit  prieuré  furent  en  possession  et  eurent  jouissance 
du  vivant  de  feu  Monseigneur,  que  Dieu  a  rappelle,  de  la  dîme 
du  pain  despencé  par  mon  dit  sieur  et  par  leur  famille  dans 
leur  seigneurie  de  Vitré  suyvant  expédition  présentée  par 
lui  à  Monseigneur  et  à  son  conseil  ;  la  dite  information  faite 
par  nous  Jaques  Duhoux,  juge  ordinaire  de  la  cour  de  Vitré  : 
en  nostre  compaignie  appelé  Jehan  Audrain,  le  ii«  jour  d'oc- 
tobre 1541. 

Les  témoins  cités  par  le  prieur  pour  prouver  qu'il  est  à  leur 
connaissance  et  à  leur  souvenance  que  du  temps  des  prieurs 
le  Tartreux,  Jehan  du  Boschet  de  Fr.  d'Aussais  la  dîme  du 
pain  consommé  par  les  sieurs  de  Vitré  était  recueilli  par 
l'hôpital  Saint-Nicolas  sont  : 

Jehan  Poullet,  demeurant  au  Raschapt,  aagé  de  60  anp, 
tesmoign  juré  par  serment. 

RaouUet  Rioul,  demeurant  sur  la  chaussée  de  l'étang  dudit 
lieu  de  Vitré,  aagé  à  son  dire  d'envir?n  48  ans,  se  rappelle 
avoir  vu  un  des  serviteurs  du  prieur,  un  nommé  Jauvin,  qui 
avait  du  pain  blanc  et  de  la  miche  en  ses  poches,  et  luy 
avoir  ouy  dire  que  c'était  le  pain  de  la  dîme  de  Monsei- 
gneur et  qu'il  estoit  allés  quérir  ledit  pain  au  lieu  des  Rochers, 
où  demeuroit  Monseigneur. 

Pierre  Thomyn,  marchand,  demeurant  à  la  chaussée  du 
faubourg  de  ceste  ville,  65  ans,  recorde  qu'il  y  a  50  ans  il 
veist  maistre  Robert  de  Grasmesnil  joir  de  la  dîme  du  pain 
de  Monseigneur,  tant  blanc  que  gros,  lorsque  Monseigneur 
faisoit  sa  résidence  à  son  château  de  Vitré  ou  de  Chatillons, 


1.  Par  cette  enquête  on  apprend  un  détail  curieux  à  noter,  c'est 

aue  Guy  XVI,  pendant  ses  séjours  à  Vitré  habitait  soit  le  château 
e  la  ville,  soit  les  Rochers, dont  linstailatioa  était  complète  au 
point  de  permettre  à  la  comtesse  de  Laval  d'y  faire  ses  couches. 


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--  75  ^ 

et  les  voyoit  porter  à  Thopital  par  les  serviteurs  dudit  admi- 
nistrateur. 

Pierre  Tyrel,  sieur  de  Gaulayrie,  demeurant  au  Rachast, 
67  ans,  recorde  qu'il  y  a  environ  60  ans  Robert  de  Gramesnil 
envoyait  quérir  la  dîme  du  pain  blanc  et  pain  gros  de  Mon- 
seigneur, lorsque  et  chaque  fois  que  Monseigneur  faisoit  rési- 
dence à  son  chasteau  de  Vitré  ;  puis  après  lui  F.  Daussais. 

Gillarette  Lebuesne,  demeurant  au  bourg  Saint-Martin,  46 
ans,  recorde  que  du  temps  que  Anthoine  Chopin,  son  mari, 
étoit  fermier  du  four  de  Saint-Nichollae,  Jehan  du  Boschet, 
prieur,  envoyoit  aussi  quérir  la  dîme  du  pain  du  chasteau. 

Guillaume  Lévesque,  marchand,  demeurant  au  Raschast, 
52  ans,  même  déposition. 

Maistre  Guillaume  LemarcMand,  prieur  de  Saint- Yves  pi  es 
Vitré,  chanoine  prébende  en  Féglise  collégiale  de  la  Magde 
leine,  58  ans,  même  déposition. 

Gauvain  Guiéry,  demeurant  comme  serviteur  à  la  maison 
de  Saint-NichoUas,  aagé  de  60  ans,  recorde  qu'il  y  a  dix 
ouict  ans  et  plus  avoir  esté  du  commandement  de  maistre 
F.  d'Aussais.  Il  estoit  allé  au  chasteau  quérir  la  dîme 
du  pain,  qui  lui  estoit  baillée  par  les  pannetiers  de  ladite 
maison,  et  il  y  quérit  chascun  jours,  durant  que  mondit  feu 
sieur  et  madame  se  tinrent  au  lieu  et  manoir  des  Rochers, 
auquel  lieu  madame  accoucha  d'enfant  et  partant  alla  audit 
lieu  des  Rochers  quérir  la  dixme  du  pain  qui  lui  estoit  baillée 
par  les  pannetiers  et  l'apportait  à  Saint-Nicholas. 

Maistre  Jean  Foucre*,  chynoine  prébende  en  l'église  collé- 
gialle  de  la  Magdeleine,  prieur  de  Brielles,  demeurant  à  Vitré, 
âgé  de  34  ans,  expose  que  depuis  20  ans  derniers  il  a  esté  par 
un  long  espace  de  temps  serviteur  et  des  familiers  de  défunt 
Monseigneur  dernier  décédé,  que  Dieu  apelle,  et  que  durant 
cestuy  temps  par  plus  de  10  ans  plusieurs  jours,  et  durant  le 
temps  que  mondict  défunt  sieur  et  madame  faisoient  leur 
résidence  au  chasteau,  il  a  veu  les  serviteurs  et  domestiques 
de  défunt  maistre  F.  d'Aussais  quérir  la  dixme  du  pain  qui 
estoit  despendu  en  la  maison  de  Monseigneur,  quelle  dixme 


1.  Ce  Jean  Foucre  est  bien  ceH^inement  le  donataire  de  la 
curieuse  paix  en  ivoire,  qui»  sous  le  numéro  153,  a  été  publiée 
ici  en  photogravure. 


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—  76  -- 

leurs  estoit  baillée  par  les  pannetîers  et  portée  à  Saint-Nicolas. 
Et  dit  ce  tesmoign  avoir  esté  pendant  la  vie  de  Monseigneur 
au  bureau  qui  contenoit  par  chascune  sepmaine  que  les 
pannetiers  contoint  le  nombre  de  pains  qui  avoient  esté  des- 
pensés la  sepmaine  en  ladite  maison  et  depuis  il  y  a  tant  de 
pains  comprins  la  dixme  qui  a  esté  baillée  à  Saint-Nicholas, 
qui  estoit  advoué  ou  compté  en  présence  de  mondit  sieur  et 
ne  veist  jamais  refuser  les  serviteurs  dudit  administrateur 
de  la  dite  dixme  qu'elle  ne  leur  fut  baillée  sans  nul  refus. 

Pierre  Renard,  boulangier  demeurant  au  Bourg  aux 
moines,  asgé  de  45  ans.  Il  y  a  moins  14  ou  15  ans  que  ledit 
Renard  print  à  ferme  pour  le  temps  de  deux  ans  de  F.  d'Aus- 
sais,  prieur  de  Saint-Nicholas,  le  four  à  ban  de  ceste  ville,  qui 
est  dans  les  appartements  du  prteuré  et  maison  Dieu  par  don 
que  en  ont  fait  à  ladite  maison  Dieu  messeigneurs  les  prédé- 
cesseurs de  Monseigneur,  durant  lesquels  deux  ans,  ce  parlant 
dist  que  ledit  administrateur  jouissoit  de  la  dixme  dn  pain. 
Veist  le  témoign  les  boulangiers  et  pannetiers  de  mondit  feu 
sieur  lesser  audit  four  ladite  dixme  de  pain  et  ce  parlant  la 
bailloit  audit  administrateur,  par  les  serviteurs  qui  la  venoient 
quérir  ;  et  quand  lesdits  boulangiers  et  pannetiers  de  mondit 
feu  sieur  portoient  et  faisoient  porter  le  tout  du  pain  qui 
avoit  esté  cuist  au  four  pour  la  maison  de  mondit  sieur, 
lesdits  serviteurs  de  mondit  sieur  administrateur  alloient 
quérir  icelle  dixme  au  chasteau  et  leur  estoit  baillée  pour 
porter  à  Saint  Nicholas.  Jacques  Duhoux.  Audrain. 

2492.  —  1541,  18  novembre,  Fontainebleau.  —  Lettres 
patentes  par  lesquelles  François  I®*^  prie  François  de  Laval 
d'aviser  à  ce  que  le  don  gratuit  de  son  évéché  de  Dol  soit 
soldé  dès  février  1542  (Imprimé,  Marchegay,  Lettres  du 
XVI^  siècle^  page  40). 

A  nostre  amé  et  féal  conseiller    l'éi^esque   de    Dol,  ou    à 
ses  {ficaires. 

De  par  le  Roy, 

Nostre  amé  et  féal,  pour  autant  que  nos  affaires  requièrent 
que  nous  soyons  promptement  secouruz  de  noz  bons  et 
loyaux  subjectz,  afin  d'obvier  et  résister  aux  entreprises  que 
nos  voisins  tauschent  de  faire  sur  nous  ;  à  ceste  cause 
nous  vous  avons  bien  vouUu  écrire  la  présente  et  par  icelle 


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—  11- 

V0U9  advertir  et  prier  très  expressément  que  vous  donnez  or- 
dre que  la  décime  qui  nous  a  été  accordée  en  vostre  diocèse 
soit  payée  dedans  le  mois  de  février  prochain  venant. 

En  quoy  faisant  vous  me  ferez  service  très  agréable. 

Donné  à  Fontainebleau  le  xviii*  jour  de  novembre 
MV«  XLI. 

François  Bayard. 

2493.  —  1541,  2  décembre,  Châteaubriant. —  Aveu  rendu 
au  roi  pour  Beaumanoir  par  Jean  de  Laval  [In  extenso,  B.  N., 
français,  22342,  213). 

2494.  —  1541,  23  décembre,  Rennes.  —  Lettre  écrite  par 
Pierre  Demareau  à  François  de  Laval,  évéque  de  Dol,  lui 
rendant  compte  de  diverses  affaires  (Imprimé,  Marchegay, 
Lettres  du  X  Vh  siècle,  n*»  96). 

2495.  —  1541,25  décembre,  Rennes.  —  Lettre  par  laquelle 
Lignel  rend  compte  à  François  de  Laval,  évéque  de  Dol,  de 
diverses  affaires  et  lui  donne  quelques  nouvelles  (Imprimé, 
Marchegay,  Lettres  du  XV I^  siècle,  n^  97). 

2496.  —  1541. —  Le  recev3ur  de  l'H^tel-Dieu  de  Paris 
encaisse  quatre  cents  livres  tournois  à  lui  payées  par  René  de 
Laval  Bois-Dauphin,  en  exécution  du  legs  de  Jean,  son  père, 
fait  au  profit  des  pauvres  de  cet  établissement  (Documents 
pour  servir  à  V histoire  des  Hôpitaux  de  Paris,  III,  273). 

2497.  —  1541.  —  Etat  du  procès  entre  les  ducs  de  Nevers  et 
d'Etampes  et  Guy  XVII  au  sujet  de  la  succession  d'Odet  de 
Foix  (tableau  in  extenso,  B.  ^.,  français,  22342,  209). 

2498.  —  1541.  —  Vente  par  Jean  de  Laval  au  connétable 
de  Montmorency  pour  douze  mille  écus  d'or  de  la  Hardoui- 
naie  et  Merdrinac  (note,  B.  N.,  français,  22331,  243). 

2499.  -  1535-1547, 19 janvier,  Laval.  —  Lettre  de  Claude 
de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  français,  3212,  117). 

A  monsieur  mon  compère,  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  conpère,  je  n'é  vouUu  léser  aler  ce  laquays 
sans  vousescrire  ceste  lettre  pour  la  congnoysance  que  j'é  que 
se  vous  sera  plaisir  d'entendre  de  ma  santé  :  vous  veux  bien 
advertir  qu'elle  est  bien  bonne,  la  grâce  à  Dieu  ;  vous  priant 
mender  sy  la  vostre  est  parraille,   car  je  vous  aseure  bien, 


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—  78  — 

monsieur  mon  conpère,  que  ne  saryez  escrire  à  personne  du 
monde  quy  le  hay  plus  agréable  que  moy,  pour  la  bonne  amy- 
lyé  que  je  vous  porte,  quy  sera  à  jamais  celle  que  vous  ay 
dict  autrefoy ,  m'y  tenant  oblirgée  pour  la  bonne  voulonté  qu'a- 
vez eu  tousjoups  de  faire  servyce  à  ma  maison,  vous  priant  y 
continuer  et  je  ne  serez  ygrante  de  le  recongnoystre,  sy  j'é  à 
jamais  puysance  de  vous  faire  plaisir  d'osy  bon  ceur  que  me 
voyrs  recommandée  à  vostre  bonne  grâce. 

Je  prye  Dieu,  monsieur  mon  conpère,  vous  donner  ce  que 
désiré. 

A  Laval,  ce  xviiii™*  de  janvyer,  de  celle  que  trouverez  à 
jamais,  monsieur  mon  conpère, 

Vostre  bonne  commère  et  parfaicte  amye  :  Claude  de  Foy. 

Je  vous  anvoye  parce  porteur  une  père  de  bracelet  de  ma 
fason,  pour  voz  estrenayne,  vous  priant  les  avoyr  agréable 
d'osy  bon  ceur  comme  je  vous  les  donne. 

2500.  —  1535-1547,  26  janvier.  Vitré.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N,,  français^  3212, 
115). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  conpère,  pource  qu'yl  n'y  a  longtant  que  je 
n'é  seu  de  voz  nouvelle,  vous  ay  bien  voulu  escrire  ceste  let- 
tre pour  vous  pryez  de  m'en  mander  par  ce  porteur,  et  vous 
me  fairez  bien  grant  plaisir,  monsieur  mon  conpère. 

Afin  que  pensez  qui  me  souvien  de  vous,  je  vous  envoyé 
ungne  bourse,  pour  vos  ettresne,  vous  priant  l'avoyr  agréa- 
ble, car  je  suys  marye  qu'elle  n'es  plus  belle. 

Je  ne  veux  failir  à  vous  remercyé  des  cinquante  escuz  que 
m'avez  envoyé  par  mestre  Jérôme,  vous  asurant  que  me  fite 
grant  plaisir,  car  j'en  n'avoye  bien  afaire,  car  je  suys  fort 
dégarnie  d'argent. 

Monsieur  mon  conpère,  pource  que  suys  seure  que  serez 
bien  aysze  d'entendre  de  ma  santé,  voux  veux  bien  advertyr 
qu'elle  est  bonne,  la  grâce  à  Dieu,  lequel  je  prye  vous  donner 
ce  que  désirez. 

A  Vitré,  ce  xxvi"*  de  janvyer. 

Je  vous  prye  d'avoyr  agréable,  monsieur  mon  compère, 
mes  recommandantcion  de  bien  bon  ceur  à  vous  ;  je  m'estés 
oblié  de  les  faire  en  la  lettre. 


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—  79  - 

Vostre  bonne  commère  etparfaicte  amye:  Claude  de  Foix. 

2501.  —  1535-1547,10  mars,  Laval.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (autographe,  B.  N.. 
français^  3212,  110). 

A    monsieur  mon    compère^    monsieur    de    Conzerans  à 
Coulomyers, 

Monsieur  mon  conpère,  je  me  suys  avizée  de  vous  escrire 
par  ce  porteur  pour  vous  pryez  de  me  mander  de  voz  nou- 
velle par  luy,  comme  à  celle  quy  les  désire  autans  bonne  quy 
les  poncyble,  ayant  tou8Jourscongnoysa[n]ce  de  la  bonne  vou- 
lonté  qu'avez  de  me  faire  servyce  que  vous  prye  contynuer, 
car  je  vousasure  que  ne  fuste  jamais  tans  aymez  de  inessieurs 
mes  predyseseurs  comme  vous  este  de  moy,  et  serez  toute 
vostre  vye,  vous  pryant  ensin  le  croyre  et  que  serez  du  nonbre 
de  voz  milleure  amye  et  plus  afecionée. 

Monsieur  mon  conpère,  je  rroyt  qu'avez  bien  entendu 
comme  la  fille  du  général  d'A.pesleguy  est  maryé  avesque 
ung  de  gentybomme  de  Monsieur  ;  de  quoyt  son  père  est  bien 
mary.  Je  ne  veux  pas  dire  quy  n'es  raison,  mais,  puysque  ses 
faict  et  que  sadicte  fille  en  porte  une  peynne  sy  grande  pour 
la  desobéysance  qu'elle  luy  a  faicte,  y  me  semble  qu'y  feroyt 
bien  de  luy  pardonner  et  de  la  remaistre  à  sa  bonne  grâce,  et 
comme  celuy  quy  an  a  puysance.  Je  bien  voulu  vous  en  n'es- 
crire  pour  vous  pryer,vu  toute  l'amytyéque  me  porter, d'estre 
moyen  qu'y  luy  pardonne,  et  sy  me  faicte  ce  plaisir,  je  vous 
asure  que  je  le  recongnoystrerez  en  l'endroyt  où  me  vousdrez 
enployez,  et  sy  ne  me  saryez  faire  plus  grant  plaisir  que  ne 
veux  poinct  qu'y  panse  l'avoyr  perdue,  car  toute  les  foys  qu'y 
voudra  luy  commander  de  l'aler  voyrs,  et  l'yra  pour  s'ofryr  à 
luy  faire  servyce.  Je  set  bien  que,  pour  l'amour  de  son  père, 
vous  aviez  bien  bonne  voulonté  de  luy  faire  des  biens  Je  vous 
prye  d'autant  que  vous  m'aymez  que  pour  touz  ce  quy  a  estez 
de  ne  la  changer  poinct  et  de  luy  pardonner  ausy  et  quant 
vous  congnoytreryez  bien  son  mary,  y  es  sy  sage  et  honneste, 
vous  arez  ocasion  de  vous  en  contenter  et  son  père  ausy. 

Et  quant  à  ma  santé,  elle  est  bonne  la  grâce  à  Dieu,  et  se- 
royt  encore  milleure  sy  non  l'enuyt  que  je  porte  de  la  longue 
demeure  de  Monsieur  ;  mais  quant  je  bien  considérez,  y  faut 


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-ÔÔ- 

se  contenter  de  ce  quy  plaist  à  Dieu,  quy  est  Tendroyi   où  je 
me  recommanderez  à  vostre  bonne  grâce. 

Je  prye  Dieu,  monsieur  mon  conpère,  vous  donner  ce  que 
désirez. 

A  Laval,  ce  x"»de  mars,  de  celle  que  trouverez  pour  jamais 

Vostre  bonne  commère  et  parfaicte  amye  : 

Claudb  de  Foix. 

Monsieur  mon  conpère,  je  croyt  que  vous  panser  bien  que 
je  ne  suys  guère  garnye  d'argent  pour  ceste  heure,  quy  me 
faict  vous  pryez  de  m'en  navoyez,  comme  vous  avez  à  conti- 
nuer, et  vous  me  fairez  bien  grant  plaisir,  car  j'an  é  bien 
afaire. 

2502.  -  1535-1547,  28  mars,  Ville-au-Chef-en- 
Rosay.  — Lettre  adressée  par  Guy  XVII  à  Menault  de  Mar- 
tory  (B.  N.,  français,  3212,  37). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  esté  très  ayse  d'avoir  entendu 
de  voz  nouvelles,  tant  par  les  lettres  que  m'avez  escriptes  du 
xiiii  de  ce  mois  que  par  mon  secrétaire  de  Thou,  que  m'a 
fait  certain  de  la  bonne  volonté  que  avez  de  vous  employer  à 
me  faire  plaisir  en  mes  affaires,  à  quoy  vous  prie  (mais  c'est 
très  affectueusement)  d'y  continuer  comme  avez  fait  par  cy 
devant,  et  vous  me  rendrez  de  plus  en  plus  obligé  conltre  les 
obligations  passées  à  le  recongnoistre,  vous  mercyant  des 
quatre  cens  escuz  que  m'avez  prestez,  lesquelz,  sans  aucune 
faulte,  vous  renvoyray  si  tost  que  seray  à  Laval,  qui  pourra 
estre  environ  les  Pasques  ou  plus  tost  avec  l'ayde  de  Dieu, 
lequel  veois  supplier  vous  donner,  monsieur  mon  compère,  en 
santé  très  bonne  et  très  longue  vie. 

A  Villanché,  ce  xxviii™*  jour  de  mars. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  milleur  amy. 

Guy  de  Laval. 

2503.  -  1535-1547,  4  avril,  Etampes.  — Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (Original,  B.  N.,/ra/i- 
çais,  3212,  112). 

A  monsieur  mon  conpère^  monsieur  de  Conzerans, 

Monsieur  mon  conpère,  monsieur  d'Estempes  et  moy  vous 
anvoyons  Lechène,  présent  porteur,  afin  de  vous  advertyr 


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-éi- 

comme  nous  serons  dens  six  ou  sept  jours  à  Parys  et  pource 
que  n'y  voulions  longuement  demeurez,  il  vous  prye  par  sa 
lettre  et  moy  ausy  que  nous  trouvons  toutes  les  affaires  où  il 
les  besoing  maistre  ordre  toute  preste  de  se  faire,  et  ausy  que 
les  conte  de  mes  trésoriez,  tans  celluy  de  Donzy  que  celluy 
de  Gascongne,  soyt  tous  près  à  ouy,  car  je  veut  entendre  aseu- 
rément  quel  bienj'ay,  afin  de  faire  mon  estât  sur  cellà. 

Je  ne  vous  manderez  poinct  de  mes  nouvelles,  car  se  por- 
teur vous  en  dyra  se  quy  an  est  ;  mais  je  vous  fairez  en  cest 
endroyt  les  recom.mandasion  de  bien  bon  ceur  à  vostre 
bonne  grâce  de  monsieur  vostre  bon  filz,  car  il  me  Ta  enfin 
commander,  et  ausy  quy  vous  eu  escrit,  synon  Tasererance 
qu'yl  a  de  vous  voyrs  bien  toulz 

Je  ne  vous  recommanderez  poinct  mes  affaires,  car  je  set 
bien  que,  pour  l'amytié  que  me  portez,  les  avez  asé  en  recom- 
mandasion 

Je  suplye  Dieu,  monsieur  mon  conpère,  vous  donner,  après 
m'aistre  recommandée  bien  fort  à  vostre  Donne  grâce,  bonne 
vye  et  longue. 

A  Estempes,  ce  m"'  d'abvyp,  de  celle  que  trouverez  pour 
jamais,  monsieur  mon  conpère, 

Vostre  bonne  commère  et  plus  seure  amye, 

Claude  de  Foix. 

Je  vous  prye  me  faire  faire  ce  que  se  porteur  vous  dyra  ensin 
que  luy  ay  commander  de  faire,  et  vous  me  fairez  bien  grant 
plaisir. 

2504.  —  1535-1547,  2  mai,  Vitré.  —  Lettre  écnte  par 
Claude  de  Foix  à  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Trémoïlle  (au- 
tographe, archives  de  la  Trémoïlle). 

A  Madame  ma  seur,  Madame  de  la  Trimoïlle. 

Madame  ma  seur,  j'ay  heu  vostre  lettre  par  ce  porteur  et 
vous  mercye  bien  humblement  de  la  peine  et  soing  qu'il  vous 
a  pieu  prendre  de  vouUoir  entendre  de  ma  santé,  laquelle  est 
bien  bonne  pour  ceste  heure,  Dieu  mercy,  et  désire  qui  vous 
en  soit  de  mesmes  et  demourer  tousjours  en  vostre  bonne 
grâce,  à  laquelle  je  vous  supplye  estre  humblement  recom- 
mandée. Madame  ma  seur,je  ne  sçay  pour  ceste  heure  chose 


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-   82  — 

de  nouveau  dijsrnc  it?  vous  esoi  ire,    par  qyoy  feray  fin  â  la 

présente 

Priant  Dieu,  madame  ma  seur.  vims  donner  bonne  vie  et 
longue. 

De  Vîlré,  ce  ii*  de  may. 

Madame  ma  seur,  je  vous  .suplve  de  m'avoir  pour  es[cusée] 
SY  cmiB  lettre  n'esl  escrîte  de  mn  maiti,  car  j'é  sy  grant,  mal 
de  teste  quy  ne  m'a  pas  cstt'  jiouciljle  de  ce  faire.  Je  ne  veux 
faîlir  à  vous  rementevoyr  h  promesse  que  m'avez  Taicte  ; 
cVstayt  tjue  d  osy  tout  que  je  semvt  ycy.que  me  feriez  ce  bien 
de  m'envoyez  madarnoy selle  nut  Jiyepee  pnur  uïij,;:  moysavec- 
*|ui*s  moy,  quy  me  faict  vuuj^  siqdyez  de  ht  me  tenyr  et  de  me 
mander  quanl  je  la  pourez  Tenvoyez  qnéry.  et  que  ce  soyt  le 
plus  tous  que  pourez,  et  voub  nu*  faire/,  bien  grant  honneur  et 
plaisir, 

Vostre  liumble  et  ob*U8sftute  seur,  Claude  ûk  Fojx. 

2505.  —  1545-1547,  10  mai,  Vitré.  —  ï.ettre  écrite  par 
Guy  XVIU  Menault  de  Martory  (B.  N*,  françim,  3212*  m), 

A  monsieur  mon  compère^  mD/imeur  de  Conseranë. 

Monsieur  mon  compare,  j  ay  recA-.n  vuz  lettres  par  Domi- 
nique et  entendu  de  luy  ce  que  l'avez  charffé  me  dire,  qui 
m'a  esté  très  grant  plaisir,  et  mesm^s  de  ee  quMl  vous  a  laissé 
faisant  Dieu  tueroy  b<jnne  chère,  et  [source  que  fay  chargé  le 
pou  rieur  vous  dire  des  nouvelles  de  ma  femme  et  de  moy,  et 
que  je  partiré  bien  tost  pour  m'en  aller  à  la  trourt,  de  là  où 
vous  escripray;  ne  vous  feray  plus  longue  lettre  sinon  vous 
prier  de  me  faire  souvant  entendre  de  vosî  nouvelles  et  d  avoir 
touBJours  en  singulière  recommandation  mes  affaires,  et 
eomme  me  fye  de  vous  et  que  j'eusse  esté  très  ïïhe  de  vous 
avoir  veu  en  ce  pays  aflin  que  eussiés  cougneu  par  effeet  le 
déf^ir  et  affection  que  j'ay  de  vous  faire  bonne  ch;^re* 

Priant  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  avec 
santé  très  bomie  et  longue  vîi\ 

De  Vitré,  le  x  de  may» 

Je  vous  [jrie  fayre  bailler  quarante  cbcus  à  ce  porleur  pour 
les  bailler  a  ung  armurier  pour  ung  harnoia  que  j'é  faiel 
d(uvr  v{  tèles  vous  rarïderé, 

Viistrc  anlièremmit  btui  compère  et  umy  à  Jamais  :  dut  hk 
Lavai,» 


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2506.  —  1535-1547,  13  mai,  Paris.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  français 
3212,  107). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conzerans. 

Monsieur  mon  conpère.  voyant  que  ne  venez  poinct  en 
ceste  ville  comme  m'avyez  prommys  me  faict  vous  escrire 
ceste  lettre  pour  vous  advertyr  que  le  roy  a  commander  à 
monsieur  de  Laval  de  me  menez  dens  troys  ou  quatre  jour  à 
Fonteneblou,  ce  qu'yl  a  délibérez  faire,  et  pource  que  d'avans 
que  j'aille  y  me  faudra  acheter  beaucout  de  besonne  quy  me 
sons  nésesere,  et  ne  se  où  je  doyt  prandre  de  Targent  pour 
les  achetert,  synon  vous  pryez,  comme  à  setuy  là  que  j'estyme 
l'un  de  mes  milleurs  amys,  m'en  voulloyr  bailler  jusque  à 
deux  cens  escuz,  car  je  vous  prommet  ma  foy,  monsieur  mon 
conpère,  que  j'en  suys  à  la  plus  grant  nesesyter  que  j'en  feu 
jamais. car  je  n'é  pas  ungseulx  lyar  pour  acheter  des  espeygne, 
et,  sy  vous  !»avyez  bien  comme  j'en  suys,  vous  aryez  pytyez 
de  moy,  voyant  que  j'é  tans  de  bien  et  sy  n'é  pas  ung  soulz, 
vous  ne  saryez  croyre  l'ennuyt  que  j'an  prans  de  me  voyrs 
ensin  et  me  penser  de  sy  bonne  maison.  Je  le  vous  mande 
pryvément,  mais  je  vous  prye  d'autant  que  vous  m'aymez  de 
brûler  ceste  lettre  après  l'avoyrt  veue,  et  ne  dicte  à  personne 
du  monde  rien  de  touz  ce  que  vous  escrit,  car  sy  monsieur  de 
Laval  l'antendoyt.  je  suys  seure  quy  ne  m'émayrez  jamais, 
car  y  saroit  bien  que  cella  seroyt  venu  de  moy  Personne  ne 
set  que  je  vous  envoyé  ce  laquays,  parquoyt  je  vous  prye  le 
dépécher  ycontynant,  et  ne  craynez  poinct  à  luy  baillez 
l'argent  que  vous  demande,  et  sy  vous  ne  povez  luy  baillez 
le  touz,  baillez  luy  tans  que  vous  pourrez,  car  y  ne  faudra 
poinct  de  me  l'aporter,  car  y  es  seurs,  et  j'aroys  peur  sy  vous 
m'envoyez  ung  de  voz  gens  que  non  s'en  douta. 

Vous  me  manderez  par  ce  porteur  de  vostre  santé  ;  pour 
vous  dire  de  la  myene,  elle  est  bonne,  la  grâce  à  Dieu,  que  je 
prye,  monsieur  mon  conpère,  après  m'aistre  recommander 
à  vostre  bonne  grâce,  vous  donnert  ce  que  désirez. 

A  Parys,  ce  xiii°*«  de  may. 

De  celle  que  trouverez  pour  jamais  vostre  bonne 
commère  et  parfaicte  amye,  Claude  de  Foix 


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-~  Ô4   - 

2507.  —  1535-1547,  4  juin,  Châtellerault.  -  Lettre  de 
Guy  XVII  à  Menault  de  Martoiy  (original,  B.  N.,  français^ 
3212,  40). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  j'envoye  mon  barbier  en  dilligence 
pour  recouvrer  ung  harnois  que  j'ay  à  Paris.  Je  vous  prie,  se 
il  luy  fault  plus  d'argent  que  ne  Juy  en  ay  baillé,  de  luy 
fournir  le  surplus,  et  je  le  vous  rendray  ;  et  ce  faisant  me 
ferez  autant  de  plaisir  que  de  chose  dont  vous  sçaurois 
requérir  ;  et  aussi  que  Taflaire  me  presse  pource  que  le 
tournoy  se  fera  de  brief. 

Priant  Dieu,  vous  donner,  monsieur  mon  compère,  ce  que 
plus  désirez. 

A  Chastellerault,  ce  quatriesme  juing. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  amy,  Guy  de  Laval. 

2508.  -  1535-1547,  15  juin,  Châtellerault.  —  Lettre  de 
Guy  XVII  à  Menault  de  Martory  (original,  B.  N.,  français. 
3212,  41). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  pource  que  je  désire  donner  ordre 
à  mes  affaires,  sçavoir  et  entendre  le  fons  de  mes  deniers 
pour  après  myeulx  dresser  Testât  de  ma  maison,  j'ay  mandé 
monsieur  de  Naupernes,  lequel  est  arrivé  en  ce  lieu  y  a  troys 
jours  pour  rendre  compte  de  sa  recepte,  et  ay  escript  au 
trésorier  de  Champaigne  pour  en.  semblable  venir  rendre 
compte  de  sa  charge,  et  avons  advisé,  ledit  sieur  de  Naupernes 
et  moy,  le  temps  pour  ce  faire  :  que  ce  sera  à  Paris  le  sixiesme 
jour  de  juillet  prochain,  où  ne  feray  faulte  de  me  y  trouver. 

Je  vous  prye,  mais  c'est  très  affectueusement,  de  faire  tant 
pour  moy  que  de  y  venir  et  vous  trouver  audit  temps  pour  en 
toutes  mes  affaires,  dont  nous  adviserons  ensemblement,  me 
conduire  et  reigler  selon  vostre  advis  et  conseil,  et  escripre 
audit  trésorier  de  Champaigne  de  vostre  part  de  ne  fallir  à 
venir  audit  Paris,  prest  de  rendre  sondit  compte,  et  aussi 
d'advertir  et  faire  en'endre  la  présente  à  monsieur  le  général 
d'Apesteguy,  de  se  trouver  en  la  compagnye  qui  sera  pour 
Taudition  des  deux  comptes  ;  et  ce  faisant  me  ferez  autant  de 
plaisir  que  de  chose  dons  vous  sauroys  requérir. 


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-  85   - 

Priant  Dieu  vous  donner,  monsieur  mon  compère,  en  santé 
très  bonne  et  très  longue  vye. 
A  Chastelheraald,  ce  xv"' juing. 
Vostre  entièrement  bon  compère  et  amy,  Guy  de  Laval. 

2509.  —  1535-1547,  15  juin,  Laval.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Anne  de  Laval,  dame  de  la  TrémoïUe 
(Archives  de  la  Trémoïlle). 

A  madame  ma  seur^  madame  de  la  Trémoïlle. 

Madame  ma  seur,  suivant  la  charge  que  monsieur  de  Laval 
m'a  donnée  à  son  départ,  je  vous  envoyé  quatre  pièces  de  vin 
de  Ga?cougne,  pour  en  faire  ung  essay  à  ce  que  si  le  trouvez 
propre  pour  votre  boyte,  vous  y  renvoyez  comme  personne 
qui  a  bi3n  toute  puissance  es  choses  qui  sont  à  mon  dit 
seigneur  de  Laval  et  moy.  Et  vous  prye,  madame  m  \  seur,  de 
ainsi  le  vouloir  voyre  et  me  tenir  en  vostre  bonne  grâce  pour 
humblement  recommandé. 

Et  supplie  Dieu  vous  donner  en  santé  plus  que  bien  bonne 
et  longue  vye. 

A  Laval,  ce  xv"«  de  juing. 

Madame  ma  seur,  je  vous  supplie  d'avoir  pour  recommandé 
le  beau  frère  du  contreroUeur  de  la  despense  de  monsieur 
vostre  frère  pour  l'office  de  procureur  en  vostre  seigneurie  de 
Craon,  suivant  la  promesse  que  luy  en  avez  faicte. 

Vostre  humble  et  obéysante  seur,  Claudb  de  Foix. 

2510.  —  1535- 1547,  16  juillet,  Longjumeau  —  Lettre  de 
Guy  XVII  à  Menault  de  Martory  (original,  B.  N.,  français^ 
3212,  43). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  entendu  en  ce  lieu,  du  secrec- 
taire  Jhérosme,  présent  pourteur,  les  bons  et  honnestes 
propos  que  luy  avez  tenu  pour  mon  bien,  honneur  et  advan- 
cement,  dont  je  ne  veux  oblier  à  vous  en  remercier  très 
affectueusement,  mesmes  de  la  volunté  que  me  pourter,  vous 
priant,  sur  tous  les  plaisirs,  comme  désirez  faire,  de  prive- 
ment  m'escripre  et  faire  entendre  la  vérité  ce  qui  me  fauldra 
faire,  et  il  n'y  aura  faulte  que  je  ne  le  face  sans  aucune 
variation  comme  j'ay  commandé  audit  Jhérosme  vous  dire  de 


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-^se- 
ma part,  ensemble  de  regarder  ce  que  je  pourray  faire  pour 
vous,  et  je  le  feray  comme  pour  moy  ;  et  aussi  ne  prendre  à 
desplaisir  si  je  vous  employé  quelque  foyz  en  mes  affaires  pour 
la  seureté  que  j*ay  :  elles  ne  sauroient  tomber  en  si  bonnes 
^  mains  que  les  vostres  ne  mieulx  expédiées,  qui  esi  tout  ce  que 
je  vous  puis  dire,  fors  que  je  partiré  demain  matin  pour  aller 
veoir  ma  femme,  à  laquelle  je  vous  pry  escripre  de  voz 
nouvelles  et  de  la  volunté  gue  je  luy  pourte,  qui  est  telle  qu'il 
seroit  impossible  de  plus. 

Priant  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  très 
bonne  et  longue  vie,  après  m*estre  recommandé  de  très  bon 
cueur  à  vostre  bonne  grâce. 

A  Longjumeau,  ce  xvi'  juillet  au  soir. 

Vostre  antièrement  bon  compère  etbonamy,  Guy  de  Laval. 

2511.  —  1535-1547,  16  septembre.  Vitré.  —  Lettre  écrile 
par  Claude  de  Foix  à  Anne  de  Laval,  ûame  de  la  Trcmoïlle 
(Archives  de  la  Trémoïlle). 

A  madame  ma  seur^  madame  de  la  Trymoille, 

Madame  ma  seur,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu 
m'escrire  avecques  le  beau  présant  de  fruictz  que  m'avez 
envoyé  par  ce  porteur,  de  quoy  je  vous  mercye  humblement. 

Et  quant  à  ma  santé,  madame  ma  seur,  elle  seroit,  grâce  à 
Dieu,  assez  bonne,  si  non  de  mon  reume  qui  me  contynue 
tousjours,  toutesfoiz  que  j'espère  à  la  venue  de  monsieur 
vostre  frère,  que  j'attens  à  demain,  me  trouver  myeulx. 

Je  ne  veulx  oublier  de  vous  mercyer  principallement  des 
poix  en  gousse  qu'il  vous  a  pieu  m'envoier. 

Et  sur  cest  endroit  me  voys  humblement  recommander  à 
vostre  bonne  grâce,  suppliant  le  Créateur,  madame  ma  seur, 
vous  donner  très  bonne  et  longue  vie. 

De  Vitré,  ce  xvi*  jour  de  septembre. 

Je  vous  pry,  madame  ma  seur,  m'excuser,  si  ne  vous  escriz 
de  ma  main,  car  j'ay  mal  en  celle  qui  touche  la  plume,  de 
sorte  que  je  ne  la  puis  manyer. 

Vostre  humble  et  bien  obéisante  seur,  Claude  de  Foix. 

2512.  —  1535-1547,  20  octobre,  Laval.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  français, 
3212,  119). 


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—  87  - 

.4  Monsieur  mon  compère^  Monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j  ay  receu  vostre  lettre  par  ce  por- 
teur, lequel  j'ay  retenu  jusques  après  la  départye  de  madame 
la  marquise,  ma  nyepce,  et  de  moy,  pour  vous  faire  entendre 
si  nous  pourrions  mettre  accord  au  différend  qui  se  pourroit 
trouver  entre  nous  deux,  chose  qui  seroit  beaucoup  à  nostre 
repos  et  de  plusieurs  noz  serviteurs  et  créanciers.  Touteffoiz 
nouî*  n'avons  peu  aulcune  chose  conclure.  Je  vous  envoyé  les 
articles  que  je  voulloys  accorder  pour  en  avoir  vostre  oppi- 
gnion  ;  et  s'il  se  faict  quelque  chose  cy-après,  je  le  vous  feray 
sçavoir. 

J'envoye  à  Duchesne,  mon  soliciteur,  mes  lettres  patantes 
deréunyon  et  révocation  des  choses  alliennésen  ma  mynorité. 
Je  vous  pry  tenir  la  main  qu'elles  soient  exécutées  et  publyées 
sur  mes  terres  par  delà. 

Au  demeurant,  je  suys  advertye  que  au  revenu  de  la  vigue- 
rye  d'Oloron  vous  avez  commys  ung  homme  qui  prend  le 
tiltre  de  viguer  et  veult  mectre  la  justice  et  droictz  d'icelle 
en  revenu,  chose,  comme  sçavez,  qui  n'est  raisonnable,  car  en 
ce  faisant  mes  droictz  se  pourraient  esgarer  :  parquoy  je  vous 
pry  pourveoir  à  cella.  Et  quant  au  tiltre  de  viguer,  je  y  mec- 
teray  telle  personne  que  vous  me  vouldrez  nommer  pour 
exercer  la  justice  et  garder  mes  dicts  droictz. 

Je  vous  pry,  monsieur  mon  compère,  suyvant  ce  que  je 
vous  ay  par  cy  davant  escript,  faire  mectre  entre  voz  mains 
mes  lettres  et  tiltres  de  conséquence,  qui  sont,  comme  sçavez, 
le  thésor  de  ma  maison,  et  qui  ne  doibvent  demeurer  par- 
devers  les  advocatz,  procureurs  et  soliciteurs,  sinon  quand  il 
[est]  besoing  les  produire  par  extraictz. 

Monsieur  mon  compère,  je  suys  advertye  comme  puys  peu 
de  temps,  par  la  mort  de  l'un  de  voz  parens,  a  vacqué  une 
prébende  à  Conserans,  et  troys  ou  quatre  aultres  béneffices 
en  vostre  disposition.  Je  vous  pry,  autant  que  je  puys,  avoir 
mon  aulmosnier  Sainct-Germain  en  bonne  recommandation, 
et  en  ma  faveur  luy  en  pourveoir  de  quelque  ung,  car  je  désire 
luy  recongnoistre  tant  de  bons  services  qu'il  me  faict  chascun 
jour,  et  vous  povez  estre  asseuré  que  je  ne  demeureray 
ingratte  en  tous  les  endroictz  où  me  vouldrez  amployer. 

Je  m'atens  de  vous  veoirs  à  Donzy  et  vous  compter  plus  au 
de  long  mes  affaires.  Et  cependant  j'ay  donné  charge  au  lieu- 


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-  88  — 

tenant  de  ceste  viJle  de  vous  en  faire  sçavoir  souvent,  cap  je 
vous  asseure  que  c'est  celluy  par  deczaqui  myeulx  les  enlend 
et  en  qui  j'ay  plus  grande  fiance. 

Sur  ce  je  me  recommande  à  voslre  bonne  grâce,  et  pry 
Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  en  santé  ce  que 
désirez. 

A  Laval,  le  xx«  octobre. 

Vostre  bonne  commère  et  amye,  Claude  de  Foix. 

2513.  1535-1547,  22  octobre,  Laval.  —  Lettre  adressée 
par  Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  français^ 
3212,  123). 

A  Monsieur  mon  compère^  Monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  combien  que  je  soye  loingde  vous, 
si  en  ay-je  beaucoup  meilleur  souvenance  que  de  nul  autre, 
comme  la  raison  veult,  car  [un  blanc)  m'aviez  donné  à 
congnoistre  par  effect,  et  de  moy  je  veux  faire  le  semblable, 
en  sorte  que  à  jamais  me  trouverez,  quelque  chose  qu'on  vous 
dye,  preste  à  faire  pour  vous  comme  pour  moy,  ainsi  que  en 
pourrez  seurement  estre  asseuré  par  Monsieur  et  le  porteur, 
que  je  vous  pry  croire  comme  moy,  et  vous  me  ferez  très 
grant  plaisir. 

Priant  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  avec 
santé  très  bonne  et  longue  vie. 

A  Laval,  le  xxii*  jour  d'octobre. 

Vostre  bonne  commère  et  parfaicte  amye,  Claude  de  Foix. 

2514.  —  1535-1547, 15  décembre.  Tours.  —  Lettre  adres- 
sée par  Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  fran- 
çais. 3212,  124). 

A  Monsieur  mon  compère ^  Monsieur  de  Conzerans, 

Monsieur  mon  compère,  j'é  reçu  la  lestre  que  vous  m'avés 
escripte  par  ce  porteur,  à  laquelle  je  ne  feré  pour  cete  heure 
ptus  grande  réponce  que  ce  que  vous  antandrés  par  luy,  et 
osy  pour  l'espérance  an  quoy  je  suys  de  vous  voir  bien  tout  à 
Monrond,  auquel  lieu  je  vous  prie  bien  fort  vouloir  prandre 
la  poyne  de  venyr  yncontynant  après  avoir  receu  celc  lestre, 
et  là  je  vous  feré  anlandre  plus  amplement  de  mes  afères. 

Par  quoy  je  vous  prie  ancore  une  fois,  monsieur  mon  com- 


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—  89  — 

père,  de  me  fère  ce  plesir,  et  de  plus  an  plus  je  vous  seré 
tenue,  me  recommandant  bien  fort  à  vostre  bonne  grâce, 
priant  Dieu  vous  donner  bonne  et  longue  vie. 

De  Tours,  ce  xv  de  désanbre. 

Vostre  bonne  commère  et  amye,  Claude  de  Foix. 

2515.  —  1535-1547.  —  Lettre  écrite  par  Claude  de  Foix  à 
Anne  de  Laval,  dame  de  la  TrémoïUe  (autographe,  archives 
delaTrémoïUe). 

A  madame  ma  seur^  madame  de  la  Trimoule, 

Madame  ma  seur,  receu  hier  bien  mantin  une  lettre  quy 
vous  a  pied  m'escrire  et  yncontinanl  j'é  dépécher  vostre  bar- 
bier pour  aler  au  devant  de  monsieur  vostre  frère,  quy  venoyt 
ycy,  avesque  vostre  lettre  et  une  que  je  ly  escrivoys  pour  le 
suplye[r]  très  humblement  de  vous  acorde[r]  vostre  demande, 
ce  quy  faict,  vous  asuranl,  madame  ma  seur,  que  n  avoys  que 
faire  de  luy  en  faire  requeste,  cognoysant  la  bonne  et  grande 
amytié  quy  vous  porte  et  la  bonne  voulonté  qu'yl  a  en  vostre 
endroyt  ;  et  quant  à  moi,  madame  ma  seur,  je  vous  suplye  de 
croyre  que  n'avez  jamais  seur  quy  de  milleur  ceur  vous  fés 
plaisir  et  servyce  que  moy  et  à  tout  ceux  quy  vous  touche 
vous. 

Et  pour  ce  que  monsieur  vostre  frère  vous  escrit  bien  au 
long  de  ses  nouvelle[s],  ne  vous  faire  plus  longue  lettre, 
sinon  de  vous  dire  que  nous  serons  byen  tout  à  Laval  là  où 
nous  vous  pryrons  nous  faires  ce  bien  et  honneur  de  nous 
venyrs  voyrs. 

Qui  est  l'endroyt,  madame  ma  seur,  où  je  pryray  Dieu  vous 
donner  bonne  vye  et  longue,  et  à  vous,  madame  ma  seur,  de 
me  tenyr  en  vostre  bonne  grâce  humblement  recommandée 
de  celle  que  trouverez  à  jamais. 

Vostre  humble  et  bien  obéisante  seur,  Claude  de  Foix. 

2516.  —  1535-1547.— Lettre  écrite  par  De  ThouàMenault 
de  Martory  (B.  N.,  français,  3212,  91). 

A   monseigneur  de  Conserans. 

Monseigneur,  vous  pouvez  entendre  par  ce  qT\e  Monseigneur 
de  Laval  vous  escript,  toutes  nouvelles  et  remects  le  surplus 
à  vous  dire,  par  ce  porteur,  pour  lequel  j'ay  faict  requeste  à 


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-  90  - 

mondict  seigneur  de  cpnt  arpens,  qui  me  fut  accordée  et 
depuis  a  esté  contrariée  par  les  personnaiges,  que  vous  nom- 
mera cedict  porteur.  Toutesfois,je  ne  trouve  les  choses  se 
mal  asseupées,  que  quant  il  vous  plaira  de  faire  tant  pour 
cedit  porteur  et  son  compagnon,  vos  serviteurs,  d'en  escripre 
à  mondict  seigneur  et  autres  personnaiges  que  l'affaire  ne 
succède  selon  leur  désir,  ou  je  tiendray  la  main  comme  pour 
mon  propre  fait,  vous  asseurant,  Monseigneur,  que  en  toutes 
choses  qui  se  viendront  à  offrir  pour  vous,  me  trouverez  à 
jamais. 

Vostre  très  humble  et  obéissant  serviteur.  De  Thou. 

2517.  —  1541-1542,  22  septembre,  Quintin.  —  lettre  écrite 
par  Guy  XVII  à  François  de  la  TrémoïUe  (Archives  de  la 
Trémoïlle). 

A  monsieur  mon  frère ^  monsieur  de  la  TrymoïUe, 

Monsieur  mon  frère,  j'ai  receu  voz  lettres  et  entendu  ce  que 
m^avez  mandé,  à  quoy  je  ne  puis  satisfaire,  veu  le  lieu  où  je 
suis,  dont  je  suis  desplaisant,  et  quant  je  seray  à  Paris,  je 
donneray  ordre  à  nostre  conseil,  en  sorte  que  j'espère  que 
aurez  occasion  de  bien  vous  contanter  de  moy,  moyennant 
Tayde  du  Créateur,  auquel  je  supply,  monsieur  mon  frère, 
vous  donner  avec  santé  très  bonne  et  longue  vie. 

A  Quintin,  le  xxii*  jour  de  septembre. 

Le  plus  que  tout  vostre  antièrement  bon  frère  et  amy, 

Gur  DE  Laval. 

2518.  —  1541-1542,  22  septembre,  Quintin.  —  Lettre 
adressée  par  Guy  XVII  à  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Tré- 
moïlle (Archives  de  la  Trémoïlle). 

A  Madame  ma  seur,  Madame  de  la  Trymoîlle, 

Madame  ma  seur,  j'ay  esté  très  aise  d'avoir  veu  par  ce  que 
m'avez  escript  et  entendu  des  porteurs,  que  monsieur  mon 
frère,  vous  et  mes  nepveuz  et  nyepces  soyez  en  très  bonne 
santé  et  prospérité  et  telle  que  je  la  désire  pour  moy,  bien 
desplaisant  de  ce  que  je  ne  suis  en  lieu  commode  pour  advi- 
ser  à  ce  que  m'avez  mandé,'  et  n'y  aura  faulte  que  je  ne  face 
tout  ce  qu'il  me  sera  possible  à  vous  contanter  pour  le  désir 
et  affection  que  j'ay  à  vous  complaire. 


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—  91  — 

Pryant  Dieu,  madame  ma  seur,  vous  donner  très  bonne  et 
longue  vye. 
A  Quintin,  le  xxii*  jour  de  septembre. 
Le  plus  que  tout  vostre  entièrement  bon  frère  et  amy, 

Guy  de  Laval. 

2519.  — 1541,  V.  s.,  26 janvier,  Paris.  —  Lettres  par  lesquel- 
les Anne  de  Laval,  veuve  de  François  de  la  Trémoïlle,  reçoit 
la  mission  de  gouverner  et  administrer  la  personne  et  les  biens 
de  Louise  de  Coëlivy,  sa  belle  mère  *  (Imprimé  par  M.  le  duc 
de  la  Trémoïlle  dans  Chartrier  de  Thouars^  p*  55) 

2520.  — 1541,  V.  s.,  28  janvier,  Thouars.  —  Note  sur  la  nais- 
sance de  Jean  de  la  Trémoïlle  né  posthume*  (Cartulaire  de 
Chambon,  p.  83). 

Le  28  janvier  1541,  Anne  de  Laval,  veuve  de  François 
de  la  Trémoïlle,  accoucha  d'un  fils  nommé  Jehan.  Parains 
Jehan  de  Lévis,  sieur  de  Mirepoix  et..., et  Jacqueline  de  la 
Trémoïlle,  aisnée  fille  de  ladicte  de  Laval. 

2521.  —  1541,  V.  s.  6  février,  Paris.  —  Lettre  adressée  par 
Guy  XVII  à  Menault  de  Martory.  (B.  N.  français,  3212,28). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans 

Monsieur  mon  compère,  suivant  ce  que  vous  ay  escript  cy 
davant,  je  vous  envoyé  mon  secrétaire  de  Thou  pour  vous 
prier  de  faire  tant  pour  moy  que  de  me  faire  advancer  les  de- 
niers de  la  vente  de  quarante  arpens  de  boys  et  les  bailler  à  ce- 
dit  porteur,  et  vous  me  aurez  fait  plaisir  à  ung  bien  grand 
besoinget,  oultre  que  je  sçay  qu'avez  le  moyen  de  ce  faire, 
vous  pourrez  besongner  avec  les  marchans  en  leur  baillant 
longue  et  raisonable  couppe  et  vuydange  qu'ilz  vous  feront 


1.  Il  y  avait  longues  années  que  l'état  de  Louise  de  Coëtivy 
avait  exigé  sa  mise  en  tutelle,  car,  dès  le  22  octobre  1522.  Fran- 
çois de  la  Trémoïlle  avait  été  nommé  son  curateur  par  aes  let- 
tres publiées  par  M.  le  duc  de  la  Trémoïlle  dans  son  Inventaire 
de  François  de  la  Trémoïlle,  * 

2.  Nous  faisons  subir  à  ce  texte  une  double  rectification  :  d'a- 
bord, le  nom  de  l'enfant  né  posthume  était  Jean  et  non  Guy  ;  M. 
le  duc  de  la  Trémoïlle  l'a  constaté  dans  un  document  qu'il  ne  pu- 
blie pas  (Inventaire  de  1542,  p  176)  ;  ensuite  la  date  est  non  pas 
25  janvier  mais  28  janvier,  car  l'événement  est  mentionné  au  pro- 
cès-verbal de  l'Inventaire  (p.  14). 


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-  92  — 

advance  dcsdcnierfi.  Je  ne  vous  en  feraj^  requeste  d'adventai- 
ge,  me  tenant  asseurô  que  me  vouldrez  ayder  à  eeste  uécea- 
silé  et  bùsoîngf. 

An  demeurant,  j*ay  t^sté  adverty  de  racquisition  faicte  par 
monsieur  de  la  Porte  du  fief  du  Ru.  assis  en  Ib  parroisec 
d^Aulnoy,  mouvant  onplain  tief^  foy  et  hoTiimaige  de  la  sei- 
gneurie de  Colommiers.  Je  vous  prie  de  vouloir  donner  le 
Ijrouffit  de  fief,  si  tant  est  que  vous  n'en  ayez  dispo^ië,  à  mon 
escuyer  Carbosle,  lequel  j'ay  asseuré  en  vostre  endroit  de  cas- 
te deniandeT  et  que  je  recongnoif^tray  le  !?emblal>le  pour  les 
vostres  quant  de  quelque  chose  me  vouldrez  employer,  sup- 
pliant Dieu,  ruonsieurmon  compère,  vous  donner  ce  queplutï 
désirez. 

A  Paris,  co  VI"^"  de  lebvrier  MDXLL 

Munsîeur  mon  compère,  depuis  vous  avair  escript.  j'ai  re- 
eeu  vostre  lettre  suivant  laquelle  je  vous  prie  de  besan^ner 
avec  des  marcbansausquelz  vous  pourrez  bailler  pris,  traict*^ 
et  vuydauge  raisonablo  pour  faïre  advauee  de  l'argent  dont 
je  vous  prie  bien  aiïeclueusement. 

Quant  au  reste  que  m/éeripvez,  j'en  Fera  y  commun  iequer 
avec  le  général  d'Apestuy.  Pour  plus  amplement  entendre 
lafTaire  je  vous  envoyé  une  lettre  que  j'ay  receue  de  monsieur 
de  Châteaubrianl,  qu'il  vous  eseript. 

Vostre  anticVeraenI  b<m  eompèreet  amij  Guy  dh  Laval» 

2522.  —  1541,  V.  s,,  24  mars,  Maillé  -  Acte  par  lequel 
Gilles  de  Laval,  s^eigneur  de  MaïUë,  confirme  loue  les  dons 
faits  iï  la  collégiale  de  Maillé  (Bibliothèque  Sainte  Geneviève, 
ms.  1711). 

2h2Z.  —  1541, V,  s,,  29  mars.  Vitré.—  Lettre  adressée  par 
Guy  XVll  à  Menault  de  Martory  (B.  N. français  3212,  29) 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans 

Monsieur  mon  eompère,  vouf5  s(;avez  que  je  ne  puisjotf 
d'A^^pect  pour  les  em|iesehcmeQHquem'y  fontla  damedeCan- 
dalle,  le  conte  de  Carmaiug  et  la  Ponimerede  ;  et,  parce  que- 
Tii 'avez  d ici  que  me  feriez  ce  plaisir  de  meetre  l'affaire  en  tel 
eslatque  j'en  demourerois  bit^n  togt  possesseur,et  que  le  bail* 
ly  de  Coulommyers  et  le  contreroUeur  du  bois  vuu&  en  au- 
ront faict  entendre  ce  qu'ilz  en  ont  depuis  seu^  je  vous  prye. 


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-93- 

monsieur  mon  compère,  me  adverlir  bien  au  long  de  vostre 
advis  en  ceste  affaire,  pour  que  je  y  pourvoie  et  de  toutes 
autres  choses,  avec  de  voz  bonnes  nouvelles  et  santé,  que  je 
désire  comme  la  myenne. 

Au  demourant,  monsieur  mon  compère,  envoyez-moy  le 
roolle  de  la  coctisacion  du  layz  testamentaire  de  feu  monsieur 
deLautrec,  mon  frère,  auquel  on  aobmis  mon  secrétaire  Mar- 
chant, que  je  pensois  y  feust,  comme  la  raison  veult,  car  si 
on  voulloit  que  ce  que  je  luy  ay  ordonné  pour  le  rembourser 
de  la  despense  qu'il  afaict,  feust  en  déduction  sur  ce  qu'il  luy 
peult  appartenir,  il  y  devoit  estre  mis,  parce  que  n'y  estant 
sa  part  et  colite  tomberoitsur  les  nommez  audit  roolle  et  non 
à  mon  proffîct  ne  au  sien  ;  par  quoy  je  vous  prye  qu'il  y  soit 
mis  et  cotisé,  car  je  sçay  quefeu  mondit  frère  l'entendoit  ainsi 
et  le  dit  dès  lors  à  mondit  secrétaire  qu'il  en  auroit  sa  part 
et  cotité. 

PryantDieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  très  bon- 
ne et  longue  vie. 

A  Vitré,  le  XXIX^jour  de  mars  MDXLI. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  amy,  Guy  de  Laval. 

2524.  —  1542,  25  avril.  -  Naissance  de  Jean  de  Laval, 
comte  de  Maillé  et  de  Joigny,  marquis  de  Nesle  (Note,  Dic- 
tionnaire cP Indre-et-Loire^  IV,  131,  et  du  Chesne,  His^ 
taire,  612). 

2525.  —  1542,  avril.  —  Lettres  d'Anne  de  Laval  à  Louis  111 
de  la  Trémoïlle  (Marchegay,  Lettres  du  XVfi  siècle^  n°  142). 

A  mon  filz  monsieur  de  la  Trémoïlle, 

Mon  filz,  j'ay  veu  les  lettres  que  m'avez  escriptes,  tant 
par  vostre  barbier  que  par  le  messagier  Rochais,  pour  vous 
envoyer  argent,  veu  la  grosse  despence  que  vous  faictes. 
J'ay  faict  assembler  nostre  conseil  et  appeler  le  général, 
lequel  a  monstre  Testât  faict  et  signé  par  nous  deux,  et  dict 
que  scelon  icelluy,  il  vous  a  fourny  la  somme  de  seize  cens 
livres  pour  deux  mois,  et  pour  le  Iroisiesme  mois  qu'il  reste 
huict  cens  livres,  qu'il  vous  envoyé  ;  et  que  de  satisfaire 
uultre  n'est  possible,  veu  mesmement  que  vous  avez  prins 
l'argent  des  boys  de  Sully,  chose  que  je  trouve  bien  estrange, 
d'autant  que  par   ledit  estât  et  la  commission  que  avons 


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-94- 

baillée  à  monsieur  de  Presle  il  devoil  envoyer  l'argent  audit 
général  pour  satisfaire  à  l'ordonnance  de  feu  monseigneur, 
que  vous  estes  bien  tenu  garder  et  observer  ;  veu  aussi  que 
ne  voulez  ratiffier  la  ferme  de  Craon,  au  moyen  de  quoy 
seroit  impossible  audit  général  satisfaire  audit  état  et  à 
vostre  despense  qui  est  par  trop  excessive.  Et  si  vous  voulez 
continuer,  je  serois  contraincte,  pour  moy  et  mes  aultres 
enfans,  demander  ce  qui  nous  appartient,  car  aultrement 
nous  ne  pourrions  vivre  et  acquiter  noz  debtes  et  Tâme  de  feu 
mondit  seigneur,  et  le  tout  s'en  yroit  en  désordre  et  con- 
fusion, qui  viendroit  à  nostre  grand  deshonneur  ;  oultre  ce 
que  je  suys  pressée  tous  les  jours  des  bouchers  et  aultres 
qui  ont  fourny  pour  la  despence  de  céans,  dont  la  debte  se 
monte  plus  de  trois  mile  livres,  ensemble  du  reste  qui  est 
deu  de  la  mise  de  l'obsecque  de  feu  mondit  seigneur,  qui  se 
monte  quatre  mil  livres  ;  et  encores  suys-je  tous  les  jours 
adjournée  pour  les  aultres  debtes  de  feu  mondit  seigneur. 
A  ceste  cause,  mandez  moi  ce  que  avez  délibéré  faire  sur  ce 
tout  ce  que  dessus.  • 

Quant  à  la  vaisselle  d'argent,  on  n'a  sceu  trouver  moyen 
d'y  satisfaire,  à  cause  principallement  du  retardement  desdits 
boys  de  Sully  et  ferme  de  Craon,  et  ne  seroit  honneste  que 
ceux  qui  s'en  sont  meslez  en  fussent  en  payne,  aussi  que 
c'est  frauder  l'intencion  de  mondit  seigneur,  car  vous  sçavez 
qu'il  avoit  baillé  ladite  vaisselle  pour  estre  quitte  de  ce  qu'il 
devoit  à  monsieur  de  Maillé,  et  que  en  cest  intencion  il  a 
esté  appelle  à  Dieu  ;  et  ne  vous  sçaurait  venir  que  tout 
malheur  de  aller  au  contraire. 

Madame  de  Busset  ^  m'a  escript  qu'il  est  nécessaire  que 
vous  faciez  les  hommaiges  des  terres  de  Berry  :  au  Roy 
pour  celles  dont  l'hommage  luy  en  est  deu,  aussi  à  monsieur 
de  Chasteauroux  pour  celles  qui  sont  tenues  de  luy,  s'il  est 
à  la  court,  synon  il  fault  que  vous  passiez  procuracion  pour 
les  luy  faire  ;  ensemble  à  messieurs  de  Saint-Sulpice  de 
[Bourges],  pour  ce  qui  est  tenu  d'eulx  et  que  vous  y  envoyez 
aultrement  les  dommaiges  et  intérestz  en  tomberont  sur 
vous. 

1.  Louise  de  Valentinois,  veuve  de  Louis  II  de  la  TrémoïUe 
s'était,  en  1530,  remariée  à  Philippe  de  Bourbon-Busset. 


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-  95  - 

Le  chastellain  de  Moniaîgu  a  adverty  que  vous  faicies 
expédier  le  don  des  rachapiz  des  terres  de  Bretagne,  et  qu'il 
soyt  emploie  es  lettres  de  Texpédicion  dérogacion  des 
ordonnances  et  aultres  choses  contraires  ;  et  qu'elles  soyent 
expédiées  pour  le  tout,  car  l'on  ne  les  expédierait  aux  comptes 
de  Bretaigne  que  pour  la  moictié. 

En  touchant  les  lettres  qu'il  a  pieu  à  monseigneur  le 
Dauphin  vous  escrire,  pour  trouver  les  tiltres  de  la  maison 
de  Bouloigne,  je  feray  veoyr  au  trésor  de  céans  et  chercher 
ce  qui  s'en  pourra  trouver,  et  vous  en  feray  sçavoir  par  les 
premiers. 

Qui  sera  la  fin,  pour  me  recommander  d'aussi  bon  cueur 
à  vous  que  je  suplye  le  Créateur  vous  donner  l'honneur  et 
bien  que  vous  désire  vostre  bonne  mère. 

Anne  de  Laval. 

Je  ne  me  puys  garder  de  vous  dire  que  je  trouve  merveil- 
leusement estrange  que  vous  ayez,  dez  le  premier  mois, 
commencé  à  faire  si  grant  despence  sans  propos  et  contre 
mon  iutencion,  et  sans  en  estre  besoing  pour  le  service  du 
Roy  ny  de  messeigneurs,  mais  seullement  par  les  chemins, 
pour  vostre  playsir,  dont  je  crains  le  grant  scandalle  qui 
en  pourra  advenir  ;  car  ne  devez  doubter  qu'il  soyt  celé  au 
Roy  et  ailleurs,  dont  vous  ne  serez  que  plus  mal  estimé  ; 
qui  m'est  grand  ennuy,  oultre  ce  que  vous  me  donnez 
occasion  ne  vous  porter  telle  volunté  que  je  vouldrois  bien, 
comme  mère  à  mon  enfant. 

2526.  —  1542,  18  mai.  Vitré.  -  Vente  par  Guy  XVII  à 
Tristan  Dugué  de  partie  du  bois  de  Chevré  (A.  N.,  T  1051**, 
208). 

2527.  —  Vers  1542,  un  18  mai,  Saint-Germain-en-Laye. 
—  Lettre  du  sieur  de  la  Benaislaye  à  Anne  de  Laval,  afin  de 
lui  faire  connaître  que  le  Roi  refuse  les  exemptions  d'arrière- 
ban,  mais  promet  d'intervenir  entre  elle  et  son  fils  aîné 
(Imprimé,  Lettres  du  XVI^  siècle,  n^  100). 

2528.  —  1542,  25  juin,  Montsoreau.  —  Lettre  adressée  par 
Anne  de  Laval-Loué  épouse  de  Philippe  de  Chambes-Mont- 
soreau  à  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Trémoïlle  (Archives  de 
TrémoïUe,  Lettres  des  Montmorency,  46). 


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-   96- 

A  madame^  Madame  de  la  Trymoulle. 

Madame,  monsieur  de  Montsoreau  s'en  va  où  est  le  Roy,  et 
pour  recouvrer  argent,  ilz  a  été  contraint  en  prendre  surung 
lieu  appelé  la  Jallet*,  tenue  de  vous  à  cause  de  la  Roched'Irez, 
et  pour  qu'il  a  voulunté  de  le  retirez  il  vous  supplie  très 
humblement,  madame,  qui  vous  plaise  n'en  voulloir  prandre 
les  ventes  du  sieur  du  Boys  [Dauphin],  acquéreur  d'icelluy  ; 
et  sy  vous  nous  faictes  ce  bien  à  mondict  seigneur  de  Mont- 
soreau et  à  moy,  vous  nous  obligerez  tousjours  de  plus  en 
plus  à  vous  faire  service. 

Et  en  ceste  endroit  vous  présentes  mes  très  humbles  recom- 
mandacions  à  voslre  bonne  grâce,  prient  Nostre  Seigneur, 
madame,  vous  donner  très  bonne  vie  et  longue. 

De  Montsoreau,  ce  XXV"  de  juing. 

Voutre  très  humble  et  obéysante  cousyne,  Annb  de  Laval. 

2529.  -  1542,  30  juin,  Craon.  —  Minute  de  la  réponse 
adressée  par  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Trémoïlle,  à  Anne  de 
Laval-Loué,  dame  de  Montsoreau,  en  réponse  à  sa  demande 
du  25  juin  écrite  au  dos  de  celle-ci  (Archives  de  la  Tré- 
moïlle). 

Ma  cousyne,  j'ay  receules  lettres  que  m'avez  escriptes  etfe- 
ray  voluntiers  retarder  la  poursuicte  des  ventes  qui  me  sont 
/dues  de  la  Jaillette  jucquesà  la  Toussaint,  et  pour  ce  que  mes 
gens  m'ont  advertie  qu'il  m'est  deu  d'autres  ventes  à  cause 
de  mes  moulins  de  la  Humebaudière,  je  vous  prye  m'en  faire 
faire  la  raison,  car  vous  pouvez  penser  que  je  ne  suys  sans  affai- 
res bien  grans  etseroysbien  ayse  que  ce  fust  sans  différend  et 
moyen  de  procès,  car  je  n'en  désire  avoir  mesmement  à  l'en- 
droit de  mesamys,  du  nombre  desquelz  je  vous  extime  *. 

2530.  —1542,  10  juillet,  Rethel.—  Acte  de  René  de  Laval, 
procureur  de  Guy  XVII  et  de  Claude  de  Foix»  (A.  N.,  T 189"). 

2531.  —  1542,  15  décembre.  Vitré.  —  Mandement  de  Guy 
XVII  prescrivant  le  paiement  d'un  à-compte  de  cent  cinquante 

1.  La  Jaillette  en  Louvaines  (Maine  et  Loire). 

2.  En  note,  à  roriginal  :  «  Au  lieu  de  Craon,  par  Madame  à 
mademoiselle  de  Montsoreau,  le  derrenier  jour  de  juing  MDXLII  ». 

3.  C'est  cet  acte  qui  possède  les  sceaux  dessinés  sous  les  nu- 
méros 166  et  167. 


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176.  —  Galerie  du  Château  de  Laval. 


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-ÔÔ- 

sept  livres  dix  sous  à  Jean  Garnyer,  maître  maçon,  à  valoir 
sur  la  somme  à  lui  promise  pour  les  travaux  du  château  de 
Laval*  (Bibl.  de  Laval.    Documents    Couanier  de  Launay). 

Guy,  conte  de  Laval,  de  Montfort,  Quintin,  Commynge, 
Rothelays  et  Beaufort  en  Champagne,  vicomte  de  Rennes, 
de  Fronsac  et  de  Lautrec,  sire  de  Vitré,  de  la  Roche,  à  vous, 
maistre  Eustache  Leverrier,  l'un  de  nos  ihésoriers,  mandons 
bailler  et  délivrer  à  Jehan  Garnyer,  nostre  maistre  maczon,  la 
somme  de  sept  vingts  dix  sept  livres  dix  sols  tournoys  sur 
les  deniers  que  debvez  fournir  à  nos  très  chères  et  amées 
niepces,  mes  damoiselles  de  Hieux,  suyvant  Testât  à  vous  en 
faict  en  Tannée  présentement  courrant  et  nonobstant  icelluy 
estât,  auquel  dérogeons  par  ces  présentes.  Pour  icelle  somme 
estre  mise  et  employée  par  ledit  Garnyer  en  la  construction 
et  édiffication  de  nostre  chastel  dudit  Laval  et  déduicte 
audit  Garnyer  sur  les  deniers  que  avons  promiz  luyiournir. 

Et  par  vous,  rapportant  ces  présentes  avec  quittance 
dudit  Garnyer  de  ladite  somme,  vous  vauldra  mise  clere  à 
votre  prochain  compte  par  nos  amés  et  féaux  les  auditeurs 
de  controUe  ;  auxquels  mandons  ainsi  le  faire  sans  difficulté, 
car  tel  est  nostre  plaisir . 

Donné  à  Vitré,  sous  nostre  seing  et  scel  d'armes,  le  XV*  jour 
de  décembre  Tan  MD  XLII  : 

Guy  de  Laval. 

2532.  —  1542,  29  décembre,  Montjean.  —  Lettre  adressée 
par  Claude  le  Foix  à  Anne  de  Laval,  douairière  de  la  Tré- 
moïlle  (Archives  de  la  TrémoîUe). 

A  madame  ma  seur^  madame  de  la  Trimoulle, 

Madame  ma  seur,  pour  ce  que  suys  seure  que  serez  bien 
aysze  d'entendre  des  nouvelles  de  monsieur  vostre  frère  et 
des  myennes,  y  sont  bonnes,  la  grâce  à  Dieu,  et  somme 
ariver  à  ce  soyr  en  ce  lieu  de  Monjen,  là  où  nous  serons 
jusque  à  lundict  ou  mardict,  et  puys  après  nous  an  yrons  à 


1.  On  reproduit  ici  la  photographie  prise  par  M.  Tabbé  Chelle 
et  qui  au  Èulletin  de  la  Mayenne  (1900,  page  426)  accompagne  le 
travail  de  M.  Jules-Marie  Richard  intitulé  .  Deux  documents  rela- 
tifs au  château  de  Laval,  1542  et  1631.  Le  document  de  1542  n'est 
autre  que  notre  2531  et  la  galerie  du  château  est  la  construction 
qui  a  donné  lieu  au  mandement  de  Guy  XVII. 


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—  99  — 

Laval,  quy  me  faici  vous  suplyé  nous  faires  ce  bien  et 
honneurs,  madame  ma  seur,  de  nous  venyr  voyrs  après 
que  vous  avez  lésez  vostre  grantdeull,  car  y  me  senble  que 
ne  serez  jamais  en  mon  naisze  que  je  n'es  céhens  de  vous 
voyrs  pour  m'onfry  à  vous  faire  plaisir  et  servyce,  car  vous 
n'avez  jamais  seur  quy  vous  en  veule  plus  faire  que  moy, 
quy  vous  suplye  enfin  le  croyre  et  de  me  tenyr  en  vostre 
bonne  grâce,  à  laquelle  humblement  me  recommande. 
Madame  ma  seur,  monsieur  vostre  frère  est  venu  à  la  fin 
de  ma  lettre  quy  m'a  recommander  de  vous  faire  ses  recom- 
mandantcion  bien  fort  et  de  bon  ceur  à  vostre  bonne  grâce. 

Je  prye  Dieu,  madame  ma  seur,  vous  donner  bonne  vye 
et  longue. 

A  Monjant,  ce  XXVIIII"*®  de  décembre. 

De  celle  que  trouverez  à  jamais 

Vostre  humble  et  obéissante  seur  :  Claude  de  Foix. 

2533.  —  1542.  —  Etat  des  terre»  du  domaine  des  la 
Trémoïlle  faisant  l'objet  des  douaires  ^Imprimé  :  Les  la  Tré- 
moîlle  pendant  cinq  siècles^  III,  96). 

..  Madame  Anne  de  Laval,  mère  de  Monseigneur,  vefve 
de  feu  monseigneur  François  de  la  Trémoïlle,  tient  par 
douaire  la  baronnie  de  Craon  en  Enjou,  vallant  de  troys  à 
quatre  mille  livres  de  rente. 

2534.  -  1542.  —  Guy  XVII  et  Claude  de  Foix  s'obligent 
à  décharger  Jean  de  Laval-Châteaubriant,  leur  oncle,  des 
dettes  de  Françoise  de  Foix  (note,  B.  N.,  français,  22331, 
241). 

2535.  —  1542,  v.  s.,  22  janvier.  —  Comparution  devant  le 
Parlement  de  Richard  Perreau,  appelant  du  bailli  de  Saint- 
Verain  contre  Guy  XVII,  seigneur  de  Saint- Verain,  et  ses 
serviteurs  (A.  N.,  X**)s. 

25^6.  —  1542,  V.  s.,  11  février.  -  Décès  de  Jean  de  Laval- 
Châteaubriant  (note,  B.  N.,  français,  22  831,  232). 
MDXLII,  III  idus  februarii.      Dominus  Johannes  de  Laval. 

2537.  —  1542,  v.  s.,  25  février,  Fontainebleau.  —  Lettres 
par  lesquelles  François  1°^  confère  au  duc  d'Etampes  l'office 
de  gouverneur  de  Bretagne,  vacant  par  le  décès  de  Jean  de 
Laval-Châteaubriant  (Imprimé,  dom  Morice,  III,  1045J. 


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—  lOÔ  — 

2538.  —  1543,  n.  s.,  25  mars,  Anay.  —  Lettre  de  Renée 
de  Rieux.  —  la  future  Guyonne  de  Laval  —  adressée  à  Anne 
de  Laval,  dame  de  la  Trémoïlle  (Marchegay,  Lettres  du 
XVI"^  siècle,  n^i03). 

A  madame  ma  tante^  madame  de  la  Trémoïlle, 

Madame  j'é  fait  se  que  me  avés  mandé,  comme  vous 
poura  dire  se  porteur  ;  et  suis  bien  marie  qui  ne  peut  an- 
porter  ovecque  luy  la  dépesche.  mes  je  ne  l'esseré  ungcon- 
tinant  que  je  Taré  vous  l'anvouréz  et  j  é  etseperance,  ovecque 
le  tantz,  de  vous  faire  connestre  Tanvie  que  j'é  de  vous  faire 
servisse,  et  là  où  me  ferés  se  bien  de  m'anpliés  vous  le 
connestre.  Madame  Taupes  a  fet  pour  vous  se  que  luy  et 
dit,  et  se  recoumande  à  vostre  bonne  crasse  ;  et  me  semble 
que  ferés  bien,  par  les  premié,  luy  etcryre  comme  vous  la 
remersiez. 

Je  ne  vous  feré  plus  longue  lettre,  après  vous  avouer 
présantée  mes  humbles  recoumandasionz  à  vostre  bonne 
crasse,  et  seuplier  Dieu,  madame,  vous  donner  très  bonne 
vie  et  longue. 

De  Anay,  sexxv*de  mars. 

Vostre  humble  et  obéissante  nyesse  et  fille, 

Renée  de  Rieux. 

2539.  —  1543.  31  mars,  Coulommiers.  —  Acte  par  lequel 
Guy  XVII  donne  à  l'évêque  de  Conserans  récépissé  de 
l'original  du  don  fait  à  Henry  de  Foix  par  M,  de  Chàteau- 
briant  (original,  B.  ^,,  français,  3212,  33). 

Nous  Guy,  conte  de  Laval,  confessons  avoir  receu  de  nostre 
très  cher  et  très  amé  messire  Menault  de  Marthory,  évesque 
de  Coserans,  l'original  des  lettres  de  la  donation  faicte  par 
feu  nostre  très  cher  et  très  amé  oncle,  le  sieur  de  Chasteau- 
briant,  à  Henry  monsieur  de  Foix,  nostre  très  cher  beau  frère, 
de  la  somme  de  quatre,  mil  livres  de  rente,  monnoye  de 
Bretaigne,  et  de  tous  ses  meubles,  dont  Ten  avons  deschargé 
et  deschargeons  par  la  présente  signée  de  nostre  main. 

A  Colomniers  en  Brye,  le  dernier  jour  de  mars,  l'an  mil 
cinq  cens  quarante  trois,  après  Pasques. 

Guy  de  Laval.  De  Thou. 

2540.  —  1543,  l*' juin.  —  Arrêt  par  lequel  le  Parlement 


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—  101  — 

décide  contre  la  dame  d'Acigné  que  le  connétable  jouirait 
par  provision  de  ceux  des  fiefs  de  la  succession  de  Jean  de 
Laval-Châteaubriant  que  celui-ci  avait  désignés  (note,  du 
Chesne,  Montmorency,  preuves,  284). 

2541.  —  1543,  25  juin,  Maillé.  —  Naissance  d'Anne  de 
Laval-Maillé,  seconde  fille  de  Gilles  II  et  de  Louise  de  Sainte- 
Maure,  lac[uelle  épousa  un  jour  Claude  de  Chandiau,  sei- 
gneur de  Bussy  (note,  Dictionnaire  d Indre-et-Loire,  IV,  131, 
et  du  Chesne,  Histoire,  611) 

2542.  —  1543,  8  septembre,  Dinan.  —  Lettre  adressée  par 
Guy  XVII  à  Anne  de  Laval,  douairière  de  la  Trémoïlle  (au- 
tographe, archives  de  la  Trémoïlle). 

A  madame  ma  seur,  madame   de  la  Trémoïlle, 

Madame  ma  sœur,  monsieur  de  la  Trémoïlle,  vostre  tilz, 
dès  le  moys  de  janvier  dernier,  en  ma  faveur  et  à  la  requeste 
du  seigneur  de  Fourneaulx,  Tun  de  mes  gentilzhommes.  don- 
na permission  au  seigneur  de  la  Roue  de  faire  en  Téglise  par- 
rochial  de  Sainct-Bonner  de  Fontaines  Couverte  ung  bancq 
au  lieu  plus  éminant  du  cueur  de  la  dicte  église  et  tel  qui 
peult  appartenir  au  dict  seigneur  de  la  Trémoïlle  comme  fon- 
dateur d'icelle,  où  seroient  ses  armes  et  au  dessoubz  d'icelle  [s] 
celles  du  dict  seigneur  de  la  Roue,  et  oultre  a  permis  en  son 
absence,  et  de  ses  successeurs  barons  de  Craon,  d'avoir  tous 
les  droictz,  prérogatives  et  prééminances  que  luy  peuvent 
comme  fondateur  d'icelle  église  appartenir,  et  de  y  faire  et 
mectre  au  dessoubz  de  sa  lictre  une  autre  lictre  aux  armes 
du  dict  seigneur  de  la  Roue,  sans  pour  Tadvenir  aller  au 
contraire  d'icelle  permission  et  à  autre  d'avoir  droict  au  cueur 
d'icelle  église. 

Je  vous  supplye,  madame  ma  sœur,  soubz  Tasseurance  que 
me  suys  donnée  que  vouldriez  autant  faire  pour  moy  que  le 
dict  seigneur  de  la  Trémoïlle,  de  donner  pareille  permission 
au  dict  seigneur  de  la  Roue,  pour  l'intérest  que  vous  y  avez 
et  en  tant  que  à  vous  touche  comme  dame  usufruictière  de  la 
dicte  barronnye  de  Craon,  ne  vous  requérant  d'aultre  chose, 
synon  que  l'amitié  et  bonne  volunté  que  me  portez  soyt 
augmentée  pour  la  recommendation  que  vous  faictz  pour  le 
dict  seigneur  de  la  Roue,  qui  me  sera  ung  bien  grant  plaisir. 


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-  102  — 

En  suppliant  Dieu,  madame  ma  seur,  après  m'estre  bien 
afectueusement  recommendé  à  vostre  bonne  grâce,  vous  don- 
ner en  santé  bien  bonne  et  longue  vye. 

A  Dinan,  ce  viii™«  de  septembre  MDXLIII. 

Vostre  entièrement  bon  frère  et  milleurami  :  Gdy  de  Laval. 

2543.  —  1543,  9  septembre,  Vitré.  —  Lettre  adressée  par 
Claude  de  Foix  à  Anne  de  Laval,  douairière  de  la  Trémoîlle 
(Archives  de  la  Trémoîlle). 

A  madame  ma  seur,  madame  de  la  Trymoîlle 

[Ma]  dame  ma  seur,  j'envoye  ce  gentilhomme  devers  vous 
pour  avoir  de  voz  nouvelles,  que  je  vous  désire  d'aussi  bonne 
santé  et  prospérité  que  pour  ceste  heure,  grâce  à  Dieu,  sont 
les  myennes.  Parquoyje  vous  pry  par  luy  m'en  mander 
bien  au  long  et  vous  me  ferez  très  grant  plaisir. 

Au  demeurant,  madame  ma  seur,  j'ay  entendu  que  monsieur 
de  Laval,  vostre  frère,  vous  escript  touchant  la  permission 
que  M.  de  la  Trémoîlle,  votre  fîlz,  a  donnée  à  M.  de  la 
Roë  en  faveur  de  mon  dit  seigneur,  vostre  frère,  et  à  la  re- 
queste  du  sieur  de  Fourneaulx,  l'un  de  ses  gentilzhommes,  de 
faire  en  l'église  parrechial  de  Fontayne  Couverte  ung  banc 
au  lieu  plus  émynent  du  cueurde  la  dite  église,  tel  qu'il  peult 
apartenir  à  mon  dit  seigneur  de  Ja  Trimoylle  comme  fonda- 
teur dicelle  église,  auquel  banc  seront  apposées  ses  armes, 
etaudessoubz  celles  du  dit  sieur  de  la  Roë,  et  davantaige 
avoir  celuydela  Roô,  en  absence  de  mon  dit  seigneur,  vostre 
filz,  baron  de  Cran,  en  la  dite  église  touz  les  droiz,  préro- 
gatives et  préémynences  qui  luy  peuvent  comme  fondateur 
dicelle  apartenir,  et  de  y  faire  et  mectre  au  dessoubz  de  sa 
listre  une  aultre  listre  de  ses  armes,  sans  que  pour  l'advenir 
personne  puisse  aller  au  contraire  d'icelb  permission  ny  aul- 
tre droit  au  cueur  dicelle  église.  Kipour  ce,  madame  ma  seur, 
que  vous,  comme  usufruciuaire  de  la  dite  baronnye  de  Cran,  y 
avez  intérestz,  et  qu'il  me  samble  que  vostre  consentement  y 
doibt  bien.. . .  est,  je  vous  supplye  en  faveur  de  mon  dit  seigneur 
vostre  frère,  et  de  moy,  et  à  la  requeste  du  dit  Fourneaulx. 
le  y  donner  et  accorder  ladite  pareille  permission  au  dit  sieur 
de  la  Roë,  et  vous  lui  ferez  honneur  et  grâce. 

Qui  est  l'endroit  où  je  me  recommanderay  à  la  vostre  humble- 


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—  103  — 

ment,  en  pryant  Dieu,  madame  ma  seur,  vous  donner  bonne 
vie  et  longue. 

De  Vitré,  ce  ix*  jour  de  septembre. 

Votre  humble  et  obéissante  seur,  Claude  de  Foix. 

2544.  -  1543,  9  octobre.  — Sentence  de  mise  en  curatelle 
de  Mathieu  d'Averton,  seigneur  de  Perray  ;  Gilles  de  Laval, 
baron  de  Maillé,  figure  au  nombre  des  parents  présents  (Note, 
Bulletin  de  la  Société  d' agriculture.., de  la  S arthe,  XXXII, 
99). 

2545.  — 1543,  5  décembre.  —  Autorisation  donnée  à  Claude 
le  May,  à  la  fois  de  faire  deux  piles  et  deux  trousseaux  aux 
armes  de  Guy  XVII et  de  Claude  de  Foix,  et  deux  trousseaux 
aux  armes  des  maîtres  d'hôtel  du  roi  (Note  imprimée,  Annu- 
aire de  la  Société  française  de  Numismatique^  1888,  p.  453). 

5  décembre  1543  —  Il  a  été  permis  à  Claude  le  May,  tail- 
leur de  lamonnoye  de  Paris,  défaire  deux  pilles  et  deux  trous- 
seaux aux  armes  de  Monseigneur  et  de  madame  de  Laval  : 
une  pille  aux  armes  du  roi  en  targe,  avec  deuz  trousseaux  aux 
armes  de  deux  des  maistres  d'hostelz  ordinaires  de  la  maison 
du  Roy. 

Le  tout  monnoyer  gectons  d^argent  et  de  laton . 

2546.  —  1543.  —  Aveu  d'Anne  de  Laval  pour  Kergorlay, 
paroisse  de  Spézet  (Archives  de  la  Loire-Inférieure,  B. 
1079). 

2547.  —  1543.  —  Note  dans  laquelle  Ambroise  Paré  raconte 
comment  il  fut  emmené  jusqu'à  Landernau  par  messieurs  de 
Rohan  et  de  Laval,  que  le  roi  y  envoyait  afin  de  s'opposer  à 
la  descente  que  les  Anglais  se  proposaient  d'y  faire.  (In  ex- 
tenso. Revue  de  liretagne,  1889*,  209,  d'après  Œuvres  dAm^ 
broise  Paré,  1641,  p.  783,  et  1843,  III,  692). 

2548.  —  1543.  —  Le  sire  de  Montmorency  obtient  du  roi 
que  les  habitants  du  comté  de  Montfort,  sujets  de  Guy  XVII, 
seraient  exempts  de  la  justice  de  Ploërmel  (Note,  B.  N., 
français  22319,  151) 

2549.  —  Vers  1543.  —  Lettre  de  la  reine  de  Navarre  à  An- 
ne de  Laval  au  sujet  du  différent  qui  existait  entre  celle-ci  et 
Louis  m  de  la  Trémoïlle,  son  fils  aîné  (Imprimé  par  M.  le 
ducdela  TrémoïlledansC'Aarrrierrfe  Thouars,  p.  72). 


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—  104  - 

2550.  —  Vers  1543.  —  Lettre  de  la  reine  de  Navarre  à  An- 
ne de  Laval  au  sujet  de  la  requête  que  celle-ci  se  proposait 
de  déposer  contre  Louis  III  de  la  TrémoïUe,  son  fils  aîné  (Im- 
primé par  M.  le  duc  de  la  TrémoïUe  dans  Chartrier  de 
Thouars,  p.  73) 

2551.  —  1538-1546,  26  août,  Paris.  —  Lettre  adressée  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  deMartory  dans  laquelle  elle  mem- 
tionne  son  état  de  grossesse  (autographe,  B.  N.  français^  3312, 
113. 

A  monsieur  mon  conpère^  monsieur  de  Conzerans 

Monsieur  mon  conpère,  je  vous  veux  bien  advertyr  com- 
me monsieur  et  moy  partyrons  mardict  procher  pour  aler  à 
Chanstyly  voir  M.  le  connestable,  et  délia  nous  départyrons, 
carmondictsieur  va  en  Chanpaigne  et  moy  je  pranderez  le 
chemain  du  Mans,  car  je  voyrs  faire  mes  couche  à  Laval  :  je 
ne  reviendrez  poinct  en  ceste  ville.  Je  suys  bien  fort  marye 
que  je  ne  vous  puys  voyrs  avant  mon  partement  pour  vous 
donner  asurance  de  bouche  que  vous  n'ayez  poinct  une 
milleure  conmère  ny  amye  que  moy  ne  quy  vous  aime 
plus  que  je  foys,  m'estimant  hureuse  sy  j'avoyrs  le  moyen  de 
faire  quelque  bonne  chose  pour  vous  comme  j'é  la  vouUanté 
de  faire  toute  ma  vye. 

Je  vous  changerez  ce  propors  pour  vous  dire  que  j'é  entendu 
que  vouller  tans  faire  pour  moy  de  me  donner  cinq  cens  es- 
cuz  pour  mes  couche.  Sy  vous  faicte  cella,  vous  m'obligerez 
de  plus  en  plus  à  vous,  car  je  vous  asure  que  j'an  aurai  bien 
à  faire  tans  pour  mon  petit  enfans  que  pour  moy,  lequel  remue 
souvent  ;  mais  il  vaudrez  myeux  que  mes  les  envoyezsiez  ysy 
que  audict  Laval,  pource  que  ce  vous  serez  double  dépance, 
et  ausy  que  je  suys  en  bonne  ville,  où  je  trouverez  myeux  touz 
ce  quy  me  faudra  et  plus  à  propors  que  ailleurs. 

Vous  me  manderez  par  ce  laquays  se  que  en  n'avez  dély- 
bérez  de  faire  avesque  de  vos  nouvelles,  mais  je  vous  prye 
le  dépêcher  de  sy  bonne  heure  quy  soyt  dymanche  ysy,  com- 
me je  luy  ay  commander. 

Je  ne  vous  direz  rien  du  procès  pource  que  je  suis  seure  que 
savez  bien  en  quelle  dysposion  yl  es. 

Sy  ne  léserez  à  vous  mander  quy  sera  vuydez  demain  ou 


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^  105  — 

lundict  au  plus  tard,  quy  est  Tendroyct  où  je  me  recommen- 
derez  bien  fort  à  vostre  bonne  grâce. 

Je  ppye  Dieu,  monsieur  mon  conpère,  vous  tenir  en  ausy 
bonne  santé  comme  je  suys  de  ceste  heure. 

A  Parys,  ce  xxvi"**  d'oubz,  de  celle  que  trouverez  pour  ja- 
mais 

Votre  bonne  conmere  et  parfaicte  amye, 

Claude  de  Foix. 

Monsieur  est  aryvér  à  la  fin  de  ceste  lettre,  quy  m'a  com- 
mander vous  faire  ses  recommadasions  bien  fort  à  vostre  bon- 
ne grâce. 

2552.  —  1538-1547,  31  octobre,  Paris.  —  Lettre  adressée 
par  Guy  XVII  àMenault  de  Martory  (Original,  B.  N.,  fran- 
çaU,  3212,  44). 

A  monsieur  mon  compère^  Monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  la  présente  sera  pour  vous  dire 
que  j'arrive  hier  et  que  je  me  suis  trouvé  d'un  reume,  qui 
m'a  laissé,  et  me  trouve  très  bien  à  présent,  Dieu  mercy  : 
priant  Dieu  que  ainsi  soit  de  vous. 

Je  partiré  mercredy  pour  aller  veoir  monsieur  le  connesta- 
ble,  où  je  vous  pry  m'escripre  de  voz  nouvelles  par  le  secréc- 
taire  Jhérosme,  qui  vous  yra  veoir  de  ma  part 

Cependant  je  vous  pry  veoir  une  lettre  que  m'escript  mon- 
sieur d'Esparros,  et  m'envoyer  par  escript  la  responce  que  je 
luy  doibs  faire  et  vostre  advis  et  bon  conseil  par  mondit 
secréctaire,  auquel  j'ay  donné  charge  de  vous  en  communic- 
quer  ensemble  de  tous  mes  autres  afîaires,  où  vous  pry  de 
tout  mon  cueur  y  faire  comme  avez  tousjours  bien  faict  jus- 
ques  icy  et  je  vous  en  demoureray  de  plus  en  plus  vostre  très 
atenu,  et  si  me  trouverez  à  jamais  affairé  pour  vous  comme 
pour  moy,  aidant  le  Créateur,  auquel  je  pry,  monsieur  mon 
compère,  vous  donner  très  bonne  et  longue  vie. 

A  Paris,  le  dernier  jour  d'octobre. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  mileur  ami. 

G  UT  DE  Laval. 

2553.  —  1538-1547,  19  novembre,  Paris.  —  Lettre  écrite 
par  Guy  XVII  à  Menault  de  Martory  ^B.  N.,  français, 
3212,  46). 


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-  106  — 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  entendu  par  mon  secréctaire 
Marchant  tout  ce  que  m'avez  mandé  par  luy,  dont  je  vous 
remercye  de  bien  bon  cueur,  mesmes  de  ce  que  avez  faict 
pour  moy  et  avez  vouUoir  de  le  continuer  ensemble  de  venir 
en  ceste  ville,  après  avoir  entendu  l'arrivée  de  monsieur  le  pré- 
sident de  Thou,  pour  donner  ordre  en  mes  affaires,  dont  je 
vous  prye  très  affectueusement,  après  que  serez  bien  disposé 
de  vostre  rume,  et  ne  feust  que  je  m'en  voys  trouver  monsieur 
le  connestable,  je  vous  eusse  prié  de  venir,  qui  sera  quant  il 
vous  plaira  ;  car  quant  je  seray  adverty  de  vostre  arrivée,  je 
mectray  peyne  vous  venir  veoir  pour  vous  dire  chose  que  je 
ne  vous  puys  escripre,  vous  priant  me  mander  souvant  de 
voz  nouvelles. 

Priant  Dieu  vous  donner,  monsieur  mon  compère,  en  santé 
bonne  et  longue  vye. 

A  Paris,  ce  xix"  novembre. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  mileur  ami. 

Guy  de  Laval. 

2554.  —  1540-1546,  21  décembre,  Laval.  —  Lettre  écrite 
par  Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (Autographe,  B.  N., 
français,  3212,  109). 

A  monsieur  mon  compère,  monsieur  de  Conzerans, 

Monsieur  mon  compère,  vous  estymant  l'un  de  mes  myl- 
leurs  amy  et  servyteur,  je  m'adrese  pryvement  h  vous  pour 
vous  dire  l'ennuyt  grant  que  je  porte  de  me  voyrs  à  la  nésesy- 
tez  d'argent  comme  je  foys,  comme  celuy  que  j'esepère  quy 
me  secourera,  voyant  la  grande  amytié  que  vous  avez  portée 
à  feu  monsieur  mon  frère  *  et  que  m'avez  asurée,  n'ayant  moin- 
dre afesion  de  me  faire  servyce  que  à  luy  quant  yl  esteyt  en 
vye,  quy  me  faira  vous  pryez,  mon  compère  mon  amy,  de  me 
recouvruer  six  cens  escuz  soullent,  car  il  les  doyt  en  ceste 
vylle,  pour  ses  menus  plaisir,  et  j'é  prorays  de  les  poyez  en 
ce  novel,  ou  bien  touz  après,  que  ne  puys  faire  sens  vostre 
bon  moyen,  et  l'asurance  grande  que  j'ay  que  me  les  envoy- 
rez  m'a  faict  leurs  pourmaistre,  car  y  ne   m'es   pocyble  les 

1.  Henri  de  Foix,  mort  le  20  septembre  1540. 


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—  107  — 

reconvruer  aleiurs,  voyant  que  nous  adevonz  tans,  Monsieur 
etmoy,  mais  sy  vouliez  tans  faire  pourmoydeme  les  envoyez 
par  ung  de  voz  gens,  vous  serez  cause  de  m'ostez  d'un  grant 
ennuyt  et  peynne  ;  et,  quant  nous  serons  hort  de  toute  noz 
afaires,  mondict  sieur  et  moy,  je  les  vous  randrerez,  et  en 
sependens  je  vous  donnerez  telles  suretez  quy  vous  plaira. 

Monsieur  mon  compère,  je  vous  prye  que  personne  du 
monde  n'entendre  que  je  vous  est  escrit  ceste  lettre  que  vous 
et  moy,  et  de  la  brûler  d'osy  touz  que  l'avez  veue,  car  j'eme- 
roys  mieux  moury  que  non  le  sus  ;  et  sy  vous  m'envoyez  ung 
de  voz  gens,  dicte  luy  bien  quy  die  que  vous  l'envoyez  sanvoyr 
de  mes  nouvelles,  et  quy  se  grade  bien  de  dire  qu'y  les  veu 
mon  laquays,  ny  quy  n'aporte  de  l'argent. 

Je  vous  direz  plus  rien  synon  que  ma  santé  est  bonne,  quy 
est  l'endroyt  où  je  me  recommander  bien  fort  à  vostre  bonne 
grâce. 

Je  prye  Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner  ce  que 
désirez,  et  vous  dépêcher  ycontynant  ce  laquays  pour  s  en 
revenyr  devers  moy  et  me  mander  par  luy  sy  vous  m'envoyez 
de  voz  gent  avesque  luy  quant  ses  que  me  l'anvoyez  et  quant 
que  quant  sy  vous  m'envoyrez  par  luy  la  sommes  d'argent  que 
je  vous  demande  par  ceste  lettre.  Je  vous  prye  ausy  de  me 
mander  bien  au  long  de  vostre  santé. 

A  Laval,  ce  xxi**  de  décembre,  de  celle  que  trouverez  pour 
jamais 

Vostre  bonne  commère  et  parfaicte  amye. 

Claudb  de  Foix. 

2555.  —  1540-1546,  un  23 décembre.  Vitré.  —  Lçttre écrite 
par  Claude  de  Laval-Bois-Dauphin  à  Anne  de  Laval  (Archi- 
ves de  la  TrémoïUe,  Lettres  des  Montmorency,  fol.  49). 

A  madame^  madame  de  la    Trimouille, 

Madame,  le  commancemant  de  ma  lectre  sera  de  vous 
suplyer  très  humbJemantme  vouUoyr  pardonner  si,  en  venant 
devers  monsieur  votre  frère,  j'ay  ne  vous  suys  allé  rendre 
l'auhbéissance  que  je  vous  doips  toute  ma  vie,  et  fault,  madame, 
que  je  vous  die  queauchuns  affayres  de  mondil  signeur  vostre 
frère,  ausqueux  il  m'a  fallu  promptemant  pourvoyr,  m'ont 
faict  venir  plus  tost  que  je  n'avoys  delliberé.  et  si  eust  estez 
cause  d'ung  grant  mal  pour  moy^  m'ayant  faict  perdre  ung 


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—  108  - 

peu  de  réputation  d'à  estre  bon  mary  pour  n'avoyr  séjourné 
en  mon  menaje  que  dix  jours  *  ;  mais  monsigneur  vostre  frère 
a  envoyé  quérir  ma  femme  à  celle  fin  de  me  retenir  plus  lon- 
guemant  avecques  luy.  C'est  grand  dommaje,  madame,  que 
l'honneur  qu'il  me  faict  ne  s'adresset  à  quelcque  plus  abille 
homme  que  moy  ;  loutteffoys,  madame,  que  la  bonne  voulunté 
de  quoy  je  me  amployray  toute  ma  vie  à  son  cervice  et  au 
vostre  fera  excuzer  beaucoup  des  ingnorances  que  je  i  pouroys 
commectre. 

Madame,  vous  me  commanderez  s'il  vous  plaist  l'endroict 
là  où  il  vous  playra  que  je  vous  face  cervice  pour  m'iamployer 
d'aussi  bon  ceur  que  je  présente  mes  très  humbles  et  affec- 
tionnées recommandations  à  vostre  bonne  grâce,  et  que  je 
suplye  le  Créateur  vous  donner,  madame,  en  parfaicte  santé, 
très  bonne  et  longue  vie 

De  Vitré,  ce  xxiii*  de  décembre. 

Vostre  très  humble  et  très  obéyssant  serviteur. 

Claude  de  Laval. 

2556.  —  1540-1547,  8  mars,  Blois.  —  Lettre  écrite  par 
Guy  XVII  à  Menaultde  Martory  (B.  N.,  français,  3212,  35). 

A  monsieur  mon  compère,  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  fait  dépescher  les  lettres  de 
l'usuffruict  de  Coulonniers,  lesquelles  vous  envoyé  par  mon 
secrétaire  de  Thou,  auquel  ay  donné  charge  vous  faire  enten- 
dre la  dépesche  que  veulx  estre  faicte  pour  la  ferme  de  Chap* 
pelaines  et  autres  choses  concernans  ladite  terre,  toutesfoys, 
avec  vostre  bon  advis  et  de  messieurs  les  présidents  de  Thou, 
de  Cely  et  bailly  de  Coulomniers,  ausquelz  j'escriptz,  vous 
priant,  monsieur  mon  compère,  (mais  c'est  très  affectueuse- 
ment), de  continuer  en  la  bonne  volunté  en  laquelle  nous  som- 
mes départiz,  et  de  ma  part  me  trouverez  à  jamais  affectionné 
à  vous  faire  plaisir  d'aussi  bon  cueur  que  veois  supplier  Dieu 
vous  donner,  monsieur  mon  compère,  en  santé  très  bonne  et 
très  longue  vie. 

A  Bloys  ce  viii"®  jour  de  mars. 


1.  C'est  le  11  avril  1540  qu'eut  lieu  le  mariage  de  Claude  avec 
Claudine  de  la  Jaille.  veuve  de  Guy  de  Laval- Lezay  (Voir  dont 
Ponteneau,  XXXVI,  709). 


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—  109  — 

Monsieur  mon  compère,  depuis  vous  avoir  escript,  madame 
de  Nevers  ro'a  pressé  d'escripre  à  monsieur  le  président  de 
Thou  de  nous  mettre  d'accord  touchant  la  succession  de  feu 
monsieur  Tévesque  de  Nevers  *,  suivant  ce  qui  a  esté  accordé 
à  Fontainebleau  ;  ce  que  luy  escriptz  et  prie  de  vous  advertir 
de  ce  qu'il  sera  bon  de  faire  pour  nous  mettre  hors  de  procès. 

Vostre  bon  compère  et  milleur  ami  à  jamays. 

Guy  de  Laval. 

2557.  ~  1543,  v.  s.,  février,  Fontainebleau.  —  Lettres 
par  lesquelles  François  P'  attribue  au  sénéchal  du  Maine 
juridiction  sur  Tancien  ressort  du  comté  du  Maine,  en  y 
comprenant  la  vicomte  de  Beaumont,  le  comté  de  Laval, 
Montdoubleau  et  Saint-Calais  (note,  A.  N.,  X**  4921,  454). 

2558.  —  1543,  V.  s.,  13  février,  Fontainebleau.  —  Lettres 
de  François  I®'  maintenant  le  connétable  de  Montmorency  en 
possession  du  bien  à  lui  donné  par  Jean  de  Laval-Chàteau- 
briant  (Note,  B.  N.,  Moreau,  1115,60). 

2559.  —  1543,  v.  s.,  18  mars,  Saint-Germain -en-Laye.  — 
Lettres  par  lesquelles  François  !•%  à  la  requête  d'Anne  de 
Laval,  décide  que  les  différends  qui  existeraient  entre  elle  et 
son  fils  aîné,  Louis  III,  seraient  jugés  par  la  grand'chambre 
des  enquêtes  (Imprimé  par  M.  le  duc  de  la  TrémoîUe  dans 
Chartrier  de  Thouars^  p.  69). 

2560.  —  1544,  avril.  —  Lettres  par  lesquelles  François  !•', 
révoquant  Tédit  de  février  1544  (v.  s.),  décide  restitution 
au  siège  de  Laval  des  attributions  qu'il  possédait  en  1483 
(Note  des  Actes  de  François  /•■■,  numéro  13819). 

2561.  —  1544,  20  avril.  —  Procès  en  Parlement  de 
Perrette  Revel  et  Jean  Thenon,  seigneur  de  Nauvigne, 
contre  Guy  XVII  et  Claude  de  Foix,   seigneurs  de  Donziois 

(A.  N.,  X-). 

2562.  — 1544,  29  avril,  Rouen.  —  Lettres  de  François  I" 
portant  exemption  en  faveur  des  habitants  de  Laval  de  la 
contribution  imposée  par  le  sénéchal  du  Maine  aux  villes  de 
son  ressort  (A.  N.,  V*  1053). 

1.  Sans  doute  Jacques  d'Albret,  décédé  le  22  février  1540. 


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—  110  — 

2563.  —  1542-1547,  4  mai,  Vitré.  —  Lettre  écrite  par  Guy 
XVII  à  Anne  de  Laval,  douairière  de  la  Trémoîlle  (Archives 
delà  Trémoîlle). 

A  madame  ma  seur^  madame  de  la  Trémoîlle, 

Madame  ma  seur,  J'ay  veu  la  lettre  que  m'avez  escript 
dernièrement,  suyvant  laquelle  ay  encores  de  rechef  fait 
commandement  de  sercher  la  procuration  que  demandez,  ce 
que  a  esté  fait  parmy  mes  lettr^js  qui  sont  céans  et  par 
pluseurs  foiz  ;  mais  elle  n'y  a  esté  trouvée.  Bien  a  esté 
trouvé  le  contrat  de  vostre  mariaige,  qui,  en  oultre  le  passe- 
ment des  notaires,  est  signé  de  feu  monsieur  de  la  Trémoîlle, 
vostre  mary,  et  si  veoyez  qu'il  vous  puisse  servir,  le  me 
faisant  sçavoir,  je  le  vous  presteray  pour  vous  en  ayder,  vous 
advisant,  madame  ma  seur,  que  non  seullement  en  cela,  mais 
en  toutes  autres  choses  où  je  vous  pouray  faire  ayde  ny 
plaisir,  je  le  feray  de  très  bon  cueur.  Monsieur  de  Sainct- 
Polgué  vous  dira  la  dilligence  qu'on  a  fait  de  sercher  la  dite 
procuration  et  aussi  de  mes  nouvelles. 

Pour  quoy  feray  fin  à  la  présente,  après  m'estre  bien  fort 
recommandé  à  vostre  bonne  grâce. 

Priant  Dieu,  madame  ma  seur,  vous  donner  bonne  vie  et 
longue. 

De  Vitré,  ce  un*  jour  de  may. 

Vostre  antièrement  bon  frère  et  parfaict  ami  : 

Guy  de  Laval. 

2564.  —  1544,  4  mai,  la  Roche-Guyon.  —  Lettres  par 
lesquelles  François  I*^  donne  ordre  à  Guy  XVII  de  convoquer 
pour  le  25  mai  les  nobles  du  comté  de  Laval  tenus  au  service 
du  ban  et  de  l'arrière  ban  (copie  du  XVII®  siècle  aux  archives 
de  Léran  ;  communiqué  par  M.  Poux). 

François,  par  la  grâce  de  Dieu  roy  de  France,  à  nostre 
amé  et  féal  cousin  Guy,  comte  de  Laval,  salut. 

Pour  ce  que  nous  avons  ordonné  que  les  nobles  et  sujets  à 
nos  ban  et  arrière  ban  des  bailliages,  sénéchaussées  et 
jurisdictions  de  nostre  royaume  seront  assemblés  pour  en 
faire  la  montre  et  reveûe,  afin  que  s'il  advient  que  nous  en 
ayons  affaire  pour  résister  aux  grans  efforts  et  entreprises 
que  veuUent  faire  sur  nous  nos  ennemis  et  adversaires,  nous 
nous  en  puissions  servir    et  ayder,  comme  de  l'une  des 


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—  111  ~ 

meilleures  et  principalles  forces  que  nous  ayons  pour 
employer  en  un  prompt  effect  :  nous,  à  cette  cause,  vous 
prions  et  néanmoins  mandons  et  ordonnons  que,  incontinent 
icelles  receues,  vous  faictes  crier  et  publier  à  son  de  trompe 
et  cry  public  en  et  par  tous  les  lieux  et  endroits  de  vobtre 
comté  de  Laval  que  verres  estre  besoin,  que  tous  lesdits 
nobles  et  subjets  à  nos  dits  ban  et  arrière  ban  ayent  à  eux 
trouver  et  comparoir  en  estât  et  équipage  qu'ils  doibvent 
estre,  selon  la  qualité  de  leurs  fiefs  et  tènemens  nobles,  le 
vintg  cinquiesme  jour  de  may  présent  moys,  au  lieu  qui  leur 
sera  par  vous  ordonné,  pour  en  estre  faicte  la  montre  et 
reveiie  par  celuy  que  vous  commettrés  et  deputterés  pour 
ce  faire,  appelle  le  juge  des  exempts  de  vostre  comté  avec 
son  greffier  qui  ont,  ou  doibvent  avoir,  par  devers  eux  le 
registre  des  fiefs  et  tènemens  nobles,  où  se  peut  veoir  le 
service  que  nous  doivent  lesdits  sujets  à  nos  dits  ban  et 
arrière  ban  de  vostre  dict  comté,  pour,  sur  ce,  en  faire  et 
dresser  un  roUe  au  vray  dhuement  signé  et  certiffié  dudit 
greffier  qui  aura  faict  le  contreroUe  en  ladite  montre  et 
reveiie. 

Lequel  roUe  sera  envoyé  par  celuy  qui  aura  faict  ladite 
montre  es  mains  de  nostre  amé  et  féal  chevalier  de  nostre 
ordre,  le  seigneur  de  Lorge,  ayant  la  charge  et  superinten- 
dance généralle  de  la  conduitte  de  nos  dits  ban  et  arrière 
ban,  affin  que  par  luy  nous  soyons  certiffiés  de  l'ayde  et 
secours  que  nous  debvons  attendre  et  avoir  des  dits  nobles 
et  subjets  audit  ban  et  arrière  ban  en  vostre  dict  comté. 
Lesquels,  icelle  montre  et  reveue  faicte,  vous  ferés  renvoyer 
en  leurs  maisons  avec  commandement  et  injonction  très 
expresse  que  chacun  d'eux  se  trouve  prest  à  marcher  ainsy 
et  tontf  es  et  quantes  fois  qu'il  leur  sera  mandé  et  ordonné  ; 
le  tout  selon  et  en  ensuivant  la  forme  et  teneur  de  Tédict 
par  nous  dernièrement  faict  sur  le  faict  du  ban  et  arrière 
ban*  ;  en  mandant  et  commettant  par  cesdites  présentes 
audit  juge  des  exempts  de  vostre  dit  comté  ou  à  son  lieutenant 


1.  i540,  V.  s.,  19  mars,  Blois.  —  Règlement  pour  la  convoca- 
tion du  ban  et  de  rarrière  ban  et  le  devoir  de  ceux  qui  tiennent 
des  fiefs  mouvans  du  roi  (Dom  Morice,  III,  1041). 

1541,  V.  s.,  12  janvier.  —  Lettres  patentes  pour  le  dénombre- 
ment des  fiefs  si^ets  au  bau  et  à  rarrière  ban  (Fontanon,  II,  354). 


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-  112  - 

que  contre  les  refusans,  delayans  ou  defaillans,  il  ayt  à 
procedder  par  touttes  les  voyes  de  contrainte  deues  et  en 
tel  cas  requises  et  accoustumées,  car  tel  est  notre  plaisir, 
nonobstant  certaines  nos  lettres  de  déclaration  en  forme  de 
Chartres  par  nous  octroyées  aux  officiers  du  siège  du  Mans 
et  habitans  de  nostre  dicte  séneschaussée  du  Maine,  pour 
comprendre  aux  assemblées  dudict  ban  et  arrière  ban  de 
ladite  séneschaussée  ceux  de  vostre  dicte  comté  de  Laval,  ce 
que  paravent  nos  lettres  nous  avoms  révoqué  et  encor  par 
ces  présentes  révoquons  et  ne  voulons  avoir  lieu. 

De  ce  faire  vous  avons  et  à  nostre  dit  juge  des  exempts  ou 
à  son  lieutenant  donné  et  donnons  plain  pouvoir,  auctorité; 
commission  et  mandement  espécial,  mandons  et  commandons 
à  tous  nos  justiciers,  officiers  et  subjets  qu'en  ce  faisant  vous 
obéissent  et  entendenl  diligemment. 

Donné  à  la  Roche-Guyon,  le  quatriesme  jour  de  may.  Tan 
de  grâce  1544  et  de  nostre  règne  le  30«. 

DUTHIBR. 


Cte  Bertrand  de  Broussillon. 
(A  suivre). 


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PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  31  JANVIER  1901 


La  séance  s'ouvre  à  deux  heures  sous  la  présidence  de 
M.  Emile  Moreau,  président. 

Sont  présents  :  MM.  Moreau,  président  ;  Paul  de 
Farcy,  Trévédy,  vice-présidents  ;  Durget,  Garnier, 
Grosse-Duperon,  de  I^a  Beauluère,  Laurain,  Planté, 
Raulin,  Richard,  membres  titulaires  ;  d'Achon,  d'Angle- 
ville,  Goupil,  Ponthault,  Turquet,  membres  correspon- 
dants. 

Se  font  excuser  MM.  Dubel,  Gouvrion,  Thuau. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  d'Angleville 
qui  assiste  pour  la  première  fois  à  une  séance. 

M.  Moreau  entretient  la  Commission  de  la  tentative 

qu'on  a  faite  au  château  de  FouUetorte  pour  détacher  les 

peintures  à  fresque  découvertes  récemment  par  M.  de 

Malherbe  dans  un  bâtiment  qui  servait  d'écurie  et  qui 

avait  dû  être  autrefois  une  chapelle  M.  de  Malherbe  avait 

aimablement  fait  don  de  ces  peintures  au  musée  de  Laval. 

Malheureusement  Tenduit  sur  lequel  elles  avaient  été 

tracées  au  XVP  siècle  était  très  friable,  et  Ton  n'a  pu 

8 


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—  114  — 

enlever  que  dos  morceaux  de  peu  d'importance.  Si  des 
photographies  ont  été  prises  de  ces  peintures,  il  serait 
intéressant  d'en  posséder  quelqu'une  pour  Tétude  de  Fart 
dans  notre  pays  à  cette  époque. 

M.  le  président  annonce  que  suivant  le  vote  antérieur 
de  la  Commission,  le  chartrier  d'Hémenard  a  été  acquis 
sur  la  succession  de  M.  Tabbé  Pointeau  et  déposé  aux 
archives  départementales 

M.  Laurain  donne  quelques  détails  sur  la  composition 
de  ce  chartrier  :  il  est  loin  de  valoir,  tel  qu'il  est  actuel- 
lement, la  réputation  que  lui  a  faite  son  possesseur  ;  il 
n'est  pas  considérable  et  ne  remonte  guère  au-delà  de  la 
première  moitié  du  XVI P  siècle  ;  il  ne  renferme  pas  de 
pièce  vraiment  intéressante  par  elle-même,  mais  on  y 
trouve  deux  correspondances  qui  fournissent  quelques 
renseignements  curieux  ;  la  première,  de  Pierre-Thérèse- 
Louis  de  Chappedelaine,  page  du  duc  de  Penthièvre,  puis 
enseigne  de  vaisseau  en  1757,  passé  à  Madagascar  sous 
le  commandement  de  M.  d'Aché,  chef  d'escadre,  et,  dix 
ans  plus  tard,  ayant  abandonné  la  marine,  installé  à 
Port-Louis  «  pour  rétablir  le  dérangement  de  ses  affai- 
res ;  »  la  seconde,  de  M.  de  Gaalon,  beau-frère  du  précé- 
dent, dont  les  affaires  n'étaient  pas  en  meilleur  état,  au 
moins  pendant  la  Révolution,  et  dont  les  lettres  nous 
disent  les  difficultés  de  vivre  et  nous  font  pénétrer  dans 
l'intimité  de  ces  propriétaires  fonciers  du  XVIII*  siècle 
sans  cesse  harcelés  par  leurs  créanci'^rs. 

M.  Goupil  communique  le  relevé  des  peintures  murales 
qui  se  trouvent  dans  une  chapelle  de  l'église  de  Saint- 
Martin-de-Connée.  Ces  peintures  qui  remontent  au 
XVI"  siècle  représentent  la  vie  de  sainte  Barbe  ;  elles 
seront  publiées  prochainement  dans  un  ouvrage  de  luxe 
par  le  P.  Pottier  qui  prépare  une  histoire  du  pèlerinage 
de  Notre-Dame  du  Chêne.  Elles  sont  en  complet  rapport 
avec  un  mystère  de  Sainte-Barbe  dont  le  P.  Pottier  a 


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-  115  — 

découvert  le  texte  à  la  bibliothèque  nationale,  vaste 
composition  dont  la  représentation  durait  cinq  journées 
et  qui  est  encore  inédite. 

M.  Trévédy  signale  à  ce  propos  un  mystère  de  Sainte- 
Barbe  en  breton,  de  semblable  longueur.  Il  serait  curieux 
de  savoir  si  Tune  des  compositions  a  exercé  quelque 
influence  sur  l'autre . 

Sur  la  demande  de  la  Commission  M.  d'Achon  se 
charge  de  solliciter  du  P  Pottierle  dépôt  à  la  bibliothèque 
de  Laval  du  relevé  de  ces  peintures,  pleines  de  mouvement 
et  de  vie. 

M.  Turquet  communique  plusieurs  de  ses  jolies  photo- 
graphies auxquelles  il  nous  a  habitués.  Colles-là  repré- 
sentent Téglise  de  Priz,  son  curieux  chemin  de  croix  et 
son  calendrier. 

M.  Laurain,  au  nom  de  M.  Rosse,  sous  prélet  de 
Mayenne,  communique  le  résultat  d'une  enquête  faite 
par  ce  dernier  au  sujet  de  la  découverte,  déjà  ancienne, 
d'un  tronçon  de  voie  romaine  sur  le  territoire  de  Marcillé- 
la- Ville. 

((  il  est  exact,  a-t-on  écrit  à  M.  le  sous-préfet,  que 
M.  Milet,  instituteur  à  Marcillé,  ainsi  que  son  adjoint, 
ont  été  à  même  de  constater  la  mise  à  jour  d'un  tronçon 
d'une  ancienne  voie  romaine  se  dirigeant  du  sud  au  nord, 
c'est  à  dire  venant  de  Jublains  et  allant  vers  la  Normandie. 

«  Ce  fait  a  eu  lieu  il  y  a  trois  ou  quatre  ans.  Le  nommé 
Lanoë,  cultivateur  au  lieu  des  Russeries,  éprouvant  de 
la  difficulté  à  labourer  sur  une  très  faible  surface  une 
pièce  de  terre  lui  appartenant,  nommée  le  Champ  de 
devant  (n**  445,  section  B),  voulut  se  rendre  compte  de 
la  résistance  qu'il  éprouvait  et  découvrit  une  petite  partie 
de  l'ancienne  voie  romaine. 

«  La  partie  de  la  voie  ainsi  mise  au  jour  n'élait  sépa- 
lée  du  chemin  vicinal  de  grande  communication  n''296^ 


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—  116  — 

que  par  la  largeur  d'une  haie,  c'est-à-dire  2  mètres  en- 
viron et  pouvait  avoir  6  à  7  mètres  de  longueur  sur  4  à 
5  mètres  de  largeur. 

«  Le  fait  particulier  de  cette  découverte  n'a  point  été 
porté  à  la  connaissance  de  la  Commission  archéologique, 
mais  il  y  a  lieu  de  penser  que  l'existence  même  de  la 
voie  en  question  doit  lui  être  connue  depuis  longtemps. 
Il  est  en  effet  à  la  connaissance  du  sieur  Lanoê  et  des 
habitants  du  village  du  Bas-Housseau,  voisin  des  Rus- 
series,  que  des  fouilles  pour  retrouver  un  ancien  ctiemin 
romain  ont  été  faites  dans  leur  localité  il  y  a,  disent-ils, 
de  trente-cinq  a  quarante  ans,  probablement  avant  que 
Napoléon  III  ait  donné  son  histoire  de  César. 

«  Ils  se  rappellent  également  que  quelques  cultivateurs 
de  la  localité  ont  dû  autrefois,  pour  rendre  plus  facile 
l'exploitation  de  leurs  pièces  de  terre,  mettre  à  décou- 
vert des  tronçons  d'un  chemin  pavé  dont  on  pourrait 
probablement  encore  retrouver  des  parties.  Ces  travaux 
ont  été,  parait-il,  exécutés  dans  les  n^*  507,  508  et  790 
de  la  section  B.  » 

La  Commission  adresse  à  M.  le  sous-préfet  de 
Mayenne  ses  remerciements  pour  l'intéressante  commu- 
nication qu'elle  lui  doit. 

M.  Laurain  donne  lecture  d'un  article  paru  sous  la  si- 
gnature de  M.  l'abbé  Millon  dans  le  Bulletin  de  la  Société 
archéologique  de  l'Ille-et- Vilaine  (t.  XXIX,  p.  309),  où 
l'auteur  s'élève  avec  véhémence  contre  les  restaurations 
actuelles  du  camp  de  Jublains.  M.  le  président  explique 
que  les  critiques  tombent  à  faux,  l'écrivain  confondant  les 
travaux  de  la  première  restauration  avec  les  travaux  en 
cours;  ceux-ci  consolident  les  premiers  qu'on  a  été 
obligé  de  mettre  à  découvert  pour  jeter  du  ciment  dans 
les  crevasses  et  respectent  autant  qu'il  est  possible  le 
caractère  du  monument. 

M.  Laurain   signale   dans  le  même  volume,  comme 


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-  117  — 

intéressant  particulièrement  la    Mayenne,  la  présenta- 
tion d'un  dessin  d'Henry  Monnier,  lithographie  en  1838: 
c'est  le  portrait-charge  du  père  Chassebœuf,  barbier  de 
Château-Gontier  (p.  XVI)  ;  —  un  compte  du  receveur  de  la 
châtellenie  de  la  Gravelle,  écrit  sur  un  rouleau  de  par- 
chemin long  de  3  mètres  40,  large  de   15  et  17  centi- 
mètres ;  ce  compte  se  rapporte  aux  années  1314  et  1315  ; 
on  y  trouve  de  nombreux  détails  de  mœurs,  notamment 
sur  les  chasses,  les  pêches,  la  médecine  vétérinaire,  sur  les 
obsèques  de  Béatrix  de  Gavre,  femme  de  Guy  VII,  morte 
en  1315  et  inhumée  à  Clermont  ;  ce  document  apparte- 
nait à  M.  de  la  Borderie  (p.  XL  VII);  —  une  hache  (amphi- 
bolite)  trouvée  à  TEpinay  en  Saint-Pierre-des -Landes  et 
appartenante  M.  Paul  du  Pontavice  (p.  LUI)  ; — un  article 
de  M.  Tabbé  Guillotin  de  Courson  sur  la  seigneurie  des 
Rochers  et  ses  possesseurs  :  les  Mathefelon,  les  Sévigné, 
et  les  Hay  des  Nétumières  (p.  238)  ;  —  un  article  du  même 
sur  la  seigneurie  de  Larchapt  en  Romagné  et  la  famille 
Le  Porc  (  p.  252)  ;  —  le  procès- verbal  de  la  réception  faite 
aux  députés  des  Etats    de  Bretagne    en  1774,  à  la  tête 
desquels  se  trouvait  M.  de  Hercé,  évêque  de  Dol  (p.  261); 
—  la  mention  parmi  les  prieurs  de  Notre-Dame  de  Mon- 
treuil  (Ille-et  Vilaine)  de  Guillaume  de  Lignières,  abbé 
de  Saint  Aubin-des  Bois  en  1533,  prieur  de  Mon  treuil  en 
1548,  chanoine  de  Rennes  et  de  iNantes,  archidiacre  de 
la^  Mée,  conseiller  aux  Grands  jours  et  au  Parlement  de 
Bretagne,  dont  les  armes,  de  sable  fretté d'or ^  se  voient 
sur  la  voûte  de  la  chapelle  de  Lignières,  en  l'église  de 
Saint  Hilaire  -  des  -  Landes  (p    280) . 

Un  membre  mentionne  le  bruit  persistant  qui  prête 
aux  curés  de  Saint- Vénérand  et  de  Notre-Dame  l'inten- 
tion de  détruire  :  le  premier,  les  autels  qui  se  trouvent  au 
pourtour  du  chœur  de  son  église  ;  le  second,  le  retable  du 
maître  autel  de  Notre  Dame. 

Après  un  échange  de  vues  sur  la  valeur  artistique  et 


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—  118  — 

l'intérêt  archéologique  de  ces   monuments,  la    Commis- 
sion à  Tunanimité  des  membres  présents  f 

Vu  l'article  8  de  son  règlement  ; 

Vu  la  circulaire  de  M.  le  Ministre  de  Tlntérieur  et  des 
cultes  du  22  décembre  1882  relative  à  Taliénation  des 
richesses  artistiques  et  archéologiques  des  éghses  ; 

Considérant  que  les  autels  en  question  sont  tout-à-fait 
décoratifs  ;  qu'il  faudrait,  pour  les  remplacer,  s'inspirer 
du  style  même  dans  lequel  ils  sont  construits,  et  que 
des  sommes  considérables  seraient  pour  cela  néces 
saires  ; 

Considérant  qu'ils  sont  dus  à  des  architectes  lavallois 
dont  les  œuvres  ont  été  recherchées  au  dix-septième 
siècle  dans  tout  le  Maine  et  même  en  Bretagne  ;  que 
beaucoup  de  ces  œuvres  ont  disparu  depuis  quelques 
années  devant  un  mépris  absolument  injustifié  et  qu'il 
serait  regrettable  pour  l'histoire  de  l'art  dans  notre  pays 
que  ces  documents  lapidaires  d'une  valeur  réelle,  mar- 
qués d'un  véritable  sentiment  de  puissance  et  d'harmo- 
nie, soient  également  sacrifiés, 

Emet  le  vœu  que  les  autels  de  Notre-Dame  et  de 
Saint- Vénérand  soient  conservés. 

M.  Laurain  appelle  l'attention  de  la  Commission  sur 
une  résolution  qu'elle  a  prise  autrefois,  presque  à  ses 
débuts,  au  sujet  des  mémoires  qui  traitaient  de  la  pé- 
riode révolutionnaire.  Pour  éviter  certains  froissements, 
elle  avait  décidé  de  n'admettre  dans  le  Bulletin  aucune 
étude  sur  cette  époque  troublée.  M.  Laurain  demande 
si  cette  mesure  n'est  pas  un  peu  trop  radicale.  11  faut 
agir  avec  prudence,  la  chose  est  évidente  ;  mais  voilà  un 
siècle  que  les  faits  sont  passés  ;  on  commence  partout 
à  juger  avec  plus  de  liberté  les  actes  de  la  révolution  ; 
des  traditions  disparaissent  qu'il  serait  grand  temps  de 
recueillir  ;  même  dans  le  département,  des  ouvrages 
ont  raconté  avec  modération  partie  de  ces  faits  sans 
causer  la  plus  petite  émotion.  La  Commission  aurait 


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—  119  — 

peut-être  intérêt  à  lever  l'espèce  d'interdit  qu'elle  a  pro- 
noncé, on  ce  qui  la  concerne,  sur  les  mémoires  relatifs  à 
cette  période  et  à  les  admettre  dans  son  Bulletin  au 
même  titre  que  les  autres. 

MM.  Richard  et  Grosse-Duperon  partagent  le  senti- 
ment de  M.  Laurain  et  finalement  la  Commission  décide 
d'insérer  désormais  dans  le  Bulletin  tous  les  mémoires 
que  ses  membres  consacreront  aux  choses  de  la  Révolu- 
tion et  des  années  postérieures  ,  mais  elle  arrête  que 
les  travaux  de  cette  nature  seront  soumis  à  un  comité  de 
rédaction  qui  donnera  sou  avis  et  indiquera  aux  auteurs 
les  passages  qu'il  croira  devoir  être  remaniés. 

Sont  nommés  pour  faire  partie  de  ce  comité 
MM.  Grosse-Duperon,  de  La  Beauluère,  Laurain,  Moreau 
et  Richard. 

Rien  n'étant  plus  à  l'ordre  du  jour,  la  séance  est  levée 
à  4  heures  1/2. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Maurice  Planté  (1877-1899).  Mamers,  G.  Fleury  et 
A.  Dangin,  imprimeurs,  1900.  In-8**,  146  p.  et  nombreuses 
gravures. 

A  rextrémité  ouest  du  bourff  de  Méral,  sur  la  route  de  la 
Guerche,  se  dresse  une  chapelle  dédiée  à  saint  Joseph,  que 
les  offrandes  laissées  par  les  pèlerins  sur  le  tombeau  de 
Victoire  Brielle  ont  servi  à  construire.  A  droite  en  entrant 
dans  ce  petit  sanctuaire,  un  vitrail  montre  au  visiteur  un  en- 
fant recevant  à  genoux  la  bénédiction  de  saint  René.  Sous  les 
traits  du  saint,  on  peut  reconnaître  M.  le  chanoine  Davost, 
ancien  curé  delà  cathédrale  de  Laval,  et  l'enfant  qu'il  bénit 
est  son  petit-neveu,  Maurice  Planté.  A  quelques  pas  de  là,  de 
l'autre  coté  delà  route,  dans  le  cimetière  communal,  le  grand- 
oncle  et  le  petit-neveu  dorment  tous  deux  leur  dernier  som- 
meil, réunis  depuis  le  4  décembre  1809  où  la  dépouille  mor- 
telle du  dernier  arrivait  à  Méral,  venant  de  Beyrouth. 

Il  avait  vingt-deux  ans  à  peine  et,  malgré  le  fond  de  mélan- 
colie de  l'homme  que  sa  santé  délicate  replie  parfois  sur  lui- 
même,  il  souriait  à  la  vie  qui  s'ouvrait  devant  lui,  pleine  de 
promesses  pour  l'aspirant  de  marine  que  la  mort  prit  en  cours 
de  route,  dans  un  hôpital.  A  celte  vie  si  brève,  on  a  consacré 
le  joli  volume  dont  j  ai  transcrit  le  titre  ci-dessus,  tissé  de 
choses  légères  et  de  faits  tout  intimes  qui  échappent  à  l'ana- 
lyse mais  dont  la  lecture  emporte  un  charme  pénétrant,  et 
Îu'on  aimera  à  feuilleter  comme  on  feuillette  des  souvenirs, 
e  regarderais  comme  malséant  de  m'étendre  davantage  sur 
ce  propos  et  je  croirais,  à  le  faire,  violer  en  quelque  sorte  la 
retraite  silencieuse  où  se  plaisent  les  deuils  prolongés,  mais 
je  veux  au  moins,  en  termmant,  adresser  à  la  famille  du  cher 
disparu  l'expression  de  mes  respectueuses  sympathies. 

E.  Laurain. 


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—  121  — 

Ambroise  Paré.  Sa  vie,  son  œuvre  {iS09'iS90),  par  le 

docteur  Maxence  Broussais,  de  l'Université  de  Paris.  Paris, 
Jules  Rousset,  1900.  Iq-8*,  59  pa^es. 

0  La  vie  d' Ambroise  Paré,  écrit  son  nouveau  biographe,  a 
plusieurs  fois  déjà  tenté  la  plume  de  l'historien.  Malgré  tout, 
cependant,  il  y  a  fort  à  faire  pour  connaître  d'une  manière 
exacte  cette  belle  existence,  tour  à  tour  si  mouvementée,  si 
attaquée,  si  glorieuse.  Les  chroniqueurs  anciens,  notre  héros 
lui-même,  semblent  avoir  voulu,  comme  à  dessein,  enchevê- 
trer, presque  voiler  même  certains  moments  de  sa  vie...  Nous 
ne  voulons  pas  réparer  ces  lacunes  ;  d'abord  la  tâche  serait 
trop  lourde  pour  nos  faibles  ressources,  ensuite  nous  ne  pour- 
rions pas  dans  le  cadre  fatalement  restreint  d'une  thèse,  dé- 
crire tout  au  long  une  vie  si  bien  remplie.  » 

Nous  voici  donc  duement  avertis  ;  nous  n'avons  ici  ou'un 
résumé  des  travaux  antérieurs,  et  même  si  nous  consultons 
la  bibliographie,  un  peu  sommairement  indiquée,  des  ouvra- 
ges consultés  par  M.  B.,  force  nous  est  de  reconnaître  que 
plusieurs  lui  ont  échappé  dans  lesquels  il  aurait  pu  trouver 
des  détails  intéressants  sur  bon  héros.  Il  faut  citer  parmi 
ceux-là  la  notice  que  M.  Lévesque-Bérangerie  donna  dans 
l'Annuaire  de  la  Mayenne  de  1830,  rééditée  depuis  (Laval, 
Goupil,  1891,  in-8«,  18  p  )  ;  la  Notice  sur  le  monument  élevé 
a  la  mémoire  d* Ambroise  Paré  { Laval,  Feillé-Grandpré,  1840, 
in-8»,  67  p.)  ;  une  note  dans  le  Mémorial  de  la  Mayenne  (t  I, 
p.  123)  ;  la  note  biographique  écrite  par  M.  A.  Corlieu,  biblio 
thécaire  adjoint  à  la  faculté  de  médecine  (s.  d.,  in-8®,  6  p.j  ; 
les  articles  du  docteur  Turner  dans  la  Gazette  hebdomadaire 
de  médecine  ;  enfin  la  brochure  de  M.  Trévédy,  Ambroise 
Paré  est'il  mort  catholique  P  (Laval,  Chailland,  1890,  in-8<>, 
33p.). 

Faut-il  également  exprimer  un  regret  et  déplorer  qu'à 
l'Ecole  de  médecine  l'usage  n'ait  pas  encore,  comme  il  a  de- 
puis longtemps  fait  dans  les  autres  grandes  écoles  nationales, 
entièrement  rompu  les  limites  étriquées  où  s'enferment  les 
thèses  doctorales  et  imposé  aux  candidats  de  ces  œuvres  per- 
sonnelles où  se  reflètent  tous  les  aspects  d'une  question 
renouvelée  dans  les  pages  nombreuses  d'un  volume  compact? 
Du  moins  M.  B.  s'est  acquitté  avec  bonheur  de  son  rôle  ; 
l'étude  magistrale  de  Malgaigne  Ta  soutenu  d'ailleurs  ;  mais 
il  a  su,  en  la  suivant  d'assez  près,  dégager  de  l'érudite  dis- 
cussion les  résultats  certains  et  présenter  ainsi  aux  lecteurs 
une  biographie  dépouillée  de  tout  l'appareil  scientifique  qui 
alourdit  tant  la  marche  de  ses  devanciers  ;  sa  brochure  y 
gagne  en  clarté  et  les  neuf  chapitres,  fort  courts,  qui  le  divi- 
sent, donnent  au  récit  une  rondeur  qui  n'est  pds  sans  charme  ; 
l'opuscule   ne  servirait-il  qu'à  faire  naître  chez  quelques- 


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3, 


—  122  — 

uns  le  désir  de  lire  les  œuvres  de  Paré,  qu'il  faudrait  en  savoir 
grâce  à  Tauteur. 

Je  sors  de  cette  lecture,  la  tête  un  peu  farcie  de  choses  qui 
dépasseiit  ma  compétence,  et  c'est  pour  m  étonner  que  nul 
encore  n'ait  étudié  le  chirurgien  lavallois  *  comme  il  mérite 
u'on  Tétudie.  La  longue  introduction  de  Malgaigne  retrace 
le  la  chirurgie  une  histoire  intéressante,  mais  ce  qu'on  y  voit 
moins  bien,  c'est  ce  que  Paré  dut  exactement  à  ses  devanciers 
et  à  ses  contemporains  et  l'influence  que  ses  livres  ont  eue  sur 
ses  successeurs  immédiats.  On  se  contente  généralement  de 
l'appeler  le  père  de  la  chirurgie  française.  La  formule  est  com- 
mode, mais  ce  n'est  qu'une  formule.  Or,  quoiqu'il  soit  possible 
de  trouver  dans  la  philosophie  de  Descartes  le  prolongement 
de  quelques  idées  physiologiques  du  chirurgien,  qui  peut- 
être  au  reste  ne  lui  appartenaient  pas  en  propre,  il  ne  semble 
pas  que  cette  influence,  au  moins  en  France,  ait  été  de  longue 
durée.  Il  avait  cependant  fait  des  découvertes  importantes  :  la 
ligature  des  vaisseaux  qu'il  n'inventa  pas,  mais  qu'il  appliqua 
après  les  amputations,  fut  la  plus  durable  :  bien  avant  Pas- 
teur, il  avait  entrevu,  très  confusément  il  est  vrai,  la  théorie 
de  l'infection  des  plaies  par  les  germes  de  l'air  et  il  se  servit 
le  premier  du  pansement  antiseptique  humide.  Ses  idées  sur 
plusieurs  points  devancèrent  son  époque  :  sa  méthode  expéri- 
mentale, son  appréciation  de  l'antimoine,  son  mépris  pour  la 
licorne,  dont  1  unique  propriété,  bien  qu'il  crût  à  son  exis- 
tence, ne  se  trouvait,  selon  lui,  que  dans  son  prix  considéra- 
ble (la  livre  se  vendait  de  1200  à  1500  écus  soleil)  *,  certaines 
affirmations  lui  valurent  des  attaques  assez  vives.  Ses  enne- 
mis, car  il  en  compta  plusieurs  dans  la  faculté  de  médecine  et 


1.  Des  traditions  contestables  placent  au  Bourg-Hersent  la 
naissance  de  Paré  ;  la  chose,  fort  incertaine,  est  possible.  Mais 
une  légende  tend  à  s'étabHr.  que  je  dois  siçnaler.  On  montre  dans 
ce  hameau  la  maison  où  le  chirurgien  serait  né.  Le  style  renais- 
sance de  ses  fenêtres,  qu'il  faut  comparer  avec  une  fenêtre  de  la 
maison  voisine  des  anciennes  prisons  de  Laval  (rue  du  Jeu-de- 
Paume),  indique  nettement  que  le  «  Château  d'Ambroise  Paré  » 
a  été  construit  quelques  années  après  le  fait  dont  il  aurait  été  le 
témoin  En  réalité  la  tradition,  il  y  a  cinquante  ans,  attribuait  cet 
honneur  à  une  maison  basse,  maintenant  disparue,  qui  se  trou- 
vait sur  la  petite  place  formée  aujourd'hui  par  l'entrecroisement 
de  la  rue  du  Boug-IIersent  et  du  chemin  d'Avénières. 

2.  "  Bien  pis  fit  un  que  je  sçay,  écrit  Brantôme  en  1580,  qui, 
vendant  un  jour  une  de  ses  terres  à  un  autre,  pour  50.000  escus, 
il  en  prit  45.000  en  or  et  argent,  et  pour  les  cinq  restant,  il  prit 
une  corne  de  licorne.  Grande  risée  pour  ceux  qui  le  sçurent. 
Comme,  disoient-ils,  s'il  n'avoit  assez  de  cornes  chez  soi  sans 
adjouster  celle-là  !  o 


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a: 


—  123  — 

parmi  les  chirurgiens,  n'eurent  pastoujours  tort  à  son  endroit. 
On  Taccusa  de  plagiat  ;  le  plagiat  fut  effronté  ;  il  a  puisé  à 
pleines  mains  dans  les  ouvrages   contemporains  de  Fernel, 
de  Grévin,  àe  Thierry  de  Héry,  de  Vésale.  etc.  Il  faut  dire 
pour  être  juste  que  le  XVI"  siècle  n'avait  guère  une  concep- 
tion bien  nette  de  la  propriété  littéraire  et  que  d'autres  que 
Paré,  non  contents  de  prendre  des  idées  où  ils  les  trouvaient 
et  de  a  s'allumer  comme  une  chandelle  à   une  autre  chan- 
delle »,  copièrent  chez  leurs  devanciers  plus  d'un  passage 
sans  y  rien  changer.  Peut-être  alla-t-il  plus  loin  même.  On  le 
voit  intervenir  dans  le  récit  d'une  autopsie  qu'il  emprunte 
entièrement,  sans  le  dire,  à  Rousset,   et  où  il  n'eût  aucune 
part,  et  Compérat  nia  énergiquement  la  réalité  d'une  opéra- 
tion, l'ablation  de  la  matrice,  que  Paré  prétendait  avoir  faite 
à  une  femme  de  Saint-Germain  des  Prés.  Les  historiens  ont 
admis  sans  conteste  l'exposé  des  guérisons  nombreuses  par 
lui  obtenues,  mais  peut-être  faut-il  se  demander  s'il  mérite 
une  confiance  absolue  pour  toutes  les  observations  cliniques 
"u'il  rapporte.  Il  était  assez  vaniteux  et  son   désir  de  n'être 
épassé  par  personne  dans  la  chirurgie,  a  pu  lui  faire  exagé- 
rer quelques  fois  la  difficulté,  et  par  conséquent  la  beauté 
d'une  cure  ;  on  ne  peut   pas  s'empêcher  d'éprouver  quelque 
surprise  devant  les  résultats  merveilleux  qu  on    oserait  à 
peine  espérer  aujourd'hui,  alors  qu'on  possède  des  moyens 
de  premier  ordre  bien  supérieurs  à  «;eux  qu'avait  Ambroise 
Paré.  Je  parle  ici  de  ses  observations  personnelles.  Quant 
aux  autres,  à  celles  qu'il   tire  des  auteurs  contemporains,  il 
fait  preuve  parfois  d'une  naïveté  bien  grande,  assez  étonnante 
chez  un  anatomiste  qui  eut  dans  sa  vie  pas  mal  de  cadavres 
à  sa  disposition.  Je  renvoie  le  lecteur  qui  voudra  se  convain- 
cre sur  ce  point,    entre  autres  au  chapitre  septième  de  son 
ouvrage  sur  les  Ai onstr es /iniiinié:  Histoires  mémorables  de 
certaines  femmes  qui  sont  dégénérées  en  hommes,  et  en  par- 
ticulier au  cas  de  Germain  Garnier.  Pour  lui  ce  n'est  pas  le 
dernier  terme  d'une  formation  paresseuse  chez  des  individus, 
comment  dirais-je  ?  minus  habentes,  mais  une  sorte  de  trans- 
formation par  inversion  de  la  «  nature  imbécille  »  de  la  femme 
en  un  être   plus   parfait,  et    «    ce     n'est   chose  incrédible 
qu'icelle  »,  ajoute-t-il. 

Un  dernier  point  de  la  vie  du  chirurgien  lavallois  a  été 
traité  en  quelques  lignes  par  M.  B.  «  Paré  professait  la  reli- 
gion réformée,  quoiqu'en  aient  pu  dire  certains  chroniqueurs  » , 
afBrme-t-il.  Mais  cela  n'est  rien  moins  que  prouvé.  On  cite 
ordinairement,  pour  appuyer  cette  opinion,  le  passage  où 
Paré  raconte  qu'il  observait  les  «  artifices  des  meschans  gueux 
de  l'ostière  »,  un  vendredi-saint,  à  la  porte  du  temple  d'An- 
gers, et  Cj2t  autre  où  il  est  question  du  temple  de  Vitré  Or, 
au  XVI*  siècle,  le  terme  le  plus  fréquemment  en  usage  pour 


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—  124  — 

désigner  les  églises  protestantes,  était  celui  de  prêche,  et  le 
mot  temple,  à  Vitré  au  moins,  a  toujours  désigné  une  église 
catholique.  Peut-être,  et  sans  doute  en  fut-il  de  même  à 
Angers.  Kn  tout  cas  Paré  se  trouvait  en  cette  ville,  en  1525, 
n'ayant  alors  que  seize  ans,  à  un  moment  où  le  protestan- 
tisme n'avait  pas  encore  fait  beaucoup  d'adeptes  en  France 
et  à  un  Age  où  rien  généralement  ne  divc  rtit  de  la  religion 
des  ancêtres.  Plus  tard,  notre  chirurgien  dut  être  une  espèce 
de  brave  homme,  d'une  grande  bonté,  tout  entier  à  son  art, 
mais  un  peu  sceptique,  comme  il  convient,  de  ce  scepticisme 
dont  est  faite  la  tolérance  et  qui  forma  le  parti  politique  dans 
lequel  le  rangèrent  sans  doute  ses  relations  étendues  et 
variées.  Sully  et  Brantôme,  dont  on  invoque  le  témoignage, 
sont  des  conteurs  d'une  valeur  historique  un  peu  mince  et  la 
fameuse  phrase  du  mémoire  de  1575  établirait  plutôt  aue 
Paré  suivait  a  la  saincte  église  catholique  et  romaine  ».  Non 
seulement  il  mourut  catholique,  mais  probablement  ne  trem- 
pa-t-il  jamais  dans  la  Réforme. 

E.  Lauràin. 


Un  évêque  assermenté  (1790-1802).  Le  Coz,  évêque 
d'Ille^t-V Haine,  par  A.  Roussely  de  l'Oratoire  (Paris, 
P.  Lethielleux,  s.  d.  In-8°,  565  p.). 

Correspondance  de  Le  Coz,  évêque  constitutionnel 
d'Ille^t-Vilaine,  publiée  pour  la  Sociélé  d'histoire  con- 
temporaine, par  le  même  (Paris,  A.  Picard  et  fils,  1900. 
In-8^  430  p.). 

«  Les  qualités  de  l'administrateur  étaient  grandes,  a  dit  de 
liC  (^oz  un  biographe  que  cite  M.  R.  Il  réorganisa  l'adminis- 
tration ecclésiastique  avec  une  admirable  entente  des  besoins 
du  pays.  Secondé  par  les  f)rél'ets  des  trois  départements  qui 
voyaient  en  lui  un  homme  capable  et  qui  connaissaient  son 
crédit  à  la  cour,  rompu  au  travail  et  passant  avec  une  incroya- 
ble facilité  d'une  occupation  à  une  autre,  sa  science,  son  zèle, 
ses  mœurs,  sa  charité  ne  méritent  que  des  éloges.  »  Après 
avoir  lu  les  deux  volumes  que  M.  R.  a  consacrés  au  principal 
du  collège  de  Quimper,  devenu  par  la  suite  évè(]ue  constitu- 
tionnel de  Rennes,  [mis  archevêque  concordataire  de  Besan- 
çon où  il  mourut  en  mai  1815,  on  ne  peut  que  souscrire  entiè- 
rement à  ce  jugement  que  M.  R.  fait  sien. 

De  la  correspondance,  je  dirai  peu  de  chcse.  Les  176  lettres 
qu'elle  renferme,  allant  de  1790  à  1802,  sont  loin  d'avoir  une 
égale  valeur.  Une  cinquantaine  environ  présentent  un  réel 
intérêt  ;  celles-là  appartiennent  presque  toutes  à  M.  Gazier  et 
furent  adressées  au  conventionnel  Grégoire,  dont  Le  Coz  (ut 


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—  125  — 

Tami,  pour  lequel  il  montra  constamment  une  grande  défé- 
rence, mais  à  qui  il  ne  laissa  jamais  de  dire  avec  liberté  ce 
qu'il  pensait  quand  Tintérét  de  la  religion  était  en  jeu.  Le  Coz 
se  préoccupa  avant  tout  de  la  réunion  des  prêtres  assermentés 
au  clergé  constitutionnel,  tâchant  d'éviter  et  de  faire  éviter 
aux  a  évéques  réunis  »  tout  ce  qui  pouvait  retarder  la  réali- 
sation de  ce  désir  ;  les  lettres  écrites  à  Grégoire  nous  rensei- 
fnent  ainsi  d  une  façon  assez  exacte  sur  l'histoire  intérieure 
e  l'Eglise  ofScielle. 

Mais  je  dois  signaler  quelques  erreurs  que  M.  R.  a  laissé 
se  glisser  dans  les  notes,  dont  il  a  accompagné  le  texte  de 
celte  correspondance.  Il  attribue  (p.  145)  à  La  Revellière- 
Lepeaux  le  plan  d'une  nouvelle  religion  dont  l'assemblée 
avait  agréé  l'hommage.  Ne  s'agirait-il  pas  plutôt  de  l'ou- 
vrage de  Dupuis  :  V Origine  de  tous  les  Cultes  ?  Plus  loin 
(p.  271),  et  la  même  erreur  se  rencontre  dans  la  biographie 
ae  Le  Coz,  lorsque  celui-ci  écrit  de  son  ami  Lanjuinais  qu'il 
est  électeur,  M.  H.  pense  qu'il  faut  lire  candidat.  La  Consti- 
tution de  l'an  III  cependant  ne  permet  pas  cette  méprise,  car 
sur  le  rapport  de  la  commission  des  Onze  dont  Lanjuinais 
fit  partie,  elle  supprima  le  suffrage  universel,  n'accorda  en 
principe  le  droit  de  suffrage  au  premier  degré,  dans  les 
assemblées  primaires,  qu'à  des  contribuables,  et  n'admit  à 
être  électeurs  du  second  degré  que  des  citoyens  aisés,  pro- 
priétaires ou  locataires  d'un  bien  évalué  à  un  revenu  égal  à  la 
valeur  locale  de  200  ou  150  journées  de  travail.  C'est  parmi 
ces  derniers  que  Lanjuinais  fut  compté. 

Pour  le  Maine,  cette  correspondance  a  un  intérêt  parti- 
culier assez  vif,  car  elle  explique  la  vie  si  difficile  au  milieu 
de  la  Chouannerie  du  clergé  constitutionnel,  peu  nombreux 
dès  l'origine  et  qui  fondit  de  jour  en  jour  dans  l'apostasie  et 
la  débauche,  dans  la  rétractation  ou  dans  la  mort  violente. 
Ce  clergé  ne  mérite  pas  en  somme  tout  le  mépris  qu'on 
montre  encore  à  son  endroit  et  s'il  compta  des  êtres  abjects, 
comme  Lindet  ou  Torné,  «  d'étranges  pasteurs  »,  comme 
Villar,  il  eut  aussi  des  hommes  de  valeur  ou  de  bonne  foi 
comme  d'Orlodot  et  comme  Le  Coz  qui  veulent  plus  de  jus- 
tice et  sont  dignes  de  plus  de  sympathie.  Placés  entre 
l'impiété  officielle  des  représentants  du  peuple  et  la  défiance 
hostile  des  populations,  ces  évêques  voyaient  tous  leurs 
efforts  annihilés  et  ils  en  souffrirent  réellement.  Leur  con- 
duite fut  a  même  autrement  patriotique  et  intelligente,  on 
peut  dire  autrement  chrétienne  que  celle  des  prélats  émi- 
grés qui  subordonnèrent  l'autel  au  trône  et  qui  laissèrent 
prendre  à  leurs  convictions  politiques  le  pas  sur  leurs  obli- 
gations pastorales  ».  C'est  la  conclusion  de  M.  R.  et  il  faut 
Padopter  complètement.  Le  Coz,  parmi  d'autres,  montra  un 
courage  civique  qu'il  nous  plaît  de  reconnaître,  entre  le  san- 


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—  126  - 

guinaire  Carrier  qui  le  fit  incarcérer  au  Mont-Saint-Michel, 
et  les  Vendéens  qui  voulurent  le  brûler  vif.  Les  généraux, 
les  représentants  étaient  «  les  plus  acharnés  contre  le 
culte  ».  Lorsqu'Esnue  la  Vallée  logeait  à  l'intendance,  il  y  fit 
porter  les  ornements  et  les  vases  des  églises,  empilés  dans  les 
pièces,  a  On  était  obligé  de  marcher  dessus  pour  parvenir  au 
nouveau  Sardanapale,  qui  était  entouré  de  femmes  décriées 
et  d'autres  êtres  immoraux,  à  qui  il  permettait  de  prendre 
dans  le  tas  d'ornements  ce  qui  pouvait  leur  convenir.  Les  vases 
sacrés  servaient  à  leurs  orgies.  .  Ces  scandales  n'ont  pas  peu 
contribué  à  soulever  nos  campagnes  »,  ajoute  Le  Coz,  dont  le 
clergé,  décimé  par  les  abdications,  malgré  les  pastorales 
attristées  de  l'évéque,  réduit  par  les  apostasies,  le  fut  encore 
par  les  assassinats  que  commirent  les  chouans.  Ceux-ci, 
dit  M.  R.,  «  allaient  la  nuit  trouver  individuellement  les  as- 
sermentés dans  leurs  presbytères,  pour  les  prier  de  venir  en 
toute  hâte  assister  quelques  mourants.  Le  pauvre  jureur, 
sans  défiance  et  tout  heureux  de  voir  que  ses  paroissiens 
recouraient  enfin  à  son  ministère,  se  levait  et  suivait  ses 
guides.  Après  avoir  passé  le  bourg,  dans  le  coin  du  premier 
champ  venu,  ceux-ci  déclaraient  au  malheureux  que  le  mori- 
bond c'était  lui-même  et  qu'il  se  dépéchât  de  réciter  son  acte 
de  contrition,  car  il  n'avait  plus  qu  un  instant  à  vivre  ;  puis, 
ramassant  leurs  fusils  cachés  dans  la  haie  voisine,  ils  le  fusil- 
laient sans  écouter  ses  plaintes.  Les  naïfs  seuls  se  laissaient 
prendre  à  ce  piège  ;  les  autres,  plus  prudents,  ne  sortaient 
de  leurs  presoytères  qu'au  grand  jour  ;  ils  en  étaient  quittes 
pour  être  massacrés  en  plein  soleil,  ce  qui  revenait  un  peu  au 
même.»  Presque  tous  les  intrus  d'un  canton  des  Côtes-du-Nord 
disparurent  de  cette  manière  au  printemps  de  1795.  Les 
Chouans,  écrivait  Le  Coz  en  1796,  «  semblent  de  jour  en  jour 
devenir  plus  féroces..  Il  y  a  huit  à  dix  jours,  un  assermenté, 
à  la  tête  d'une  horde  de  tigres,  entra  dans  une  maison  où 
étaient  deux  femmes  qui  lui  avaient  rendu  toute  sorle  de  ser- 
vices. Il  leur  annonça  la  mort,  leur  proposa  de  les  confesser, 
ce  que  les  malheureuses  firent.  Ensuite  on  leur  dit  de  creuser 
elles  mêmes  leurs  fosses,  à  quoi  elles  se  refusant,  les  bour- 
reaux pressés  les  creusèrent  et  puis  y  mirent  ces  deux  fem- 
mes. »  Si  le  fait  est  authentique,  ce  qu'il  est  difficile  de 
savoir,  ce  que  M.  R.  ne  croit  pas,  oubliant  peut-être  que  les 
passions  empêchent  l'homme  d'être  aussi  bon  ou  aussi  mau- 
vais que  ses  doctrines,  si  quelques  prêtres  s'appliquèrent 
ainsi  à  «  saigner  »,  comme  on  disait  alors,  le  premier  patriote 
qu'ils  rencontraient,  on  comprend  mieux  cette  accusation  des 
Bleus  que  les  réfractaires  promettaient,  au  nom  du  pape, 
une  indulgence  plénière  aux  auteurs  de  ces  assassinats. 
Ces  exécutions  sommaires  jetaient  l'épouvante  dans  la  petite 
église  constitutionnelle  à  grossir  les  rangs  de  laquelle  Le  Coz 


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-  127  - 

s'employait  par  tous  les  moyens  en  son  pouvoir,  écrivant 
lettre  sûr  lettre  aux  insermentés,  les  appelant  à  Tunion,  leur 
conseillant  au  moins  la  soumission  aux  lois  civiles.  Mal- 
heureusement, dans  la  Bretagne  comme  dans  le  Maine,  les 
insermentés  n'eurent  pas  l'intelligence  assez  ouverte  pour 
comprendre  que  là  était  l'intérêt  véritable  delà  religion  catho- 
lique et  se  butèrent  à  un  refus  obstiné  et  néfaste.  Bausset  écri- 
vait avec  amertume  :  «  Serait-ce  le  moment  aue  la  religion 
commence  à  sortir  avec  tant  d'efforts  des  liens  ae  l'oppression 
sous  laquelle  elle  gémissait  que  ses  propres  ministres  la  lais- 
seraient s'éteindre  et  dépérir  entièrement  par  attachement  à 
des  opinions  purement  politiques  et  problématiques  en  poli- 
tique ?  Ne  leur  appliquerait-on  pas  avec  justice  ces  paroles 
de  l'Écriture  :  Peribit  lex  a  sacerdote  »?  Le  pape  eut  beau 
adressera  tous  les  fidèles  catholiques  de  France  un  bref  pres- 
crivant cette  soumission  aux  lois  civiles.  Les  insermentés 
firent  exactement  ce  qu'ils  avaient  reproché  aux  assermentés 
et  ne  voulurent  pas  suivre  les  instructions  du  Saint-Siège 
qu'ils  traitèrent  d  apocryphes  Le  clergé  émigré  au  reste  ne 
fut  vraiment  pas  à  la  hauteur  de  sa  tâche  ;  pour  plusieurs  la 
religion,  suivant  le  mot  de  l'abbé  Rmery,  au  lieu  d'être  une 
fin  ne  fut  qu'un  moyen  et  ceux-ci  crurent  devoir  préférer  la 
sûreté  personnelle  que  donnait  la  déportation  au  service  des 
fid(  les.  On  le  leur  reprocha  vertement.  La  leçon  fut  dure,  mais 
elle  était  assez  méritée.  M.  R.  le  dit  excellemment  :  «  Les  dio- 
cèses, désertés  par  leurs  chefs,  furent  laissés  sans  direction  à  la 
merci  des  circonstances  les  plus  critiques,  des  périls  les  plus 
graves  ;  ou,  si  les  prélats  émigrés  prétendirent  continuer  de 
gouverner  leurs  églises,  du  lond  de  leurs  asiles  pleins  de 
sécurité,  ce  fut  le  plus  souvent  sans  une  connaissance  suffi- 
sante des  difficultés  qu'avaient  à  surmonter  ceux  de  leurs 
prêtres  restés  en  France,  au  risque  de  leur  tête.  D'ailleurs, 
pour  dire  la  vérité  toute  franche,  Ton  ne  voit  pas  bien  de 
quel  droit  ces  évêques  prescrivaient  à  leur  clergé  un  courage 
qu'ils  n'avaient  pas  su  déployer  eux-mêmes,  et  le  jetaient 
dans  les  dangers  qu'ils  avaient  fuis  !  »  Ce  furent  des  déser- 
teurs, et  les  évêques  de  Bretagne  se  distinguèrent  dans  cette 
fuite. 

Il  faut  lire  dans  son  entier  cette  biographie  où  l'auteur  dis- 
parait presque  complètement,  un  peu  trop  même  à  mon  avis, 
derrière  son  personnage,  et  qui  nous  aide  si  grandement  à 
comprendre  ce  qui  se  passa  aans  le  Bas-Maine  entre  1791  et 
1802,  entre  la  constitution  civile  que  presque  tous  rejetèrent, 
et  le  Concordat  que  plusieurs  s'obstinèrent  à  ne  pas  admettre. 

Le  Concordat  mit  Le  Coz  sur  le  siège  de  Besançon.  Il  y 
rencontra  les  mêmes  difficultés  au  début.  11  y  montra  un  dé- 
vouement apostolique,  une  piété  vive  et  sincère  et  de  rares 
apiitudes  d  organisateur  dans  des  circonstances  particuliè- 


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—  128  — 

rement  délicates.  Sa  charité  fut  ardente  et  si  tous  les  racon- 
tars méprisables  que  l'on  répandait  sur  son  compte  l'affli- 
Çeaient,  c'est  qu'il  y  voyait  surtout  des  obstacles  à  la  pacifica- 
tion des  esprits.  Ce  q^u  il  fit,  il  le  fit  par  amour  de  sa  religion 
et  de  sa  patrie  ;  jamais  il  n'en  éprouva  quelque  repentir  et 
spécialement,  avec  l'opiniâtreté  de  ses  compatriotes,  se 
refusa  à  rétracter  le  serment  qu'il  avait  prêté  à  la  constitu- 
tion civile.  Il  ne  parla  jamais  de  revenir  à  la  vraie  croyance 
car  il  pensait  ne  s'en  être  jamais  écarté.  Il  se  trompa  et  l'er- 
reur fut  capitale,  mais  il  se  trompa  de  bonne  foi.  Où  peut  dire 
de  lui  ce  que  son  dernier  biographe  écrit  des  évêques  galli- 
cans :  ce  n'est  pas  la  personne,  c  est  la  doctrine  qui  ne  valait 
rien.  M.  R.  le  montre  avec  toute  l'impartialité  qui  convient  et 
je  ne  saurais  trop  conseiller  à  ceux  que  l'histoire  religieuse 
intéresse  la  lecture  des  deux  volumes  dont  les  titres  sont 
transcrits  ci-dessus  ;  ils  sont  utiles,  ils  méritent  l'attention, 
et  je  ne  crois  pas,  en  le  disant  simplement,  en  faire  une 
mince  éloge. 

E.  Laurain. 


Les  Chouans  et  les  Bleus,  par  Jean  Morvan  (Paris, 
Bureaux  de  la  Revue  de  Paris,  1901.  In-8^,  25  p.). 

Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  cette  dernière  feuille 
de  notre  Bulletin,  je  reçois  une  brochure  dont  le  contenu  for- 
mera un  chapitre  spécial  d'un  volume  que  va  publier  prochai- 
nement la  librairie  Calmann-Lévy  sous  le  titre  :  Les  Ùhouans 
de  la  Mayenne  {il9'2'il96).  La  place  me  fait  ici  défaut  pour 
en  parler  comme  il  convient,  car  cette  étude  appelle  une  dis- 
cussion serrée,  et  le  temps  me  manque.  Je  me  réserve  au  reste 
de  le  faire  lorsque  aura  paru  le  volume,  dans  lequel  l'auteur 
développera  les  idées  et  les  théories  historiques  émises 
dans  le  simple  article  que  je  me  contente  de  signaler  aujour- 
d'hui. 

E.  Laurain. 


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LE  CHÂTEAU  DU  COUDMY 

ET   LES 

GHATELLEiNIES  DE  CHEMERÉ 
ET   DE  SAINT-DENIS-DU-MAINE 


CHAPITRE  V 

Christophe- Jacques  et  Jacques-Christophe  de  Sivigné  \ 
vente  de  la  terre  du  Coudraypar  décret  dadjudica- 
tien  rendu  à  la  cour  des  requêtes  de  V Hôtel, 


C'est  à  Texemple  d'un  de  leurs  frères  plus  âgé,  de  Gil- 
les de  Se  vigne  *  qui  les  y  avait  précédés,  que  Christophe- 

1.  Gilles  de  Sévigné.  vicomte  du  Pontrouault,  avait  épousé, 
tout  jeune  encore,  le  10  août  1554,  Marie  de  Keraldanet,  fille 
unique  de  Qwy  de  Keraldanet  baron  de  Rascol  et  autres  lieux, 
et  de  Marguejitede  Goetnempren,  celle-ci  reifiuriée  en  secondes 
noces  avec  Charles  de  Séviçné,  seigneur  des  Rochers,  et  en 
troisièmes  avec  Honoré  d'Acigné,  seigneur  de  Orandbois.  Entrée 
malgré  elle  parla  volonté  de  sa  mère  et  de  son  premier  beau- 
père  au  couvent  des  bénédictines  de  Vitré,  relevée  au  bout  de 
quatorze  ans  de  ses  vcepx  par  un  arrêt  du  Parlement  de  Rennes, 
enfin  bien  plus  âgée  que  son  jeune  mari,  la  vicomtesse  du  Pont- 
rouault avait  eu  une  vie  des  plus  aventureuses  que.  dans  ses 
«  Sévigné  oubliés  »,  M.  Fr.  Saulnier  a  racontée  au  chapitre  inti- 
tulé :  «  Le  roman  d'une  dame  de  Sévigné  ».  Quant  au  service  que 
Gilles  de  Sévigné  avait  pris  dans  la  marine,  il  est  constaté  dans 
une  requête  présentée  le  27  août  1667  par  Marie  de  Keraldanet 
au  Parlement  de  Paris  (Arch.  Nat.,  Z.  7652).  Le  vicomte  de  Pont- 
rouault ne  vivait  plus  en  1670. 

•J 


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—  130  - 

Jacques  et  Jacques-Christophe  étaient  entrés  dans  la  car- 
rière de  la  marine.  Jacques  Christophe  n'avait  encore 
que  vingt  ans  lorsqu'en  1664  il  avait  reçu  sa  commission 
d'enseigne  de  vaisseau,  et,  ceUo  année-là  même,  embar- 
qué sur  le  vaisseau  V Ecureuil,  que  commandait  M.  de 
Preuilly  d*Humières,  il  avait  pris  part  à  l'expédition  de 
Gigery*.  Quant  à  Christophe-Jacques,  bien  que  plus  âgé 
de  deux   ans,  sa  nomination   au  grade   d'enseigne  ne 
remontait  qu'à  l'année  1666  •.  En  août  1670,  Jacques- 
Christophe  se   trouvait  à  Brest  comme  «  enseigne  en 
second  sur  le  Prince  »,  et  il  avait  en  cette  qualité  donné 
quittance  à  M**  Olivier  Subleau,  «  conseiller  du  Roy,  tré- 
sorier général  de  la  marine  »  de  la  somme  de  150  livres 
à  lui  ordonnée  pour  trois  mois  de  ses  appointements  du 
1"  août  au  31  octobre  ^    C'est  également  à  Brest  que  se 
trouvait  au  commencement  de  l'année  1671  Christophe- 
Jacques,  ainsi  qu'en  fait  foi  la  quittance  donnée  par  lui  le 
22  janvier    de   ses  appointements  «  d'enseigne  d'un  des 
vaisseaux  du  Roy  »  pendant  w  les  mois  d'août,  septem- 
bre, octobre,   novembre   et  décembre  dernier  1670  »*. 
Dans  le  courant  de  cette  même  année  1671,  nous  retrou- 
vons les  deux  frères  de  Sévigné  à  Brest  où,  comme  c:  en- 
seignes entretenus  dans  ce  port  »,  chacun  d'eux  donne, 
en  mai  et  en  novembre,  quittance  de  ses  appointements 
pendant  les  mois  précédents  ^. 

Le  printemps  de  1672  avait,  comme  on  le  sait,  vu 
éclater  la  guerre  entre  la  France  et  l'Angleterre  d'une 
part  et  la  Hollande  de  l'autre.  Dans  la  campagne  navale 
qui  ne  tarda  pas  à  s'ouvrir  et  où  le  duc  d'York  commanda 

1.  Voir  \e  Dictionnaire  critique  de  biographie  et  d'histoire  par 
Jal,  à  l'anicle  Sévigné  ;  voir  aussi,  dans  la   vie  d'Abraham  Du- 

Fuesne  par  le   môme  auteur,  la   liste  des   vaisseaux  envoyés  à 
expédition  dont  il  s'agit. 

2    Jal.  Dictionnaire  déjà  cité,  article  Sévigné. 

3.  Bibl.  nat.,  Cab.  des  Titres,  P.  O.  dossier  Sévigné. 

4.  Ibidem. 

5.  Ibidem. 


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—  131  —     - 

la  flotte  anglo-française,  nous  voyons  «  le  sieur  de  Sévi- 
gné  »  enseigne  en  second  sur  le  Foudroyant,  vaisseau 
de  second  rang,  armé  de  70  canons,  fort  de  450  hom 
mes,  dont  le  sieur  Gabaret  était  capitaine,  et  «  le  sieur 
de  Montmoron  »  enseigne  à  bord  du  Rubis,  vaisseau 
de  3*  rang,  armé  de  48  canons,  fort  de  310  hommes  et 
commandé  par  «  le  sieur  de  Saint- Aubin  d'Anfreville  »*. 
A  la  sanglante  bataille  de  Southvold,  livrée  le  7  juin 
contre  la  flotte  hollandaise,  les  deux  vaisseaux  montés 
par  les  deux  personnages  qui  nous  intéressent  s'étaient 
trouvés  placés  à  Tavant-garde  de  la  flotte  française,  Tun 
dans  la  division  du  comte  d'Estrées,  l'autre  dans  celle  de 
M.  de  Rabenière  '-.  Au  retour  de  cette  campagne, 
Christophe-Jacques  de  Sévigné  et  son  frère  étaient  reve- 
nus à  Brest  et  ils  avaient  pendant  les  derniers  mois  de 
cette  même  année,  donné  Tun  et  l'autre  à  plusieurs  repri- 
ses quittance  de  leurs  appointements  ^. 

Au  commencement  de  mars  1673,  les  deux  frères  de 
Sévigné  avaient  eu  la  satisfaction  de  se  voir,  à  quelques 
jours  d'intervalle,  promus  l'un  comme  l'autre  au  grade 
de  lieutenant  ^.  Ce  fut  sans  doute  à  cette  occasion  qu'ils 
furent  appelés  à  servir,  Christophe-Jacques  sur  le  Témé" 
rairCy  où  il  retrouva  comme  capitain*^.  «  le  sieur  mar- 
quis d'Infreville  »,  et  Jacques -Christophe  sur  le  Grand 
dont  «  le  sieur  Foran  »  était  capitaine  -•.  Nul  doute  qu'ils 
n'aient  ainsi  assisté  aux  deux  principaux  événements 
delà  campagne  navale  de  cette  année-là,  la  bataille  de 
Walcheren  (7  juin)  et  celle  de  Texel  (21  août/  En  1674 
les  deux  frères  semblent  n'avoir  guère  quitté,  le  sieur  de 

1.  Arch.nat.,  fonds  de  la  marine,  Série  B/4,  vol.  4. 

2.  Ibidem. 

3.  Bibl  nat.  ,Gab.  des  Titres,  P.  O.    dossier  Sévigné,  et  Jal, 
Dictionnaire,  article  Sévigné. 

4.  Jal,  Dictionnaire,  article  Sévigné. 

5.  Arch.  nat.,  Marine,  B/4,  voL  5. 


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^    -  13:2  - 

Montmoron^  le  port  de  Brest',  et  le  chevalier  de  Sévi- 
gné  celui  de  Rochefort  auquel  il  venait  d'être  attaché  ^  ; 
mais  en  1675  il  n'en  avait  pas  été  de  même.  Tandis  que 
le  premier  avait  pris  part  à  plusieurs  expéditions  sur 
mer  ^,  le  second  avait  été  envoyé  dans  la  Méditerranée 
où,  servant  en  qualité  de  lieutenant  d'abord  sur  le  Belli- 
queux^  puis  sur  le  Grand  qui  étaient  allés  rejoindre  la 
flotte  de  Vivonne  à  Messine,  il  avait  contribué  à  Theu 
reux  réàultat  des  combats  d'Âgosta  (17  août  1675),  de 
Stromboli  et  de  Palerme  (8  janvier  et  7  juin  1676)  '",  Et, 
comme  dans  Tintervalle  des  opérations  navales,  le  gé- 
néral en  chef  envoyait  tout  ou  partie  de  sa  flotte  à  Tou- 
lon pour  en  rapporter  des  vivres  et  réparer  les  avaries 
et  que  le  vaisseau  le  Grand  avait  été  compris  en  octobre 
1675  et  en  juin  1676  dans  ces  envois  successifs^,  Jacques- 
Christophe  de  Se  vigne  avait  eu  par  deux  fois  l'occasion 
en  débarquant  sur  les  côtes  de  Provence,    d'aller  faire 


1.  Pour  se  distinguer  l'un  de  l'autre,  Christophe-Jacques  de 
Sévigné  prenait  le  titre  de  chevalier  de  Monmoron,  et  son  frère 
celui  de  chevalier  de  Sévigné. 

2.  A.  n.,  Mar.  C/1,  reg.  151,  Revues  Laffilard. 

3.  Bibl.  nat.,  Cab.  des  Titres,  P.  O.,  dossier  Sévigné. 

4.  A.  n.,  Mar.,  Revues  Laffilard. 

5.  Voir  aux  arch.  nat.,  Marine,  B/2,  vol.  29;  «  Liste  des  offi- 
ciers de  marine  choisis  par  le  Roy  pour  servir  sur  les  vaisseaux 
que  8.  M.  fait  armer  au  port  et  à  l  arsenal  de  Rochefort  pour  pas- 
ser au  Levani  »  ;  dans  l'état  major  du  Belliqueux  commandé  par 
le  sieur  du  Magnon,  (en   marge  :  Beaulieu),  «  le  sieur  de    Sevi- 

fny  »  figure  comme  lieutenant  (l**"  avril  1675).  Voir  encore  : 
ans  A.  n  Mar.  ;  B/2,  27,  fo  58:  Lettre  du  Roi  à  Vivonne 
(10  avril)  ;  B/2,  29  f»  :  Ordre  du  Roi  à  Beaulieu  comme  capitaine 
du  Belliqueux  (18  avril);  B/2,  27,  fo  68  :  Instruction  à  Gabaret 
(  17  mai)  ;  Ibidem,  f«  73  :  Ordre  du  Roi  au  sujet  du  vaisseau  Le 
Grand  commandé  par  Beaulieu  ;  B/4,  6  :  Instruction  à  Gabaret 
(20  juillet)  ;  Ibidem,  lettre  de  Gabaret  de  Messine  (14  aoûtj  ;  B/2, 
29  :  2,  17  et  31  août  ;  B/4,  6  :  Relation  par  Vivonne  de  la  Bataille 
d'Affouste  (2  septembre)  ;  B/4,  7  :  Ordre  de  bataille  du  combat 
livre  le  3  janvier  1676  auprès  de  Stromboli;  Jal,  A,  Duquesne» 
t.  IL  p.  215  et  328,  au  sujet  de  l'affaire  de  Palerme. 

6.  A.  n..  Marine,  B/2,  27,  F»»  140,  149,  159  et  163  :  Vaisseaux 
ramenés  à  Toulon  par  Duquesne  ;  B/4,  6  :  Lettre  de  MM.  de  Ga- 
baret et  Preuilly  (26  octobre),  B/2,  29,  ^  85. 


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—  133  - 

sa  cour  au  lieutenant  du  Roi  de  cette  province,  qui  n'é- 
tait autre,  est  il  besoin  de  le  rappeler  ?  que  M.  de  Gri- 
gnan,  le  gendre  de  sa  marraine.  Toutefois,  avant  de  fai- 
re une  démarche  utile  à  son  avancement  mais  qui  coûtait 
sans  doute  à  sa  timidité,  il  avait  évidemment  écrit  à 
cette  dernière  pour  réclamer  en  cette  circonstance  sa 
bienveillante  intercession.  De  là  ce  passage  de  la  lettre 
écrite  à  la  date  de  17  novembre  1675  par  madame  de 
Sévigné  à  madame  de  Grignan  : 

«  Il  y  a  un  chevalier  de  Sévigné  à  Toulon  qui  est  votre 
parent  et  mon  filleul.  Le  chevalier  de  Buons  dit  qu'il  est 
fort  brave.  S'il  va  saluer  M.  de  Grignan,  je  le  prie  de 
lui  faire  quelque  honnêteté  particulière  à  cause  du  nom. 
Il  voudrait  bien  avoir  un  vaisseau.  Voi^s  qui  gouvernez 
M.  de  Seignelay,  vous  pourriez  bien  aisément  faire  son 
affaire.  » 

Comme  nous  l'apprennent  ces  lignes  de  la  célèbre 
marquise,  celle-ci  était  loin  d'avoir  oublié  son  filleul  et 
de  se  désintéresser  de  son  sort.  Ce  n'était  pas,  du  reste, 
pendant  ce  premier  séjour  à  Toulon  que  Jacques-Chris- 
tophe de  Sévigné  avait  été  reçu  par  M.  de  Grignan  ;  il 
n'en  avait  sans  doute  pas  eu  le  temps,  ayant  été  obligé  de 
repartir  pour  Messine  dès  le  17  décembre  ^  Mais  il 
n'avait  rien  perdu  pour  attendre  ;  lors  de  son  second 
séjour  à  Toulon,  au  mois  de  juillet  suivant  2^  il  avait 
eu  enfin  l'occasion  de  pouvoir  saluer  le  lieutenant  du  Roi 
en  Provence,  qui  lui  avait  fait  le  meilleur  accueil.  C'est 
là,  du  moins,  ce  que  nous  apprend  madame  de  Sévigné 
elle-même  dans  sa  lettre  à  madame  de  Grignan,  datée  du 
5  août  1676  : 

«  J'embrasse  M.  de  Grignan  et  le  remercie  des  bon- 
tés qu'il  a  eues  pour  le  chevalier  de  Sévigné  ;  c'est  mon 


1.  Voir  A.  n.,  Marine,  B/,3.  22,  f»  17,  et  B/4,  7  :  Relation  du  com- 
bat du  8  janvier  et  journal  de  l'expédition 

2.  Bibl.  nat.,  man..  fonds  fr.  262'il  :  Quittance  d'appointements 
donnée  à  Toulon  le  12  juillet  1676  par  le  chevalier  de  Sévigné, 
lieutenant  sur  le  vaisseau  Le  Grand. 


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—  134  — 

filleul.  11  m'a  écrit  une  lettre  toute  transportée  de  recon- 
naissance. Quand  M.  de  Grignan  trouvera  l'occasion 
d'écrire  ou  de  parler  pour  lui,  j'en  serai  ravie.  Il  s'en- 
nuie fort  d'être  subalterne.  J'ai  ouï  dire  qu'il  était  brave 
garçon  et  qu'il  méritait  bien  un  vaisseau.  Si  c'est  lavis 
de  M.  de  Grignan,  vous  devez  l'en  faire  souvenir.  » 

Mais  le  moment  n'était  pas  alors  venu  pour  le  cheva- 
lier de  Sévigné  de  voir  son  vœu  réalisé.  Il  devait  atten- 
dre encore  pour  cela  près  de  deux  années.  Aussi  le  3 
septembre  1677,  dans  la  lettre  qu'elle  écrit  à  cette  date  à 
sa  fille,  la  marquise  s'était-elle  crue  obligée  de  revenir 
à  la  charge  en  faveur  do.  son   protégé  : 

«  Je  vous  prie  dédire  à  M.  de  Grignan  que  je  le  sup- 
plie d'écrire  à  M.  de  Seignelay  ou  à  M.  de  Bourepos 
pour  obtenir  le  congé  du  chevalier  de  Sévigné  pour  sol 
liciter  cet  hiver  un  vaisseau  ;  il  y  a  bien  des  places  va- 
cantes.  Le  pauvre  garçon  m'a  écrit  quatre  fois  ;  il  esta 
Messine  et  me  fait  pitié  ;  c'est  sa  vie,  c'est  son  espoir. 
Aidez-moi  à  le  servir.  Vous  savez  comme  il  s'appelle  ;  si 
cela  ne  vous  touche,  c'est  mon  filleul  ». 

Comme  on  le  voit,  d'ailleurs,  Jacques-Christophe  de 
Sévigné  était  encore  à  cette  époque  à  Messine  ;  nous  ne 
savons  pas  sur  quel  vaisseau  il  servait  alors,  mais  il  est 
certain  qu'il  avait  dû  s'embarquer  sur  l'un  des  trois  vais- 
seaux le  Pompeux,  le  Bizarre^  et  le  Duc,  qui,  le  dix 
avril,  avaient  mis  à  la  voile  pour  la  Sicile  sous  les  ordres 
de  M.  de  Valbelle  «. 

Le  chevalier  de  Sévigné  avait-il  obtenu  à  la  fin  de 
cette  même  année  1677  le  congé  demandé  à  Seignelay  ou 
à  Bonrepos  par  l'intermédiaire  de  M.  de  Grignan  ? 
En  tous  cas  il  avait  été  enfin  compris  dans  la  promotion 
qui  fut  faite  le  7  février  1678  de  neuf  officiers  ^,  et  il  était 
revenu,  appelé  par  son  nouveau  grade,  à  ce  port  de  Brest 


1.  Voir  Jal,  A,  Duquesne,  t.  II,  p.  301. 

2.  Voir  Jal,  Dictionnaire  crit.  de  biographie  et  d'histoire^  arti- 
cle Sévigné  et  A.  Duquesne,  t.  II,  p.  331. 


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-  135  — 

auquel  son  frère  Christophe- Jacques  était  toujours  atta- 
ché, maisoùil  ne  devait  le  retrouver  qu'à  la  fin  de  Fan- 
née*. 

Ce  dernier  avait  eu,  lui  aussi,  en  ces  années-là,  une 
vie  assez  mouvementée  par  suite  de  diverses  expéditions 
auxquelles  il  avait  pris  part  ;  c'est  ainsi  que  pendant 
rhiver  de  1676  à  1677  il  s'était  trouvé  à  l'expédition  de 
Cayenne  ^  et  qu'au  printemps  de  1678,  monté  sur  le  Bon 
dont  il  était  l'un  des  lieutenants,  il  avait  eu  part  à  la 
victoire  remportée  le  27  mars  près  des  iles  d^Ouessant 
par  Château-Renault  sur  une  escadre  hollandaise  char- 
gée de  porter  des  secours  à  Messine  ^.  S'il  n'avait  pas 
été  compris  comme  son  frère  dans  la  promotion  de  l'an- 
née 1678,  il  avait  été  du  moins  nommé  capitaine  de 
vaisseau  le  29  janvier  1680. 

C'était  pendant  le  cours  de  cette  même  année  1680  que 
Jacques-Christophe  de  Sévigné,  considérant  sans  doute 
que  le  seul  de  ses  frères  qui  s'était  marié  était  mort 
sans  postérité,  et  que  les  autres  paraissaient  avoir  renon- 
cé au  mariage,  s'était  décidé  à  prendre  femme.  Par  con- 
trat du  10  août  1680  il  avait  épousé  devant  les  notaires 
de  Landerneau  une  jeune  personne  d^une  fort  ancienne 
famille  du  pays  de  Léon,  Marie-Anne  de  Mescan,  fille  de 
Guillaume  et  d'Anne  Franquet,  seigneur  et  dame  de 
Stangier,  de  Penfrat  et  d'autres  lieux  ^.  De  cette  union 
devaient  naître  trois  enfants  :  1®  un  fils  nommé  Joseph, 
né  à  Brest  le  13  mai  1683  et  baptisé  trois  jours  après 
dans  l'église  des  Sept-Saints  de  cette  ville  ;  2*  une  fille 
morte  en  naissant  et  inhumée  à  Brest  le  9  octobre  1685  ; 
3*  une  autre  fille,  Marie- Charlotte,  née  vers  1686  *. 

1.  Voir  Revues  Laffilard. 

2.  A.  n.,  Marine,  B/4.  7,  et  Revues  Laffilard. 

3.  A.  n..  Marine,  B/4,  8. 

4.  Voir  Jal,  Dictionnaire,  article  Sévigné. 

5.  Les  Sévigné  oubliés,  le  filleul  de  la  marquise,  p.  97. 

6.  Ibidem,  p.  101,  note. 


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-  136  — 

En  ces  années-là,  la  France,  grâce  au  traité  de  Nimè- 
gue  conclu  en  1677,  se  trouvait  en  paix  avec  les  autres 
puissances  de  TEurope  ;  mais  la  paix  elle-même  n'était 
pas  une  cause  d'inaction  pour  la  marine  de  Louis  XIV. 
Dès  le  mois  d'avril  1679  une  escadre  commandée  par  le 
comte  d'Estréea  avait  été  envoyée  «  aux  isles  d'Améri- 
que »,  c'est-à-dire  à  Tabago  et  à  la  Martinique  ;  or, 
parmi  les  vaisseaux  qui  la  composaient,  figurait  VAlcion 
dont  «  le  sieur  chevalier  de  Sévigné  »  était  capitaine 
en   second  K  De  même  en  juin    1683    le  marquis  de 
Preuilly  d'Humières  ayant  été  chargé    de  conduire  en 
Danemark    treize    vaisseaux     et    quatre    brûlots    qui 
devaient,  en  se  joignant   à  la  flotte   danoise,  aider   le 
roi  Christian  dans  la  guerre  qu'il   soutenait  contre  le 
roi  de  Suède  Charles  XI,  Jacques-Christophe  de  Sévi- 
gné  avait  également  fait  cette  campagne  sur  le  Prin- 
ce,  toujours  comme  capitaine  en  second  ^.  De  même  en- 
core, quand  au  printemps  de  1684,  Tourville  alla  à  la  tête 
d'une   flotte  nombreuse,  partie  de  Toulon,  bombarder 
Gênes,  quatre  vaisseaux  du  Ponant  parmi  lesquels  était 
le  JSo/i,  avec  v  le  chevalier  de  Sévigné  »  comme  capitaine 
en   second,  s'étaient  joints  aux  vaisseaux  du  Levant^. 
Christophe- Jacques  de  Sévigné,  de  son  cdté,  depuis  sa 
promotion  au  grade  de  capitaine  de  vaisseau,  avait  été 
employé  presque  chaque  année  à  différentes  expéditions 
plus  ou  moins  importantes  ;  et  nous  savons  qu'en  1684 
et  en  1686,  il  avait  commandé,  évidemment  en  second, 
le  Cheval  marin  ^.  Envoyé  d'ailleurs  au  commencement 
de  1672  au  port  de  Toulon,  il  n'avait  pas   cessé   depuis 
lors  d'être  attaché  à  ce  département  ^. 

1.  A.  n.,  Marine,  B/2,  40  passim. 

2.  Voir  Jal,  A.  Duquesne,  t.  II,  p.  477. 

3.  A.  n.,  Marine,  C/1, 102,  et  Revues  Laffilard;  voir  aussi  Jal, 
A,  Duquesne,  t  II,  p.  509  et  suivantes. 

4.  Voir  Arch.  nat..  Marine,  C/1,  152,  Revues  Laffilard. 

5.  Ibidem. 


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—  137  - 

Tels  étaient,  au  moment  où  ils  venaient  d'hériter  de  la 
terre  du  Coudray,  les  états  de  service  des  deux  frères  de 
Sévigné,  et  Ton  voit  que  le  passage  du  testament  de  Re- 
né-François, où  celui-ci  les  représente  comme  «  pres- 
que toujours  en  mer  pour  le  service  et  sur  les  vaisseaux 
du  Roy  »,  n'avait  rien  d'exagéré. 

Est-il  besoin  d'ajouter  que  devenus  seigneurs  pro- 
priétaires de  la  terre  qui  nous  intéresse,  ni  Christophe- 
Jacques  ni  Jacques-Christophe  de  Sévigné  n'avaient  re- 
noncé pour  cela  à  leur  carrière,  ce  qui  ne  devait  pas  les 
empêcher,  surtout  le  second,  de  profiter  des  loisirs  que 
leur  laissait  de  temps  à  autre  leur  service  dans  la  marine, 
pour  venir  faire  au  Coudray  des  séjours  plus  ou  moins 
prolongés  ? 

C*est  au  printemps  de  1688  que  nous  voyons  pour  la 
première  fois  le  manoir,  objet  de  cette  étude,  habité  par 
sa  nouvelle  châtelaine  ;  à  la  date  du  19  avril  en  effet, 
«  haute  et  puissante  dame  Marie-Anne  de  Mesoan, 
femme  de  haut  et  puissant  seigneur  de  Sévigné,  capi- 
taine des  vaisseaux  du  Roy  dans  le  département  de 
Brest,  seigneur  de  céans  et  de  Chemeré  »,  nous 
apparait  tenant  sur  les  fonts  de  l'église  de  la  Bazouge 
un  enfant  dont  elle  a  accepté  d'être  marraine.  A  cette 
époque  du  reste  ni  son  mari  ni  son  beau-frère  ne  se 
trouvaient  auprès  d'elle.  Envoyé  au  commencement  de 
l'année  1688  du  port  de  Toulon  au  port  de  Brest  S 
Christophe-Jacques  allait  être  retenu  dans  ce  dernier 
port  par  son  nouveau  service  jusqu'au  mois  de  juin  ^. 
Quant  à  Jacques- Christophe,  qui  depuis  son  mariage 
n'avait  pas  cessé  d'être  attaché  au  département  de 
Brest,  il  y  avait  près  d'un  an  qu'il  était  en  mer  et 
avait  servi  comme  capitaine  en  second  d'abord  sur 
X Hercule,   puis  sur  V Emporté,  et  c'est    seulement  au 

1.  Arch.  nat.,  Marine,  C/1,  151,  Revues  Laffilard. 

2.  Ibidem. 


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—  138  — 

mois  de  mai  qu'il  allait  revenir  à  Brest  *.  Munis 
enfin  de  congés  régulièrement  obtenus  ^,  les  deux 
frères  purent,  dans  les  premiers  jours  de  juin,  prendre 
le  chemin  du  Bas- Maine  et  se  rendre  dans  leur  terre  du 
Coudray  où  ils  passèrent,  Tun  comme  l'autre,  tout 
Tété  de  cette  année-là.  Ce  séjour,  hélas  !  devait  être 
attristé  pour  Tépoux  de  Marie- Anne  de  Mescan  par  la 
mort  du  seul  fils  né  jusque-là  de  leur  union.  «  Le  12*  jour 
d'août  ».  lisons-nous  en  effet  dans  les  registres  parois- 
siaux de  la  Bazouge,  «  a  esté  par  nous,  prêtre  curé  de 
céans,  soussigné,  ensépulturé  dans  cette  église  le 
corps  d'escuyer  Joseph  de  Sévi^né  fils  de  hault  et  puis- 
sant seigneur  messire  Jacquos-Christophe  de  Se  vigne  « 
chevalier  seigneur  du  Couldray,  Chemeré  le  Roy,  la 
Bazouge  et  autres  lieux,  et  de  madame  Marie- Anne  de 
Mescan,  son  espouse  ;  présens  :  Messieurs  les  curés  de 
Saint-Denys  du  Mayne,  dudit  Chemeré,  et  plusieurs 
autres  ;  ledit  seigneur  Joseph  âgé  seulement  de  cinq 
ans  et  trois  mois  ». 

A  la  fin  du  mois  de  septembre.  Christophe-Jacques  de 
Sévigné  fut  obligé  de  s'acheminer  vers  Brest  pour  y  re 
prendre,  avec  les  premiers  jours  d'octobre,  son  service 
dans  le  port  auquel  il  était  désormais  attaché  ^.  Quant 
à  l'infortuné  père  du  jeune  Joseph  de  Sévigné,  avait-il 
demandé  un  congé  d'une  plus  longue  durée  que  celui  de 
son  frère,  ou  bien  le  fit-il  prolonger  après  le  malheur 
qui  lui  était  arrivé  ?  nous  l'ignorons.  Ce  qui  estcertain 
c'est  qu'à  la  date  du  l**"  novembre,  nous  retrouvons  «  haut 
et  puissant  Chritophe-Jacques  de  Sévigné,  chevalier, 
seigneur  du  Couldray,  Chemeré-le-Roy,  la  Bazouge,  et 


1.  Ibidem  ;  voir  aussi  B/2,  60,  f'»»  100.  151,  161,  et  B/2,  64,  ^•90 
et  97. 

2.  Voir  B/2,  60.  M89  :  Versailles,  25  novembre  1687;  Conçé 
pour  le  sieur  de  Sévigné,  capitaine  de  vaisseau  à  Brest.  Voir 
aussi  B/2.  64  :  6  mai  1688  ;  Ci  ngé  de  3  mois  pour  le  sieur  de  Sé- 
vigné Montmoron,  capitaine  de  vaisseau  à  Brest.  Voir  enfin  G/1, 
151,  Revues  Laffilard. 

3.  Voir  C/1,  151,  Revues  Laffilard. 


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-  139  — 

autres  lieux,  capitaine  commandant  les  vaisseaux  du  Roy 
au  département  de  Brest  >%  parrain  dans  Téglise  de  la 
Bazouge  avec  «  demoiselle  Marcelle  de  Mescan,  belle- 
sœur  dudit  seigneur  »,  de  Marcelle-Jacquette  Le  Clerc. 
Enfin  au  commencement  de  décembre,  il  était  lui  aussi  de 
retour  à  Brest  où  Tavait  rappelé  son  service  *. 

Cependant  la  guerre  de  la  Ligue  d'Augsbourg  venait 
de  mettre  Louis  XIV  aux  prises  avec  presque  toutes  les 
puissances  de  TEurope  coalisées  contre  lui  Cette  guerre, 
d'abord  exclusivement  continentale,  allait  devenir  égale 
ment  maritime  à  la  suite  de  la  révolution  d'Angleterre, 
qui,  en  détrônant  Jacques  II  au  profit  de  son  beau-père 
Guillaume  d'Orange,  avait  fait  entrer  dans  la  coalition 
européenne  la  nation  jusque-là  alliée  de  la  France  Dans 
ces  conjonctures  il  était  évident  que  notre  marine,  appelée 
à  lutter  contre  les  flottes  réunies  de  la  Hollande  et  de 
TAûgleterre,  entièrement  réorganisée  par  le  génie  de 
Colbert  pendant  les  années  de  paix  qui  venaient  de 
s'écouler,  commandée  par  des  chefs  tels  que  Tourville, 
Cbàteau-Renaud,  d'Estrées,  allait  jouer  un  rôle  des  plus 
importants.  Aussi,  dès  les  premiers  mois  de  l'année 
1689.  voyons-nous  Louis  XIV  faire  armer  dans  le  port 
de  Brest  un  certain  nombre  de  vaisseaux.  Parmi  ces 
vaisseaux  figuraient  le  Glorieux^  que  devait  commander 
le  sieur  de  Langeron  avec  «  le  sieur  de  Sévigné(Mont- 
moron)  »  comme  capitaine  en  second,  et  le  Sage,  dont  le 
sieur  de  Vaudicourt  était  désigné  pour  être  capitaine 
en  premier,  tandis  que  «  le  sieur  de  Sévigné,  »  Jacques- 
Christophe,  y  remplirait  les  fonctions  de  capitaine  en 
second  2.  Il  y  a  d'ailleurs  tout  lieu  de  croire  que  ce  dernier 
navire  fit  partie  de  la  flotte  qui,  sortie  de  Brest  dans  les 
premiers  jours  de  mai  sous  les  ordres  de  Château-Re- 
naud, fut  chargée  d'aller  porter  en  Irlande,  à  Jacques  II, 
qui  y  était  débarqué    quelque    temps    auparavant,  des 

1.  Ibidem. 

2.  Voir  B/2.  68,  i^.  13  et  58,  et  C/1, 151. 


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—  140  — 

troupes,  des  armes  et  des  munitions,  et,  après  l'heu- 
reux succès  de  sa  mission,  ne  tarda  pas  à  revenir  à 
BrestMl  y  a  également  lieu  de  croire  qu'au  mois  d'août 
suivant  Christophe-Jacques  deSévigné,  sur  son  vaisseau 
le  Glorieux^  aussi  bien  que  Jacques-Christophe  sur  le 
ScLge,  prirent  part  Tun  et  Tautre  à  Texpédition  comman- 
dée cette  fois  par  Seignelay  en  personne,  lorsque,  sous 
ce  dernier,  la  flotte  de  Château-Renaud,  renforcée  des 
vaisseaux  amenés  du  Levant  par  Tourville,  alla  chercher 
jusqu'aux  îles  Sorlingues  la  flotte  anglaise  qu'elle  eût 
attaquée  certainement  si  le  mauvais  temps  ne  l'en  eût 
empêché  2. 

Au  mois  de  septembre,  après  la  rentrée  de  la  flotte 
française  au  port  de  Brest,  le  sieur  de  Monmoron  reçut 
le  commandement  du  Sage  ^  ;  c'était  la  première  fois,  à 
notre  connaissance,  qu'il  était  appelé  à  Thonneur  de  com- 
mander un  vaisseau  ;  son  état-major  se  composait  du 
sieur  du  Coudray,  lieutenant,  et  des  sieurs  de  la  Roche- 
Vejançay  et  de  Beauvau  du  Rivau,  enseignes  *.  Sou  vais- 
seau était  désigné  pour  faire  partie  de  l'escadre  de  dix 
vaisseaux  que  M.  de  Relingues  devait  emmener  à  Dun- 
kerque  pour  de  là  tenir  la  mer  pendant  tout  l'hiver  et 
croiser  dans  la  Manche  ^. 

Vers  la  même  époque,  le  chevalier  de  Sévigné  avait 
été,  lui  aussi,  jugé  digne  de  commander  un  vaisseau  ; 
ce  vaisseau  ét^it  V Apollon,  et  il  avait  sous  lui  le  sieur 
du  Mené,  lieutenant,  et  le  sieur  de  Maurens,  enseigne  ^. 
Il  est  vrai  que  son  service  effectifdans  son  nouveau  poste 
ne  devait  commencer  qu'au  mois    de  décembre  ^.  Sous 

1.  Voir  Mémoires  de  Dangeau  et  Revues  Laffilard. 

2.  Ibidem. 

3.  Voir  C/1,  151,  Revues  Laffilard. 

4.  Voir  B/2,  68,  à  la  date  du  5  octobre. 

5.  Ibidem,  f®  17'^,  et  Mémoires  de  Dangeau. 

6.  Voir  B/2,  68.  à  la  date  du  5  octobre. 

7.  Voir  Revues  Laffilard. 


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—  141  — 

son  commandement,  V Apollon  fit  d^abord  partie  de  Tes- 
cadre  de  d'Amfreville,  chargé  de  croiser  à  l'entrée  de  la 
Manche,  mais  ne  tarda  pas  a  être  envoyé  avec  d'autres 
vaisseaux  delà  même  escadre  au  Port-Louis  pour  y  être 
placé  sous  les  ordres  du  marquis  de  Nesmond  ^  Comme 
on  le  voit,  si  Tannée  précédente  les  deux  frères  de 
Sévigné  avaient  pu  venir  faire  un  séjour  assez  prolongé 
dans  leur  terre  du  Bas-Maine,  il  n'en  avait  pas  été  de 
même  en  1689  où  leur  service  n'avait  cessé  de  les 
retenir  soit  en  mer,  soit  au  port  de  Brest.  Marie-Anne  de 
Mescan  semble  pourtant  avoir  en  ces  années-là  résidé  au 
Coudray  d'une  façon  presque  continue.  C'est  ainsi  qu'à 
la  date  du  10  novembre,  pendant  que  son  mari  s'apprê- 
tait au  port  de  Brest  à  prendre  le  commandement  de  l'il- 
pollon,  et  que  son  beau-frère  croisait  dans  la  Manche  à 
bord  du  Sage^  les  registres  paroissiaux  de  la  Bazouge 
nous  montrent  «  madame  de  Sévigné,  dame  de  cette  pa- 
roisse,» marraine  en  l'église  de  ladite  Bazouge  de  Jacques- 
Christophe  Raison,  «  fils  du  sieur  de  la  Peignière  ». 

Ce  sieur  de  la  Peignière,  à  qui  la  dame  du  Coudray 
faisait  ainsi  l'honneur  de  tenir  son  enfant  sur  les  foots 
baptismaux  de  Téglise  delà  Bazouge, était  René-François 
Raison,  alors  «  lieutenant  et  procureur  fiscal  des  juri- 
dictions du  Coudray,  Chemeré-le-Roy,  »  etc.  Ce  per- 
sonnage était  sans  doute  l'arrière-petit-fils  de  ce  M^ 
Martin  Raison  que  nous  avons  vu  dès  la  fin  du  XVI® 
siècle,  investi,  comme  notaire  delà  Bazouge.  de  la  con- 
fiance des  des  Retours,  et  le  petit-fils  de  ce  François 
Raison  qui,  dans  la  première  moitié  du  XVII"  siècle, 
avait  exercé  1  office  de  sénéchal  de  la  terre  du  Coudray. 
Les  Raison  étaient  donc  une  de  ces  familles  bourgeoises, 
comme  il  n'en  manquait  pas  sous  l'ancien  régime,  dont 
la  destinée  se  confondait  en  quelque  sorte  avec  l'exis- 
tence de  la  famille  seigneuriale  à  laquelle  son  dévoue- 
ment s'était  attaché,  et  la  dame  du  Coudray  n'avait  fait 

1.  Voir  B/2,  68,  à  la  date  du  13  décembre. 


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—  142  — 

que  ce  qu^elle  devait  en  acceptant  d'être  marraine  du  fils 
de  François-René  Raison. 

Nous  arrivons  à  Tannée  1690  et  à  cette  campagne  de  la 
Manche  qui,  pour  emprunter  le  langage  du  chevalier  de 
Villette,  dans  ses  mémoires  fut  la  plus  glorieuse  de 
toutes  pour  la  marine  de  France,  et  nous  allons  voir  la 
part,  assurément  très  importante,  qu'y  prirent  nos  deux 
capitaines  de  vaisseaux. 

Cette  campagne  ne  commença  qu'assez  tard  dans  la 
saison.  Avant  de  s'embarqu'^r,  le  mari  de  Marie- Anne 
de  Mescan  était  allé  vers  la  fin  de  T  hiver  ou  le  commen- 
cement du  printemps  faire  un  petit  séjour  au  Coudray. 
Nous  voyons,  en  effet,  à  la  date  du  l^^'mars  1690,  «  haut 
et  jmissant  chevalier  Jacques-Christophe  de  Sévigné, 
chevalier,  seigneur  du  Coudray,  Chemeré-le-Roy  et  de 
cette  paroisse.  »  parrain  en  Téglise  de  la  Bazouge  de 
Jacques- François  Marteau. 

Cependant  on  était  en  train  à  Versailles  de  préparer 
la  «  liste  des  officiers  de  marine  choisis  par  le  Roy  pour 
servir  sur  les  vaisseaux  que  S.  M.  a  résolu  de  faire  ar- 
mer pendant  la  campagne  prochaine  ».  Cette  liste,  datée 
du  28  mars,  et  comprenant  un  grand  nombre  de  vaisseaux, 
ne  tarda  pas  à  paraître  :  Jacques-Christophe  de  Sévigné 
et  son  frère  y  figurent  tous  deux,  le  premier  comme  ca- 
pitaine du  Faucon^ei  le  second  comme  capitaine  du  Pal" 
mier. 

L'état-major  du  Faucon  se  composait,  outre  a  le  sieur 
de  Sévigné,  capitaine,  du  sieur  de  Noyelles,  lieutenant; 
dusieur  Bochardde  Scarron,  lieutenant  en2«  ;  du  sieur 
Dufay-Gentian,  enseigne,  et  du  sieur  de  Foissy,  enseigne 
en  2®  ».  Quant  à  l'état-major  du  Palmier  il  comprenait, 
sous  «  le  sieur  de  Sévigné-Montmoron,  »  capitaine,  le 
sieur  de  Beauregard»  capitaine  de  frégate  légère  ;  le  sieur 
de  Mimard,  lieutenant,  le  sieur  de  Bricart,  lieutenant  de 
frégate  légère,  enfin  le  sieur  Bonrgart,  du  môme  gradée 

1.  Voir  B/2.  70,  ^  61. 


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-  143  — 

Plus  tard,  à  vrai  dire,  la  liste  du  28  mars  1690  se 
trouva  un  peu  modifiée,  comme  on  peut  s'en  convaincre  en 
parcourant  celle  qui  imprimée,  circula  vers  le  milieu  du 
printemps  dans  le  public  '.  En  ce  qui  concerne  le  Fau- 
con^  elle  remplace  le  sieur  Bochard  de  Scarron,  par  le 
sieur  de  Sainte-Marthe  ;  et,  pour  ce  qui  est  du  Palmier^ 
elle  supprime  le  sieu?  de  Beauregard,  fait  passer  le  sieur 
de  Mimard  immédiatement  après  le  sieur  de  Sévigné- 
Montmoron  et  met  le  chevalier  d'Aleigre,  lieutenant  en  2", 
et  TAbbé  Defautruq,  enseigne,  entre  le  sieur  de  Mimard 
et  le  sieur  de  Bricard  Cette  dernière  liste  a  d'ailleurs 
ceci  pour  nous  d'intéressant  qu'elle  nous  donne 
le  nombre  de  canons  des  deux  navires  dont  il  s'agit, 
42  pour  le  Faucon  et  34  pour  le  Palmier\  et  aussi  le 
nombre  d'hommes  formant  leur  équipage,  230  pour  le 
premier  et  206  pour  le  second. 

Ainsi,  au  fur  et  à  mesure  que  les  mois  s'écoulaient,  la 
composition  primitive  des  états-ma j  ors  des  deux  vaisseaux 
en  question  s'était  peu  à  peu  modifiée.  Mais  ce  ne  fut  pas 
tout.  Nous  verrons  plus  loin  que  dans  les  derniers  jours 
de  juin  Christophe- Jacques  de  Sévigné  avait  dû  abandon- 
ner le  commandement  du  vaisseau  leP«/m^r  pour  pren- 
dre celui  de  la  frégate  la  Vipère,  Or,  vers  les  premiers 
jours  de  ce  même  mois  de  juin.  Jacques-Christophe  s'était 
vu  lui  aussi,  confier  un  autre  navire  ;  celui  sur  lequel  il 
allait  prendre  part  à  la  campagne  qui  allait  s'ouvrir  était 
non  plus  le  Faucon  mais  le  Courageux  2,  armé  de  62 
canons  et  fort  de  350  hommes  ^. 

Mais  arrivons  au  récit  de  la  campagne  elle-même  : 

c<  Le  23  juin,  dit  H.  Martin,  la  flotte  française,  au 
grand  complet,  sortit  de  la  rade  de  Brest,  sous  les  ordres 
de  Tourville  nommé  vice-amiral  du  Levant  à  la  fin  de 


i.  On  en  conserve  un  exemplaire  aux  Imprimés  de  la  Biblio- 
thèque nationale  sous  la  cote  Lf69,  n®  13. 

2.  A.  n.,  Marine,  C/1,  151,  Revues  Laffilard. 

3.  A.  n.,  Mar.,  B/4,  12  et  la  date  du  10  juillet. 


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—  144  — 

1689  ;  elle  comptait  78  vaisseaux  de  guerre  dont  63  au- 
dessus  de  50  canons.  Les  côtes  de  France  n*ay  aient  ja- 
mais rien  vu  de  si  terrible  et  de  si  magnifique.  Seig^e- 
lay,  oublieux  des  maximes  de  son  père,  qui  voulait  à 
bord  de  nos  navires  de  guerre  une  mâle  simplicité,  les 
avait  surchargés  d'un  luxe  ruineux  ;  le  vaisseau  amiral 
le  Royal  Soleil  était  pavoisé  d'enseignes  de  50  pieds  et 
de  flammes  de  130  et  140  pieds  en  damas  brodé...  La 
flotte,  contrariée  durant  quelques  jours  par  le  vent,  en- 
tra le  29  juin  dans  la  Manche...  Le  2  juillet  elle  fut  en 
vue  des  ennemis,  dans  les  eaux  de  Tîle  de  Wight.  Les 
Anglais  et  les  Hollandais  réunis  étaient  inférieurs  aux 
Français,  sinon  par  le  nombre  de  canons,  au  moins  par  le 
nombre  des  navires  ;  ils  n'avaient  que  56  à  60  vaisseaux 
de  ligne,  pourla  plupart,  à  la  vérité,  d'un  très  fort  échan- 
tillon... Après  quelques  jours  d'évolutions,  la  flotte  an- 
glo-batave,  favorisée  par  lèvent,  prit  l'offensive (10 juil- 
let). Tourville,  quoique  sous  le  vent  de  l'ennemi,  accepta 
le  choc,  et  la  bataille  s'engagea  en  vue  de  Beachy-Head 
que  uous  nommons  le  cap  Bévéziers  sur  la  côte  de  Sus- 
sex  ». 

Ici  nous  interrompons  le  récit  de  H.  Martin,  pour 
emprunter  la  relation  de  Château- Renaud  ^  commandant 
de  l'escadre  bleue  faisant  l'avant-garde  française  dans 
laquelle  se  trouvait  compris,  entr'autres  vaisseaux  for- 
mant la  division  de  M.  de  Langeron,  le  navire  du  cheva- 
lier de  Sévigné,  le  Courageux  2. 

K  La  nuict  du  neuf  au  dix  de  juillet  [1690],  M.  le  comte 
de  Tourville  m'envoya  quelqu'ordre  et  me  fit  dire  par 
l'aide  maior  qu'il  estoit  résolu  d'engager  le  combat  à  quel 
prix  que  ce  fût,  mesme  à  vau  le  vent  des  ennemis  ;  il 
parut  ensuitte  aux  officiers  de  mon  bord  qu'il  avoit    fait 


1.  A.  n.,  B/4,  12  r>»  400  et  suivants. 

2.  Ibidem  :  Ordre  de  bataille  de  Tarmëe  navale  du  Roy...  au 
combat  donné  le  10  juillet  1690  vers  le  cap  Bévéziers  sur  les  côtes 
d'Angleterre  contre  les  armées  navales  d  Angleterre  et  de  Hol- 
lande. 


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-  145  — 

les  signaux  de  force  de  voile  ;  j'y  répondis  des  feux  et  du 
canon,  et  fis  force  avec  tontte  mon  escadre,  et  mouillé  * 
sur  les  deux  heures  après  minuit  ayant  ouy  moy-mesme 
les  signaux  de  mouillage  que  j'attendois  avec  impatience, 
rheure  de  la  marée  estant  venue,  et  tout  estant  prestpour 
cela.  Quelque  temps  après,  le  jour  paroissant  Je  fus  assez 
surpris  de  me  voir  à  pareille  distance  de  M.  de  Tourville 
et  des  ennemis  ;  ils  estoient  encor  sur  voile,  ils  avoient 
le  vent,  et  me  voyant  mouillé  et  éloygné  avec  mon  escadre 
du  reste  de  Tannée  Je  ne  sçay  si  cela  ne  leur  au roit  point 
fait  croire  cpi'ils  pou roient  profiter  de  cet  avantage  :  aus- 
sy  ne  tardèrent-ils  pas  d'arriver  sur  moy.  Je  ne  m*en  em- 
barrassé pas,  je  mis  d'abord  sous  voile  avec  toute  mon  es- 
cadre et  vins  regaigner  en  bon  ordre  la  teste  de  la  ligne 
où  je  me  mis  en  pane  pour  les  attendre,  ainsy  que  fit 
M.  de  Tourville  avec  le  reste  de  l'armée  ;  les  ennemis 
continuèrent  d'arriver  et  vinrent  en  bon  ordre  aussy  atta- 
querpresque  de  front  et  en  mesme temps  nostre  ligne  ;  les 
HoUandois  me  tombèrent  en  partage  et  arrivèrent  un  peu 
plus  et  plus  tost  que  le  reste  de  la  ligne  ;  ils  firent  une 
faute  bien  considérable  pour  des  gents  du  métier,  dont  je 
vis  bien  d'abord  que  je  profiterais,  mais  je  les  laissé 
engager  au  combat,  et  lorsque  je  vis  qu'ils  alloient  com- 
mencer, et  qu'ils  n'avoient  pas  assez  prolongé  leur  ligne 
pour  combattre  les  vaisseaux  de  la  teste,  je  fis  le  signal 
ordonné  pour  que  la  division  de  M.  de  Yilette  fit  force  de 
voile  pour  estre  en  estât  de  revirer  sur  les  ennemis  et  les 
mettre  entre  deux  feux  ;  les  ennemis,  presque  en  mesme 
temps  présentèrent  le  costé  et  commencèrent  à  tirer  à  la 
petitte  portée  du  canon.  La  division  de  M.  de  Langeron 
répondit  la  première^  je  le  fis  ensuitte  quant  je  les  vis 
bien  engagés,  et  ayant  veû  qu'on  a  voit  répondu  à  mes 
signaux.  Le  feu  de  la  teste  des  ennemis  ne  fut  guère  bien 
establi  que  par  le  travers  du  chevalier  de  Montbron  et 


1.  Mouillé,  vieille    forme   de  prétérit,  alors  en  usage,  pour 
mouillai. 

10 


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—  146  - 

du  sieur  d'AlIigre  qui  estoit  mon  matelot  de  Tavant  ;  le 
vice-amiral  et  le  contre-amiral  des  ennemis,  avec  deux 
autres  vaisseaux  bien  serrés  se  mirent  par  mon  travers 
et  celuy  de  VArdant  commandé  par  le  sieur  d'Infreville, 
et  nous  fismes  fort  grand  feu  de  part  et  d'austre  fort  long- 
temps. Le  Pompeux  commandé  par  le  sieur  d'AUigre 
qui  fit  tousjours  beau  feu  et  bien  son  devoir  dans  toutte 
l'occasion  laissa  tomber  sa  misène,  croyant  devoir  forcer 
de  voile,  comme  la  division  de  M.  de  Vilette  à  qui  j'en 
avois  fait  le  signal,  se  trouva  un  peu  loing  de  moy,  et 
je  fus  obligé  de  laisser  tomber  la  mienne  pour  m'en  rap- 
procher ;  VArdant^  mon  matelot  de  l'arrière,  fut  si  mal 
traitté  qu'il  fut  obligé  d'arriver  à  vau  le  vent  de  la  ligne 
pour  so  racommoder.  Ce  contretemps  m'exposa  seul 
quelque  temps  au  feu  de  ces  quatre  vaisseaux  sur  les- 
quels il  ialut  partager  le  mien. 

i<  Je  mis  dans  ce  temps-là  le  signal  à  la  division  de  M. 
de  Vilette  de  revirer,  ayant  forcé  de  voile  pour  cet  effect; 
ie  n'aurois  pas  esté  en  peine  que  M.  de  Vilette  n'eût 
reviré  de  mesme  aussy  tost  qu'il  avoit  jugé  à 
propos,  puisque  luy,  M.  de  Relingue  et  moy,  en 
estions  convenus  en  pareille  occasion,  et  moins  encor  en 
celle-cy  que  j'avois  fait  le  premier  signal  de  forcer  de 
voile,  qui  ne  pouvoit  estre  qu'à  cet  intention,  que  je  ju- 
geay  aussy  devoir  estre  celle  du  général  qui  m'avoit  don- 
né cet  ordre  par  les  ordres  généraux,  mais  je  fus  bien  aise 
de  le  faire  entendre  à  tous  les  vaisseaux  de  l'avant-garde. 
afin  que  chacun  revirât  à  son  tour  et  suivit  bien  M.  de 
Relingue. 

«  M.  deRelingue,àcequej'ay  appris  depuis,  avoitdesjà 
eu  la  mesme  intention,  puisqu'il  avoit  desjà  reviré  ;  mais 
ne  se  trouvant  pas  assez  au  vent  des  ennemis,  il  avoit 
esté  obligé  de  courre  son  premier  bord  pour  estre  plus  au 
vent,  et  je  croy  que  ç'avoit  esté  à  l'intention  de  me  sou- 
lager plus  tost  du  grand  feu  qu'il  voyoit  tomber  sur  moy. 
Estant  ensuitte  reviré  à  la  teste  de  sa  division,  M.  de 
Vilette  vint  envelopper  avec  elle  les  ennemis  et  achever 


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—  147  — 

de  les  mettre  en  désordre,  où  ils  commençoient  d'estre, 
les  mettant  entre  deux  feux.  Ensuitte  que  MM.  de  Relin- 
gue, de  Larteloire,  de  la  Galisonnière,  de  Vilette,  de 
Pointis  et  de  Septein  eurent  reviré,  je  reviré  tout  court 
sans  attendre  que  le  sieur  de  Riberé,  le  comte  Desgouttes, 
le  sieur  de  Persin,  le  chevalier  de  Monbron  et  le  sieur 
d^AUigre  les  eussent  suivis,  afin  de  suivre  mieux  les 
ennemis,  mais  je  le  fis  avec  beaucoup  de  peine  à  cause 
du  calme  et  estant  autant  incommodé  qu'un  navire,  qui 
pouvoit  encore  se  mouvoir  un  peu,  le  ponvoit  estre,  et, 
pour  ne  point  perdre  de  temps,  j'envoyé  M.  le  chevalier 
de  Beaujeu,  major,  qui  y  voulut  aller  luy-mesme  pour 
avertir  ces  vaisseaux,  qui  n'a  voient  point  reviré,  de  re- 
virer en  mesme  temps  derrière  moy,  et  de  faire  la  force 
de  voile  qu'il  pouroient,  par  lequel  moyen  je  joygnis 
promptement  ces  premiers  vaisseaux  qui  avoient  reviré 
avec  M.  de  Vilette  qui  faisoit  merveille  avec  MM.  de 
Relingue,  de  Larteloire,  et  les  cy-devant  nommés  de  sa 
division  qui  avoient  reviré. 

«  Le  sieur  du  Palais,  qui  sui  voit  le  sieur  Dimfreville  qui 
avoit  esté  obligé  de  se  tirer  de  la  ligne,  avoit  esté  aus- 
sy  incommodé  de  ses  mâts,  et  avoit  un  peu  largué  ;  quel- 
ques vaisseaux  des  ennemis  passèrent  par  cet  intervalle 
de  la  ligne  et  arrivèrent  sous  le  vent  pour  éviter  notre 
feu  ;  nous  eussions  infailliblement  fait  périr  toutte  cette 
escadre  qui  se  trouvoit  engagée  dans  la  nostre  et  dans 
une  partie  de  celle  de  M.  de  Tourville,  mais  le  calme 
qui  survint  m'osta  et  à  tous  nos  vaisseaux  tout  mouve- 
ment, hors  celuy  que  nous  pouvions  avoir  par  nos  cha- 
louppes. 

«  Voas  sçaurez.  Monseigneur,  Testât  où  nous  les  avions 
:  is  par  la  perte  qu'ils  ont  fait  de  leur  vaisseaux,  mais 
nous  les  aurions  eu  presque  tous,  n'ayant  plus  de  moyen 
de  se  rejoindre  aux  Anglois  qui  les  avoient  abandonnés. 
Le  sieur  de  Perinet  soutint  fort  bien,  aussy  bien  que 
le  sieur  de  Beaujayy  les  sieurs  de  la    Vigerie^  de  Sévi-- 


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—  148  — 

gni^  de  Vaudricourt  et  Durwaux  ',  que  je  reirouvay 
avec  M.  de  Langeron  dans  une  bonne  situation  pour 
nous  assurer  une  victoire  plus  complelte  de  tous  les 
Hollandais. 

«  Je  ne  vous  dirai  rien,  Monseigneur,  des  Anglois  que 
je  ne  vis  plus  au  retour  que  je  fis  du  costé  de  M.  de 
Tourville;  jay  sceu  seullement  que  M.  Herberg  n'avoit 
ozé  se  trouver  par  son  travers  ny  d^aucun  vesseau  con- 
sidérable, et  avoit  préféré  se  trouver  par  celuy  du  Jfo- 
déré^  du  Comte  et  du  Cheval  marin ^  par  quoy  je  croy 
que  vous  serez  confirmé  sur  ce  que  je  vous  ay  dit  de  ce 
général  à  l'occasion  du  combat  de  Bantry. 

«  Je  ne  vous  parleray  point,  Monseigneur,  de  ce  qui 
s'est  passé  ailleurs  que  dans  mon  escadre  ;  vous  sçaurez 
seullement  en  général  que  la  marée  qui  suivit  le  calme 
nous  éloygnapeu  à  peu  des  ennemis,  parce  qu'ils  avoient 
mouillé  avec  touttes  leurs  voilles  ;  nous  nous  aperçusmes 
de  cette  ruse  quelque  temps  après  que  M.  le  comte  de 
Tourville  fit  mouiller  » . . . .  • 

Tel  avait  été,  d'après  Château-Renaud  lui-même,  dans 
cette  glorieuse  journée  du  1*0  juillet  1690,  le  rôle  joué 
sur  son  vaisseau  le  Courageux  par  le  chevalier  de  Sé- 
vigné  ;  on  voit  qu'il  s'était  dignement  acquitté  pour  »a 
part  de  la  tâche  qui  lui  avait  été  confiée.  Nous  savons 
d'ailleurs,  grâce  à  un  document  relatant  l'état  des  vais- 
seaux après  le  combat,  que  le  Courageux  ne  s'était  pas 
trouvé  à  l'endroit  le  moins  périlleux  du  champ  de  ba- 
taille, puisqu'il  avait  eu  8  tués  et  11  blessés,  et  qu'on 
avait  tiré  de  son  bord  2.626  coups  de  canon  ^. 

Pendant  que  son  frère  contribuait  ainsi  à  la  victoi^  e 
de  Bévéziers,  Christophe-Jacques  de  Sévigné  prenait 
part  lui  aussi,  bien  que  sur  un  autre  théâtre  aux  opéra- 
tions navales  de  cette  même  campagne.  Destiné  d'abord 


1.  Officiers  commandant  les  divers  navires  composant  la  divi- 
sion de  Ijangeron. 

2.  A.  n.,  B/4,  12,  Campagne  de  1690. 


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—  149  ~ 

à  servir  dans  la  flotte  de  Tourville  avec  son  vaisseau  le 
Palmier^  quand  celle-ci  au  commencement  de  juin  mit  à 
la  voile  pour  la  première  fois,  il  fut  laissé  dans  la  rade 
de  Brest  pour  y  commander  quatre  vaisseaux,  y  compris 
le  sien,  dont  l'équipement  n'était  pas  sans  doute  tout  à 
fait  terminé,  et  qui  ne  devaient  rejoindre  la  flotte  qu'un 
peu  plus  tard.  C'est  là  du  moins  ce  que  nous  apprend 
une  lettre  à  lui  adressée  de  Versailles  le  17  juin  par  le 
ministre  Seignelay  : 

«  A  Monsieur  de  Sévigné. 
A  Versailles,  le  17  juin  1690. 

Monsieur, 
a  Comme  il  est  de  la  dernière  importance  pour  le 
service  du  Roy  que  les  vaisseaux  le  Flaman^  YEole,  le 
Capable  et  le  Palmier^  qui  sont  restés  dans  la  rade  de 
Brest  sous  votre  commandement,  joignent  incessamment 
Tarmée  navalle,  S.  M.  m'a  ordonné  de  vous  escrire  que 
son  intention  est  que  vous  mettiez  promptement  à  la 
voille  pour  vous  rendre  dans  l'endroit  qui  vous  a  été 
marqué  par  M.  de  Tourville.  J'espère  que  vous  ne  per- 
drez pas  un  moment  pour  cela  et  que  S.  M.  aura  la  satis- 
faction d'apprendre  au  plus  tôt  la  nouvelle  de  votre  dé- 
part. Je  suis,  »  etc^ 

Cependant  la  flotte,  gênée  par  le  mauvais  temps  et  les 
vents  contraires,  après  quelques  jours  de  navigation 
dans  l'Océan  et  dans  la  Manche,  avait  été  obligée  de 
revenir  à  Brest  pour  s'y  mettre  à  l'abri  dans  la  rade  ; 
puis  le  23,  comme  nous  l'avons  dit  plus  haut,  elle  s'était 
remine  définitivement  en  mer.  Mais  en  dépit  des  ordres 
pressants  du  ministre,  les  vaisseaux  du  sieur  Monmo- 
ron  étaient  encore  loin  d^étre  prêts,  ce  qui  obligea  leur 
commandant  à  assister,  à  son  grand  regret,  au  départ  de 
la  flotte  de  Tourville,  sans  pouvoir  la  suivre. 

C'est  sur  ces  entrefaites  qu'il  reçut  de  Versailles  une 
seconde   lettre   datée  du  22  juin,  à   lui  adressée  cette 

1.  A.  n  ,  Mar.  B/2,  73  Dépêches  du  Ponant,  ^  190  v». 


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—  150  - 

fois,  et  écrite  de  la  main  du  Roi  lui-même.  Elle  était 
ainsi  conçue  : 

«  Monsieur  de  Sévigné-Montmoron,  ayant  estimé  du 
bien  de  mon  service  de  donner  au  sieur  Forant,  chef 
d'escadre  de  mes  armées  navales,  le  commandement  du 
vaisseau  \e  Palmier^  ^e  vous  fais  cette  lettre  pous  vous 
dire  que  vous  ayiez  à  le  luy  remettre  et  à  monter  ma  fré- 
gate la  Vipère.  Sur  ce.  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ayt,  Mon- 
sieur de  Sévigné-Monmoron,  en  sa  sainte  garde...  »  '. 

Ainsi  Christophe  Jacques  de  Sévigné  allait  désor- 
mais être  déchargé  du  commandement  du  Palmier  pour 
prendre  celui  de  la  Vipère,  Lui-même  du  reste  avait 
reçu,  relativement  à  la  campagne  à  laquelle  il  se  disposait 
à  prendre  part,  une  nouvelle  destination.  La  Vipère  de- 
vait faire  partie  d'une  escadre  placée  sous  les  ordres 
de  Forant  à  qui  le  Roi  venait  de  confier  la  double  mis- 
sion, d'abord  d'escorter  jusqu'en  Irlande  un  convoi  de 
ravitaillement^  puis  de  croiser  dans  la  Manche  de 
Saint- Georges  2. 

Monté  sur  le  Palmier^  Forant  quitta  Brest  avec  une 
partie  de  son  escadre  vers  le  12  juillet^  et,  grâce  à  une 
heureuse  traversée,  arriva  au  bout  de  quelques  jours  à 
Kinsal.  Mais  il  n'avait  pu  emmener  avec  lui  la  Vipère 
et  quelques  autres  frégates  qui,  faute  sans  doute  d'un 
équipement  suffisant,  étaient  toujours  à  Brest.  Aussi 
son  premier  soin,  une  fois  arrivé  à  Kinsal,  d'où  il  devait 
presque  aussitôt  repartir  pour  Limerick,  fut-il  d'écrire 
au  ministre  Seignelay  pour  le  supplier  «  d'ordonner  que 


1.  A.  n.,  Mar.,  B/2,  72  (ordres  du  roi),  f»  129,  v». 

2.  A.  n.,Mar..  B/2,  72,  r>  125  :  Mémoire  servant  d'instruction 
au  sieur  Forant,  chef  d'escadre  des  armées  navales  du  Roi  (Marly, 
22  juin]  Voir  aussi  ibidem  la  0  Liste  des  vaisseaux  que  le  Roy 
veut  estre  armés  pour  croiser  dans  la  Manche  de  St-Georges  sous 
le  commandement  du  sieur  Forant,  chef  d'escadre  de  ses  armées 
navales  ».  Parmi  ces  vaisseaux,  figure  La  Vipère  avec  le  sieur 
de  Sévigné-Montmoron  comme  capitaine. 

3.  Voir  A.  n.,  Mar.,  B/2,  74,  lettres  écrites  pendant  le  mois  de 
juillet  par  le  ministre  Seignelay  à  Desclouzeaux  et  à  Forant. 


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—  151  — 

le  sieur  de  MontmoroD,  avec  les  autres  frégates  »  qu'il 
avait  «  laissées  à  Brest  »,  vint  aussi  le  ce  rejoindre  dans 
ce  pays  »  '.  Cette  lettre,  datée  du  17  juillet,  mit  natu* 
Tellement  un  certain  nombre  de  jours  à  parvenir  à  Ver- 
sailles, et  ce  fut  seulement  le  30  du  même  mois  que  le 
ministre,  pressé  d'y  donner  satisfaction,  envoya  à  son 
tour  à  M .  de  Sévigné-Monmoron  la  lettre  suivante  : 
A  Versailles,  le  30  juillet  1690. 
«  Monsieur, 

a  Le  Roy  ayant  esté  informé  que  M.  Forant  est  parti 
de  Kinsal  avec  les  frégates  qui  son  sous  sont  commande- 
mont  pour  se  rendre  à  Limerick,  Vintention  de  S.  M.  est 
que  vous  mettiez  promptement  à  la  voile  pour  l'y  aller 
rejoindre  avec  les  frégates  la  Vipère^  la  Mutine^  le 
Soleil  d'Afrique^  le  Marin^  Va  Badine^  la  Fée^  la  Char^ 
mante,  le  Comte  de  Révoil,  et  les  deux  bruslots  et  les 
deux  flûtes  que  M.  Desclouzeaux  a  eu  ordre  de  préparer, 
et  que  vous  fassiez  la  plus  grande  diligence  que  vous 
pourrez.  Je  suis  bien  aise  de  vous  dire  qu'en  exécutant 
promptement  ces  ordres,  vous  rendrez  un  service  con- 
sidérable et  très  agréable  à  S.  M.,  et  que  j'aurai  soin  de 
l'en  faire  souvenir  lorsque  l'occasion  se  présentera  de 
vous  faire  plaisir.  11  faut  pendant  votre  route  que  vous 
naviguiez  avec  précaution  et  que  vous  passiez  au  cap  de 
Clare  pour  éviter  la  rencontre  des  vaisseaux  de  guerre 
anglais  qui  sont  à  présent  sur  les  côtt;s  d'Irlande  »  ^. 

Comme  on  le  voit  par  les  trois  lettres  qui  lui  avaient 
été  adressées  directement  soit  par  le  Roi  lui-même,  soit 
par  le  ministre  Seignelay,  le  rôle  joué  dans  cette  campa- 
gne de  1690  par  Christophe-Jacques  de  Sévigné  avait 
été  quelque  chose  de  plus  que  celui  d*un  simple  capitaine 
de  vaisseau  ;  s'il  n'avait  pas  été,  comme  son  frère,  l'un 
des  glorieux  combattants  de  Bévéziers,  c'est  qu'on  avait 

1.  Voir  A.  n.,  Mar.,  B/4,  12  :  Campagne  de  1690,  Correspon- 
dance de  Forant,  lettre  du  17  juillet. 

2.  A.  N..  Mar.,  B/2^  74,  fo  t6t  V. 


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—  152  — 

eu  besoin  de  lui  pour  une  miesion  qui  avait  elle  aussi 
son  importance. 

Le  moment  \ânt  enfin  où  le  sieur  de  Montmoron  put 
mettre  à  la  voile  avec  les  vaisseaux  et  frégates  qui  lui 
étaient  confiés,  et  aller  rejoindre  à  Limerick  le  sieur 
Forant.  Or  celui-ci,  à  la  suite  des  graves  événements  qui 
venaient  de  se  passer  en  Irlande,  et  avaient  nécessité  la 
transformation  de  son  escadre  en  une  véritable  flotte  par 
l'adjonction  de  nouveaux  vaisseaux,  avait  dû  céder 
le  commandement  de  l'expédition  à  d'Amfreville  K  Ce 
fut  donc  sous  les  ordres  de  ce  dernier  que  Christophe- 
Jacques  de  Sévigné  servit  en  réalité  pendant  le  reste  de 
la  campagne  ^.  La  Vipère  fut  évidemment  parmi  les 
vaisseaux  qui  arrivèrent  à  Limerick  vers  la  fin  d'août, 
au  moment  où  Guillaume  d'Orange  levait  le  siège  de 
cette  ville,  et  elle  contribua  certainement  à  ramener  en 
France  une  partie  des  troupes  françaises  et  irlandaises 
qu'avait  commandées  Lauzun.  En  tous  cas,  à  la  date  du 
18  septembre,  nous  voyons  cette  frégate  figurer  sur  la 
liste  des  vaisseaux  et  frégates  de  l'escadre  du  sieur 
d'Amfreville  qui  avaient  reçu  l'ordre  de  désarmer  à 
Brest  \ 

Au  moment  même  où  se  terminait  ainsi  pour  le  sieur 
de  Monmoron  la  mémorable  campagne  de  1690,  les 
Pères  jésuites  de  la  Flèche  faisaient  tenir  au  bourg  de 
Chemeré,  en  la  maison  seigneuriale  de  la  Moinerie,  les 
pieds  et  assises  de  leurs  terres  fiefs  et  seigneuries  de  la 
Moinerie,  de  Villiers  et  d'Épineu-!e-Séguin  dépendants 
de  l'abbaye  de  Bellebranche  unie  à  leur  collège  royal  de 
la  Flèche.  Or,  parmi  les  vassaux  cités  à  comparaître, 


1.  A.  n.,  Mar.,  B/2,  74  :  Lettres  écrites  par  Seignelai  les  22  et 
23  juillet  à  Forant,  à  d'Amfreville  et  à  Desclouzeaux. 

2.  A.  n.,  Mar.,  B/2,  74,  f»  152  :  Liste  des  vaisseaux  qui  doivent 
servir  dans  la  manche  de  Saint  Georges  sous  le  commandement 
de  M.  d'Amfreville  ;  parmi  ces  vaisseaux  figure  La  Vipère  com- 
mandée par  le  sieur  de  Monmoron, 

3.  A.  n.,  Mar.,  B/2,  72,  fo  183. 


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—  153  — 

nous  irouTons  «  Messire  Christophe-Jacques  de  Sévigné, 
seigneur  de  Monmorou  et  de  la  châtellenie  de  Chemeré, 
et  en  ladite  qualité  seigneur  propriétaire  des  moulins  et 
estangs  delà  Bazouge  paroisse  de  la  dite  Bazouge.  pour 
luy  et  ses  cohéritiers  ».  Est-il  besoin  d'ajouter  que  le 
sieur  de  Monmoron,  qui  est  dit  à  cette  occasion  «  actuelle- 
ment au  service  du  Roy  »,  ne  comparut  pas  en  personne, 
mais  se  fit  représenter  par  René-François  Raison,  son 
procureur  fiscal  de  la  dite  seigneurie  de  Chemeré  ? 
Celui-ci  d'ailleurs  se  désavoua,  «  d'acquest  »  au  nom  de 
son  commettant,  «  et  aussy  de  la  nuepce  de  cette  cour  », 
à  laquelle,  prétendit-il,  il  était  <i  seulement  deu  24  bois- 
seaux de  seigle,  mesure  de  Chemeré  le  Roy,  de  rente 
fontière  ou  legs  sur  les  dits  estangs  et  mouUin  de  la 
Chaussée  »  dont  avaient  été  «  continuellement  »  chargés 
«  les  fermiers  du  dit  mouUin,  »  etc.  '. 

1.  Arch.  de  la  Sarthe,  fonds  Bellebranche,  P*  224. 


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ESSAI  HISTORIQUE 

SUR    LA 

TERRE    SEIGNEURIALE  ET   LA  CHAPELLENIE 

DE 

LA  GENDRONNIÈRE 

(saint-sulpice) 


La  tfirre  seigneuriale  de  la  Gendronnière,  sise  en  la 
paroisse  de  Saint-Sulpice  du  Houssay,  ancien  diocèse 
du  Mans,  aujourd'hui  Sainl-Sulpice  près  Château-Gon- 
tier  au  diocèse  de  Laval,  est  très  ancienne  ;  on  la  trou- 
ve mentionnée  auxXIli®  et  XIV*  siècles  ^  A  une  date 
postérieure,  que  nous  croyons  devoir  placer  vers  la 
première  moitié  du  XVP siècle,  une  chapellenie  de  la 
Gendronnière  fut  fondée,  «  comme  devant  être  desservie 
dans  l'église  parrochialle  de  Saint-Sulpice  du  Houssay.  » 
Elle  n'était  donc  pas  une  chapelle  domestique  annexée 
au  château  même,  mais  bien  une  fondation  religieuse, 
due  à  la  générosité  d'un  seigneur  de  la  Gendronnière, 
lequel  déclarait  dans  son  acte  de  fondation,  qu'il  enten- 
dait que  ledit  bénéfice  fût  attaché  à  Téglise  paroissiale 
de  Saint-Sulpice,    s'en    réservant    la    présentation    et 

1.  Amendes,  déclarations  du  fief  et  seigneurie   du  Jarry,  en  la 

Î>aroisse  de  Saint-Sulpice,  pour  terres,  maisons,  rentes,  à  la  Beu- 
otterie.  aux  Chenuères,  au  Gléray,  à  la  CAtelière,  à  la  Fourmon- 
dière.  à  la  Gendronnière,  à  la  Goupillière,  aux  Machouardières, 
à  la  Querellière,  à  la  Robardière,à  Saint-Sulpice,  etc..  (Archivée 
de  la  Mayenne,  série  E,  n®  39). 


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—  155  — 

désignant  Mgr  l'Evéque  du  Mans  pour  collateur  de  cette 
chapellenie. 

Le  temporel  attaché  au  bénéfice  de  la  Gendronnière 
consistait  en  la  métairie  de  la  Hayère,  sise  paroisse  de 
Quelaines.  Cette  métairie  était  grevée  d'une  rente  an- 
nuelle de  douze  setiers  de  seigle,  que  nous  trouvons 
vendue  et  cédée  en  1458  comme  suit  : 

Le  feu  sieur  de  Brassé  avait  baillé  à  damoiselle  Ysa- 
beau  Mauviel.  femme  de  noble  homme  Thomas  Le  Séné- 
chal, écuyer.  paroissien  du  Louroux-Debeconnays  (sic), 
la  rente  de  douze  sepiiers  de  seigle,  assise  sur  le  lieu 
delà  Hayère  Ysabeau  apportait  cette  rente  en  mariage 
audit  Thomas  Le  Sénéchel. 

Au  14  mai  1458,  celui-ci  «  vendait  laditte  rente  à  pos- 
«  scder  moitié  pour  moitié  1®  à  messire  Jehan  Amyut, 
<c  prêtre,  sieur  d'Olmeaux  absent  ;  et  2**  à  Jehan  Cha- 
«  lopin,  présent,  tous  deux  paroissiens  de  Saint-Sul- 
«  pice  ;  ledit  Chalopin  acheptant  tant  en  son  nom  que 
«  au  nom  dudit  Amyot  et  par  moytié,  douze  septiers  de 
«  seigle  de  rente,  à  la  mesure  de  Quelaines,  que  ledit 
«  vendeur  à  cause  de  damoiselle  Ysabeau  Mauviel  a 
«  droict  d'avoir  et  de  prendre  par  chascun  an,  au  terme 
(c  de  TAngevinne,  sur  le  lieu  et  appartenances  de  la 
«  Hayère,  situé  et  assis  en  la  paroisse  de  Quelaines.   » 

Cet  acte  de  vente,  souscrit  en  «  la  court  de  ChasteaU- 
gontier.  »  le  fut  en  présence  de  nobles  personnes  Michel 
Mauviel,  frère  aîné  d'Ysabeau,  et  Jehan  de  Ligneu,  mari 
de  la  sœur  de  Thomas  Le  Sénéchal,  co-intéressés. 

Par  devant  M*  Jehan  de  Pincé,  licencié  ès-lois.  lieute- 
nant de  M.  le  juge  général  ordinaire  d'Angers,  eut  lieu  le 
24  janvier  1514,  un  accord  entre  «  honorable  homme  et 
saige  maistre  François  Chalopin,  fils  de  Jehan  ci-dessus, 
licencié  ès-lois.  et  Mathurin  Amyot.  frère  de  Jehan 
Amyot  précédemment  dénommé,  demandeurs,  d'une 
part,  «  et  les  détempteurs  de  la  Hayère,  d'autre  part.  » 

Ces  derniers  furent  condamnés  à  payer  quarante  livres 
huit  sols   tournois    à   Chalopin  et   douze  livres  audit 


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—  156  — 

Amyotpour  les  arrérages  de  la  rente  assise  sur  ledit  lieu 
de  la  Hayère. 

Dans  ce  deuxième  titre  nous  ne  trouvons  pas  mention 
encore  du  bénéfice  de  la  Gendronnière  auquel,  plus  tard, 
fut  attachée  la  terre  de  la  Hayère;  il  faut  donc  supposer 
que  la  fondation  de  cette  chapellenie  eut  lieu  entre  1514 
et  1532  car,  à  cette  date  de  1532,  «  vénérable  et  discret 
maistre  Jehan  Âmyot,  curé  de  la  Bazouge-de-Che- 
meré,  est  qualifié  chapelain  de  la  chapelle  de  la  Gen- 
dronnière, sise  en  la  paroisse  de  Saint-Sulpice-du-Hous- 
say  ». 

Cela  nous  porterait  à  croire  que  la  famille  Amyot  de- 
vait à  cette  époque  être  propriétaire  de  la  terre  de  la 
Gendronnière  et  que  Jehan  Amyot,  prêtre,  aurait  légué 
sa  succession  à  son  frère  Mathurin  Amyot  avec  obliga- 
tion pour  celui-ci  de  fonder  une  prestimonie  en  Téglise 
de  Saint-Sulpice  sous  le  titre  de  chapellenie  de  la  Gen- 
dronnière. 

Le  premier  titulaire  de  ce  bénéfice  aurait  été  tout  na- 
turellement le  neveu  et  fils  des  fondateurs  Jehan  et 
Mathurin  Amyot  :  «  vénérable  et  discret  maistre  Jehan 
Amyot,  »  filleul  de  son  oncle  Jehan  qui  lui  avait  fait  faire 
toutes  ses  étudcF  ecclésiastiques:  Ce  premier  chapelain 
du  bénéfice  de  la  Gendronnière  était  encore  en  fonction 
en  1543,  car  à  la  date  du  21  mai  de  cette  même  année, 
il  y  avait  contestation  entre  :  «  vénérable  et  discret 
«  maistre  Jehan  Amyot,  prestre,  curé  de  la  Bazouge  de 
«  Chemeré  et  chapelain  delà  chapelle  ou  chapellenie  de 
«  la  Gendronnière  fondée  et  desservie  en  Téglise  parro- 
<t  chialle  de  Sainct-Sulpice  du  Houssay,  comparant  par 
«  M^  Pierre  Chalopin,  licentié  ès-loix,  son  procureur,  de- 
«  mandeurs  d'une  part  ;  et  vénérable  et  discret  maistre 
«  Pierre  Chalumeau,  prestre,  comparant  par  M*  Mathurin 
«  Chalumeau,  licentié  ès-loix,  son  conseil  et  procureur, 
«  défendeurs  d'autre  part  ;  touschant  le  nombre  de  six 
<K  septiers  de  seigle  à  la  mesure  ancienne  rentière  de 
«  Quelaines,  arrérages  eschues  au  terme  et  feste  de  la 


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-  157  - 

Nativité  (de)  Notre-Dame  dite  TAngevinne  dernière 
passée  ;  de  pareil  nombre  de  six  septiers  de  seigle  de 
rente  annuelle  prétendue  et  demandée  par  ledit  deman. 
deur  chapellain  susdit,  sur,  à  cause  et  par  raison  du 
lieu  et  appartenances  de  la  Hayère,  sis  en  la  paroisse 
de  Quelaines  ;  duquel  lieu  ledit  deffendeur  est  seigneur 
et  détempteur  en  tout  ou  pour  la  plus  grande  partye. 
Rendable  icelle  rente  audit  terme  audit  demandeur 
chapellain  susdit  ou  à  autre  pour  luy  au  lieu  de  la 
Gendronnière  ;  à  paiement  duquel  arréraige  et  conti- 
nuacionde  laditte  rente  pour  l'avenir  audit  lieu  deU 
Gendronnière  et  à  despens,  ledit  demandeur  chapel- 
lain susdit  aconclud. 

«  Lesquelles  partyes  oyez  sur  laditte  demande  et 
après  que  ledict  deffendour  a  confessé  avoir  eu  com- 
munication de  plusieurs  lectres  et  enseignemens  fai- 
sant mention  de  ladicte  rente  et  qu'il  n'a  eu  que  empes- 
che,  avons  condamné  et  condamnons  ledict  deffendeur 
à  rendre  et  païer  audit  demandeur,  chapellain  susdit, 
audict  lieu  de  la  Gendronnière,  ledict  nombre  de  six 
septiers  de  seigle  à  ladicte  mesure  ancienne  rentière 
de  Quelainnes,  dedans  huictaine  et  à  continuer  icelle 
rente  de  six  septiers  de  seigle  à  ladicte  mesure  an- 
cienne rentière  de  Quelainnes,  à  Tadvenir  par  chascun 
an,  audict  terme  d'Angevinne,  audict  demandeur  cha- 
pellain susdict,  à  ses  successeurs  chappellains  de  la 
chappelle  de  la  Gendronnière,  audict  lieu  de  la  Gendron  • 
nière,  pendant  le  temps  que  ledict  deffendeur  sera  dé- 

:  tempteur  et  possesseur  dudict  lieu  et  appartenances 

t  de  la  Hayère  ou  de  partye  d'icelluy. 
«  Lequel  lieu  de  la  Hayère  o  ses  appartenances,  nous 

:  déclarons  subject  et  affecté  à  ladicte  rente.   Et  oultre 

:  condamnons  ledict  deffendeur  es  despens  dudict  de- 

:  mandeur  de  cette  cause,  tels  que  de  raison.  La  taxa- 

i  cion  d'iceulx  à  nous  réservée.  » 
«  Si  mandons  au  premier  sergeant  roîal  sur  ce  requis, 


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-  158  — 

«  à  la  requeste  dudici  demandeur,  mestre  ces  présentes 
a  à  exécution  parfaicte  et  deub  seulon  leur  forme  et 
((  teneur,  par  touttes  voyes  et  manières  deubs  et  raison- 
ce  nables.  Do  ce  faire  lui  donnons  pouvoir,  nonobstant  que 
«  ce  ne  soit  son  bailliage. 

«  Donné  à  Angiers  et  expédié  par  nous,  François 
(c  Chalopin,  licentié  ès-loix^  lieutenant  particulier  de  M. 
«  le  Séneschal  d'Anjou,  lelundy  vingtiesme  et  ung  jour 
«  de  may.  Tan  mil  cinq  cens  quarante  troys. 

(Signé)  «  Chalumeau  —  F.  Chalopin  —  Denemez, 
greffier  *  » 

Cette  sentence  prononcée  en  la  cour  des  causes,  sise 
ville  d'Angers,  fut  acceptée  et  ratifiée  le  26  octobre 
suivant  par  le  défendeur  condamné,  qui  en  faisait  déli- 
vrer acte  à  la  partie  adverse  dans  les  termes  suivants  : 

«  Vénérable  et  discret  maistre  Pierre  Chalumeau, 
«  prestre,  aujourd'hui  par  ces  présentes  ratiffie  et  a  ag- 
«  gréable  la  sentence  de  condamnacion  contre  luy  ren- 
«  due  en  la  présence  de  maistre  Mathurin  Chalumeau, 
«  licentié  ès-loix,  son  frère  et  procureur,  au  profit  de 
«  maistre  Jehan  Amyot.  prestre,  chappelain  de  la  Gen- 
«  dronnière,  donnée  en  la  court  de  céans  le  leundy  vingt- 
«  eungnième  jour  de  may  Tan  mil  cinq  cens  quarante 
«  troys,  touschantsix  septiers  de  seigle  de  rente  donnée 
c(  audict  chappelain  sur  le  lieu  et  appartenances  de  la 
«  Hayère.  sis  en  la  paroisse  de  Quelaines  en  ce  paîs 
«  d'Anjou. 

«  Dont  et  de  laquelle  ratifficacion  nous  avons  jugé 
«  ledict  maistre  Pierre  Chalumeau,  de  son  consente- 
«  ment. 

«  Faict  à  Angiers,  par  devant  nous,  Gillaume  Lerat, 
«  docteur  es  droictz,  lieutenant  général  de  M.  le  Sénes- 
«  chai  d'Anjou,  le  vingt-sixiesme  jour  d'octobre  Tan  mil 
c(  cinq  cens  quarante  troys. 

(Signé)  «  Denemez,  greffier  ». 

1.  Archives  de  M.  Ernest  Guérin  de  la  Roussardière. 


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—  159  — 

Nous  avons  avancé  précédemment  que,  vers  1530,  la 
famille  Amyot  devait  être  en  possession  de  la  terre  sei- 
gneuriale de  la  Gendronnière  * .  Celte  présomption  se 
trouve  confirmée  et  devient  une  réalité  vingt  ans  plus 
tard,  comme  le  démontre  un  titre  conservé  aux  archi- 
ves de  la  Roussardière  en  Quelaines,  et  qui  nous  dési- 
gne au  18  août  1550  «  noble  homme  Estienne  Amyot, 
seigneur  de  TAnsaudière  en  Saint-Martin-du-Limet, 
et  de  la  Gendronnière  en  Saint-Sulpice  du  Houssay. 

Ce  seigneur  de  la  Gendronnière  premier  titulaire  de 
ce  fief  que  nous  trouvons  clairement  désigné,  vendait  au 
18  août  1550,  la  rente  de  six  setiers  de  seigle  assise 
sur  le  lieu  de  la  Hayère. 

Le  titre  que  porte  cette  pièce  notariée,  passée  en  la 
cour  de  Craon,le  «  lundy  dix  huictiesmejour  d'aoustl'an 
«  1550,  par  devant  maistreThugald  Le  Tondeur,  notaire 
a  en  ladicte  court  et  ses  lémoings  souscripts,  présens 
M  en  l'auditoire  dudict  Craon,  avec  les  partyes  en  cause,  » 
le  titre  de  Tacte,  disons-nous,  résume  à  lui  seul  la  teneur 
du  contrat  de  vente,  duquel  il  appert  que  : 

o  Noble  homme  Estienne  Amyot,  seigneur  de  TAn- 
«  saudière  et  de  la  (lendroimière,  agissant  au  nom  de 
«  Nicollas  Amyot,  son  fils  puisné,  chappellain  de  lâcha- 
«  pelle  de  Saint-Sébastien,  alias  la  Gendronnière,  ven- 
«  dait  le  dict  jour  à  Guillaume  Bonnet,  marchand  demeu- 
«  rant  à  la  Hayère,  parroissede  Quelennes,  les  sixseptiers 
«  de  bled  seigle  mesure  rentierre  de  Quelennes,  dus  par 
tf  chascun  an,  au  terme  de  Nostre  Dame  l'Angevinne, 
tt  audict  Nicollas  Amyot  à  cause  de  sa  dicte  chappelle  de 
tt  la  Gendronnière,  ladicte  vente  consentye  moyennant 
ti  la  somme  de  douze  livres  tournoys  en  argent.   » 

11  est  à  remarquer  ici  que  pendant  deux  ou  trois 
générations  au  moins,  la  chapellenie  de  la  Gendron- 
nière fut  possédée  par  les  puînés  de  la  famille  Amyot. 

1.  M.  l'abbé  Angot  {Dict.  hist,  de  la  Maj/enney  t.  II,  p.  271) 
trouve  la  famille  Amyot  établie  à  la  Gendronnière  dès  1473  (E.L.) 


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—  160  — 

Les  oncles  la  transmettaient  aux  neveux,  les  cadets 
de  famille  n^ayant  habituellement  pour  partage,  au 
Moyen-Age,  que  le  métier  des  armes  ou  le  froc  des  moi- 
nes, Talné  du  nom  héritant  par  droit  d'aînesse  des  terres 
et  seigneuries  possédés  par  le  père  commun.  C'est  ain- 
si que  nous  voyons  vers  1530  Jehan  Amyot,  prêtre,  fon- 
der la  chapellenie  de  la  Gendronnière,  dont  son  filleul 
et  neveu,  Jehan  Amyot,  fils  de  Mathurin  Amyot,  prêtre, 
curé  de  la  Bazouge-de-Chemeré  était  chapelain  en 
1532.  encore  pourvu  de  ce  bénéfice  en  1543  ;  mais  rem- 
placé en  1550  par  Nicolas  Amyot,  son  neveu,  fils  de 
son  frère  Etienne  Amyot,  sieur  de  la  Gendronnière  et 
possesseur  de  TAnsaudière,  par  héritage  échu  à  sa 
femme,  fille  unique  du  seigneur  de  l'Ansaudière. 

Les  documents  nous  font  défaut  pour  suivre  alors 
rhistorique,  tant  de  la  terre  seigneuriale  de  la  Gendron- 
nière que  de  la  chapellenie  de  ce  nom,  fondée  et  desser- 
vie en  Téglise  Saint-Sulpice  du  Houssay. 

Nous  ne  savons  à  quelle  date  précise  cette  terre  cessa 
d'appartenir  à  la  famille  Amyot  et  si  ce  fut  elle  qui  la 
vendit  aux  Guérin  de  la  Draperie  ;  ou  encore  si  elle  fut 
possédée  par  d'autres  propriétaires'de  qui  l'aurait  tenue 
la  famille  Guérin. 

Le  premier  titulaire  delà  famille  Guérin  delà  Drape- 
rie, que  nous  voyons  qualifié  sieur  de  la  Gendronnière, 
est  René  Guérin  qui,  au  9  juin  1666,  signes  René  Guérin 
de  la  Gendronnière  »,  au  contrat  de  mariage  de  Af* 
René  Boucault.  sieur  dds  Buchards,  avocat  au  présidial, 
avec  damoiselle  Catherine  Prodhomme. 

Ce  René  Guérin  de  la  Gendronnière  était  fils  aîné  de 
M*  René  Guérin,  conseiller  du  roi  à  l'élection  de  Chà- 
teau-Gontier,  sieur  de  la  Draperie  —  terre  seigneuriale 
sise  en  la  paroisse  de  Menil  près  Château-Gontier  —  et 
de  demoiselle  Françoise  Le  Devin,  de  la  ville  de  Sa- 
blé. Dans  la  généalogie  manuscrite  de  la  famille  Guérin, 
rédigée  en  1768,  René   de  la  Gendronnière»    premier  de 


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—  161  — 

oe  nom,  occupe  le  sixième  rang,  et  aucun   de  ses  aïeux 
avant  lui  nVst  qualifié  sieur  de  la  Gendronnière. 

Le  père  de  ce  René  Guérin  de  la  Gendronnière,  noble 
homme  René  Guérin  de  la  Draperie,  époux  de  dame 
Françoise  Le  Devin,  dut  acquérir  la  terre,  seigneurie  et 
fiefs  de  la  Gendronnière  vers  1660  ou  1665,  puisque  son 
fils  aîné  en  portait  le  titre  en  1666.  Il  est  même  à  re- 
marquer que  dorénavant  on  ne  verra  plus  les  Guérin 
se  nommer  delà  Draperie,  mais  bien  delà  Gendronnière. 
L'acquéreur  n'en  porta  jamais  le  titre  et  conserva  jus- 
qu'à sa  mort  le  nom  de  René  Guérin,  sieur  de  la 
Draperie,  ce  qui  porterait  à  croire  qu'il  l'avait  achetée 
dans  le  nom  de  son  fils  aine. 

En  1670,  une  procédure  était  engagée  au  présidial  de 
Château-Gontier,  contre  des  faux-sauniers  accusés 
d'avoir  commis  un  vol  avec  effraction  en  la  maison  sei- 
gneuriale de  la  Gendronnière  en  Saint-Sulpice,  «  appar- 
tenant à  M.  René  Guérin,  sieur  de  la  Draperie,  conseiller 
du  Roy  en  l'eslection  de  Chasteaugontier  ^ .  » 

A  cette  époque,  et  bien  que  portant  le  titre  de  sieur 
de  la  Gendronnière,  M.  Guérin  fils  n'en  était  pas  encore 
le  vrai  propriétaire,  car  la  procédure  suivie  en  1670, 
concernant  le  vol  commis  à  la  Gendronnière,  constate 
bien  que  cette  terre  est  «  appartenance  de  M.  René  Gué- 
rin, sieur  de  la  Draperye,  conseiller  du  Roy  en  l'eslection 
de  Chasteaugontier,  »  père  dudit  René  Guérin,  sieur  de 
la  Gendronnière. 

Celui-ci  ne  dut,  croyons-nous,  recevoir  la  propriété 
dont  il  portait  depuis  longtemps  le  irom  qu'à  l'époque 
de  son  mariage.  C'est  au  moment  où  il  épousait  Mlle 
Catherine  Bionneau,  vers  1680,  que  son  père,  M.  René 
Guérin  de  la  Draperie  lui  abandQnna  complètement  la 
terre  de  la  Gendronnière,  comme  son  patrimoine  distinct, 
en  avancement  d'hoirie,  dans  les  biens  pouvant  lui  reve- 
nir plus  tard,  de  la  succession  paternelle. 


1.  Archives  de  la  Mayenne,  série  B   2.68'i. 


a 


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RenéGuérin  de  la  Gendronnière,  premier  de  oe  nom, 
né  en  1645,  était  déjà,  en  1666,  à  peine  âgé  de  vingt-un 
ans,  avocat  au  présidial  de  Chàteau-Gontier  ;  en  1673, 
il  devenait  conseiller  garde-scel  au  même  siège. 

Ce  fut  vers  1680,  apparemment,  qu'il  épousa  Dlle 
Catherine  Bionneau  '.  Quatre  ans  plus  tard,  en  1684,  il 
était  élu  administrateur  de  Thôpital  Saint-Julien  de  Chà- 
teau-Gontier. Il  occupa  ces  fonctions  publiques  pendant 
dix  années. 

Le  24  mai  1686  «  messire  René  Guérin,  sieur  de  la 
«  Gendronnière,  conseiller  du  Roy,  garde-scel,  juge  ma- 
te gistraten  la  sénéchaussée  et  siège  présidial  d'Anjou, 
((  au  siège  présidial  de  Chasteaugontier,  acquérait  de 
«  dame  Anne  du  Boul,  veuve  de  messire  Allexis  de  Qua- 
«  trebarbes,  vivant  seigneur  de  la  Roussardière,  de- 
«  meurant  ladicte  dame  en  sa  maison  seigneuriale  de  la 
«  Sionnière,  parroissed'Argenton,  la  terre,  seigneurie  et 
u  fiefs  de  la  Roussardière,  sise  en  la  parroisse  de  Quelai- 
«  nés,  moyennant  la  somme  de  quinze  mil  livres,  avec 
«  promesse  par  ladicte  dame  de  faire  ratifier  par  ses 
«  enfants,  cette  vente,  lors  de  leur  majorité  ». 

Cette  formalité  ne  fut  remplie  qu'en  1712. 

Par  la  suite,  les  aînés  de  la  famille  Guérin  s'appelè- 
rent Guérin  de  la  Gendronnière  et  les  cadets,  Guérin  de 
la  Roussardière  2,  de  la  Gaulerie,  deChavé,  des  Alleux, 
etc.,  du  nom  des  difi'érents  fiefs  possédés  par  eux. 

La  terre  de  la  Draperie  en  Menil,  leur  premier  bien 
patronymique,  fut  reléguée  au  deuxième  plan,  et  nous 
ne  trouvons  plus  aucun  membre  mâle  de  la  famille  Gué- 
rin en  porter  le  titre.  Cette  seigneurie  était  encore  en 

1.  Ce  qui  nous  fait  supposer  cettw  date  de  1680,  comme  Tépo- 
uue  probable  de  son  mariage,  c'est  celle  de  la  naissance  de  son 
fils  aîné  :  Michel  Guérin,  sieur  de  la  Gendronnière,  qui  vit  le 
jo.T  en  1682  ainsi  que  le  révèle  plus  lard,  son  acte  de  mariage. 

2.  La  Roussardière,  château  et  ferme  en  la  commune  de  Quelai- 
ne  ;  fief  vassal  de  la  baronnie  de  Craon  (Dictionnaire  historique 
et  lopographique  de  la  Mayenne  par  Léon  Mattre). 


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—  163  — 

sa  possession  vers  le  milieu  du  XVIII*  siècle.  En 
1758,  elle  était  la  propriété  de  demoiselle  «  Catherine 
Guérin  de  la  Gendronnière,  filie  majeure  demeurant 
ville  de  Chàteaugontier,  paroisse  Saint- Remy  »  qui,  i 
la  date  du  11  février  de  cette  même  année  1758,  donnait 
prolongation  de  bail  aux  fermiers  alors  exploitant  la 
maison  manable  et  les  terres  de  la  Draperie. 

L'acte  en  question  fut  passé  devant  MM^  Mahier  et 
Martin,  notaires  royaux  à   Chàteau*Gontier. 

René  Guérin  de  la  Gendronnière,  premier  du  nom. 
conseiller  au  présidial  et  garde-scel  de  la  chancellerie 
de  Chàteau-Gontier,  portait  :  d'argent  à  une  fasce  de 
sable,  accompagnée  de  trois  molettes  de  même  '. 

11  mourut  vers  1707  ou  1708,  et  en  tous  cas  n'exis- 
tait plus  en  septembre  de  cette  même  année  1708,  car 
à  cette  date,  dame  Catherine  Bionneau,  sa  veuve,  don- 
nait quittance  de  sommes  dues  à  la  succession  de  son 
mari  décédé. 

De  1550  à  1682,  nous  ne  trouvons  aucune  donnée  his- 
torique ou  document  quelconque  sur  la  chapelle  de  la 
Gendronnière  en  Saint-Sulpice,  non  plus  que  sur  les 
divers  ecclésiastiques  qui  possédèrent  ce  bénéfice  ou  en 
furent  chapelains  pendant  cette  période  de  plus  d'un 
siècle.  Comme  nous  l'avons  déjà  dit,  en  1550,  le  titulaire 
en  était  vénérable  et  discret  maistre  NicoUas  Amyot, 
fils  puîné  de  noble  homme  Etienne  Amyot,  seigneur  de 
l'Ansaudière  et  de  la  Gendronnière. 

Des  lettres  épiscopales  données  au  Mans  le  27  janvier 
1682,  nous  apportent  des  renseignements  précieux  sur 
le  bénéfice  de  la  Gendronnière.  alias  Saint-Sébastien, 
dont  la  présentation  appartenait  alors  à  M.  René  Guérin, 
sieur  delà  Gendronnière.  possesseur  de  la  seigneurie  de 
ce  nom.  On  y  voit  notamment  qu'un  deuxième  bénéfice 
ecclésiastique,  fondé  vers  la  fin  du  XVI*  siècle  ou  dans 
la  première  moitié  du  XVII',  avait  été  réuni   à  celui  de 

1.  Armoriai  manuscrit  de  d'Hozier,  folio  1908,  année  1700. 


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—  164  — 

la  Gendronnière  pour  être  possédés  indivisément  par  le 
même  titulaire.  Nous  voulons  parler  de  la  chapelle  du 
Très  Saint-Sacrement,  fondée  et  desservie  en  l'église 
paroissiale  de  la  Bazouge-de-Chemeré.  Le  temporel 
de  cette  chapelle  consistait  en  une  closerie  située  près 
le  bourg  de  la  Bazouge-de-Chemeré  et  portant  aussi 
le  nom  de  «  closerie  du  Très-Saint-Sacrement  ».  Cette 
terre  était  affermée  en  1756  à  M"  Jean-Baptiste 
d'Héliand,  prêtre,  prieur-curé  de  la  Bazouge,  moyen- 
nant une  somme  annuelle  de  55  livres  tournois.  Nous  re- 
viendrons plus  loin  sur  ce  sujet. 

Voici  le  texte  du  titre  donné  par  Mgr  Tévêque  du  Mans 
au  nouveau  titulaire  des  chapelles  de  la  Gendronnière 
et  du  Saint-Sacrement  au  27  janvier  1682  : 

Ludo viens  de  la  Vergne-Montenard  de  Tressan,  Dei 
gratia  et  apostolica  ordinatione  Cenomanensis  episco- 
pus,  Régi  a  consiliis  necnon  serenissimi  principis  Aure- 
liarum  ducis,  Régis  fratris  unici,  ab  eleemosynis  primus. 

Universis  présentes  litteras  inspecturis  salutem  in 
Domino. 

Notum  facimus  quod  hac  die  subscripta  capellas  seu 
capellanias  Sancti  Sebastiani  alias  la  Gendronnière,  in 
Sancti  Sulpicii  de  Houssay  et  Sancti  Sacramenti  in  de 
la  Bazouge  de  Chemeré-le-Roy  parrochialibus  ecolesiis 
nostrae  Cenomanensis  diocesis  respective  fundatas  et  de- 
cerviri  solitas,  quarum  ad  dominum  temporalem  terrae 
de  la  Gendronnière  jus  patronatus  seu  presentacio,  ad  nos 
vero  collatio,  provisioet  quœvis  alia  dispositio  oasu  vaca- 
tionis  earum  occurente  respective  spectant  et  pertinent, 
libéras  nunc  et  vacantes  per  obitum  magistri  Gabrielis 
Le  Divin,  presbyteri,  illarum  ultimi  capellani  et  posses- 
soris  pacifici,  dilecto  nostro  magistro  Joanni  Poisson, 
clerico  andegavensis  diocesis,  ad  hujusmodi  capellas 
obtinendns  et  regendas  capaci  et  idoneo  nobisque  propter 
hoc  per  Renatum  Guerin.  dominum  de  la  Draperie,  tan- 
quam  dominum  temporalem  dictée  terrœ  de  la  Gendron- 


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-  165  - 

nière,  litteratoris  presentato,  sicut  nobis  constitii  acto  de 
die  vigesima  quarta  mensis  decembris  uliimi  expedito  et 
minute  presentium  annexo,  contulimus  et  oonferimus  et 
de  idem  illi   providimus  et  providemus  per  présentes. 

Earumdem  tenore  mandantes  omnibus  et  singulis  pres- 
byteris,notariis  et  tabeliionibus  publicis  quatenus  prœfa- 
tum  magistrum  Joannem  Poisson  seu  ejus  procuratorem 
pro  eo  ejus  nomine  in  oorporalem,  realem  et  actualem  pos- 
sessionem  dictarum  capeiiarum  jurium  ac  pertinentium 
earumdem  universorum  ponant  et  inducant  seu  ponat  et 
inducat  alter  eorum  requisitus  servatis  solemnitatibus 
assuetis  et  jure  cujuslibet  salvo. 

Datum  Cenomani  sub  signo  et  sigillo  nostris  nec  non 
chirographo  magistri  Juliani  Richard,  notarii  apostolici, 
secretarii  nostri,  die  vigesima  nona  Januarii  anno  Do- 
mini  millesimo  sexcentesimo  octogesimo  secundo,  pre- 
sentibus  ibidem  magistris  Petro  Menant,  notario  reg^o, 
et  Jacobo  Pissot,  notario  apostolico,  Cenomani  commo- 
rantibus,  testibus  ad  premissa  vocatis  et  assumptis,  ac 
nobiscum  in  minuta  presentium  signatis. 

(Signum)  Ludovicus  episcopus  Cenomanensis. 

(Place  du  sceau). 

De  mandato  dicti  domini  domini  illustrissimi  et  reve- 
rendissimi  Cenomanensis  episcopi. 

(Signum)  Richard. 

M.  Jean  Poisson,  clerc  du  diocèse  d'Angers,  titulaire 
de  la  chapelle  de  la  Gendronnière,  ne  jouit  pas  long- 
temps de  ce  bénéfice  ecclésiastique.  Moins  de  trois  ans 
après  en  avoir  été  pourvu,  il  donnait  sa  démission  de 
chapelain  de  ladite  chapelle,  dont  il  avait  dû  se  voir 
contester  la  possession,  croyons-nous,  car  dans  la  quit- 
tance et  décharge  que  lui  donna  M.  René  Guérin  de  la 
Draperie,  patron-présentateur,  celui-ci  constate  que  le 
chapelain  «  n'avoit  deub  ny  disposé  d'aucun  revenus 
de  la  chapelle  de  la  Gendronnière  w. 

Voici  le  texte  intégral  de  cette  pièce  délivrée  par  M.  de 


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—  166  — 

de  la  Draperie,  le  27  octobre  1685,  jour  même  de  la  dé- 
mission de  M.  Jean  Poisson. 

«  Nous,  René  Guérin,  sieur  delaDraperie.  cy-devant 
«  conseiller  du  Roy,  esleu  en  Tellection  de  Chasteaugon- 
«  tier,  soubsigné,  patron  et  fondateur  de  la  chapelle  ou 
«  ohapellenie  de  la  Gendronnière  et  du  Saint-Sacrement 
«  desservie  es  église  parrochialle  de  Saint-Sulpice  de 
«  Houssay  et  de  la  Bazouge  de  Ghemeré,  diocèse  du 
«  Mans,  descharge  par  ces  présentes  M*  Jehan  Poisson, 
«  clerc  tonsuré  du  diocèse  d'Angers,  cy-devant  pourveu 
«  de  ladicte  chappelle,  de  toutes  et  chascunes  les  char- 
«  ges  en  quoy  il  pouvoit  estre  tenu,  à  cause  de  laditte 
«  chapelle,  soit  pour  le  payement  et  rétribution  de  Tho- 
«  noraire  du  service  divin,  décimes  ordinaires  et  extra- 
ie ordinaires,  taxes,  droits  féodaux,  cens,  rentes  et  deb- 
«  voirs,  réparations,  malversations,  sy  en.  suyvent,  tant 
c<  à  cause  de  ladicte  chapelle  et  toutes  autres  actions 
«  générallement  quelconques,  sans  auloune  exception, 
«  recognoissant  qu'il  n'a  deub  ny  disposé  d'aulcuns  re- 
«  venus  de  la  chapelle,  de  laquelle  il  m'a  faict  aujour- 
«  d'hui  démission  entre  mes  mains,  pour  y  pourvoir 
«  ainsi  que  bon  me  semblera. 

«  Fait  à  Ghasteaugontier,  ce  27  octobre  1685. 

(Signé  J  V  René  Guérin  » 

Les  renseignements  ou  documents  que  nous  possédons 
sur  la  chapelle  de  la  Gendronnière  sont,  comme  nous 
l'avons  déjà  dit,  tout  à  fait  incomplets  et  d'une  insufQ- 
sance  déplorable.  De  1685  à  1790,  époque  qui  vit  la  sup- 
pression ou  la  chute  de  la  plupart  des  bénéfices  ecclé- 
siastiques, nous  n'avons  pu  trouver  qu'un  seul  titre  in- 
téressant la  chapelle  de  la  Gendronnière,  alias  de  Saint- 
Sébastien.  Cette  pièce  qui  porte  la  date  du  20  novembre 
li56  est  un  bail  consenti  par  M*  Pierro-Philippe  Guérin  de 
Chavé,  clerc  tonsuré,  conseiller  au  siège  présidial  de 
Chàteau-Gontier,  titulaire  de  la  chapelle  de  la  Gen- 
dronnière   et    de   celle    du    Saint-Sacrement,    celle-ci 


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—  167  ~ 

desservie  dans  Féglise  de  la  Bazouge-de-Chemeré, 
à  Jean-Baptiste  d'Héliand,  jirêtre,  prieur-curé  de 
ladite  paroisse  de  la  Bazouge-de-Chemeré,  qui  prenait 
à  bail,  disons-nous,  le  temporel  de  la  chapelle  du  Saint- 
Sacrement  consistant  en  une  closerie  sise  auprès  du 
bourg  même  de  la  Bazouge  et  portant  le  nom  de  close- 
rie du  Saint-Sacrement. 

Ce  Pierre  Guérin  de  Chavé  était  le  troisième  fils 
de  Michel  Guérin  de  la  Gendronnière  et  de  dame 
Catherine  Boucault.  Comme  cadet  de  famille,  il  fut  des- 
tiné à  Téglise  et  reçut  à  une  date  que  nous  ignorons 
les  ordres  mineurs.  En  1730  on  le  connaissait  sous  le 
nom  d'abbé  de  la  Gendronnière  ;  son  père  l'avait  pré- 
cédemment pourvu  de  ce  bénéfice  ainsi  que  de  la  cha- 
pelle du  Saint-Sacrement. 

L'année  suivante,  le  2  mars  1731,  il  obtenait,  toujours 
sur  la  présentation  de  Michel  Guérin  de  la  Gen- 
dronnière, son  père, le  bénéfice  ecclésiastique  delà  cha- 
pelle Saint-Michel  des  Déans.  desservie  en  l'église  collé- 
giale de  Saint- Just  de  Château-Gontier. 

Ses  aînés  étant  morts,  l'abbé  de  la  Gendronnière 
renonça  à  la  prêtrise,  se  maria  en  1740  et  eut  de  son  union 
avec  Mlle  Catherine  Le  Tessier,  huit  enfants.  Celle-ci 
mourut  en  1755.  M.  Guérin  de  Chavé  qui  était  alors  con- 
seiller d'honneur  au  siège  présidial  de  Château-Gontier, 
juge  magistrat  de  police  et  administrateur  de  l'hôpital 
général  Saint-Joseph  de  la  même  ville,  retourna  à  ses 
études  cléricales.  Il  mourut  le  2  mars  1771  et  était 
alors  «  acolyte  chantre  en  l'église  Saint-Remy  de  Châ- 
teau-Gontier ». 

Voici  le  texte  du  bail  dont  nous  avons  précédemment 
parlé  et  qu'il  consentait  le  20  novembre  1756  à  M* 
Jean-Baptiste  d'Héliand,  prêtre,  prieur-curé  de  la 
Bazouge-de-Chemeré,  du  temporel  de  la  chapelle  du 
Saint-Sacrement,  dont  il  était  alors  titulaire  : 

«  Le  vingtiesme  jour  de  septembre  Tan  mil  sept  cens 
cinquante  et  six,  aprez  midi. 


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—  les- 
te Devant  nous,  Martin  Raison, notaire  royal  du  Maine 
résidant  au  bourg  de  la  Basouge  de  Chemeré  le  Roy, 
furent  présens  en  leurs  personnes,  Monsieur  maistre 
Pierre-Philippe  Guérin  de  Chavé,  clerc  tonsuré,  con- 
seiller du  Roy  au  siège  présidial  de  Ghâteau-Gontier, 
titulaire  de  la  chapelle  de  la  Gandronnière  et  du  Saint- 
Sacrement,  laditte  chapelle  du  Saint-Sacrement  desservie 
dans  l'église  de  laditte  Basouge,  ledit  sieur  Guérin  de 
Chavé  demeurant  à  Ghâteau-Gontier,  paroisse  Saint-Re- 
my,  d'une  part  ; 

«  Et  messire  Jean-  Baptiste  d'Helliand,  prestre.  prieur- 
curé  (le  laditte  Basouge,  demeurant  dans  sa  maison 
presbytéralle  située  au  bourg  et  paroisse  de  laditte 
Basouge,  d'autre  part  ; 

«  Entre  lesquelles  partyes  a  esté  fait  le  bail  à  ferme 
tel  qu'il  suit  : 

«  C'est  à  sçavoir  que  ledit  sieur  Guérin  de  Chavé  a 
donné  et  donne  par  ces  présentes,  et  promet  garentir 
comme  bien  d'église  se  garentit,  audit  titre  de  ferme, 
audit  sieur  d'Helliand,  présent  pi*eneur,  pour  luy  et  ses 
héritiers,  sçavoir  est  le  lieu  et  closerye  du  Saint-Sacre- 
ment, situé  au  bourg  de  la  parroisse  de  la  Basouge, 
faisant  le  temporel  de  la  dite  chapelle  du  Saint-Sacrement, 
comme  ledit  lieu  et  closerye  du  Saint- Sacrement  so 
poursuit  etcomporte,  et  tout  ainsi  que  ledit  sieur  d'Hel- 
liand le  tenoit  cy  devant  audit  titre  de  ferme  de  défunt 
messire  Hiacinte  du  Buat,  vivant  titulaire  de  laditte  cha- 
pelle du  Saint-Sacrement,  suivant  le  bail  qu'il  en  a  con- 
senty  à  Jean  Maution  pour  ledit  sieur  d'Helliand,  ainsi 
que  ledit  sieur  d'Helliand  nous  l'a  déclaré  ;  sans  en  faire 
plus  grande  spécification  ny  confrontation,  d'autant 
que  ledit  sieur  d'Helliand  a  dit  le  tout  bien  sçavoir  et  con- 
noistre. 

«  Le  présent  bail  ainsy  fait  pour  durer  le  temps  et 
espace  de  neuf  années  et  neuf  cueillettes  entières  et  con- 
sécutives, qui  ont  commencé  le  jour  et  festede  Toussainct 
dernier  (1756)  et  finiront  à  pareil  jour  de  Toussainct  de 


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-  169  — 

Tannée  1765  ;  à  la  charge  par  le  dit  sieur  d'HelIiand  à 
quoy  il  a  promis  et  s'est  obligé,  sous  Thypothecque  de 
tous  ses  biens  meubles  et  immeubles  présens  et  futurs, 
en  bailler  et  payer  de  ferme  par  chacun  an  pendant  le 
cours  de  ce  bail,  audict  sieur  Guérin  deChavé  en  sa  mai- 
son et  demeure  audit  Chasteaugontier,  la  somme  de 
cinquante  cinq  livres,  dont  le  premier  payement  de  laditte 
somme  de  cinquante  cinq  livres  pour  une  année  de  laditte 
ferme  sera  deu  et  écheu  au  jour  de  Toussaint  prochain. 

«  Et  ainsy  de  continuer  les  années  suivantes  d'année 
en  année  pendant  le  cours  de  ce  présent  bail  ;  convenu 
entre  les  parties  que  ledit  sieur  d'Helliand  ne  rendra 
point  à  la  fin  de  ce  bail  de  foin  ny  paille,  ny  chaume  qui 
proviendront  sur  ledit  lieu  et  closjerye  du  Saint-Sacre- 
ment, attendu  qu'il  n'en  a  point  eu  quand  il  a  entré  en 
jouissance  d'ycelluy  lieu  du  Saint-Sacrement. 

«  Au  surplus,  ledit  sieur  d'Helliand  promet  et  s'oblige 
comme  dessus  exécuter  toutes  les  autres  charges,  clau- 
ses et  conditions  portées  par  le  bail  à  ferme  dudit  lieu  du 
Saint-Sacrement  que  ledit  défunt  sieur  du  Buat  a  con- 
senty  audit  Maution  pour  ledit  sieur  d'Helliand  après 
avoir  ledit  sieur  d'Helliand  dit  les  bien  sçavoir  et  con- 
noistre.  Goppye  duquel  bail  aussy  bien  qu'une  copyedes 
présentes  ledit  sieur  d'Helliand  délivrera  à  ses  frais 
audit  sieur  de  Ghavé,  dans  un  mois  prochain. 

«  Dont  et  de  tout  ce  que  dessus  lesdittes  parties  sont 
demeurées  d'accord  et  après  lecture,  les  en  avons 
jugées  de  leur  consentement. 

((  Fait  et  passé  audit  bourg  de  la  Basouge,  demeure 
dudit  sieur  d'Helliand.  Présens  :  François  Raigereau, 
sergeant,  et  François  La  Roche  l'aisné,  marchand,  de- 
meurans  audit  bourg  de  la  Basouge,  tesmoins  à  ce 
requis  et  apellés  qui  ont  signé  la  minutte  des  présentes 
avec  ledit  sieur  Guérin  de  Ghavé  et  ledit  sieur  d'Helliand 
et  nous  notaire  royal  susdit. 

a  La  minutte  des  présentes  est  signée  :  P.  Guérin  de 
Ghavé  ;  —  d'Helliand,  prieur-curé  de  la  Basouge  ;  —  F. 


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—  170  - 

Raigereau  ;  —  F,  de  la  Roche  et  de  nous,  notaire  royal 
susdit  et  soussigné. 

Laquelle minutte  est  contrôllée  à  Meslay  le  4  décembre 
1756  par  le  sieur  Lenain,  commis,  qui  a  reçu  douze  sols 
pour  le  droit.  (Signé)  M.  Raison  *  ». 

François-Marie  Guérin,  sieur  de  la  Roussardière, 
deuxième  enfant  de  messire  René  Guérin  de  la  Gen- 
dronnière  qui  acheta  la  Roussardière  en  1686,  et  de  dame 
Catherine  Bionneau,  son  épouse,  se  maria  vers  1725  avec 
demoiselle  Lucie-Angélique  de  Prezeau,  qui  lui  donna 
au  moins  troîs  enfants.  Ils  habitaient  la  terre  seigneuriale 
de  la  Gendronnière  et  c'est  là  qu'il  mourut  en  1746.  Les 
registres  paroissiaux  de  Saint-Sulpice,  compulsés  par 
M.  Tabbé  Charles  Pointeau,  constatent  «  Tinhumation 
«  sous  le  banc  de  la  Gendronnière,  en  ladicte  esglise  de 
«  Saint-Sulpice,  du  corps  de  noble  homme  François- 
«  Marie  Guérin,  sieur  de  la  Roussardière,  à  l'âge  de 
«  quarante  et. . .  ans.  par  maistre  Dufresne,  aumônier 
«  de  la  Rongère.  » 

11  est  à  regretter  que  M.  Pointeau  ait  négligé  de 
prendre  les  dates  de  cette  inhumation,  à  moins  qu'elles 
ne  fussent  omises  aux  registres  même  delà  paroisse. 

Aux  archives  de  la  Mayenne,  on  trouve  à  cette  date 
de  1746,  un  dossier  concernant  la  curatelle  des  enfants 
mineurs  issus  de  l'union  de  feu  M.  François-Marie  Gué- 
rin, sieur  de  la  Roussardière,  et  de  dame  Lucie-Angé- 
lique de  Prezeau,  son  épouse  *. 

Los  membres  du  conseil  de  famille  alors  réuni, 
étaient  : 

1*  Noble  homme  François-Marie  Guérin,  seigneur  de 
la  Roussardière,  demeurant  à  Angers. 


1.  Archives  de  M.  Ernest  Guérin  delà  Roussardière. 

2.  Elle  était  sœur  de  dame  Anne-Marie  de  Prezeau,  femme  de 
Bernard  du  Buat»  chevalier,  seigneur  du  Teillay,  et  de  François 
Prezeau,  écuyer,  seigneur  de  la  Haye,  et  de  la  dame  de  Bois- 
Foucault. 


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—  171  — 

2®  Noble  homme  Pierre-Philippe  Guérin  de  Chavé, 
conseiller  d'honneur  au  présidial   de  Château-Gontier. 

3""  Noble  homme  Jean-Baptiste  du  Tertre,  chevalier, 
seigneur  de  Saucé  *. 

4®  Noble  homme  Bernard  du  Buat,  seigneur  du  Teil- 
lay  en  Saint-Gault. 

5®  Noble  homme  Noël  Herbereau,  écuyer,  seigneur  de 
la  Chaise,  demeurant  au  bourg  de  Marigné  près  Daon. 

6*  Noble  homme  Marie  Quantin,  sieur  de  la  Taran- 
cherie.  demeurant  à  Angers. 

Trois  enfants,  au  moins,  étaient  nés  de  cette  union  : 

P  Rosalie  Guérin  de  la  Roussardière,  qui  épousa  en 
1744,  M.  Pierre  Trochon,  sieur  de  Moiré,  et  par  consé- 
quent était  majeure  lors  du  décès  de  son  père,  arrivé  en 
1746. 

11*  François-Bernard  Guérin  de  la  Roussardière. 
sieur  de  la  Gendronnière,  né  à  la  Gendronnière  en  1734. 
Il  épousa  en  1779  Mlle  Marie-Renée-Françoise  Duval 
de  Launay  et  mourut  en  1788. 

111®  Enfin  Alexandre-Marie  Guérin  de  la  Rous- 
sardière, né  à  la  Gendronnière,  le  26  mars  1737,  devenu 
en  1785  curé  de  Saint- Vénérand  à  Laval,  où  il  décéda  le 
11  janvier  1809. 

Ces  deux  derniers  enfants  sont  ceux  visés  au  dossier 
de  curatelle  dont  nous  avons  parla  ci-dessus  et  qui  étaient 
àgcs  alors  le  premier  de  douze  ans  et  le  second  de 
neuf  ans  seulement.  Les  parents  s'étant  mariés  vers  1724 
ou  1725,  leur  aînée,  DUe  Rosalie  Guérin  devait  avoir 
lors  de  son  mariage  dix-huit  ou  dix-neuf  ans  ;  son  mari, 
M.  Pierre  Trochon  était  âgé  de  vingt-cinq  ans. 

Demoiselle  Rosalie  Guérin  de  la  Roussardière,  née 
en  1726,  croyons-nous,  épousait  le  13  juillet  1744.  dans 
Téglise  de  Saint-Sulpice,  «  noble  homme  Pierre  Tro- 
«  chon,  seigneur    de  Moiré,    âgé    de    vingt-cinq  ans. 


1.  Le  terre  de  Saucé  existe  toujours  en  la  commune  de  Cou- 
dray,  près  Chàteaa-Gontier. 


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—  172  — 

«  fils  de  défunt  noble  homme  Pierre  Trochon,  aussi 
«  seigneur  de  Moiré,  et  de  défunte  dame  Marie  Sour- 
<c  drille  de  Chambrezais,  en  la  paroisse  de  Coudray  ». 

Étaient  présents  à  ce  mariage  et  signèrent  au  registre 
de  la  paroisse  :  «  mondit  seigneur  François  Guériii, 
«  père  de  Tépouse  ;  M.  François-Marie  Guérin  de  la 
«  Gaulerie,  oncle  de  Tépouse  ;  M.  Michel  Guérin  des 
«  Alleux,  aussi  oncle  de  Tépouse  ;  M.  M"  Pierre 
«  Anjubault,  sieur  de  la  Roche,  conseiller  du  Roy 
«  au  oiègeprésidialde  Chasteaugontier  ».  Le  registre 
est  signé  :  «  Rayneau,  curé  de  Saint-Sulpice  ». 

De  cette  union  naquit  au  moins  une  fille  :  Lucie - 
Louise-Renée-Anne-Julie  Trochon,  qui  épousa  en  1778 
noble  homme  Alexandre-Charles  Herbereau,  écuyer, 
sieur  de  la  Chaise,  veuf  en  premier  mariage  de  DUe 
Jeanne  Moreul  de  la  Marre. 

Lors  de  son  second  mariage,  il  fit  donation  par  contrat 
de  mariage  de  tous  ses  biens  disponibles  à  sa  nouvelle 
épouse,  qui  ne  fut  pas  longtemps  en  ménage,  car  son  mari 
mourut  quatre  ans  plus  tard  (en  1782)'. 

Le  second  enfant  issu  de  l'union  de  M.  François-Ma- 
rie Guérin  de  la  Roussardière  avec  Mlle  Lucie-Angélique 
de  Prezeau  naquit  à  la  Gendronnière  en  1734.  C'était 
un  garçon  qui  fut  nommé  François-Bernard  ;  son  frère 
cadet  Alexandre-Marie  étant  entré  dans  Tétat  ecclésias- 
tique, François-Bernard  fut  le  dernier  descendant  mâle 
qui  eut  postérité  de  la  branche  cadette  des  Guérin  de 
la  Roussardière  établie  à  la  Gendronnière. 

Mort  en  1788  il  ne  laissa  qu'une  fille  qui  épousa  plus 
tard  le  général  républicain  d'Halancourt.  Nous  allons 
plus  loin  donner  quelques  détails  sur  ce  François-Ber- 
nard et  sa  descendance,  éteinte  définitivement  en   1832. 

Le  troisième  et  dernier  enfant  connu,  naquit  égale- 
ment à  la  Gendronnière.  le  25  mars  1737,  et  fut  baptisé 
le  lendemain  en  l'église  de  Saint-Sulpice  ainsi  que   le 

] .  Archives  de  la  Mayenne,  B.  2.672. 


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—  173  — 

constate  le  procès-verbal  suivant,  extrait  des  registres 
paroissiaux  de  cette  commune  : 

«  26  mars  1737.  —  Baptême  d'Alexandre-Marie 
«  Guérin,  né  d'hier,  fils  de  noble  Françfûs  Guérin  de 
«  la  Roussardière,  sieur  de  la  Gendronnière,  et  de  Julie- 
ce  Angélique  de  Présault,  son  épouse*. 

«  Furent  parrain  :  Messire  J.-B.  Alexandre  de  Sour- 
fi  dille,  chevalier,  seigneur  de  Courcelles,  en  Saint- 
«  Gault,  et  marraine  :  dame  Françoise  de  Torcé.  — 
«  (Signé)  Bruneau,  curé  intérimaire  —  René  Touranlore, 
«  prêtre,  prieur-curé  de  Saint-Germain  de  THommel  ». 

Nous  avons  peu  de  détails  sur  cet  ecclésiastique.  Sui- 
vant M.  Bouillier,  il  serait  entré  chez  les  chanoines 
Réguliers  de  Toussaint  à  Angers  et  aurait  obtenu  — 
au  concours  probablement  —  le  prieure-curé  de  Saint- 
Vénérand  à  Laval,  vers  1785.  A  cette  époque  il  était 
âgé  de  quarante-huit  ans.  Il  refusa  énergiquement  le 
serment  à  la  Constitution  civile  du  clergé  et  fut  déporté. 
11  se  retira  à  Jersey  et  y  resta  jusqu'au  rétablissement 
du  culte  catholique  en  France. 

Le  Concordat  signé  le  15  avril  1801  par  le  premier 
consul  et  ratifié  le  15  août  suivant  par  le  pape  Pie  VII, 
nfi  fut  soumis  au  corps  législatif  et  converti  en  loi 
que  le  8  avril  1802.  Dans  cet  intervalle,  le  souverain 
Pontife  avait  demandé  la  démission  de  tous  les  évoques 
de  France  et  déterminé  de  nouvelles  circonscriptions 
diocésaines.  Le  9  avril,  le  premier  conâul  nomma  à  tous 
les  nouveaux  sièges  et  le  cardinal  Caprara,  légat  a 
latere,  donna  aux  évéques  les  bulles  d'institution. 

Mgr  Michel-Joseph  de  Pidoll,  évêque  de  Dioclé- 
tianople  in  partibus,  devenu  français  par  lu  réunion  de 

1.  M.  Isidore  Bouillier,  curé  de  la  Trinité  de  LavaL  dans  ses 
mémoires  ecclésiastiques  sur  le  clergé  de  Laval  durant  la 
Révolution,  consacre  (page  418)  une  brève  notice  à  ce  M.  Guérin 
de  la  Roussardière.  qui  était  alors  curé  de  Saint- Vénérand. 
Dans  cette  notice,  il  avance  c^ue  celui-ci  était  né  en  1747  ;  c'est 
une  erreur,  l'acte  rapporté  ci-dessus  enlève  tout  doute  à  ctt 
égard. 


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-  174  ~ 

son  pays  au  territoire  de  la  république,  fiit  nommé  au 
siège  du  Mans.  Il  était  né  à  Trêves  en  1734,  avait  été 
doyen  de  Téglise  Saint-Paulin  de  cette  ville,  puis  suffra- 
gant  de  son  archevêque.  Il  prit  possession  de  sa  cathé- 
drale le  11  juillet  et  arriva  à  Laval  le  17  août  suivant. 
Le  lendemain  tous  les  prêtres  catholiques  de  Laval 
et  des  environs  furent  présentés  à  Févéque.  Les  asser- 
mentés reçus  par  lui  le  même  jour,  reconnurent  son 
autorité  et  souscrivirent  un  formulaire  de  soumission. 
Quelques  jours  plus  tard  toutes  les  paroisses  reçurent 
des  pasteurs.  Celui  de  Saint- Vénérand  fut  le  vénérable 
prieur  qui  Tavait  gouvernée  avant  la  tourmente  révolu- 
tionnaire. De  retour  de  la  déportation,  M.  Guérin  de  la 
Roussardière  avait  repris  les  fonctions  curiales  dans 
Féglise  de  Saint-Michel  ;  il  fut  maintenu  à  la  tête  de  son 
ancien  troupeau*. 

M.  Fabbé  Alexandre  de  la  Roussardière  se  dévoua 
encore  à  sa  paroisse  pendant  sept  ou  huit  années  ;  il  ne 
voulut  jamais  prendre  un  repos  que  les  misères  de 
Texil  et  les  infirmités  de  la  vieillesse  lui  avaient 
rendu  nécessaire.  Il  mourut  au  milieu  de  ses  ouailles  le 
11  janvier  1809,  à  Tâge  de  soixante-douze  ans . 

Mais  revenons  au  dernier  mâle  de  la  branche  cadette 
des  Guérin  de  la  Roussardière»  :  François-Bernard  de  la 
Roussardière,  né  à  la  Gendronnière  en  1734,  comme  nous 
Tavons  dit  précédemment. 

Il  prit  du  service  militaire  et  s'en  revint  officier 
invalide,  pensionné  du  roi,  en  1778  il  était  alors  âgé 
de  44  ans.  L'année  suivante, il  épousait  à  Azé  près  Châ- 
teau-Gontier,  demoiselle  Marie-Renée-Françoise  Duval, 
fille  de  noble  homme  Louis  Duval  de  Nerville.  Les 
archives  de  la  Mayenne  (B  2.673)  possèdent  «  l'insi- 
nuation en  1779,  de  leur  donation  mutuelle,  par  contrat 
de  mariage  ». 


1.  Histoire  de  Lavai  par  S.  Couanier  de  Launay*  pages  363-365 
(Laval  1856.) 


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—  175  — 

M.  Fabbé  Pointeau  a  iiouvé  Tacte  de  décès  de  Fran- 
çois-Bernard de  la  Gendronnière  et  Ta  copié  comme 
suit.  Il  est  à  regretter  qu41  ait  encore  omis  les  dates 
de  ce  décès  : 

n  Sépulture  de  M.  François-Bernard  Guérin,  sieur 
cr  de  la  Gendronnière,  marié  il  y  a  neuf  ans,  avec 
«  demoiselle  Marie-Renée  Françoise  Duval,  décédé 
ce  avant  hier  dans  sa  maison  seigneurialle  de  la  Gen- 
«  dronnière,  à  Tâge  de  cinquante-quatre  ans. 

«  En  présence  de  M*  Alexis  Trochon,  neveu  du 
«  défunt,  M"  François  d'Andigné  chevalier  de  Tordre 
«  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  cy-devant  capitaine 
a  du  régiment  d'Aquitaine,  seigneur  de  Saint-Gault  et 
«  du  Teillay,  son  cousin-germain  du  côté  maternel  ;  de 
«  M.  René-François  Gaultier  de  Vaucenay,  négociant, 
«  son  cousin  paternel,  et  do  M.  Ambroise  Duchemin 
«  des  Genetais  négociant,  issu  du  côté  paternel. 
(Signé)  «  L.  Ménochet,  curé  de  Houssay  ». 

Ce  décès  eut  lieu  au  cours  de  Tannée  1788.  Ce  qui  nous 
fait  avancer  cette  date,  c'est  le  passage  constatant  que 
depuis  neui  ans,  M.  Guériu  de  la  Gendronnière  était 
marié  avec  Mlle  Duval*.  Les  archives  de  la  Mayenne 
indiquant  Tannée  1779,  comme  celle  de  cette  union  qui 
avait  duré  neuf  années,  ceci  nous  donne  forcément  1788 
comme  date  de  sa  mort. 

La  veuve  survécut  quelques  années  ;  nous  ne  con- 
naissons pas  la  date  précise  de  son  décès,  arrivé  vers 
1798,  croyons-nous. 

Selon  toute  probabilité  la  chapellenie  de  la  Gendron- 
nière exista  jusqu'à  la  suppression  des  bénéfices  ecclé 
siastiques  en  1790.  A  cette  éqoque,  la  terre  seigneuriale 


1.  Les  archives  de  la  Fautraise  en  Argenton  près  Château- 
Gontier,  la  nomment  :  Marie-Anne-Françoise  Duval,  veuve  de 
noble  homme  François-Beniard  Guérin,  sieur  de  la  Gendron- 
nière, officier  invalide.  (Acte  relatif  au  partage  de  la  terre 
sMgneuriale  de  la  Fautraise,  entre  les  héritiers  de  la  famille 
Ghailland). 


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—  176  — 

de  la  Gendronnière  était  toujours  la  propriété  et  la 
résidence  de  la  branche  cadette  de  la  famille.  Mme 
veuve  Guérin  de  la  Roussardière,  dame  de  la  Gen- 
dronnière, y  demeurait  avec  sa  fille,  demoiselle  Thérèse- 
Perrine- Françoise  Guérin  de  la  Roussardière,  qui 
avait  alors  neuf  ans,  étant  née  le  25  mai  1781.  Elles  y 
vivaient  fort  retirées  et  ne  furent  point  inquiétées 
pendant  les  troubles  de  la  révolution.  Vers  1794,  des 
troupes  républicaines  vinrent  en  cantonnement  dans  le 
pays  de  Château-Gontier  et  paroisses  circon voisines, 
pour  combattre  la  Chouannerie  et  protéger  les  admi- 
nistrations publiques.  Un  de  leurs  officiers  supérieurs, 
le  général  Dhalancourt,  fils  d'un  brasseur  alsacien, 
dont  le  quartier  général  fut  établi  plus  tard  à  la  Gen- 
dronnière, s'éprit  des  charmes  de  Mlle  Thérèse  Guérin 
et  la  demanda  en  mariage.  Cette  union  n'était  sûrement 
pas  celle  qu'avaient  rêvée  les  deux  recluses,  mais  la 
position  des  nobles  et  des  bourgeois  était  encore  bien 
critique  et  leur  existence  souvent  menacée.  Les  deux- 
femmes  comprirent  que  ce  mariage  leur  sauvait  peut- 
être  la  vie  et  la  main  de  Mlle  de  la  Gendronnière  fut 
accordée  au  général  Dhalancourt. 

Il  ne  devait  sa  position  présente  qu'au  sort  des  armes 
-^  bien  qu'il  n'ait  pas  laissé  dans  nos  contrées  une 
grande  réputation  de  bravoure,  si  l'on  en  croit  un  rapport 
officiel  conservé  aux  archives  départementales.  —  Plus 
tard,  il  fit  subir  une  légère  modification  à  son  nom  et 
se  gratifia  de  la  particule,  avec  ou  sans  autorisation, 
en  s'appelant  dorénavant  non  plus  Dhalancourt  mais 
bien  d'Halancourt. 

L'union  de  Mlle  de  la  Gendronnière  avec  le  général 
républicain  eut  lieu  en  1797.  Cette  même  année  les 
nouveaux  époux  prenaient  à  loyer,  une  maison  située 
rue  du  Sable  à  Château- Gontier,  et  appartenant  alors 
à  l'hospice  Saint-Joseph  K  Les  hasards  de  la  guerre  ne 

1.  Cette  maison,  aujourd'hui  propriété  communale,  est  affectée 


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—  177  — 

laissant  pas  de  grands  loisirs  à  un  militaire,  le  général 
arrêtait  ce  logement  pour  une  année  seulement. 

L'Ouest  ayant  été  pacifié  en  1800  et  1801 ,  le  général 
d'Halancourt  dut  quitter  nos  contrées  vers  cette  époque  ; 
nous  ne  trouvons  plus  alors  aucune  trace  de  lui  dans  le 
pays.  Ce  que  nous  savons,  c'est  que  deux  enfants 
naquirent  de  son  union  avec  Mlle  de  la  Gendronnière  : 
une  fille  qui  entra  plus  tard,  dans  une  communauté 
religieuse,  et  un  fils  devenu  par  la  suite  élève  en  médecine 
et  mort  victime  du  choléra  de  1832,  dont  il  prit  le 
germe  au  chevet  des  malades  auxquels  il  prodiguait  ses 
soins  dans  les  hôpitaux  de  Paris. 

Le  général  d'Halancourt  était  mort  antérieurement, 
car  sa  veuve  en  1829  aliénait  la  Gendronnière  et  le 
décès  de  son  mari  est  constaté  dans  Tacte  de  vente 
ainsi  que  son  grade  lors  de  sa  mort.  Il  y  est  dénommé  : 
François-Guillaume  d'AUancourt,  adjudant-comman- 
dant ^ 

Aujourd'hui  la  Gendronnière  est  bien  déchue  de  son 
ancienne  importance  ;  ce  n'est  plus  maintenant  qu'une 
humble  ferme  et  rien  n'y  rappelle  la  gentilhommière 
des  temps  anciens. 

René  Gadbin. 


à  récole  publique  laïque  des  filles.  Le  nom  de  la  rue  n'est  plus 
rue  du  Saole,  mais  bien  rue  Pierre  Martinet.  Un  arrêté  municipal 
rendu  en  1887  et  applicable  le  14  juillet  de  la  môme  année  a  opéré 
ce  changement. 

2.  M.  le  chanoine  Foucault  auquel  nous  empruntons  ces 
détails  sur  les  derniers  possesseurs  de  la  Gendronnière, 
indique  dans  ses  Documents  historiques  sur  Chdieau-Gontier, 
pages  133-134,  l'année  1771  comme  date  de  naissance  de  Madame 
d'Hallancourt.  Il  faudrait  donc  admettre  que  son  père  aurait  été 
marié  deux  fois  et  qu'elle  serait  née  de  la  première  union,  puis- 
que celui-ci  n*épousa  Mlle  Duval  qu'en  1779.  Nous  croyons,  nous, 
qu'il  y  a  erreur  de  date,  et  que  c'est  non  pas  en  1771.  mais  bien 
en  1781,  qu'elle  serait  née,  deux  ans  après  le  mariage  de  son 
père  avec  Mlle  Mane-Renée  Duval. 


12 


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NOMINATION  DE  M.  HARDY  DE  LEVARE 

Juge  de  Police  de  la  Ville  de  Laval. 

(1723) 


Au  mois  d'octobre  1722  mourait  à  Laval  M.  René 
Hardy  de  Lévaré,  juge  ordinaire  civil  et  de  police  du 
comté-Pairie  et  maire  perpétuel  de  la  ville.  11  laissait 
de  nombreux  enfants  qui  s'empressèrent  d'annoncer 
cette  perte  à  Frédéric-Guillaume  de  la  TrémoïUc,  prince 
de  Talmont*,  tuteur  honoraire  de  son  neveu  Charles- 
Armand-Piérre  de  la  TrémoïUe,  prince  de  Tarente  et 
comte  de  LavaP,  alors  âgé  de  14  ans.  Le  prince  de 
Talmont  adressa  aussitôt  une  lettre  de  condoléance  aux 
enfants  du  décédé. 

a  A  Cha ville,  le  11  octobre. 

«  La  perte  que  vous  venez  de  faire,  Messieurs,  me 
touche  sensiblement.  Vous  perdez  un  père  de  grand 
mérite  et  M.  le  duc  de  la  TrémoïUe  un  officier  difficile 
à  remplacer.  Soyez  tous  persuadés  que  sa  mémoire  me 
sera  toujours  chère  et  que  je  vous  en  donnerai  toutes 


1.  Frédéric-Guillaume  de  la  TrémoïUe,  deuxième  fils  d'Henri- 
Charles  et  d'Amélie  de  Hesse-Gassel,  né  en  1668,  d'abord  abbé 
de  Charroux  et  chanoine  de  Strasbourg,  entré  en  1689  dans  la 
carrière  des  armes,  lieutenant  général  en  1710,  gouverneur  de 
Sarrelouis  en  1717,  mort  en  1739. 

2.  Charles-Armand-René  de  la  TrémoïUe,  fils  de  Charles- Louis- 
Bretagne  et  de  Marie-Madeleine  de  la  Fayette,  né  le  14  janvier 
1708,  reçu  en  1738  membre  de  l'Académie  Française,  mort  en 
1741. 


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—  179  — 

les  marques  que   les  intérêts  de   mon  neveu  me  pour- 
ront permettre.  Je  suis,  Messieurs,  entièrement  à  vous. 
«  Le  prince  de  Talmont  *  » 

Mais  il  s'agissait  pour  la  famille  d'obtenir  pour  un 
de  ses  membres  la  survivance  de  Tune  au  moins  des 
deux  charges  que  René  Hardy  de  Lévaré  occupait  dans 
la  justice  seigneuriale.  Les  démarches  faites  par  ses 
enfants,  tant  auprès  du  prince  de  Talmont  que  des 
membres  du  conseil  de  tutelle,  notamment  M.  Magneux, 
doyen  du  conseil*,  et  de  M.  de  Saint-Denis,  tuteur 
onéraire  du  comte  de  Laval,  furent  accueillies  favorable- 
ment et  le  prince  de  Talmont  se  chargeait  d'annoncer 
lui-même  au  fils  aîné  du  décédé,  Ambroise-Jean  Hardy 
de  Lévaré,  que  sa  requête  avait  été  agréée. 

«  Paris,  14  décembre  1722. 

«  Voire  affaire  fut  hier  agitée  au  conseil.  Monsieur, 
et  le  sieur  de  Saint-Denis  a  ordre  de  vous  mander  ce 
qui  y  fut  résolu.  Ne  doutez  pas  de  l'attention  que  je 
feray  toujours  à  ce  qui  regardera  ceux  qui  appartien- 
nent aux  bons  et  anciens  serviteurs  de  la  maison.  Je 
suis,  Monsieur,  entièrement  à  vous. 

«  Le  prince  de  Talmont  ^  » 


1.  Adresse  :  Messieurs  Hardy  à  Laval.  Celle  lellre  et  la  suivante 
sont  signées  seulement  du  prince  de  Talmont.  Le  texte  est  écrit 
de  la  main  de  son  secrétaire,  le  sieur  Goguetel,  dont  noas  pos- 
sédons dViutres  lettres. 

2.  Estienne  Marneux  avait  été  nommé  parle  Roi,  le  25  juin 
1673.  tuteur  onéraire  de  Charles-Louis-Bretagne  de  la  Trémoïlle 
(Chartrier  de  Thouars,  page  165).  Il  était  le  doyen  du  conseil  de 
tutelle  du  fils  de  son  ancien  pupUle.  Il  écrit  le  29  octobre  1719  à 
M.  Hardy  de  Lévaré  :  a  II  ny  a  rien,  Monsieur,  de  changé  dans 
ma  situation.  Il  y  a  plus  de  deux  ans  que  j'ay  été  nommé  pour 
estre  du  conseil  de  M.  le  prince  de  Tarente  qui  est  aujourd'huy 
duc  de  la  Trémoïlle,  et  je  ne  suis  point  chef  de  ce  conseil,  mais 
seulement  l'ancien  et  celuy  chez  lequel  il  se  tient  pour  cette 
raison.  M.  de  Saint-Denys  est  le  seul  tuteur  onéraire  et  on  ne  lui 
a  point  donné  d'adjoint.  M.  Bonain  est  seulement  toujours  agent 
des  afTaires  de  la  maison  u. 

3.  Adresse  :  Monsieur  de  Lévaré-Hardy,  à  Laval. 


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-  180  — 

Monsieur  de  Saint-Denis  écrit  en  effet  à  la  même  date 
à  Ambroise-Jean  Hardy  de  Lévaré  *  pour  lui  faire  con- 
naître les  conditions  mises  à  sa  nomination  de  juge 
ordinaire  de  police,  son  âge,  22  ans,  ne  permettant  pas 
de  lui  confier  la  charge  de  juge  civil  ^.  11  lui  faudra 
obtenir  le  consentement  de  ses  frères  et  sœurs,  se  faire 
octroyer  une  dispense  d'âge  et  vaincre  la  résistance  de 
deux  membres  de  la  justice  seigneuriale  qui  se  refusent, 
en  raison  de  son  âge,  à  le  recevoir  parmi  eux.  Il  sera 
dispensé  de  payer  au  comte  de  Laval  le  quart  denier, 
montant  à  1.800  livres,  mais  devra  verser  à  la  succession 
de  son  père  10.000  livres  pour  prix  de  la  dite  charge, 
lequel,  à  son  décès,  sera  réduit  à  8.000  livres.  Ces  con- 
ditions ayant  été  acceptées  et  toutes  les  résistances 
vaincues,  Ambroise-Jean  Hardy  de  Lévaré  fut  nommé 
le  30  janvier  1723  juge  ordinaire  de  police  du  comté  de 
Laval. 

«  Frédéric-Guillaume  de  la  Trémoïlle.  prince  de 
Tulmont,  comte  de  Taillebourg  et  de  Bénon,  premier 
baron  de  Xaintonge  et  de  Tonnayboutonne,  seigneur 
des  terres  et  duché  de  Chastellerault,  La  Grève,  les 
Essarts,  Metry,  MareschaU  Dordives  et  autres  lieux, 
lieutenant  général  des  armées  du  Roy,  gouverneur  de 
la  forteresse  de  Sarelouis  et  pays  en  dépendant,  oncle 
et  tuteur  honoraire  de  très  haut  et  très  puissant  prince 
Charles-Armand-René,  duc  do  la  Trémoïlle  etdeThouars, 
prince  de  Tarente,  comte  de  Laval  et  de  Montfort,  baron 
de  Vitré  et  de  la  Ferté  Surpéron^,  marquis  d'Attichy, 
pair  de  France,  premier  gentilhomme  de  la  chambre  du 
Roy  et  président  né  des  Estats  de  la  province  de  Bre- 
tagne, à  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres  verront, 
salut.  Sçavoir  faisons  que  sur  le  bon  et  louable  rapport 


1.  Il  était  né  le  14  août  1700,  fut  le  premier  maire  électif  de 
Laval,  1747-1759,  et  mourut  le  10  mai  1780. 

2.  La  charge  de  juge  civil  fut  accordée  quelques  mois   plus 
tard  à  Gilles  Lelong  de  la  Besnardière. 

3.  La  Ferté- Chevresis  (Aisne),  sur  la  rivièi*e  du  Péron. 


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—  181  — 

qui  nous  a  esté  fait  de  la  personne  de  Messire  Ambroise- 
Jean  Hardy,  avocat  en  parlement,  de  ses  bonnes  vie, 
mœurs,  religion  catholique,  apostolique  et  romaine, 
probité  et  capacité,  à  ces  causes  et  autres  bonnes  con- 
sidérations à  ce  nous  mouvant,  et  agréant  le  consente- 
ment àluy  donné  par  ses  frères  et  sœurs,  par  acte  sous 
signature  privée  du  quinze  du  présent  mois  et  an,  nous 
lui  avons  donné  et  octroyé,  donnons  et  octroyons  Testât 
et  office  déjuge  de  police  du  dit  comté-pairie  de  Laval, 
vacant  par  le  déceds  de  M*  René  Hardy  de  Lévaré, 
avocat  en  parlement,  son  père,  pour  en  jouir  tant,  et  si 
longtemps  qu'il  nous  plaira  seulement,  aux  honneurs, 
gagtî  et  droits  y  appartenant  et  accoutumés.  Mandons 
à  nos  chers  et  bien-aimés  les  officiers  dudit  comté- 
paierie  de  Laval  de  mettre  et  installer  le  dit  sieur 
Hardy  en  la  fonction  et  jouissance  dudit  office  et  au 
procureur  fiscal  d'en  consentir  tous  actes  requis  et 
nécessaires,  sans  luy  faire  ni  souffrir  estre  fait  aucuns 
troubles  ni  empêchements,  car  telle  est  notre  intention. 
Donné  à  Paris  le  trente  janvier  mil  sept  cent  vingt-trois. 
Signé  :  F.  G.  de  la  Trémoïlle,  prince  de  Talmont,  et  sur 
le  reply  par  son  Altesse,  Bonain,  et  à  un  bout  est  le 
sceau  des  armes. 

«  Nous  soussignés,  Jacques  de  Saint-Denis,  cy-devant 
secrétaire  de  Monsieur  de  Marillac,  vivant  conseiller 
d'Etat  ordinaire,  doyen  du  conseil,  au  nom  et  comme 
tuteur  onéraire  de  Son  Altesse  Monseigneur  Charles- 
Armand-René,  duc  de  la  Trémoïlle  et  de  Thouars, 
prince  de  Tarente,  comte  de  Laval  et  de  Monfort, 
baron  de  Vitré  et  de  la  Ferté  Surpéron,  pair  de  France, 
premier  gentilhomme  de  la  chambre  du  Roy,  demeu- 
rant moy  d3  Saint-Denis,  à  Paris,  rue  Sainte-Avoye, 
paroisse  Saint-Merry,  d'une  part  ;  et  M'  Ambroise- 
Jean  Hardy,  avocat  en  parlement,  émancipé  d'aage, 
demeurant  ordinairement  en  la  ville  de  Laval,  estant 
de  présent  à  Paris  logé  rue  de  la  Harpe,  en  la  maison 
où  pend  pour  enseigne  la  Ville   d'Amiens,  assisté  de 


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-   182  — 

moy,  Louis  Martin,  sieur  de  Saubert,  bourgeois  de 
Paris,  fondé  de  procuration  spéciale  de  M*'  René 
Pichot.  sieur  de  la  Graverie,  aussy  avocat,  curateur 
aux  causes  dudit  sieur  Ambroise-Jean  Hardy,  ladite 
procuration  passée  devant  Jacques  Le  Moine,  notaire 
au  comté  et  pairie  de  Laval,  présents  tesmoins,  le 
quinze  du  présent  mois  de  janvier,  l'original  de  laquelle 
a  été  certifié  véritable  p«r  nous  dits  Hardy  et  Louis 
Martin,  sieur  de  Saubert,  et  délivré  es  mains  dudit  sieur 
de  Saint-Denis,  après  que  nous  Tavons  signez  et  para- 
phez ne  varietur,  demeurant  moy  dit  Louis  Martin, 
sieur  de  Saubert,  à  Paris,  rue  des  Deux- Portes,  paroisse 
Saint-Benoist,  d'autre  part  ; 

«  Reconnaissons  estre  convenus  de  ce  qui  suit,  sçavoir 
moy  de  Saint-Denis  audit  nom,  en  exécution  des  déli- 
bérations de  Messeigneurs  les  tuteurs  honoraires  de 
sadite  Altesse  et  de  Messieurs  les  conseillers  de  sa 
tutelle  den  seize  décembre  dernier  et  vingt-sept  du 
présent  mois  de  janvier,  avoir  promis  audit  sieur 
Ambroise-Jeaii  Hardy  de  luy  délivrer  lesdites  provisions 
en  son  nom  de  Testât  et  office  de  juge  de  police  dudit 
comté  et  pairie  de  Laval,  dont  copie  est  cy-dessus, 
ledit  état  et  office  vacant  par  le  déceds  de  M*  René 
Hardy  de  Lévaré,  son  père,  pour  en  jouir  tant  et  si 
longtemps  qu'il  plaira  à  son  Altesse  Monseigneur  le 
duc  de  la  TrémoïUe  seulement,  aux  honneurs,  gages  et 
droits  y  appartenants  et  accoustumez;  lesdits  gages 
consistans  en  la  somme  de  cent  livres  par  an,  payable 
par  le  receveur  du  Comté  de  Laval,  à  commencer  la 
dite  jouissance  du  jour  de  sa  réception,  aux  conditions 
qui  suivent  :  primo,  de  payer  et  rembourser  aux  sieurs 
et  damoiselles  ses  frères  et  sœurs  la  somme  de  dix 
mil  livres  et  intérests,  stipulée  payable  sur  le  prix 
dudit  estât  et  office  à  la  veuve  et  héritiers  dudit  deffunt 
sieur  Hardy  de  Lévaré,  par  le  traité  du  vingt-six  juin 
mil  six  cent  quatre-vingt-huit,  fait  entre  deffunt  M* 
Julien  le  Clerc,  sieur  du  Flécheray,  pour  feu  son  Altesse 


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—  183  — 

Monseigneur  le  duc  de  la  Trémoïlle  et  ledit  deiïunt  sieur 
René  Hardy  de  Lévaré,  laquelle  somme  de  dix  mil 
livres,  moy,  Ambroise-Jean  Hardy,  assisté  dudit  sieur 
Louis  Martin  de  Saubert,  audit  nom,  m'oblige  de  payer 
à  mes  dits  frères  et  sœurs,  à  l'exception  de  ma  part 
et  portion,  à  ladite  somme,  pour  le  prix  dudit  état  et 
office,  conformément  audit  traité,  et  à  Tacceptation  que 
mes  dits  frères  et  sœurs  ont  faite  de  mon  obligation  au 
cas  susdit  par  écrit  du  quinze  du  présent  mois  de  janvier, 
que  j'ay  mis  entre  les  mains  dudit  sieur  de  Saint-Denis 
audit  nom  pour  l'entière  décharge  de  son  Altesse  de 
l'obligation  contractée  par  ledit  traité  du  vingt-six  juin 
mil  six  cent  quatre-vingts  huit  et  ratiffication  d'iceluy, 
lequel  écrit  dudit  jour  quinze  du  présent  mois,  nous 
sieur  Hardy  et  Louis  Martin,  sieur  de  Saubert,  certiffions 
véritable,  à  l'effet  de  quoy  nous  l'avons  signés  et 
paraphey  ne  varietur. 

«  Secundo,  nous  sommes  convenus  que  vacance  arri- 
vant dudit  état  et  office  du  juge  de  police  par  les  déceds 
de  moy,  Ambroise-Jean  Hardy,  son  Altesse  Monsei- 
gneur le  duc  de  la  Trémoïlle  en  poura  disposer  en 
faveur  de  qui  il  trouvera  à  propos,  en  payant  à  ma  veuve 
ou  héritiers  la  somme  de  huit  mil  livres,  six  mois  apr^s 
mondit  déceds,  sans  aucuns  intérests,  si  mieux  n'aime 
sadite  Altesse  laisser  la  liberté  à  ma  veuve  ou  héritiers 
de  disposer  dudit  état  et  office,  en  luy  payant  pour  le 
quart  denier  la  somme  de  quinze  cent  livres. 

«  Fait  et  arresté  double  à  Paris,  ce  premier  février 
mil  sept  cent  vingt-trois. 

A.-J.  Hardy.  Martin,  de  Saint-Dbnis.  » 


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CERCUEIL  EN  SCHISTE  ARDOISIER 

EN  LOIGNÉ 


Le  Bulletin  de  la  Commission  a  plusieurs  fois  sig^nalé 
rexistcnce  de  cercueils  en  calcaire  ou  en  schiste  ardoisîer 
dans  les  environs  de  Château-Gontier,  et  notamment  à 
Menil  et  à  la  Françoisière,  ferme  de  la  commune  de 
Loigné  ;  mais  aucun  détail  n'a  été  donné  ni  sur  la  forme 
et  les  dimensions  de  ces  cercueils,  ni  sur  les  squelettes 
qu'ils  contiennent. 

Récemment  j'ai  eu  la  chance  d'étudier  un  cercueil  en 
ardoise,  découvert  dans  le  champ  appelé  la  pièce  d'Ici, 
limitrophe  de  la  Françoisière  et  dépendant  de  la  métairie 
dcrErable,àM.  Bénard,  de  Château  Gontier.  Ce  cercueil, 
orienté  les  pieds  vers  l'Est,  était  recouvert  d'une  couche 
de  terre  variant  entre  O'^SO  et  0°*50  environ,  et,  malgré 
la  déclivité  du  terrain,  était  placé  horizontalement.  Ses 
dimensions  intérieures  étaient  les  suivantes  :  longueur 
2™,  largeur  à  la  tête  0"55,  aux  pieds  0°40,  profondeur 
0"*40.  Les  dalles  de  schiste,  les  orneaux,  suivant  l'expres- 
sion locale,  qui  le  formaient,  avaient  une  épaisseur  de 
0™02  à  0'"03.  L'aire  inférieure,  intacte,  était  composée 
de  deux  morceaux  dont  un,  à  la  tête,  était  long  seulement 
de  0^18.  Les  deux  parois  latérales  avaient  été  brisées 
probablement  par  la  charrue  et  se  trouvaient  rac- 
courcies d'environ  0"25  à  l'extrémité  orientale,  où 
manquait  le  petit  côté  du  cercueil.  L'orneau  qui  le 
fermait  à  la  tête  était  entier,  mais  incliné  en  dedans  par 
la  poussée  des  terres.  Quant  aux  ardoises  qui  servaient 


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—  185  — 

de  couvercle,  le  labour  les  avait  enlevées  sauf  quelques 
débris  mêlés  à  la  terre  qui  remplissait  le  cercueil. 

Dans  ce  cercueil,  je  n'ai  trouvé  ni  arme,  ni  ornement, 
ni  trace  quelconque  de  vêtement,  mais  seulement  un 
squelette  incomplet,  comprimé  sous  le  poids  des  terres 
et  probablementdes  hommes  et  des  animaux  qui  Tavaient 
piétiné  pendant  des  siècles. 

Ce  squelette  appartenait  à  un  individu  âgé,  car  les 
dents,  assez  petites,  étaient  fortement  usées  en  biseau 
h  leur  face  supérieure  et  là  où  elles  manquaient,  les 
alvéoles  étaient  complètement  oblitérées.  Il  reposait  sur 
le  côté  gauche,  et  le  bras  droit  était  replié,  la  main 
ramenée  très  près  de  Tépaule.  Bien  des  os,  le  bassin, 
les  omoplates,  la  plus  part  des  vertèbres,  ceux  des  pieds 
et  des  mains  notamment  manquaient  ;  ceux  qui  existaient 
étaient  en  général  friables,  quelques-uns  se  réduisaient 
en  bouillie  à  la  moindre  pression. 

Le  crâne,  qui  avait  perdu  ses  temporaux  et  ses  rochers, 
ne  présentait  aucune  saillie  anormale  ;  sa  courbe  supé- 
rieure se  dessinait  régulière  et  sa  partie  postérieure  était 
bien  développée.  La  coupe  horizontale  aurait  décrit  un 
ovale  dont  le  plus  grand  diamètre  aurait  mesuré  0"19. 
Le  maxillaire  supérieur  droit  n'a  pu  être  retrouvé  ;  le 
gauche  avait  seulement  trois  molaires,  plus  les  racines 
de  plusieurs  dents  brisées.  Le  maxillaire  inférieur,  coudé 
presque  à  angle  droit,  montrait  trois  incisives  dont  deux 
à  gauche,  la  canine  gauche,  une  prémolaire  de  chaque 
côté  et  la  dernière  molaire  droite,  celle-ci  très  inclinée 
en  avant. 

L'état  des  ossements  ne  permettait  pas  de  mesurer  la 
taille  de  l'individu  auquel  ils  ont  appartenu;  toutefois 
cette  taille  m'a  paru  plutôt  moyenne  que  grande,  malgré 
les  dimensions  du  cercueil  dont  le  corps  n'a  pas  dû 
occuper  toute  la  longueur. 

D'après  les  notes  de  M.  Le  Fizelicr  (Bulletin,  1"  série, 
tome  111,  p.  146),  les  cercueils  de  cette  sorte  appartien- 
draient à  la  période  franque  ;  c'est  l'opinion  générale- 


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-  186  — 

ment  admise;  je  regrette  toutefois  de  n'avoir  trouvé  dans 
celui  de  l'Erable  aucun  objet  pouvant  servir  à  lui  donner 
une  date  même  fort  approximative. 

Je  crois  devoir  ajouter  une  légère  rectification  à  la 
note  de  M.  Tabbé  Foucault  insérée  dans  le  procès-verbal 
du  6  novembre  1884.  La  Françoisière,  comme  TErable, 
n'est  pas  située  à  l'extrémité  N.-E.  du  bourg  de  Loigné, 
mais  à  4  kilomètres  environ  plus  loin,  à  l'extrémité  de 
la  commune^  sur  les  bords  de  la  Mayenne. 

DU  Brossay. 


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LA  MAISON  DE  LAVAL 


CARTULAIRE  DE  LAVAL 


GUY    XVII 


XVII  (2360-2612)  1531-1547 


2565.  —  1544,  4  mai.  —  Aveu  à  Thouars,  pour  la  Roche- 
Luzais,  rendu  par  Gilles  de  Laval  (Note,  La  Trémoïlie,  Fiefs 
de  Thouars,  218). 

2566.  —  1544,  8  mai.  —  Acte  par  lequel  Gilles  de  Laval- 
Maillé  relire  des  mains  de  Jeanne  de  Bretagne  la  baronnie 
de  la  Haye  (Note,  B.  N.,  dom  Housseau,  XIP,  5844). 

2567.  —  1544,  15  mai.  —  Aveu  à  Thouars,  pour  la  baron- 
nie de  Bressuire,  par  Gilles  de  Laval  (Note,  La  Trémoïlie, 
Fiefs  de  Thouars,  12). 

2568.  — 1544,  23  mai,  Thouars.  —  Acte  par  lequel  Louis  IIl 
de  la  Trémoïlie  déclare  avoir  reçu  l'hommage  à  lui  dû  par 
Gilles  de  Laval,  baron  de  Bressuire  (Catalogue  Ernest  Du- 
mont,  no  90,  octobre  1898). 

2569.  —  1544,  5  juillet,  Paris.  —  Testament  de  Guy  XVII 
de  Laval  (Copie,  B.  N.,  français,  5121,  136). 

Pardevant  Vincent  Maupeou  et  François  Bastonneau,  no- 
taires du  Roy  nostre  sire  en  son  chastelet  de  Paris,  fut  pré- 
sent en  sa  personne  hault  et  puissant  seigneur,  Guy,  conte 
de  Laval,   de  Quintin,   de  Montfort,    de  Commynges,  de 


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Reihellois  et  de  Beauforl  en  Champaigne  ;  sire  de  Viclrey, 
viconte  de  Rennes  et  de  Laulrect,  seigneur  et  baron  d'Orval 
et  de  Colmyer  en  Brie. 

Considérant  qu'il  n'est  chose  plus  certaine  que  la  mort,  ne 
plus  incertaine  que  Theure  d'icelle  ;  et  que,  selon  la  doctrine 
évangélicque,  chacun  bon  et  fidelle  chrestien  et  catholicque 
est  conseillé  se  vouloir  préparer  et  tenir  prest  pour  la  mort 
attendre  et  recepvoir,  quant  il  plaira  à  nostre  seigneur  Jésus- 
Christ  ;  désirant  pourveoir  en  tant  que  à  luy  est,  à  sa  pauvre 
âme  et  à  son  corps  putréfiable,  et  à  ses  biens  et  seigneuries, 
et  à  l'utillité  et  conservation  d'icelles  et  de  ses  subjects,  en 
tant  que  à  luy  est  et  que  faire  le  peult  et  doibt,  non  voulant 
décedder  iniestat,  sans  avoir  disposé  des  biens  qu'il  a  pieu  à 
nostre  seigneur  Jésus-Christ  luy  donner  et  luy  avoir  esté 
délaissez  par  ses  prédécesseurs,  feist  et  faict  par  ces  présen- 
tes son  testament  et  ordonnance  de  dernière  volonté  en  la 
forme  et  manière  qui  s'ensuit. 

Ou  nom  du  Père,  du  Fils,  du  benoist  Sainct-Esprit,  amen. 

Premièrement,  a  recommandé  et  recommande  son  âme, 
quant  de  son  corps  despartira,  à  Dieu  le  Père,  Dieu  le  Fils, 
Dieu  le  benoist  Sainct-Esprit,  Saincte  Trinité  du  paradis; 
à  la  benoiste  glorieuse  vierge  Marie,  mère  de  Dieu,  et  à  tous 
les  benoitz  sainctz  et  sainctes,  ausqueîz  ledict  seigneur  tes- 
tateur supplie  très  humblement  et  dévotement  estre  inter- 
cesseurs pour  lui  envers  la  Saincte  Trinité  de  paradis  ;  et, 
pour  satisfaction  faire,  veult  ses  tors  faictz  estre  amandcz,  et 
ses  debtes  loyaulment  deues  et  congneues,  tant  par  lectres 
que  tesmoings,  estre  paiées  et  satisfaictes  des  biens  qui  de 
luy  demoureront. 

Item,  quant  à  la  sépulture  et  enterrement  de  son  corps, 
veult  et  ordonne  qu'il  soit  enterré  en  l'église  de  Sainct- 
Thugal  de  Laval,  où  ses  prédécesseurs  sont  inhumez. 

Item,  en  tant  que  touche  la  pompe  funèbre,  obsèques,  funé- 
railles et  services,  il  remect  le  tout  à  la  discrétion  de  ses 
exécuteurs  cy-après  nommés. 

Item,  veult  et  ordonne  comme  dessus  ses  debtes  estre  paiées 
et  tors  faictz  amandez.  Et  ceulx  qui  pour  luy  sont  à  présent 
obligez,  et  qui  se  trouveront  obligez  lors  de  son  décès,  estre 
entièrement  deschargez,  acquictez  et  mis  hors  de  toutes  per- 
tes et  dommaiges  Et  de  tout  cecy,  charge  de  rechef  tous  ses 


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biens  et  ses  exécuteurs  de  ainsi  le  faire.  El  ne  veult  que  pour 
luy  avoir  faict  plaisir  Ton  en  tumbe  en  inconvénient. 

Item,  et  mesmes  veult  et  ordonne  que  son  très  cher  et  très 
amé  beau-frère  le  seigneur  de  la  Roche-Guyon,  le  seigneur 
de  Rabaudanges  et  son  amé  et  féal  conseiller  maistre  Chris- 
tofle  de  Thou,  seigneur  de  Cély,  soient  entièrement  acquic- 
tez  et  renduz  indempnes  de  ce  qu'ils  doibvent  et  en  quoy  ils 
sont  obligez  pour  ledit  seigneur  testateur,  et  de  ce  que  icel- 
luy  seigneur  testateur  leur  doibt  et  peult  debvoir  en  leurs 
noms  et  leur  devra  lors  de  son  décez. 

Item,  et  par  autant  que  ledict  de  Thou,  seigneur  de  Cély, 
est  principallement  obligé  pour  ledict  seigneur  testateur,  et 
que  en  sa  faveur  on  a  preste  audict  seigneur  testateur  la  plus 
part  de  ce  qu'il  doibt,  et  qu'on  s'adresse  premièrement  à  luy, 
plustost  que  audict  seigneur  testateur  et  aux  aultres  obligez 
pour  luy,  parce  qu'il  est  demourant  à  Paris  et  de  plus  facille 
convention,  icelluy  testateur  veult  et  ordonne  sur  tous  et  ungs 
chacuns  ses  biens  et  sur  les  plus  beaux  et  apparans  d'iceulx 
il  preigne  par  ses  mains,  ou  par  les  mains  de  ceulx  à  qui  ses 
terres  et  seigneuries  sont  bailliées  ou  les  baillera  à  ferme 
cy-après  ledict  seigneur  conte  ou  ledict  de  Thou,  autant  de 
rente  et  revenu  bien  venant  par  chacun  an  et  des  plus  clers 
deniers,  que  se  montent  toutes  les  rentes  et  debtes  dont  ledit 
de  Thou,  seigneur  de  Cély,  est  tenu  et  obligé  pour  ledict  sei- 
gneur testateur  ;  que  aussi  celles  que  ledict  seigneur  testateur 
doibt  et  lui  devra  lors  de  son  décès. 

Item,  ledict  seigneur  testateur  donne,  lègue  et  laisse  à  sa 
très  chère  et  très  amée  compaigne  et  espouse,  damoiselle 
Claude  de  Foix,  tout  ce  que  par  le  droict  et  par  les  coustu- 
mes  des  lieux  où  les  biens,  terres  et  seigneuries  dudict  sei- 
gneur testateur  sont  scituées  et  assizes,  il  luy  peult  donner, 
soit  biens  meubles  ou  immeubles,  la  priant  très  affectueuse- 
ment de  estimer  que  il  feroit  mieulx  pour  elle,  si  faire  le  pou- 
voit,  et  croit  certainement  que  ladicte  damoiselle  sera  con- 
tente de  sa  bonne  volunté,  dont  il  n'y  aura  jamais  faulte  à 
l'endroict  dudict  seigneur,  la  suppliant  singulièrement  qu'elle 
donne  ordre  que  toutes  1ns  debtes  dudict  seigneur  soient 
payées  et  entièrement  acquittées. 

Item,  et  pour  aucunement  recognoistre  l'amytié  que  ledict 
seigneur  testateur  a  toujours  portée  et  eue  à  son  très  cher 


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et  très  amé  cousin  Claude  de  Laval,  seigneur  de  Thelligny, 
luy  a  continué  et  continue  le  don  qu'il  luy  a  par  cy  devant  faict 
de  Tusuffruict,  sa  vie  durant  seullement,  delà  terre  et  seigneu- 
rie de  Montsurs  au  conté  de  Laval,  et  au  survivant  de  luy  et 
de  damoiselle  Claude  de  la  Jaille,  sa  femme. 

Item,  ledict  seigneur  testateur  veult  et  ordonne  que  tous 
les  gentils  hommes,  ofticiers,  serviteurs  et  pensionnaires  de 
sa  maison,  soient  paiez  et  satisfaictz  de  tous  leurs  eslatz, 
gaiges,  sallaires  et  pensions  qui  leur  seront  deubz  lors  du 
trespas  dudict  testateur  ;  et  encores,  qu'ilz  en  soient  paiez 
pour  une  année  entière  après  son  dict  trespas  :  à  ce  qu'ils 
ayent  cause  et  moyen  de  trouver  party  ailleurs,  et  qu'ils 
ayent  souvenance  dudict  testateur.  Et  pour  mectre  à  fin  et 
exécution  deue,  ce  présent  testament  et  ordonnance  de  der- 
dière  voluncté,  en  tous  ses  poinctz  et  articles,  selon  leur 
forme  et  teneur,  ledit  seigneur  conte  de  Laval,  testateur,  a 
esleu,  nommé  et  estably  ses  exécuteurs  :  sa  dicte  très  chère 
et  très  amée  compaigne  et  espouse,  damoiselle  Claude  de 
Foix;  son  très  cher  et  très  amé  oncle,  monseigneur  messire 
Anne,  seigneur  et  baron  de  Montmorency,  chevallier  de  l'or- 
dre du  Roy,  connestable  et  grand  maistre  de  France  ;  son  très 
cher  et  très  amé  cousin  Claude  de  Laval,  seigneur  de  Thelli- 
gny, et  ledit  maistre  Cristofle  de  Thou,  seigneur  de  Cély, 
ausquelz  et  à  chacun  d'eulx  ledit  seigneur  conte  testateur 
donna,  et,  rar  ces  présentes,  donne  plain  pouvoir,  puissance, 
auctorité  et  mandement  espécial  de  cestuy  son  présent  testa- 
ment et  ordonnance  de  dernière  volunté  enthériner  et  accom- 
plir bien  et  deuement  de  poinct  en  poinct,  selon  sa  forme  et 
teneur,  comme  bons  et  loyaulx  exécuteurs  peuvent  et  doib- 
vent  faire,  et  qu'ils  verront  bon  estre  pour  le  salut  et  remède 
de  l'âme  dudict  seigneur  testateur  ;  es  mains  desquelz  ses 
exécuteurs,  ledict  seigneur  testateur  se  desmist,  dessaisist, 
démect,  dévest  et  dessaisist  de  tout  en  tout  de  tous  ses  biens 
meubles,  terres,  seigneuries  et  possessions  immeubles  quelz- 
conques,  vouUant  et  consentant,  qu'ilz  en  ayent  la  pleine 
jouissance,  jusques  à  lentretenement  et  accomplissement  de 
cestuy  son  présent  testament. 

Et  oultre,  pour  aucunement  récompenser  lesdicts  exécu- 
teurs de  leurs  peines  et  vaccations  qu'ilz  auront  pour  accom- 
plir et  mectre  à  exécution  ce  présent  testament,  et  aussy  à  ce 


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—  191  — 

qu'ilz  ayenl  souvenance  et  mémoire  d'icelluy  seigneur  conte 
testateur,  ledit  seigneur  conte  de  Laval  a  donné,  légué  et 
laissé,  donne,  lègue  et  laisse  par  ces  présentes  à  chacun  des- 
dicts  exécuteurs  la  somme  de  mil  escuz  d'or  au  soleil. 

Est  révocqué  et  rappelle,  révocque  et  rappelle  et  mect  du 
tout  au  néant,  tous  autres  testamens  et  codicilles,  qu'il  pour- 
roit  avoir  faictz  et  passez  auparavant  le  jourd'huy,  voullant 
que  cestuy  vaille,  tienne  et  sortisse  son  plain  et  entier  effect, 
en  tous  ses  poinctz  et  articles,  soit  par  forme  de  testament, 
codicille  ou  aultrement  en  la  meilleure  forme  et  manière  que 
mieulx  valoir  pourra  et  debvra. 

Est  sy  y  arresté  et  arreste  du  tout  en  tout,  en  soubzmectant 
par  ledict  seigneur  conte  de  Laval  Faudition  et  reddition  en 
compte  de  cestuy  son  présent  testament  et  ordonnance  de  der- 
nière volunté,  à  la  jurisdition,  cohertion  et  contraincte  de  la 
prévosté  de  Paris. 

Faict  et  passé  en  ladicte  ville  de  Paris,  l'an  mil  cinq  cens 
quarante  quatre,  le  samedy  cinquiesme  jour  de  juillet. 

Maupeou. 

2570.  —  1544,  après  le  5  juillet,  Paris.  —  Codicille  de 
Guy  XVII  (Copie,  B.  1^.,  français,  5121,  139). 

Hault  et  puissant  seigneur,  messire  Guy,  conte  de  Laval, 
chevallier  de  Tordre  du  Roy,  inferme  de  corp.«,  toutesfois 
sain  de  bons  et  fermes  propos,  mémoire  et  entendement, 
comme  il  est  apparu  aux  notaires,  par  forme  de  codicille,  en 
adjoustant  au  testament  par  luy  faict  et  passé,  pardevant  les- 
dicts  notaires  le  samedy  cinquiesme  jour  de  juillet.  Tan  mil 
cinq  cens  quarante  quatre,  et  signé  de  sa  main,  lequel  il  a 
raliffié  et  ratiffie  par  ces  présentes  et  veult  qu'il  sorte  son 
plain  et  entier  effect,  et  oultre  le  contenu  en  icelluy,  ratifTie 
pareillement  les  donnations  par  luy  faictes  à  madame  Claude 
de  Foix,  son  espouse,  tant  mutuelles  et  réciprocques  que  par 
testament  et  autres  dispositions  par  luy  faictes  à  ladicte  dame 
et  mesmes  les  ratisfications  et  dispositions  nouvelles  et  réci- 
procques qu'il  a  faictes  à  icelle  dame  et  qui  ont  esté  faictes  et 
passées  entre  elle  et ,  procureur  dudict  sei- 
gneur conte,  et  n'entend  que  la  donnation  mutuelle  face  pré- 
judice aux  donnations  contenues  en  sondict  testament  et 
autres  dispositions  par  luy  ou  son  procureur  nouvellement 
faictes,  avec  ladicte  dame  par  cy  devant  et  depuis  deux  mois 


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—  192  — 

en  ça  ;  et  veull  que  le  tout  vaille,  tienne  et  sortisse  son  plain 
et  entier  effect,  et  dictledict  seigneur  conte  qu'il  luy  desplaist 
qu'il  ne  peult  mieulx  faire  à  ladicte  dame  son  espouse. 

Item,  ledict  seigneur  testateur  ratiffîe  toutes  les  constitu- 
tions de  rentes  qu'il  a  faictes  par  cy  devant  et  qui  ont  esté 
faictes  pour  luy,  avec  luy  et  sans  luy,  par  messieurs  de  la 
Roche-Guyon,  de  Bois-Daulphin,  de  Thelligny,  maistre 
Christofle  de  Thou,  seigneur  de  Cély,  René  Baillel,  seigneur 
d'Esseulx,  Thebault  de  Longue- Jou,  seigneur  d'Yverny,  Jac- 
ques le  Lièvre,  maistre  des  eaux  et  forests,  et  messire  Loys 
de  Rabaudanges,  et  autres. 

Et  pareillement,  ratiffie  les  garanties  et  promesses  d'ac- 
quicter  desdictes  rentes  qu'il  en  a  passées  aux  dessus  nom- 
més. Et  veult  et  entend  que  toutes  lesdictes  rentes,  arrérages 
d'icelles,  deubz  et  qui  escherront  cy  après,  soient  paiez  et  ac- 
quictez  à  ses  despens  et  de  ses  biens  et  racheptées  le  plus 
tost  que  faire  ce  pourra,  par  ses  héritiers  et  exécuteurs  de 
sondict  testament,  parce  que  à  la  vérité  les  deniers  qui  so.it 
venuz  desdictes  constitutions  de  rentes,  ont  esté  convertiz  et 
employez  en  ses  propres  affaires,  et  en  ce  n'ont  les  dessus 
dicts  faict  que  prester  leurs  noms  audict  seigneur  conte  et 
pour  luy  faire  plaisir  ;  ratiffie  pareillement  toutes  les  ventes 
de  boys,  tant  de  haultes  fustayes  que  taillis,  baulx  à  cens, 
rentes  et  à  ferme  et  autres  donnations  qu'il  a  faictes  à  aucuns 
de  ses  gentils  hommes,  serviteurs  et  officiers  domesticques 
de  sa  m.aison  et  autres  ;  mesmes  à  Françoys  de  Gassyn,  son 
escuyer  d'escurye,  de  la  cappitainerie  de  Quîntin  et  de  deux 
cens  livres  tournois  de  rente  sa  vie  durant,  à  prandre  sur  la 
chastellenye  Sainct-Ouan  ;  et  aussy  veult  que  le  contenu  au 
traicté  de  mariage  d'entre  Jehan  de  la  Chappelle,  escuyer,  et 
damoiselle  Jehanne  d'Apestigny,  sa  femme,  sorte  son  «ffcct 
et  l'a  ratiffie,  et  ratiffie  pour  le  regard  de  ce  que  leur  donne 
par  iceluy.  Et  aussi  ratiffie  la  donnation  qu'il  leur  a  faicte  à 
perpétuité  de  la  mestairie  du  Buron,  assise  audit  conté  de 
Laval,  et  aussi  du  don  qu'il  leur  a  faict  du  réméré  qu'il  aura 
de  pouvoir  retirer  icelle  mestairie. 

Item,  déclaire  ledict  seigneur  conte  qu'il  doibt  à  maistre 
François  de  Thou,  son  secrétaire,  la  somme  de  six  cens  escuz 
d'or  soleil,  qu'il  lui  a  baillé  à  plusieurs  et  diverses  foys,  pour 
ses  menuz  plaisirs  et  affaires,  dont  ledict  de  Thou,  n'a  aucun 


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enseignement.  Et  oultre,  luy  doibt  la  somme  de  quinze  cens 
tant  livres  tournois  par  sa  ceddulle  signée  et  scellée  de  son 
seing  et  scel  oudict  an  cinq  cens  quarante-quatre,  dont  il  a 
pareillement  récépissé  de  son  argentier,  et  aussy  déclare 
ycelluy  seigneur  que  ledictde  Thou  a  baillé  plusieurs  autres 
sommes  de  deniers  pour  sa  despence  et  affaires  de  luy  et  de 
ladicte  dame  son  espouse.  dont  il  a  récépissez  de  leurs  argen- 
tiers ;  de  toutes  lesquelles  debtes,  il  veult  ledict  de  Thou 
estre  entièrement  paie  et  satisfaict,  parce  qu'il  les  luy  doibt 
loyaulment. 

Et  pour  ce  qu'il  est  deu  plusieurs  autres  debtes  à  plusieurs 
personnes  par  cedduUes  signées  dudict  seigneur  et  parties 
arrestées  tant  de  luy  que  de  ses  maistres  d'hostelz,  secrétaire, 
contrerolleur  et  argentier,  veult  pareillement  que  lesdictes 
debtes  soient  paiées  des  biens  qui  de  luy  demoureront. 

Item  ledict  seigneur  conte,  testateur,  ratiflie  la  donnation 
qu'il  a  faicte  à  Claude  de  Laval,  seigneur  de  Théligny,  son 
cousin,  de  la  chaslellenye,  terre  et  seigneurie  de  la  Bretesche, 
appartenances  et  deppendances,  assize  ou  duché  de  Bretai- 
gne,  pour  en  joyr  par  luy  sa  vie  durant,  selon  le  contenu  de 
ladicte  donnation  et  ce,  ou  lieu  de  la  seigneurie  de  Monseur, 
assis  audict  conté  de  Laval,  qu'il  avoit  auparavant  donnée 
audict  seigneur  de  Théligny. 

Item,  par  ces  présentes,  donne,  lègue  et  laisse  audict  mais- 
tre  François  de  Thou,  ladicte  terre,  seigneurie  et  apparte- 
nances de  Monseur,  pour  en  joyr  sa  vie  durant,  oultre  ses 
estats  et  sallaires  et  don  que  ledict  seigneur  luy  faict  par  ces 
présentes. 

Item,  donne,  lègue  et  laisse  à  Baptiste  de  Castelnave,  dict 
Laval,  gentilhomme  de  sa  maison,  la  somme  de  six  cens 
livres  tournois  par  chacun  an,  sa  vie  durant,  à  les  prandre 
sur  le  revenu  du  conté  de  Montfort  en  Bretaignc. 

Item,  donne,  lègue  et  laisse  à  Pierre  Parlon,  son  varlet  de 
chambre,  la  somme  de  quatre  cens  escuz  soleil  ou  environ 
que  ledict  seigneur  luy  doibt  par  prest,  dont  il  n'a  aucun  en- 
seignemeot;  le  tout  oultre  leurs  sallaires. 

Item,  icelluy  seigneur  conte,  testateur,  déciaire  qu'il  doibt 
à  René  de  Laval,  seigneur  de  Bois-Daulphin,  son  cousin,  la 
somme  de  unze  cens  escuz  d'or  soleil,  c'est  assavoir  mil  escuz 

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d'or  soleil,  qu'il  a  paiez  à  Nicolas  Huot,  marchant  de  Paris, 
et  dont  ledict  seigneur  de  Bois-Daulphin  et  monsieur  le  pré- 
vost  de  Paris  estoient  obligés  et  dont  ledict  seigneur  conte 
est  tenu  les  acquiter  ;  et  cent  escuz  d'or  soleil  que  icelluy  sei- 
gneur de  Bois-Daulphin  luy  a  prestez.  Laquelle  somme  de 
unze  cens  escuz  d'or  soleil,  ledict  sieur  conte  testateur  veult 
et  ordonne  estre  paiée  par  ses  dicts  exécuteurs  et  héritiers 
du  revenu  des  contés  de  Montfort  et  de  Quintin  et  autres  ses 
biens,  au  choix  et  eslection  dudict  seigneur  de  Bois-Daulphin. 

Item,  veult  et  ordonne  ledict  seigneur,  testateur,  que  Ferry 
le  Testart,  contreroUeur  de  sa  maison,  soit  et  demeure  des- 
chargé de  la  despence  qu'il  a  faicle  tant  ordinaire  que  extraor- 
dinaire pour  ledict  seigneur  en  Tabsence  de  Christofle  Moreau, 
son  argentier,  selon  les  pappiers  signés  de  Loys  Blosset, 
escuyer,  seigneur  de  Villiers,  son  maistre  d'hostel,  el  autres 
ses  maistres  d'hostel.  Et  pour  ce  que  ledict  le  Testart  a  plus 
payé  qu'il  n'a  receu  du  trésorier  dudict  seigneur,  icelluy  sei- 
gneur veult  qu'il  soit  paie  de  ce  qu'il  a  paie  du  sien. 

Item,  ledict  seigneur,  testateur,  veult  que  vaccant  l'office 
d'esleu  de  Laval,  par  la  mort  de  maistre  Pierre  de  Monceau, 
que  dudict  office  soit  pourveu  ledict  Ferry  le  Testard,  et  prie 
ses  héritiers  de  l'en  pourveoir  et  le  nommer  au  Roy  audict 
office,  ou  le  récompense*  de  la  valleur  d'icelluy  office. 

2571.  ■—  Vers  1544,  15  juillet,  Puycalvary.  —  Lettre  de 
Philippe  de  Baissey,  épouse  d'Antoine  Raffin,  sénéchal 
d'Agenais,  à  Anne  de  Laval,  dans  laquelle  elle  compatit  à  ses 
chagrins  et  s'en  remet  à  elle  du  mariage  de  sa  nièce  (Mar- 
chegay,  Treizain  de  lettres  misswes  (1490-1624)  ;  Sauve- 
terre  de  Guyenne,  1879,  p.  9). 

2572.  —  1544,  24  décembre.  —  Pièce  de  vers  écrite  au 
dos  du  tableau  qui  contient  les  trente-deux  émaux  de  Limo- 
ges conservés  à  Notre-Dame  de  Vitré  (Imprimé,  session  de 
r Association  bretonne  tenue  en  1816  à  Vitré ^  p.  300). 

2573.  —  Vers  1544,  un  24  décembre,  Azay.  —  Lettre  par 
laquelle  Philippe  de  Baissey,  dame  du  Puycalvary,  remercie 
Anne  de  Laval  de  l'aide  apportée  par  elle  au  mariage  de  sa 
nièce  avec  M.  d'Autry  [(Imprimé,  Lettres  du  X  VI^  siècle, 
n^  105). 

2574.  —  1544,  27  décembre,  Rennes.  —  Lettre  adressée 


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—  195  — 

par  Pierre  d'Argentré  à  Anne  de  Laval,  au  sujet  de  ses  diffi- 
cultés avec  les  bénédictins  de  Craon  (Imprimé,  Lettres  du 
XK/««/ècfe,  nM06). 

2575.  —  1544,  29  décembre,  Rennes.  —  Lettre  adressée  à 
Anne  de  Laval  par  Jeau  Dupin,  son  procureur  à  Rennes,  rela* 
tive  à  ses  difficultés  avec  les  bénédictins  de  Craon  (Imprimé, 
Lettres  du  XV t  siècle,  n*»  107). 

2576.  —  1544.  —  Quittance  délivrée  par  René  de  Laval- 
Bois-Dauphin  des  cinquante  livres  tournois  à  lui  dues  pour  le 
dernier  quartier  de  15'i4  de  sa  charge  de  porte-guidon  de  la 
compagnie  de  cinquante  lances  du  comte  du  Lude  (Original 
signé  et  scellé  sur  papier,  B.  N.,  français,  28153,  164). 

2577.  —  1544,  v.  s.,  10  mars,  Chambord.  —  Leltres  par 
lesquelles  François  I*-"^  décide  que  Vitré  sera  distrait  de  la  juri- 
diction de  Rennes  pour  la  taxe  et  la  répartition  des  imposi- 
tions (Arch.  d'Ille-et-Vilaine,  B  L,  242). 

2578.  —  1545,  avril,  Fontainebleau.  —  Lettre  de  Fran- 
çois I®*"  créant  en  faveur  de  Guy  XVII  à  Châtillon  en  Ven- 
delais  trois  foires  annuelles  et  un  marché  hebdomadaire  (Co- 
pie, A  N.,JJ.  257*,  144) 

2579.  —  Vers  1545,  un  12  mars,  la  Garde.  —  Lettre 
par  laquelle  Mlle  de  Nerçay,  dame  de  Montléon,  annonce  à 
Anne  de  Laval  la  naissance  du  second  fils  de  madame  de 
Lévis  (Imprimé,  Lettres  du  XV!"" siècle,  n**  109). 

2580.  —  Vers  1545,  un  13  avril,  Sainte-Hermine.  —  Lettre 
adressée  à  Anne  de  Laval  par  Raoul  Amorry  (Imprimé,  Let- 
tres du  X  VI'  siècle,  n?  110) 

2581  —  1545,  24  avril,  Romorantin.—  Congé  accordé  à 
Georges  Chevallerie,  marchand  et  bourgeois  de  Vitré,  d'ac- 
quérir des  fiefs  nobles  en  Bretagne  jusqu'à  concurrence  de 
cinq  cents  livres  de  rente  (B.  N.,  français,  5503,  210) 

2582.  —  1545,  19  avril,  Montjean.  —  Lettre  écrite  par 
Claude  deFoixàMenault  de  Martory  (B.  N.,  français,  3212, 
116). 

A  monsieur  mon  compère  monsieur  de  Conserans  (avril 
V»  XLV). 

Monsieur  mon  conpère,  vous  pourrez  entendre  par  vostre 


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^ 


—  196  - 

secrétaire,  présent  porteur,  et  par  ce  que  Monsieur  vous 
escript,  la  response  de  vostre  affaire,  lequel  vous  fera 
certain  de  la  bonne  volonté  de  mondy  sieur  et  de  moy  en 
vostre  endroyt,  quy  me  gardera  vous  en  escripre  daven- 
taige. 

Seulement  vous  pryeray  de  croyre  que,  en  toutes  choses 
que  congnoystray  vous  toucher,  me  Irouveray  tousjour  preste 
de  vous  y  faire  plaisir  ;  et  de  vostre  part  vous  prye  de 
continuer  et  demourer  en  la  bonne  volonté  que  avez  de  vous 
enployer  au  affaires  de  la  maison  de  Monsieur,  et  vous  me 
fairez  plaisir  très  agréable  ;  vous  remercyant  des  cent  escuz 
que  m'avez  envoyez,  quy  sera  Tendroyt  où  je  prirez  Dieu 
vous  donner  bonne  vye  et  longue. 

A  Monjant,  ce  xix"**  d'axuirlde. 

Vostre  bonne  commère  et  parfaicte  amye.  Claude  de  Foix. 

2583.  —  1545,  8  juin,  4  juillet,  5  octobre,  1546,  19  janvier, 
15,  29,  31  mai.  —  Procès  en  Parlement  de  Claude  Démons, 
praticien,  juge  et  garde  à  Clamecy,  contre  Alain  Mulot  et 
Guy  XVII  de  Laval  (A.  N.,  X  T) 

2584.  —  1545,  25  juin,  abbaye  de  Troarn.  —  Lettre  adres- 
sée par  Guy  XVII  à  Menault  de  Martory  (B.  N.  français^ 
3212,  42) 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  receu  vostre  lettre  par  mon- 
sieur de  Bonrepoz  et  par  luy  entendu  de  voz  nouvelles,  de 
quoy  j'ay  esté  très  aise  pour  le  bon  rapport  qu'il  m'a  faict  de 
vostre  convalescence  ;  et  pour  aultant  que  j'ay  esté  tousjours 
asseuré  de  vostre  bonne  voullunté  en  mon  endroict,  il  me  sou- 
vient que  par  cy  devant  je  vous  ay  faict  une  requeste  en  faveur 
de  monsieur  de  Bonrepoz,  l'un  de  mes  affectionnés  serviteurs 
que  bien  cognoissez,  pour  la  résignation  du  prieuré  de  Lon- 
gueville  à  son  profict  ;  mais  je  n'ay  sur  ce  entendu  vostre 
response  ne  intencion  par  effect,  qui  m'a  faict  encores,  mon- 
sieur mon  compère,  vous  escripre  ceste  lettre  pour  vous  pryer, 
mais  s'est  bien  affectueusement,  que  l'affection  de  vous  en 
mapart  ne  puisse  en  cest  endroict  perdre  sa  lumyère  et  en 
accordant  ma  requeste  consentir  la  provision  dudit  bénéfflce 
au  profict  dudit  de  Bonrepoz,  vous  asseurant  que  si  en  quel- 


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—  197  — 

que  chose  que  ce  soit,  jepuys  et  me  vouliez  employer,  me 
trouverez  tousjours  en  voulluialé  de  recongnoissance  et  de  faire 
pour  vous  aultantque  pour  personnage  de  ce  monde,  qui  se- 
ra d'aussi  bon  cueur  que  veoys  supplyer  Dieu  vous  donner, 
monsieur  mon  compère,  en  santé  bonne  et  longue  vye. 
Escript  à  l'abbaye  de  Trouart,  ce  xxv  juing  M.  V*^XLV. 

2585.—  1545,  2;»  juin,  abbaye  de  Troarn.  —  Lettre  adres- 
sée par  Guy  XVIl  au  connétable  de  Montmorency  (B.  N., 
français,  3039,  126). 

A  monsieur  y  monsieur  le  connestable. 

Monsieur,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  plu  m'escripre 
du  XIX®  du  présent,  obéissant  à  laquelle  j'ay  incontinant  faict 
partir  Léonard,  l'un  de  mes  varletz  de  chambre,  pour  aller 
trouver  M.  de  THospital,  conseiller  en  la  court  de  Parlement, 
pour  parler  et  dire  la  vérité  en  son  examen  sur  ce  qui  sera 
produict  de  vostre  part.  J'ay  aussi,  tout  incontinant  escript 
à  Michel  DesMontilz,  recepveur  des  tailles  à  Laval,  de  sem- 
blablement  aller  trouver  ledit  de  l'Hospital  et  suj-vre  ledit 
Léonard  pour  en  son  endroict  faire  sa  depposition  sur  l'exa- 
men qui  luy  sera  faict  :  et  suis  seur  qu'ilz  ne  vouldront  dé- 
nyer  la  vérité  de  ce  qu'ilz  sauront,  qui  me  faict  espérer  que 
madame  d'Assigné  ne  fera  et  ne  impectrara  entièrement  ce 
qu'elle  pense  *.  Et  affin  que  tout  soit  myeulx  préparé  pour 
entendre  le  vray  et  voz  gens  secouruz  d'ayde,  j'ay  quant  et 
quant  faict  partir  mon  procureur  à  Rennes,  qui  estoit 
en  ceste  court  pour  aucuns  mes  affaires  en  Bretaigne,  pour 
aller  avec  les  aultres,  et  suis  seur  au?si  qu'il  vous  y  fera  bien 
grant  service  et  qu'il  le  saura  très  bien  faire  tant  à  adminis- 
trer aultres  témoings,  s'il  en  est  besoing  que  aultrement, 
mesmespour  savoir  quelz  gens  elleemploira  en  son  enques- 
te  :  ce  que  saurons  facillement  si  elle  la  va  faire  faire  à 
Rennes  ;  et  croy  que  le  séneschal  n'oublira  poinct  à  m'en 
advertir  ;  de  quoy  je  vous  rendre  compte,  monsieur,  au  plus 
tost  que  en  auray  aprins,  car  je  ne  sçay  en  ce  monde  chose 


1.  C'est  en  qualité  d'héritier  de  Jean  de  Laval-Chàteaubriant  que 
le  connétable  Anne  de  Montmorency  avait  un  procès  contre 
Anne  de  Montjean,  dame  d'Acigné. 


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—  198  — 

qui  me  vienne  à  plus  grant  plaisir  que  d^avoir  l'heur  de  vous 
povoir  faire  service  et  vous  obéyr  :  ce  que  je  feray  toute  ma 
vye  d'aussi  bon  cueur  que  veoys  supplier  Dieu  vous  donner, 
monsieur,  en  parfaicto  santé  très  bonne  et  très  longue  vye. 

Escript  à  l'abbaye  de  Trouart,  ce  xxv"*®  juin. 

Vostre  très  humble  et  très  obéissant  nepveu,  Guy  de  Laval. 

Monsieur,  incontinent  que  l'armée  de  me  sera  partie,  je 
m'anyrei  à  Paris  de  là  où  je  ne  fauldroy  à  vous  aller  faire  la 
révérance  *. 

2586.  —  Vers  1545,  un  8  juillet,la  Garde.  —Lettre  de  Loui- 
se de  la  Trémoïile,  dame  de  Lévis,  à  Anne  de  Laval,  dans 
laquelle  elle  déplore  les  difiicultés  que  les  intérêts  ont  fait 
naître  entre  elles  (Imprimé,  Lettres  du  XVI*  siècle^  n^lll) 

2587  —  1545,  24  juillet,  Laval.  —  Lettre  écrite  par  Clau- 
de de  Foix  à  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Trémoïile  (Impri- 
mé, Marehegay,  Lettres  du  XVI*  siècle^  n*  112) 

A  madame  ma  sœur ^  madame  de  la  Trimoylle 

Madame  ma  seur,  esiens  asurée  que  serez  bien  ayôze  d'en- 
tendre de  la  santé  de  monsieur  vostre  frère,  m'a  faict  vous 
escrirecestre  lettre  pour  vous  mander  qu'elle  est  bonne,  la 
grâce  à  Dieu,  car  y  m'a  escript  par  ung  de  ses  laquays,  quy 
vins  mardict,  et  aavaitage  y  m'a  înander  qu'yl  avoyrt  dély- 
bérez  d'aler  avesque  monsieur  l'amyral  *  et  parraillement 
messieurs  d'Omalie  et  de  Nevers  ',  mais  le  roi  ne  leurs  en 
voulu  donner  conger.  Je  vous  lesse  à  panser  comme  ledict 
roy  esten  ma  bonne  grâce  d'avoyrtapescher  leurs  entreprinse 
tant  dangereuse. 

Et  pour  que  je  ne  sept  plus  rien  dyne  de  vous  mander,  synon 
que  ma  santé  est  bonne  et  eii  voulonté  toutes  ma  vye  de  vous 
porter  obéysancc  et  faire  servyce,  maistrerez  fin  à  ceste  lettres 
par  mes  humble  recommandasions  à  vostre  bonne  grâce, 
vous  suplyant  parraillement,  madame  ma  seur,  vouUoir  tans 

1.  Ce  dernier  alinéa  est  autographe. 

2.  Claude  d'Annebaut.  Voir  Martin  de  Bellay,  Mémoires,  in- 
folio, p.  339. 

3.  Claude  de  Lorraine,  duc  d'Aumale,  et  François  deClève,  duc 
de  Nevers. 


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—  199  — 

faire  pour  moy  de  m'envoyez  par  ce  porteur  le  sîxîesme  livre 
dUAmadys  de  Guaulle,  que  non  m'a  dicl  que  vous  avez,  vous 
asurant  t'ycontynant  Tavoyr  leu,  je  le  vous  renvoyrez, 

Quy  est  Tendroyt  où  je  lairé  requeste  à  Nostre  Singneur 
vous  donner  bonne  vye  et  longue,  et  vous,  madame  ma  seur, 
de  me  mander  de  voz  nouvelles  bien  au  long. 

A  Laval,  ce  xxiiii™*  de  juillet. 

De  celle  que  trouverez  pour  sa  vye  vostre  humble  et  obéis- 
sante seur  :  Claude  de  foix, 

2588.  —  1545,  6  août.  —  Acte  de  foi  et  hommage  au  Roi, 
pour  la  baronnie  de  la  Haye,  rendu  par  Gilles  de  Laval-Loué 
(Note,  B.  N.,  dom  Housseau,  XII  *,  5860). 

2589.  —  Vers  1545,  26  août,  Périgueux.  —  Lettre  de 
Mme  de  Belcier,  épouse  de  Christophe  de  Coëtivy,  à  Anne  de 
Laval,  par  laquelle  elle  lui  demande  de  ses  nouvelles  (Mar- 
chegay,  Trezain  de  Lettres  missisfes^  p.  10). 

2590.  —  1545,  6  octobre,  Thouars.  —  Lettre  adressée  à 
Anne  de  Laval  par  le  gardien  des  Cordeliers  de  Thouars,  lui 
offrant  le  choix  entre  deux  bons  pères  pour  prêcher  l'avant 
et  le  carême  (Imprimé,  Lettres  du  XV I^  siècle ,  n®  113). 

2591.  —  1545,  8  novembre,  Fère.  —  Lettre  adressée  par 
Guy  XVII  à  Menault  de  Marlory  (B.  N.,  français,  3212,  45). 

A  monsieur  mon  compère^  monsieur  de  Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  receu  voz  lettres  par  ce  pour- 
teur,  duquel  j'ay  au  long  entendu  tout  ce  qu'il  m'a  dit  de  vos- 
tre part,  et  veu  les  troys  mémoires  que  m'avez  envoyé  par  luy, 
que  je  vous  renvoyé,  et  par  là  j'ay  entièrement  congneu  la 
bonne  volunté  et  affection  qu'il  vous  plaist  me  pourter,  avec 
très  bonne  et  grande  affection  de  conduire  mes  affaires  comme 
avez  faict  pour  feuz  messires  de  Lautrec,  et  comme  les  vos- 
tres.  dont  je  vous  remercie  de  très  bon  cueur,  et  de  ma  part 
je  ne  fauldray  jamais  de  faire  tousjours  pour  vous  comme 
pour  moy. 

Et  voyant  qu'il  ne  me  seroit  possible  vous  escripre  à  pré- 
sent les  choses  comme  je  le  désire  j'ay  commandé  audit  pour- 
teur  de  les  vous  dire  bien  au  long  de  ma  part  et  me  tenir 
asseuré  que  le  croyerez  comme  si  moy  mesmes  le  vous 
disoys. 


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—  200  — 

Ne  vous  ennuyeray  de  plus  long  propos,  sinon  de  mes  très 
affectueuses  recommandations  à  vostre  bonne  grâce.  Priant 
Dieu,  monsieur  mon  compère,  vous  donner,  avec  santé,  très 
bonne  et  longue  vie. 

A  Fère.  ce  dymanche  viii"«jour  de  novembre*. 

Vostre  antièrement  bon  compère  et  mileur  ami. 

Guy  de  Laval. 

2592.—  1545.  —  Lettres  de  [Guy  XVII,  portant  don  à 
François  Grimault,  écuyer,  sieur  de  Procc,  à  l'occasion  de  son 
mariage  avec  Renée  de  la  Chapelle  (Note,  f.  fr.,  22319, 
140). 

2593.  -  - 1545.  —  Hommage  à  Guy  XVII  et  à  Claude  de  Foix, 
à  cause  de  la  vicomte  de  Saint-Florentin,  de  la  seigneurie  de 
Chaiiiplest  par  Jean  de  la  Boissière,  grand  louvetier  de  France 
et  époux  de  demoiselle  Hilaire  Raguier,  veuve  d'Antoine  de 
Piédefer  (Note,  Bulletin  de  la  Société  de  V  Yonne ^  XXXVIII, 
447). 

2594.  —  Vers  1545.  —  Lettre  de  Catherine  Tierry,  de- 
moiselle de  Claude  de  Foix,  à  Anne  de  Laval  (Imprimé,  Résine 
du  Maine,  V,  407). 

2595.  —  Vers  1545.  —  Lettre  de  Charlotte  de  la  Tré- 
moïlle  à  Anne  de  Laval,  sa  mère  (Imprimé,  Lettres  du 
XVI'' siècle,  nM08). 

2596.  — Vers  1545.  — Pièce  de  vers  adressée  à  François 
de  Laval,  évéque  de'Dol,  par  Jean  Gesland  '  (B.  N.,  Dupuy, 
736,  207). 


1.  Entre  1535,  date  du  mariage  de  Guy  XVII,  et  1547,  date  de 
sou  décès,  l'année  1545  est  la  seule  dans  laquelle  le  8  novembre 
ait  été  un  dimanche.  Cette  lettre  appartient  donc  au  8  novembre 
1545. 

2.  Jean  Gesland,  licencié  es  lois,  avocat  fiscal  :'•  Laval  et  pro- 
cureur en  la  Chambre  des  comptes  de  Laval,  est  connu  seulement 
jusqu'ici  par  la  Chronique  selon  que  le  dit  Gesland  a  recuilli  et 
vue  de  lui-même  depuis  le  temps  de  Guy  XVI,  comte  de  Laval^ 
laauelle  a  été  imprimée  par  d'Hozier,  comme  complément  de 
celle  de  Le  Baud.  En  outre  de  cette  pièce  de  vers,  adressée  à 
François  de  Laval  et  restée  jusqu'ici  médite,  il  est  encore  l'au- 
teur du  numéro  2.612  et  de  deux  épigrammes,  qui  ne  tarderont 
guère  sans  doute  à  voir  le  jour. 


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—  201  — 

A  monseigneur  de  Dol,  Jean  Geslandy  humble  salut. 

On  ne  veoit  point  veneur  si  mal  aprins  *, 
hors  que  le  cerf  ou  le  sanglier  a  prins, 
qui  ses  fîletz  et  retz  veuille  brusler  ; 
aussi,  monsieur,  quoy  qu'en  puissent  urler 
ungtas  de  loups,  de  brebis  ennemys, 
je  ne  croiray  que  vous  m'aies  hors  mys 
de  vostre  grâce  et  de  vostre  service, 
qui  ay  tant  faict  en  faisant  mon  office, 
que  vous  avez  à  Taise  prins  la  beste 
dont  vous  aviez  si  grand  mal  à  la  teste, 
où  j'ay  servy  de  retz.  je  l'ose  dire, 
et  toutesfois  ne  m'en  estes  que  pire. 

S'il  s'est  venu  rendre  à  vous  d'advanture, 
pour  se  saulver  soubz  vostre  couverture, 
mérite-il  d'en  chasser  ung  dehors 
qui  est  à  vous  plus  de  cueur  que  de  corps  ? 
Qui  est  à  vous,  non  come  moyne  à  force  (m), 
non  come  gens  qui  riens  que  l'escorce 
de  bon  amour  (sic),  et  qui  vous  font  caresse, 
mais  e  [st]  à  vous,  Fortune  tienne  ou  verse. 

Il  y  a  tant  que  m'avez  retenu, 
et  me  sens  tant  obl»gé  et  tenu 
à  vous,  monsieur,  que  je  ne  puys  penser 
que  sans  meffaict  vous  ays  peu  offenser, 
ne  qu'au  crédit  de  gens  de  double  face 
je  sois  hors  mys  de  vostre  bonne  grâce. 

Je  suis  joyeulx  si  vous  en  trouvez  bien, 
mais  je  suys  bien  marry  si  j'y  perdz  rien 
et  que  feussiez  de  sens  si  exilé 
qu'après  la  prinse  eussiez  ars  le  filé. 

2597.  —  1545,  v.  s.,  l®"^  janvier.  —  Vers  adressés  par  Ni- 
colas Bourbon  à  Guy  XVII  de  Laval  (B.  N.,  Dupuy,  t.  736, 
f.  151). 

2.  En  supprimant  la  majuscule  qu'il  est  d'usage  de  placer  en 
tête  de  chacun  des  vers,  nous  nous  proposons  de  rendre  plus 
facile  à  saisir  le  sens  des  poésies  que  nous  mettons  au  jour. 


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—  202  - 

Inclyto  adolescenti  Vidonia  Lavallo^  Mœcenatzsuo  Uberalis- 
simo^  Nicolas  Borbonius  *. 

Ni  tui  prorsus  mihi  notus  esset 
lectoris  candor,  generose  Vido, 
haud  tibi  vellem  loties  ineptas 

mittere  nugas. 
Quin'  et  audacem  facit  hœc  Bifronlis 
me  dies  :  faustas  tibi  quas  calendas 
sic  récurrentes  videas,  ut  annos 

nestora  vincas. 
O  tuum  dum  me  patiare  dici, 
quantus  evadam  ?  tua  fama  quantum 
crescet,  o  héros,  mea  quis  reprendet 

carmina  censor? 


1.  La  ville  de  Vendeuvre-sur-Barse  (Aube)  a  donné  naissance 
à  deux  poètes  du  nom  de  Nicolas  Bourbon.  Le  second,  Nicolas 
Bourbon  le  jeune,  né  en  1574,  mort  le  7  août  16'*'*,  a  fait  partie 
de  l'Académie  Française  et  a  été  l'objet  d'une  notice  insérée  par 
M.  Kerviler  dans  la  Revue  de  Champagne  et  de  Brie  (II,  417  ; 
III,  23,110,198,  274,  410).  Quant  au  premier,  Nicolas  Bourbon 
l'ancien,  né  en  1503,  il  avait  été  précepteur  de  Jeanne  d'Albret. 
et  figure  encore  dans  un  compte  de  1549  (Archives  de  Pau, 
B.  5).  Il  a  été  lui  aussi  l'objet  d  un  travail  :  Notice  sur  Nicolas 
Bourbon,  pair  J  -A.  Jacquot.  laquelle,  après  avoir  été  publiée  au 
Journal  de  l'Aube,  des  7,  11,  13,  14,  18  et  21  juillet  1857,  a  paru 
à  Tro^res  chez  Bouquet  en  24  paues  in-S^.  Nicolas  Bourbon  l'an- 
cien vint  finir  ses  jours  à  Gandé,  où  il  possédait,  paraît-il,  un 
petit  bénéfice.  Il  laissait  huit  livres  d  épigrammes,  intitulés 
Nugse,  imprimés  à  Lyon  en  1538.  lesquels  témoignent  de  ses  fré- 

Îuentes  relations  avec  les  Laval  :  au  livre  II,  numéro  85,  la  pièce 
>e  solicita  potentum  vita, 

Semper  habet  varias  immensa  potentia  curas 
est  adressée  :  ad  dominum  Claudium  Lavallum. 

Au  livre  V,  le  numéro  107, 

Si  mihi  apud  fratrem  o  clara  fat  a  stirpe  Lavalle 
est  adressé  :  Egregiœ  indolis  adolescenti  domino  Claudio  Vidoni 
Lavallo 

Au  même  livre,  les  pièces  34  et  35  : 

Obscures  homines  constat  plerosque  fuisse 
et  Magnas  divitias  tuo  favore 

sont  écrites:  ad  iilustissimum  heroa  dominum  Johannem  a  Lavallo 
Castri  Briantii,  in  Armoricis  dominum  totiusque  orae  Britannicaa 
prsesidem. 

Enfin,  dans  une  lettre  datée  de  Lyon  l»*"  octobre  1538  et  adressée 
à  Henri  de  Foix-Lautrec,  Nicolas  Bourbon  fait  mention  de  nobi- 
lissimum  virum  adolescentem  dominum  Vidonem  Lavallum,  fra- 
trem tuum,  ejusque  prœceptorem  Gui.  Lateranum,  veterem  ami- 
cum  meum. 


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—  203  — 

Res  canam  magnas  seriemque  rerum, 
et  tuae  clarum  genus  omne  gentis, 
et  brevi  prolem  tibi  quam  datura 

inclyta  conjux. 
Quos  celebrarit  mea  Musa,  vivent, 
dum  suos  fructus  dabit  aima  tellus, 
omnes  dum  se  fluvius  profundum 

volvet  in  aequor. 
Calendarum  Januariarum  die,  M.  D.  XLV. 
Suv  Tatç  Moûcjatç 

2598.  —  1545,  v.  s.,  janvier,  Paris.  —  Lettres  par  lesquelles 
François  I"  érige  le  marquisat  de  Nesle  en  faveur  de  Louis 
de  Sainte-Maure  (A  N.,  JJ.  257*,  etX*»,  8616,  211). 

2599.  — 1545,  v.  s.,  15  avril, Perrière.  —Déclaration  con- 
firmative  de  celle  du  29  avril  1544,  par  laquelle  les  habitants 
de  Laval  avaient  été  exemptés  des  subsides  imposés  par  le 
sénéchal  du  Maine  et  reconnaissant  au  seul  juge  des  exempts 
du  comté  de  Laval  le  droit  de  répartir  sur  eux  les  contribu- 
tions (r/rre«  rf^com^^  rfeL^f^a/,  Paris,  1657,  in  4",  p.  30). 

2600.  —  1546,  4  juillet.  —  Quittance  délivrée  par  René 
de  Laval-Bois-Dauphin  des  cent  livres  à  lui  dues  pour  le 
dernier  semestre  de  l'année  1546  en  qualité  de  porte-guidon 
de  la  compagnie  du  comte  du  Lude  (Original  signé,  B.  N., 
français,  28153,  167). 

2601.  —  1546,  14  août.  —  Acte  par  lequel  Louis  delà  Tré- 
moîlle  cède  la  baronie  de  Luçon  à  Anne  de  Laval,  sa  mère 
(Dom  Fonteneauy  XIX,  425). 

2602.  —  Vers  1546,  un  20  septembre,  Saint-Michel  du 
Bois.  —  Lettre  adressée  à  Anne  de  Laval  par  la  maréchale 
de  Vieilleville  (Imprimé,  Lettres  du  X  VI^  siècle,  n®  115). 

2603.  —  Vers  1546,  26  octobre,  Laval.  —  Lettre  par 
laquelle  les  demoiselles  de  compagnie  de  Claude  de  Foix 
mandent  Anne  de  Laval,  dame  de  la  Trémoïlle,  auprès  de  sa 
belle-sœur  très  gravement  malade  (Imprimé,  Lettres  du 
XVI^  siècle,  n^  116), 

A  madame. 

Madame,  nous  avons  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  plu  nous 
escripvre  et  Tavons  montrée  à  madamoyselle  vostre  seur,  qui 


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—  204  — 

a  esté  très  ayse  de  connoystre  la  volonté  qu'avez  de  la  venyr 
veoyr,  car  c'est  une  chose  qu'elle  [a]  de  long  temps  désirée. 
Elle  nous  commande  vous  faire  ses  recommandations  humble- 
ment à  vostre  bonne  grâce.  Elle  vous  envoyé  mulletz  et  hac- 
quenés,  ainsi  qu'il  vous  playst  les  demander,  et  est  bien 
marie  qu'ilz  ne  sont  desjà  à  Cran  pour  avoir  Taise  de  vous 
veoir  bientost.  Madamme,  nous  vous  advertisson  qu'elle  fut 
hier  aussi  malade  que  nous  la  vymes  jamays,  et  de  sorte  que 
nous  avons  toutz  envoyé  devers  monseigneur  vostre  frère 
en  la  plus  grant  diligence  qu'il  a  esté  pocyble  ;  y  lui  semble 
que  sy  elle  avoict  cest  heure  et  bien  de  le  veoir  qu'il  luy 
housteroict  toutz  ces  maulx.  Nous  somes  toutz  très  ayses  de 
vostre  venue,  pour  la  consolacyon  que  ce  luy  sera  et  à  toutz 
nous  aultres,  pouvres  serviteurs. 

Nous  avons  remandé  monsieur  du  Bois-Dauphin,  qui  s'en 
alloict  à  la  court,  pour  revenir  ycy,  faute  que  nous  ayons 
seu  nouvelles  de  mondit  seigneur  vostre  frère.  Nous  penssons 
qu'il  sera  anuyct  ycy,  de  jour  ou  de  nuyct,  et  amaynera  mais- 
tre  Gabriel  quante  luy. 

Qui  est  l'endroict  où  nous  recommanderons,  madame,  très 
humblement  à  vostre  bonne  grâce,  supliant  Dieu  vous  donner 
très  bonne  et  longue  vie. 

A  Laval,  le  xxvi®  d'octobre. 

De  votz  très  humbles  et  très  obéissantes  servantes. 

GUYONNE    DE    LA    HaYE,  K.  TiERRY. 

2604.  —  1546,  novembre,  Joinville.  —  Lettres  de  naturali- 
sation en  faveur  d'Ulrich  Helizuer,  valet  de  chambre  de 
Guy  XVII,  ptécédemment  au  service  de  Jean  de  Laval- 
ChAteaubriant,  natif  de  Bavière  et  établi  en  France  depuis 
quinze  ans  (A.  N.,  JJ.  257*,  297). 

2605.  —  Vers  1546.  —  Requête  en  vers  adressée  par  Ma- 
thieu Guimel  à  Guy  XVII  de  Laval  *  (Copie,  B.  N.,  Dupuy, 
736,  fol.  207). 


1.  Sous  les  numéros  176-177  on  trouvera  ici  le  dessin  du  sceau 
et  du  contre-sceau  de  la  cour  de  Vitré,  tels  qu'ils  figurent  à  la 
fois  au  musée  de  Vitré,  attachés  à  un  acte  de  1546  et  au  cabinet 
de  M.  Paul  de  Farcy  à  l'ëtat  isolé. 


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—  205  — 

A  monseigneur  le  conte  de  Las>aL 

S'il  vous  plaisoit,  Monseigneur  cinq  fois  conte  *, 

en  ce  papier  si  beau,  si  blanc,  si  nect, 

cy  attaché,  d'escripre  ce  signet  : 

Guy  de  Laval,  je  puis  faire  mon  compte 

que  pour  cent  fois  plus  que  cela  ne  monte 

envers  Dolu,  marchant  de  draps  de  soye, 

j'auray  crédit.  Avant  doncq  que  je  soye 

d'habillemens  aussi  nud  come  un  ver, 

j'ay  ceci  dict,  pour  ce  que  je  pensoie 

qu'il  ne  fera  pas  grand  cliault  en  hyver. 


176-1T7.  —  Sceau  et  contre-sceau  des  contrats  de  Vitré,  1546 

2606.  —  1546,  V.  s.,  3  février.  —  Naissance  de  René  de 
Laval,  baron  de  Maillé  et  de  la  Roche-Corbon,  qui  épousa  un 
jour  Renée  de  Rohan-Montbazon  (Note,  Dictionnaire 
d'Indre-et-Loire^  IV,  131,  et  du  Chesne,  Histoire^  615). 

2607.  —  1546,  V.  s.,  8  février.  —Acte  par  lequel  Guy  XVII 
remet  entre  les  mains  des  habitants  de  Laval  l'administration 


1.  Guy  XVII.  dans  la  plupart  des  actes  postf^rieurs  à  son  ma- 
riage, se  pare  de  six  titres  ae  comte  :  Laval,  Quintin  etMontfort, 
de  son  chef,  Comminges,  Rethel  et  Beaufort  en  Champagne,  du 
chef  de  Claude  de  Foix.  Sans  doute,  à  la  fin  de  sa  vie,  force  lui 
fut  de  renoncer  au  comté  de  Comminges.  car  le  titre  n'en  figure 
pas  en  tôte  de  son  ordonnance,  en  date  du  8  février  1546,  v.  s., 
relalive  à  Taumônerie  Saint-Julien  de  Laval. 


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—  206  — 

de  Thôpital  Saint-Julien  de  Laval   (L.  Maître,  Hôpitaux  de 
Laval,  18). 

2608.  —  1546,  V.  s.,  16  février,  Paris.  —  Lettre  adressée 
par  Charles  de  la  Trémoïlie  à  Anne  de  Laval,  sa  mère,  lui 
recommandant  de  faire  les  démarches  nécessaires  pour 
obtenir  la  nomination  d'un  la  Trémoïlie  à  l'évéché  de 
Mirepoix*  (Imprimé,  au  Chartrier  de  Thouars,  p.  247). 

•  2609.  —  1546,  V.  s.,  26  mars.  —  Enquête  relative  à  la 
remise  aux  mains  des  habitants  de  Laval  de  Tadministration 
de  l'hospice  Saint-Julien  de  Laval  (L.  Maître,  Hôpitaux  de 
Lai>al,  22). 

2610.  —  1546,  V.  s.,  28  mars.  —  Procès  en  Parlement 
d'Aymon  Martin  et  de  Jean  Papelard,  prêtres,  vicaire  et  curé 
de  Saint- Verin-du-Bois,  contre  Thibaut  de  Laval  et  Guy  XVII 

(A.N.,X««). 

2611.  —  1547,  25  mai,  Laval.  —  Epitaphe  de  Guy  XVII, 
mort  à  Saint-Germain-en-Laye  (La  Beauluère,  Communautés 
et  Chapitres,  24). 

Cy  gist  très  haut  et  très  puissant  prince  messire  Guy, 
comte  de  Laval,  Montfort,  Quintin,  Rethelois  et  Beaufort  en 
Champagne,  vicomte  de  Rennes,  Fronsac  et  Saint-Florentin, 
baron  de  Donzy,  Vitré,  Donval  et  Lescun,  seigneur  de  Lau- 
trec,  chevalier  de  l'ordre  des  rois  François  I®'  et  Henry  II«  de 
leurs  noms,  capitaine  de  cinquante  lances  des  ordonnances 
d'iceux  seigneurs  ;  mari  et  époux  de  très  haulte  et  très  puis- 
sante dame  madame  Claude  de  Foix,  sœur  unique  et  héritière 
de  très  hault  et  très  excellent  prince  Henry  de  Foix,  seigneur 
de  Lautrec,  lequel,  né  à  Laval  *,  décéda  au  lieu  de  Saint- 
Germain-en-Laye  le  mercredi  2[5  mai  1547]  entre  deux  et  trois 
heures,  après  la  moitié  du  jour;  de  son  âge....  Et  fut  inhumé 
en  ce  lieu  le  mardi  18*  jour  d'avril  [1548]  '. 


1.  C'est  le  29  mai  1546  que  David  Bethon  avait  été  \né  par  les 
hérétiques  ;  son  successeur  sur  le  siège  de  Mirepoix  fut  Claude 
de  Guiche,  évêque  d'Adge  (Gams,  578). 

2.  A  Vitré  et  non  à  Laval. 

3.  Le  texte  donné  par  M.  de  la  Beauluère  porte  :  mardi  18«  jour 
d'avril  1551  ;  mais  en  1551  le  18  avril  n'était  pas  un  mardi,  et 
l'année  1548  est  la  seule  entre  1547  et  1555,  dans  laquelle  le 
18  avril  ait  élé  un  mardi.  On  croit  donc  pouvoir  rectifier  le  texte 


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—  *207  - 

2G12.  —  1547,  25  mai.  —  Epilaphe  de  Guy  XVII  faite  par 
Jean  Gesland  *  (Copie,  B.  N.,  Dupuy,  t.  736,  198). 

Epilaphe  de  feu  monsieur  de  Laval  par  M,  Jehan  Gesland, 

Puisque  si  fort  paroissoit  sa  jeunesse, 
que  de  ses  faitz  chacun  s'esmerveilloit, 
considérez  qu'eust  paru  sa  vieillesse 
s'il  fut  venu  au  poinct  où  il  falloit. 
Toutes  faveurs  Fortune  luy  bailloit, 
Nature  aultant  qu'on  sçauroit  désirer, 
mais  son  esprit,  qui  tousjoups  travailloit 
à  parvenir,  voulut  plus  hault  tirer, 
et  prévoyant  qu'on  ne  peult  qu'empirer 
en  demeurant  en  ce  monde  longtemps, 
soubdain  aux  cieulx  s'est  voulu  retirer, 
pour  devenir  du  nombre  des  contents. 

de  répitaphe  avec  d'autant  plus  de  raison  que  BourjoUy  ^\:iiQ  la 
sépulture  à  1548.  Il  est  vrai  qu'il  place  la  cérémonie  au  13  novem- 
bre, qui  lui  aubsi  était  un  mardi. 

1.  Cette  épitaphe,  dont  l'auteur  est  révélé  ici  pour  la  première 
fois,  est  loin  d'être  inédite  :  elle  a  été  publiée  par  le  Cabinet  his- 
torique (XV,  309],  qui  l'appliquait  à  l'un  des  Laval-Lezay  ;  elle  a 
été  donnée  aussi  parmi  les  additions  au  Mémoire  de  BourjoUy 
(II,  342).  Trois  des  derniers  comtes  de  Laval  sont  morts  à  la  fleur 
de  la  jeunesse  :  Guy  XVII,  en  1547,  à  Fàge  de  vingt-cinq  ans, 
Guy  AlX  et  Guy  XX,  l'un  en  1586,  l'autre  en  1605,  âgés  l'un  de 
trenle-et-un  ans  et  l'autre  de  vingt  ans  seulement  ;  aussi  l'épita- 
phe  en  question  conviendrait-elle  également  à  tous  les  trois  Ce 
qui  décide  à  l'appliquer  à  Gu^  XVIl,  c'est  que  Gesland.  qui  n'est 
^ère  connu  que  par  la  chronique,  dont  il  est  l'auteur,  et  qui  a  été 
imprimée  par  d'Hozier  comme  complément  de  celle  de  Le  Baud, 
a  mis  fin  a  son  œuvre  en  mai  1558,  et  ne  semble  avoir  été  con- 
temporain que  du  seul  décès  de  Guy  XVII . 


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XXII 
GUYONNE  ET  GUY  XVIII 

25  mai  1547  —  13  décembre  1567 


Le  25  mai  1547,  par  suite  du  décès  de  Guy  XVII,  la 
descendance  masculine  de  Guy  XIV  se  trouvait  éteinte 
et  avec  elle  prenait  fin  la  branche  des  Montfort- Laval. 
Son  héritage  revenait  de  droit  à  Tune  des  nièces  du  dé- 
funt, Renée  de  Rieux,  qui  prit  le  nom  de  Guyonne  de 
Laval  ' . 

Catherine,  Taînée  des  filles  de  Guy  XVI  et  de  Char- 
lotte d'Aragon,  était  née  dans  le  courant  de  Tannée  1504; 
le  11  novembre  1518,  alors  qu'elle  était  âgée  de  qua- 
torze ans,  elle  avait  épousé  Claude  de  Rieux,  maréchal 
de  France,  fils  de  Jean  de  Rieux  et  de  sa  troisième  fem- 
me, Isabeau  de  Brosse.  Elle  avait  donné  le  jour  à  deux 
filles  :  Renée  de  Rieux,  devenue  comtesse  de  Laval  en 
1547,  et  Claude  de  Rieux,  morte  le  5  août  1561,  dont  le 
fils,  Guy  XIX,  fut  comte  de  Laval  après  sa  tante. 

Renée  de  Rieux,  née  en  1524,  avait  épousé  le  5  jan- 
vier 1541  (n.  s.),  le  second  fils  de  Jean  III  de  Sainîe- 
Maure  et  d'Anne  d'Humières,  Louis  de  Sainte-Maure, 
comte  de  Joigny,  en  faveur  de  qui,  en  janvier  1545,  Fran- 
çois l^^  devait  ériger  le  comté  de  Nesle  en  marquisat  2. 

C'est  cette  Renée  de  Rieux  qui,  le  25  mai  1547,  suc- 
céda à  Guy  XVII  ;  puis  qui,  le  26  avril  1548,  hérita 
aussi  de  son  frère  consanguin  Claude,  de  telle  sorte 
qu'elle  réunit  ainsi  sur  sa  tête  à  la  fois  le  patrimoine  des 


1.  Voir  au  Cartulaire,  sous  les   numéros  2636    et  2637,   deux 

Suittances  de  Guyonne  qui  ne  laissent  aucun  doute   sur  la  date 
u  décès  de  Guy  XVII. 

2.  Cartulaire,  numéros  2478  et  2570. 


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—  209  — 

Laval  et  celui  des  Rieux,  sauf  bien  entendu  les  parts 
que  la  coutume  l'obligeait  à  abandonner  sur  l'un  et  l'autre 
à  sa  sœur  Claude  de  Rieux  et  sur  la  succession  de  Rieux 
seule,  à  sa  sœur  consanguine  Louise  qui,  née  en  1531 
d'un  second  lit,  devait  être  un  jour  marquise  d'Elbœuf. 

Malgré  leur  rang  éminent,  malgré  le  grand  nombre 
des  fiefs  accumulés  sur  leurs  têtes,  malgré  la  bonne  pro- 
portion qui  existait  entre  leurs  âges,  les  nouveaux  sei- 
gneurs furent  loin  d'ajouter  un  éclat  quelconque  au 
lustre  dont  les  générations  précédentes  avaient  revêtu  le 
nom  de  Laval  ;  Louis  de  Sainte -Maure,  qui  n'était  pas 
doué  de  l'intelligence  nécessaire  pour  dominer  sa  fem- 
me, laissait  en  outre,  paraît-il,  agir  à  l^ur  fantaisie  deux 
de  ses  intendants,  Charrault  et  Fiacre  Amy,  qui  ont, 
l'un  et  l'autre,  laissé  un  nom  exécré,  et  qui,  dit-on,  lui 
firent  aliéner  dans  des  conditions  désastreuses,  Lohéac 
et  le  marquisat  de  Nesle.  Quant  à  Renée  de  Rieux,  son 
objectif  principal  semble  avoir  été  de  lutter  contre  son 
époux  et  d'échapper  à  son  action,  et  cependant  jamais  au- 
cun succès  dans  l'administration  de  sa  fortune  n'est 
venu  légitimer  ses  velléités  d'indépendance. 

A  force  de  querelles  de  ménage,  à  force  de  procura- 
tions données  et  reprises,  à  force  de  procès,  à  force  de 
séparations  amiables  et  de  réunions  prescrites  par  le 
Conseil  du  Roi,  les  deux  époux  finirent  par  mériter 
une  déconsidération  complète,  à  laquelle  Tadhésion  de 
Guyonne  au  protestantisme  vint  mettre  un  sceau  défini- 
tif, en  même  temps  que  le  comble  aux  déplorables 
exemples  que  Guyonne  et  Guy  XVI II  avaient  donnés  aux 
populations  stupéfaites. 

En  outre,  les  difficultés  d'argent  semblent  avoir  singu- 
lièrement pesé  sur  leur  existence.  Guy  XVII,  toute  sa 
vie,  avait  été  la  proie  d'embarras  financiers  qu'il  n'avait 
pas  tous  créés  et  dont  la  responsabilité  pour  la  plus 
grande  part  remontait  à  Guy  XVI  et  aux  splendeurs  de 
son  train  de  maison  :  Guyonne  en  héritant  do  Laval,  se 

14 


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—  210  — 

trouva  chargée  des  lourdes  dettes  de  son  oncle  et  de 
son  grand  père.  11  est  un  document  qui,  bien  qu'impri- 
mé depuis  longtemps,  n'a  pas  été  utilisé  par  les  histo- 
riens locaux  :  c'est  un  accord  du  8  février  lô55,  passé 
entre  Louis  de  Sainte-Maure  et  Claude  de  Rieux,  sa 
belle -sœur  ;  on  y  apprend  qu'à  cette  date  le  comté  de 
Laval  était  «  saisi  et  mis  en  crié  »  et  que  les  créanciers 
qui  en  poursuivaient  la  vente  étaient  :  «  la  veuve  de  Jean 
Dolu.  Jean  Barthélémy,  Jeanne  de  Saincte,  veuve  de 
Michel  Millot,  Pierre  Lussaut,  Nicolas  Fichepain,  Denis 
Plou,  René  Tardif  et  autres  ))^ 

En  passant  ce  contrat  du  8  février  1555,  le  but  que 
poursuivait  le  marquis  de  Nesle  était  de  mettre  ses  fiefs 
à  l'abri  des  revendications  des  créanciers  des  maisons 
de  Laval  et  de  Rieux  et  c'est  ce  que  s'offrait  à  accomplir 
la  sœur  de  Guyonne,  Claude  de  Rieux,    se  portant  fort 
pour  d'Andelot,  son  époux.  Tous  deux  se  chargeaient  de 
faire  l'avance   des  sommes    nécessaires  pour  éteindre 
toutes  les  dettes  de  la  maison  de  Laval  ;  en  retour,  com- 
me sans  doute  ils  désiraient  acquérir  Laval,  ils  obtenaient 
de  Guy  XVIII  la  promesse  formelle  que  le  comté  serait 
mis  en  vente  par  adjudication  avant  la  Noël  prochaine  ; 
en  sus,  ils  devaient  soutenir  eux-mêmes  toutes  les  in- 
stances en  cours  relatives  aux  maisons  de  Laval  et  de 
Rieux. 

En  fait,  Laval  ne  fut  pas  mis    aux  enchères.  Malgré 

le  consentement  donné  par  elle  au  contrat  du  8  février 

1555, consentement  relaté  dans  Tacte  lui-même,  Guyonne 

jugea  à  propos  de  poursuivre  la  nullité  de  celui-ci  devant 

le  Parlement.  Elle  obtint  une  évocation  au  Conseil  Privé 

du  Roi  qui,  par  arrêt  donné  à  Rennes  le    8  juin   1557, 

décida  que  pour  indemniser  d'Andelot  des  soixante  mille 

éous  payés  par  lui  à  la  décharge  des  Rieux-Laval,  il  serait 

mis  en  possession  du  comté  de  Montfort  dont  la  valeur 

était  supérieure  à  celle  du  comté  de  Laval.  D'Andelot,  à 

1.  Cartulaire^  numéro  2679. 


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—  211  — 

son  tour,  le  1 1  octobre  1560,  obtint  du  Conseil  Privé  un 
arrêt  décidant  qu'en  retour  des  soixante  mille  écus  —  cent 
trente  cinq  mille  livres  —  payés  par  lui,  il  conserverait  la 
propriété  du  comté  de  Montfort,  dont  il  était  alors  en 
possession,  sauf  cependant  pour  Guyonne  de  Laval  la 
réserve  du  droit  pendant  deux  ans  d'y  exercer  une  action 
en  réméré'. 

Cet  arrêt  du  11  octobre  1560  se  termine  par  une  dou- 
ble injonction  :  à  Guyonne  il  ordonne  de  réintégrer  le 
domicile  conjugal,  et  au  marquis  de  Nesle,  il  prescrit  de  , 
traiter  «  humainement  et  gracieusement  ladite  de  Laval 
«  comme  femme  et  espouse  et  ainsi  qu'il  appartient  à 
«  leur  estât  et  qualité  ».  11  contient  en  outre  une  interdic- 
tion formelle  à  Guyonne  de  s'immiscer  dans  l'adminis- 
tration de  ses  biens  et  d'en  aliéner  une  portion  quelcon- 
que. 

Ce  serait  sans  doute  un  chapitre  piquant  dans  l'his- 
toire de  la  maison  de  Laval  que  celui  qui  dans  tous  ses 
détails  ferait  connaître  les  péripéties  do  la  lutte  de 
Guyonne  contre  Louis  de  Sainte-Maure  ;  malheureuse- 
ment les  actes  de  ces  multiples  procédures  échappent  aux 
recherches,  on  n'a  pas  pour  y  suppléer  la  ressource  des 
lettres  missives,  si  précieuses  pour  l'époque  de  Guy  XVII 
et  de  Claude  de  Foix  ;  elles  aussi  demeurent  introuvables. 
Cette  pénurie  de  documents  oblige  à  laisser  dans  l'om- 
bre une  autre  importante  question,  celle  du  protestan- 
tisme de  Guyonne  ;  elle  empêche  de  préciser  l'époque  où 
elle  se  décida  à  abjurer  la  foi  de  ses  pères  et  ne  permet 
pas  d'énumérer  les  actes  de  prosélytisme  que,  sans  doute, 
elle  ne  manqua  point  de  faire  dans  ses  fiefs  en  faveur 
des  nouvelles  croyances.  On  peut  cependant  signaler  la 
note  par  laquelle,  sans  en  indiquer  la  source,  M.  de  la 
Borderie  a  donné  comme  point  de  départ  do  l'apostasie 

1.  On  ne  connaît  pas  le  texte  de  l'arrêt  du  Conseil  du  8  juin 
1557  donné  à  une  époque  antérieure  à  celle  où  commence  la  sé- 
rie des  Archives  nationales.  Celui  du  11  octobre  1560  est  impri- 
mé. Voir  Cartulaire,  numéros  2689  et  2725. 


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—  212  — 

de  Guyonne  la  signification  qui  lui  aurait  été  faite  le  20 
février  1558,  à  la  Mériaye,  d'une  bulle  par  laquelle  le 
pape  Paul  IV  l'aurait  excommuniée  à  cause  de  sa  con- 
duite à  l'égard  de  GuyXVIIl'.  Cette  bulle,  dontle  texte 
n'est  pas  connu,  n'est  pas  nécessaire  pour  expliquer  le 
protestantisme  de  Guyonne  à  qui  il  a  pu  être  en  quelque 
sorte  imposé  par  son  beau-frère d'Andelot,  auprès  de  qui, 
sans  doute,  elle  chercha  un  appui  dans  ses  démêlés  con- 
tre son  mari.  D'Andelot,  qui  fut  l'un  des  premiers  gen- 
tilshommes français  ayant  mis  leur  épée  au  service  de 
la  cause  protestante,  ne  pouvait  négliger  une  proie  aussi 
précieuse  que  Guyonne,  et  usa  sans  doute  de  toute  son 
influence  sur  sa  belle-sœur  pour  obtenir  d'elle  qu'elle  im- 
plantât le  culte  nouveau  dans  ses  domaines^. 

A  Vitré,  où  Guyonne  résidait  le  plus  ordinairement,  les 
débuts  du  protestantisme  datent  de  1558,  année  où  d'An- 
delot fit  en  Bretagne  un  célèbre  voyage  de  propagande. 
Dès  1559,  la  ville  possédait  un  ministre,  lequel,  en  1560, 
y  procédait  à  son  premier  baptême.  Les  progrèsdu  nou- 
veau culte  ne  furent  cependant  ni  bien  rapides,  ni  bien 
importants  ;  il  est  facile  de  s'en  rendre  compte  par  le 
petit  nombre  d'actes  que  M.  l'abbé  Paris- Jallobert  a 
relevé  pour  les  années  1567  à  1576  ;  aucun  en  1567, 1568, 
1573,  1574  et  1575  ;  deux  seulement  en  1569,  un  mariage 
en  1570  ;  un  baptême  et  cinq  mariages  en  1571  et  un 
baptême  en  1572.  Après  l'édit  de  pacification  de  1576,  la 
nouvelle  religion  prit  certains  développements  dans  l'égli- 
se protestante,  solennellement  rétablie  le  28  juin  1576*^. 


1.  Cette  note  de  M.  de  la  Borderie  se  trouve  dans  la  brochure 
extraite  du  Journal  de  Rennes  :  le  Calvinisme  à  Vitré  (Rennes, 
1851.  p.  in  8,  52  p.)  cotée  à  la  Bibliothèque  nationale  Ld  175  52. 
Ce  petit  volume  est  d'une  rareté  telle  que  la  plupart  des  biblio- 
philes de  Vitré  ne  croient  pas  à  son  existence. 

2.  11  existe  un  curieux  témoin  de  l'action  que,  du  vivant  môme 
de  sa  belle-sœur,  d'Andelot  exerçait  dans  les  fiefs  de  celle-ci. 
C'est  le  rapport  que  le  15  mai  1561  Georges  de  Gennes  lui  adres- 
sait au  sujet  de  la  capitainerie  de  Vitré.  Voir  Cartulaire,  numéro 
2726. 

3.  Voir  Journal  historique  de  Vitré ^  p.  36. 


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—  213  — 

A  Laval,  dont  le  château  n'était  pas  comme  celui  de 
Vitré,  la  demeure  permanente  de  Guyonne,  l'ardeur  du 
prosélytisme  de  celle-ci  n'eut  pas  une  action  égale  ;  aussi 
la  foi  catholique  n'y  fut-elle  pas  entamée  de  même  et 
était  encore  intacte  le  jour  du  décès  de  Guyonne,  13  dé- 
cembre 15Ç7,  Charles  IX,  du  reste,  n'avait  pas  laissé  la 
>'ille exposée  sans  défense  aux  attaques  des  protestants; 
le  14aoùt  1562,  il  avait  chargé  Lancelot  de  Brée,  seigneur 
de  Fouilloux,  de  lever  les  troupes  nécessaires  à  la  garde 
du  comté  de  Laval.  Le  25  novembre  1567,  il  lui  avait 
renouvelé  sa  commission'.  De  son  côté,  l'évêque  du  Mans, 
Charles  d'Angennes,  à  qui  Charles  IX  avait  confié  le 
gouvernement  du  Maine,  avait  fait  appel  à  Guillaume  Le 
Breton  de  Nuillé,  seigneur  de  Haute- Folie,  connu  sous 
le  nom  de  capitaine  de  la  Barre,  à  qui  son  attitude  nette- 
ment catholique  devait  valoir  un  jour  la  haine  de  d'An- 
delot  *2,  et  lui  remit  la  garde  de  Laval. 

Le  moment  était  solennel  ;  car  si  Lavai  était  resté  ca- 
tholique, les  amis  de  d'Andelot  tenaient  la  campagne  du 
côté  de  Vitré,  et  en  rendaient  le  séjour  assez  périlleux 
pour  que  les  chanoines  du  Port-Ringeard  et  les  religieux 
de  Clermont,  sachant  de  quelles  cruautés  sans  nom  les 
huguenots  usaient  à  l'égard  des  moines,  se  fussent  réfu* 
giés  en  ville.  Guyonne  y  était,  elle  aussi,  et  son  séjour 
insolite  faisait  redouter  pour  la  ville  quelque  coup  de 
main,  rendu  facile  par  la  complicité  des  protestants  de  la 
suite  de  la  comtesse  enfermés  avec  elle  dans  le  château. 
11  fut  décidé  qu'on  ferait  dans  Laval  une  grande  proces- 
sion identique  à  celle  de  la  Fête-Dieu  et  qu'on  y  de 
manderait  à  Dieu  l'extirpation  de  l'hérésie  ;  le  jour 
choisi  fut  le  13  décembre  1567.  Or,  tandis  que  le  Saint- 
Sacrement  était  solennellement  porté  de  Saint«Tugal  à 


1.  Voir  au  Cartulaire  les  numéros  2735  et  2765. 

2.  Voir  au  Cartulaire  le  numéro  2776.  Il  est  peu  vraisemblable 
que  ce  capitaine  de  la  Barre  soit  celui-là  même  qui  fut  si  grave- 
ment compromis  lors  du  pillage  du  Mans  par  les  protestants  en 
1562. 


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-    214  — 

la  Trinité,  puis  ramené  à  son  point  de  départ  à  travers 
les  rues  richement  tendues  ;  tandis  que  tout  le  clergé  de 
la  ville  augmenté  des  moines  fugitifs,  lui  faisait  cor- 
tège ;  tandis  que  la  population  tout  entière  le  suivait 
en  une  immense  procession,  Guyonne,  Tobjet  du  mépris 
de  son  peuple  et  devenue  la  terreur  des  Lavallois, 
Guyonne,  qu'on  avait  appelée  du  nom  de  la  folle,  se  mou- 
rait misérablement,  et  le  soir  même  de  ce  13  décembre 
1567,  rendait  son  âme  à  Dieu. 

Malgré  con  protestantisme,  elle  fut  ensevelie  à  Saint- 
Tugal,  mais  sans  aucune  cérémonie  ^ 

Guyonne,  qui  n'avait  pas  eu  d'enfant,  laissait  un  tes- 
tament daté  du  4  septembre  1567,  lequel  est  visé  dans 
Tarrêt  du  Parlement  du  19  décembre  1569,  mais  ne  sem- 
ble pas  avoir  été  conservé. 

Lors  de  sa  mort  Guyonne  était  sous  le  coup  d'une  in- 
formation judiciaire,  grâce  à  laquelle   un   arrêt  du  31 


180.  -  Sceau  plaqué  de  Guy  XVHI,  1548. 

janvier  1567  avait  ordonné  la  mise  sous  séquestre  des 
fiefs  lui  appartenant,  et  qui,  enfin,  le  19  décembre  1569, 
plus  de  deux  ans  après  sa  mort,  aboutit  à  un  arrêt  qui  la 
déclarait  criminelle  de  lèse-majesté,  confisquait  ses  biens, 
ordonnait  l'exhumation  de  son  corps  et  prescrivait  que 
dans  toutes  les  villes  où  ses  armoiries  avaient  été  pla- 
cées en  lieu  honorable  elles  fussent  promenées  attachées 
à  la  queue  d'un  cheval  et  brisées  en  signe  d'ignominie. 
A  l'exception  de  l'exhumation  de  son  corps,  ces  diverses 

1.  Voir  son  épitapheau  Cartulaire  sous  le  numéro  2768. 


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—  215  - 

mesures  furent  exécutées  et  Fexistence  de  cet  arrêt  re- 
tarda singulièrement  pour  Guy  XIX  Tépoque  où  il  fut 
mis  en  possession  de  Théritage  de  sa  tante. 

On  trouvera  ici  trois  monuments  relatifs  à  Guyenne  et 
àGuy  XVIII  :  toutdabord,  sous  les  numéros  178  et  179*, 
leurs  portraits  donnés  d'après  les  crayons  originaux  du 
musée  Condé  ;  puis,  sous  le  numéro  180,  le  sceau  de 
Guy  XVIII,  où  figure  un  écu  de  Montfort-Laval  surmon- 
té d'une  couronne  de  marquis,  dessiné  d'après  l'em- 
preinte du  28  mars  1548,  plaquée  au  numéro  2632  du 
cartulaire.  Les  actes  2636  et  2637,  tous  deux  datés  du 
18  septembre  1548,  possèdp,nt  chacun  une  empreinte 
plaquée  sur  papier,  du  sceau  de  Guyenne  ;  malheureuse- 
ment elles  ne  sont  plus  distinctes  et  ne  sauraient  être 
dessinées  ;  on  peut  affirmer  cependant  que  le  blason  qui 
y  figurait  consistait  simplement  en  un  écu  de  Montfort- 
Laval,  à  peu  près  semblable  à  celui  de  Guy  XVIII,  des- 
siné ici  sous  le  numéro  180. 


CARTULAIRE  DE  LAVAL 

GUYONNE    ET    GUY   XVIII 

XVIII  (2614-2771)  1547-1567 

2614.  —  1547,  12  juin,  Paris.  -  Acte  par  lequel  Louis  de 
Sainte-Maure,  marquis  de  Nesle,  donne  à  Renée  de  Rieux,  sa 
femme,  tout  pouvoir  pour  régler  la  succession  de  Guy  XVII 
(Imprimé,  du  Bouche t,  Coligny^  1096). 

2615.  —  1547,  16 juin,  SaintGermain-en-Laye.  —  Lettres 
par  lesquelles  Henri  II  donne  à  René  de  Rohan  la  charge  de 
capitaine  de  cinquante  hommes  d'armes  vacante  par  le  décès 
de  Guy  XVII  (Imprimé,  dom  Morice,  III,  1059). 


1.  Par  erreur  dans  le  brochage,  les  planches  hors  texte  178  et 
179  ont  été  données  par  avance  à  la  page  443  du  tome  XVI. 


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—  216  — 

» 

2616.  —  1547,  4  août,  Laval  *.  —  Lettre  écrite  par  Claude 
de  Foix  à  révêquc  de  Conserans  (B.  N.,  français^  3212, 188). 

A  monsieur  de  Conserans, 

Monsieur  mon  compère,  estant  asseurée  de  la  bonne  affec- 
tion que  vous  avez  tousjours  eu  vers  mes  prédécesseurs  et 
moy,  je  ne  veulx  faillyr  à  me  adresser  à  vous  pour  vous  prier 
d'avoir  mes  affair,  s  en  telle  recommandation  comme  j'ay 
tousjours  eu  en  vous  fiance,  vous  asseurant  quejen'ay  jamajs 
eu  oppinion  du  contraire,  quelque  chose  que  l'on  me  en  a  jt 
rapporté,  et  sçay  bien  que  vous  en  avez  esté  sollicité. 

Je  vous  advertiz  que  monsieur  de  Duza  m'a  faict  adjourner 
pour  reprendre  ou  délaisser  le  procès  pendant  en  la  court  die 
Parlement  entre  feu  monsieur  de  Laval   et  luy  touchant  le 
vicomte  de  Fronsac,  où  il  prétend  droict  ;  vous  entendez  que 
c'est,  à  mon  advis,  mieux  que  homme  de  ce  monde.  A  ceste 
cause  je  vous  pry  me  y  estre  aydant  ;  et  si  j'ay  jamays  moyen 
de  le  recognoistre,  ce  sera  de  tout   mon  cueur,    moyennant 
l'ayde  de  Dieu,  auquel  je  supply,  monsieur  mon  compère, 
après  mes  recommandations  à  vostre  bonne  grâce,  vous  don- 
ner ce  que  désirez. 

A  Laval,  le  iiii®  jour  d'aoust. 

Monsieur  mon  compère,  je  vous  pry  me  tenir  excusée  si  la 
présente  n'est  escripte  de  ma  main,  à  l'occasion  d'un  ca- 
Iharre  qui  me  y  est  tombé,  de  sorte  que  je  ne  puys  tenir  ma 
plume. 

Vostre  bonne  amye  et  conmère.  Claude  de  Foix. 

2617.  -  1547,  5  septembre,  Laval. — Lettre  adressée  par 
Claude  de  Foix  à  Menault  de  Martory  (B.  N.,  français^ 
3212,  122). 

A  monsieur  mon  compère,  monsieur  de   Conserans. 

Monsieur  mon  compère,  j'ay  entendu  par  Duchesne, 
présent  porteur,  ce  que  luy  aviez  donné  charge  me  dire  de 
vostre  part,  de  quoy  je  vous  mercye  de  tout  mon  cueur, 
estant  asseurée  que  vous  estes  tousjours  demeuré  en 
ceste  bonne  opinion  de  procurer  l'honneur  et  le  bien  de  ma 


t.  Cette  lettre  fut  écrite  après  le  décès  de  Guy  XVII,  advenu 
le  25  mai  154"',  mais  avant  que  Claude  eut  contracté  sa  seconde 
alliance. 


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-  217  — 

maison  comme  de  long  temps  vous  avez  commencé,  et  vous 
pry,  monsieur  mon  compère,  continuer,  car  je  vous  en  donne 
autant  et  plus  de  puissance  que  vous  y  ave?  jamays  eu,  et 
veulx  que  vous  soyez  obéy  par  tous  ceulx  qui  ont  charge  de 
mes  affaires  par  delà,  comme  rcoy  mesme,  et  que  vous  retirer 
par  devers  vous  tous  les  tiltres  et  enseignemens  de  ma  mai- 
son en  quelques  mains  qu'ilz  soient,  affin  d'estre  remis  chas- 
cun  en  son  lieu  où  ilz  se  puissent  trouver  quand  Ton  en  aura 
affaire,  et  en  bailler  descharge  à  celuy  ou  ceulx  que  sçaurez 
qui  en  sont  chargez  par  le  récépissé  mesmes  que  vous  avez 
d'eulx  :  car  vous  entendez  quel  préjudice  ce  m'est  qu'ilz  soient 
ainsi  semez  czà  et  là,  pour  le  danger  de  mort  qui  peult  sur- 
venir à  ceulx  qui  en  sont  charger  et  Tennuy  que  ce  me  seroit 
de  les  aller  chercher  par  après  et  puis  me  reposer  du  tout  sur 
vous  en  cela  et  aultres  mes  affaires  de  par  delà. 

Remectant  le  sourplus  à  vous  dire  par  cediL  porteur,  ne 
vous  feray  plus  longue  lettre,  sinon  pour  vous  asseurer,  mon- 
sieur mon  compère,  que,  là  où  je  auray  moyen  de  le  recon- 
gnoistre  pour  vous  ou  voz  amys,  l'effect  vous  donnera  bon 
tesmoignaige  de  ma  volonté.  A  tant  je  me  recommande  à  vos- 
tre  bonne  grâce,  en  pryant  Dieu,  monsieur  mon  compère, 
vous  donner  ce  que  désirez. 

A  Laval,  le  v*  septembre  *. 

Vostre  bonne  commère  et  milleure  amye. 

Claude  de  Foix. 

2618.  —  1547,  12  septembre,  la  Forest-Neuve.  —  Provi- 
sions par  lesquelles  Guy  XVIII  et  Renée  de  Rieux  maintien- 
nent Bertrand  d'Argentré  dans  l'office  de  sénéchal  de  Vitré 
(B.  N.,  français,  22342,  233). 

Guy  et  Renée,  comte  et  comtesse  de  Laval,  marquis  et 
marquise  de  Neelle,  comte  et  comtesse  de  Joigny,  de  Mont- 
fort,  deQuintin,  seigneur  et  dame  de  l'isle  sous  Montréal, 
baronet  baronesse  de  Vitré,  vicomte  et  vicomtesse  de  Ren- 
nes, etc.,  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  verront  salut. 

1.  En  l'absence  de  tout  millésime,  on  croit  pouvoir  dater  cette 
lettre  de  l'année  même  du  décès  de  Guy  XVII,  à  une  époque  où 
Claude  de  Foix  avait  sur  1  administralion  de  ses  biens  une  autorité 
qui  ne  lui  appartenait  pas  pendant  la  vie  de  Guy  XVII.  Il  semble 
bien  du  reste  que  la  lettre  numéro  2619,  datée  du  26  septembre 
1547,  est  la  réponse  à  celle  de  Claude  de  Foix. 


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—  218  - 

Sçavoir  faisons  que,  deuement  informés  de  plusieurs  bons 
et  loyaux  services  que  de  dix  ans  devers  nous  a  faitz  nostre 
cher  et  bien  amé  conseiller  Bertrand  d'Argentré,  en  l'exercice 
de  Tofflce  de  sénéchal  de  Vitré,  voulant  par  ce  le  bien  et  favo- 
rablement traiter  et  luy  donner  occasion  de  continuer  de  bien 
en  mieux  à  Tadvenir,  à  icelles  ;  pour  ces  causes  et  autres  bon- 
nes considérations  à  ce  nous  mouvants,  lui  avons  continué  et 
confirmé,  continuons  et  confirmons  ledit  office  de  séneschal  de 
Vitré,  qu'il  a  tenu  et  exercé  de  par  nostre  très  honoré  seigneur 
et  oncle,  Guy,  comte  de  Laval,  que  Dieu  absolve,  et  jusques 
au  jour  de  son  trespas,  tient  et  exerce  encore  à  présent.  Et 
lequel  office  du  tant  que  besoin  seroit  et  qu'il  pourroil  estre 
dit  vacant  au  moyen  duquel  trespas,  luy  avons  de  nouvel 
donné  et  octroyé,  donnons  et  octroyons  par  ces  présentes 
pour  l'avoir,  tenir  et  doresnavant  exercer  et  en  jouir  et  user 
tant  qu*il  nous  plaira,  aux  honneurs,  autorité,  prérogatives, 
prééminences,  franchises,  libertés,  gages,  droits,  profits  et 
émoluments  accoustumés,  et  qui  y  appartiennent,  sans  qu'il 
soit  pour  ce  requis  faire  autre  nouveau  serment  que  celui  qu'il 
a  fait  et  preste  par  cy-devant,  ne  prendre  autre  institution, 
ratification,  ne  expédition  pour  la  jouissance  dudit  office  et 
perception  desdits  gages  et  droits  que  celles  qu'il  a  déjà 
prinses  par  ces  présentes. 

Auxquelles,  en  tesmoin  de  ce,  nous  avons  fait  mettre  nostre 
scel. 

Donné  à  la  Forest  Neusve,  le  douxième  jour  de  septembre, 
l'an  de  grâce  MCCCCCXLVII. 

2619.  —  1547,  26  septembre,  Coulommiers. —  Lettre  écrite 
par  Menault  de  Martory,  évéque  de  Conserans,  à  Claude  de 
Foix,  comtesse  douairière  de  Laval  (B.  N.,  français,  3212, 49). 

A  Madame  de  Lautrec  (par  Jean  de  Molin), 

Madame,  plaise  vous  savoir  que  j'ay  receu  la  lettre  et  le 
povoir  qu'il  vous  a  pieu  m'envoyer  par  monsieur  le  docteur 
Duchesne,  vostre  solliciteur,  et  par  luy  entendu  la  parfaicte 
confiance  que  avez  en  moy,  tant  en  ce  qui  concerne  le  bien  et 
protection  de  vostre  personne,  comme  aussi  pour  la  conduicte 
de  vos  procès  et  autres  affaires  d'importance. 

Et  pour  ce.  Madame,  que  je  désire  sur  toutes  choses  vous 
faire  congnoistre  pour  vrais  effects  le  grant  désir  et  singulière 


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—  219  — 

affection  que  j'ai  de  vous  faire  service,  à  ceste  cause  je  vous 
supplie,  Madame,  vouloir  estre  bien  asseurée  que,  en  toutes 
les  choses  qui  ccncernent  le  bien  de  vostre  personne  et  de  vos 
dictes  affaires,  que  je  y  employeray  ma  vie  et  tout  ce  que  Dieu 
m'a  donné  en  ce  monde,  ainsi  que  ledict  Duchesne  vous  a  dict 
de  par  moy,  vous  avisant,  Madame,  que  vos  dictes  affaires 
ont  très  bon  besoing  d'estre  redressées  et  que  j'espère,  avec 
l'ayde  de  Dieu  et  de  vos  bons  serviteurs,  que  le  tout  sera 
remys  en  si  bon  ordre  et  estât  que  vous.  Madame,  n'aurez  à 
penser  que  à  triumpher  et  faire  bonne  chère,  et  que  demeu- 
rerez hors  d'ennuicts  et  fascheries,  et  ne  vous  trouverez  plus 
en  aucunes  arrières  ne  nécessités. 

Et  pour  ce,  Madame,  que  ledict  Duchesne  m'a  dict  que 
vous  estiez  délibérée  de  vous  en  venir  bien  tost  à  Dozy,  et  que 
je  ne  fauldray  point,  Dieu  aydant,  de  vous  y  aller  faire  la 
révérence,  pour  le  grant  désir  que  j'ay  de  vous  veoir,  et  aussi 
de  deviser  plus  amplement  avec  vous  de  vos  dictes  affaires, 
ne  vous  ennuyeray  de  plus  longue  lettre  ;  fors  Madame,  qu'il 
me  semble  que  pour  quelques  importunités  ou  procès  que 
l'on  vous  puisse  faire,  que  vous  ne  devez  despécher  aucunes 
choses  d'importance  jusques  audict  Donzy,  à  celle  fin  que  le 
tout  se  face  avec  bonne  et  meure  délibération  de  conseil  et 
qu'il  n'y  aye  riens  à  redire. 

Me  recommandant,  Madame,  à  vostre  bonne  grâse,  tant  et 
si  très  humblement  que  je  puys,  Madame,  je  supplie  Nostre 
Seigneur  qu'il  vous  donne  ce  que  de  très  bon  cœur  je  vous 
souhaicte. 

De  vostre  maison,  à  Colomyers  ce  xxvi*  septembre 
MDXLVII. 

2620.  —  1547,  14  octobre.  —  Aveu  rendu  à  René  II  de 
Laval-Bois-Dauphin  par  Guy  Lasnier,  seigneur  de  Sainte- 
Gemmes-sur-Loire,  Monternault-l'Amaury  et  l'Effredière 
(Cabinet  de  M.  d'Achon). 

2621.  —  1547,  15  octobre,  Fontainebleau.  —  Contrat  de 
mariage  de  Charlotte  de  Laval,  fille  de  Guy  XVI,  avec  Gas- 
pard de  Coligny,  du  consentement  de  Jean,  comte  de  Lude, 


1.  Cet  aveu  possède  comme  lettre  initiale  un  D,  qui  est  dessiné 
ici  sous  le  numéro  181. 


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—  220  — 

et  en  présence   de  Claude  de  Laval,   seigneur  de  Téligny 
(Imprimé,  du  Bouchet,  Coligny,  447). 

2622.  -  1547,  16  octobre,  Bruxelles.  —  Lettre  adressée  à 
Anne  de  Laval  par  Anne  de  Lorraine,  veuve  de  René  de  ChA- 
lon,  prince  d'Orange,  en  la  remerciant  de  songer  à  elle  pour 


181.  —  filason  de  Laval-Bois-Dauphin  1547. 

devenir  la  femme  de  Louis  III  de  la  TrémoïUe  et  en  s'excusant 
au  sujet  du  retard  de  sa  réponse,  sur  la  nécessité  où  elle  est 
de  consulter  ses  parents  (Imprimé,  Lettres  du  X  VI^  siècle^ 
nM19). 

2623.  —  1547,  25  octobre,  Laval.  —  Lettre  adressée  par 
Guy  XVIII  à  Anne  de  Laval,  douairière  de  la  TrémoïUe  (Ar- 
chives de  la  TrémoïUe). 

A  Madame^   Madame  de  la  Trimouille, 

Madame,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  de 
Cran,  et  regrette  infiniment  que  je  n'estois  en  ce  pays,  lors 
que  vous  y  estiés,  pour  avoir  cest  honneur  de  vous  aller  baizer 


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—  221  — 

les  mains,  comme  je  n'y  eusse  tailli,  et  m'offrir  à  vous  rendre 
le  bien  humble  service  que  je  vous  ay  voué. 

Madame,  le  gentilhomme  que  vous  aviés  envoyé  vers  moy 
m'a  faict  entendre  ce  que  vous  luy  aviés  commandé  touchant 
les  affaires  qui  sont  entre  messieurs  vos  enfansetmoy.  Je  vous 
puis  asseurer  que  la  chose  du  monde  que  je  désire  le  plus  est 
d'en  sortir  par  ung  bon  accort,  et  pour  le  respect  que  je  vous 
veulx  porter  toute  ma  vie,  je  ne  feray  difficulté  d'en  passer 
par  vostre  jugement.  Et  pour  ce  que  le  gentilhomme  que  vous 
m'avés  envoyé  n'avoit  pas  à  mon  avis  assés  expresse  charge 
de  vous,  je  n'ay  peu  rien  conclurre  avec  luy,  mais  j'espère 
dans  quelque  temps  vous  envoyer  ung  des  miens  qui  en  sera 
amplement  instruit,  et  en  cela  et  toutes  autres  choses,  ma- 
dame, vous  aurez  autant  de  commandement  sur  moy  que  sur 
parent  et  serviteur  que  vous  ayés  au  monde,  qui  en  ceste 
ferme  volonté  vous  baize  très  humblement  les  mains  et  prie 
Dieu,  Madame,  qu'il  luy  plaise  vous  donner  en  toute  prospé- 
rité et  santé  très  heureuse  et  longue  vie. 

A  Laval,  le  xxv"  d'octobre. 

Vostre  plus  humble  et  obéissant  cousin  et  serviteur  : 

Laval. 

2624.  —  1547,  12  décembre.  —  En  secondes  noces, 
René  II  de  Laval-Bois-Dauphin  épouse  Jeanne  de  Lenoncourt  ; 
Guy  XVIII  et  Claude  de  Laval-Téligny  sont  présents  *  (Note, 
Duchesne,  Histoire^  644). 

2625.  —  1547,  13  décembre,  Vitré.  —  Acte  par  lequel 
Guyenne  de  Laval  et  Guy  XVIII  autorisent  au  profit  d'An- 
ceau  de  Goucelles  (?)  l'établissement  dans  l'église  de  Rétier 
d'un  ban  armorié  (Note  au  numéro  280  du  Bulletin  d autogra- 
phes^ d'Etienne  Charavay,  1897). 

2626  —  1547,  V.  s.,  14  janvier,  Montrond.  —  Contrat  de 
mariage  de  Charles  de  Luxembourg,  vicomte  de  Martigues,  et 
deXllaude  de  Foix,  comtesse  de  Rethelois  et  de  Beaufort  en 
Champagne,  vitîomtesse  de  Fronsac,  dame  de  Lautrec  et  d'Or- 
val,  veuve  de  Guy  XVII*  (Copie,  B.  N.,  français,  5121,  21). 

1.  Ici  sous  le  numéro  182  on  trouve  le  dessin  du  sceau  de 
René  II  de  Laval-Bois-Dauphin. 

2.  Ils  eurent  un  fils  nommé  Henri,  décédé  avant  son  père  (Note 
du  manuscrit  français,  22331,  642). 


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—  222  — 

2627.  --  1548.  —  Sonnet  de  Melin  de  Saint- Gelays  «  pour 
les  masques  de  monsieur  de  Martigues  à  la  cour  après  qu'il 
eut  espousé  madame  de  Laval  »  (Lnprimé,  Œuvres  poétiques 
de  Melin  de  Saint-Gelays,  Paris,  1873,  I,  294). 

Après  l'heureuse  honnorable  conqueste 
que  je  fis  d'un,  de  qui  l'arc  et  la  corde 
tient  tout  le  monde  en  peine  et  en  discorde 
dessous  un  nom  aimable  et  honneste, 

J'ay  sur  Fortune  entrepris  une  queste  ; 
et  si  vostre  aide  et  faveur  s'y  accorde 
j'attends  l'avoir  à  ma  miséricorde  ; 
car  par  vous  seul  il  faut  que  je  l'acqueste. 

Voilà  pourquoy  j'en  despars  la  figure     • 
qui  se  prendra,  s'il  vous  plaist,  pour  augure 
de  voir  vaincus  les  trois  dieux  plus  volages. 

Car  ni  l'Amour,  ni  le  Temps,  ni  Fortune 
Ne  peuvent  nuire  à  Vertu,  qui  seule  une 
Est  forte,  heureuse  et  jeune  après  tous  aages. 


18S.  —  Sceau  de  René  II  de  Laval-Bois-Daupbin. 

2628.  —  1547,  v.  s.,  17  mars,  Fontainebleau*.  —  Lettres 
par  lesquelles  Henry  II  accorde  à  Vitré  la  levée  pendant 
quatre  ans  d'un  droit  de  cloison,  dont  le  profit  doit  être  em- 

1.  Sur  l'exemplaire  de  ces  lettres,  conservé  à  Notre-Dame  de 
Vitré  il  est  impossible  de  lire  le  nom  du  lieu  d'où  les  lettres  sont 
datées.  A  Leuville  proposé  par  M.  Pâris-Jallobert,  il  faut, 
croyons-nous,  substituer  Fontainebleau,  dont  la  cour  ne  s'est 
guère  écartée  en  mars  1548.  Voir  aux  Lettres  de  Catherine  de 
Médicis,  les  lettres  datées  des  14  et  17  mars  1548  publiées  d'après 
des  originaux. 


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—  223  — 

ployé  à  Tentretien  des  fortifications  de  la  ville  (Imprimé, 
Paris- Jallobert,  10). 

2u29.  —  1547,  V.  s.,  17  mars,  Fontainebleau.  -  Lettre  par 
laquelle  Henri  II  donne  son  assentiment  au  mariage  de  d'Ande- 
lot  avec  Claude  de  Rieux  (Imprimé,  du  Bouchet,  Coligny^ 
1098). 

A  ma  cousine  la  marquise  de  Nesle^  comtesse  de  Laval, 

Ma  cousine,  j'ay  entendu  par  la  lettre  que  m'avez  escrite  et 
ce  que  ce  gentilhomme  présent  porteur  *  m'a  dit  de  vostre 
pari,  le  désir  que  vous  avez  que  le  mariage  de  ma  cousine, 
vostre  sœur,  se  fasse  avec  le  seigneur  d'Andelot,  dont  j'ay 
eu  très  grand  plaisir  pour  eslre,  comme  il  me  semble,  le  parti 
très  à  propos  pour  l'un  et  pour  l'autre,  vous  advisant,  ma 
cousine,  que  seray  très  aise  d'en  voir  sortir  l'effet  ;  et  m'a 
semblé  que  vous  ne  sçauriez  mieux  faire  que  d'en  prendre  une 
résolution  asseurée  le  plutôt  que  faire  se  pourra,  qui  sera  à 
mon  très  grand  contentement,  ainsi  que  Je  l'ay  plus  avant  fait 
entendre  à  cedit  porteur. 

Priant  Dieu,  ma  cousine,  vous  avoir  en  sa  garde. 

Escrit  à  Fontenay-en-Brie  *  le  xvii*  jour  de  mars 
MCCCCCXLVII. 

Henry.  de  Laubespine. 

2G30.  —  1547,  V.  s.,  17  mars,  Fontainebleau,  —  Lettre  par 
laquelle  Catherine  de  Médicis  félicite  Guyonne  de  Laval  du 
mariage  de  sa  sœur  Claude  avec  d'Andelot  '  (Imprimé,  du 
Bouchet,  Coligny,  1099). 


1.  Ce  «  gentilhomme  présent  porteur  »  se  nommait  Michel-An- 
thoine  Rover;  il  était  é:iiyer  et  seigneur  de  Cérizolle.  Ce  rensei- 
gnement est  donné  par  le  numéro  2631. 

2.  Cette  lettre  et  le  n*  2630  sont  publiés  d'après  un  imprimé, 
dont  il  n'existe  aucun  moyen  de  vérifier  l'exactitude  ;  on  les 
donne  tels  quels,  mais  au  titre  on  les  date  de  Fontainebleau, 
d'où  sont  datées  deux  lettres  de  Catherine  de  Médicis  des  17  et 
20  mars  15^8. 

3.  Cette  lettre  a  été  omise  par  M.  de  la  Ferrière  au  tome  I  de 
son  édition  des  Lettres  de  Catherine  de  Médicis,  On  estime 
qu'elle  a  été  écrite  à  Fontainebleau.  Voir  les  notes  qui  accompa- 
gnent les  numéros  2628  et  2629. 


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—  224  ~ 

A  ma  cousine  la  marquise  de  Nesle^  comtesse  de  Laval. 

Ma  cousine,  j'ay  un  grand  plaisir  d'entendre  par  vostre  let- 
tre et  par  ce  que  ce  gentilhomme  présent  porteur  m"a  dit  de 
vostre  part  l'affection  que  vous  avez  que  le  mariage  de  ma 
cousine,  vostre  sœur,  se  face  avec  le  seigneur  d'Andelot,  pour 
me  sembler  très  à  propos  pour  Tun  et  pour  l'autre  et  aussi 
pour  l'amitié  que  je  porte  à  vostre  sœur,  pour  l'avoir  nourrie; 
j'auray  grand  plaisir  de  lavoir  accompagnée  d'un  si  honneste 
gentilhomme  qu'est  ledit  seigneur  d'Andelot,  vous  advisant, 
ma  cousine,  que  j'auray  grand  contentement  d'entendre  que 
vous  y  mettiez  fin  le  plutôt  que  faire  se  pourra  ;  et  m'a  sem- 
blé que  ne  sçauriez  mieux  faire  que  de  faire  promptement 
sortir  effet  à  la  bonne  volonté  que  vous  y  avez. 
Priant  Dieu,  ma  cousine,  vous  avoir  en  sa  garde, 
Escrit  à  Fontenay  -  en  -  Brie  le  xvii*  jour  de  mars 
MCCCCCXLVII. 

Catherine.  Le  Barge,  F.  de  Larche. 

2631.  —  1547,  V.  s.,  19  mars,  Paris.  —  Contrat  de  mariage 
de  d*Andelot  avec  Claude  de  Rieux,  passé  en  présence  de 
Renée  de  Rieux,  dite  Guyonne,  comtesse  de  Laval,  de  Louis 
de  Sainte-Maure,  de  Claude  de  Laval,  seigneur  de  Téligny. 
Afin  de  la  remplir  de  ses  droits  dans  les  successions  de  leur 
mère  et  de  Guy  XVII,  leur  oncle,  Guyonne  s'engage  à  aban- 
donner à  sa  sœur  des  biens  pour  une  valeur  de  trois  mille 
cinq  cents  livres  (Imprimé,  du  Bouchot,  Coligny^  1092). 

2632.  —  1547,  v.  s.,  20  mars.  —  Lettres  par  lesquelles 
Guy  XVIII  donne  quittance  de  ses  gages  de  capitaine  de 
quarante  lances  pendant  le  semestre  écoulé  d'avril  à  septembre 
1546  (B.  N.,  français,  28153,  157). 

Nous,  Guy,  conte  de  Laval,  chevalier  de  l'ordre,  cappitaine 
de  quarante  lances  fournyes  des  ordonnances  du  Roy,  confes- 
sons avoir  eu  et  receu  comptant  de  maistre  Nycolas  de 
Troyes,  conseiller  dudit  seigneur  et  trésorier  de  ses  guerres, 
par  les  mains  de  André  Dupré,  payeur  de  nostre  dite  com- 
paignye,  la  somme  de  quatre  cens  quarante  livres  tournoys, 
à  nous  ordonnée  par  le  Roy  nostre  dit  seigneur,  pour  nostre 
estât  et  droict  de  cappitaine  des  dites  quarante  lances,  des 
quartiers  d'avril,  may  et  juing,  de  juillet,  aoust  et  septembre 
ensuyvans,  mil  V*  XLVI,  derniers  passez,  qui  est  à  raison, 


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—  225  — 

c'est  à  savoir  :  cent  livres  pour  nostre  dit  estât  ancien,  pour 
chacun  quartier,  et  deux  cens  quarante  livres  pour  la  creue 
de  nostre  dit  estât,  à  raison  de  vingt  sols  pour  chacune  lance 
par  mois,  oultre  et  par  dessus  le  payement  qui  nous  a  esté 
faict  pour  notre  place  d'hommes  d'armes  pour  lesdits  deux 
quartiers. 

De  laquelle  somme  de  quatre  cens  quarante  livres,  nous 
tenons  pour  contens  et  en  quittons  lesdits  de  Troyes,  tréso- 
rier, et  Dupré,  payeur,  dessusdits  et  tous  autres. 

En  tesmoing  de  ce  nous  avons  signé  ces  pi  ésentes  de  nostre 
main  et  faict  sceller  du  scel  de  noz  armes*.  Le  xx"®  jour  de 
mars,  l 'an  mil  V®  quarante  sept. 

Guy  de  Laval. 

2633.  —  1548,  7  avril,  Nogent-sur-Seine.  —  Lettre  par 
laquelle  Catherine  de  Médicis  prie  Menault  de  Martory 
d'intervenir  près  de  Claude  de  Foix,  vicomtesse  de  Marligues, 
en  faveur  de  Jérôme  Marchand,  Tun  de  ses  secrétaires,  que 
Claude  de  Foix,  alors  comtesse  de  Laval,  avait  investi  des 
greffes  de  Frousac  (Imprimé,  Lettres  de  Catherine  de 
Médicis,  I,  22). 

2634.  —  1548,  26  avril.  —  Décès  de  Claude  II  de  Rieux, 
seigneur  de  Rochefort,  comte  d'Harcourt  et  d'Aumale,  né  en 
1530.  Il  eut  pour  principale  héritière  Guyonne  de  Laval,  sa 
sœur  (note  du  P.  Anselme,  VI,  769). 

2635.  —  1548,  7  septembre.  —  Arrêt  du  parlement  de 
Paris  dans  la  cause  pendante  entre  Claude  de  Foix  et  Anne 
de  Montmorency,  au  sujet  de  la  donation  du  château  de 
Ch&teaubriant  faite  à  ce  dernier  en  1525,  par  Jean  de  Laval 
(B.  N.,  français,  16791,  95). 

2636.  —  1548,  18  septembre.  —  Quittance  de  ce  qui  était 
dû  à  Guy  XVII  au  jour  de  son  décès  sur  ses  gages  de  capitaine 
de  quarante  hommes  d'armes  délivrée  par  Guyonne,  comtesse 
de  Laval,  sa  nièce  (B.  ^.,  français,  28153,  168). 

Nous  Guyonne,  contesse  de  Laval,  marquise  de  Nesle, 
confessons  avoir  eu  et  receu  comptant  de  maistre  Jacques 

1.  C*est  cet  acte  qui  possède  le  sceau  plaqué,  dessiné  ici  sous 
le  numéro  180  et  qui  dans  la  Sigillographie  des  seigneurs  de 
Laval  avait  été  donné  par  erreur  comme  un  sceau  de  Uuy  XVII. 

15 


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—  226  — 

Veau,  conseiller  du  Roy  el  trésorier  ordinaire  de  ses  guerres, 
par  les  mains  de  André  Dupré,  payeur  des  quarante  lances 
fournies  des  ordonnances  d'icelluy  seigneur  estans  soubz  la 
charge  el  conduicte  de  feu  monsieur  le  conte  de  Laval, 
nostre  oncle,  la  somme  de  quatre  cens  deux  livres  quinze 
solz  six  deniers  deux  tiers  de  deniers  tournois,  deue  à  nostre 
dicl  feu  oncle,  à  cause  de  son  estât  de  cappitaine  desdicles 
quarante  lances,  du  quartier  de  janvier,  février  et  mars 
MCCCCCXLVI  et  ung  mois  vingt  cinq  jours  eschuz  le  xxv"* 
jour  de  may,  icelluy  jour  comprins,  qui  est  le  jour  du  décès 
de  nostre  dict  feu  oncle,  du  quartier  d'avril,  may  et  juing 
MCCCCCXLVII. 

De  laquelle  somme  de  quatre  cent  deux  livres  quinze  sous 
six  deniers  deux  tiers  de  deniers  tournois,  liions  nous  tenons 
pour  conten  et  bien  payée,  et  en  quictons  lesdits  Le  Veau, 
trésorier,  et  Dupré,  payeur,  dessusdicts,  et  tous  autres,  et 
prometons  faire  acquicter  envers  tous. 

En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  signé  ces  présentes  de 
nostre  main,  et  faict  sceller  du  scel  de  nos  armes  *,  le  xviii"** 
jour  de  septembre  Tan  MCCCCCXLVIII. 

GUYONNE  DB  LaVAL. 

Par  madame  la  contesse  de  Laval,  dame  de  Rieux,  marquise 
de  Nesle. 

Testart. 

2637.  —  15'48,  18  septembre.  —  Acte  par  lequel  Guyonne 
de  Laval,  en  donnant  quittance  des  deux  cent  cinquante  livres 
dues  à  Guy  XVII  pour  le  quartier  d'octobre  1546,  les  impute 
sur  une  somme  versée  en  avance  à  celui-ci  (B.  N.,  français^ 
28153,  169). 

Nous  Guyonne,  contesse  de  Laval,  marquise  de  Nesle,  etc., 
confessons  avoir  receu  de  maistre  Jacques  Veau,  conseiller 
du  Roy  et  trésorier  ordinaire  de  ses  guerres,  par  les  mains 
de  André  Dupré,  payeur  des  quarante  lances  fournyes  des 
ordonnances  d'icelluy  seigneur,  estans  naguères  soubz  la 
charge  et  conduicte  de  feu  monsieur  le  conte  de  Laval,  nostre 
oncle,  la  somme  de  deux  cens  cinquante  livres  tournois. 


1.  L'empreinte  du  sceau  plaquée  sur  papier  n*est  plus  malheu- 
reusement bien  distincte. 


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—  227  — 

laquelle  il  nous  a  fournye  en  ung  récépicé  en  papier  de 
nostre  dit  feu  oncle,  en  date  du  XXV1I«  mars  V^XLVI,  ou 
nom  dudit  Dupré,  montant  cent  vingt- cinq  écus  vallant  deux 
cent  quatre-vingt  une  livre,  cinq  sous  tournois  ;  pour  lequel 
récépicé  nous  luy  avons  fourny  ceste  présente  quictance  pour 
luy  servir  à  la  rédiction  de  ses  comptes  par  ce  que  ledit 
récépicé  ne  luy  eust  esté  vallable  ;  et  ce,  pour  Testât  deu  à 
nostre  dit  feu  oncle  pour  son  estât  dp  cappitaine  des  dictes 
quarante  lances,  du  quartier  d'octobre,  novembre  et  décembre 
MV^XLVI  ;  et  du  surplus  duquel  récépicé,  montant  trente  et 
une  livres  cinq  sous  tournois  oultre  les  deux  cents  cinquante 
livres  que  monte  la  présente  quictance,  ledit  Dupré  nous  en  a 
tenu  compte  sur  autres  sommes  de  deniers  à  luy  deue  par 
nostre  dit  feu  oncle. 

De  laquelle  somme  de  deux  cent  cinquante  livres  tournois, 
nous  nous  tenons  pour  contente  et  bien  payée,  et  en  quictons 
lesdits  Le  Veau,  trésorier,  et  Dupré,  payeur,  dessusdils  et 
tous  autres,  et  promectons  faire  acquicter  envers  tous. 

En  tesmoing  de  ce,  nous  avons  signé  ces  présentes  de 
nostre  main  et  faict  sceller  du  scel  de  noz  armes,  lexviii"' jour 
de  septembre,  Tan  mil  cinq  cens  quarante  huict. 

G U YONNE  DE  LaVAL. 

Par  madame  la  contesse  de  Laval,  dame  de  Rieux,  marquise 
de  Nesle. 

Testart. 

2638.  —  1548.  —  Épitaphed'AmbroiseAmyàSaint-Tugal 
(La  Beauluère,  Communautés  et  chapitres^  27). 

2639.  —  1548,  29  septembre,  Féoiles.  —  Lettre  adressée  à 
Anne  de  Laval  par  Pierre  Meignen,  sieur  de  Garnaud,  afin  de 
lui  recommander  Pierre  Escot*  (Imprimé,  f^ettres  du  XV I^ 
siècle,  n'»  121). 

2640.  —  Vers  le  29  septembre  1548.  —  Lettre  adressée  h 
Anne  de  Laval  par  Hilaire  Goguet,  afin  de  lui  recommander 
Pierre  Escot*  (Imprimé,  Lettres  du  XVh  siècle,  p.  175). 


1.  Il  est  bien  probable  que  sous  ce  nom  de  Pierre  Ëscot  il  faut 
chercher  Pierre  Lescot.  le  célèbre  architecte  du  Louvre,  né  en 
l515«qui  fut  chanoine  de  Paris  le  31  décembre  155'i  et  abbé  de 
Clennont  avant  1557  (voir  nos  Documents  inédits,  p.  109). 


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—  228  — 

2641.  —  1548.  —  Gralifîcalion  accordée  par  Guy  XVIII 
en  faveur  du  mariage  de  François  Grimaud  avec  René^  de  la 
Chapelle  (note,  B.  1^.,  français,  22319,  140). 

2642.  —  1548.  —  Procédures  enlre  Christophe  de  Thou  et 
dame  Renée  de  Rieux,  femme  de  messire  Louis  de  Sainte- 
Maure,  chevalier,  marquis  de  Nesle,  comtesse  de  Laval, 
héritière  de  Guy  XVII,  et  encore  entre  Claude  de  Foix, 
dame  de  Lautrec,  comtesse  de  Rethelois,  douairière  de  Laval 
autorisée  de  Charles  de  Luxembourg,  vicomte  de  Martigues, 
(note,  B.  N.,  français,  22331,  696). 

2643.  —  1548,  12  novembre,  Laval.  —  Détails  de  la  sépul- 
ture de  Guy  XVII,  d'après  les  registres  de  Saint-Tugal 
(Bourjolly,  I,  399). 

2644.  —  1548,  25  novembre.  —  Aveu  à  Thouars,  pour  la 
baronnie  de  Bressuire,  par  Gilles  de  Laval  (note,  La  Trémoïlle, 
Fiefs  de  Thouars,  13). 

2645.  —  1548,  25  novembre.  —  Aveu  rendu  à  Thouars, 
pour  la  Roche-Luzais,  par  Gilles  de  Laval  (noie,  La  Tré- 
moïlle, Fiefs  de  Thouars,  128).- 

2646.  —  1548,  v.  s.,  31  janvier,  Laval.  —  Ordonnance 
par  laquelle  Robert  le  Bret,  juge  ordinaire  de  Laval,  règle  le 
service  intérieur  de  l'Hôtel-Dieu  de  Laval,  conformément  à 
Tarrôt  du  Parlement  du  23  février  1547,  v.  s.,  (Imprimé,  L. 
Maître,  Hôpitaux  de  Laval,  p.  29). 

2647.  —  1548,  v.  s.,  16  mars.  —  Testament  de  Claude  de 
Foix,  veuve  de  Guy  XVII,  épouse  en  secondes  noces  de 
Charles  de  Luxembourg,  vicomte  de  Martigues  (copie,  B.N., 
français,  5121,  237). 

2648.  —  1548,  v.  s.,  février,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Lettres  par  lesquelles  Henri  II  fait  don  au  seigneur  d'Antragues 
et  au  seigneur  du  Bois-Dauphin,  son  conseiller  et  maître 
d'hôtel  ordinaire,  des  biens  confisqués  sur  certains  criminels 
condamnés  à  mort  (A.  N.,  ZZ.  259,  fol.  32). 

2649.  —  1549,  27  mai.  —  Arrêt  par  lequel  le  Parlement 
décide  que  l'hôpital  de  Laval  sera  régi  par  deux  ou  trois 
administrateurs  gratuits  choisis  entre  les  notables  de  la  ville 
(in  extenso,  B.  N.,  français,  26  325,  fol.  165-175). 


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—  229  — 

2650.  —  1549,  3  septembre,  Maillé.  —  Naissance  de  Jeanne 
de  Laval-Maillé  qui  épousa  un  jour  François  de  Saint-Nectaire, 
seigneur  de  la  Ferlé-Haberl  (note,  du  Chesne,  Histoire^  612). 

2651.  —  1549,  13  novembre.  —  Aveu  rendu  à  Claude  de 
Lorraine,  duc  de  Guise,  baron  de  Sablé,  par  le  seigneur  de 
Précigné  (Claude  de  Laval-Bois-Dauphin),  aussi  seigneur  de 
Saint-Aubin-des-Coudrais  (note  1500  du  catalogue  99  de  la 
librairie  Emile  Chevalier). 

2652.  —  1549.  —  Louis  de  Silly,  seigneur  de  la  Roche- 
Guyon  et  de  Rochefort,  et  Anne  de  Laval,  son  épouse,  pour 
quatre  mille  cinquante  livres  tournois  qu'ils  reçoivent,  con- 
stituent au  profit  de  T Hôtel-Dieu  de  Paris  une  rente  de  cent 
cinquante  écus  d'or  soleil  [Documents pour  serrir  à  Vhistoire 
des  Hôpitaux  de  Paris ^  III,  288). 

2653.  -  Vers  1549,  un  3  juin,  Château-Gontier.  —  Lettre 
adressée  à  Anne  de  Laval  par  André  Hamelin  (Imprimé, 
Lettres  du  X  K/«  siècle,  n°  126). 

2654.  —  1549.  28  novembre.  —  Acte  de  naissance  de 
Charles  de  Chambes  (Arch.  de  M.-et-L.,  G.  1475). 

Mademoiselle  Anne  deLaval,dameetespouzedeM.  Philippe 
de  Chambez,  sieur  de  Montsoreau,  achouscha  d'ung  beau  fils 
au  lieu  de  Challain,  le  jeudi  XXVIII«  jour  de  novembre 
MDXLIX  ;  et  furent  les  pareins  M.  le  prince  de  la  Roche-sur- 
Yon  et  M.  de  Vieilleville  et  marraine  Madame  de  Crapudan  ; 
et  porte  le  nom  de  Charles. 

2655.  —  1549,  v.  s.,  14  janvier.  —  Acte  par  lequel  Anne 
de  Laval  approuve  le  relevé  des  travaux  faits  pour  elle  par 
Lucazeau,  orfèvre  à  Thouars,  et  s'engage  à  lui  payer  cent 
soixante  trois  livres  huit  sous  trois  deniers  [Ins>entaire  de 
François  de  la  Trémoïlle,  p.  104). 

2656.  —  1550,  juin,  Saint-Germain-en-Laye.  —  Lettres 
par  lesquelles,  à  la  requête  d'Anne  de  Laval,  douairière  de  la 
Trémoïlle,  Henri  II  institue  au  bourg  de  Bourgouzeau  une 
foire  annuelle  et  un  marché  hebdomadaire  (A.  N.,  JJ.  260*> 
no  171). 

2657  —  1550,  5  juillet.  —  Contrat  de  mariage  de  Pierre  I 
de  Laval-Lezay  avec  Jacqueline  Clérambault  (note,  du  Chesne, 
Histoire,  621). 


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—  230  — 

2658.  —  1550,  29  juillet. — Quittance  de  ses  gages  comme 
lieutenant  de  la  compagnie  du  comte  du  Lude  délivrée  par 
René  de  Laval- Bois-Dauphin  (original  signé  et  scellé*,  B.  N., 
français,  28153,  170). 

2659.  —  Vers  1550.  —  Lettre  par  laquelle  Charlotte  de  la 
Trémoïlle,  religieuse  de  Fontevrault,  informe  Anne  de  Laval, 
sa  mère,  que  l'abbesse  se  propose  de  l'envoyer  par  raison  de 
santé  au  prieuré  de  Gaines  (Imprimé,  Chartrier  de  Thoiiars^ 

p.  257). 

2660.  —  1551,  30  avril,  Doué.  —  Lettre  par  laquelle 
Claude  de  la  Trémoïlle  donne  quittance  de  cent  écus,  versés 
par  Anne  de  Laval  pour  lui  faciliter  son  voyage  à  Malte 
(Imprimé,  Chartrier  de  Thouars,  p.  342). 

2661.  —  1551,  27  mai,  Montjean.  — Décision  de  Guy  XVIII 
placée  au  bas  d'une  requête  des  habitants  de  Vitré,  relative  à 
l'organisation  à  donner  à  l'hôpital  de  Vitré  (Imprimé,  Pâris- 
Jallobert,  J3). 

2662.  —  1551,  7  juin.  Le  Plessis-Macé.  —  Lettre  écrite 
par  Claude  de  Laval-Bois-Dauphin  à  Jean  Pot  de  Rhodes, 
seigneur  de  Chemeaux  (Imprimé,  Papiers  de  Pot  de  Rhodes^ 
1529-1648,  n<»XXXV). 

Monsieur  mon  cousin,  je  n'ai  voulu  laisser  partir  ce  por- 
teur sans  vous  écrire  un  petit  mot  pour  vous  faire  entendre 
comme  je  prends  ce  soir  congé  du  Roi  pour  m'acheminer 
devant  monsieur  le  maréchal  pour  ce  qu'il  ira  trop  tôt. 

Pour  moi,  je  vous  puis  assurer,  puisqu'il  faut  passer  cette 
carrière,  que  la  chose  que  je  désire  le  plus,  c'est  d'être  près 
de  vous  tant  pour  l'envie  que  j'ai  de  vous  voir,  que  pour  estre 
instruit  de  ce  que  j'ai  à  faire  en  vostre  absence  au  lieu  où 
vous  estes,  me  fiant  beaucoup  plus  aux  bons  advertissements 
et  conseils  qu'il  vous  plaira  me  donner  qu'à  ce  peu  de  sens 
qu'il  a  plust  à  Dieu  me  donner. 

Je  ne  vous  en  dirai  davantage  pour  cette  heure,  mais 
présenterai  mes  humbles  recommandations  à  vostre  bonne 
grâce  d'aussi  bon  cœur  que  pour  jamais  je  veux  demourer 
vostre  plus  obéissant  cousin  et  serviteur  et  fidèle  ami. 

Claude  de  Laval. 

Du  Plessis  Macé,  le  6  juin  1551. 

Voir  le  dessin  qui  accompagne  le  numéro  262 i. 


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-  231  — 

2663.  —  1551,  15  août,  —  Règlement  pour  Saint-Nicolas 
de  Vitré  donné  par  le  marquis  de  Nesle  et  Guyonne  de  Laval 
(Note  dans  Pàris-Jallobert,  d'après  les  archives  de  Notre- 
Dame  de  Vitré). 

2664  —  1551,  5  octobre,  Nantes.  —  Arrêt  du  parlement 
de  Bretagne  relatif  à  l'hôpital  Saint-Nicolas  de  Vitré 
(Imprimé,  Pâris-Jallobert,  14). 

2665.  —  1552,  28  juin,  Sedan.  —  Lettres  par  lesquelles 
Henri  II  fait  don  à  d'Andelot  des  terres  de  Fontete  et  de 
Noyers,  situées  au  baillage  de  Troyps  et  confisquées  par  le 
roi  lors  de  la  déclaration  de  guerre  (Note,  du  Bouchet, 
Coligny,  1100). 

2666.  -  1552,  26  août.  —  Lettres  d'Anne  de  Laval  au 
lieutenant  général  du  Poitou  (In  extenso,  Res^ue  du  Maine ^ 
408). 

2667.  —  1553,  14  juin,  Meslay.  —  Lettre  adressée  par 
Guy  XVIII  de  Laval  à  Anne  de  Laval  en  s'excusant  d'avoir 
quitté  Vitré  sans  avoir  connu  à  temps  le  projet  qu'elle  avait 
d'y  venir  (Imprimé,  Lettres  du  XVh  siècle,  n®  132). 

A  madame  ma  tante  ^  madame  de  la  Trimoîlle. 

Madame  ma  tante,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu 
m'escrire,  laquelle  m'a  porté  tesmoignage  de  la  bonne  amitié 
que  me  portés  pouravoirprisla  peine  de  vous  estre  acheminée 
pour  me  venir  visiter.  De  quoy  bien  humblement  je  vous 
mercye,  estant  néantmoins  bien    déplaisant  que  n'ay  eut 
c'est  heur  d'avoir  peu  entendre  vostre  arrivée  si  briefve  à 
Vittré,  pour  Taffection  j'avoys  et  ay  de  m'estre  efforcé  de 
vous  y  avoir  faict  la  meilleure  chère  de  quoy  me  fusse  pu 
adviser  ;  mais  n'en  sçacbant  riens  les  affaires  où  je  suis,  qui 
sont  de  telle  importance  que  pouvez  penser  et  sçavoir  m'ont 
commandé  mon  deslogement  de  Bretaigne  pour  essaier  à  y 
donner  ordre  ;  qui  me  faict  penser  que  vostre  vertu,  sur  ceste 
ignorance,  m'excusera  de  mon  absence,   et  que  je  ne  porte 
peu  dennuy  pour  ne  vous  avoir  peu  veoir  avant  mon  desloge- 
ment. Vous  supplyant  humblement,  madame  ma  tante,  me 
vouloir  tousjours  continuer  le  bénéfice  de  vostre  bonne  grâce, 
et  croyre  que  toute  ma  vie  seray  prest  et  en  volunté  parfaicte 
de  vous  faire  service,  quand  vostre  plaisir  sera  me  comman- 


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—  232  — 

der,  d'aussi  bon  cueur  que,  y  présentant  mes  très  humbles 
recommandations,  supplye  Dieu  vous  donner,  madame  ma 
tante,  en  bonne  santé,  longue  vie. 

A  Meslay  ce  xiiii*  juing  1553. 

Vostre  très  humble  et  obéissant  nepveu  à  jamais. 

Guy  db  Laval. 

2668.  —  1553,  22  novembre,  Thouars.  —  État  des  gentils- 
hommes, officiers  de  justice  et  autres  habillés  de  deuil  aux 
frais  de  Louis  III  de  la  Trémoïlle  lors  des  obsèques  d'Anne 
de  Laval  (Imprimé  par  M.  le  duc  de  la  Trémoïlle  dans 
ln\>entaire  de  François  de  la  Trémoïlle^  p.  185). 

2669.  —  1553,  novembre,  Thouars.  —  Programme  dressé 
par  M.  de  la  Bourdoisière  pour  les  obsèques  d'Anne  de 
Laval  (Imprimé  par  M.  le  duc  de  la  Trémoïlle  dans  Chartrier 
de  Thouars^  p.  70). 

2670.  —  1553,  novembre,  Thouars.  —  État  des  objets 
précieux  destinés  à  servir  à  Tornement  de  l'effigie  d'Anne 
de  Laval,  le  jour  de  ses  obsèques  (Imprimé  par  M.  le  duc 
de  la  Trémoïlle  dans  Chartrier  de  Thouars,  p.  71). 

2671.  —  1554,  24  avril.  —  Aveu  rendu  par  Guy  de  Laval 
pour  Rochefort  (Archives  de  la  Loire-Inférieure,  B.  509). 

2672.  —  1554,  9  mai,  Lorris.  ^  Lettre  de  Guy  XVIII  à 
M.  le  duc  de  Nivernois  (original,  B.  N.,  français  3212,  50). 

Monsieur,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escripre, 
maisjen'ay  sceu  sçavoir  du  porteur  d'icelle  quelz  tiltres 
demandez.  Je  vous  supplye  très  humblement,  monsieur,  d'en 
communiquer  avec  vostre  conseil  affin  de  sçavoir  que  cest 
dont  avez  affaire,  et  s'il  y  a  choie  qui  soit  en  ma  puissance, 
vous  le  recouvrirez.  Non  seullement  en  cela,  mais  en  toutes 
choses  là  où  j'auray  moyen  de  vous  faire  service,  scray  toute 
ma  vye  prest  et  en  parfaicte  voullunté  de  m'y  employer  et 
vous  obéyr  d'aussi  bon  cœur  que,  présentant  mes  très 
humbles  recommandations  à  vostre  bonne  grâce,  supplye 
Dieu  vous  donner,  monsieur,  en  bien  bonne  santé  longue  et 
heureuse  vye. 

A  Lorriz,  ceix^jour  demay  1554. 

Vostre  très  humble  et  obéissant  serviteur. 

Guy  db  Laval. 


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—  233  - 

2673.  —  1554,  28  juin.  —  Transaction  entre  François  I  de 
Clèves,  duc  de  Nevers,  et  Jean  de  Bretagne,  duc  d*Etampes, 
touchant  la  succession  de  Claude  de  Foix,  dame  de  Lautrec, 
veuve  de  Guy  XVII  et  de  Charles  de  Luxembourg,  vicomte 
de  Martigues  (copie,  B.  N.,  français^  5121,  44). 

2674.  —  1554,  2  juillet,  Dol.  —  Épitaphe  de  François  de 
Laval,  évéque  de  DoP  (Dom  Taillandier.  Histoire  de  Bre- 
tagne, II,  LXV). 

Messine  François  de  Laval,  évéque  de  Dol,  abbé  de  Paim- 
pont  el  du  Tronchet,  qui  fonda  céant  douze  obits,  décédé  le 
II  juillet,  dopt  ici. 

Requiescat  in  pace. 

2675.  —  1554,  4  octobre.  —  Acte  par  lequel  Gilles  de 
Laval-Loué  et  Maillé  vend  la  baronnie  delà  Haye  à  Louis  de 
Rohan-Guémené  (Note,  B.  N.,  Dom  Housseau,  XII*,  5845  et 
5848). 

2676.  —  1554,  21  novembre,  Paris.  —  Lettres  patentes  par 
lesquelles  le  roi  Henri  H  homologue  la  transaction  du  28 
juin  1554  relative  à  la  succession  de  Claude  de  Foix  (Copie, 
B.  N.,  français,  5121,  148). 

2677.  —  1554,  13  décembre,  Coligny.  —  Acte  par  lequel 
Guyenne  de  Laval  ratifie  un  acte  du  15  novembre  1554 
relatif  aux  droits  de  Claude  de  Rieux,  sa  sœur  (Imprimé, 
Notes  la  Beau  lue  re  sur  Bourjolly^  53). 

2678.  —  1554,  v.  s.,  2  février,  Châteauneuf-en-Thyme- 
rais*. —  Contrat  de  mariage  entre  Jacques  II  de  Laval-la- 
Faigne  et  Marguerite  de  Mézières,  veuve  de  Jean  de  Villiers, 
seigneur  de  l'Étang  en  Saint-Cosmes  de  Vair'  (Note,  Durand, 
Château  de  Montuely  22}. 


1.  Voir  sur  François  de  Laval  les  notes  de  M.  dtî  la  Beauluère, 
à  la  page  218  des  Annales  de  Le  Doyen.  Il  faut  remarquer  que 
la  date  1556  à  été  ajoutée  par  lui  à  la  copie  de  Tépitaphe  qu'il 
empruntait  à  dom  Morice.  Le  document  n*»  2685  du  Cariulaire 
oblige  à  assigner  à  son  décès  la  date  de  155'i. 

2.  Du  Chesne«  Histoire,  635,  assigne  à  ce  contrat  la  date  du 
22  janvier. 

3.  De  son  premier  mariage  Marguerite  de  Mézières  avait  eu 
comme  seconde  fille  Marie  de  Villiers,  qui  devait,  en  1563, 
devenir  la  première  femme  de  Jacques  1  de  Laval-la-Fai^ne, 
lequel  se  trouva  ainsi  gendre  de  la  femme  de  son  frère  putne. 


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—  234  — 

2679.  —  1554,  v.  s.,  8  lévrier,  Paris.  —  Contrat  passé 
entre  le  duc  de  Guise  et  le  marquis  de  Nesle,  d'une  part,  et 
le  cardinal  de  Châtillon  et  Claude  de  Rieux  autorisée  par  le 
roi,  d'Andelot,  son  mari  étant  en  captivité,  d'autre  part,  dans 
lequel,  afin  de  décharger  le  marquis  de  Nesle  de  toute  la 
responsabilité  des  dettes  de  la  maison  de  Laval,  il  est  décidé 
que  toutes  ses  dettes  seront  imputées  sur  le  comté  de  Laval, 
lequel  sera  mis  en  vente.  Les  d'Andelot  se  chargent  de  faire 
l'avance  du  montant  de  toutes  les  dettes  et  sont  investis  de  la 
charge  de  toutes  les  instances  relatives  à  la  maison  de  Laval  * 
(Imprimé,  du  Bouchet,  Coligny,  1100). 

2680.  —  1554,  V.  s.,  18  février,  Fontainebleau.  —  Lettres 
par  lesquelle  Henri  II  homologue  l'accord  du  8  février  1555, 
décidant  la  mise  en  vente  du  comté  de  Laval*  (Imprimé, 
Notes  la  Beauluère  sur  Bourjolly ^  50). 

2681.  —  1554,  V.  s.,  4  avril.  —  Fragment  d'un  acte  qui 
décide  que  Guyenne  de  Laval  devra  réintégrer  le  domicile 
conjugal  et  qui  déclare  en  même  temps  que  le  marquis  de 
Nesle  conserve  l'administration  des  biens  de  sa  femme  (Note 
informe,  sans  indication  de  source,  imprimée  dans  les  Noies 
la  Beauluère  sur  Bourjolly^  53). 

2682.  —  1555,  20  mai.  —  Quittance  de  ses  gages  de 
lieutenant  de  la  compagnie  du  comte  du  Lude  délivrée  par 
René  de  Laval-Bois-Dauphin  (original  signé  et  scellé,  B. 
N.,/ra/icaw  28153, 171). 

2683.  —  1555,  22  juillet.  —  Accord  entre  Charles  Tierce- 
lin,  seigneur  de  la  Roche-du-Maine,  tuteur  de  Louise  de 
Laval-la-Faigne,  et  Hugues,  Jacques  I,  Jacques  II,  Françoise, 
Jacqueline,  et  Madeleine,  enfants  de  René  II  de  Laval-la- 
Faigne  (Note,  du  Chesne,  histoire,  631). 

2684.  —  1555,  13  août.  —  Naissance  de  Guy  XIX  (Note 


1.  Nous  ne  publions  p^s  ici  ce  contrat  d'une  étendue  con- 
sidérable dont  les  décisions  furent  modifiées  par  les  arrêts  du 
Conseil  du  8  juin  1557  et  du  11  octobre  1560. 

2.  Ce  texte  est  donné  sans  aucune  indication  de  source  et  il 
est  affublé  de  ce  titre  absolument  erroné  :  Traité  et  contrat 
entre  Louis  de  Sainte-Maure,  marquis  de  Nesle ,  Claude  de  Rieux, 
dame  d'Andelot,  sa  femme,  (!],  François  de  Lorraine,  duc  de 
Guise f  et  le  cardinal  de  Chastillon, 


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—  235  — 

du  livre    de  raison  des    Coligny,   Imprimé,  du  Houchdt, 
Coligny,  1121). 

Le  fils  aisné,  nommé  Paul  de  Coligny,  nasquit  dans  un 
bateau  sur  la  rivière  du  Pau  (du  Pô),  entre  Chivas[so]  et 
Thurin,  le  XIII*  jour  d'aoust,  environ  dix  heures  du  matin, 
Tan  MDLV. 

2685.  —  1555,  31  octobre.  —  Arrêt  par  lequel  le  parle- 
ment de  Bretagne,  à  la  requête  de  Guillaume  de  Glivière 
condamne  Guy  X^IIf ,  vu  sa  qualité  d'héritier  de  François  de 
Laval,  évêque  de  Dol,  à  rembourser  au  demandeur  ce  qui 
lui  était  dû  par  celui-ci  (iioieBnWoiiy  Dictionnaire  des  Arrêts^ 
Ilf,  174,  d'après  Arrêts  de  Noël  de  Fail,  livre  II,  chapitre  26). 

2686.  — 1555,  v.s.,  17  mars,  Maison-Maugis.  —  Dénombre- 
ment pour  Vitré  fourni  par  Guy  XVIII  (A.  N.,  T.  1051",  211). 

2687.  —  1556,  6  août.  Maillé.  —  Note  sur  le  décès  do 
Gilles  I  de  Laval-Loué  (Arch.  de  Maine-et-Loire,  G.  1474). 

M.  de  Loué  (père  de  Mme  de  Montâoreau)  ala  de  vie  à  très- 
pas  le  VI*  jour  d'aougst,  à  sis  heures  du  soir  ;  et  fut  entéré  le 
vendredi  vu*  jour  ;  le  tout  au  [château]  de  Maillé  ;  où  dit-on 
qu'il  a  été  empoisonné. 

2688.  —  1556,  20  août,  Villeneuve-Saint-Georges.  — 
Lettre  adressée  par  le  Dauphin,  depuis  François  II,  à  Louis 
III  de  la  Trémoïlle,  en  sollicitant  en  faveur  du  nouveau 
seigneur  de  Bressuire  une  modération  des  droits  de  rachat 
dus  par  suite  du  décès  de  Gilles  de  Laval-Loué  ^  (Imprimé, 
Lettres  du  X  VI"  siècle,  n«  134). 

A  mon  cousin  monsieur  de  la  Trimoïlle. 

Mon  cousin,  j'ay  esté  adverty  que  par  la  mort  du  feu  sieur 
de  Loué,  les  droicz  seigneuriaulx  de  rachapt  de  la  terre  de 
Bressuyre  et  autres  fiefz  vous  sont  deheuz  pour  raison  de  ce 
que  lesdictes  terres  sont  tenues  et  mouvantes  de  vostre 
seigneurie  et  viconté  de  Thouars. 


1.  II  n'est  pas  sans  intérêt  de  constater  que  ces  droits  de 
rachat  étaient  dans  la  plupart  des  cas  1  objet  de  réduction  très 
importantes.  Louis  III  ne  pouvait  sans  doute  se  montrer  rigou- 
reux envers  le  client  de  l'héritier  du  trône,  et  du  haut  en  bas  de 
l'échelle  féodale  de  sérieuses  modérations  des  droits  étaient 
ainsi  arrachées  à  la  bonne  volonté  des  seigneurs. 


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—  236  — 

Et  pour  ce  que  René  de  Laval,  filz  aisné  dudit  sieur  de 
Loué,  est  apparent  héritier,  au  moyen  de  quoy  il  vous  est 
redevable,  je  vous  ai  bien  voullu  dépescher  ce  pourteur,  Tun 
de  mes  secrétaires,  et  par  luy  escripre  ceste  lettre  pour  la 
recommandation  dudict  de  Laval,  Tun  de  mes  enfans  d  hon- 
neur, lequel  ordinairement  est  à  ma  suycte  me  faisant  service, 
pour  vous  prier  bien  fort,  mon  cousin,  luy  faire  composition 
si  honneste  desdictz  droictz,  qu'il  puisse  cognoistre  de 
combien  ceste  mienne  première  réquisition  que  vous  faiz  luy 
aura  rapporté  de  commodité  et  proiTict.  Vo^s  asseurant  que 
ce  que  luy  en  donnerez  à  ma  faveur  me  tournera  à  singulier 
plaisir,  pour  m'en  souvenir  où  vouldrez  que  m'employe  à 
vous  le  démonstrer,  d'aussi  bonne  vouUenté  que  je  supplye 
le  Créateur  vous  donner  sa  saincte  grâce. 

De  Villeneufve-Saint-Georges,  ce  xx*  jour  de  aou»t  1556. 

Vostre  bon  cousin  : 

Françoys. 

2689.  —  1557,  8juin,  Rennes.  — Arrêt  par  lequel  le  Conseil 
Privé  décide  que  le  comté  de  Montfort  est  substitué  à  celui 
de  Laval  en  ce  qui  concerne  l'exécution  du  contrat  du  8 
février  1554,  v.  s.*  (Note  dans  un  arrêt  du  11  octobre  1560 
impiimé  par  du  Bouchot,  Coligny^  1106). 

2690.  —  1558,  27  avril,  Paris.  —  Déclaration  par  laquelle 
Henry  II  autorise  les  habitants  de  Vitré  à  élire  à  la  pluralité 
des  voix  leur  maire  et  les  échevins  (Note  de  Chopin,  du 
Domaine,  III,  20,  n«  7). 

2691.  —  1558,  30  avril.  —  Arrêt  du  parlement  de  Rennes 
relatif  à  l'administration  de  l'hôpital  Saint-Nicolas  de  Vitré 
(Imprimé,  Pâris-Jallobert,  16). 

2692.  —  1558,  4  mai,  Laval.  —  Aveu  fait  au  roi  par  Guy 
XVIII  au  nom  de  Guyenne  pour  les  terres  de  Quintin  (B.  N., 
français,  18697,  202). 

2693.  —  1558,  10  mai.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  à  d'An- 
delot  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français,  III, 
240). 


1.  C'est  en  vain  crue  nous  avons  cherché  aux  archives  nationa- 
les cet  arrêt.  La  collection  des  actes  du  conseil  privé  ne  com- 
mence qu'à  une  date  postérieure. 


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—  237  — 

2694.  —  1558,  mai.  —  Lettre  écrite  au  roi  par  d'Andelot 
(Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français^  III,  243). 

2695.  —  1558,  22  mai.  —  Lettre  écrite  parMacar*  à  Calvin  ; 
il  y  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op,  CaMni,  édition 
Reuss,  XVIL  177). 

2696.  —  1558,  25  mai.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op.  Calnni^  XVII, 
182). 

2697.  —  1558,  8  juin.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  au  roi 
de  Navarre,  dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot 
(Imprimé,  Corresp,  franc,  de  CaMn,  II,  196). 

2698.  —  1558,  10  juin.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à 
Calvin  dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  {Op. 
CaWini,  XVII,  200). 

2699.  —  1558, 13  juin.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin 
dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  [Op.  CaMm\ 
XVII,  209). 

2700.  —  1558,  18  juin.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  (Op.  CaMni,  XVII, 
212). 

2701.  —  1558,  20  juin. — Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  {Op.  CaMni, 
XVII,  216). 

2702  —  1558,  22  juin.  —  Lettre  écrite  par  d'Andelot  à 
M.  des  Gallars  (Op.  Cahini,  XVII,  223). 

2703.  —  1558,  26  juin.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  {Op.  CaMni, 
XVII,  224). 

2704.  —  1558,  1«'  juillet,  Melun.  —  Lettre  écrite  par 
d'Andelot  aux  protestants  de  Paris  [Op.  CaWiniy  XVII,  228  et 
Bulletin  du  Protestantisme  français^  III,  245). 

2705.  —  1558,  3  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  [Op.  CaMniy 
XVII,  230j. 

1.  Jean  Macar  fut  ministre  protestant  à  Paris  pendant  Tannée 
1558  tout  entière.  Rentré  à  Genève  à  la  fin  de  Tannée,  il  y  mourut 
de  la  peste  en  1560. 


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-  238  - 

2706.  —  1558,  7  juillet,  Melun.  —  Lettre  par  laquelle 
d'Andelot  demande  au  ministre  Macar  envoi  d'un  ministre 
chargé  d'administrer  le  baptême  à  sa  fille  qui  venait  de  voir 
le  jour  {Bulletin  du  Protestantisme  français^  III,  247,  et  Op. 
Cahini,  XVII,  241). 

2707.  —  1558,  vers  le  7  juillet.  —  Lettre  adressée  au  roi 
par  d'Andelot  qui  lui  témoigne  la  satisfaction  que  lui  a  fait 
éprouver  la  visite  da  Ruzé,  docteur  en  Sorbonne  et  aumônier 
du  roi,  envoyé  par  celui-ci  afin  de  décider  le  retour  de 
d'Andelot  au  catholicisme  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestan- 
tisme français,  III,  248,  d'après  B.  N.,  français,  20461,  103). 

2708.  —  1558,  9  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à 
d'Andelot  et  remise  par  Antoine  de  la  Roche-Chandieu,  alors 
attaché  à  l'église  protestante  de  Paris,  et  chargé  de  procéder 
au  baptême  de  la  fille  que  d'Andelot  venait  d'avoir  (Op. 
CaMniy  XVII,  242,  et  Bulletin  du  Protestantisme  français, 
m,  248). 

2709.  —  1558,  Il  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à 
Calvin,  dans  laquelle  il  est  question  de  d'Andelot  (O/?.  Cahiniy 
XVII,  248). 

2710.  —  1558,  12  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  à 
d'Andelot  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français^ 
m,  250,  et  Op.  CaWini,  XVII,  251). 

2711.  —  1558,  19  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  au 
marquis  de  Vico  (Imprimé,  Correspondance  française  de 
Cahin,  II,  206,  et  Op.  CaWini,  XVII,  255). 

2712.  —  1558,  26  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à 
Calvin  {Op.  Calnni,  XVII,  262). 

2713.  —  1558,  fin  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  à 
d'Andelot  afin  de  lui  reprocher  la  capitulation  de  sa  con- 
science (Imprimé,  Correspondance  française  de  Calvin.  II, 
219). 

2714.  —  1558,  17  août.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à 
Calvin,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op.  Calnniy 
XVII,  291). 

2715.  —  1558, 26  août.  —  Lettre  écrite  par  Macar  à  Calvin, 
où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op.  Calnni, 
XVII,  302]. 


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—  239  - 

2716.  —  1558,  4  septembre.  —  Lettre  écrite  par  Calvin  à 
Camerarius,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op* 
Cahini,  XVII,  313). 

2717.  —  1558,  4  septembre.  -  Lettre  écrite  par  Calvin  à 
Charlotte  de  Laval,  dame  de  Coligny  (Imprimé,  Delaborde, 
Coligny,  I,  350,  d'après  B.  N.,  Dupuy,  102,  41). 

2718.  —  1558,  24  septembre.  —  Lettre  écrite  par  Macar 
à  Calvin,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op, 
Cahini,  XVII,  348). 

2719  —  1558,  16  octobre,  Brain.  —  Note  sur  le  décès 
d'Anne  de  Laval-Loué,  dame  de  Montsoreau  (Arch.  de  Maine- 
et-Loire,  G.  1474). 

Ce  dit  jour,  XVI  octobre,  ala  de  vie  à  trespas  noble  dame 
madame  Anne  de  Laval,  dame  de  Montsoreau  ;  et  a  esté  son 
corps  porté  le  jour  ensuivant  en  l'église  de  Brain  jusqu'au 
x«  jour  de  novembre.  Et  ce  dit  jour  fut  porté  en  l'église  de 
Varennes  et  le  lendemain  en  l'église  Saint-Pierre-de-Rest  ; 
et  y  fut  jusques  au  vu  avril  MDLXII. 

2720.  —  1558,  V.  s.,  6  janvier.  —  Lettre  écrite  par 
Marellanus  à  Calvin,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé, 
Op.  CalnnU  XVII,  406). 

2721.  —  1558,  20  février,  La  Mériaye  près  Vitré.  —  Dat^ 
de  la  signification  à  Guyonne  de  la  bulle  de  Paul  IV  l'excom- 
muniant à  cause  de  sa  conduite  à  l'égard  de  Guy  XVIII  (La 
Borderie,  CaWinisme^  P«  2). 

2722.  —  1558,  v.  s.,  5  mars.  — Lettre  écrite  par  Calonius 
à  Calvin,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op, 
CaMni,  XVII,  471). 

2723.  —  1559,  23  juin.  —  Lettre  écrite  par  Calonius  à 
Calvin,  où  il  est  question  de  d'Andelot  (Imprimé,  Op.  Calsfini^ 
XVII,  567). 

2723  bis.  —  1559,  17  novembre.  —  Quittance  de  François 
de  Coligny,  sieur  d'Andelot  (original,  signé  et  scellé  *  par 
plaqué,  B.  N.,  français  27298,  52). 

1.  Le  sceau  plaqué,  à  cet  acte  porte  un  écu  écartelé  de  Coligny 
et  de  Montmorency. 


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—  240  — 

2724  —  1560,  2  octobre.  —  Aveu  pour  Montmuran  rendu 
à  Tabbesse  de  Saint-Georges  de  Rennes  par  Tamiral  Coligny 
et  Charlotte  de  Laval,  son  épouse  (en  partie,  Cartulaire  de 
Saint'GeorgeSy  458). 

2725.  —  1560,  11  octobre,  Paris.  —  Acte  par  lequel  le 
(Conseil  Privé  annule  dans  la  plupart  de  ses  clauses  le  contrat 
du  8  février  1555  et  décide  en  même  temps  que,  sauf  un  cas 
de  réméré  pendant  deux  ans,  d'Andelot  conservera  Montfort, 
pour  se  couvrir  des  soixante  mille  écus  consacrés  par  lui  à 
l'extinction  des  dettes  de  la  maison  de  Laval  (Imprimé,  du 
Bouchet,  Coligny^  1006). 

2726.  —  1561,  15  mai  —  Lettre  par  laquelle  Georges  de 
Gennes  adresse  à  François  de  Coligny,  seigneur  d'Andelot, 
l'état  des  deniers  de  la  capitainerie  de  Vitré  (Imprimé, 
Paris- Jallobert,  20). 

2727.  —  1561,  5  août.  —  Décès  de  Claude  de  Rieux,  fille 
de  Catherine  de  Laval  et  épouse  de  d'Andelol  ;  récit  de  sa 
mort  (Ph.  Lenoir,  Histoire  ecclésiastique  de  Bretagne^  p.  67). 

2728.  —  1561,  27  septembre,  Mathefelon.  --  Contrat  de 
mariage  de  Louise  de  f^aval,  fille  unique  de  Louis  de  Laval- 
la  Faigne  avec  François  de  Chastaigner  de  la  Rocheposay 
(note,  du  Chesne,  Histoire^  632). 

2729.  —  1561,  10  octobre.  —  Accord  entre  Gilles  II  de 
Laval-Loué,  baron  de  Bressuire,  la  Haye,  et  la  Motte- Saint- 
Héraye,  et  Jeanne  de  Bretagne,  veuve  de  René  de  Laval-Loué, 
afin  de  régler  le  douaire  auquel  celle-ci  avait  droit,  par  suite 
de  son  contrat  de  mariage,  passé  le  11  mars  1531,  v.  s.,  (note, 
B.  N.,  dont  Housseau,  XIP,  5836  et  5843). 

2730.  —  1561,  31  octobre,  Comper.  —  Lettre  écrite  par 
d'Andelot  au  duc  d'Étampes  (Imprimé,  dont  JUoriee,  III, 
1291). 

2731.  —  1561,  décembre,  Nantes.  —  Lettre  écrite  par 
d'Andelot  au  duc  d'Étampes  (Imprimé,  rfo/nJ/or/cc,  III,  1294). 

2732.  —  1562,  14  mai,  Montdidier.  —  Acte  par  lequel  Marie 
de  Bussu,  veuve  de  René  de  Laval-la-Faigne,  fait  don  de  la 
terre  d'Obvillier  à  son  troisième  fils  Jacques  de  Laval  (copie, 
B.  N.,  français,  28153,  177). 


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-  241  - 

2733.  —  1562,  14  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Coligny  à 
Charlotte  de  Laval,  lors  du  décès  de  Gaspard,  leur  fils  aîné 
(Imprimé,  Delaborde,  Coligny,  II,  132  d'après  Vie  de  Coli- 
gny,  Cologne,  1686,  258). 

2734.  —  1562,  11  août.  —  Lettre  écrite  par  d'Andelot  à 
Calvin  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français, 
XVI,  163). 

2735.  —  1562,  14  août,  Blois  ~  Lettres  pur  lesquelles 
Charles  IX  donne  mission  à  Lancelot  de  Brée,sieur  du  Pouil- 
leux', de  lever  cinquante  arquebusiers  et  cent  hommes  de 
pied  pour  la  garde  du  comté  de  Laval  et  affecte  à  leurs  gages 
les  2.500  livresque  devait  produire  un  emprunt  de  cette 
somme  prescrit  par  lettres  du  25  juillet  1562  (Imprimé, 
Documents  Godbert,  p.  195). 

2736.  —  1562, 18  août.  —  Acte  par  lequel  d'Andelot,  muni 
des  pouvoirs  du  prince  de  Condé,  de  Coligny,  du  comte  de 
la  Rochefoucauld,  du  sieur  de  Genlis,  de  Jacques  de  Soubise 
et  de  leurs  adhérents,  lève  dans  la  Hesse  les  gens  de  guerre 
destinés  à  envahir  la  France  (Imprimé,  Bulletin  du  Pro- 
testantisme français  XVI,  116,  d'après  B.  N.,  français 
6618,136). 

2737.  —  1562,  26  août,  Cassel.  —  Lettre  écrite  par  d'An- 
delot à  Calvin  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français, 
XVI,  163). 

2738.  —  1562,  30  août.  —  Naissance  de  Louis  de  Laval- 
Loué,  fils  de  René  II  de  Laval-Loué  et  de  Renée  de  Rohan 
(Note,  du  Chesne,  Histoire,  616). 

2739.  •  1562,  8  octobre.  —  Décès  de  René  II  de  Laval, 
baron  de  Maillé  et  de  la  Roche-Corbon  (Note,  du  Chesne, 
Histoire,  615). 

2740.  —  1562,  11  novembre.  —  Ordonnance  du  sieur  du 
Gué,  lieutenant  du  Roi  à  Vitré,  par  laquelle  il  prescrit  au 
gens  sans  aveu  de  quitter  Vitré,  et  aux  protestants  de 
déposer  au  château  toutes  les  armes  possédées  par  eux 
(Imprimé,  Paris-Jallobert,  21). 

1.  Sur  ce  Lancelot  de  Brée  qu'on  retrouvera  plus  loin,  voir 
Angot  (Dictionnaire  de  la  Mayenne,  I,  420). 

16 


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-  242  - 

2741.  —  1562.  —  Présentation  à  Tévéque  du  Mans  de 
Denis  Guesthercot,  prêtre  du  diocèse  de  Sens,  pour  le 
doyenné  de  Saint-Tugal  de  Laval  et  la  cure  d'Andouillé  en 
dépendant  par  Guy  XVIII,  comte  de  Laval,  sire  de  Rieux, 
baron  de  Vitré  et  de  TIsle-sous-Montréal  (Arch.  de  la  Sarthe, 
G.  340). 

2742.  —  1562,  v.  s.,  5  janvier,  Orléans.  —  Lettre  écrite 
par  d'Andelot  à  la  reine  Elisabeth  (Imprimé,  Delabonle, 
Eléonore  de  Roye,  291). 

2743.  —  1562,  v.  s.,  24  février,  Orléans.  —  Lettre  écrite 
par  d'Andelot  à  la  connétable  (Imprimé,  Delaborde,  Eléonore 
deRoye,  304). 

2744  —  1562,  v.  s.,  5  mars.  —  Acte  par  lequel  Anne 
de  Laval  vend  la  baronie  de  Luçon  à  Miles  d'Illiers,  évoque 
de  la  ville  (Dom  Fonteneau,  XIV,  465,  473). 

2745.  —  1562,  v.  s.,  13  mars.  —  Lettre  écrite  par  Smith  à 
d'Andelot  pour  lui  reprocher  d'avoir  aidé  de  ses  conseils 
Charles  IX  à  signer  l'édit  d'Amboise  (Imprimé,  la  Perrière, 
Le  XVI*  siècle  et  les   Valois.  110). 

2746.  —  1563,  13  mars.  —  Lettres  par  lesquelles  Louis  de 
Rohan-Guémené  procède  à  l'as'siette  de  sept  mille  livres  de 
rente  au  profit  de  sa  sœur.  Renée,  veuve  en  premières  noces 
de  François  de  Rohan,  seigneur  de  Gié,  et  en  secondes  de 
René  de  Laval,  seigneur  de  Loué  (B.  N.,  français,  22310, 
170). 

2747.  —  1563,  1*'  avril,  Orléans.  —  Lettre  écrite  à  d'An- 
delot par  Catherine  de  Médicis  (Imprimé,  Lettres  de  Cathe- 
rine deJUédicis,  II,  6  d'après  B.  N.,  français,  3189,  6). 

2748.  —  1563,  1*'  mai.  Chàtillon.  —  Lettre  de  Charlotte 
de  Laval,  dame  de  Coligny,  au  prince  de  Portian  (original, 
B.  N.,  français,  3196,  5). 

A  Monsieur  monsieur  le  prince  de  Portian, 

Monsieur,  je  vous  remercye  bien  humblement  dis  la  bonne 
part  que  me  faictcs  de  vos  nouvelles,  ayant  esté  bien  fort  aise 
de  ce  qu'elles  sont  si  bonnes,  comme  on  les  m'a  faici  entendre, 
vous  assurant  que  ne  les  sçauriez  mander  à  personne  qui  les 


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t-eçoye  de  meilleur  cœur  que  moy,  ne  qui  soict  plus  preste  k 
vous  faire  service. 

Quant  aux  myennes,  elles  sont  assez  bonnes  veu  le  temps, 
grâces  à  Dieu,  auquel  je  prie,  après  vous  avoir  présenté 
mes  bien  humbles  recommandations  à  vostre  bonne  grâce, 
qu'il  vousdoinct,  Monsieur,  en  santé  très  bonne  et  longue  vie. 

De  Chastillon,  cepremyerjour  de  may  1563. 

Vostre  humble  et  très  obéissante  à  vous  faire  servyce*. 

Charlotte  de  Laval. 

2749.  —  1563,  15  octobre.  —  Contrat  de  mariage  entre 
Jean  de  Laval -Loué  et  Renée  de  Rohan,  veuve  de  son  frère 
(B.  fi,,  français,  22310,  178). 

2750.  —  1563,  V.  s.,  18 février.  —  Quittance  de  d'Andelot 
(original  signé  et  scellé  ',  B.  N.  français  27298,  59). 

2751.  —  1564,  18  juin.  — Lettre  écrite  par  Catherine  de 
Médicis  au  sujet  de  l'affaire  de  Cravant  (Imprimé,  Mémoires 
de  Condé,  V). 

2752.  —  1564,  29  juillet.  —  Lettres  par  lesquelles  Guy 
XVIII  présente  pour  la  chapelle  des  Rivettes  NicoUe  Joubert 
à  la  place  de  feu  Jean  Esnault  (Bibl.  d'Angers,  n®  710). 

2753.  —  1564,  27  août,  Essey-lès-Nancy.  -  Contrat  de 
mariage  de  d'Andelot  avec  Anne  de  Salm,  sa  seconde  femme 
(Imprimé,  du  Bouchet,  Coligny,  1112). 

2754.  —  1564,  v.  s.,  5  janvier,  Châtillon.  —  Lettre  écrite 
par  Charlotte  de  Laval  à  Renée  de  France,  duchesse  de 
Ferrare  (Imprimé,  Delaborde,  Coligny,  II,  356,  d'après  B.  N., 
français,  3211,  27). 

2755.  -  1565,  v.  s.,  11  février,  Bergerac.  —  Lettre  écrite 
par  d'Andelot  au  vicomte  de  Martigues,  gouverneur  de 
Bretagne  (Imprimé,  Dom  Morice^  III,  1345). 

2756.  —  1565,  21  mai,  Mont-dç-Marsan.  —  Mandement 
par  lequel  Charles  IX  prescrit  à  d'Andelot  de  s'abstenir  de 
venir  à  Paris  (original,  B.  N.  français,  27298,  65). 


1.  Cette  ligne  dernière  est  de  la  main  de  Charlotte  de  Laval. 

2.  Le  sceau  plaqué  à  cet  acte  possède  un  ëcu  ëcartelë  de 
Coligny  et  de  Montmorency  ;  il  est  un  peu  plus  grand  que  celui 
du  numéro  2723  bis. 


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—  244  — 

À  mon  cousin,  le  sieur  dAndelotj  chevalier  de  mon  ordre 
et  cappitaine  de  cinquante  hommes  alarmes  de  mes 
ordonnances. 

Mon  cousin,  quant  j'ai  bien  cherché  les  occasions  qui 
tiennent  quasy  tout  mon  royaulme  en  allarme  et  aportent 
subject  à  ceulx  qui  n'ont  pas  l'intention  bien  nette,  je  trouve 
qu'elles  proceddent  de  tant  d'allées  et  venues  qui  sont  faictes 
par  aucun  des  principauix  de  mon  royaulme,  en  la  ville  de 
Paris,  pour  les  interprétations  diverses  que  chacun  y  donne 
selon  son  humeur,  de  façon  que  ce  a  été  le  subject  de  tous  les 
bruits  qui  ont  couru  et  courent  encores  par  mondict  royaulme, 
semez  par  ceulx  qui  ne  cognoissent  pas  quelle  fiance  jay  de 
ceulx  là  et  combien  ils  sont  esloignez  de  vouloir  troubler  le 
repos  de  mondict  royaulme. 

Et,  ne  ayant  meilleur  remedde,  pour  leur  oster  ceste  occa- 
sion, durant  mon  absence,  j'ay  pensé  que  ceulx  dont  leur 
veult  naistre  tel  suspeçon,  n'auront  désagréable,  pour  le  bien 
de  mondict  royaulme  et  me  satisfaire  aussy  en  chose  de  telle 
importance,  s'abstenir  de  tels  voyages  jusqu'à  mon  retour  en 
ladicte  ville,  qui  sera,  Dieu  aydant,  environ  la  Saint-Michel 
prochaine,  qui  me  faict  vous  prier,  mon  cousin,  si  vous  y 
avez  quelques  procès  et  affaires,  les  faire  manyer  par  vos  gens 
et  procureurs,  sans  y  aller  vous-mêmes,  et  faire,  en  ce  fai- 
sant, que  le  zelle  et  sincère  dévotion  que  je  sçay  que  vous 
avez  à  mon  contentement,  au  bien  de  mon  service  et  repos  de 
mondict  royaulme,  conduict  et  dispense  selon  les  occasions 
et  mon  intention,  serve  à  ce  que  je  désire  et  cognoys  estre 
sy  nécessaire  pour  contenir  le  public  et  tant  myeulx  retenir 
ung  chascun  en  son  debvoir  ;  ayant,  pour  donner  plus  de 
effect  à  ceste  myenne  intention,  escript  à  mon  cousin,  le 
mareschal  de  Montmorency,  ne  souffrir  que  avant  mondict 
retour,  vous  ne  autres  de  ceulx  que  je  luy  ay  envoyez  par 
roolle  entrent  dedans  ladicte  ville,  et  à  ma  court  de  parle- 
ment surceoir  la  procédure  de  tous  leurs  procès  quand  ils 
seront  en  personne,  et,  en  leur  absence,  y  administrer  toute 
la  plus  prompte  et  meilleure  justice  que  faire  se  pourra. 
Priant  Dieu,  mon  cousin,  vous  avoir  en  sa  garde. 
Escript  au  Mont-de-Marsan  le  XXI®  jour  de  may  1565. 
Charles.  dk  Laubbspine. 


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—  245  — 

2757.  —  1565,  28  juillet.  -  Naissance  de  Guy  de  Laval, 
qui  devait  être  un  jour  marquis  de  Nesle  et  épouser  Mar- 
guerite Hurault  de  Cheverny,  lequel  fut  baptisé  le  23 
décembre  1566  à  Maillé  (Note,  du  Chesne,  Histoire^  614). 

2758.  —  1565,  v.  s.,  janvier.  —  Lettre  écrite  par  Charlotte 
de  Laval  à  Renée  de  France,  duchesse  de  Ferrare  (Imprimé, 
Delaborde,  Coligny,  II,  404,  d'après  B.  ^.y/rançaisy  3211,63). 

2759.  —  1566,  14  février.  —  Lettre  écrite  par  Charlotte  de 
Laval  à  Renée,  duchesse  de  Ferrare(B.N.,Béthune,  8720,63). 

2760.  —  1566,  V.  s.,  9  avril.  —  Arrêt  au  profit  de  René 
de  Rohan  contre  Louis  de  Laval,  au  sujet  d'un  partage  (Note 
de  Chopin,  Du  Domaine,  II,  142). 

2761.  —  1566,  21  mai.  —  Quittance  de  d'Andelot  (original 
signé  et  scellé,  B.  N.,  français,  27298,  60). 

2762.-  1566,  6  août.—  Guy  XVIII  présente  pour  la 
chapelle  des  Rivettes  Jean  Haurez  à  la  place  de  Nicolle 
Joubert,  qui  Tavait  résignée  (Bibl.  d'Angers,  n®  710). 

2763.  —  1566,  22  septembre,  Châtillon.  —  Lettre  écrite 
par  Charlotte  de  Laval  à  Madame  de  Soubise,  lors  de  la 
mort  de  son  mari  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme,  II, 
551,  et  Delaborde,  Coligny,  II,  425). 

2764.  —  1566,  v.  s.,  15  janvier.  —  Date  où  fut  promulgué 
au  Mans  l'édit  de  Paris  de  janvier  1563,  v  s.,  prescrivant 
de  commencer  désormais  l'année  au  premier  janvier.  En 
conséquence  le  chapitre  delà  Cathédrale  date  du  15  janvier 
1567  sa  délibération  de  ce  jour  (Extrait  de  l'un  des  registres 
du  Chapitre,  donné  par  M.  l'abbé  Ledru  dans  la  Province  du 
Maine,  VL  298;. 

Mutntio  computationis  anni.  —  Hac  die  mercurii  sub- 
scripta,  fuit  in  Palatio  Regio  Cenomanensi  promulgatum 
edictum  regium  quo  canetur  quod  amodo  perpetuis  futuris 
temporibus  mutatio  seu  computatio  anni  fiet  prima  die 
januarii. 

Die  mercurii,  décima  quinta  mensiis  januarii,  anno  Domini 
MDLXVII,  juxta edictum  regium  computando,  scolasticus.... 

2765-  —  1567,  18  février.  —  Pancarte  concernant  les 
statuts  et  ordonnances  de  la  prévosté  de  Laval  (Godbert, 
Documents,  p.  179-190). 


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—  246  - 

2766.  —  1567,  20  mai.  —  Lettres  par  lesquelles  Guy  XVIII 
présente  pour  la  chapelle  des  Rivettes  Jacques  Eveilla rd  à 
la  place  de  Jean  Haures  (Bibl.  d'Angers,  n**  710). 

2767.  —  1567,  17  août,  Laval  —  Procuration  réciproque, 
avec  pouvoir  de  se  substituer  un  ou  plusieurs  procureurs 
pour  l'administration  des  terres  de  Laval  et  de  Rieux,  passée 
par  Julien  Duboys,  seigneur  de  Mayrieuf,  et  Gilles  Raton, 
seigneur  de  la  Ville-Auffray,  séquestres  et  commissaires  au 
gouvernement  des  dites  terres,  suivant  arrêt  du  parlement 
de  Paris  du  31  janvier  1567  (Arch.  de  la  Mayenne,  E.  183, 
indiqué  par  M.  Laurain). 

2768.  —  1567,  24  novembre.  —  Quittance  délivrée  par 
Jean  de  Laval-Loué  (original  signé  et  scellé,  B.  N.^  français^ 
28153,  185). 

2769.  —  1567,  25  novembre,  Paris.  —  Mandement  par 
lequel  Charles  IX  donne  à  Lancelot  de  Brée,  sieur  du 
Fouilloux,  la  mission  de  commander  au  comté  de  Laval  en 
Tabsence  del'évêque  du  Mans  (Imprimé^  Documents  Godberty 

197). 

2770.  —  1567,  9  décembre,  la  Neuville.  —  Montre  des 
gens  de  guerre  de  Louis  de  Sainte-Maure,  marquis  de  Nesle, 
comte  de  Joigny  (Copie.  B.  N.,  français^  21539,  527). 

2771.  —  1567,  13  décembre,  Laval.  —  Épitaphe  de 
Guyonne  de  Rieux  (Imprimé,  la  Beauluère,  Communautés  et 
Chapitres^  24). 

Cy  gist  le  corps  de  très  illustre  et  excellente  Guyonne, 
comtesse  de  Laval,  auparavant  nommée  Renée  de  Rieux, 
femme  de  très  hault  et  très  puissant  seigneur  messire  Louis 
de  Sainte- Maure,  marquis  de  Neelle,  chevalier  de  Tordre  du 
Roy,  et  fille  de  feu  très  illustre  et  excellent  seigneur  messire 
Claude,  sire  de  Rieux,  comte  d'Harcourt,  et  de  excellente 
[dame]  Catherine  de  Laval,  laquelle  décéda  au  château  de 
Laval  le  xiii*  jour  de  décembre!  an  MDLXVIl,  en  Tannée  des 
troubles  de  France  pour  la  religion  réformée. 

Cte   BERTRAND   PB   BrOUSSILLON. 

(A  suwre). 


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PROCÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  22  MAI  1901 


La  séance  s^ouvre  à  deux  heures,  sous  la  présidence 
de  M.  Emile  Moreau,  président. 

Sont  présents  :  M.  Moreau,  président;  MM.  Paul  de 
Farcy  et  Trévédy,  vice-présidents;  MM.  Durget,  Lau- 
rain,  Raulin,  membres  titulaires  ;  d'Angleville.  Goupil, 
Thuau,  Turquet,  membres  correspondants. 

Se  font  excuser  :  MM.  d'Achon,  abbé  Angot,  Dubel 
et  pichard. 

Le  procès -verbal   de   la  précédente  séance   est  lu  et 

adopté. 

« 

M.  l'abbé  Desvignes,  curé-doyen  de  la  Suze  (Sdrthe), 
présenté  par  M.  Tabbé  Angot  et  M.  Laurain,  est  reçu 
comme  membre  correspondant. 

M.  Goupil 'annonce  que  le  P.  Pottier  s'est  entendu 
avec  M.  Triger,  président  de  la  Société  historique  du 
Maine,  pour  la  reproduction  des  pointures  murales  de 
Téglise  de  Saint» Martin  deConnée,  que  la  Commission 
a  pu  admirer  dans  sa  précédente  séance. 

M.  Laurain  communique  une  lettre  dans  laquelle  M.  de 
Malherbe  exprime  son  regret  qu'il  n'ait  pas  été  pris  de 
photographie  des  peintures  murales,  découvertes  dans  un 
bâtiment  en   reconstruction  de  son  ch&teau.  T^es  frag- 


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-  248  - 

ments  de  ces  peintures,  qui  représentaient  un  chemin 
de  croix,  étaient  au  reste  peu  importants.  M.  de  Mal- 
herbe offre  à  la  Commission,  qui  les  accepte  avec  grati- 
tude, des  photographies  du  château  de  Foulletorte  et  des 
environs. 

M.  Laurain  donne  lecture  d'une  lettre  dans  laquelle 
M.  Tabbé  Angot  demande  à  la  Commission  d'allouer  une 
subvention  pour  permettre  à  M.  Tirard,  d'Ernée,  de 
continuer,  s'il  est  possible,  des  fouilles  jadis  commen- 
cées à  la  Boissière  d'Ernée  et  à  la  Boissière  de  Vautorte, 
où  Ton  avait  trouvé  en  assez  grand  nombre  des  objets 
gallo-romains  ou  mérovingiens. 

La  Commission  vote  une  subvention  de  50  francs. 
Cette  somme  pourra  être  augmentée,  si  les  résultats 
répondent  aux  espérances  et  s'il  est  nécessaire  de  pousser 
plus  à  fond  les  recherches. 

M.  de  Farcy  demande  quelle  suite  a  été  donnée  aux 
fouilles  du  champ  de  la  Pélivière  (Bouère),  pour  les- 
quelles la  Commission  avait  voté,  au  mois  de  septem- 
bre dernier,  une  somme  de  cent  francs.  Ces  fouilles  n'ont 
pas  encore  été  commencées  et  M.  de  Farcy  veut  bien  se 
charger  de  voir  ce  qu'il  est  possible  de  faire  actuelle- 
ment et  de  diriger  les  travaux  à  l'occasion. 

M.  de  Farcy  parle  d'un  plan  de  Mayenne  et  des 
environs  de  cette  ville, qu'il  a  rencontré  au  cours  de  ses 
travaux.  Ce  plan  indique  les  moindres  fermes  ;  il  est  an- 
térieur à  la  Révolution  et  il  serait  peut-être  utile  d'en 
avoir  une  reproduction  ;  il  sera  coiiimuniqué  à  ceux  des 
membres  de  la  Commission  qui  habitent  Mayenne,  pour 
avoir  des  éclaircissements  sur  la  valeur  exacte  de  ce 
document. 

M.  Raulin  appelle  à  nouveau  l'attention  de  la  com- 
mission sur  le  camp  de  Jublains.  Il  n'attaque  pas,  comme 
l'auteur  d'un  article  lu   par    M.    Laurain  à  la  dernière 


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—  249  — 

séance,  le  procédé  de  restauration  actuelle,  mais  il  de 
mande  qu'on  prenne  au  plus  tôt  une  mesure  qui  aurait 
dû  être  prise  depuis  longtemps.  Lorsque  la  Commission 
s'émut,  pour  la  première  fois,  il  y  a  trois  ans,  de  l'état 
du  camp,  on  reconnut  que  le  mal  était  causé  en  grande 
partie  par  les  frondaisons  qui  avaient  poussé  dans  les 
murailles  ;  on  aurait  dû  commencer  par  arracher  ces 
arbustes  ;  on  ne  Ta  pas  fait  et  ces  arbustes,  devenus 
aujourd'hui  de  véritables  arbres,  font  éclater  de  plus 
en  plus  les  parements  des  murs  ;  il  est  grand  temps 
d'agir  d'une  façon  efficace. 

M.  d'Angleville  entretient  la  Commission  des  travaux 
que  l'on  est  sur  le  point  d'entreprendre  à  l'église  d'Évron. 
Le  clocher  qui  tombe  en  ruine  sera  enfin  démoli.  Les 
verrières,  où  plusieurs  vitraux  ont  été  brisés  par  des 
orages,  vont  être  restaurées  sur  l'initiative  du  ministère 
des  Beaux-Arts. 

M.  Thuau  fait  part  à  la  Commission  de  la  résolution 
prise  par  la  Chambre  des  notaires  de  l'arrondissement 
de  Laval  de  déposer  ses  minutes  aux  archives  départe- 
mentales. La  loi  du  25  ventôse  an  XI,  dit-il,  établissait 
une  chambre  de  discipline  pour  les  notaires  de  chaque 
arrondissement.  Ceux  de  Laval  se  réunirent  le  29  ventôse 
an  XII,  dans  la  salle  d'audience  du  tribunal  criminel, 
sous  la  présidence  de  leur  doyen  d'âge,  Jean-(îervais 
Cosson,  et  constituèrent  leur  bureau.  A  cette  date,  chaque 
étude  possédait  encore  les  minutes  qui  lui  revenaient, 
sauf  certains  protocoles  restés  aux  mains  d'anciens  no- 
taires ou  dans  leurs  familles. 

En  1813,  les  séances  se  tenaient  dans  un  local  parti- 
culier où  l'on  avait  déposé  98  protocoles  plus  ou  moins 
complets,  dont  l'un  au  moins,  celui  de  Pierre  Barbin, 
notaire  à  Laval,  est  disparu  depuis.  Par  la  suite,  à  ce 
premier  fonds,  on  a  réuni  en  plusieurs  fois,  56  autres 
protocoles,  qui  ont  subi  un  commencement  de  olasse- 


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—  250  — 

ment  de  la  part  de    Charles-Marie    Maignan,    Térudit 
lavallois  bien  connu.  A  cette  date,   la  Chambre  des  no- 
taires n'occupait  plus  Timmeuble  qu'elle    avait  loué  à 
M.  Granger-Bruneau.    Les  notaires   avaient  songé,  en 
effet,  dès  1820  à  s'installer  dans  les  combles  du  palais 
de  justice,  mais  ce  fut   seulement  après   1832,  lorsque 
Ton  construisit  le  logement  du  président  des  assises, 
qu'ils  obtinrent  au-dessus  des  locaux  du  tribunal    de 
commerce,  le  logement  qu'ils  occupèrent  avant  d'aller, 
ces  derniers  temps,   s'installer  plus  commodément  sur 
le  quai  Sadi-Carnot. 

Lors  de  son  déménagement,  la  Chambre  des  notaires  a 
eu  à  examiner  la  question  du  transfert  de  ses  minutes 
anciennes.  Prenant  en  considération  ce  qui  avait  été  fait 
en  d'autres  départements,  à  Lille,  à  Limoges,  à  Mâcon, 
à  Toulouse,  elle  a  pensé,  tout  en  conservant  le  droit  Je 
propriété  de  ces  minutes,  qu'il  y  avait  intérêt  à  les  dé- 
poser aux  archives  départementales  :  le  classement  en 
serait  effectué  avec  plus  de  rigueur  et  les  recherches 
historiques  en  seraient  singulièrement  facilitées.  11  reste 
à  passer  le  traité  entre  la  Chambre  et  le  département. 
Ce  n'est  plus  là  maintenant  qu'une  formalité  à  remplir. 

M.  Laurain  donne  lecture  des  principaux  passages 
d'un  article  écrit  par  M.  Jean  Morvan  dans  la  Revue  de 
Paris  sur  les  Chouans  et  les  Bleus.  A  ce  propos 
M.  Moreau  raconte  plusieurs  faits  curieux  de  la  Chouan- 
nerie de  1795  et  de  celle  de  1832. 

M.  Moreau  donne  communication  de  la  demande  for- 
mulée par  M.  Hay,  instituteur-adjoint  à  Laval,  auteur 
d'une  carte  murale  et  d'une  géographie  historique  du 
département,  qui  désirerait  se  servir,  pour  un  ouvrage 
qu'il  prépare,  de  quelques-uns  des  clichés  qui  ont  servi 
au  Bulletin. 

L'autorisation  est  donnée. 

La  séance  est  levée  à  quatre  heures  un  quart. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Mémoires  du  général  dAndigné,  publiés  avec  intro- 
duction et  notes  par  Ed,  Biré,  Pans,  Pion  et  Nourrit,  1900, 
2  vol.  in-8^  461  et  434p. 

a  Taille  1  "  70,  cheveux  blonds,  sourcils  blond  foncé, 
front  haut  et  découvert,  nez  long,  gros  et  aquilin,  yeux  gris- 
bleu,  bouche  moyenne,  lèvre  inférieure  épaisse,  menton  rond, 
visage  ovale,  plein  et  coloré  ;  très  flejgmatique,  »  écrivait  en 
1802,  du  général  d'Andigné,  un  policier  qui  n'était  point  un 
sot,  et  telle  chef  chouan  nous  apparaît  encore,  malgré  Tem- 
pâtement  de  l'âge,  dans  le  portrait  qui  se  trouve  au  seuil  de 
ses  Mémoires,  Quant  au  trait  dominant  de  son  caractère  :  le 
sang-froid  imperturbable  joint  à  l'audace,  on  a  tôt  fait  de  le 
découvrir  dans  ces  pages  écrites  simplement  par  un  homme 
qui  raconte  ce  dont  il  se  souvient  sans  vouloir  poser  généra- 
lement, et  dont  la  bonne  foi  est  évidente. 

Malheureusement,  ces  Mémoires  ont  été  composés  à  des  épo  • 
ques  diverses,  dont  quelques-unes  furent  assez  éloignées  des 
événements.  Le  récit  de  l'entrevue  du  général  avec  Bonaparte, 
du  27  décembre  1799,  est  écrit  en  1803,  ainsi  que  celui  de  son 
évasion  du  fort  de  Joux.  L'année  suivante,  en  Allemagne,  il 
rapporte  son  évasion  de  la  citadelle  de  Besançon.  Après 
1815,  il  fait  l'histoire  de  sa  campagne  sur  les  rapports  qu'il 
demande  à  ses  chefs  de  division  et  cela  l'entraîne  à  conter  la 
Chouannerie  toutentière.  Ici  ses  souvenirs  ne  sont  plus  d'hier. 
Si  les  faits  gardent  leur  succession  réelle,  les  dates  font  sou- 
vent défaut  pour  en  préciser  l'importance  et  marquer  leurs 
relations  et  il  y  a  parfois  des  erreurs  dans  le  détail  du  récit. 

Admettons  cependant  que  d'Andigné  ait  gardé  la  vision 
nette  des  choses  auxquelles  il  prit  une  part  si  active  et  que 
sa  mémoire  ne  leur  ait  pas  fait  subir  la  déformation  qui  s'o- 

Ï)ère  fatalement  à  l'égard  du  passé  et  étudions  avec  son  aide 
e  rôle  de  la  chouannerie  dans  la  Mayenne.  Cette  guerre  est 
encore  peu  connue.  Les  mémoires  sur  la  Révolution  sont  assez 
rares  :  personne  n'eut  le  temps  d'écrire  alors,  et  plus  tard, 
chacun  sembla  s'efforcera  oublier.  En  outre,  à  peu  d'excep- 
tions près,  ceux  qui  ont  fait  la  guerre  desChouans,  furent  pour 
la  plupart  des  paysans  qui,  s'ils  savaient  se  servir  d'un  fusil, 
se  trouvaient  empêchés  à  manier  la  plume.  Quant  aux  his- 
toriens, ils  se  sont  attachés  surtout  à  la  Vendée  et  la  plupart 
de  ceux  qui  se  sont  essayés  à  tirer  la  Chouannerie  de  Fombre 
l'ont  fait,  sauf  M.  de  la  Sicotière,  avec  une  ignorance  com- 
plète des  règles  de  l'histoire  ;  ils  n'ont  guère  qu'une  valeur 
médiocre  quand  ils  valent  quelque  chose. 


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-  252  - 

Par  malheur,  d'Andignéqui  avait  d*abord  émiçré,  n'eut  de 
contact  avec  les  Chouans  qu'après  le  traité  de  la  Mabilais  ; 
les  renseignements  qu'il  nous  donne  sur  les  origines  du  mou- 
vement insurrectionnel  sont  très  vagues  et  par  suite  de  leur 
généralité  même  contiennent  une  part  d'erreurs  au  milieu  de 
vérités  évidentes.  Il  semble  croire  que  le  passage  des  Vendéens 
sur  la  rive  droite  de  la  Loire  ait  occasionné  dans  l'Anjou, 
dans  le  Maine  et  dans  la  Bretagne,  la  Chouannerie  quand  il 
servit  seulement  à  l'y  développer  et  à  fournir  aux  armées  roya- 
listes réfjulières,  15.000  jeunes  gens  environ,  insoumis  à  la 
conscription,  qui  n'étaient  pas,  comme  les  Vendéens,  retenus 
par  les  soins  à  donner  à  leurs  femmes  et  à  leurs  enfants,   et 
qui  n'eurent  pas  non  plus,  vivant  sur   leur  pays,   à  souffrir 
autant  de  l'épidémie  que  la  malpropreté  et  le  changement  de 
nourriture  firent  tomber  sur  les  premiers.  Ceux-ci,  poursuivis 
sans  relâche  après  l'affaire  de  Savenay  par  les  agents    des 
districts  et  des  municipalités,  «  sentirent  bientôt  qu'ils  ne 
devaient    chercher    leur    salut    que    dans    leur    courage. 
Jusqu'alors  ils  avaient  vécu  isolés  ;  la  nuit  favorisa  leurs 
communications.  Peu  à  peu,  ils   se    réunirent    en    petites 
bandes,  qu'ils   grossirent  de  réquisitionnaires   appelés  aux 
frontières.   L'armée  républicaine   exigeait    un  recrutement 
continuel  ;  la  jeunesse  entière,  de  dix-huit  à  vingt-cinq  ans, 
y  était  soumise.  Mais  cette  armée  était  l'antre  du  lion  :  on  ne 
voyait  personne  en  revenir.  Faire  entrevoir  à  ces  hommes 
q^ui  n'avaient  à  choisir  qu'entre  la  misère  et  la  mort,  la  pos- 
sibilité d'échapper  à  leur  sort  cruel  en  se  défendant  près  de 
leurs  foyers,  était  un  moyen  de  les  attirer  à  soi.  Tous  se  joi- 
gnirent à  ces  bandes  qui  furent  bientôt  assez  fortes  pour  con- 
traindre les  républicains  à  ne  quitter  leurs  cantonnements 
qu'avdC  de  fortes  colonnes.  »  Tout  cela  est  un  peu  faux. 

Cette  formation  de  bandes  indigènes  amena  naturellement 
les  Chouans  à  choisir  pour  chefs  «  les  hommes  les  plus  estimés 
de  leur  canton  ou  ceux  qui  s'étaient  fait  le  plus  remarquer 
parleur  bravoure.  »  Indépendants  les  uns  des  autres  à  l'ori- 
gine, mais  voyant  le  nomore  de  leurs  soldats  augmenter  de 
jour  en  jour  et  leurs  communications  devenir  plus  fréquentes, 
animés  du  meilleur  esprit  (c*est  encore  d'Andigné  qui  par- 
le), et  reconnaissant  la  nécessité  de  l'unité  dans  le  comman- 
dement, ces  chefs  partiels  élirent  d'un  commun  accord 
des  généraux  entre  les  mains  desquels  ils  déposèrent  le 
pouvoir  qu'ils  tenaient  de  leurs  hommes.  Les  limites  des 
commandements  furent  fixés  d'après  les  limites  des  provin- 
ces. Ces  chefs  étaient  Frotté,  le  comte  de  Puisaye,  M.  de 
Scépeaux,  Boishardy  et  Cormatin. 

Scépeaux  commanda  le  pays  entre  la  Vilaine,  la  Sarthe 
et  la  Loire.  Il  était  trop  jeune  et  sans  connaissance  acquise  ; 
il  ne  sut  rien  faire  sur  un  terrain  très  favorable  à  la  petite 
guerre  et  avec  des  hommes  généralement  bien  équipés.  Per- 


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—  253  — 

sonnellement  il  était  brave  et  pouvait  être  un  excellent  soldat, 
mais  il  n'avait  fait  la  çuerre  qu'en  Vendée  et  manquait  d'offi- 
ciers expérimentés.  D  ailleurs,  dans  la  crainte  qu'on  essayât 
de  le  diriger,  il  évitait  de  suivre  tout  conseil  et  se  pnvait 
par  là  des  ressources  qu'il  aurait  pu  trouver  chez  ses 
subordonnés.  Souvent  il  courait  après  des  colonnes  ennemies 
et  ne  les  attrappait  point,  parce  qu'il  n'avait  pas  su  combiner 
les  mouvements  des  corps  qu'il  commandait  ;  chacune  de  ses 
légions  se  trouvait  ainsi  agir  indépendamment  des  autres. a  II 
réunissait  sans  cesse  les  officiers  généraux  et  les  chefs  de 
légions,  les  faisait  venir  de  dix  lieues  pour  un  conseil  où  il 
n'y  avait  jamais  rien  de  conclu,  et  les  journées  se  perdaient 
fort  inutilement...  »  Ses  mouvements  n'eurent  pas  d'ensem- 
ble et  malgré  des  actions  très  brillantes,  ses  forces,  ouvertes 
de  tous  côtés  pour  quelques-unes,  pendant  que  d'autres  res- 
taient inactives,  furent  écrasées  en  détail  et  la  paix  se  fit  pour 
lui  avec  une  clause»  humiliante  ». 

Puisaye,  qui  était  du  Maine  et  qui  avait  figuré  d'une  ma- 
nière assez  médiocre  dans  le  mouvement  fédéraliste,  com- 
manda les  Côtes-du-Nord,  le  Morbihan  et  Tille  et- Vilaine. 
Il  n'était  pas  militaire  et  il  en  convenait  ;  on  doutait  môme 
qu'il  fût  un  homme  de  cœur,  malgré  la  témérité  qu'il  avait 
montrée  en  quelques  occasions  ;  mais  c'était  un  homme  d'es- 
prit, capable  de  concevoir  un  grand  plan  et  de  le  mettre  en 
action,  sachant  ce  qu'il  voulait  et  le  voulant  bien.  Il  ne  fut 
pas  maître  d'agir;  d'Hervilly,  qui  connaissait  la  théorie  du 
métier,  mais  ne  savait  rien  des  hommes,  gâta  tout  par  son 
indépendance  et  laissa  aux  troupes  républicaines  le  temps 
de  se  ressaisir  ;  l'occasion  favorable  ne  revint  plus. 

Excellent  officier  également,  brave,  vigoureux,  Boishardy 
n'était  pas  un  chef  de  parti  capable  de  faire  naître  cette  occa- 
sion favorable  ;  il  manquait  ae  la  décision  si  nécessaire  avec 
des  troupes  irrégulières.  Cicéron  comptait  les  femmes  au 
nombre  aes  impedimenta  qui  encombrent  la  vie  d'un  homme. 
Boishardy  aurait  dû  avoir  cette  opinion  ;  l'amour  l'engour- 
dissait. Hoche  avait  voulu  l'attirer  ;  son  irrésolution  le  fit  dis- 
paraître dans  une  surprise,  trahi  par  un  Chouan  ou  par  un 
espion. 

Le  mieux  doué  peut-être  de  tous  les  officiers  supérieurs  de 
la  Chouannerie,  fut  celui  que  l'on  regarde  encore  comme  un 
aventurier  sans  scrupules  :  Pierre-Marie-Félicité  Dezoteux, 
plus  connu  sous  le  nom  de  Cor  mat  in.  Né  à  Paris,  le  23  no- 
vembre 1753,  d'un  commissaire  des  guerres  qui  fut  pensionné 
du  roi  et  secrétaire  des  commandements  du  maréchal  d'Es- 
trées,  passionné  pour  la  diplomatie,  il  s'était  distingué  en 
Amérique  par  son  courage,  son  zèle  et  son  intelligence.  Lieu- 
tenant-colonel de  la  garde  de  Louis XVI,  émigré  à  la  suite  du 
10  août,  et  rentré  en  r  rance  à  la  fin  de  septembre  1794,  avec 
des  talents  acc[ui&,  une  grande  activité  poussée  jusc^u'à  la 
pétulance,  mais  s'enveloppant  de  mystère,  il  ne  put  jamais 


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~  254  - 

obtenir  de  son  parti  qu'une  confiance  médiocre.  Cormatin  était 
parisien,  et  de  la  défiance  de  l'étranger  on  fait  une  qualité 
dans  le  Maine  et  dans  la  Bretagne.  Il  aurait  eu  besoin  de  s'y 
créer  une  réputation,  et  dès  son  début  il  lui  fallut  négocier. 

De  Frotté,  les  Mémoires  de  d'Andigné  ne  parlent  guère  ; 
on  le  connaît  du  reste  par  le  livre  de  M.  de  la  Sicotière, 
mais  il  n'est  pas  inutile  de  signaler  ici  en  passant  la  profession 
de  foi  adressée  par  lui  à  son  ami  Lamberville  que  vient  de 
publier  M.  Albert  Savine  *.  C'est  une  apologie  du  suicide.  La 
situation  de  la  France,  la  médiocrité  de  sa  fortune,  qui  ne 
lui  permettait  pas  de  satisfaire  ses  goûts  de  dépense  et  sa 
passion  du  jeu,  des  difficultés  avec  son  père  ne  laissaient  à 
Frotté  voir  que  dans  la  mort  des  moyens  d'échapper  aux  pei- 
nes de  l'existence.  Il  différa  l'exécution  de  son  proiet  parce 
qu'il  désirait  atteindre  sa  majorité  et  que,  né  chevalier  fran- 
çais, il  voulait  en  remplir  les  devoirs  ;  il  prévoyait  pouvoir 
être  utile  encore  au  roi  et  à  ses  amîs. 

Ceux  qui  l'aidèrent  dans  son  œuvre,  nous  venons  de  les 
voir,  courageux,  mais  n'ayant  en  somme  pas  toutes  les  quali- 
tés qu'exigeait  le  rôle  ingrat  auquel  les  circonstances  les 
appelèrent.  Leurs  adversaires  ne  furent  pas  mieux  doués  ; 
presque  tous  sans  aptitude  aucune,  tremblant  devant  les  repré- 
sentants jaloux,  n  ayant  pas  dans  la  main  leurs  troupes 
indisciplinées,  ignorants  du  pays  où  il  ne  faisaient  qu'appa- 
raître, ils  ne  se  montrent  que  trois  intéressants  :  Humbert, 
Hoche,  Hédouville. 

Le  premier  était  un  assez  bon  diable,  empruntant  aux  offi- 
ciers royalistes  de  l'argent  qu'il  oubliait  de  leur  rendre,  ca- 
pable de  «  devenir  honnête  homme  s'il  était  resté  en  bonne 
compagnie  ».  Le  légendaire  marchand  de  peaux  de  lapin 
sur  qui  d'Andigné  décoche  ainsi  en  passant  un  trait  peut- 
être  immérité,  n'en  fut  pas  moins  employé  avec  succès  en 
Vendée  et  fut,  jusqu'à  l'exil,  fidèle  aux  principes  républicains 
aue  Hoche  hésita  à  servir  toujours.  Le  général  en  chef  de 
1  armée  de  Brest  unissait  la  bravoure  à  l'intelligence  et  o  joi- 
gnant à  beaucoup  de  moyens  un  grand  fonds  d'orgueil,  »  il 
n'aurait  point  cru  au-dessus  de  ses  forces  la  restauration  de  la 
monarchie  française.  Le  portrait  (}ue  d'Andigné  trace  de  lui 
est  incomplet,  mais  les  quelques  lignes  esquissées  sont  justes 
et  laissent  deviner  l'ambitieux  sans  scrupules,  le  névrosé  ma- 
ladif usé  de  bonne  heure. 

D'Hédouville,  peu  de  chose,  sinon  qu'il  traita  les  chouans 
avec  douceur  toujours  et  que,  après  avoir  favorisé  la  pacifica- 
tion définitive,  il  dut  servir  en  sous-ordre  comme  simple  chef 
d'état-major  dans  cette  armée  de  l'Ouest  qu'il  avait  eu  l'hon- 
neur de  commander  en  chef.  A  ce  moment,  la  tactique  des 
troupes  républicaines  avait  complètement  changé  et  le  succès 

1.  Nouvelle  Revue  rétrospective,  10  octobre  1900. 


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avait  été  causé  en  grande  partie  par  cette  modification  im- 
portante de  leur  marche. 

Au  début  de  la  guerre,  et  lors  de  l'entrevue  de  la  Prévalaye, 
l'armée  républicaine  était  dans  la  détresse  la  plus  affreuse  : 
soldats  et  officiers  étaient  mal  payés,  mal  nourris,  mal  vêtus, 
sollicités  par  l'abondance  dans  laquelle  vivaient  les  chouans  ; 
détestable  était  le  cadre  des  officiers  ;  incapables  pour 
la  plupart,  avec  la  hauteur  ou  la  dureté  de  laquais  parvenus, 
ils  n'avaient  aucune  autorité  sur  leurs  soldats  qui  cherchaient 
à  s'aboucher  avec  les  chouans,  leur  vendait  la  poudre  et  les 
cartouches  dont  ils  étaient  frappés  quelques  jours  plus  tard 
dans  une  embuscade.  L'autorité  civile,  en  outre,  exerçait  un 
tel  despotisme  sur  l'autorité  militaire  que  celle-ci  ne  pouvait 

5 rendre  une  mesure  sans  en  faire  part  aux  administrations  ; 
y  avait  toujours  des  fuites  ou  des  indiscrétions  et  les  projets 
de  l'armée  régulière,  connus  d'avance,  étaient  presque  tou- 
jours aussi  dénoncés. 

Pour  les  Chouans,  au  contraire.  Obligés  tout  d'abord  de  se 
réunir  en  bandes  afin  de  se  défendre  personnellement,  ils  choi- 
sirent pour  chefs  ceux  qui  s'imposaient  à  eux  par  leur  bravoure 
ou  par  leur  force.  Indépendants  à  l'origine,  puis  obligés  à  ce- 
la par  le  nombre  croissant  de  leurs  soldats,  s'apercevant  aue 
leur  multiplicité  nuisait  à  leurs  opérations,  ils  élirent  aes 
généraux  qui  ne  les  eurent  pas  toujours  dans  la  main,  quoi 
qu'en  dise  d'Andigné.  Leur  sûreté  demandait  que  l'insurrec- 
tion s  étendît.  Ils  travaillèrent  à  la  propager.  Les  mécon- 
tents étaient  nombreux.  «  Lorsqu'ils  étaient  parvenus  à  en 
réunir  quelques-uns,  les  émissaires  royalistes  avaient  pour 
tactique,  s'il  les  voyaient  indécis,  de  les  pousser  à  quelque 
démarche  hasardeuse  qui  les  compromettait  avec  le  gouver- 
nement, de  manière  qu'ils  ne  pussent  plus  reculer,  une  fois 
lancés,  ces  hommes  devenaient  les  plus  ardents  de  tous.  » 
Les  soldats  se  recrutaient  eux-mêmes,  sans  intervention 
aucune  des  chefs,  avec  des  déserteurs,  des  réquisitionnai- 
res,  des  gens  inutiles  à  la  culture,  employant  l'adresse  et  la 
persuasion  à  l'endroit  des  indifférents  ou  des  insouciants, 
et  la  terreur  «  contre  ceux  qui  se  montraient  ouvertement 
les  ennemis  de  la  cause  royale,  les  obligeants  à  se  soumettre 
aux  règlements  établis  par  les  royalistes,  ou  à  abandonner 
leurs  biens  pour  se  réfugier  dans  les  villes,  ôtant  par  des 
exemples  terribles  *  l'envie  de  nuire  à  ceux  qui  préféraient 
rester  dans  leurs  foyers.  » 

1.  Le  mot,  qui  est  de  d'Andigné,  est  à  retenir.  J'ai  cité  un  de 
ces  exemples  dans  mon  compte-rendu  de  l'ouvrage  de  M.  Rous- 
sel, de  l'Oratoire  :  Un  évéque  assermenté  (1790-Î802).  Le  Coz,  mais 
une  erreur  typographique  a  rendu  le  passage  incompréhensible. 
Il  y  est  dit  (Bulletin,  t.  XVII,  p.  126,  ligne32)qu'un  «  assermenté, 
à  la  tête  d'une  horde  de  tigres,  entra  dans  une  maison  où  étaient 
deux  femmes  »...  C'est  insermenté  qu'il  faut  lire. 


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-m- 

Chaque  chef  j^ouvernait  sa  bande  à  sa  guîse,  cherchant  à  la 
grossir  et  à  la  mire  vivre  de  la  façon  la  moins  onéreuse,  pour 
ménager  son  autorité  dans  le  canton  qu'il  commandait.  Lors- 
que par  leur  nombre,  les  insurgés  eurent  rendu  nécessaire 
une  organisation  militaire,  a  chaque  armée  fut  divisée  en 
divisions^  et  les  divisions  en  cantons^  chaque  chef  de  division 
ayant  sous  ses  ordres  plusieurs  chefs  de  cantons.  Ces  der- 
niers commandaient  plusieurs  compagnies  dont  les  capitaines 
dirigeaient  une  ou plusieurs/>a/o/55e5, suivant  leur  étendue.! 

Ces  troupes  tiraient  leur  subsistance  des  biens  nationaux, 
des  dîmes  ecclésiastiques  non  curiales  (les  desservants  des 
paroisses  percevant  pour  la  plu  pailles  dîmes  des  curés),  des 
contributions  levées  sur  les  patriotes  et  même  sur  le  pays. 
On  confia^  autant  qa'onle  put,  l'administration  de  ces  biens  à 
des  commissaires  particuliers  qui  rendaient  compte  de  leurs 
opérations  au  commissaire  général  de  chaque  armée.  Les 
hommes  étaient  ainsi  plus  dépendants  de  leurs  chefs,  mais 
ces  derniers  ne  purent  pas  tous  établir  un  système  aussi  régu- 
lier. M.  de  Scépeaux  en  particulier  fut  élevé  au  commande- 
ment que  le  pays  se  battait  déjà  depuis  longtemps.  Les  chefs 
de  divisions  qui  Tavaient  choisi,  sortaient  presque  tous  du 
peuple,  ainsi  que  les  chefs  de  cantons etles  capitaines;  jaloux 
du  pouvoir,  ne  souffrant  pas  d'être  dépouillés  de  ce  qu'ils 
regardaient  comme  leurs  aroits,  ils  s'emparèrent  de  Fadmi- 
nistration  des  revenus  que  les  capitaines  leur  disputèrent, 

u' ils  leur  prirent  bientôt.  Us  en  rendaient  compte  aux  soldats 

Q  chaque  compagnie  ;  ceux-ci  se  les  partageaient  ;  il  ne 
restait  plus  rien  pour  les  dépenses  communes,  qui  se  sol- 
daient par  une  sorte  d'imposition  levée  sur  chaque  soldat. 
a  L'habitudedejouir  les  rendait  plus  avides  de  jour  en  jour,  t 
et  cette  façon  de  comprendre  la  guerre  entraîna  des  abus 
considérables  que  le  plus  grand  nombre  était  intéressé  à 
voir  se  perpétuer.  Les  Chouans  regardèrent  bientôt  les 
biens  du  clergé  régulier  et  ceux  des  émigrés  comme  une 
propriété  acquise  et  lorsque  les  émigrés  rentrèrent,  on  les 
considéra  un  peu  comme  des  intrus  ou  des  voleurs  et  on  les 
accueillit  médiocrement. 

Les  Chouans  menaient  d'ailleurs  une  vie  très  laborieuse.  En 
marche  avant  le  jour,  cachés  dans  un  champ  de  genêts  ou  dans 
des  lieux  couverts,  ils  se  faisaient  éclairer  par  des  gens  non 
armés  qui  avaient  leur  secret  ;  on  boulangeait  pour  eux  dans 
une  ferme,  dans  une  autre  on  tuait  et  on  cuisait  un  bœuf;  ils 
s'y  rendaient  sur  le  soir  pour  y  prendre  leur  repas  et  en  repar- 
taient vers  d'autres  fermes  où  ils  n'étaient  pas  attendus,  d'où 
ils  ne  laissaient  sortir  personne  ;  ils  y  passaient  la  nuit,  les 
soldats  dans  les  greniers,  dans  les  étables  ;  les  officiers  sur  la 
paille,  devant  une  cheminée,  les  pieds  au  feu,  la  tête  sur  des 
chaises  renversées,  prêts  tous  à  la  moindre  alerte.  Avec  cela, 
peu  solides,  quand  ils  n'étaient  pas  maîtres  entièrement  de 
choisir  leur  position,  comme  dans  ce  combat  près  d* Angers 


a: 


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—  257  — 

-où  40  républicains  culbutèrent  en  une  minute  1.000  Chouans 
dont  un  seul  fut  blessé  a  en  fuyant,  d'une  balle  dans  la  fesse  ». 
Il  n'entrait  pas  au  reste  dans  leur  ^oût  de  combattre  ainsi  en 
nombre.  La  tactique  prise  par  Boishardy  et  qui  leur  plaisait 
mieux,  fit  beaucoup  de  mal  aux  républicains,  a  11  fait  parcourir 
les  campagnes,  écrivait  le  général  Charlery,  le  30  novembre 
1794,  par  des  détachements  de  25  à  30  hommes,  qui  harcèlent 
nos  postes  et  attaquent  nos  convois  de  la  manière  la  plus 
fatale.  Il  est  devenu  impossible  de  tenir  contre  un  ennemi 
qui  tombe  sur  vous  comme  la  grêle,  disparaît  avec  la  rapidité 
ce  la  foudre  et  se  range  en  bataille  où  et  quand  il  lui  plaît.  » 
Les  Chouans  agirent  de  même  partout  ;  les  convois  des 
républicains,  toujours  attaqués,  souvent  enlevés,  ne  s'ache- 
taient qu'au  prix  du  sang.  «  Dans  ces  escarmouches  renou- 
velées cnaque  jour  en  cent  endroits,  sur  une  surface  immense, 
les  républicains  étaient  obligés  de  lutter  avec  une  position 
toujours  désavantageuse,  puisqu'elle  était  choisie  par  leurs 
ennemis.  Il  leur  fallait  combattre  à  découvert  des  hommes 
embusqués,  dont  ils  ignoraient  le  nombre  et  qu'ils  n'osaient 
ni  ne  pouvaient  poursuivre.  Les  Chouans  avaient  nécessaire- 
ment tout  l'avantage  dans  ces  combats,  d'autant  qu'ils  tiraient 
généralement  mieux  aue  leurs  ennemis  et  prenaient  plus  de 
soin  de  leurs  armes.  Placés  derrière  des  haies  ou  des  arbres, 
ils  choisissaient  ceux  qu'il  leur  convenait  de  frapper;  les 
républicains  au  contraire  ne  pouvaient  les  apercevoir  et 
n'osaient  s'écarter  de  leurs  convois  lentement  tirés  par  des 
bœufs,  seuls  animaux  employés  dans  ces  contrées  pour  le 
trait.  Ils  recevaient  ainsi  tous  les  coups  qu'on  leur  adressait, 
sans  qu'il  leur  fût  possible  de  s'y  soustraire...  Les  différents 
services  employaient  chaque  jour  la  presque  totalité  des 
troupes  et  les  tenaient  continuellement  sur  pied,  ne  leur 
laissant  même  plus  la  possibilité  de  parcourir  les  campagnes, 
et.  quoique  plus  nombreuses  que  les  bandes  des  Cnouans, 
elles  éprouvèrent  de  la  sorte  tous  les  inconvénients  d'une 
guerre  défensive.  »  Des  paroisses  s'organisèrent  pour  les 
appuyer  ;  des  compagnies  territoriales  furent  formées, 
auxquelles  le  gouvernement  fournit  des  armes  et  des  munitions 
-et  lorsqu'elles  élBieni  fédéraitséeSj  les  Chouans  qui  n'auraient 
pu  pénétrer  dans  ces  paroisses  qu'avec  des  forces  imposantes, 
préférèrent  les  laisser  en  repos  d'autant  qu'elles  se  oornaient 
à  se  défendre  sans  vouloir  attaquer  au  denors. 

Les  péripéties  de  la  guerre  et  les  nécessités  de  la  politique 
amenèrent  les  deux  partis  à  souhaiter  la  paix.  La  réaction 
thermidorienne  avait  amené  au  pouvoir  des  hommes  plus  mo- 
dérés ou  qui  crurent  devoir  affecter  plus  de  modération.  La 
Vendée,  incendiée  en  totalité,  ne  présentait  dans  un  rayon  de 
quarante  lieues  de  long  sur  vingt  lieues  de  large,  que  ruines 
et  décombres.  On  comncença  par  Charette,  avec  tant  de  con- 
descendance qu'on  permit,  tacitement,  aux  royalistes  de 
-conserver  la  cocarde  blanche,  et  l'on  continua  par  les  Chouans 


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-  258  — 

proprement  dits  ;  on  aboutit  aux  négociations  de  la  Prévalaye 
et  au  traité  de  la  Mabilais  ;  mais  la  confiance  ne  fut  pas  delà 
partie  ;  les  jacobins  des  villes  exercèrent  des  voies  de  fait  re- 

Srettables  ;les  espérances  s'affaiblirent,  les  inquiétudes  gran- 
irent  ;  ce  fut  bientôt  une  farce  politique  à  laquelle  personne 
ne  crut  plus,  et  si  quelques  représentants  du  peuple  songèrent 
peut-être  à  faire  saisir  à  la  fois  tous  les  chefs  royalistes,  plu- 
sieurs de  ceux-ci,  le  jour  même  de  la  signature,  proposèrent  à 
d'Andigné  de  le  mettre  à  la  tête  d'une  opposition  qui  eût  em- 

{)éché  la  paix  de  se  conclure.  Dans  certains  cantons,  malgré^ 
a  trêve,  les  hostilités  n'avaient  jamais  été  entièrement  inter- 
rompues. «  Chacun  se  réservait  S'éluder  le  traité,  même  de  le 
rompre  entièrement,  sitôt  qu'il  verrait  son  intérêt  à  l'éluder.  » 
Cormatin  lut  peut-être  le  seul  qui,  honnêtement,  chercha  à 
tenir  ce  qu'il  avait  promis,  et  à  le  faire  tenir.  Aux  environs  de* 
Laval  les  hostilités  n'avaient  jamais  été  complètement  inter- 
rompues, et  d'Andigné  consigne  dans  ses  Mémoires  la  con- 
versation qu'il  eut  avec  le  commandant  d'armes.  «  Je  voulus 
savoir  de  lui,  écrit-il,  si  les  chouans  des  environs  avaient  bien 
observé  le  traité  de  la  Mabilais.  Il  s'éleva  contre  eux,  là-dessus, 
en  reproches  amers  qui  ne  paraissaient  pas,  il  faut  en  con- 
venir, tout  à  fait  sans  fondements.  »  Les  autorités  civiles  met- 
taient en  liberté  les  chouans  qu'on  avait  pris  les  armes  à  la 
main  ;  les  soldats,  que  cette  conduite  étonnait  un  neu,  s'arran- 
gèrent pour  ne  plus  en  amener  devant  les  autorités  départemen- 
tales. Les  passions  n'étaient  donc  qu'à  peine  assoupies,  une  étin- 
celle les  ralluma  L'arrestation  de  Corn.atin  fut  cette  étincelle. 
Mais  Hoche,  d'abord  dérouté  par  cette  guerre,  s'était  renda 
compte  des  moj^ens  qui  devaient  maîtriser  lepays.  Le  gouver- 
nenient  lui  avait  au  reste  donné  les  pouvoirs  les  plus  étendus. 
Dirigeant  tout  par  lui-même,  n'ayant  plus  à  subir  le  con- 
trôle des  autorités  civiles,  toujours  jalouses,  se  servant  de 
colonnes  d'une  grande  mobilité,  avec  des  tirailleurs^ en  avant, 
des  flanqueurs  à  droite  et  à  gauche,  parcourant  sans  cesse  le 
pays,  occupant  les  principaux  passages,  coupant  les  commu- 
nications des  royalistes  qui  étaient  répandus  sur  une  surface 
immense,  il  écrasa  en  détail  leurs  différentes  armées,  couvrant 
un  canton  à  la  fois,  le  dévastant,  et  ne  passant  dans  un  autre 
que  lorsqu'il  avait  réduit  le  premier,  imposant  de  fortes 
amendes  sur  les  paroisses  qui  avaient  été  le  théâtre  d'un 
combat,  pour  la  sûreté  desquelles  on  enlevait  les  bestiaux  des 
cultivateurs.  La  paix  fut  signée  à  Angers,  mais  ce  fut  encore 
pour  une  courte  période  et  d'Andigné  reprit  bientôt  son  cojm- 
mandement  dans  l'Anjou  et  dans  le  Craonnais.  Ce  dernier 
pays  ne  lui  fut  pas  favorable  et  il  joua  de  malheur  devant 
Cossé-le- Vivien,  en  particulier.  Cossé  avait  toujours  été  très 
révolutionnaire  ;  la  garnison  était  faible  ;  en  brusquant  l'at- 
taque, peut-être  d'Andigné  l'eût-il  emporté,  mais  sur  iVvis 
de  quelques  officiers,  il  fit  sommer  la  garnison,  le  27  sep- 
tembre 1799.  ^^ 


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—  259  — 

a  Aujourd'hui  5  vendémiaire,  écrivait,  le  soir  même  deTaf- 
faire,  le  commissaire  du  Directoire  exécutif,  Lét^rd,  à  l'ad- 
ministration centrale  du  département,  au  quart  avant  trois 
heures,  le  commandant  est  venu  prévenir  que  le  factionnaire 
appercevait  un  rassemblement  considérable  à  pied  et  à  che- 
val sur  la  route  de  Craon  et  dans  les  pièces  cie  terres  envi- 
ronnantes. Au  même  instant  sont  entrés  deux  jeunes  labou- 
reurs portant  une  lettre  adressée  aux  habitants  de  Cossé  dont 
la  teneur  suit  : 

«  De  par  le  Roi, 

a  Nous  marchons  douze  cents  hommes  contre  ^ous.  Que 
«  i>os  troupes  évacuent  la  i>iUe,  aucun  habitant  n'aura  à 
«  craindre  pour  sa  personne  ou  ses  propriétés  ;  sinon,  l'as- 
«  saut  sera  donné  au  bourg  et  nous  ne  pourrons  plus  ré- 
«  pondre  de  rien.  Si  la  troupe  se  retire  dans  ços  maisons^ 
«  nous  y  mettrons  le  feu.  Nous  cous  donnons  un  quart  d'heu- 
rt re  ;  passé  ce  délai,  nous  entrerons, 

«  Ce  27  septembre  1799.  » 

a  Celte  lettre,  d'une  fort  belle  écriture  et  bien  ortogra- 
phiée,  est  siçnée  :  d'Andigné,  commandant  en  chef  ;  le  ch, 
Turpinde  Crissé,  inspecteur  général  ;  Alexandre,  aide-major; 
C.  Turpin  de  Crissé  ;  Sans-Peur,  Ajax,  Monte-à-Fassaut, 
Davoine,  Aimé  de  la  Lauel  (?),  Joseph. 

«  Nous  avons  observé  que  plusieurs  signatures  sont  de  la 
même  plume  que  le  corps  do  la  lettre. 

«  La  lecture  publique  de  cette  lettre,  accueillie  par  le  cri  una- 
nime :  Vaincre  ou  mourir  !  pour  toute  réponse,  chacun  s'é- 
tant  rendu  au  poste  convenu,  Fattaque  a  commencé  à  trois 
heures  précises  très  vivement  et  sur  tous  les  points.  La 
crainte  de  voir  consommer  trop  vivement  le  peu  de  munitions 

aue  nous  avions,  a  fait  qu'on  a  crié  à  tous  les  postes  de  mo- 
érer  Tardeur  de  la  riposte  et  de  ne  tirer  pour  ainsi  dire  qu'à 
coup  sûr.  Aussi  les  brigands  s'étant  emparés  des  maisons, 
près  des  portes,  on  se  fusillait  à  quinze  pas . 

«  Le  feu  cesse,  il  est  six  heures  du  soir.  Heureusement 
nous  n'avons  pas  perdu  un  homme.  Quatre  militaires  et  un 
père  de  famille  sont  blessés  légèrement.  Le  citoyen  Ronde- 
lou-La  Touche,  lieutenant  de  la  colonne  mobile,  a  vu  une  bal- 
le écraser  le  canon  de  son  fusil  dont  un  éclat  lui  a  fait  une 
égratignure  assez  légère.  Plusieurs  brigands  ont  été  tués  et 
un  grand  nombre  blessés  ;  ils  laissent  de  larges  traces  de 
sang... 

<  Une  fille  ancienne  a  été  tuée  devant  sa  maison  d'une  bal- 
le nartie  d'au-delà  de  l'enceinte  *.  » 

On  peut  comparer  ce  récit  officiel  de  l'afTaire  avec  le  r.écit 

1.  Archives  de  la  Mayenne,  L  431 


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—  260  — 

qu'en  fait  d'Andigné  ;  la  comparaison  amènera  plus  d'une 
remarque  piquante. 

A  quinze  ans  de  là,  Napoléon  était  tombé,  Louis  XVIII 
rentré  en  France  et  le  chevalier  d'Andigné,  délégué  par  le 
comte  d'Osmond  pour  les  fonctions  de  commissaire  du  roi 
dans  la  Mayenne,  visitait  Craon  le  26  juillet  1814  ;  il  en  avait 
été  prié  qumze  jours  auparavant  par  la  municipalité  de  cette 
ville.  Celle  de  Cossé  crut  utile  de  prendre  la  même  précau- 
tion, et  la  démarche  parut  d'autant  plus  nécessaire  qu'on 
jugea  prudent  de  prouver  «  que  les  circonstances  pouvaient 
changer,  mais  que  le  dévouement  au  gouvernement  établi 
était  invariable  et  que  le  délégué  ne  pouvait  reconnaître  en 
cette  démarche  qu  un  moyen  d'adoucir  l'amertume  du  souve- 
nir pénible  de  ces  temps  désastreux.»  Une  députation  de 
quatre  notables  fut  envoyée  à  d'Andigné  dont  elle  reçut  le 
plus  gracieux  accueil.  «  se  promettant  beaucoup  de  plaisir  à 
laire  visite  aux  habitants  de  Cossé,  s'ils  voulaient  bien,  ajou- 
ta-t-il  en  riant,  ne  pas  le  recevoir  comme  quinze  ans  aupara- 
vant. »  La  plaisanterie  fut  goûtée  parla  municipalité  qui  trou- 
va que  pour  une  âme  bien  née,  la  bravoure  n'est  jamais  une 
injure  *.  Il  était  écrit,  pourtant,  que  d'Andigné  ne  serait  reçu 
à  Cossé  qu'à  coups  de  fusil.  Il  y  vint  en  effet,  mais  plus  tard 
qu'il  n'avait  prévu.  Napoléon  s  était  échappé  de  l'île  d'Elbe. 
La  Chouannerie  avait  essayé  de  renaître  et  d'Andigné  essuya 
encore,  le  29  mai  1815,  devant  le  bourg  qu'il  avait 
vainement  attaaué  en  l'an  VIII,  un  échec  qui  lui  coûta  vingt 
hommes  parmi  lesquels  se  trouva  M.  de  Saml-Sauveur,  gen- 
tilhomme normand  arrivé  de  la  veille,  tué  en  sortant  de  son 
logement,  dans  la  nuit.  Il  faut  lire  le  récit  de  cette  échauffou- 
rée,  comme,  du  reste,  les  mémoires  en  entier.  On  peut  voir 
parle  résumé  que  j'en  ai  fait  ici  ce  qu'un  historien  de  la  chouan- 
nerie en  tirera  d'utile.  S'il  n'y  a  rien  de  bien  nouveau  dans 
ces  deux  volumes  sur  cette  question  particulière,  du  moins 
nous  fournissent-ils  un  moyen  de  contrôle  intéressant  :  on  ne 
peut  pas  en  dire  autant  de  tous  les  mémoires. 

E.  Laurain. 


Le  premier  volume  du  Dictionnaire  historique^  topogra- 
phique  et  biographique  de  la  Mayenne  de  M.  l'abbé  An^ot, 
vient  d'obtenir  une  médaille  au  concours  des  Antiquités 
nationales  de  France.  C'est  une  récompense  que  nous  sommes 
heureux  de  voir  attribuer  par  l'Institut  à  notre  collègue  ; 
nous  le  prions  d'en  recevoir  nos  sincères  compliments,  ne 
doutant  pas  qu'une  récompense  plus  im.portaTite  encore  ne 
lui  soit  accordée  lorsque  son  œuvre,  vraiment  remarquable, 
sera  enfin  complètement  mise  au  jour. 

1 .  Registre  des  délibérations  de  la  municipalité  de  Cossé. 


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DISTRICT  DE  LAVAL 
L'AGElNT  NilTIONAL  PRÈS  LE  DISTRICT  <>' 


Voulant  réagir  contre  la  centralisation  à  outrance  de 
rancieu  régime,  la  Constituante  avait  confié,  en  décembre 
1789,  l'administration  des  départements,  des  districts  et 
des  communes  à  des  assemblées  ayant  pour  base  unique 
l'élection,  et  chargées  à  la  fois  de  délibérer  et  d'exécuter. 
Près  de  chaque  assemblée,  un  procureur-syndic^  éga- 
lement élu,  avait  pour  mission,  non  de  faire  exécuter  les 
lois,  mais  simplement  d'en  requérir  Texécution.  Par  suite, 
le  gouvernement  central  n'était  plus  représenté  dans  les 
départements,  et  n*avait  aucun  moyen  légal  de  s'en  faire 
obéir.  Cette  anarchie  administrative  aVait  facilité  l'insur- 
rection fédéraliste  de  mai-juillet  1793,  qui  fut  surtout 
l'œuvre  des  administrations  départementales. 

Dans  l'intervalle,  avait  été  votée,  le  24  juin  1793,  une 
nouvelle  constitution.  Le  10  octobre,  la  Convention  décida 


i.  Bibliographie, 

Manuscrits  : 

Archives  de  la  Mayenne,  cartons  L.  191  et  suivants; 

District  de  Laval  :  Registres  des  arrêtés  définitifs  du  direc- 
toire ;  Heff.    des  délibérations  du  comité    révolutionnaire  et  des 
séances  de  la  société  populaire  de  Laval. 

Imprimés  : 

Dalloz,  Répert.  alphab.  de  législ.,i.  XVIII.  art.   Droit    consti» 
tutionnel; 

Lavisse  et  Hambaud,  Histoire  générale,  t.  VIII,  passim\ 

Queruau-I^amerie  :  Notices  sur  quelques  députés  de  la  Mayenne  ; 
—  les  Gir  ondins  et  Us  Conventionnels  de  la  Mayenne^  etc. 

17 


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-  262  — 

d'en  ajourner  la  mise  en  vigueur,  et  de  maintenir  v  jus- 
qu'à la  paix  »  lo  gouvernement  révolutionnaire.  Ce  gou- 
vernement fut  organisé,  le  14  frimaire  an  II  (4  décembre 
1793),  par  un  vaste  décret  d'ensemble.  La  Convention 
se  déclarait  «  le  centre  unique  de  l'impulsion  du  gouver- 
nement ».  Ne  laissant  aux  administrations  départemen- 
tales que  la  répartition  des  contributions,  elle  réservait 
aux  districts  «  la  surveillance  de   l'exécution  des   lois 
révolutionnaires  et  des  mesures  de  sûreté  générale  et  de 
salut  public  ».  Aux  anciens  procureurs-syndics  de  dis- 
trict et  de  commune  elle  donnait  le  nom  d'agents  na- 
tion aux  ^  et  les  chargeait,  non  plus  seulement  do  requérir, 
mais  de  «  poursuivre  »  l'exécution  des  lois,  et  d'en  rendre 
compte  tous  les  dix  jours,  les  agents  nationaux  de  com- 
mune  à  ceux   de  district,   les  agents   de  district  aux 
Comités  de  salut  public  et  de  sûreté  générale. 

Nous  nous  proposons  d'étudier,  en  particulier,  com- 
ment fonctionna  «  l'agent  national  près  le  district  ».  Notre 
cadre,  c'est  le  district  de  Laval,  qui  correspondait  à  peu 
près  à  la  partie   centrale  de  l'arrondissement  actuel  *. 
<]e  district  était  un  véritable  foyer  de  «  contre-révo- 
lution ».  Avec  tout  le  département,  il  venait  de  prendre 
part  au  soulèvement  fédéraliste  de  Normandie.  D'octobre 
à  décembre  1793,  les  Vendéens  avaient  occupé  Laval  à 
trois  reprises,  secondés  par  les  Chouans  des  frères  Cot- 
tereau.  C'était  aux  portes  mêmes  de  Laval  que  la  chouan- 
nerie,   dès  1791,  avait  pris  naissance;    elle  allait  s'y 
perpétuer,  pendant  les  années  1794  et  suivantes  par  une 
guerre  de  haies,  de  broussailles  et  de  chemins  creux. 

Au  mois  d'octobre  1793,  avait  été  constitué,  à  Laval, 
un  «  comité  de  surveillance  générale  ».  Jusqu'à  la  fin  de 
la  Convention,  les  représentants  en  mission  près  a  l'ar- 


1.  Cantons  de  Laval,  Loiron,  Meslay,  Argenlré  et  Montsûrs.  — 
Le  aépartement  de  la  Mayenne  comprenait  alors  six  autres  dis- 
tricts ;  Ernée,  Mayenne,  Lassay-Villaines,  Evron,  Craon,  Château- 
Gontier. 


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—  263  — 

mée  des  côtes  de  Brest  et  de  Cherbourg  *  »  eurent 
Tœil  sur  le  pays. 

Ce  fut  Esnue-Lavallée,  représentant  de  la  Mayenne^ 
qui  appliqua,  à  Laval,  le  décret  du  14  frimaire,  ou  4  dé- 
cembre 1793.  Le  10  décembre,  il  «  épura  »  et  compléta 
le  comité  de  surveillance,  qui  prit  le  nom  de  comité  ré- 
volutionnaire, ut,  avec  le  concours  de  comités  subalternes 
établis  aux  chefs  lieux  de  canton,  fut  chargé  de  pour- 
suivre les  suspects.  Le  22  décembre,  une  commission 
militaire  fut  instituée  pour  juger  ces  suspects. 

Noyer,  procureur-syndic  du  district,  avait  été  tué  en 
combattant  les  Vendéens  ;  Esnue-Lavallée  nomma 
«  agent  national  près  le  di9trict  »  un  sieur  Tulot,  membre 
du  comité  révolutionnaire.  Mais  Tulot  avait  été  prêtre  ; 
il  dut  bientôt  d<^missionner  «  aux  termes  de  la  loi  »,  et 
fut  remplacé,  le  1«^  avril  1794,  par  Jean  Tellot,  dit  Tellot 
fils  ^,  qui  resta  en  fonctions  jusqu'à  la  suppression  des 
agents  nationaux,  c'est  à- dire  jusqu'à  la  fin  d'avril  1795. 

Quel  était  le  traitement  de  Tagent  national  ?  Nous 
savons  seulement  que  Tellot  fils,  devenu  plus  tard  com- 
missaire du  Directoire  près  l'administration  départemen- 
tale, recevait,  en  cette  qualité,  353  livres  par  trimestre, 
soit  1.412  livres  par  an.  Peut  être  avait-il  eu  le  même 
traitement  comme  agent  national. 

Ce  traitement  était  bien  gagné.  Dans  une  instruction 
du  5  octobre  1794,  le  représentant  Boursault  définit  ainsi 
le  rôle  des  agents  nationaux  :  «  Leur  œil  doit  tout  em- 
brasser et  leur  main  tout  conduire  :  ilâ  doivent  aiguillon- 

1.  D'abord  Esnue-Lavallée  et  Bissy  (de  la  Mayennei,  puis  Fran- 
çois (de  la  Somme),  puis  Laignelot  (de  Paris),  puis  Boursault  (de 
Paris)  et  Baudran  (de  l'isèrej,  enfîn  Grenot  (du  Jura),  Guezno  et 
Guermeur  (du  Finistère). 

2.  Tellot  père  était  membre  de  la  municipalité  de  Laval.  Quant 
à  Jean  Tellot,  dit  Tellot  fils,  il  était,  en  1789,  expert-architecte. 
Au  moment  de  sa  nomination  comme  agent  national,  on  le  trouve 
secrétaire  de  la  gendarmerie.  (Nous  devons  ces  renseignements 
à  l'obligeance  de  MM.  Laurain,  archiviste  de  la  Mayenne,  et 
Durget,  membre  de  la  Commission  hist.  de  la  Mayenne). 


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—  264  — 

ner  le8  municipalités  engourdies,  éteindre  le  fanatisme 
par  les  lumières  de  la  raison  ;  c'est  par  eux  enfin  que  les 
Comités  de  salut  public  et  de  sûreté  générale  doivent 
voir  et  juger...  Ainsi,  à  une  grande  activité,  les  agents 
nationaux  doivent  réunir  un  amour  de  travail  infatigable  ». 

Avant  tout,  Tagent  national  sert  d'intermédiaire  direct 
entre  le  district  et  la  Convention.  Ses  lettres  ofGcielles 
ont  pour  en-tête  :  District  de  Laval,  département  de 
la  Mayenne,  11  reçoit  les  instructions  des  comités  de  la 
Convention  et  des  représentants  du  peuple,  et  les  trans- 
met, soit  au  directoire  du  district,  soit  aux  comités  ré 
volutionnaires,  tribunaux,  municipalités  et  autres  auto- 
rités sous  la  surveillance  de  ce  district.  D'autre  pari,  tous 
les  dix  jours,  il  fait  passer  à  la 'Convention  le  résultat  des 
travaux  du  district  et  du  comité  révolutionnaire  de  Laval. 

Dans  cette  ville,  c'est  aussi  par  lui  que  communiquent 
ensemble  et  le  directoire  du  district,  et  la  commission 
militaire,  et  la  «  société  populaire  ». 

Mais  il  est  autre  chose  qu'un  simple  agent  de  trans- 
mission. Il  a  été  in  tallé  à  son  poste  par  le  directoire  du 
district.  Il  occupe,  a*rec  trois  commis,  un  des  bureaux 
de  ce  directoire,  près  duquel  il  est  comme  un  avocat  de 
la  nation,  et  qui  ne  peut  prendre  aucun  «  arrêté  définitif» 
sans  l'avoir  «  entendu  en  ses  conclusions  ». 

C'est  au  nom  du  district  qu'il  poursuit  l'exécution  des 
lois.  Ainsi,  il  envoie  l'ordre  de  «  partir  »  aux  citoyens 
de  IsL  première  réquisition,  jeunes  gens  de  18  à  25  ans, 
compris  dans  la  levée  en  masse  du  16  août  1793.  Il  dé- 
nonce au  comité  révolutionnaire  les  parents  des  réquisi- 
tionnaires  déserteurs.  A  propos  du  maximum,  il  écrit  à 
ce  comité  (20  juillet  1794)  :  «  La  dépravation  et  l'immo- 
ralité sont  au  point  que,  publiquement,  sur  les  places, 
dans  les  marchés,  on  négocie  au  mépris  de  la  loi.  Con- 
courez avec  moi,  citoyens,  à  changer  cet  ordre  anti-social. 
Appliquez  aux  coupables  les  peines  que  la  loi  leur 
inflige.  » 

C'est  aussi  au  nom  du  district  qnil  dirige  les  munici- 


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—  265  — 

palités  de  village.  De  1789  à  1793,  ces  municipalités 
n'avaient  pas  été  plus  soumises  aux  administratious  de 
département,  que  celles-ci  au  pouvoir  central.  Maintenant, 
des  communes  au  district,  la  subordination  est  aussi 
complète  que  le  permettent  les  circonstances. 

Au  lendemain  du  décret  du  14  frimaire,  les  communes 
ont  élu  agents  nationaux  leurs  procureurs-syndics.  Dans 
la  suite,  si  un  de  ces  agents  vient  à  mourir  ou  à  se  re- 
tirer, c'est  au  district  que  la  municipalité  villageoise 
demande  de  nommer  son  successeur.  Tous  les  dix  jours, 
Tagent  national  de  la  commune  lit  les  lois  aux  paysans 
réunis  dans  «  le  temple  de  TÊtre  suprême  »  ;  tous  les  dix 
jours,  il  expose  à  l'agent  du  district  comment  les  lois 
sont  exécutées  dans  la  paroisse,  et  lui  rend  compte,  en 
général,  de  ce  qui  s'est  passé.  Toute  municipalité  «  qui 
ne  marche  pas  dans  les  sentiers  de  la  Révolution  »  se 
voit  adjoindre  un  «  commissaire  civil  »  chargé  d'exécuter 
les  décrets  «  dans  toute  leur  rigueur  ».         * 

Quant  à  l'administration  proprement  dite,  l'agent  na- 
tional du  district  gère  les  biens  nationaux.  A  ce  titre,  il 
appose  les  scellés  sur  les  maisons  des  condamnés  à  mort 
et  des  émigrés,  fait  creuser  dans  les  caves  où  l'on  pense 
trouver  enfouis  des  objets  précieux,  et  reçoit  du  comité 
révolutionnaire  des  «  pochées  d'effets  »  saisis  sur  les  . 
personnes  arrêtées  :  clefs,  couteaux,  portefeuilles,  argent 
de  poche,  etc. 

A  lui  aussi  de  s'occuper  des  subsistances.  Au  mois 
d'avril  1 794,  le  général  Rossignol  a  fait  refluer  sur  Laval 
3.000  à  4.000  paysans  des  paroisses  suspectes.  Effrayée, 
la  municipalité  prie  l'agent  national  de  faire  conduire  à 
Laval  toutes  les  denrées  que  l'on  pourra  trouver  dans  les 
campagnes. 

Au  point  de  vue  financier,  il  surveille  toutes  les  caisses 
et  tous  les  comptables.  Le  12  février  1795,  il  estchargé, 
par  le  district,  de  procéder  à  la  levée  des  scellés  qui  ont  , 
été  apposés  sur  les  bureaux  d'un  «  ci-devant  receveur  du 
district  ». 


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—  266  — 

Contre  les  «  brigands  »  ou  Chouans,  il  prend  ou  fait 
prendre  toutes  mesuras  de  sûreté  générale  et  de  défense. 
Il  prescrit  aux  paysans  de  couper  les  bois  taillis,  le  long 
d:s  grandes  routes,  à  500  pas  au  moins  de  droite  et 
de  gauche,  et  de  fermer,  toutes  les  nuits,  leurs  granges 
et  étables.  11  veille  à  ce  que  les  gardes  nationaux  fassent 
personnellement  leur  service.  Il  envoie  fouiller  les 
endroits  suspects  pour  détruire  tout  noyau  d'attroupe- 
ment. Au  besoin  il  accompagne,  à  la  tète  des  détache- 
ments et  des  patrouilles,  «  les  chefs  de  la  force  armée  », 
comme  un  représentant  en  mission. 

Pour  l'armée  en  général,  il  fait  recenser,  canton  par 
canton,  les  chevaux  du  district  ;  il  réquisitionne  grains, 
paille  et  fourrages. 

11  a  môme  des  fonctions  judiciaires.  Du  4  avril  au  20 
mai  1794,  le  comité  révolutionnaire  de  Laval  a  reçu  159 
dénonciations,  opéré  84  arrestations,  procédé  à  autant 
d'interrogatoires.  Or,  d'après  un  décret  du  18  nivô.«e 
an  II  (7  janvier  1794),  c'est  à  l'agent  national  que  sont 
transmis  tous  procès-verbaux  d'arrestation  et  d'inter- 
rogatoire ;  à  lui  de  décider  qui  est  compétent,  du  tribunal 
correctionnel  ou  de  la  commission  militaire.  Avec  les 
membres  du  comité  révolutionnaire,  il  va  visiter  les 
prisons  pour  les  faire  réparer,  s'il  y  a  lieu,  et  «  classer  » 
les  détenus. 

Tel  fut,  à  Laval,  le  rôle  de  l'agent  national  près  le 
district,  alors  que  la  Terreur  était  «  à  l'ordre  du  jour  ». 
Le  9  thermidor  n'amena  pas  la  chute  immédiate  du 
gouvernement  révolutionnaire,  qui  ne  se  désagrégea 
que  peu  à  peu.  Le  7  fructidor  (24  août  1794),  la  Con- 
vention supprima  les  comités  révolutionnaires  de  canton. 
Puis,  le  7  vendémiaire  an  111  (28  septembre),  elle  pres- 
crivit d'épurer  les  -autorités  constituées.  A  Laval, 
l'épuration  fut  faite  par  le  représentant  Boursault  (15 
novembre  1794).  C'est  par  erreur  que  M.  Queruau- 
Lamerie  fixe  à  cette  date  la  disparition  du  comité 
révolutionnaire  de  Laval  ;  Boursault  ne  supprima  que 


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—  267  ^ 

la  commission  militaire.  Il  maintint  à  son  poste  l'agent 
national  Tellot  fils,  et  le  chargea  d'installer  les  nouveaux 
fonctionnaires. 

Dans  cette  seconde  période,  la  besogne  de  l'agent 
national  est  moins  lourde,  parce  que  le  comité  révolu- 
tionnaire lui  transmet  moins  de  procès  verbaux  d'arresta- 
tion et  d'interrogatoire.  La  Convention,  où  les  Giron- 
dins ont  repris  faveur,  essaie  de  ramener  les  Chouans 
par  la  clémence,  et  si  ceux  du  district  de  Laval  restent 
«  sourds  à  la  voie  de  la  Patrie  »•  Charette  fait  sa 
soumission  le  7  février  1795  Un  décret  du  l®*"  ventôse 
an  III  (19  février  1795)  supprime  les  comités  révolution- 
naires des  villes  au-dessous  de  50.009  âmes,  et,  par 
suite,  celui  de  Laval. 

LHnfluence  girondine  est  encore  plus  sensible  dans  le 
décret  du  28  germinal  an  III  (17  avril  1795),  qui  rapporte 
celui  du  14  frimaire  an  II,  en  ce  qu'il  restitue  aux  admi- 
nistrations du  département  «  la  plénitude  des  fonctions  » 
qui  leur  étaient  attribuées  avant  le  mouvement  fédéra- 
liste. En  conséquence,  un  arrêté  des  représentants  Grenot, 
Guezno  et  Guermeur  rétablit  à  Laval  le  procureur 
général-syndic  du  département,  et  remplace  Tagent 
national  Tellot  fils  par  un  sieur  Defermon,  qui  reprend 
l'ancien  titre  de  procureur-syndic  du  district  (2  mai  1795). 

Si  «  l'agent  national  près  le  district  »  a  duré  moins  de 
deux  ans,  on  peut  dire,  à  en  juger  par  le  district  de 
Laval,  que  sa  charge  n'a  pas  été  une  sinécure.  Il  nous 
apparaît  comme  une  sorte  de  Maître  Jacques  administra- 
tif, avec  des  attributions  presque  aussi  variées  que  celles 
de  l'ancien  intendant  de  justice,  police  et  finances.  Sous 
le  Directoire,  son  héritier  direct  sera  le  commissaire 
près  l'administration  départementale,  et  c'est  précisé- 
ment Tellot  fils,  l'ex-agent  national,  qui  exercera,  à 
Laval,  ces  fonctions  de  commissaire.  On  aurait  donc 
tort  de  croire  qu'il  n'y  a  eu  aucune  transition  entre  le 
régime  décentralisateur  de  la  Constituante  et  la  centra- 
lisation despotique  do  Bonaparte. 

GALLA.ND. 


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LE  CHATEAU  DU  COUDRAY 

ET   LES 

CHATELLEiMES  DE  CHEMERË 
ET  DE  SAINT-DENIS-DU-MAINE 


La  campagne  maritime  .de  1691  ne  fut  marquée  par 
aucun  fait  mémorable  ;  cette  année-là  pourtant,  de  mai  à 
décembre,  nos  flottes  ne  cessèrent  de  tenir  la  mer,  soit 
que.  sous  Nesmond  d'abord,  puis  sous  Château-Renaud, 
elles  allassent  porter  des  secours  en  Irlande,  soit  que, 
sous  le  commandement  suprême  de  Tourville,  elles 
fussent  occupées  à  croiser  à  l'entrée  de  la  Manche, 
attendant  une  occasion  favorable  d'attaquer  la  flotte 
anglo-hollandaise*.  Christophe-Jacques  de  Sévigné  et 
son  frère  semblent  avoir  pris  part  l'un  comme  l'autre  à 
ces  diverses  opérations  :  le  premier  sur  le  Terrible  où, 
sous  le  sieur  de  Vaudricourt,  capitaine  en  premier,  il 
remplissait  les  fonctions  de  capitaine  en  second 2,  et 
Jacques-Christophe  sur  V Entreprenant  dont  il  était  seul 
capitaine^.  Ce  qui  est  en  tout  cas  certain,  c'est  qu'après 
s'être  trouvé  en  mai  à  la  première  expédition  d'Irlande, 
puis  dans  les  mois  suivants  à  la  croisière  de  la  Manche, 

1.  Voir  les  mémoires  de  Dangeau. 

2.  Voir  A.  N.  Mar.  B/2.  76  {ordres  du  Roy)  f»  41,  et  revues 
Laffilard. 

3.  Voir  ibidem,  f^  219.  et  revues  Laffilard, 


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—  269  — 

Y  Entreprenant  fut  au  nombre  des  vaisseaux  de  l'escadre 
de  Chôteau-Renaud  qui  en  octobre  retournèrent  en 
Irlande  chargés  d'y  amener  de  nouveau  secours,  arrivè- 
rent, hélas!  après  la  capitulation  de  Limerick,  et  rame- 
nèrent du  moins  en  France  les  débris  de  l'armée  irlan- 
daise*. Quant  au  Terrible,  mêlé  d'abord  aux  opérations 
du  début  de  la  campagne,  désigné  même  en  août  pour 
faire  partie  de  l'escadre  de  Château- Renaud,  il  avait  dû 
désarmer  à  Brest  dès  la  fin  de  septembre^.  Il  est  vrai 
que  Christophe-Jacques  de  Sévigné  ne  comptait  peut-être 
plus  à  cette  époque  dans  l'état-major  de  ce  vaisseau,  si 
du  moins  nous  nous  rapportons  à  une  liste  parue  à  Ver- 
sailles le  27  du  mois  précédent  et  contenant  les  noms 
<c  des  officiers  nommés  pour  servir  sur  les  vaisseaux  qui 
tiendront  la  mer  l'hyver  prochain  »  ;  le  «  sieur  de  Sévigné- 
Monmoron  »  y  figure  déjà  comme  capitaine  en  second  du 
Vermandois  dont  le  capitaine  en  premier  était,  d'ailleurs, 
le  sieur  de  Vaudricourt,  l'ancien  commandant  du  Terri- 
ble\ 

Après  la  campagne  de  1691  les  deux  frères  de  Sévigné 
obtinrent  quelques  mois  de  congé  qu'ils  allèrent  passer 
dans  leur  terre  du  Bas-Maine.  Aussi  voyons-nous  à  la 
date  du  27  février  1692  «  haut  et  puissant  seigneur 
Messire  Jacques-Christophe  de  Sévigné  »  parrain  en 
l'église  de  la  Bazouge  avec  sa  fille  «  demoiselle  Marie- 
Charlotte  de  Sévigné  »  d'un  fils  de  René-François  Raison 
qui  reçut  en  Thonneur  de  son  parrain  le  nom  de  Jacques- 
Christophe. 

Vers  la  même  époque,  les  chapelles  de  Vauberger  en 
Saint-Denis-du-Maine  et  de  la  Rougelinière  au  Genest 
ayant  perdu  leur  titulaire  par  suite  de  la  mort  de 
M®  Mathieu  de  Montreuil,  «  messire  Christophe-Jacques 


1.  Voir  mémoires  de  Dangeau,  revues  Laffilard,  et  A.  N.  Mar. 
B/2.  76,  fo  219,  aux  dates  du  3  septembre  et  du  2  octobre. 

2.  Voir  A.  N.  Mar..  revues  Laffilard,  et  B/2.  76,  à  la  date  du 
21  septembre. 

3.  Voir  A.  N.  Mar.  B/2.  76,  f>  231. 


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—  270  — 

de  Sévigné,  capitaine  des  vaisseaux  du  Roy,  seigneur 
de  JVfonmoron,  Vauberger  et  autres  lieux  »,  profita  de 
sa  présence  au  Coudray  pour  présenter  à  la  collation  de 
l'évéque  du  Mans,  comme  candidat  à  ce  double  bénéfice, 
M"  François  Raison,  déjà  curé  de  la  Cropte,  qui,  bientôt 
agréé,  ne  devait  pas  tarder  à  en  prendre  possession*. 
Cependant  la  campagne  de  1692  était  sur  le  point  de 
s'ouvrir.  Dès  le  13  février,  c'est  Dangeau  qui  nous 
l'apprend,  le  Roi  avait  tenu  conseil  avec  le  Roi  d'Angle- 
terre (Jacques  II),  M.  de  Pontchartrain,  M.  de  Tourville, 
le  chevalier  de  Château-Renaud,  d'Amfreville  et  Gabaret 
sur  ce  que  notre  flotte  allait  entreprendre  cette  année-là. 
Or  le  plan  adopté  à  la  suite  de  ce  conseil  avait  été  celui 
d'une  descente  en  Angleterre  qui  devait  avoir  lieu  vers 
le  milieu  d'avril.  Aussitôt  on  s'était  mis  à  l'œuvre.  Des 
armements  avaient  été  faits  avec  la  plus  grande  célérité 
à  Toulon,  à  Rochefort,  à  Brest,  pendant  que  la  flotte  de 
transport  se  réunissait  à  Saint-Malo  et  à  Granville,  et 
que  l'armée  de  terre  du  maréchal  do  Bellefonds  se 
rassemblait  aux  environs  de  la  Hougue  et  du  Hâ\Te. 
Vers  le  milieu  de  mars  on  connaissait  la  composition  des 
différentes  escadres  devant  former  la  flotte  qui  allait 
être  placée  sous  les  ordres  de  Tourville  depuis  longtemps 
déjà  investi  du  commandement  suprême.  Pour  ne  parler 
que  du  département  de  Brest,  celui  qui  nous  intéresse 
le  plus,  son  contingent  fut  réparti  en  trois  escadres 
dont  l'une  devait  être  commandée  directement  par 
Tourville  et  les  deux  autres  par  Nesmond  et  Château- 
Renaud.  C'est  dans  cette  dernière  escadre,  dite  la  pre- 
mière escadre  de  Brest,  que  Jacques-Christophe  de 
Sévigné  allait  servir  pendant  la  campagne  de  1692.  On 
lui  avait  conservé  le  commandement  de  V Entreprenant 
sur  lequel  il  avait  déjà  fait  la  campagne  de  l'année 
précédente,  et  son  état-major  se  composait  cette  fois  des 
sieurs  de  Norey  et  des  Chillais,  lieutenants,  des  sieurs 

1.  Arch.  de  la  Sarthe,  insinuations,  ecclésiastiques. 


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—  271  — 

de  Lestang,  d'Imbleval  et  de  la  Picqueraye,  enseignes*. 
Désigné  de  son  côté  dès  le  mois  de  janvier  pour  faire  les 
fonctions  de  capitaine  en  second  sur  le  Conquérant^  sous 
le  sieur  du  Magnon,  capitaine  en  premier,  Chistophe- 
Jacques  de  Sévigné  allait  se  trouver  placé  dans  la  seconde 
escadre  de  Brest,  celle  que  commandait  directement 
Tourville^. 

Ce  fut,  on  le  sait,  le  9  mai  seulement  que  la  flotte  de 
Tourville  put  sortir  de  la  rade  de  Brest  ;  elle  comptait, 
en  y  comprenant  la  deuxième  escadre  de  Brest,  et  par 
conséquent  le  Conquérant^  trente-neuf  vaisseaux  de 
guerre  et  sept  brûlots.  Elle  était  loin  d'être  au  complet. 
11  lui  manquait  encore  Tescadre  de  Toulon  conduite  par 
d'Estrées,  celle  de  Rochefort  que  commandait  Villette, 
enfin  six  vaisseaux  restés  à  Brest  sous  Château- Renaud 
pour  compléter  leur  armement  et  dox^t  faisait  précisément 
partie  l'Entreprenant'^. 

Dans  ces  conditions,  Tamiral  français  eût  assurément 
mieux  fait,  et  c'était  d'ailleurs  son  avis,  d'attendre,  avant 
de  prendre  la  mer,  la  réunion  de  toutes  les  forces  dont 
il  pouvait  disposer  ;  mais  ce  n'était  pas  ainsi  que  l'enten- 
dait l'incapable  Pontchartrain  dont  les  ordres  aussi 
précis  que  pressants  l'avaient  contraint  à  prendre 
immédiatement  l'offensive.  Il  avait  donc  mis  à  la  voile 
le  9  mai,  comme  nous  l'avons  dit,  avec  37  vaisseaux 
seulement  sur  les  68  qu'il  aurait  dû  avoir  sous  ses  ordres, 
fut  arrêté  pendant  quinze  jours  par  la  violence  du  vent 
entre  la  pointe  du  Cotcntin  et  celle  du  Devonshire,  et 
enfin  le  29  mai,  au  lever  du  jour,  comme  il  se  trouvait 
entre  les  caps  de  la  Hague  et  de  Barfleur,  il  aperçut  tout  à 
coup  en  face  de  lui  les  deux  flottes  anglaise  et  hollandaise 


1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  82  (ordres  du  Roy),  f>  76  yo. 

2.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  82,  f»  36  et  76  et  suivants. 

3.  Voir  au  sujet  de  ces  six  vaisseaux,  A.  N  Mar.,  B/2.  84 
(Registre  des  dépêches)  :  lettres  du  ministre  Pontchartrain  à 
Desclouzeaux  et  à  Forant  du  24  mai,  à  Desciouzeaux  et  à  Bonre- 
pos  du  28  mai. 


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—  272  — 

qui  venaient  de  faire  leur  jonction  et  présentaient  ainsi 
réunies  un  formidable  ensemble  de  99  vaisseaux.  Contre 
des  forces  aussi  imposantes,  quelle  allait  être  l'attitude 
du  commandant  en  chef  de  la  flotte  française  ?  Aux 
trente- sept  vaisseaux  avec  lesquels  il  avait  quitté  Brest 
étaient  bien  venus  se  joindre  tout  récemment  les  sept 
navires  amenés  de  Rochefort  par  Villette  ;  mais  il  était 
toujours  sans  nouvelles  de  Tescadre  de  d'Estrées  aussi 
bien  que  des  six  vaisseaux  de  Château-Renaud.  En 
somme,  tout  compte  fait,  il  n'avait  que  44  vaisseaux  à 
opposer  aux  99  des  ennemis  ! 

Aussi  Tourville  eut-il  un  moment  d'hésitation.  Il 
assembla,  dit  Henri  Martin,  le  conseil  de  guerre  à  son 
bord.  Tous  les  officiers  généraux  furent  d'avis  d'éviter 
la  bataille.  Tourville  exhiba  l'ordre  du  Roi.  Chacun  se 
tut  et,  peu  de  moments  après,  la  flotte  française  se  laissait 
porter  à  toutes  voiles  sur  l'immense  masse  ennemie  qui 
semblait  devoir  l'engloutir  au  premier  choc. 

Nous  n'avons  pas  ici  la  prétention  de  raconter  dans 
tous  ses  détails  la  célèbre  bataille  de  la  Hogue,  si 
glorieuse  pour  nos  armes,  bien  que  si  néfaste  par  ses 
conséquences  Nous  nous  attacherons  seulement  à  mettre 
en  relief  le  rôle  qu'y  joua  le  vaisseau  le  Conquérant, 
engagé  au  plus  fort  de  la  bataille,  et  l'un  des  plus 
rapprochés  du  Soleil  royal,  celui  que  montait  Tourville. 

«  Au  commencement  du  combat  »,  dit  le  dernier  et 
plus  complet  historien  de  la  bataille  de  la  Hougue,*  «  le 
Soleil  Royal  avait  fait  plier  le  centre  anglais  sous  le  feu 
destructeur  qui,  par  ses  106  sabords,  semait  autour  de 
lui  la  mort  et  amoncelait  les  décombres  sur  les  vaisseaux 
ennemis.  Poursuivant  ses  succès,  et  vigoureusement 
secondé  par  l'Ambitieux,  que  commandait  Villette,  par 
la  Couronne,  le  Maine,  le  Courageux,  la  Perle,  le  Glo- 
rieux, le  Conquérant^  le  Saint-Philippe,  l'Admirable,  le 


1.  Voir  La  Bataille  de   la   Hougue   vtov  Georges  Toudouze, 
Paris,  librairie  militaire  R.  Chapelet  et  Cfie,  1899. 


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—  273  — 

Content,  le  Souverain,  tous  vaisseaux  armés  d*une  forte 
artillerie^ ^  Tourville  voulut  probablement  essayer  de 
couper  l'armée  ennemie  en  deux  tronçons,  en  enfonçant 
et  détruisant  le  centre  du  corps  de  bataille.  »  Mais  les 
Anglais,  étant  trois  contre  un,  arrêtèrent  les  efforts  les 
plus  désespérés,  et  attaquèrent  avec  furie  TourviLe  et 
Villette  qui  se  trouvaient  engagés  plus  avant  que  leurs 
conserves  ;  la  lutte  prit  à  ce  moment  des  proportions 
gigantesques.  «  La  postérité  ne  pourra  pas  croire  ce  qui 
se  passa  à  cette  occasion  :  8  ou  9  vaisseaux  français 
combattirent  des  deux  bords  durant  sept  heures  cette 
foule  d'alliés  qui  les  entouraient  ».  On  se  battit  sur  tous 
les  vaisseaux  avec  une  valeur  incroyable,  jamais  on  ne 
vit  un  feu  si  vif  et  des  actions  aussi  éclatantes.  «  On  vit 
éclore  les  actions  les  plus  brillantes,  chaque  officier, 
chaque  soldat  croiait  trouver  dans  sa  propre  valeur  le 
salut  de  la  flotte  entière,  et  puisait  de  nouvelles  forces 
dans  un  courage  qu'augmentait  encore  la  position  cruelle 
où  Ton  était.  Le  comte  de  Tourville  courut  alors  le  plus 
grand  danger  ;  les  Anglais  s'acharnèrent  à  lui  et  à  M.  de 
Villette  d'une  façon  si  opiniâtre  qu'ils  furent  totalement 
désemparés.  Dans  cette  extrémité,  le  marquis  de 
Goetlogoii  et  M.  de  Bagneux  se  hâtèrent  de  venir  à  son 
secours  et  s'efforcèrent  de  diminuer  le  péril  en  le  parta- 
geant avec  eux.  Alors  la  chaleur  de  l'action  parut  être 
montée  à  son  comble,  chacun  trouva  une  nouvelle 
ressource  dans  une  fermeté  inépuisable,  les  chevaliers 
de  Montgon,  de  Sainte-Maure,  de  Fouquières,  et  d'Her- 
vant,  MM.  du  Rivau,  de  Ghalais,  du  Maignon^  d'Anfre- 
ville,  de  Beaujeu  et  de  la  Rochelard  donnèrent  les  preuves 
les  plus  éclatantes  d'un  courage  héroïque... '^  » 


1.  Le  Conquérant,  vaisseau  de  2^  rang,  portait  86  canons  et 
600  hommes  d'ëauipages.  Il  avait  été  construit  à  Toulon  en  1688 
(Voir  mémoires  de  Villette,  note). 

?.  Les  deux  passages  placés  entre  guillemets  et  reproduits  par 
M.  Toudouze  sont  extraits,  le  premier,  du  Traité  des  évolutions 
navales  y:xv  le  Père  Hoste,  le  second,  du  manuscrit  d'Hamecourt 
conserve  aux  archives  du  ministère  de  la  marine. 


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—  274  — 

Comme  on  le  voit,  sî  Jacques-Christophe  de  Sévigné 
avait  su  mériter  pour  sa  conduite  à  la  journée  de  Bévé- 
ziers  les  éloges  de  Château-Renaud,  cette  fois  c'était  son 
frère  Christophe-Jacques  qui,  sur  le  pont  du  Conquérant^ 
i\  Tendroit  le  plus  chaud  et  le  plus  périlleux  de  la  bataille, 
avait  combattu  pendant  près  de  sept  heures  presque  sous 
les  yeux  de  Tourville. 

Cette  grande  journée,  dit  H.  Martin,  se  termina  sans 
aucun  désavantage  pour  ceux  qui  avaient  combattu  à 
peine  un  contre  deux.  Malheureusement  elle  eut  un 
triste  lendemain.  On  sait  ce  qui  se  passa.  Le  20  mai, 
incapable  de  renouveler  le  prodigieux  effort  de  la  veille, 
notre  flotte  crut  échapper  à  la  poursuite  de  Tennemi  en 
passant  le  raz  de  Blanchard  pour  retourner  à  Brest.  Le 
31  au  matin,  22  vaisseaux  sortirent  du  raz  sans  encombre 
et  allèrent,  conduits  par  Panetier,  chercher  un  asile  à 
Saint-Malo  ;  mais  il  n'en  fut  pas  de  même  de  douze  des 
navires  qui  composaient  le  reste  de  la  flotte.  Ramenés 
sous  le  vent  des  ennemis,  ils  allèrent  s'échouer  à  la 
Hougue  où,  abandonnés  par  leurs  équipages,  ils  furent 
le  2  et  le  3  juin  brûlés  par  les  Anglais  à  la  vue  des 
Français.  Par  bonheur  pour  le  chevalier  de  Monmoron, 
son  vaisseau  n'était  pas  parmi  ceux  qui  eurent  cette 
lamentable  fin.  Le  Conquérant  était  au  contraire  au 
nombre  des  22  vaisseaux  déjà  en  sûreté  à  Saint-Malo'  ; 
il  est  vrai  que,  bloqué  par  la  flotte  anglaise,  cot 
important  débris  de  la  flotte  de  Tourville  allait  y  rester 
prisonnier  pendant  plus  de  trois  mois. 

Que  faisaient  pendant  ce  temps-là  les  six  vaisseaux 
qui,  sous  les  ordres  de  Château-Renaud,  n'avaient  pu 
quitter  Brest  que  dans  les  derniers  jours  de  mai  et  dont 
faisait  partie,  nous  l'avons  vu,  le  navire  commandé  par 
le  chevalier  de  Sévigné  ?  N'ayant  pu  arriver  à  temps  pour 
rejoindre  Tourville  avant  la  bataille  de  la  Hogue  dont  ils 

1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  82,  à  la  date  du  20  août.   Liste  des 
vaisseaux  qui  sont  à  Saint-Malo. 


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—  275  — 

avaient  appris  en  route  les  tristes  conséquences,  ils 
rebroussèrent  aussitôt  chemin  et  se  joignirent  à  la  flotte 
de  d'Estrées  qui  venait  précisément  d'arriver  à  Brest'. 
Ils  y  étaient  encore  à  la  fin  d'août,  époque  à  laquelle 
nous  voyons  Y  Entreprenant^  toujours  commandé  par  le 
chevalier  de  Sévigné,  cité  parmi  les  vaisseaux  alors 
((  armés  au  port  de  Brest  sous  le  commandement  du  sieur 
comte  d'Estrées^  ». 

Placé  désormais  sous  les  ordres  de  ce  dernier,  qui  ne 
tarda  pas  à  être  envoyé  à  la  tête  de  quinze  vaisseaux  dans 
la  Méditerranée  pour  combattre  la  flotte  espagnole^, 
Jacques-Christophe  de  Sévigné  le  suivit  sur  VEntrepre^ 
nant^  et,  la  campagne  terminée,  désarma  à  Toulon^  où 
il  passa  l'hiver  et  d'où  il  put  aller  faire  sa  cour  au  comte 
de  Grignan,  toujours  lieutenant  général  de  Provence, 
et  alors  plus  en  faveur  que  jamais. 

Au  commencement  de  l'année  1693,  tandis  que  son 
frère  était  ainsi  retenu  loin  des  siens  par  les  exigences 
de  sa  carrière,  le  chevalier  de  Montmoron  se  trouvait  au 
Coudray  auprès  de  sa  belle-sœur.  Nous  voyons  en  effet 
à  la  date  du  27  janvier,  «  messire  Christophe-Jacques  de 
Sévigné,  chevalier  de  Monmoron  »,  parrain  en  l'église 
de  la  Bazouge  avec  «  dame  Marie-Anne  de  Mescan, 
épouse  de  Messire  Jacques- Christophe  de  Sévigné,  comte 
dudit  lieu,  demeurant  de  présent  en  leur  chasteau  du 
Coudray,  paroisse  de  Seint-Denis-du-Maine  »,  de 
Jacquine-Marie  Raison. 

Quelques  jours  après,  le  beau-frère  d'Anne  de  Mescan 
retournait  à  Brest  où  le  rappelait  son  service  dans  ce 
port.  Il  venait  d'être  choisi  par  le  Roi  pour  servir  en 
qualité  de  capitaine  en  second  sur  le  Brillant,  commandé 


1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  84,  f»  766.  Lettre  de  Pontehartrain  à 
Château-Renault. 

2.  A.  N.  Mar.,  B/2.  82,  à  la  date  du  31  août. 

3.  Voir  mémoires  de  Dangeau. 

4.  Voir  A.  N.  Mar.,  Revues  Laffîlard. 


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-  276  — 

par  le  commandeur  de  Combes  ^  Cette  année-là  une 
grande  flotte  fut,  comme  les  années  précédentes,  assemblée 
à  Brest,  sous  les  ordres  de  Tourville.  Il  ne  s'agissait 
plus,  il  est  vrai,  d  une  descente  en  Angleterre  ;  l'idée  en 
avait  été  abandonnée.  Le  plan  de  campagne  proposé  par 
Vauban  au  Roi,  et  qui  avait  été  accepté,  consistait  cette 
fois  à  attaquer,  avant  que  la  flotte  anglaise  eût  pu  en 
protég(îr  le  départ,  une  immense  flotte  marchande  appelée 
la  flotte  de  Smyrne,  composée  de  tous  les  navires  anglais, 
hollandais,  hambourgeois  et  flamands  à  destination  de 
la  Méditerranée  et  du  Levant.  On  assembla  donc  à  Brest 
à  cet  effet  dans  le  courant  du  printemps  une  flotte  de 
71  vaisseaux  de  ligne  qui  devait  être  renforcée,  chemin 
faisant,  de  22  navires  amenés  de  Toulon  par  d'Estrées. 
La  première  de  ces  deux  flottes,  dont  faisait  partie  le 
Brillant^  placé  dans  Tescadre  d'avant-garde  sous  Château- 
Renaud  et  dans  la  division  de  Relingues  ^,  partit  de 
Brest  le  26  mai  à  l'insu  des  ennemis,  et  flt  voile  pour  la 
côte  des  Algarves  où  d'Estrées  devait  rallier  Tourville, 
et  où  tous  deux  devaient  attendre  la  flotte  de  Smyrne. 
Quelques  semaines  après,  celle-ci  partait  à  son  tour  des 
côtes  d'Angleterre,  convoyée  jusques  ve/s  le  golfe  de 
Gascogne  par  la  flotte  anfçlo-betave,  puis,  à  partir  de  cet 
'  endroit,  escortée  seulement  par  une  escadre  de  vingt-trois 
vaisseaux  que  commandait  le  vice-amiral  Roocke.  Au 
moment  où  elle  allait  s'engager  dans  le  détroit  de  Gibral- 
tar, Tourville,  qui  l'attendait  dans  la  rade  de  Lagos, 
derrière  le  cap  Saint- Vincent,  se  jeta  sur  elle  à  l'impro- 
viste,  et,  après  avoir  mis  en  fuite  son  escorte,  la  prit  ou 
détruisit  en  grande  partie.  Telle  fut  la  bataille  de  Lagos, 
livrée  le  27  juin  1693,  à  laquelle  assista  certainement,  sur 
le  vaisseau  qu'il  commandait  en  second  cette  année-là,  le 
chevalier  de  Monmoron,  et  où  il  eut  la  consolation  de 
contribuer  à  la  revanche  de  la  journée  de  la  Hougue. 

1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  88,  f»  33. 

2.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/4.  14,  à  la  date  du  26  mai. 


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-  277  - 

Quant  au  chevalier  de  Sévigné,  il  semblait  que. 
depuis  le  combat  de  Bévéziers  où  son  rôle  avait  été  si 
brillant,  une  sorte  de  guignon  se  fût  attaché  à  lui,  le 
privant  désormais  de  toutes  les  occasions  de  se  distin- 
guer. Déjà,  l'année  précédente,  la  petite  escadre  dont  il 
faisait  partie  sous  Château  Renaud  n'avait  pu,  nous 
l'avons  vu,  arriver  à  temps  pour  se  trouver  à  la  néfaste 
mais  glorieuse  journée  de  la  Hougue  ;  or,  depuis  qu'il 
avait  été  placé  sous  les  ordres  de  d'Estrées,  il  n'avait  pas 
été  plus  heureux.  Sans  parler  de  la  dernière  campagne 
de  1692  où  la  flotte  française  était  arrivée  à  Toulon  sans 
avoir  pu  joindre  la  flotte  espagnole,  une  nouvelle  expédi- 
tion à  laquelle,  dans  les  premiers  mois  de  1693,  il  avait 
pris  part  sur  Y  Entreprenant  ^  ne  lui  avait  pas  rapporté 
plus  de  gloire  ;  nous  voulons  parler  de  l'expédition  que 
d'Estrées  avait  entreprise  pour  aller  brûler  à  Baies  près 
de  Naples  les  vaisseaux  d'Espague,  mais  qu'il  aban- 
donna bientôt  à  cause  du  mauvais  temps^.  Enfin,  quand 
au  commencement  de  mai,  le  commandant  de  la  flotte  du 
Levant  reçut  l'ordre  de  sortir  de  la  Méditerranée  afin  de 
concourir  avec  Tourville  à  l'attaque  projetée  contre  la 
flotte  de  Smyrnc,  Jacques-Christophe  de  Sévigné  put 
se  croire  à  la  veille  d'assister  à  quelque  beau  fait 
d'armes  qui,  comme  la  journée  du  10  juillet  1690,  ferait 
époque  dans  son  existence.  Mais,  retardé  par  le  siège  de 
Roses  en  Catalogne,  où  ses  vaisseaux  durent  appuyer 
l'armée  de  Noailles,  retenu  ensuite  au  cap  de  Gala  par 
les  vents  contraires,  d'Estrées  ne  put  opérer  sa  jonction 
avec  Tourville  que  le  18  juillet,  plus  de  quinze  jours  par 
conséquent  après  la  bataille  de  Lagos,  et  lorsque  celui-ci, 
qui  venait  de  se  remettre  en  route,  était  déjà  devant 
Malaga^. 

Du  reste  le  chevalier  de  Sévigné  ne  commandait  plus 

1.  Voir  A.  N.  Mar.,  Revues  Laffilard. 

2.  Voir  mémoires  de  Dangeau. 

3.  Ibidem. 

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-    278  — 

alors  V Entreprenant  \  au  moment  où  la  flotte  du  Levant 
allait  quitter  Toulon,  on  lui  avait  donné  un  autre  vais- 
seau, le  Belliqueux,  fort  de  76  canons  et  de  750  hommes  ^ 

Une  fois  les  deux  flottes  réunies,  Tourville  en  prit  na- 
turellement le  commandement  suprême,  et  il  semble 
qu'il  y  ait  eu  alors  tout  un  remaniement  dans  la  compo- 
sition des  escadres.  D'après  V  «  ordre  de  bataille  de 
l'armée  navale  commandée  par  M.  le  Maréchal  de  Tour- 
ville,  vice-amiral,  depuis  la  jonction  du  comte  d'Estrées 
devant  Malaga  »,  Jacques-Christophe  de  Sévigné  venait 
avec  son  vaisseau  le  Belliqueux  de  prendre  la  place  de 
son  frère  dans  la  division  du  comte  de  Relîngues  qui 
faisait,  nous  l'avons  dit,  partie  de  l'escadre  commandée 
par  Château-Renaud.  D'un  autre  côté  le  vaisseau  le  Bril- 
lanty  à  bord  duquel  se  trouvait  toujours  comme  capitaine 
en  second  Christophe-Jacques  de  Sévigné,  était  allé 
prendre  place  aux  côtés  de  Tourville,  non  seulement 
dans  l'escadre  de  ce  dernier,  mais  dans  sa  propre 
division*. 

La  flotte  française  se  rendit  alors  à  Toulon  pour  y 
passer  la  fin  d'août  et  le  commencement  de  septembre  ^. 
C'était  la  première  fois,  à  notre  connaissance,  que  les 
deux  frères  de  Sévigné  se  trouvaient  réunis  dans  ce  port 
où  nous  les  avons  vus  plus  d'une  fois  résider  séparément. 

Enfin  le  21  septembre  Tourville  partit  des  îles  d'Hières 
avec  25  vaisseaux  de  guerre  qu'il  ramenait  à  Brest,  port 
désigné  pour  leur  désarmement  ;  parmi  ces  vaisseaux 
se  trouvait  le  Brillant'^  ;  quant  au  Belliqueux^  faisait-il 
toujours  partie  de  l'escadre  de  Château-Renaud,  et  suivit- 
il  ce  dernier  à  Brest,  ou  bien  désarma-t-il  à  Toulon  ?  Nous 


1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/4. 14  :  ordre  de  bataille  de  l'armée  navale 
commandée  par  M.  le  Maréchal  de  Tourville  depuis  la  jonction 
du  comte  d'Ëstrées  devant  Malaga. 

2.  Ibidem. 

3.  Voir  mémoiies  de  Dangeau. 

4.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2.  88,  à  la  fm  :  liste  des  vaisseaux  oui 
restent  sous  le  commandement  de  M.  le  Maréchal  de  Tourville. 


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--  279  — 

ne  saurions  le  dire.  Toutefois,  ce  qui  est  certain,  c'est 
que  l'année  suivante  nous  retrouverons  le  chevalier  de 
Sévigné  attaché  au  département  de  Toulon. 

Dans  la  campagne  navale  de  1694,  la  France,  dit 
H.  Martin,  ne  fit  qu'un  armement  très  inférieur  à  ceux 
des  années  précédentes.  Cela  nous  explique  pourquoi 
cette  année-là  Christophe-Jacques  de  Sévigné  ne  reçut 
aucun  commandement  actif.  Mais,  s'il  semble  n'avoir 
guère  quitté  le  port  de  Brest,  il  contribua  peut-être  au 
mois  de  juin,  sous  les  ordres  de  Langeron,  à  la  défense 
par  terre  de  ce  port  sérieusement  menacé  par  les  Anglais 
qui  avaient  essayé  de  s'en  emparer  par  surprise. 

Dans  les  premiers  jours  de  février  de  cette  même 
année  1694,  il  avait  été  fait  une  nombreuse  promotion 
de  chevaliers  pour  l'ordre  de  Saint-Louis,  nouvellement 
institué.  Dangeau  dit  qu'il  y  en  eut  198  parmi  les  offi- 
ciers de  terre,  48  parmi  ceux  des  vaisseaux,  et  4  parmi 
ceux  des  galères.  Or,  dans  la  la  liste  de  ces  nouveaux 
chevaliers  donnée  par  la  Gazette  de  France,  nous  voyons 
figurer,  entr'autres  capitaines  de  vaisseaux,  le  sieur  de 
Sévigné. 

A  cette  époque,  le  mari  de  Marie-Anne  de  Mescan, 
retenu  par  son  service  à  Toulon  quand  il  n'était  .pas  en 
mer,  ne  devait  guère  avoir  le  loisir  de  vaquer  lui-même 
à  l'administration  de  ses  terres  du  Bas-Maine.  Aussi 
avait-il  au  moyen  d'une  procuration  chargé  sa  femme  de 
le  représenter  à  cet  égard.  C'est  ainsi  que  nous  voyons 
le  18  mai  1694,  par  acte  passé  devant.  M*  Raison,  notaire. 
à  la  Bazouge,  «  dame  Marie-.\nne  de  Mescan,  épouse 
de  Messire  de  Sévigné,  et  sa  procuratrice,  »  affermer  à 
Jacques  Coignard  et  sa  femme  la  métairie  de  la  Quiaterie 
pour  200  livres,  plus,  à  titre  de  faisances,  6  chapons, 
6  poulets,  9  livres  de  beurre,  et  un  certain  nombre  de 
journées  d'ouvriers,  corvées  et  labours  à  faire  au  domaine 
du  Coudray. 

Le  21  du  même  mois,  avait  été  arrêiée  à  Ver- 
sailles la  «  liste  dos  oftlcicrs  de  marine   choisis  par  le 


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—  280  -- 

Roy  pour  servir  sur  les  vaisseaux...  que  S.  M.  fcût  in- 
cessamment armer  uu  port  de  Toulon  ».  Cette  liste  nous 
fait  connaître  que  «  le  sieur  de  Sévigné  »,  était  cette 
année-là  destiné  à  commander  le  Saas^Pareil.  Son  état- 
major  devait  se  composer  du  «  sieur  Bosquet,  capitaine 
de  frégate,  des  sieurs  Simonnet  de  la  Gassinière,  et 
Deydier,  lieutenants,  enfin  des  sieurs  de  Villiers,  cheva- 
lier de  Fabrègues,  et  de  la  Vernée,  enseignes.  Le  Sans- 
Pareil  était  d'ailleurs  armé  de  55  canons,  et  fort  de  350 
hommes*. 

En  cette  année  1694,  Tourville  avait  été  mis  à  la  tête 
de  la  flotte  de  la  Méditerranée,  et  avait  reçu  pour  mission 
de  seconder  par  mer  les  opérations  de  Noailles  en  Cata- 
logne. Quand  il  partit  de  Toulon  dans  les  derniers  jours 
de  mai,  le  Sans-Pareil  faisait  partie  de  son  avant-garde^. 
Cependant,  après  avoir  fait  sa  jonction  dans  la  baie  de 
Roses  avec  Château-Renaud  qui  était  venu  à  Brest  à  la 
tête  d'une  escadre,  il  s'avança  vers  le  déiroitde  Gibraltar 
pour  y  attendre  la  flotte  anglaise  de  l'amiral  Russel 
envoyée  au  secours  des  Espagnols.  Mais  bientôt,  n*osant 
pas  prendre  la  responsabilité  de  lutter  contre  celle-ci 
avec  des  forces  évidemment  inférieures,  il  prit  le  parti  de 
rentrer  à  Toulon  où  il  était  de  retour  un  mois  après  son 
départ^.  On  craignait  même  à  cette  époque  une  descente 
de  la  flotte  anglaise  sur  les  côtes  de  Provence,  et  à  la 
date  du  7  juillet  les  vaisseaux  français  furent  disposés  en 
avant  de  notre  principal  port  méditerranéen  de  façon  à 
le  protéger,  le  cas  échéant,  contre  une  attaque  de  vive 
force.  Le  Sans-Pareil  dans  cette  grave  circonstance  avait 
été,  nous  le  savons,  posté  dans  la  vieille  darce^.  Par 
bonheur  ces  précautions  se  trouvèrent  inutiles  ;  la  flotte 
anglaise  ne  dépassa  pas  Malaga  et  ne  tarde  pas  à  repasser 

1.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/2. 101. 

2.  Voir  A.  N.  Mar.,  B/4.  15,  f>  282. 

3.  Voir  mémoires  de  Dangeau. 

4.  Voir  A.  N.  Mar.  B/4. 15.  f  309. 


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—  281  — 

le  détroit  de  Gibraltar.  On  <^tait  alors  dans  les  premiers 
jours  d'octobre  ;  Tourville  n'hésita  pas  à  recommencer  la 
campagne.  Il  remit  sa  flotte  à  la  mer  et  la  mena  sur  les 
côtes  de  Catalogne  ;  enfin  il  la  ramena  définitivement  à 
Toulon  au  bout  de  quelques  semaines  ^  Ainsi  finit  pour 
le  chevalier  de  Sévigné  la  campagne  de  1694  à  la  suite 
de  laquelle  il  allait  passer  pour  la  troisième  fois  Thiver 
en  Provence. 

Au  printemps  de  Tannée  1695  Jacques-Christophe  de 
Sévigné,  se  vit  rappelé  h  Brest  et  nommé  au  comman- 
dant de  Porzic.  Le  Porzic  est  aujourd'hui  un  fort  très 
important  qui  protège  l'entrée  de  la  rade  de  Brest;  à  l'é- 
poque dont  il  s'agit,  l'autorité  militaire,  instruite  par 
l'expérience  de  l'année  précédente,  et  redoutant  non  sans 
raison  une  nouvelle  entreprise  des  Anglais  sur  notre 
principal  port  du  Ponant,  venait  de  faire  établir  en  cet 
endroit  des  batteries  construites  sous  la  direction  de 
Vauban  lui-môme,  pourvues  de  munitions  de  guerre  et 
ustensiles  nécessaires,  desservies  enfin  par  des  canon- 
niers  et  des  matelots  2.  Telles  étaient  ces  nouvelles  bat- 
teries du  Porzic  que,  en  vertu  de  lettres  à  lui  adressées 
de  Versailles  en  date  du  15  juin  1695,  le  chevalier  de 
Sévigné  était  désormais  appelé  à  commander^.  Nous 
savons  d'ailleurs,  grâce  à  diverses  quittances  données 
par  lui  en  septembre,  octobre  et  novembre  de  la  même 
année,  que  les  appointements  comme  «  capitaine  de  vais- 
seau, commandant  au  Porzic  »,  montaient  à  la  somme  de 
300  livres  par  mois*. 

De  son  côté,  Christophe-Jacques  avait  ser^^  pendant  le 
cours  de  cette  même  année  1695  au  port  de  Brest,  ^  et  en 


1.  Voir  mémoires  de  Dangeau. 

2.  Voir  A.  N.  Mar.  B/2.  106,  ^  178  :  lettre  écrite  le  30  mars  par 
le  ministre  Pontchartrain  à  M.  Desciouzeaux. 

3.  Voir  A.  N.  Mar.  B/2. 105,  f>  151  v«. 

4.  Voir  Bibl  nat.,  man.  f.  fr.  26.255. 

5.  Voir  Revues  Laffilard* 


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—  282  — 

septembre  on  lui  voit  donner  quittance  de  la  somme  de 
150  livres  à  lui  ordonnée  pour  ses  appointements  pendant 
le  mois  de  juillet'. 

En  juin  1696  le  chevalier  de  Se  vigne  fut  de  nouveau 
appelé  à  commander  les  batteries  du  Porzic.  Le  10  juillet 
suivant,  il  reçut  de  Marly  Tordre  do  se  rendre  à  Dun- 
kerque  pour  y  «  commander  en  second  ce  qui  concerne 
la  marine  )>^.  Mais  un  autre  ordre  du  Roi  du  24  du  même 
mois  lui  permit  de  rester  au  Porzic  pour  y  commander  ^. 
Sans  doute  avait- il  réclamé  contre  ce  changement  de 
garnison  qui  devait  lui  sourire  médiocrement.  D'ailleurs, 
si  ses  services  avaient  paru  utiles  au  port  de  Dunkerque 
bloqué  et  incendié  au  mois  de  juin  par  la  flotte  anglo- 
hollandaise,  ils  ne  le  furent  pas  moins  h  Brest  à  la  fin  de 
juillet,  quand  les  Anglais  reparurent  en  vue  de  ce  port 
et  semblèrent  un  moment  le  menacer^. 

A  la  fin  d'octobre  Jacques-Christophe  de  Sévigné  fut 
relevé  de  son  commandement^,  et,  dans  les  premiers 
jours  de  décembre,  il  se  rendit  pour  quelques  semaines 
auprès  de  sa  femme  et  de  sa  fille  au  Coudray.  C'est 
pendant  ce  court  séjour  dans  sa  terre  du  Bas-Maine  que 
nous  voyons  «  messire  Jacques-Christophe,  comte  de 
Sévigné,  chevalier,  capitaine  des  vaisseaux  du  Roy  au 
département  de  Brest,  province  de  Basse  Bretagne,  y 
demeurant  ordinairement,  de  présent  à  son  château  du 
Coudray,  paroisse  de  Saint-Denis  du  Maine  »,  passer  par 
actes  devant  M*  Raison,  notaire  à  la  Bazouge,  deux  baux 
relatifs  Tun  au  lieu  de  la  Moisinière,  l'autre  au  lieu  et 
métairie  de  la  Chesnaye. 

Nous  avons  vu  qu'en  février  1694  le  chevalier  de  Sé- 
vigné  avait  été  nommé  chevalier  de   Saint-Louis.  Au 

1.  Voir  Bibl.  nat.,  man.  f.  fr.  26.255. 

2.  Voir.  A   N.  Mar.,  B/2.  114.  r>  179. 

3.  Voir  ibidem.  P>  184. 

4.  Voir  mémoires  de  Dangeau. 

5.  Voir  Revues  Laffîlard. 


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—  283  — 

printemps  de  Tannée  1697  il  reçût  une  nouvelle  preuve 
de  la  bienveillance  du  Roi  à  son  égard.  Le  l*'  avril  en 
effet  le  ministre  de  la  marine  Pontchartrain  lui  délivra  au 
nom  de  son  maitre  un  brevet  de  mille  livres  de  pension 
dont  voici  la  teneur  *  : 

«  Aujourd'hui,  premier  du  mois  d'avril  mil  six  cent 
quatre  vingt  dix  sept,  le  Roy,  estante  Versailles,  voulant 
gratifier  et  favorablement  traitter  le  sieur  de  Sévigné, 
capitaine  de  vaisseau,  en  considération  de  ses  services  et 
pour  lui  donner  le  moyen  de  les  continuer,  S.  M.  lui  a 
accordé  et  fait  don  de  mille  livres  de  pension  annuelle 
sur  la  marine,  à  la  place  du  sieur  d'Aligre  Saint-Lié, 
notre  capitaine  de  vaisseau,  auquel  S.  M.  en  a  accordé 
une  de  1.500,  laquelle  pension  de  mille  livres  sera  payée 
audit  sieur  de  Sévigné  à  commencer  de  cejourd'huy  sur 
ses  simples  quittances...,  et  pour  tesmoignage  de  sa 
volonté,  S.  M.  m'a  commandé  de  luy  expédier  le  présent 
brevet  qu'elle  a  voulu  signer  de  sa  main  et  être  contre- 
signé par  moy  conseiller,  secrétaire  d'estat  et  de  ses 
commandements  et  finances. 

Signé  :  Louis, 

et  plus  bas        Phélippeaux.  » 

11  est  à  remarquer  que  le  brevet  en  question,  expédié 
le  1"*"  avril  à  Versailles,  fut  enregistré  le  27  mai  suivant 
au  contrôle  de  la  marine,  non  pas  au  port  de  Brest,  mais 
à  celui  de  Lorient.  C'est  que,  dans  l'intervalle  de  ces  deux 
dates,  Jacques-Christophe  de  Sévigné  avait  été  nommé 
commandant  en  second,  sous  le  chevalier  de  Rosmadec, 
chef  d'escadre,  au  département  de  Port-Louis 2.  Promue 
celte  fonction  le  24  avril,  il  commença  à  l'exercer  le  l*"" 
mai,  pour  ne  la  quitter  qu'au  1**'  décembre  suivant 3. 


1.  Ce  document  dont  nous  devons  la  communication  à  l'ai- 
mable obligeance  de  M.  Saulnier,  fait  partie  du  tonds  Le  Bihande 
Pennelé  conservé  aux  archives  du  Finistère  (Série  E,  liasse  412). 

2.  A.  N.  Mar.,  B/2.  123,  r>60. 

3.  Revues  Laffilard. 


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—  284  — 

Cependant,  Tannée  1697  avait  vu  la  fin  de  la  longue 
et  terrible  guerre  qui  pendant  près  de  dix  ans  avait  mis 
la  France  aux  prises  avec  presque  toute  l'Europe  coali- 
sée contre  elle  :  dès  le  9  mai  des  conférences  s'étaient 
ouvertes  à  Ryswick  entre  nos  représentants  et  ceux  des 
autres  nations  en  guerre  avec  nous  ;  la  paix  avait  été 
conclue  avec  TEspagne,  l'Angleterre  et  la  Hollande  le  20 
septembre,  puis  avec  l'Empereur  et  l'Empire  le  30  octo- 
bre. Aussitôt  Louis  XIV  prescrivit  à  tous  les  archevêques 
et  évéques  du  royaume  de  faire  chanter  le  Te  Deum  dans 
les  églises  métropolitaines  de  leurs  diocèses,  et  il  en- 
voya en  même  temps  des  instructions  à  tous  les  gouver- 
neurs de  province  et  commandants  de  place  pour  leur 
enjoindre  d'assister  avec  leurs  subordonnés  à  cette  céré- 
monie. Voici  la  lettre^  qu'il  adressa  en  cette  circonstance 
au  commandant  en  second  du  département  du  Port-Louis 
qui  se  trouvait  probablement  alors,  par  suite  de  l'ab- 
sence du  chevalier  de  Rosmadec,  seul  à  y  représenter 
l'autorité  royale  : 

«  Monsieur  de  Sévigné,  les  heureux  succès  dont  le  ciel 
a  favorisé  mes  armes  dans  le  cours  d'une  longue  guerre 
ne  m'ont  jamais  esloigné  du  désir  sincère  pour  la  paix 
qui  a  tousjours  esté  l'unique  fin  que  je  me  suis  proposée 
dans  toutes  me»  entreprises.  Quoyque  les  glorieuses 
expéditions  do  cette  campagne  et  les  avantages  qu'elle 
me  préparoit  eussent  pu  m'engager  à  soustenir  mes 
intérests  et  à  porter  mesme  plus  loin  mes  prétentions, 
je  les  ay  abandonnés  avec  d'autant  moins  de  peine  que 
je  me  suis  veu  plus  en  estât  de  les  maintenir,  et  je  me 
suis  fait  une  loy  de  consacrer  au  repos  de  l'Europe  le 
fruict  de  mes  conquestes.  Je  suis  assez  récompensé  de 
ce  que  me  cous  te  cette  modération,  puisqu'elle  finit  les 
maux  inséparables  de  la  guerre.  Le  prompt  soulagement 
que  mes  peuples  en  reçoivent  et  le  plaisir  que  je  ressens 
de  les  rendre  heureux  me  dédommagent  de  tout  ce  que 

3.  Arch.  du  Finistère,  fonds  Le  Bihan  de  Pennelé  (E.  412). 


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—  285  — 

je  leur  sacrifie,  et  TécUt  des  plas  grands  triompfaes  ne 
vaut  pas  la  gloire  de  récompenser  le  zèle  de  mes  sujets 
qui  tous,  avec  une  ardeur  égale  et  sans  jamais  se  dé- 
mentir, ont  prodigué  leur  sang  et  leurs  biens  pour  mon 
service.  Dieu,  favorable  aux  desseins  qu'il  m'a  tousjours 
inspirés,  a  ouvert  les  yeux  aux  puissances  confédérées 
qui,  désabusées  de  leurs  fausses  espérances  et  touchées 
de  leurs  véritables  intérests,  ont  accepté  les  conditions 
que  je  leur  ay  si  souvent  oiTertes.  La  paix  qui  fut  signée 
le  20  septembre  dernier  avec  TEspagne,  l'Angleterre 
et  la  Hollande  a  esté  ratifRée  depuis  peu  de  jours.  La 
ratifHcation  de  celle  que  je  viens  de  conclure  avec  TEm- 
pereur  et  FEmpire  achèvera  bientôt  cet  ouvrage  si  im- 
portant et  si  nécessaire  à  TEurope  ;  mais  je  n'ai  pu  dif^ 
férer  jusque  là  de  tesmoigner  à  Dieu  une  juste  recon- 
naissance et  de  luy  rendre  les  actions  de  grâces  que  je 
luy  dois  de  ce  qu'après  avoir  rendu  tant  de  fois  mes 
armes  victorieuses,  il  commence  à  répandre  sur  mon 
royaume  la  plus  précieuse  de  ses  bénédictions  et  fait 
renaître  entre  mes  estats  et  ceux  de  mes  voisins  une 
paix  stable  et  sincère.  C'est  pourquoy  j'ay  escrit  aux 
archevesques  et  évesques  de  mon  royaume  de  faire 
chanter  le  Te  Deum  dans  les  églises  métropolitaines  de 
leurs  diocèses,  et  je  vous  fais  cette  lettre  pour  vous  dire 
que  mon  intention  est  que  vous  assistiez  avec  les  offi- 
ciers de  la  marine  qui  sont  sous  votre  commandement  è 
celuy  qui  sera  chanté  sur  mon  vaisseau  portant  pavillon 
d'admiral  ou  dans  la  chapelle  de  l'Arsenal,  et  que  vous 
fassiez  tirer  le  canon  sur  mes  vaisseaux  en  la  manière 
accoustumée.  Sur  ce  je  prie  Dieu  qu'il  vous  ayt. 
Monsieur,  en  sa  sainte  garde.  Escrit  à  Versailles  le  20 
novembre  1697  ». 

Louis 

Phélippeàux 
Cette  même  année,  il  avait  été,  comme  on  sait,  procédé 
dans  toute  la  France  à  la  confection  de  Tarmorial  gé- 
néral pour  lequel  chaque   famille  noble  ou   simplement 


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—  286  — 

bourgeoise  dut  produire  ses  armoiries  avec  preuves  à 
l^appui.  Or,  par  suite  du  décès  sans  postérité  mâle  de 
Charles  de  Sévigné,  Christophe-Jacques  se  trouvait  alors 
le  chef  de  la  branche  de  Monmoron.  Il  eut  donc  en  cette 
qualité  à  produire  ses  armoiries  qui  furent  enregistrées 
le  11  avril  dans  le  registre  de  la  noblesse  de  Bretagne  avec 
la  mention  suivante  : 

«  Ecu  des  armoiries  dont  demande  la  réception  à  la 
grande  maîtrise  et  Tenregistrement  à  Tarmorial  général 
Messire  Christophe-Jacques  de  Sévigné,  chevalier  de 
Monmoron,  capitaine  des  vaisseaux  du  Roy,  de  la  pro- 
vince de  Bretagne,  étant  pour  le  service  de  S.  M.  à 
Brest,  qui  porte  :  écartelé  de  sable  et  d'argent,  présenté 
au  bureau  de  la  maîtrise  de  Bretagne  à  Brest  le  11  avril 
1697»». 

A  la  fin  de  Tannée  suivante,  le  bénéfice  de  Vauberger 
dont,  on  s'en  souvient,  M*  François  Raison,  curé  de  la 
Cropte,  avait  été  pourvu  au  commencement  de  Tannée 
1692,  sur  la  présentation  de  Christophe-Jacques  de  Sévi- 
gné, vint  de  nouveau  à  vaquer.  Le  chevalier  de  Monmoron, 
ayant  à  faire  nommer  un  nouveau  chapelain,  ne  crut 
pas  pouvoir  faire  un  meilleur  choix  qu'en  présentant  par 
acte  du  26  novembre  à  la  collation  de  Tévêque  du  Mans 
M"  Georges  Raison,  neveu  du  défunt,  et  frère  de  ce 
René-François  Raison  qui,  comme  sénéchal  de  la  châtel- 
lenie  de  Chemeré,  jouissait  alors  de  la  confiance  des 
châtelains  du  Coudray-. 

Au  mois  d'octobre  de  Tannée  1699,  Christophe-Jacques 
de  Sévigné  se  trouvait  au  Coudray  ;  les  registres  parois- 
siaux de  la  Bazouge  nous  apprennent  en  effet  que  le 
28  octobre  de  cette  année-là  «  messire  Christophe- 
Jacques,  comte  de  Sévigné-Montmoron,  capitaine  des 
vaisseaux  du  Roy,  demeurant  présentement  en  son 
château  du  Coudray,  paroisse  de  Saint-Denis-du-Maine,  » 

1.  Bibl.  net.,  Cab.  des  titres,  P.  O.,  dossier  Sévigfné. 

2.  Arch.  de  la  Sarthe,  ins.  ecclés.,  reg.  373.  f*  154,  v«  2. 


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—  287  — 

avait  été  parrain  en  Téglise  de  la  Bazouge  de  Christophe- 
Jacques  Raison. 

Quelques  jours  après  avait  lieu  à  Vannes  l'ouver- 
ture de  la  session  des  États  de  Bretagne  sous  la  prési- 
dence du  comte  de  Toulouse,  amiral  de  France,  qui  était 
alors  gouverneur  de  Bretagne.  Sur  la  désignation  de 
celui7ci,  les  États  nommèrent  le  23  novembre  Jacques- 
Christophe  de  Sévigné,  capitaine  de  vaisseaux,  pour 
représenter,  selon  Tusage,  la  noblesse  de  la  province 
près  la  cour  des  Comptas  *. 

Hélas  !  au  moment  où  le  châtelain  du  Coudray  rece- 
vait de  la  part  du  gouverneur  et  de  la  noblesse  de  Bre- 
tagne cette  marque  d'honneur,  et  de  confiance,  il  n'avait 
plus  que  quelques  mois  à  vivre.  11  était,  dit  M.  Saulnier, 
devenu  fort  gros  :  une  grave  maladie  épuisa  sa  consti- 
tution et,  au  printemps  de  1700,  on  put  entrevoir  à 
bref  délai  un  dénouement  fatal.  A  la  date  du  22  mai. 
Madame  de  Grignan,  informée  de  l'état  de  santé  où  se 
trouvait  celui  à  qui  sa  mère  avait  autrefois  témoigné  un 
si  vif  et  si  affectueux  intérêt,  écrivait  à  celle  qui  allait 
bientôt  être  sa  veuve  : 

«  Je  suis  très  touchée,  Madaipe,  de  l'état  où  vous  me 
représentez  M.  le  comte  de  Sévigné  ;  je  crains  fort  que 
les  premières  nouvelles  ne  m'apprennent  que  nous  l'avons 
perdu,  et  je  vous  assure.  Madame,  que  je  sentirai  vive- 
ment cette  perte.  Je  l'honore,  je  l'aime,  je  compte  sur 
son  amitié  :  toutes  ces  liaisons,  sans  compter  celle  de 
la  parenté,  me  rendent  bien  sensible  à  votre  malheur 
et  me  le  font  partager  bien  sincèrement.  Je  voudrais  être 
en  lieu  de  pouvoir  vous  garantir  de  celui  de  perdre  la 
députa tion  que  vous  avez  eue  de  M.  le  comte  de  Tou- 
louse ;  mais  do  Provence  ou  ne  peut  guère  bien  sollici- 
ter. Je  ne  doute  pas  que  vous  n'ayiez  écrit  à  mon  frère  : 
il  est  à  portée  de  vous  rendre  service.  Je  lui  ai  mandé 


1.  Voir  dans  les  Sévigné  oubliés  :  le  Filleul  de  la  marquise, 
p.  99,  note  2. 


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—  288  - 

que  je  le  priais  de  redoubler  son  zèle  pour  vos  intérêts, 
puisque  je  ne  puis  faire  agir  le  mien....  Si  je  puis  dans  la 
suite  vous  être  utile,  ou  M.  de  Grignan,  faites-nous  la 
grâce  de  compter  sur  nous  et  de  nous  employer.  Je  plains 
mademoiselle  votre  fille  :  je  sais  qu'elle  est  très  aimable 
et  qu'elle  profite  fort  de  tous  les  soins  que  vous  prenez 
de  son  éducation.  Il  faut  espérer  que  Dieu  prendra  soin 
de  son  établissement  et  vous  donnera  cette  consolation 
dans  les  malheurs  qui  vous  menacent  et  que  je  crains 
avec  vous.  Je  suis,  Madame,  votre  très  humble  et  très 
obéissante  servante...  » 

Le  8  juin  1700,  —  nous  laissons  encore  la  parole  à 
M.  Saulnier,  —  Jacques-Christophe  de  Se  vigne  cessa  de 
souffrir.  Il  mourut  à  56  ans,  sur  la  paroisse  des  Sept- 
Saints  à  Brest  :  son  corps  fut  inhumé  dans  la  chapelle 
des  Carmes  de  cette  ville.  Voici  l'extrait  textuel  de  son 
acte  de  sépulture  : 

«  Le  neufiesme  jour  de  juin  dix-sept-cents,  Messire 
Jacques-Christophe  de  Sévigné,  capitaine  de  vaisseaux 
du  Roy,  chevalier  de  l'ordre  militaire  de  Saint-Louis, 
décédé  le  jour  précédent,  a  été  transporté  aux  Carmes 
Rje  (?)  en  présence  de  Messire  Christophe-Jacques  de 
Sévigné,  capitaine  de  vaisseaux  du  Roy,  son  frère,  et 
de  Vincent-François  Marin,  son  parent,  allié  de  Marie- 
Anne  de  Mescam,  sa  veuve. 

Marin  ChristopheJ.  de  Sévigné 

J.  Poignant.  » 

La  mort  de  Jacques-Christophe  de  Sévigné  ne  changea 
rien  à  la  destinée  de  la  terre  qui  nous  intéresse  ;  Chris- 
tophe-Jacques continua  à  la  posséder  indivisément  avec 
sa  nièce  Marie-Charlotte  de  Sévigné  qui,  en  sa  qualité 
de  fille  unique  du  défunt,  avait  succédé  aux  droits  de 
celui-ci.  Aussi,  quand  le  2  janvier  1702  eut  lieu  la  béné- 
diction des  deux  cloches  de  la  Bazouge,  voyons-nous 
l'oncle  et  la  nièce  occuper  dans  cette  cérémonie  la  place 
réservée  par  l'usage  aux  seigneurs  et  dames  de  paroisse  ; 
le  comte  de  Montmoron  eut  l'honneur  d'être  parrain  de 


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—  289  - 

la  grosse  cloche,  tandis  que  «  damoiselle  Françoise  de 
Se  vigne  »  était  marraine  de  la  petite.  Voici,  d'après  les 
registres  paroissiaux  de  la  Bazouge,  le  procès-verbal 
relatant  ce  petit  événement  local  : 

«  Le  lundi  2«  jour  de  janvier  1702,  les  deux  cloches 
de  la  Bazouge  de  Chemeré  ont  esté  bénies  par  Messire 
Germain  Gohier,  prestre,  curé  de  Bazougers  et  doyen 
rural  de  Sablé,  après  avoir  été  fondues  par  Pierre  et 
Charles  Asselin,  père  et  fils,  fondeurs  de  la  ville  du 
Mans,  le  vendredi  25  novembre  1701,  sur  le  soir,  en  la 
grange  du  presbytère.  Ont  été  parrains  et  marraines , 
sçavoir,  de  la  grosse  cloche,  Messire  Christophe-Jacques 
de  Sévigné,  comte  de  Montmoron,  seigneur  de  ladite 
Bazouge,  et  dame  Françoise-Marguerite-Anthoinette  de 
Thibault  de  la  Roche-Thulon  ;  et  de  la  petite,  Messire 
Pierre-Emmanuel  de  Thibault,  seigneur  marquis  de  la 
Roche-Thulon,  ancien  colonel  de  dragons  ^  et  damoiselle 
Françoise  de  Sévigné;  et  ont  été  nommées,  sçavoir  : 
la  grosse,  Christophlette-Françoise  par  ledit  seigneur 
comte  de  Montmoron,  et  demoiselle  Françoise  Le  Page, 
niepce  de  V.  et  D.  Messire  Michel  Le  Page  curé  de  ladite 
Bazouge,  au  nom  et  par  représentation  de  ladite  dame  de 
Thibault  de  la  Roche-Thulon,  marraine  ;  et  la  petite  a 
été  nommée  Perrine  par  led.  seigneur  Marquis  de  la 
Roche-Thulon,  et  honnête  femme  Magdelaine  Couesme, 
espouze  de  M*  François  Raison,  notaire  royal  et  procu- 
reur fiscal  de  ladite  Bazouge  et  Chemeré,  au  nom  et  par 
r^résentationde  ladite  damoiselle  Françoise  de  Sévigné, 
marraine  ». 

Cependant  les  affaires  de  la  maison  de  Sévigné- 
Montmoron,  déjà  très  embrouillées  du  vivant  de  René- 
François,  n'avaient  fait  que  s'embrouiller  davantage 
sous  ses  successeurs.  Pas  plus  que  leur  aîné,  ces  der- 


1.  Pierre-Emmanuel  de  Thibault,  seij|^eurdelaRoche*Thulon, 
était  alors,  à  cause  de  sa  femme,  Mane-Claude  de  Beaumanoir, 
seigBeur  de  la  Roche  en  la  Bazouge. 


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—  290  - 

niers  ne  s'étaient  mis  en  mesure  de  payer  chaque  année 
la  rente  de  1.000  fr.  due  par  eux,  en  vertu  du  contrat  de 
constitution  du  28  avril  1634,  à  Judith  de  Barillon,  alors 
veuve  de  Messire  Philippe-César  de  Chastelux,  cheva- 
lier, comte  dudit  lieu,  fille  et  héritière  de  J.  de  Barillon 
et  de  Bonne  Fayet.  A  la  date  du  26  avril  1703,  il  était 
dû  à  celle-ci  par  les  représentants  de  Radegonde  des 
Rotours  31  années  d'arrérages  de  1.000  livres  de  rente 
par  chacun  an,  soit  une  somme  de  31.000  livres.  Aussi 
finit-elle  par  perdre  patience.  Après  s'y  être  fait  autori- 
ser par  plusieurs  sentences  de  la  cour  des  Requêtes  de 
l'hôtel  rendues  les  20  juin,  2  et  21  juillet  1703,  et  en 
vertu  d'une  commission  de  cette  cour  du  2  août  suivant  \ 
elle  chargea  François  Mochin,  «  archer,  huissier  en  la 
maréchaussée  et  siège  présidial  de  Laval  »,  de  faire 
commandement  par  exploit  u  de  par  le  Roy,  nostre  sire 
et  justice,  »à  «  Messire  Christophe-Jacques  de  Sévigné, 
chevalier,  seigneur  de  Montmoron,  capitaine  des  vais- 
seaux, héritier  par  bénéfice  d'inventaire  de  défunt  Mes- 
sire Regnault  de  Sévigné,  vivant  chevalier,  seigneur  de 
Montmoron,  et  de  dame  Gabrielle  du  Bellay,  ses  père 
et  mère  »,  de  bailler  ou  payer  «  lors  présentement  à  lad. 
dame  de  Barillon  ou  à  luy  huissier....  la  somme  de 
31.000  livres  pour  31  années  d'arrérages  de  mille  livres 
de  rente  par  chacun  an,  escheue  le  26  avril  1703,  sans 
préjudice  de  l'année  courante,  et  de  celle  à  escheoir  »,  etc. 
François  Mochin  se  rendit  donc  le  26  janvier  1704  de 
Laval  au  «  chasteau  du  Coudray,  scis  paroisse  de  Saint- 
Denis-du-Maine  »,  où  «  parlant  à  René  Pineau,  sieur  de 
la  Tranchardière  »,  il  s'acquitta  de  sa  mission.  Mais  le 
«  sieur  de  Sévigné  »  fit  répondre  par  le  refus  le  plus 
absolu.  Sur  quoi  l'huissier  se  retira  en  déclarant  «  que  la 
partie  se  pourvoiroit  à  l'encontre  de  luy  tant  par  saisie 

1.  Tout  ce  qui  suit  relativement  aux  diverses  saisies  judiciaires 
dont  la  terre  du  Coudray  fut  1  objet  de  1703  à  1714  esttil^é  des  con- 
sidérants du  décret  de  vente  de  cette  terre  rendu  aux  Requêtes 
du  Palais  à  Paris,  le  10  janvier  1715  (Arch.  nat.»  V4  1408). 


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—  291  — 

et  exécution  de  ses  biens  meubles,  saisie  réelle  de  ses 
immeubles  qu'autrement  »,  etc.,  ei  en  même  temps  il 
n'oublia  pas  de  bailler  et  laisser  «  coppie  tant  desdits 
contrat  de  constitution,  acte  de  ratification,  sentences  et 
commission  de  la  cour  que  de  son  dit  exploit  »,  tout  cela 
en  présence  de  François  Le  Barbier,  «  sergent  royal  »,  et 
Daniel  Jeudy,  «cy-devant  sergent  demeurant  à  Laval.» 

Ce  ne  fut  pas  là  une  vaine  menace.  Dès  le  surlende- 
main 28  janvier,  François  Mochin,  «  continuant  »  son 
«  exploit  de  commandement  faulte  de  payement  de  ladite 
somme,  »  et  «  à  la  requête  de  ladite  dame  Jeanne  do  Baril- 
Ion...  »,  se  transporte  de  nouveau  avec  ses  deux  compa- 
gnons de  Tavant-veille  «  au  château  et  principal  manoir 
de  la  terre,  fief  et  seigneurie  du  Coudray,  en  la  paroisse 
de  Saint-Denis-du-Maine,  consistant  audit  château  et 
principal  manoir,  le  lieu  et  métairie  du  domaine  d'icelluy 
château  appelé  la  Couture,  lors  exploité  par  René  Des- 
nots  »,  les  lieux  et  métairies  du  Plessis,  de  la  Quinterie, 
de  la  Moisinière,  du  Boulay,  de  la  Dorbellière,  de  1» 
Tranchardière,  et  le  moulin  de  Vauveron,  «  lesdites  choses 
composées  de  maisons,  bâtiments,  écuries,  granges, 
étables,  fuyes,  colombier,  cours,  étrages,  issues,  jardins, 
garennes,  fours,  bois  taillis  et  autres,  pâtis,  landes, 
usages,  prés,  pastures.  terres  labourables  et  non  labou- 
rables, généralement  avec  les  servitudes  actives  et  pas- 
sives, fiefs,  arrière-fiefs,  tous  les  droits  et  degrez  de 
justice  foncière  et  domaniale,  hommes,  subjets  et  vas- 
saux, cens,  rentes,  charges  et  devoirs  féodaux,  rentes 
foncières  et  autres,  présentation  de  chapelle,  nomination 
aux  bénéfices,  droits  de  bancs  et  autres  droits  honorifi- 
ques es  églises  des  paroisses  dudit  Saint-Denis  (du  Maine), 
de  Chemeré  le  Roy,  de  la  Bazouge  de  Chemeré  et  autres, 
avec  tous  les  droits  de  seigneurie  utiles  et  profita- 
bles »,  etc... 

Puis  notre  huissier  procède  à  la  saisie  de  tout  ce  qui 
vient  d'être  énuméré.  11  saisit  «  réellement,  actuellement 
et  de  fait  »,  et  met  a  en  la  main  du  Roy  notre  sire  et  de 


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—  292  — 

justice  lesdites  terres,  fiefs  et  seigneuries  du  Coudray,  en- 
semble les  bestiaux  et  semences  qui  estoient  sur  lesdits 
lieux,  en  ce  qui  en  appartient  pour  part  de  maistre,  sur 
ledit  sieur  de  Sévigné,  pour  être  criées,  subhastées  par 
les  criées  et  bannies  de  huitaine,  quinzaine  et  quaran- 
taine suivant  la  coutume  des  lieux,  »  etc.  »  et  (c  ce  fait, 
vendues  et  adjugées  par  décret  »  par  devant  les  gens  des 
Requêtes  de  l'Hôtel  en  leur  «  auditoire  du  Palais  à  Paris 
au  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur  en  la  manière 
accoutumée  ». 

Ëniin  François  Mochin  commet  et  établit  commissaire 
«  au  régime  et  gouvernement  »  desdites  «  terres,  fiefs  et 
seigneuries  et  autres  biens  ainsy  réellement  saisis....  la 
personne  de  M^  Claude  Forcadel,  commissaire  et  rece- 
veur général  des  deniers  provenans  des  saisies  réelles  de 
ladite  cour  ». 

Toutes  ces  formalités  avaient  eu  pour  témoins  lesdits 
Le  Barbier  et  Jeudy. 

Le  lendemain  29  janvier,  Thuissier  Mochin  se  trans- 
porte cette  fois,  avec  ses  deux  témoins,  a  au  bourg  et  pa- 
roisse de  Cbemeré  le  Roy  »,  où  il  saisit  «  sur  ledit  sieur 
de  Sévigné  le  fonds,  tresfond  et  propriété  de  la  terre,  fief 
et  seigneurie  de  Chemeré  le  Roy  et  juridiction  en  dépen- 
dant »,  la  métairie  de  la  Raudière,  le  pré  de  la  Chaussée, 
et  le  pré  appelé  le  pré  des  Bois,  Tétang,  le  lieu  et  métairie 
de  la  Grande«Croisnière^  les  lieux  ei  métairies  de  la 
Pinotière,  du  Creulix,  et  le  lieu  et  closerie  de  la  Douce 
(1  dépendants  de  ladite  terre,  fief  et  seigneurie  du  Cou- 
dray  ». 

Le  30  il  se  transporte,  accompagné  comme  la  veille, 
d'abord  a  au  lieu  noble  et  terre  seigneuriale  de  Chahaing, 
principal  manoir  d'icelluy,  scis  paroisse  de  la  Bazouge 
de  Chemeré  »,  puis  «  au  lieu  noble  et  seigneurial  de  la 
Touche  ou  des  Touches,  consistant  au  domaine  d'icel- 
luy »,  ensuite  aux  Ueux  et  métairies  de  la  Chesnaye  et 
de  la  Rivière,  a  le  tout  de  la  dépendance  du  chasteau. 


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-^  293  — 

terre,  fief  et  seigneurie  du  Coudray  »,  et  il  y  pratique 
également  les  formalités  de  la  saisie. 

Le 31  il  se  transporte,  toujours  avec  ses  deux  témoins, 
«  au  lieu  noble,  fief  et  seigneurie  de  Vauberger  »,  au 
lieu  noble  et  seigneurie  de  la  Ragonnière,  et  aux  métai- 
ries de  la  Terpinière  et  de  GuinefoUe,  qui  sont  égale- 
ment soumis  à  la  saisie. 

Enfin,  le  !•'  février,  François  Mochin  retourne  une  der- 
nière fois  au  château  du  Coudray,  où  il  montre  et  signifie 
((  lesdites  saisies  réelles,  mainmises  et  establissement  de 
commissaires...  audit  sieur  de  Sévigné,..  parlant  audit 
René  Pineau,  sieur  de  la  Tranchardière,  à  ce  qu'il  n'en 
prétendist  cause  d'ignorance  »,  et  il  lui  fait  deffense  «  de 
par  S.  M.  do  troubler  ny  empescher  ledit  Forcadel.... 
sur  les  peines  portées  par  les  ordonnances  royaux  ». 

Ainsi,  au  commencement  de  cette  année  1704,  Christo- 
phe-Jacques de  Sévigné  n'avait  pu  empêcher  la  terre  du 
Coudray  d'être  mise  sous  le  régime  de  la  saisie.  Pen- 
dant ce  temps-là,  sa  nièce  Marie-Charlotte,  dont  nous 
avons  vu  Madame  de  Grignan  vanter  les  aimables  qua- 
lités, approchait  de  sa  vingtième  année  et  l'on  com- 
mençait déjà  autour  d'elle  à  se  préoccuper  de  son  établis- 
sement. Elle  se  décida  pendant  l'été  de  1706  à  donner  sa 
main  à  un  gentilhomme  breton,  Messire  Toussaint  Le 
Bihan,  écuyer,  seigneur  de  Pennelé.  Fils  de  Jean  Le  Bihan, 
seigneur  de  Pennelé,  et  de  demoiselle  Gillette  Gourie  de 
Lanoster,  ce  dernier  descendait  d'une  ancienne  famille 
du  pays  de  Morlaix,  qui  portait  pour  armes  :  «  de  sable 
semé  de  billettes  d'argent  et  au  lion  de  même  manière 
brochant  sur  le  tout  »,  et  avait  été  maintenue  en  1669 
dans  sa  noblesse.  11  demeurait  au  château  de  Pennelé, 
paroisse  de  Saint-Martin-des-Champs,  près  de  Morlaix. 
Le  contrat  de  mariage  fut  passé  le  20  août  1706  devant 
Jomin  et  Guillon,  notaires  à  Brest  ;  Toussaint  Le  Bihan  y 
assurait  à  sa  future  épouse,  à  titre  de  gain  de  survie, 
un  usufruit  considérable.  Quant  au  chiffre  de  la  fortune 

19 


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—  294  — 

de  mademoiselle  de  Sévigné,  il  n*y  est  pas  précisé  ;  il 
est  seulement  question  des  droits  et  biens  appartenant 
à  la  future  tels  qu^ils  lui  sont  échus  do  la  succession 
du  défunt  seigneur  de  Sévigné  son  père. 

Pendant  Tété  de  1708,  les  nouveaux  époux  semblent 
être  venus  faire  un  séjour  assez  prolongé  au  Coudray; 
en  effet,  en  juillet,  août  et  septembre  de  cette  année-là, 
nous  voyons  «  noble  dame  Marie-Charlotte,  comtesse  de 
Sévigné,  épouse  de  haut  et  puissant  seigneur  Messire 
Louis-Toussaint  Le  Bihan  de  Pennelé  »,  plusieurs  fois 
marraine  dans  l'église  de  Saint-Denis-du- Maine. 

C'était  précisément  le  moment  où  Judith  de  Barillon, 
après  s'être  fait  subroger  aux  droits  de  Messire  René 
de  Savonnières,  chevalier,  seigneur  de  Lignères,  con- 
seiller du  Roy  en  sa  cour  de  Parlement,  ef  de  ses  frères, 
qui  étaient    alors  les   représentants    de   Mathurin   de 
Savonnières  et  d'Elisabeth  de  Goué,  se  mettait  en  me- 
sure de  «  procéder  et  passer  outre  à  la  vente  et  adjudi- 
cation »  des  biens  saisis  réellement  par  elle  en  1704.  Le 
10  juillet  1708,  l'huissier  Mochin  avait  «  par  son  exploit 
dudit  jour  signifié  et  déclaré  audit  sieur  de  Sévigné,  partie 
saisie,  et  à  son  domicile  audit  château  du  Coudray,  par- 
lant au  siejr  de  la  Tranchardière,  qu'il  seroit  procédé  aux 
affiches  et  panonceaux  royaux  et  aux  criées,  bannies  et 
subhastations  de  huitaine,  quinzaine  et  quarantaine  »,  etc. 
Et  en  effet  le  14  juillet,  sur  les  7  heures  du  matin,  les 
affiches  avec  panonceaux  royaux  sont  apposées  «  à  la 
porte  et  principale  entrée  du  château  i^u  Coudray  »  ;  le 
même  jour  elles  sont  apposées  successivement  «  à  la 
porte  du  pallais  de  la  juridiction  de  Chemeré-le-Roy,  » 
ainsi   qu'aux   portes   principales   «   du    lieu   noble   de 
Chahain  »,  des   lieux  nobles  des  Touches  et  de  Saint- 
Berthevin,  du  lieu  noble  de  la  Ragonnière  et  à  la  porte 
principale  de  Vauberger  ;  le  lendemain  15,  les   affiches 
sont  également  mises  sur  les  principales  portes  et  entrées 
des  églises  paroissiales  de  la  Bazouge  de  Chemeré,  de 
Saint-Denis  du-Maine,  de  la  Cropte  et  de  Meslay  ;  et  le 


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—  295  — 

17  on  procède  à  leur  apposition  «  à  la  porte  du  palais  au 
posteau  du  bas  des  halles  de  Laval  ». 

Puis  vint  le  tour  des  criées.  Elles  commencent  le 
28  juillet.  Ce  jour-là,  l'huissier  Mochin  se  transporte 
«  avec  Ambroise  Samoroy,  trompette  juré,  au  devant  de 
la  porte  du  pallais  et  du  poteau  du  bas  des  halles  delà 
ville  de  Laval,  Taudience  et  le  marché  tenants  »,  et  là, 
«  comme  le  peuple  y  étoit  assemblé  en  grand  nombre, 
après  avoir  donné  de  sa  trompette  par  plusieurs  et 
diverses  foiâ  »,  ledit  Samoroy  fait  et  proclame  «à  haute 
et  intelligible  voix  et  cry  public  lesdites  criées  et  bannies 
de  huitaine  desdites  terres,  fiefs  et  seigneuries  du  Cou- 
dray,  Chemeré  le  Roy  et  autres  biens  saisis  »,  etc.  Puis, 
les  dimanche  29  juillet,  5^  12,  19  et  26  août,  il  se  trans- 
porte ((  au  devant  des  grandes  portes  et  principales 
entrées  des  églises  paroissiales  de  Saint-Denis-du-Maine, 
de  la  Bazouge,  de  Chemeré,  de  la  Cropte  et  de  Meslay, 
auxquels  lieux,  à  la  fin  et  issue  des  grandes  messes  de 
paroisse  dites,  chantées  et  célébrées  esdites  églises 
paroissiales,  et  comme  le  peuple  et  paroissiens  en  sor- 
toient  en  grand  nombre  »,  il  fait  et  proclame  «  à  haute  et 
intelligible  voix  et  cry  public  lesdites  criées  et  bannies  » 
de  huitaine. 

Il  fut.  procédé  dans  le  même  ordre  et  de  la  même  ma- 
nière en  septembre  et  octobre  aux  criées  et  bannies  de 
quinzaine,  et  en  novembre  et  décembre  à  celles  de  qua- 
rantaine. Enfin  le  12  mars  1709,  Judith  de  Barillon  fit 
assigner  u  par  devant  le  lieutenant  général  du  comté 
pairie  de  Laval  par  ledit  Mochin,  huissier,  ledit  sieur  de 
Sévigné  en  son  domicile  au  château  du  Coudray,  parlant 
audit  de  la  Tranchardière,  son  serviteur  domestique,  pour 
voir  procéder  à  la  vérification  et  certification  des  saisies 
et  criées  »  lesquelles,  par  une  sentence  rendue  audit 
comté  et  pairie,  de  Laval  le  23  mars  suivant,  furent  dé- 
clarées «bien  et  deuement vérifiées  et  certifiées  ». 

11  ne  restait  plus  dès  lors  qu'à  procéder  à  l'adjudi- 
cation par  décret.  Assigné  par  la  comtesse  de  Chastelux 


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—  296  — 

à  bailler  devant  la  juridiction  de  Thôtel  des  Requêtes  ses 
moyens  de  nullité,  s'il   en  avait,  Christophe-Jacques  de 
Sévigné  ne  comparut  pas,  et  une  sentence  de  cette  juri- 
diction du  6  février  11  10  ordonna  que  sur  les  saisies  et 
criées  faites  en  1708  il  serait  sans  plus  tarder,  «  procédé 
et  passé  outre  en  la  cour  à  la  vente  et  adjudication  par 
décret  desdites  terres,  fiefs  et  seigneuries  du  Gouldray  et 
Cheraeré  le  Roy  et  autres  biens  saisis   au  quarantième 
jour  on  l'auditoire  de  ladite  cour  au  plus  offrant  et  der- 
nier enchérisseur  en  la  manière  acoustumée  »,  etc.  Et,  en 
effet,  le  3  avril  de  la  même  année.  M®  Claude  Cocquinot, 
procureur  en  la  cour  des  Requêtes  de  Thôtel,  représen- 
tant Judith  de    Barillon,    comparaît  au   greffe   de  cette 
cour  où  il  enchérit  et  met  à  prix  «  le  fonds,  tréfonds  et 
propriété  desdits  fiefs,  terres  et  seigneuries  du  Coudray, 
Chemeré  le  Roy,  Chahain,  les  Touches,  Vauberger.  la 
Ragonnière  et  la  Quinterie,  circonstances  et  dépendan- 
ces, à  la  charge  des  droits  et  devoirs  seigneuriaux  et  féo- 
daux et  frais   ordinaires  de  criées,  de  laisser  jouir  le 
fermier  judiciaire  des  fonds  et  revenus  des  terres  qu'il 
aura  labourées  et  ensemencées,...  de   fournir  au  pro- 
cureur poursuivant  une  copie  bien  lisible  sur  papier  tim- 
bré de  la  sentence  d'adjudication,....  et  outre  moyennant 
la  somme  de  40.000 livres  »,  etc.  Cotte  enchère  fut  d'ail- 
leurs livrée  à  la  publicité  de  la  façon  suivante  :   dès  le 
5avril,Vaudelle,  huissier,  en  mit  et  apposa  des  copies: 
1®  à  la  porte  et  principale  entrée  de  l'auditoire  de  la  cour 
des  Requêtes   de    l'hôtel;  2**  à    chacune  des  portes  et 
principales  entrées  des  salles  du  Palais  ;  3®  à   chacune 
des  portes  et  principales  entrées  des  cours  dudit  Palais  ; 
4**  à  la  porte    et   principale    entrée   de  l'église  Sainl- 
Barthélemy  ;  5**  au  pilori  des  halles  de  la  ville  de  Paris  ; 
6"*  à  la  porte  et  principale  entrée  du  parc  civil  et  prési- 
dial  du  Châtelet  ;  7"*  à  chacune  des  portes   de  Paris  ; 
8**  «  à  chacune  des  portes  et  principales  entrées  et  sorties 
Saint- Jacques  et  Saint-Nicolas,  par  où  l'on  sort  pour  aller 
sur  lesdit  biens  saisis  ».  Mais  ce  ne  fut  pas  tout.  Lelen- 


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—  297  - 

demain  6,  «  ladite  enchère  »  fut  «  lue  et  publiée  »  par  ledit 
Vaudelle  «  à  la  fin  et  issue  de  la  grande  messe  de  pa- 
roisse de  Téglise  paroissiale  Saint- Barthélémy  »,  et  le 
9  du  même  mois  elle  fut  égaflement  «  lue  et  publiée  en 
jugement  au  parc  civil  du  Châtelet  de  Paris  l'audience 
des  criées  tenant,  par  Thierry,  greffier  dudit  lieu  ».  Au 
Bas-Maine  Fenchère  en  question  ne  put  être  publiée  que 
dans  le  courant  du  mois  de  mai  :  le  10  elle  fut  lue, 
publiée  et  affichée  à  Laval,  et  les  jours  suivants  aux 
portes  des  églises  de  SaintDenis-du-Maine,  de  Chemeré- 
le-Roy,  de  la  Bazouge.  de  la  Croptc  et  de  Meslay. 

11  semblait  qu'une  fois  ces  formalités  remplies  l'adju- 
dication définitive  fût  imminente.  Et  pourtant  il  n'en  fut 
rien.  Plusieurs  années  devaient  encore  s'écouler  avant 
que  Judith  de  Barillon  pût  arriver  à  faire  vendre  la  terre 
du  Coudray  sur  Christophe-Jacques  de  Sévigné  et  sa 
nièce  la  comtesse  de  Pennelé. 

Durant  toute  cette  procédure,  le  manoir  qui  fait  l'objet 
de  cette  étude  ne  devait  voir  qu'à  de  rares  intervalles  ses 
châtelains  venir  résider  entre  ses  murs.  En  ce  qui  concerne 
le  chevalier  de  Montmoron,  nous  savons  qu'il  continuait 
à  être  retenu  au  port  de  Brest  par  son  service  pendant 
la  plus  grande  partie  de  l'année.  Toutefois,  nous  savons 
aussi  qu'en  juillet  1713  il  était  venu  faire  un  petit  séjour 
dans  sa  terre  du  Bas-Maine.  Un  acte  passé  le  21  deadits 
mois  et    an,  devant  M"   Raison,  nous   montre   en  effet 
Christophe-Jacques  de  Sévigné,  alors  «  dans  sa  terre , 
seigneuriale  du  Coudray,  »  faisant  donation  à  sa  nièce 
Marie-Charlotte  de  Sévigné,  «  femme  de  Toussaint  Le 
Biham,  seigneur  de   Pennelé,   de  tous  ses    droits  tant 
mobiliers  qu'immobiliers  dans  la  succession  de  son  père, 
de  sa  mère,  et  de  Marie  du  Bellay,  sa  cousine,  à  la  charge 
de  le  laisser  jouir  sa  vie  durant  de  la  terre  du  Coudray, 
si  elle  peut  en  avoir  délivrance  ou  se  la  faire  adjuger  au 
cours  de  la  saisie  réelle  y  apposée  ». 

Cependant  l'interminable  affaire  de  la  mise  en  vente 
par  autorité  de  justice  des  biens  de  la  maison  de  Sévigné- 


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—  298  — 

Montmoron  était  alors  entrée  dans  une  nouvelle  phase. 
Alléguant  que  la  terre  de  Vauberger  avait,  ainsi  qu'on 
s'en  souvient,  été  donnée  par  Radegonde  des  Rotours  à 
son  gendre  et  à  sa  fille  avant  Tacte  de  constitution  de 
rente  du  26  avril  1634,  Christophe-Jacques  de  Sévigné 
et  sa  nièce  avaient  introduit  devant  la  juridiction  des 
Requêtes  de  Thôtel  une  instance  aux  termes  de  laquelle 
ils  demandaient  que  cette  terre  ne  fût  pas  comprise  dans 
la  masse  des  biens  vendus.  De  là  deux  sentences  rendues 
aux  Requêtes  de  ThôteUe  28  mars  et  le  22  décembre  1713, 
la  seconde  confirmée  par  un  arrêt  du  Parlement  du  16  juin 
1714.  Or,  en  vertu  de  cette  dernière  sentence,  tout  en 
déclarant  exécutoire  sur  Marie-Charlotte  de  Sévigné 
aussi  bien  que  sur  son  oncle,  le  contrat  de  constitution 
du  26  avril  1634,  les  gens  des  Requêtes  de  Thôtel  ordon- 
nèrent que  «  de  la  saisie  des  biens  dont  est  question, 
distraction  serait  faite  à  leur  profit  de  la  terre  et 
seigneurie  de  Vauberger,  ses  circonstances  et  dépen- 
dances, et  en  conséquence  qu'elle  seroit  rayée  des  regis- 
tres des  décrets  de  la  cour  et  de  ceux  des  commissaires 
aux  saisies  réelles  »,  et  condamnèrent  a  lesdits  commis- 
saires et  fermiers  judiciaires  à  leur  rendre  et  restituer 
les  fruits  et  revenus  par  eux  perçus  dans  ladite  terre  à 
compter  du  jour  du  bail  judiciaire  à  raison  de  1.600  ^ 
par  chacun  an,  »  etc. 

Du  reste  la  terre  de  Vauberger  n'était  pas  la  seule 
portion  des  biens  saisis  sur  les  Sévigné  dont  la  distrac- 
tion eût  été  prononcée  ;  une  sentence  de  la  cour  des 
Requêtes  de  l'hôtel  du  9  juillet  1709  avait  déjà,  faisant 
droit  à  la  réclamation  de  «  Messire  Jean-Baptiste  de 
Montesson,  lieutenant  des  gardes  du  corps  du  Roy,  et 
lieutenant  général  des  armées  de  S.  M.  »,  fait  à  son 
profit  distraction  «  de  la  propriété  des  lieux  et  métairies 
du  Creuillis,  la  Grande-Croisnière  et  la  closerie  de  la 
Tour,  ensemble  des  perrières  d'ardoises  comprises  et 
mentionnées  dans  le  contrat  de  vente  du  26  janvier 
1649  »,  car  le  prix  n'en  avait  jamais  été  entièrement  payé 


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—  209  — 

à  Charles  de  Montesson,  père  dudit  Jean-Baptiste,  par 
Regnault  de  Se  vigne. 

Ce  fut  donc  à  la  charge  cette  fois  des  deux  distrac- 
tions qui  précèdent  que  le  21  juin  1714  la  cour  des 
Requêtes  de  Thôtel  adjugea  de  nouveau,  toujours  sauf 
quinzaine,  à  M^  Claude  Cocquinot,  le  procureur  de  Judith 
de  Barillon»  «  les  fonds,  tréfonds  et  propriété  desdites 
terres  et  seigneuries  du  Coudray,  Chemeré  le  Roy  et 
les  Touches,  leurs  circonstances  et  dépendances,  et  plu- 
sieurs terres  et  héritages  en  roture  ».  Est- il  besoin 
d'ajouter  qu'on  eut  encore  recours  au  mode  de  publicité 
déjà  employé  après  l'enchère  du  3  avril  1710,  et  cela  à 
Paris  comme  au  Bas-Maine  ? 

Le  délai  de  quinzaine  expirant  le  23  août,  ce  jour*là 
comparut  eu  jugement  devant  Taudience  tenante  de  la  cour 
des  Requêtes  de  l'hôtel  M*  Cocquinot  qui  requit  «  estre 
procédé  à  la  vente  et  adjudication  par  décret  desdites 
terres,  iiefs  et  seigneuries  et  leurs  dépendances  sur 
ladite  enchèra  de  20.000*  et  aux  charges  y  portées.  »  Son 
enchère  fut  en  effet  publiée  aussitôt  par  l'un  des  huissiers 
de  la  cour,  mais,  comme  aucun  enchérisseur  ne  se  pré- 
senta ni  ce  jour-là,  ni  aux  époques  ultérieurement  fixées, 
l'adjudication  dut  être  remise  de  quinzaine  en  quinzaine. 
On  arriva  ainsi  au  22  novembre,  jour  où,  grâce  à  l'm- 
tervention  de  M*  Antoine  Roger  et  de  M*  Pierre  Savigny, 
procureurs,  M*  Cocquinot  fut  obligé  de  faire  monter  son 
enchère  à  35.000  *.  L'adjudication  fut  alors  remise  à 
3  semaines,  et  le  13  décembre,  date  de  l'expiration  de 
cette  nouvelle  remise,  poussé  non  plus  par  deux,  mais 
par  quatre  concurrents  (les  procureurs  M*  Martin  Dar- 
ras,  M*  Gaspard  Moris,  M«  Charles  Drouard  et  M*  An- 
toine Roger),  M*  Cocquinot  dut  encore  élever  le  prix  de 
son  enchère  jusqu'à  45  000*.  L'adjudication  n'en  fut  pas 
moins  une  fois  de  plus  remise  à  3  semaines,  c'est-à-dire  au 
10  janvier  1715.  Ce  jour-là  M*  Cocquinot  s'abstint,  mais 
l'enchère,  chaudement  disputée  par  M*  Destouches  et 
M*  Ribot,  monta  encore  à  76.000*.  Ce  fut  Destouches  qui 


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—  300  — 

remporta,  et,  après  que  son  enchère  eut  été  «  lue  et 
publiée  par  plusieurs  et  diverses  fois  »,  et  qu'il  ne  se  fut 
«  présenté  plus  haut  enchérisseur  »,  la  cour  des  Requê- 
tes de  l'hôtel  vendit  et  adjugea  «  audit  Destouches,  ce 
requérant,  comme  plus  offrant  et  dernier  enchérisseur  », 
les  «  fonds,  tresfonds,  et  propriété  dudit  château  et  prin- 
cipal manoir  du  fief,  terre  et  seigneurie  du  Coudray  en 
la  paroisse  de  Saint-Denys-du-Maine,  distant  de  la  ville 
de  Laval  de  cinq  lieues,  consistant  audit  château  et  prin- 
cipal manoir,  le  lieu  et  métairie  du  domaine  d'icelluy 
nommé  la  Couture  »,  les  lieux  et  métairies  du  Plessis, 
de  la  Quinterie,  de  la  Moisinière,  et  le  moulin  de  Vauve- 
ron,  a  comme  lesdites  choses  sont  composées  de  maisons, 
bastiments,  escuries,  granges,  estables,  fuyes,  colom- 
biers, cours,  étrages,  issues,  jardins,  vergers,  garen- 
nes, fours,  bois  taillis  et  autres,  patys,  landes,  usages, 
prez,  pastures,  terres  labourables,  généralement  avec 
les  servitudes  actives  et  passives,  fiefs,  arrière-fiefs, 
tous  les  droits  et  degrés  de  justice  foncière  et  domaniale, 
hommes,  sujets  et  vassaux,  cens,  rentes,  charges  et 
devoirs  féodaux,  rentes  foncières  et  autres,  présentation 
de  chapelle,  nomination  aux  bénéfices,  droits  de  bancs 
et  autres  droits  honorifiques  es  églises  des  paroisses 
dudit  Saint-Denys,  de  Chemeré-le-Roy,  de  la  Bazouge- 
de-Chemeré,  et  autres,  avec  les  droits  de  seigneurie  utiles 
et  profitables  dépendants  d'icelle  terre,  fief  et  seigneu- 
rie de  Chemeré-le-Roy,  et  juridiction  en  dépendante  qui 
se  tient  au  palais  scis  audit  bourg  et  au  bourg  de  la 
Bazouge-dc-Chemeré  alternativement,  avec  le  lieu  et 
métairie  de  la  Raudière,  le  moulin  de  la  Chaussée  et  le 
pré  appelé  le  pré  des  Bois,  Tétang  et  le  lieu  de  la  clo- 
serie  de  la  Douce  ;  le  tout  dépendant  de  ladite  terre,  fief  et 
seigneurie  du  Coudray,  comme  le  tout  est  situé  pa- 
roisse dudit  Chemeré,  la  Bazouge  et  Saint-Denys  ;  plus 
le  lieu  noble  et  terre  seigneuriale  de  Chahin,  principal 
manoir  d'icellui,  scis  paroisse  delà  Bazouge-de-Chemeré  : 
le  lieu  noble  et  seigneurie  des  Touches,  consistant  au 


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domaine  d'îcelluy,  les  lieux  et  métairies  de  la  Chesnaye 
et  de  la  Rivière,  le  tout  de  la  dépendance  du  chasteau, 
terre  et  seigneurie  du  Coudray,  avec  tous  les  droits 
utileS)  honorifiques  et  profitables  y  attachés  et  en  dépen- 
dants, plus  la  métairie  de  GuinefoUe,  aussi  dépendante 
de  ladite  terre  et  seigneurie  du  Coudray  »,  etc.,  «  pour 
en  jouir  par  ledit  Destouches  procureur,  ou  celuy  qui 
aura  droit  de  luy  par  déclaration  tout  aiosi  qu'en  jouis- 
saient et  avaient  droit  de  jouir  tant  ledit  sieur  Christophe- 
Jacques  de  Sévigné,  seigneur  de  Montmoron,  aupara- 
vant les  susdites  saisies  et  criées  sur  luy  faites,  que  ses 
auteurs....  à  la  charge  par  ledit  adjudicataire  des  droits 
seigneuriaux  et  féodaux  tels  qu'ils  peuvent  être  deus 
envers  les  seigneurs  qui  ont  la  mouvance  sur  lesdits 
biens....  et  en  outre  moyennant  la  somme  de  76.000  li- 
vres.... ». 

Ainsi  la  sentence  prononcée  par  la  cour  des  Requêtes  de 
Thôtel  le  10  janvier  1715  réglait  définitivement  le  sort  de 
la  terre  du  Coudray  laquelle  passait,  au  moyen  de  l'adju- 
dication par  décret,  à  un  nouveau  propriétaire.  Mais  quel 
était  ce  propriétaire,  encore  inconnu,  dont  le  procureur 
M®  Destouches  n'était  évidemment  que  le  représentant  ? 
On  n'allait  pas  tarder  à  le  savoir.  En  effet,  «  quelques 
«  instants  après  comparaissait  au  greffe  de  ladite  cour 
i(  ledit  Destouches  »  qui  déclarait  «  que  ladite  adjudication 
à  hiy  faite  »  était  «  pour  et  au  profit  de  François  Cous- 
tard,  escuier,   seigneur  de   Souvré,  maître  des  eaux  et 
forêts  et  capitaine  des  chasses  du  comté    et  pairie  de 
Laval  ».  Ce  dernier  se  trouvait  d'ailleurs  présent  à  cette 
déclaration,  et  dut  accepter   ladite  adjudication  dont  il 
versa  dès  le  15  janvier  le  prix  entre  les  mains  de  Jacques- 
Emmanuel  Thibert  des  Martrais,  «  conseiller  du  Roy, 
receveur  des  consignations  du  Parlement,  Requestes  de 
l'hostel  et  autres  juridictions  »,  qui  lui  en  donna  quittance. 

M*'  DE  Beauchesne. 


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LETTRES 


DE 


MICHEL-RENÉ  MAU PETIT 

Député 

A  l\ssemblée  nationale  constituante 

1789-1791. 


INTRODUCTION 


Maupetit  (Michel-René),  né  à  Glaye  (Seine-ot-Marne), 
le  ISjanvier  1742,  chargé  des  affaires  de  ^f.adame  Louise 
de  Durfort  de  Duras,  dame  de  Mayenne  et  de  Glaye 
en  1769,  avait  dû  faire  en  cette  qualité  de  nombreux 
voyages  à  Mayenne.  11  songea  un  moment  à  acheter  la 
charge  d*avocat  fiscal  à  la  barre  ducale  ^  mais  il  retira 
sa  demande  devant  celle  d'un  sieur  Hochet  qui  du  reste 
lui  rétrocéda  cette  charge  le  2  mars  1776.  Il  vint  alors 
se  fixer  à  Mayenne,  où  il  remplit  en  même  temps  les 
offices  de  procureur  du  Roi  au  siège  du  Bourgnouvel  et 
à  THôtel-de- Ville  de  Mayenne.  C'est  alors  qu'il  épousa 
Marie-IiOuise-Hortense  Froger,  qui  mourut  en  1788,  lui 
laissant  quatre  enfants,  deux  fils  et  deux  filles. 

Membre  de  l'Assemblée  provinciale  du  Maine  en 
1787,  Maupetit  fut  nommé,  en  1789,  le  cinquième, 
député   du    Tiers-Etat  du  Maine  aux  Etats-Généraux. 


1.  Lettre  sans  date,  portant  le  timbre  de  la  poste  de  Claye, 
adressée  à  M.  Dupont-urandjardin. 


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—  303  — 

Pendant  son  séjour  à  l'Assemblée  Nationale,  il  fut  élu 
membre  du  tribunal  du  district  de  Mayenne,  dont  il 
devint  président  en  1792.  Compromis  pour  avoir  donné 
son  adhésion  au  mouvement  girondin  du  mois  de  juillet 
1793,  il  fut  destitué  par  les  conventionnels  Esnue-La- 
vallée  et  Thirion  et,  menacé  d'emprisonnement,  se  cacha 
pendant  quelque  temps  aux  forges  de  Ghailland  chez 
M.  Martin  de  Ligonière,  son  ami^ 

Maupetit  reparut  bientôt  à  Mayenne  et,  par  la  protec- 
tion sans  doute  de  son  ancien  collègue  au  tribunal, 
Bissy,  devenu  membre  de  la  Convention,  obtint  un  cer- 
tificat de  civisme  (1794)^.  L'année  suivante,  il  fut  élu 
membre  du  Conseil  des  Cinq  cents,  d'où  il  passa  en 
l'an  VIII  au  Corps  Législatif.  N'ayant  pas  été  réélu  en 

1804,  il  fut  nommé  secrétaire  général  de  la  Préfecture  de 
la  Mayenne,  fait  chevalier  de   la  Légion  d'honneur  en 

1805,  rentra  au  Corps  Législatif  par  une  nouvelle  élec- 
tion en  1808,  puis-  en  1815,  pendant  les  Cent  jours.  A  la 
dissolution  du  Corps  Législatif,  à  la  seconde  Restaura- 
tion, il  revint  se  fixer  à  Laval,  où  il  mourut  le  31  mars 
1831  à  l'âge  de  89  ans. 

Les  lettres  que  nous  publions  ont  été  adressées  par 
Maupetit  à  un  de  ses  amis,  M.  Dupont-Grandjardin  3, 
pendant  son  séjour  à  l'Assemblée  Nationale,  de  1789 
à  1791.  Elles  sont  au  nombre  d'environ  250  et  sont  ré- 
digées dans  un  style  fort  inégal  et  souvent  incorrect. 
Elles  se  sentent  de  la  hute  avec  laquelle  elles  ont  été 
écrites,  avant  ou  après  les  séances  de  l'assemblée  ou 
des  bureaux,  souvent   même  pendant  ces   séances,  au 

1.  M.  de  Ligonière  était,  avant  1789,  fermier  général  du  duché 
de  Mayenne  pour  le  nouveau  seigneur  Honoré-Charles-Maurice 
de  Grimaldi.ouc  de  Valentinois,  qui  avait  hérité  en  1781  des  duchés 
de  Mazarin  et  de  Mayenne. 

2.  C'est  alors  sans  doute  que  Maupetit  livra  à  la  municipalité, 
le  10  nivôse  an  II,  pour  être  brûlés,  une  énorme  Quantité  de  titres 
relatifs  au  duché  ae  Mayenne  (Note  de  feu  M.  labbé  Lamarre). 

3.  Juge  criminel  à  la  barre  ducale. 


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—  304  — 

milieu  du  bruit  des  discours,  des  discussions  ou  des  con- 
versations. On  comprend  que  Técrivain  n'ait  pas  eu  le 
temps  de  polir  son  style. 

Ces  lettres  paraissent  avoir  été  destinées  à  être  lues 
à  la  Société  (le  Cercle  de  Mayenne  *  et  avaient  pour  but 
de  renseigner  ses  amis  sur  ce  qui  a  eu  lieu  dans  la 
dernière  séance  de  TAssemblée.  Car  Maupetit  passe 
rapidement  sur  les  séances  précédentes,  dont  ils  pouvaient 
trouver  le  récit  dans  les  journaux  parvenant  en  même 
temps  à  Mayenne. 

Sauf  pendant  une  absence  que  fit  Maupetit  pour  re- 
venir chez  lui,  du  23  décembre  1790  au  23  février  1791, 
ses  lettres  se  suivent  à  intervalles  réguliers,  à  chaque 
ordinaire  de  la  poste.  Nou^  constatons  toutefois  d'assez 
nombreuses  lacunes,  soit  que  les» lettres  qui  manquent 
aient  été  perdues,  soit  que,  prêtées  à  des  amis,  elles 
aient  circulé  de  mains  en  mains  et  finalement  n'aient 
pag  été  rendues  au  destinataire  2. 

Cette  correspondance  contient  de  nombreux  passages 
relatifs  aux  affaires  de  Maupetit  ou  de  ses  amis.  Nous 
avons  dû  les  supprimer,  vu  leur  peu  d'intérêt.  Maupetit 
en  effet  ne  cesse  pas  de  s'occuper  des  affaires  de  M.  de 
Valentinois  et  est  en  relations  constantes  avec  son  in- 
tendant, M.  Bataille  pour  les  affaires  du  duché  ;  il  fait 
les  commissions  de  la  municipalité,  sollicitant  les  minis- 
tres, harcelant  les  comités,  s'enquérant,  notamment 
pendant  l'été  de  1791,  de  trouver  des  blés  à  acheter 
pour  prévenir  la  disette  ;  il  s'entremet  pour  ses  amis,  soit 
pour  leur  faire  toucher  leurs  pensions,  soit  pour  recouvrer 
les  sommes  qui  leur  sont  dues.  11  se  charge  de  consulter 
des  médecins  pendant  une  maladie  de  Mme  de  Grand- 


1.  Cela  semble  résulter  des  mentions  dont  Maupetit  émaille  ses 
lettres  :  «  Affaires  particulières. —  Pour  vous  seul.  — Ne  pas  lire 
les  lignes  qui  suivent.  » 

2.  Ce  sont  en  général  les  plus  importantes,  celles  qui  concer- 
nent les  événements  les  plus  intéressants  à  connaître,  la  séance 
du  20  juin,  les  journées  des  5  et  6  octobre  1789,  etc.. 


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—  305  — 

jardin,  de  faire  réparer  des  éventails,  d'acheter  des 
manchons  pour  elle  et  ses  filles,  etc.. 

Il  surveille  aussi  de  loin  l'éducation  de  ses  enfants. 
L'aîné,  Louis,  Ta  suivi  à  Paris  et  est  élevé  au  collège 
Louis-le-Grand  ^  Le  second,  Victor,  est  resté  au  collège 
de  Mayenne^.  Maupetit  se  plaint  de  son  travail.  Mais  le 
collège  est  en  décadence  et  il  se  décide  à  envoyer  cet 
enfant  à  Château-Gontier  où  se  trouve  le  fils  du  cheva- 
lier de  Hercé  et  où  l'éducation  est  meilleure  et  plus  forte. 
Ses  filles,  Hortense  et  Emilie,  ont  été  confiées  à  un  ami, 
M.  de  Laubrière,  mais  il  les  fait  placer  aux  Bénédictines 
de  Lassay,  sous  la  surveillance  d'une  tante  de  leur  mère, 
Mme  Bignon  de  la  Haye,  dont  une  fille,  Marie-Renée, 
est  maîtresse  des  pensionnaires  au  même  couvent,  et  de 
l'abbé  Bignon,  vicaire  à  Lassay  et  desservant  la  cha- 
pelle Notre-Dame  du  Rocher 3.  Il  signale  leurs  défauts, 
fait  ses  recommandations  pour  qu'on  les  corrige.  Il  leur 
fait  envoyer  de  Mayenne  ce  dont  elles  ont  besoin,  ou  se 
charge  d'acheter  pour  elles  divers  objets  de  toilette. 

On  comprend  que  dans  de  pareilles  conditions,  au 
milieu  de  tant  d'occupations  diverses,  Maupetit  n'ait 
pas  eu  le  loisir,  avec  les  séances  de  l'Assemblée,  le 
travail  des  bureaux,  les  courses  de  tout  genre,  les 
visites  à  faire  ou  à  recevoir,  les  lettres  à  répondre,  de 
soigner  son  style.  Il  fallait  du  temps  pour  écrire  de 
semblables  lettres,  dont  quelques-unes  ont  6  ou  8  pages, 
sur  grand  papier,  d'une  petite  écriture  fine  et  serrée, 
parfois  assez  difficile  à  déchiffrer. 


1.  Engagé  dans  le  l»""  bataillon  des  volontaires  de  la  Mayenne, 
retraité,  sans  doute  sous  TËinpire,  à  la  suite  de  blessures,  con- 
trôleur des  contributions  directes  dans  la  Mayenne  et  l'Ille-et- 
Vilaine,  mort  en  1843  à  la  Courbe  près  Mayenne. 

2.  Engagé  dans  l'armée  et  décoré  par  Murât  après  le  combat 
de  Wertingen,  rentré  à  Laval  à  la  Restauration,  adyoint  au  maire 
après  1830,  mort  le  3  juillet  1861 

3.  Lettres  à  Tabbé  Bignon  de  la  Haye,  communiquées  par 
M.  Tabbé  Angot,  que  nous  ne  saurions  trop  remercier  de  son 
extrême  obligeance. 


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—  306  — 

Maupeiit  est  parti  de  Mayenne  décidé  comme  beau- 
coup d'autres  à  opérer  des  réformes,  mais  sans  soup- 
çonner la  Révolution  à  laquelle  il  va  travailler,  sans 
s'en  douter.  Une  fois  à  Versailles,  il  se  trouve  pris  dans 
Tengrenage.  Séduit  par  certains  orateurs,  il  est  amené 
involontairement  à  approuver  et  à  voter  certaines 
mesures  fort  éloignées  de  son  esprit  au  début,  telles  que 
la  confiscation  des  biens  de  TÉglise,  la  constitution 
civile  du  clergé,  l'émission  des  assignats,  etc...  Il  se 
vante  tout  d'abord  d'être  toujours  du  parti  de  la 
majorité,  mais,  au  bout  de  quelque  temps,  il  se  reprend, 
voit  oyi  l'Assemblée  va  se  laisser  entraîner  par  les 
orateurs  du  côté  gauche  et  plusieurs  fois  vote  avec  la 
minorité,  notamment  contre  la  loi  accordant  les  droits 
politiques  aux  gens  de  couleur,  contre  la  réunion 
d'Avignon  à  la  France,  etc.  Car  au  fond  c'est  un 
modéré.  Il  réprouve  les  exagérations  des  orateurs  de  la 
gauche,  tels  que  Robespierre,  et  des  libellistes  révolu- 
tionnaires comme  Marat,  Danton,  Carra,  Buzot,  Martel, 
etc.  Ses  hommes  sont  Bailly  et  La  Fayette,  ses  orateurs 
préférés  Mirabeau  et  Barnave. 

Il  fait  à  diverses  reprises  l'éloge  du  Roi,  de  sa  noblesse, 
de  sa  sensibilité  ;  il  regrette  les  atteintes  portées  à 
son  autorité  et  rejette  sur  des  conseillers  maladroits  les 
dissentiments  qui  s'élèvent  entre  lui  et  l'Assemblée 
constituante*. 

Maupetit  est  avant  tout  royaliste  et  constitutionnel. 

Telles  étaient  également  les  opinions  du  destinataire 
des  lettres  que  nous  publions,  M.  Dupont-Grandjardin, 
juge  criminel  à  la  barre  ducale  de  Mayenne.  Celui-ci 
était  né  vers  1750,  à  Alençon.  Il  fut  nommé  successive- 

1.  Maupetit  qui  avait  une  valeur  réelle  comme  administrateur, 
ainsi  que  le  prouvent  les  fonctions  qui  lui  furent  successivement 
coniiées,  n'était  pas  orateur  ;  aussi  ne  trouve-t-on  aucun  discours 
prononcé  par  lui,  ni  aucun  rapport  portant  son  nom.  Pendant 
ses  différentes  législatures,  il  se  Iborna  à  travail  1er  dans  les  comités, 
soutenant  et  faisant  valoir  ses  idées,  mais  sans  oser  venir  les 
soutenir  à  la  tribune. 


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—  307  — 

ment  en  1789,  colonel  de  la  Légion  de  milice  nationale, 
maire  de  Mayenne  et,  en  1790,  juge  au  tribunal  de 
district,  dont  il  devint  ensuite  président.  En  1791  il  fut 
élu  membre  de  l'Assemblée  Législative,  où  il  siégea 
parmi  les  députés  constitutionnels.  Mais  quelques-uns 
de  ses  votes,  notamment  celui  qu'il  émit  en  faveur  de 
La  Fayette,  Tempêchèrent  d'être  réélu  à  la  Convention 
nationale.  Le  ministre  de  la  guerre,  Servan,  qui  l'avait 
connu  dans  le  comité  des  finances  de  T Assemblée  Légis- 
lative, le  nomma  commissaire  des  Guerres.  Il  remplissait 
ces  fonctions  à  l'Armée  du  Nord,  lorsque  le  ministre 
Bouchotte  le  destitua,  sans  donner  de  motifs  à  cet  acte 
de  défiance.  Il  se  retira  alors  à  Nuillé-sur-Ouette  près 
Soulgé-le-Bruant,  dans  une  propriété  de  sa  femme. 
C'est  là  qu'il  fut  arrêté,  le  10  janvier  1794,  pour  être 
traduit  devant  la  commission  révolutionnaire  de  Laval 
qui  le  condamna  à  la  peine  de  mort,  en  raison  de  ses 
votes  pour  le  traître  La  Fayette,  pour  n'avoir  pas  quitté 
le  département,  vu  sa  situation  de  fonctionnaire  destitué, 
au  moment  de  l'invasion  des  Vendéens  à  Laval  et  a 
Mayenne  et  surtout  comme  beau-frère  de  Besnier  de 
Chambray,  ancien  commandant  de  la  garde  nationale 
de  Laval,  qui  s'était  réuni  aux  royalistes  à  la  tête  d'une 
troupe  de  paysans  de  la  Mayenne. 

C'est  à  la  mort  du  fils  de  Dupont-Grandjardin,  décédé 
à  Laval  dans  sa  propriété  de  Beauregard,  que  les  lettres 
que  nous  publions  ont  été  recueillies  par  M.  Meslay, 
notaire,  et  sont  ensuite  passées  entre  nos  mains. 

II 

Il  y  a  une  vingtaine  d'années,  nous  avons  publié  déjà 
sur  Maupetit  une  notice  dont  tout  l'intérêt  consistait 
dans  la  reproduction  de  sept  ou  huit  lettres  adressées 
par  lui  à  Dupont-Grandjardin  pendant  la  réunion  au 
Mans  des  électeurs  appelés  à  rédiger  le  cahier  des 
doléances  de  la  Province  et  à  élire  les  députés  aux 
Etats-Généraux.  La  correspondance  que  nous  publions 


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—  308  — 

aujourd'hui  contient  uniquement  les  lettres  écrites  par 
Maupetit,  de  Versailles  ou  de  Paris,  pendant  son  séjour 
à  r Assemblée  Nationale.  Il  nous  semble  toutefois  que 
les  lettres  écrites  du  Mans  forment  comme  une  sorte  de 
préface  à  cette  nouvelle  publication  et  nous  nous  déci- 
dons à  les  donner  ici,  bien  qu'elles  ne  soient  plus  inédites. 


Le  Mans  12  mars. 

Je  n'ai  pu,  Monsieur  et  cher  confrère,  trouver  le 
moment  mercredy  de  vous  écrire  un  petit  mot.  J'avais 
commencé  à  vous  marquer  notre  marche,  lorsque  j'ai 
été  interrompu.  Vous  Taurez  apprise  par  la  lettre  de 
l'hôtel-de-ville. 

Depuis  hier  nous  n'avons  rien  appris  d'ultérieur  sur 
la  manière  dont  se  fera  la  réduction  au  quart  ;  ainsy  il 
est  encore  incertain  comment  cela  se  passera  *  ;  cepen- 
dant je  présume  qu'on  conservera  les  mêmes  districts. 
Serai-je  retranché  ?  Cela  pourra  être,  mais  je  suis  tout 
consolé,  car  je  m'ennuye  très  fort  de  toute  cette  beso- 
gne-là. 

Nous  avons  aujourd'hui  réduit  les  25  cahiers  dans 
un  seul.  Vous  sentez  bien  que  la  besogne  n'étoit  pas 
difficile.  Notre  marche  étoit  tracée.  Il  a  fallu,  malgré 
nous,  parler  de  la  banalité  insérée  dans  presque  tous 
les  cahiers.  Les  termes  modérés  ont  paru  peu  convenir 
à  Pivette.  Il  a  fallu  m'époumoner  ce  soir  pour  lui  faire 
entendre  raison  et  je  doute  de  l'avoir  convaincu. 

On  a  répandu  dans   l'assemblée    un  billet  imprimé 

1.  L'assemblée  préliminaire  de  l'ordre  du  Tiers-Etat  avait  eu 
lieu  au  Mans  le  9  mars.  Les  députés  devaient  d'abord  procéder 
à  la  réduction  des  cahiers  de  doléances  des  différentes  paroisses 
en  un  seul  pour  chaque  baillage  ou  sénéchaussée  principale, 
après  auoi  ils  devaient  se  réduire  entre  eux  au  quart  du  nombre 
total  aes  électeurs  qui  eussent  dû  être  présents  ;  ceux  qui 
auraient  été  élus  par  leurs  collègues  pour  composer  ce  quart 
devaient  seuls  faire  partie  de  l'assemblée  générale  et  élire  les 
députés,  après  avoir  arrêté  la  rédaction  définitive  du  cahier  de 
leur  ordre. 


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—  309  — 

pour  proscrire  les  gens  d'affaires  des  seigneurs.  J*ai  su 
d'où  partoii  le  coup.  Peu  m'importe;  plus  tôt  ma  tâche 
sera  finie,  plus  tôt  je  serai  content.  Je  neveux  cependant 
pas  vous  laisser  croire  qu'il  vienne  de  nos  co-députés. 
Ils  y  ont  fort  applaudi  au  surplus.  Nous  vivons  en  bonne 
union.  Je  ris  souvent  de  bien  des  démarches,  des  courses, 
des  menées  de  leur  petit  chien  de  meute. 

J^ai  vu  M.  deMontesson  ^  Je  lui  ai  remis  le  certificat 
qu  il  a  dû  faire  passer  aujourd'hui  à  Tours.  Nous  avons 
beaucoup  jasé  des  affaires  actuelles.  La  noblesse  parait 
décidée  à  offrir  la  répartition  égale  des  impost  à  condi- 
tion de  la  suppression  de  l'arrière-ban,  chose  facile; 
2**  qu'on  délibérera  par  ordre,  condition  à  laquelle  on 
parait  mettre  la  plus  grande  importance,  trop  forte  même 
pour  ne  pas  croire  qu'on  veuille,  par  là,  revenir  à  des 
prétentions  très  fortes  et  peut-être  au  retour  des  abus. 

Je  sors  de  chez  l'abbé  Pichon  et  j'y  vais  aller  veiller 
pour  laisser  mes  co-députés  plus  libres  de  s'épanouir.  Il 
s'est  empressé  de  me  demander  des  nouvelles  de  votre 
santé,  de  savoir  où  en  était  la  Madelaine  ;  toujours  le 
même  zèle,  le  même  intérêt  pour  ses  chères  sœurs  et  le 
même  attachement  pour  ceux  qui  les  secondent. 

D'ailleurs  icy  il  y  a  des  brigues  considérables,  le  clergé 
sourdement  fait  sonder  les  esprits,  surtout  les  moines. 
Il  y  a  table  ouverte  dans  plusieurs  endroits  pour  la  No- 
blesse. Le  Tiers  connu  n'en  manque  pas;  les  autres  ont 
la  leur  chez  leurs  hôtes. 

Je  ne  sais  point  de  nouvelles.  J'ai  été  à  peu  près  con- 
centré dans  le  travail  à  faire  jusqu'icy.  J'ai  vu  à  peine 
M.  de  la  Lande,  plus  à  son  aise  avec  ses  co-députés.  11 
se  donne  tous  les  mouvements  d'un  bon  patriote  et  il  a 
sûrement  l'avantage  d'un  travail  agréable*.  J'attends,  je 

i.  Jean-Louis,  marquis  de  Montesson,  nommé  dépulé  de  l'ordre 
de  la  Noblesse. 

2.  Julien-Joseph  Delalande,  mattre  particulier  des  eaux  et  forêts 
du  duché  de  Mayenne,  lieutenant  de  maire  à  Ëmée,  nommé  dé- 
puté du  Tiers. 

20 


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-  31Ô  - 

vous  assure,  avec  impatience  le  moment  de  m'en  retour- 
ner. On  est  couché,  resserré  si  maussadement,  qu'une 
pareille  vie  n'est  guère  faite  pour  plaire.  Je  verrai  avec 
plaisir  le  moment  de  me  joindre  avec  vous,  d'y  penser  à 
Taise  et  de  vous  réitérer  le  sincère  attachement  avec 
lequel  je  suis  bien  sincèrement  votre  serviteur  et  ami. 

Maupetit. 

Monsieur  et  cher  confrère, 
•    La  rédaction  du  cahier  finie,  on  a  procédé  par  la  voye 
des  mêmes  districts  à  la  réduction  du  quart.  Les  75  dé- 
putés  nommaient  chacun   six  personnes  et    ceux   qui 
avaient  le  plus  de  voix  étaient  nommés. 

J'ai  fait  insérer  toute  votre  charte  constitutive  dans  le 
cahier,  la  plupart  des  autres  articles,  et  vous  eussiez 
été  satisfait  de  voir  qu'à  chaque  objet  votre  version  em- 
portait la  préférence. 

Je  n'ai  pas  eu  grand  mérite  à  être  conservé  dans  le 

quart,  le  parti  de  l'opposition  n'en  a  pas  été  moins  fâché 

que  la  réduction  n'ait  pas  eu  lieu  de  quatre  en  quatre 

personnes.  Le  petit  fînot,  qui  n'avait  dit  mot,  fit  tous  ses 

efforts  pour  faire  adopter  son  plan,  mais  il  fut  rejeté. 

Adieu,  le  porteur  veut  partir,  je  n'ai  que  le  tems  de  vous 

renouveler  le  sincère  attachement  de  votre  serviteur  et 

ami. 

Maupetit. 

Ce  16  mars,  MM.  D'Hercé*  ctBasmeigné^sont  arrivés 
en  bonne  santé.  Rien  de  nouveau. 

Du  Mans,  17  mars  89. 
Je  vous  ai  marqué.  Monsieur  et  cher  confrère,  que  la 
réduction  au  quart  s'était  faite  samedy  ;  qu'au  moyen  de 


1.  Jean-François- Simon,  ancien  lieutenant  de  vaisseau  né  en 
1743,  nommé  député  de  la  Noblesse. 

2.  M.  Nicolas-Jean  Dubois  de  la  Basmeignée,  beau-père  du 
chevalier  de  Hercé. 


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-  Ui  - 

la  nomination  donnée  à  75  députés  composant  chaque 
district,  j'ai  pu  réunir  suffisamment  de  voix  pour  rester, 
tandis  qu'avec  la  proposition  faite  par  M.  des  Valettes 
de  se  réduire  entre  quatre  seulement,  je  n'avais  d'autre 
parti  à  prendre  que  de  me  réduire  moi-même. 

Hier  lundy,  l'assemblée  générale  des  trois  Etats  a 
commencé  par  une  messe  du  Saint-Esprit,  dite  par 
M.  ^évêque^  Un  discours  de  M.  le  grand  sénéchal 2, 
l'indication  des  salles  où  chaque  ordre  se  retireroit,  a  fait 
la  séance  du  matin  3.  Dans  l'ordre  du  Tiers,  l'après-* 
midy  on  a  vérifié  et  appelé  les  baillages  secondaires. 
Nous  composons  un  total  de  332  électeurs*  dont  la  liste 
va  être  imprimée.  On  a  député  aux  ordres  du  Clergé  et 
de  la  Noblesse  pour  les  assurer  du  respect  du  Tiers.  La 
Noblesse  est  revenue  aussitôt,  en  même  nombre,  faire 
ses  remerciements  et  saluer  le  Tiers.  L'Eglise  a  arrêté 
une  députation  que  le  Tiers  ne  pourra  recevoir  que  sa- 
medy,  jour  auquel  est  remise  sa  réunion  en  ordre,  mardy, 
mercredy,  jeudy  et  vendredy  devant  être  employés  à  des 
bureaux  de  commissaires  pour  la  rédaction  des  cahiers 
du  baillage  principal  et  des  secondaires  en  un  seul. 
Nous  nous  réunissons  ce  matin  à  l'hôtel-de-ville  pour 
commencer  le  travail.  J'ai  été  nommé  commissaire  pour 
le  district  de  Mayenne  et  je  ferai  valoir,  comme  vous  le 
pensez  bien,  les  articles  importans  que  j'ai  pris  de  votre 


1.  Mgr  Joufîroy  de  Gonssans  (François-Gaspard).  La  réunion 
générale  des  trois  ordres  eut  lieu  en  effet  le  lundi  16  mars,  à 
9  heures  du  matin,  dans  Téglise  abbatiale  de  la  Couture. 

2.  Levayer  de  FaveroUes  (Jean-Michel-Christophe),  grand  sé- 
néchal du  Maine. 

3.  Le  Cierge  devait  se  réunir  dans  la  grande  salle  du  couvent 
des  Frères  Prêcheurs  ou  Dominicains. 

La  Noblesse  tint  ses  séances  dans  la  salle  des  Actes  du  Collège. 

Le  Tiers  ouvrit  sa  session  dans  une  des  salles  de  Tabbaye  de 
la  Couture,  mais,  comme  il  se  trouvait  trop  éloigné  du  Clergé  et 
de  la  Noblesse  et  que  ses  communications  avec  les  deux  autres 
ordrQs  auraient  éprouvé  des  lenteurs,  il  sollicita  et  obtint  sa  trans- 
lation dans  la  chapelle  du  Collège. 

4.  D'après  Cauvin,  le  Tiers-Etat  comptait  353  électeurs. 


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—  312  — 

cahier.  J'en  pourrai  de  nouveau  en  faire  insérer  d'autres 
que  la  première  rédaction  très  turbulente  n'a  pas  permis 
de  faire  valoir.  Le  second  bureau-cy,  où  sont  les  princi- 
paux députés  des  baillages  secondaires,  sera  infiniment 
mieux  composé  et  nos  affaires  en  iront  mieux. 

Voilà  tout  ce  que  je  puis  vous  marquer.  Le  Clergé 
jette  son  premier  feu.  Dans  ce  moment,  il  faut  s'y 
attendre.  La  Noblesse  est  bien  mieux  d'accord  et  surtout 
de  faire  corps  avec  le  Tiers,  mais  reste  la  question 
d'opiner  par  tête  ou  par  ordre.  C'est  le  seul  point  qui 
divisera  et  qui,  je  crois,  pourra  cependant  s'arranger. 

M.  Pasquier,  conseiller  de  Grand  Chambre^  a  eu 
hier,  dès  le  début,  une  avanie.  Au  serment  indiqué,  il  a 
voulu  substituer  un  serment  insidieux.  11  a  été  aussitôt 
démenti  par  tout  l'ordre  qui  a  voulu  le  serment  commun. 
Ce  ne  sera  pas  la  dernière  tentative  qu'il  fera,  mais  ce 
début  le  rendra  encore  plus  suspect  et  il  verra  que 
généralement  tous  les  ordres  se  réunissent  pour  leur 
suppression. 

Tous  nos  Messieurs  se  portent  bien.  Nous  ne  nous 
voyons  que  par  hasard.  II  y  a  tant  de  monde  et  ceux 
occupés  ont  si  peu  de  momens,  qu'on  est  comme  dans 
Paris  près  les  uns  des  autres  sans  se  voir. 

Je  me  réserve  à  vous  détailler  combien  nos  gens  sont 
désorientés.  Ils  trouvoient  tout  très  bien  dans  les 
premiers  jours,  aujourd'hui  tout  excite  leur  mécontente- 
ment. Ils  veulent  s'en  aller  ;  ils  crient  de  toutes  leurs 
forces,  mais  il  faut  bien  qu  ils  se  satisfassent.  Ils  pour- 
roient  y  mettre  plus  de  politique  ;  ils  doivent  sentir  que 
ces  clameurs  sont  de  nature  à  m'amuser. 

Adieu.  Daudier  vous  dit  bien  des  choses.  Je  ne  puis 
voir  encore  la  lin  de  l'Assemblée,  peut-être  vers  lundy, 
vers  mardy.  Je  ne  signe  pas,  vous  reconnaîtrez  toujours 


1.  Etienne  Pasquier,  baron  de  Goulans,  conseiller  en  la  grand' 
Chambre  du  Parlement  de  Paris. 


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—  313  — 

una  main  qui  vous  exprimera  avec  un   vrai  plaisir  son 
sincère  attachement. 


Du  Man9,21  mars  1789. 
Je  sors,  Monsieur  et  cher  confrère,  de  clore  et  d'arrêter 
le  cahier  des  doléances  de  la  Province,  où  votre  diction 
brille  dans  la  plupart  des  articles.   Ce  n'est  pas    sans 
peine  que  nous  avons  pu  réunir  les  suffrages  des  bail- 
lages  secondaires.  Il   a  bien  fallu   céder    sur    nombre 
d'articles  que  la  politique  devoit  faire  proscrire.    Mais 
comment  demander  de  la  modération  à  un  composé  de 
300  têtes,  à  des  gens  qui  croient  fermement  que  le  cahier 
est  un  recueil  de    lois  arrêtées    qui    les   délivrent    de 
toute  gêne.    Me  voilà  quitte   de   ma   mission.    Je   l'ai 
remplie  de  mon  mieux.  Il  m'en  a  coûté  bien  des  impatien- 
ces, bien  des  peines  pour  amener  à   la  conciliation.    Je 
ne  pouvois  encore  espérer,  aux  difficultés  des  premières 
séances,  et  de  l'assemblée  préliminaire,  et  de  la  dernière, 
que  tout  s'arrangeroit  aussy  aisément.  Le  surplus  m'est 
indifférent,  je  laisse  à  qui  le  voudra  maintenant  à  arran- 
ger les  dispositions  nécessaires  pour  donner  de  l'influence 
à  toutes  les  parties  de  la  province  contre  les  prétentions 
de  la  capitale.  11  y  a  une  chose  qui  peut  rassurer,  c'est 
que  la  foule  est  fort  désunie,  que  les  têtes  y  fermentent 
sans  pouvoir  se  concilier.  A  ce  moyen,  il  pourroit  arriver 
sans  qu*on  y  contribue,  qu'à  peine  il  y  en  eut  deux  de 
nommés. 

Sur  les  sollicitations  de  la  commission  intermédiaire 
et  les  calculs  envoyés  de  la  population,  M.  Necker  vient 
d'accorder  à  la  province  une  cinquième  députation. 
Ainsy  il  y  aura  de  plus  deux  députés  du  Tiers,  dix  au 
total". 


1.  MM.  le  marquis  de  Montesson  et  le  prince  d'Ardenay,  syn 
de  l'A  ssemblée  provinciale ,  étaient  venus  à  ThAtel-de-ville  anno 


y-ndics 
î annoncer 
cette  nouvelle  aux  24  commissaires  réunis  pour  la  rédaclion  du 
cahier  de  la  Province. 


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—  314  — 

M.  Jouyes  des  Roches  a  reçu  du  Garde  des  Sceaux, 
mais  trop  tard,  la  permission  de  faire  tenir  une  assemblée 
préliminaire  à  Mayenne  des  districts  de  Lassay  et  Ernée. 
On  en  a  fait  mention  en  marge  du  cahier. 

Demain  sera  faite  la  lecture  du  cahier  de  la  province. 
Il  sera  signé  des  24  commissaires  et,  l'après-midy,  on 
procédera  à  la  nomination  des  vérificateurs  du  scrutin 
et,  d'après,  on  se  mettra  à  procéder  à*  la  nomination 
des  députés.  Par  là  nous  commençons  à  voir  la  fin  d'une 
opération  que  nous  attendons  avec  impatience. 

La  Noblesse  paroit,  sur  presque  tous  les  points 
essentiels,  d'accord  avec  le  Tiers  ;  égalité  d'imposts.  sur 
le  même  rôle,  sans  abonnemens  des  biens  situés  hors 
paroisses.  Ils  se  tiennent  à  demander  Topinion  par 
ordre,  mais,  comme  nous,  en  se  départant  de  l'obliga- 
tion de  se  tenir  à  cette  forme,  s'il  n'y  a  pas  d'autre 
moyen  de  conciliation.  Ils  travaillent  à  leur  cahier. 
M.  de  Montesson  paroit  réunir  les  suffrages  de  son 
ordre  par  les  talens  qu'il  a  développés.  Le  chevalier 
d'Hercé  est  à  la  tête  du  bureau  chargé  de  la  rédaction 
de  l'ordre  judiciaire.  Je  lui  ai  communiqué  notre  cahier 
qui  est  presque  en  entier  dans  le  cahier  général  du  Tiers. 

Pour  le  Clergé,  ils  en  sont  encore  à  jeter  leur  feu.  Le 
curé  d'Ernée  est  l'orateur  du  clergé  curial.  Il  tient  tête 
au  haut  clergé.  Il  vient  de  gagner  que  les  moines  pour- 
vus de  bénéfices  de  leurs  maisons  ne  pourront  voter 
dans  l'assemblée.  Mais  ils  n'ont  discuté  jusqu'icy  que 
la  forme.  Ce  ne  sera  que  demain  qu'ils  commenceront 
à  rédiger  leur  cahier*.  Ils  ne  seront  jamais  prêts  pour 
qu'on  puisse  communiquer  avec  eux,  parce  qu'il  faut, 
avant  de  tenter  la  rédaction  commune,  que  les  trois 
cahiers  des  ordres  soient  rédigés,  sauf  à  les  refondre 
ensemble  fsn  un,  si  on  s'accorde.  Tout  ce  qu'on  pourra 

1.  Françoîs-Henri-Chrislophe  Grandin.  né  à  Exmes  en  Nor- 
mandie, curé  d'Ernée  depuis  1787,  nommé  second  député  de  Tor- 
dre du  Cier^fé, 


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—  315  — 

faire  sera,  dans  le  procès-verbal  séparé  du  Tiers  et  de 
la  Noblesse,  de  désigner  les  points  sur  lesquels  les  deux 
corps  auront  pu  se  concilier. 

Voilà  donc  ma  mission  terminée  et  le  surplus  me  de- 
vient, je  vous  l'assure,  de  la  plus  grande  indifférence. 
La  peine  de  pareilles  opérations  dépasse  toute  la  satis- 
faction qu'on  peut  retirer  du  succès.  J'ai  pu  réussir  jus- 
qu'icy  et  ne  plus  être  assez  heureux  plus  loin.  Il  faut  que 
chacun  à  son  tour  travaille  au  bien  public.  Ma  tâche  est 
finie,  c'est  aux  autres  à  reprendre  celle  qui  reste.  J'aurai 
une  vraie  obligation  à  ceux  qui  me  passeront  sous  silence 
et  à  ceux  qui  ont  cru  devoir  publier  que  j'étois  agent  du 
seigneur  de  Mayenne.  J'en  ai  trouvé  l'avis  ce  soir  sur 
le  bureau  où  je  travaillois.  C'est  un  motif  de  défiance 
fondé,  qui  m'apporteroit  les  plus  grands  déboires  dans 
le  cas  très  possible  où  les  plus  grands  efforts  seroient 
infructueux.  11  vaut  donc  mieux  que  ceux  qui  n'ont  pas 
contre  eux  les  mêmes  motifs  d'exclusion,  qui  réunissent 
les  talens  nécessaires.,  suivent  cette  dernière  carrière. 
Ils  n'auront  pas  les  mêmes  inconvénients  de  défiance  à 
redouter. 

Jf)  remettrai  demain  à  la  commission  qui  s*assemblera 
votre  lettre  que  me  remet  Pivette.  J'espère  vous  revoir 
bientôt  et  vous  réitérer  le  sincère  et  vrai  attachement  de 

votre  confrère  et  ami. 

Maupktit. 

J'ai  rendu  à  M.  le  chevalier  d'Hercé,  à  M.  de  Maisons^ 
et  à  M.  de  la  Basmaigné  votre  souvenir.  Ils  se  portent 
bien.  M.  de  la  Basmaigné  a  pour  affaires  de  se  lever  et 
d'aller  à  la  commédie. 

Les  districts  de  Laval,  Ernée,  Lassay,  Mamers  et 
autres  se  sont  réunis  hier  au  soir  pour  convenir  de  leurs 
choix.  Ils  ont  commencé  et  doivent  ce  soir  se  rassembler 
pour  finir. 

1.  René  Lefrère  de  Maisons,  électeur  de  l'ordre  de  la  Noblesse. 


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—  316  - 


Du  Mans,  23  mars. 

Je  vous  avois  annoncé,  Monsieur  et  cher  confrère,  la 
fin  de  la  rédaction  du  cahier  général.  Il  a  été  lu  samedy 
matin  et  approuvé. 

Samedy  après  midy,  on  a  procédé  au  scrutin  au  choix 
des  vérificateurs  du  scrutin.  MM.  Duclérc,  de  Laval, 
Lejeune,  de  Mayenne,  et  Le  Balleur  de  Tlsle,  ont  été  nom- 
més d'après  la  réunion  du  Bas-Maine  sur  le  choix.  Di- 
manche a  commencé  le  premier  scrutin.  Tout  le  Bas- 
Maine  réuni  a  fait  nommer  d'emblée  M.  de  la  Roche,  de 
Laval*.  Au  scrutin  de  ce  matin  lundy,  la  même  réunion 
a  fait  nommer  un  M.  Héliand,  changeur  au  Mans,  connu 
par  sa  probité.  Venoit  la  troisième  nomination.  Icy  l'u- 
nion s'est  rompue.  Laval  et  Montfort  me  portoient  ;  mais 
Mayenne  et  Lassay,  réunis  à  d'autres  voix  gagnées,  ont 
porté  au  premier  scrutin,  concurremment  avec  moi, 
M.  Gournay^,  d'après  ce  que  j'en  ai  su.  Le  premier 
scrutin  n'emportant  pour  personne  la  moitié  des  suffra- 
ges, on  a  procédé  l'après  midy  à  un  second  ;  même  par- 
tage ;  alors  on  a  nommé  comme  ayant  le  plus  de  suffrages 
M.  Jouye  dos  Roches,  lieutenant  général^,  et  M.  Gournay. 
On  est  dans  ce  moment  à  finir  le  scrutin  et  je  vous  mar- 
querai, avant  de  terminer,  qui  l'aura  emporté.  Par  là 
vous  voyez  que  je  n'ai  plus  de  prétentions  à  avoir,  et 
vous  en  direz  tout  ce  que  votre  amitié  pour  moi  vous 
dictera,  mais  certainement  c'est  m'avoir  rendu  service 
que  de  m'en  avoir  écarté.  Je  ne  voudrois  pas  pour  beau- 
coup recommencer  la  vie  que  nous  menons  icy  depuis 
dix-sept  jours  et  j'en  ai  cent  pieds  par  dessus  la  tête  de 
tous  les  discours,  de  tous   les   raisonnements  sur  cet 


1.  René-Pierre-Charles-Félix  Eniubault  la  Roche,  juge  ordi- 
naire civil  du  comté-pairie  de  Laval. 

2.  François-René  Gournay,  avocat  au  Parlement  à  Mayenne. 

3.  Lieutenant  général   au  présidial    du   Mans,  président  de 
rassemblée  du  Tiers. 


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—  317  — 

objet.  Si  M.  Gournay  est  nommé,  comme  absent, il  faudra 
procéder  aussitôt  à  la  nomination  d'un  suppléant.  Il 
n'y  aura  que  pour  les  absents  qu'il  en  sera  nommé,  le 
lieutenant  général  ne  voulant  pas  prendre  sur  lui  de 
s'écarter  d'un  mot  du  règlement  2. 

J'ai  les  honneurs  de  la  députation  sans  en  avoir  la 
peine.  Dans  une  lettre  imprimée  que  M.  de  la  Palu  ou 
M.  Testard  vous  porteront,  vous  y  verrez  qu'on  a  craint 
ma  concurrence,  puisqu'on  a  cru  devoir  me  rendre  sus- 
pect aux  électeurs.  Du  reste  on  ne]dit  rien  sur  mon  compte 
que  de  très  honnête.  Je  suis  montré  au  doigt  dans  les 
rues  comme  le  seroit  un  député.  J'en  serai  plus  tôt  quitte 
du  côté  de  la  satisfaction  de  la  vanité  de  cette  manière 
qu'avec  une  députation  dont  le  travail  et  les  dépenses 
compenseront  bien  l'honneur,  si  il  y  en  a  à  espérer  pour 
de  minces  députés  du  Tiers. 

Adieu,  je  n'ai  que  le  temps  de  fermer  ma  lettre.  Je  la 
laisse  ouverte  jusqu'à  ce  que  je  sache  qui  l'aura  emporté 
de  M.  Gournay  ou  de  M.  Jouye  des  Roches. 

C'est  M.  Jouye  des  Roches  qui  a  été  nommé.  On  a  pro- 
cédé à  un  nouveau  scrutin  que  je  ne  partagerai  pas  étant 
déshabillé. 

Du  Mans,  24  mars  89. 
C'est,  Monsieur  et  cher  confrère,  un  député  aux  Etats 
Généraux  qui  vous  écrit.  J'ai  été  passé  ce  matin  au 
scrutin  et,  grâce  à  la  lettre  imprimée  contre  moi,  aux 
démarches  de  notre  ami  Lalande,  à  l'union  des  Lavallois, 
j'ai  emporté  la  nomination  ce  matin  au  5*  scrutin.  Ainsy 
nous  avons  jusqu'à  ce  soir  :  l**"  député  M.  de  la  Roche  ; 
2^  M.  Héliand,  tous  deux  au  premier  scrutin  ;  3*  M.  Jouyes 
des  Roches,  dont  je  me  réserve  à  vous  parler,  il  s'est 
signalé  par  les  plus  grands  talens  dans  cette  assemblée  ; 

2.  C'est  seulement  le  30  juin  que  les  électeurs  du  Tiers-Ëtat, 
réunis  au  Mans  pour  nommer  un  successeur  à  M.  Héliand  décédé» 
élurent  deux  suppléants. 


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-  318  ^ 

4*  Lanier  de  Vaussenay^  Segreiain  n^ayant  pas  voulu 
être  nommé;  5*  votre  ami;  6*  M.  Guérin,  maître  de  for- 
ges de  la  Gaudinièro^,  homme  d'esprit;  7'...  Ce  soir  au 
deuxième  scrutin,  M.  de  la  Lande  a  obtenu  la  pluralité 
des  voix  avec  M.  Ménard  de  la  Groye,  conseiller  au  Pré- 
sidial,  qui  Ta  emporté  au  troisième.  Mais  demain  nous 
espérons  remettre  sur  Peau  M.  de  la  Lande. 

Je  reçois  dans  le  moment  votre  lettre  et  celle  de  M.  le 
Duc  qui  contient  en  effet  sa  procuration.  Je  verrai  demain 
matin  M.  le  chevalier  d'Hercé  et  je  concerterai  avec  lui 
à  qui  je  pourrai  la  confier^. 

Je  ne  vous  dis  rien  des  avanies  qu'ont  essuyées  nos 
cabaleurs  et  de  leur  déboire.  Je  dois  à  M.  de  la  Rue  la 
justice  qu'à  la  fin  il  est  revenu  et  m'a  donné  sa  voix. 
C'est  le  seul  dont  je  suis  sûr  de  nos  co-députés.  Pour  les 
autres,  peut-être  M.  de  la  Carlière,  peut-être  M.  Lejeune, 
mais  je  ne  puis  l'assurer. 

Le  Clergé  arrête  toute  communication.  Ils  sont  tou- 
jours en  discorde  et  dès  lors  on  ne  peut  conférer  avec 
eux.  Cependant  ils  nous  ont  envoyé  aujourd'hui  la  déli- 
bération par  laquelle  ils  consentent  payer  dans  la  plus 
parfaite  égalité  les  imposts  votés  par  la  nation  à  propor- 
tion de  leur  fortune. 

Je  me  réserve  à  vous  donner  de  plus  longs  détails  à 
mon  retour.  Aujourd'hui  que  la  satisfaction  d'avoir  rompu 
la  cabale  élevée  contre  moi  est  ralentie,  je  sens  tout  le 
poids  de  ma  mission  et  elle  commence  à  m'inquiéter. 

Adieu.  Agréez  et  faites  agréer  à  Madame  l'assurance 
de  mon  sincère  et  respectueux  attachement.  M.  Benier 
l'aîné  a  été  des  nôtres  et  a  voté  pour  moi. 

L'union  des  Lavallois  a  fait  la  plus  grande  sensation  ; 
si  ils  ne  se  fussent  pas  désunis  sur  M.  de  la  Lande,  ils 

1.  François-Pierre  Lasnier  de  Vaussenay,  né  à  Laval  en  17  i4, 
négociant  et  inspecteur  du  commerce. 

2.  Près  Mamers. 

3.  Le  duc  de  Valentinois,  seigneur  des  duchés  de  Mazarin  et 
de  Mayenne. 


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—  319  — 

eussent  emporté  les  sept  premières  victoires.  Ce  sont 
ceux  qui  toujours  ont  fait  pencher  la  balance. 

Du  25 
M.  do  la  Lande  vient  enfin  de  remporter.  Il  est  nommé 
8*  député.  Il  nous  en  reste  deux  à  nommer.  C'est  le  fond 
du  sac,  il  faudra  le  scrutiner  avant  Je  les  voir  sortir  de 
Turne. 

Du  Mans,  25,  9  heures  du  soir. 
Je  voua  avois  annoncé,  Monsieur  et  cher  confrère,  par 
une  lettre  que  vous  ne  recevrez  que  vendredy  matin  ma 
nomination  et  celle  de  M.  de  la  Lande.  Le  jour  est  heu- 
reux pour  le  Bas- Maine.  Nous  venons  de  faire  terminer 
celle  de  M.  Gournay.  Ainsy  nous  voilà  cinq  députés  du 
Bas-Maine.  C'est  icy  pis  qu'au  conclave,  nos  Manceaux 
bas-vestiers  *  ont  montré  toutes  les  souplesses  et  les 
ruses  les  plus  fortes  pour  en  venir  à  ce  point.  Je  vous 
détaillerai  au  lonjç  toute  l'intrigue  qui  a  eu  lieu  et  dont 
le  succès  a  été  plus  avantageux  à  la  fin  que  le  commen- 
cement ne  le  promettoit,  car  j'ai  vu  un  moment  où  je  de- 
vois  craindre  que  nous  n'eussions  pas  de  représentans. 
J'ai  été  nommé  le  5®,  M.  de  la  Lande  le  8*,  M.  Gournay 
le  9'.  Il  n'en  reste  plus  qu'un  10®  qui  ne  m'intéresse  pas 
assez  pour  y  retourner^.  M.  des  Valettes  part  en  poste 
pour  faire  arriver  de  même  M.  Gournay,  dont  l'accepta- 
tion est  indispensable,  ou  bien  toutf»  la  nomination  seroit 
nulle.  Je  lui  en  écris  pour  qu'il  ne  manque  pas  de  venir. 
Sans^cela  deux  procureurs  du  Mans,  deux  autres  officiers, 
.  furieux  que  notre  Bas-Maine  ait  eu  cinq  députés,  veulent 
protester  contre  un  procès-verbal  qui  menticmne  la  nomi- 
nation et  l'acceptation  de  M.  Gournay.  Engagez-le  à 
partir,  quelqu'affaire  qu'il  aye,  et  à  arriver  le  plus  tôt 
qu'il  pourra.  Je  vais  tâcher  de  faire  différer  la  clôture 


1.  Paysans  du  Bas-Maine  qui  portaient  une  veste  courte.  V.les 
Glossaires  de  MM.  de  Montesson  et  Dottin. 

2.  M.  Chénon  de  Beaumont,  conseiller  à  l'élection  du  Mans. 


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—  320  — 

de  notre   assemblée  particulière  du  Tiers,  afin  de  lui 
donner  le  temps  d'arriver  avant  qu'elle  soit  terminée*. 

11  est  question,  après  la  dernière  nomination  qu'on  est 
à  finir,  de  faire  la  proposition  à  la  Noblesse  de  consentir 
l'addition  à  ses  propositions  que  ce  sera  sur  le  même 
rôle  qu'elle  payera.  La  Noblesse  y  consent,  mais  sa 
réponse  forcera  le  Clergé  à  s'expliquer  de  la  même 
manière,  ou  à  faire  schisme.  C'est  demain  que  cette  né- 
gociation s'entame  et  qu'elle  tiendra  au  moins  tout  le 
jour  pour  les  allées  et  venues  des  ordres. 

J'ai  reçu  le  paquet  et  la  procuration  de  M.  le  duc  de 
Valentinois,  je  l'ai  remise  au  chevalier  d'Hercé  qui  la 
confiera  à  celui  dont  il  sera  sûr  pour   en  avoir  la  voix. 

Je  ne  prévois  pas ,  d'après  cette  ouverture,  que  nous 
puissions  partir  avant  samedy  ou  dimanche.  Ce  ne  sera 
pas  aussitôt  que  je  le  désire,  tant  j'ai  d'envie  d'être  hors 
d'icy,  de  voir  où  en  est  notre  chemin  et  de  vous  réitérer 
les  sentiments  du  sincère  attachement  avec  lequel  je  suis 
votre  serviteur  et  airi. 

Maupetit. 


1.  Un  avocat  du  baillage  de  Mamers  et  le  lieutenant  général 
de  la  sénéchaussée  de  Beaumont.  entre  autres,  furieux  du  résultat 
obtenu  par  le  Bas-Maine,  au  détriment  de  plusieurs  districts 
qui  n'avaient  pas  de  représentants,  écrivirent  au  Garde  des  Sceaux 
que  ces  élections  n'étaient  que  ie  résultat  de  la  cabale  organisée 
pa*  les  députés  de  Laval  et  de  Mayenne,  qui.  en  faisant  circuler 
des  listes  de  candidats,  en  sollicitant  les  sufîrages  des  députés 
des  campagnes,  avaient  vicié  les  votes  par  tous  les  moyens  que 
leur  avaient  suggérés  l'ambition  et  l'esprit  d'intrigue.  Mais  leurs 
plaintes  ne  furent  pas  écoutées  contre  un  procès-verbal  réguHer 
et  mentionnant  l'acceptation  de  M.  Gournay,  arrivé  sans  doute  en 
temps  utile. 


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LETTRES  DE  MICHEL-RENÉ  MAUPETIT 

(1789-1791) 


I 

Arrivé,  Monsieur  et  cher  confrère,  à  Versailles  mardy 
à  10  heures,  nous  nous  sommes  assurés  de  nos  loge- 
ments. J'ai  cédé  à  M.  Gournay  mon  logement  de  l'hôtel 
de  Brissac*  et  j'en  ai  pris^  un  autre,  rue  de  l'Orangerie, 
nM5. 

Nous  nous  y  rendons  dimanche  au  soir  pour  l'ouver- 
ture des  Etats.  Lundy,  ouverture  qui  ne  sera,  à  ce  que 
l'on  dit,  que  pour  la  forme,  pour  vérifier  les  pouvoirs. 
Mais  l'ouverture  réelle  sera  différée  au  lundi  11  mai. 
Alors  commenceront  les  travaux.  On  annonce  un  discours 
de  M.  Necker  ^  tel  qu'il  doit  emporter  les  suffrages  de 
tous  les  ordres,  concilier  tous  les  intérêts.  Je  le  désire 
plus  que  je  n'y  crois  d'après  la  fermentation  des  esprits 
et  l'attachement  aux  abus  si  utiles  à  tant  de  monde.  Au 
surplus  il  n'y  a  plus  longtemps  à  attendre.  Suspendons 
notre  jugement  pour  ne  rien  précipiter.  Depuis  que  je 
suis  icy  je  n'ai  fait  que  courir.  On  y  débite  bien  des  nou- 
velles qui  ne  peuvent  être  mandées,  tant  elles  sont  con- 
tradictoires. Tout  ce  que  je  sais,  c'est  qu'on  a  réuni  les 
plus  grands  efforts  pour  perdre  M.  Necker;  que  le  Roy 


1.  A  Paris,  le  frère  de  Maupelit  habitait  l'hôtel  du  duc  de  Bris- 
sac,  gouverneur  de  Paris,  rue  de  Grenelle-Saint-Germain.  Il  s'agit 
sans  doute  ici  d'un  autre  hôtel  possédé  à  Versailles  par  le  duc  de 
Brissac. 

2.  Jacques  Necker  (1732-1804),  né  à  Genève  et  protestant,  ancien 
banquier,  directeur  général  des  Finances  de  1776  à  1781,  puis  de 
1788  à  1790. 


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—  322  — 

n^a  pas  pris  le  change  et,  avec  Ténergie  ordinaire  de  ses 
expressions,  a  voulu  renvoyer  tous  les  ministres,  et  Teùt 
fait  sans  que  M.  Necker  lui  représenta  l'inconvénient 
d'un  pareil  changement  au  moment  de  l'ouverture  des 
Etats.  Néanmoins  on  s'attend  à  un  changement  de  la 
plus  grande  partie.  M.  Necker  restera  seul  suivant  toutes 
les  apparences.  Je  ne  vous  en  dirai  pas  plus  long  aujour- 
d'hui, je  ne  fais  que  courir  depuis  mon  arrivée,  boire  et 
manger.  J'ai  vu  M.  de  Volney  qui  cause  autant  des 
États  généraux  qu'il  était  discret  sur  l'Egypte.  11  me 
parait  monté  trop  haut  pour  pouvoir  se  soutenir.  11  fera 
du  bruit  s'il  se  soutient,  mais  n'en  réussira  peut-être 
pas  mieux  ^  —  25  avril  1789  2. 

IP 

Versailles,  28  avril  1789. 
L'ouverture  des  Etats  est  remise  au  lundi  4  mai  ^. 
Néanmoins,  pour  ne  rien  changer,  la  publication  de  la 
remise  à  son  de  trompe  par  les  héraults  d'armes  s'est 
faite  hier  dans  les  rues  de  Versailles  et  doit  être  renou- 
velée aujourd'hui  à  Paris.  Les  députés  arrivés  pourront 
être  présentés  au  Roy  dans  les  trois  derniers  jours  delà 
semaine.  Comme  il  résulte  une  petite  vacance,  nous 
allons  ce  matin  retourner  à  Paris  et  nous  reviendrons  le 
jour  que  nous  saurons  fixé  pour  la  présentation  de  notre 
province  ^. 

1.  François  Chassebœuf,  dit  Volney,  né  à  Craon  en  1757.  député 
du  Tiers-état  d'Anjou.  Comme  le  prévoit  Maupetit,  son  rôle  dans 
l'Assemblée  Nationale  ne  fut  pas  aussi  imponant  que  l'on  eût  pu 
le  supposer  d'après  la  réputation  que  lui  avaient  faite  ses  pre- 
miers écrits. 

2.  Pas  de  si^ature.  Adresse  ;  A  Monsieur  Dupont  de  Grand- 
fardin.  Juge  criminel.  Grande  rue  à  Mayenne^  route  de  Bretagne, 

3.  L'ouverture  des  Etats  généraux  avait  été  fixée  par  le  Roi 
au  21  avril  1789.  Ce  môme  jour,  il  fut  publié  par  les  héraults 
d'armes,  et  afiiché  dans  la  ville  de  Versailles,  que  cette  ouver- 
ture était  remise  au  lundi  4  mai,  beaucoup  de  députés  des  Pro- 
vinces n'étant  pas  encore  arrivés  à  Versailles,  et  quelques  assem- 
blées électorales,  notamment  celle  de  Paris,  n'étant  pas  encore 
terminées. 

4.  Les  présentations  eurent  lieu  à  Versailles  le  samedi  2  mai. 


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—  â23  - 

D'après  les  dispositions  les  plus  générales,  il  parait 
que  la  grande  question  du  vote  par  tète  ou  par  ordre 
sera  terminée  par  la  division  des  Etats  en  deux  cham- 
bres, Tune  haute,  la  2*  des  communes.  La  difficulté  sera, 
dans  cette  première  convocation,  de  pouvoir  tracer  la 
manière  de  les  former  en  conservant  l'équilibre  néces- 
saire entre  les  deux  chambres.  Sur  ce  point  les  avis  pa- 
raissent divisés.  La  Noblesse  voudrait  entrer  en  entier 
dans  la  chambre  haute.  Le  Clergé  aurait  probablement 
la  même  prétention,  alors  ce  serait  ne  rien  gagner.  Mais, 
suivant  toutes  les  apparences,  il  n'y  aura  que  la  haute 
Noblesse,  les  princes,  les  ducs  et  pairs,  le  haut  Clergé 
des  évéques  et  abbés,  à  la  composer.  Le  surplus  for- 
mera avec  le  Tiers  la  chambre  des  communes. 

Je  ne  vous  donne  point  toutefois  cette  nouvelle  comme 
certaine  ;  ce  sont  les  rapports  qui  font  présumer  cette 
marche.  On  ne  peut  donc  parler  que  de  ce  qui  se  dit. 
Nous  verrons  dans  peu  ce  qui  seTera,  mais  je  crois  que 
la  division  en  deux  chambres  sera  fort  de  votre  goût  et 
de  celui  du  plus  grand  nombre. 

M.  de  la  Lande  s'est  laissé  escamoter  hier  sa  bourse 
dans  les  appartements  du  Roy,  où  le  public  s'était  porté 
en  foule  aussitôt  que  le  Roy  fut  parti  pour  la  chasse.  La 
Reine  alla  également  à  Meudon,  pour  laisser  au  public 
le  temps  de  visiter  les  appartements.  Heureusement  pour 
M.  de  la  Lande  qu'il  n'avait  sur  lui  que  130^. 

On  a  accompagné  le  Roy  hier  par  des  cris  redoublés 
de  Vive  le  Roy  !  et  un  capitaine  des  gardes  de  la  porte 
nous  dit  que,  depuis  14  ans,  il  n'avait  pas  entendu  de 
pareille  expression  de  la  joie  publique.  C'est  un  senti- 
ment général  comme  sur.  le  compte  de  M.  Necker  ;  les 
clameurs  enfin  des  gens  à  abus  s'apaisent  et  n'osent  plus 
se  faire  entendre.  L'arrivée  des  députés  à  Versailles  y  a 
beaucoup  contribué. 

Nous  avons  vu  les  députés  de  Bretagne  hier,  qui  nous 
ont  appris  que  le  clergé  du  second  ordre  avait  nommé 
22  curés  sur  le  refus  du  haut  clergé  de  députer.  Et  comme 


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—  324  — 

il  y  a  peu  d'évêques,  on  a  demandé  aux  Provinces  qui 
ont  des  nominations  encore  à  faire  de  prendre  dans  le 
haut  clergé,  pour  ne  pas  faire  perdre  en  entier  à  ce  corps 
l'apparence  de  son  influence  ;mai3,  quoiqu'il  en  soit,  le 
haut  clergé  aura  peu  de  représentants. 

Je  suis  en  vérité  peiné  de  la  scène  qu'a  eue  M.  de 
Laubrières.  Si  il  eût  voulu  ra'entendie,  il  se  serait  abs- 
tenu de  paraître  au  marché.  Je  lui  avais  rendu  les  pro- 
pos que  j'avais  entendus  la  semaine  précédente  et  malgré 
leur  fausseté,  puisqu'il  n'avait  pas  paru  au  marché, 
j'en  avais  tiré  la  conséquence  qu'il  devait  totalement 
s'abstenir  d'y  paraître.  Je  ne  vois  pour  lui  d'autre  parti 
que  de  se  retirer  à  sa  campagne,  de  ne  point  aller  lui* 
même  vendre  ses  grains,  ny  à  Gorron,  ny  à  Ambrières 
où  l'animosité  le  poursuivrait  de  nouveau. 

La  nouvelle  de  la  mort  de  l'Empereur  ne  se  confirme 
point  officiellement,  parce  que,  suivant  toutes  les  appa- 
rences, on  veut  la  cacher  à  la*  Reine  ;  néanmoins,  elle 
passe  toujours  pour  constante  K 

Je  crois  vous  avoir  marqué  que  j'étais  logé  ici,  rue 
de  l'Orangerie,  n?  15.  J'y  suis  très  commodément  et  à 
proximité  de  nos  co-députés  du  Tiers.  Nous  nous  por- 
tons tous  passablement,  malgré  le  dérangement  indis- 
pensable dans  notre  manière  de  vivre.  Nous  mangeons 
les  dix  députés  du  Maine  et  deux  de  TAnjou  chez  le 
même  traiteur,  moyen  de  nous  concilier  dans  le  cas  où, 
pendant  le  travail,  nous  nous  trouverions  séparés  les  uns 
des  autres. 

Lt  Roy  voit  toute»  les  brochures  qui  paraissent  cha- 
que jour  ;  ua  libraire  de  Versailles  les  Importe.  On  avait 
tenté  de  le  faire  disparaître,  mais  on  a  été  forcé  de  le 
laisser  revenir. 

On  ne  parle  plus  du  changement  des  ministres  pour 
le  moment.   La  semaine  prochaine  je   pourrai  vous  en 

1.  L'empereur  d'Autriche,  Joseph  II,  mourut  seulement  l'année 
suivante,  le  22  février  1790. 


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-  325  — 

dire  plus  long,  au  moins  sur  les  formes,  jusqu'à  ce  que 
le  temps  nous  éclaire  sur  le  fonds  *. 

III 

Paris,  30  avril  1789. 

11  y  a  eu  lundy  et  mardy  dans  le  faubourg  Saint- 
Antoine  une  émeute  qui  a  coûté  la  vie  à  un  grand  nom- 
bre de  citoyens  et  à  un  plus  grand  nombre  encore  de 
soldats  du  régiment  de  Royal-Cravate  et  des  Gardes- 
françaises. 

Cette  scène  tragique  a  eu  pour  prétexte  un  propos 
qu'on  a  supposé  à  Réveillon,  chef  d'une  manufacture  de 
papiers  à  tapisseries.  Ce  citoyen,  estimé  par  son  honnê- 
teté, ses  talents,  s'était  trouvé  à  la  rédaction  des  Cahiers  ; 
il  avait  insisté  pour  qu'on  demandât  la  suppression  des 
entrées  et  pour  autoriser  sa  demande,  il  présentait  une 
considération  intéressante  au  commerce  des  manufactures 
de  Paris.  La  suppression  des  entrées  diminuera  les 
vivres  et  les  dépenses  de  consommation.  Les  journées 
des  ouvriers  pourront  être  réduites  à  moitié  ;  le  manufac- 
turier, ayant  une  main  d'oeuvre  moins  coûteuse,  empor- 
tera la  préférence  sur  l'étranger. 

On  répand  que  Réveillon  a  demandé  que  les  journées 
des  ouvriers  soient  diminuées  de  moitié  ;  des  gens  sans 
aveu,  soudoyés  ainsi  qu'on  l'a  dénoncé,  s'attroupent,  en 
font  attrouper  2  à  3  mille.  Bientôt  le  nombre,  s'augmente 
et  tous  rassemblés  vont  vers  la  maison  de  Réveillon, 
veulent  la  forcer.  On  vient  à  bout  le  lundy,  non  de  les 
dissiper,  mais  au  moins  de  les  calmer.  Mardy  nouvelle 
assemblée  plus  forte  et,  malgré  les  troupes,  le  détache- 
ment de  Dragons  venu  do  Mclun,  celte  populace  enfonce 
les  portes  de  Réveillon,  les  fenêtres,  démeuble  la  maison 
et  avec  du  bois  déposé  dans  le  milieu  de  la  rue,  vient  y 
brûler  tout  ce  qu'on  trouvé  de  papiers,  d'ustansiles  de  la 

1.  Celte  lettre  et  la  précédente  sont  les  seules  qui  portent  la 
signature  de  Maupetit. 

21 


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—  326  — 

manufacture.  En  vain  on  cherche  à  les  elfrayer  ;  la  plu- 
pari,  ivres  d'avoncc,  d'autres  remplis  des  fumées  du  vin 
de  Réveillon  qu'ils  vont  déterrer,  veulent  détruire  la 
maison,  montent  sur  le  toit.  Alors,  dit-on,  le  régiment 
des  Gardes  fît  feu  sur  ceux  qui  étaient  sur  le  toit.  La 
peur,  autant  peut-être  que  les  balles  en  firent  tomber. 
La  populace  spectatrice  ramasse  le  bois  apporté  pour 
brûler  les  meubles,  on  en  jette  sur  les  troupes  avec  de 
grandes  gaules  de  huit  pieds  prises  dans  la  manufacture. 
On  cherche  à  désarçonner  les  Dragons;  on  en  fait  sauter 
plusieurs  de   sur   leurs  chevaux.  Les  troupes  animées 
déchargent  sur  le  peuple  à  coups  de  sabres,  à  coups  de 
fusil.  11  y  a  eu  dès  lors  une  mêlée  où  ont  dû  périr  suivant 
les  uns  5  à  600  hommes,  suivant  les  autres  2  à  300.  On 
se  dépêcha  de  faire  avancer  deux   canons   et  d'autres 
troupes  qu'on  avait  envoyé  chercher.  Insensiblement  le 
feu  se  ralentit,  mais  il  se  répandit  nombre  d'ouvriers 
dans  la  rue  qui  arrêtaient  les  voitures,  demandaient  do 
crier  Vive  le  Roy^    Vive  le  Tiers  !  J'ai  été  arrêté  moi- 
même  le  mardy  au  soir  dans  la  rue  de  Grenelle  et  obligé 
de  dire  que  j'étais  du  Tiers  ^ 

Hier,  mercredy,  il  n'y  paraissait  plus,  tout  était  tran- 
quille. Deux  des  fous  qui  étaient  montés  sur  le  toit  de 
Réveillon  et  qu'on  av^ait  arrêtés  ont  été  pendus  à  la  porte 
Saint-Antoine,  à  six  heures  du  soir,  sans  que  personne 
ait  remué  et,  l'alarme  dissipée,  on  ne  peut  voir  d'autre 
cause  à  cette  fermentation  qu'une  trame  particulière  dont 
on  s'occupe  à  retrouver  le  fil.  On  a,  dit-on,  dénoncé  à  la 
police  un  censeur  royal  qu'on  a  découvert  donnant  de 
l'argent  à  plusieurs  des  plus  mutins  qui  commencèrent 
l'émeute.  Probablement  que  les  plus  coupables  se  décou- 
vriront, mais  que  limportance  des  personnages  fera 
étouffer  l'affaire. 

Au  surplus,  d'après  l'intime  conviction  du  public  que 


1.  V.  Taine,  Les  origines   de   la  France  contemporaine.  La 
Révolution^  t.  I,  p.  37  et  s. 


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—  327  — 

c'est  une  sédition  fomentée,  d'après  l'opinion  presque 
géaérale  sur  les  causes  et  les  auteurs,  loin  qu'il  en  ré- 
sulte quelque  défaveur  sur  M.  Necker.  il  n'en  devient 
que  plus  cher  à  la  nation  et  les  ennemis  de  la  Patrie  n'y 
trouveront  que  leur  ruine  et  leur  confusion. 

Tous  nos  co-députés  se  portent  bien.  Nous  retournons 
demain  matin  à  Versailles  pour  nous  y  installer,  nous 
recueillir  un  moment  avant  le  moment,  nous  voir,  nous 
concerter.  J'ai  vu  ici  plusieurs  fois  M.  de  Volney,  il  est 
aussi  verbeux  sur  les  Etats-Généraux,  sur  des  projets 
de  réformes,  que  vous  l'avez  trouvé  réservé  et  discret 
sur  l'Egypte.  Il  s'énonce  avec  feu,  dans  les  termes  les 
plus  forts.  11  est  bon  qu'il  y  ait  peut-être  pour  la  dis- 
cussion quelques  esprits  aussi  exaltés  ;  s'ils  passent  le 
but,  les  têtes  froides  pourront  ramener  le  gros  de  l'es- 
cadron au  point  où  il  faut  s'en  tenir. 

Il  y  a  apparence  que  lundy  il  n'y  aura  que  la  messe 
solennelle  et  la  procession.  Mardy  commenceront  les 
discours.  On  a  procédé  hier  au  scrutin  de  Paris,  on  ne 
sait  pas  encore  quels  ont  été  les  premiers  députés.  Si 
je  l'apprends  avant  de  fermer  ma  lettre,  je  vous  le  mar- 
querai, ou  le  Journal  de  Paris  vous  en  instruira. 

(-4  suivre). 


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LA  MAISON  DE  LAVAL 


XXVI 

aux  XIX 

13  décembre  1567  —  15  avril  1586. 


Le  13  décembre  1567,  le  décès  de  Guyonne  amena 
pour  la  troisième  fois  en  un  vingtaine  d'années  un  chan- 
gement dans  le  sang  des  seigneurs  de  Laval  :  Guy  XVII 
était  un  Montfort  ;  Guyonne  une  Rieux  ;  Guy  XIX  fut  un 
Coligny.  Ce  nom  dit  assez  quel  parti  fut  embrassé  par 
le  nouveau  comte  dans  le  lutte  engagée  par  la  Réforme 
contre  le  Catholicisme. 

C'est  en  représentation  des  droits  de  sa  mère,  Claude 
de  Rieux,  sœur  de  Guyonne,  que  Guy  XIX  se  trouva 
à  Tâge  de  douze  ans,  investi  sur  le  patrimoine  des  mai- 
sons de  Laval  et  de  Rieux  des  droits  que  le  décès  de 
Guyonne  laissait  vacants. 

Née  le  8  février  1526  (n.  s.),  Claude  de  Rieux  avait 
épousé,  le  19  mars  1548  (n.  s.),  le  frère  cadet  de  Gas- 
pard de  Coligny,  François,  seigneur  d'Andelot,  né  à 
Châtillon-sur-Loing  le  18  avril  1521,  et  lui  avait  douné 
quatre  enfants  :  1®  une  fille,  appelée  Marguerite,  qui,  née 

1.  Voir  au  Cartulaire  les  numéros  2.629,  2.630  et  2.631. 


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—  329  — 

à  Milan  le  28  février  1554  (n.  s.),  devint  un  jour  dame  de 
Tournemine  ;  2®  un  fils,  Guy-Paul,  né  le  15  août  1555  en 
un  bateau  sur  le  Pô  entre  Chivasso  et  Turin,  alors  que 
Claude  de  Rieux  rejoignait  son  mari  prisonnier  de  guerre 
en  Italie  ;  3**  une  troisième  fille,  dont  le  nom  n'est  pas 
connu,  et  qui,  née  à  Melun  au  commencement  de  juillet 
1558,  mourut  après  sa  mère  en  1563  ;  4®  enfin  un  second 
fils,  appelé  François  comme  son  père,  qui,  né  à  Paris  le 
23  août  1559  porta  le  titre  de  seigneur  de  Rieux*. 

D'Andelot,  lorsqu'il  devint  veuf,  le  5  août  1561,  pos- 
sédait donc  quatre  enfants  ;  trois  ans  plus  tard,  le  27 
août  1564,  il  convola  en  secondes  noces  avec  Anne  de 
Salm,  qui  lui  donna  deux  fils  :  François,  qui  reçut  le 
titre  de  seigneur  de  Tanlay,  et  Benjamin,  né  en  février 
1569,  titré  seigneur  de  Sailly  et  de  Courcelles,  et  en 
outre  une  fille,  qui,  appelée  Anne  comme  sa  mère,  épou- 
sa en  le  9  octobre  1594,  Jacques  Chabot,  marquis  de 
Mirebeau. 

liors  du  décès  de  sa  mère,  Claude  de  Rieux,  arrivé  le 
5  août  1561,  Guy-Paul,  laine  des  fils  hérita  de  ses  droits 
sur  les  terres  qui  lui  avaient  été  attribuées  en  représen- 
tation de  ses  droits  dans  les  successions  de  ses  père  et 
mère  ;  puis,  le  13  décembre  1567.  lors  du  décès  de  sa 
tante  Guyonne,  Guy-Paul,  qui  se  trouvait  son  plus  pro- 
che héritier,  prit  le  nom  de  Guy  XIX,  comte  de  Laval  ; 
mais  il  ne  put  être  mis  de  suite  en  possession  de  ses 
fiefs.  Guyonne,  grâce  à  son  protestantisme,  était  morte 
sous  le  coup  d'une  instruction  criminelle,  dont  l'un  des 
premiers  actes  avait  été.  dès  le  31  janvier  1567,  une 
mise  sous  séquestre  de  ses  biens  ;  or,  aussitôt  son  dé- 
cos, ce  séquestre  s'était  compliqué  d'une  saisie  de  tous 
ses  meubles,  saisie   opérée  à  la  requête  du  procureur 

1.  M.  Bordier,  France  Protestante,  IV,  238,  ajoute  ici  une  se- 
conde fille  nommée  Suzanne  et  ayant  épousé  Guillaume  de  Poi- 
tiers, baron  d'Outr()  :  mais  son  affirmation  est  difficile  à  concilier 
avec  le  silence  gardé  .sur  elle  dans  1  acte  du  11  février  1584, 
portant  accord  entre  Guy  XIX  et  Anne  de  Salm,  sa  belle-mère. 


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—  330  - 

général  du  roi  au  comté  de  Laval.  L'instance  aboutit  en- 
fin deux  ans  plus  tard  à  un  arrêt  rendu  contre  la  mémoi- 
re de  Guyenne,  le  19  décembre  1569,  la  condamnant 
pour  lèse-majesté  et  prononçant  confiscation  définitive 
de  ses  biens. 

Cette  instance,  ce  séquestre,  cette  saisie,  cette  confis 
cation  épargnèrent  sans  doute  à  Laval  et  aux  fiels  dé- 
laissés par  Guyenne,  les  singuliers  désastres  qu'y  au- 
rait inévitablement  produit  le  fanatisme  protestant  de 
d'Andelot,  si  celui-ci  avait  pu  y  agir  en  maître  en  qualité 
de  bail  et  tuteur  de  Guy  XIX. 

Des  trois  frères    Coligny,   c'est   d'Andelot,    le  plus 
jeune  des  trois,  qui  semble  avoir  le  premier  adopté  les 
idées  nouvelles.  Les  biographes   assignent  au   change- 
ment de  ses  opinions,  Tépoque  où  il  était  prisonnier  de 
guerre   à    Milan   (1551-1556   '.  Quoi    qu'il  en    soit  de 
Texactitude  de  cette  date,  il  semble   par  contre  certain 
que  c'est  lui  qui,  le  premier  fitpénétrcrle  protestantisme 
en  Bretagne.  Accompagné  de  deux  ministres,  Jean-Gas- 
pard Carmel  ou  Cormel,  surnommé  Fleury,  et   Pierre 
Loiseleur,  seigneur  de  Villiers  et  de  Westhaven,  il  quit- 
ta Paris  en  avril  1558  ,  puis  à  Angers,  à  ÎVantos,  à  Blain, 
à  Rieux,  à  Pontchàteau,  à  la  Roche-Bernard,  à  hi  Bretes-  . 
che,  à  Rochefort,  abusant  de  sa  haute  position  militaire 
et  de  la  faveur  royale,  il  se  plaça  au-dessus  des  édits  et 
fit  prêcher  portes  ouvertes  et  à  tous  venants.  Cette  in- 
cartade lui  valut  une  arrestation  et  une  incarcération  à 
Melun,  dont  il  ne  sortit  qu'après  avoir  assisté  à  la  messe 
et  avoir  écrit  au  roi  Charles  IX,  vers  le  7  juillet  1558, 
une  lettre  de  soumission,  dont  les  ministres  blâmèrent 
les  termes  à  l'égal  d'une  apostasie  '. 

1.  Au  Bulletin  du  protestantisme  français  (XXVII,  254)  M. 
le  comte  Jules  Delaborde  a  publié  un  article  :  Captivité  de  d'An- 
delotau  château  de  Milan.  On  y  voit  que,  fait  prisonnier  avant 
le  21  juillet  1551.  d'Andelot  ne  reprit  sa  liberté  que  dans  le  cou- 
rant de  juin  1556. 

2.  Dans  le  Bulletin  du  protestantisme  français  (XXV,  433  ; 
XXVI,  26,  49,  433),  M.  Jules  Bonnet  a  publié  un  travail  intitulé  : 


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LA   MAISON     DE     LAVAL 


PlMloCypi*  BefltaAod.  I 


18:5.  —  Portrait  de  dAndelot 

{Crayon  de  ta  Bibliothèque  Sationate) 


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—  331  — 

Rendu  à  la  liberté,  il  prit  place  au  nombre  des  protes- 
tants militants  les  plus  actifs  et  de  ceux  qui  eurent  dans 
les  guerres  de  religion  Faction  la  plus  directe  et  la  plus 
importante,  mais  par  là  même  il  fut  empêché  de  donner 
une  impulsion  personnelle  au  mouvement  protestant 
établi  dans  les  domaines  de  sa  femme,  dans  ceux  de  sa 
belle-sœur  et  dans  ceux  de  ses  fils.  Une  action  exista  : 
à  défaut  d'autre  témoin  on  on  peut  donner  pour  preuve 
cette  lettre  publiée  par  M.  Tabbé  Paris- Jallobert  par 
laquelle,  le  15  mai  1561,  Georges  de  Gennes  rend  compte 
à  d'Andelot  des  recettes  de  la  capitainerie  de  Vitré  ',mais 
on  ne  constate  guère  sa  présence  au  Maine  et  en  Breta- 
gne que  lors  d'une  courte  apparition  faite  en  1568,  de- 
puis le  mois  de  juillet  jusqu'à  celui  de  septembre  2.  Venu 
sous  prétexte  de  mettre  ordre  aux  affaires  qui  résultaient 
pour  lui  du  décès  de  Guyonne,  il  profita  de  son  séjour  à 
Laval  pour  y  faire  son  testament,  daté  du  4  septembre 
1568,  et  pour  y  prendre  diverses  mesures  dont  lacté  numé- 
ro 2.782  du  Cartulaire  semble  être  aujourd'hui  le  seul  té- 
moin subsistant.  11  est  certain  que  sa  grande  préoccupation 
était  d'organiser  la  troisième  guerre  civile,  qui  se 
préparait  et  qui  eut  pour  signal,  le  23  août  1568,  le  dé- 
partdu  prince  de  Condé  abandonnan*  son  château  de  No- 
yers, emmenant  avec  lui  diverses  personnes,  au  nombre 
desquelles  la  seconde  femme  de  d'Andelot. 

Celui-ci  avait  donné  rendez-vous  aux  huguenots  du 
nord-ouest  à  Beaufort  en  Vallée  pour  le  14  septembre 
1568.  Une  fois  cette  concentration  opérée,  il  alla  camper 


Jean  Macard  ;  un  an  de  ministère  à  Paris  sous  Henri  II,  dans 
lequel  les  relations  de  Macard  etded'Andelot  tiennent  une  gran- 
de place  et  où  on  trouve  les  passages  les  plus  importants  des 
lettres  échangées  alors  par  d'Andelot. 

1.  Voir  Cartulaire  numéro  2.726. 

2.  C'est  bien  en  juillet  seulement  que  d'Andelot  se  mit  eu  route 

Ï^our  l'Ouest.  Les  archives  de  Condé  possèdent  une  lettre  écrite 
e  20  juillet  1568  par  l'abbé  de  Saint-Pierre  à  M.  de  Gordes  où  on 
lit  :  «  ...  Ledit  sieur  d'Andelot  a  prins  le  chemin  de  la  Bretagne, 
on  ne  peult  savoir  à  quelle  lin.  M.  de  Martigues  l'asuyvy  pour 
sentir ^es  desseings...  »  (Duc  d'Aumale,  Condé,  II,  16). 


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—  332  — 

sur  la  rive  droite  de  la  Loire,  espérant  que  sa  grande 
supériorité  numérique  lui  permettrait  de  détruire  les 
troupes  du  gouverneur  de  Bretagne,  Martigues,  qui 
venait  do  s'affaiblir  en  donnant  à  la  ville  de  Nantes  la 
garnison  dont  elle  avait  besoin.  Malgré  la  disproportion 
des  forces,  les  protestants  de  d'Andelot  furent  battus  et 
eussent  été  anéantis  si  la  découverte  d'un  gué  ne  leur 
avait  permis  de  traverser  la  Loire  et  de  se  joindre  aux 
forces  dont  le  prince  de  Condé  avait  le  commandement. 
C'est  dans  cette  campagne,  commencée  sous  ces  tristes 
auspices  et  qui  devait  prendre  fin  le  13  mars  1569  par 
la  défaite  de  Jarnac,  où  le  prince  de  Condé  trouva  la 
mort,  que  d'Andelot  fit  ses  dernières  armes. 

Atteint  par  la  fièvre  à  Saint-Jean-d'Angély,  il  y  ren- 
dit le  dernier  soupir  le  7  mai  1569  \  et  y  reçut  une  sépul- 
ture provisoire  ;  mais  plus  tard,  dans  des  temps  plus 
calmes,  son  corps  fut  apporté  à  la  Roche-Bernard,  selon 
les  intentions  manifestées  par  lui  dans  son  testament. 

Dans  cet  acte,  daté  de  Laval  le  4  septembre  1568, 
d'Andelot  s'était  abstenu  de  statuer  sur  la  tutelle  des 
enfants  de  son  premier  lit,  mais  il  y  avait  dit  :  «  Je  veux 
que  ma  fille  Marguerite,  jusqu'à  ce  qu'elle  soit  mariée, 
n'abandonne  pas  ma  femme  »  et  il  avait  ajouté  :  «  Quant 
à  mes  deux  fils  :  (juy-Paul  de  Laval  et  François  de  Coli- 
gny,  mon  intention  est  qu'ils  demeurent  avec  M.  l'admi- 
rai, il  leur  doit  bailler  trois  mille  francs  tous  les  ans  pour 
leur  entretenement  de  toutes  choses,  sauf  à  augmenter 
leurs  pensions  quand  il  surviendroit  occasion  de  plus 
grands  despens  ».  Bien  que  le  gros  des  fiefs  qu'ils  étaient 

1.  Les  historiens  ne  sont  pas  d'accord  sur  la  date  du  décès  de 
d'Andelot  :  la  plupart  la  fixent  au  27  mai,  d'autres  au  samedi  7 
mai.  Le  marquis  a'Aubaïs,  dans  une  note  de  ses  Pièces  fugitives 
fl,  278),  s'était  ranpfé  parmi  ces  derniers,  mais  sans  faire  con- 
naître les  motifs  de  cette  préférence.  Cette  date  du  7  mai  est  four- 
nie par  un  accord  passé  entre  Gaspard  de  Goliçny  et  sa  belle- 
sœur  Anne  deSalm,le  10  février  1572,  lequel  réfute  aussi  la  date 
du  4  mai,  donnée  dans  les  Questions  historiques  (t  XLII,  p.  101) 
et  celle  du  27  mai  1570  donnée  par  dom  Taillandier  (Histoire  de 
Bretagne,  II,  505). 


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—  333  — 

appelés  à  posséder  leur  fut  venu  du  côté  maternel,  il 
semble  bien  que  Gaspard  de  Coligny  fut  reconnu  tuteur. 
Tout  au  moins,  on  possède  des  actes  des  10  février, 
26  juin  et  10  juillet  1572,  où  il  se  qualifie  lui  même  : 
«  Tuteur  et  curateur  de  Guy,  comte  de  Laval,  cy-devant 
dit  Paul  de  Coligny,  François  et  Marguerite  de  Coligny.» 
Cette  constatation  permet  de  dater  Tacte  2.804  du  Cartu- 
laire,  qui  n'est  connu  que  par  une  copie  d'où  la  date  a 
été  exclue  et  d'en  fixer  la  confection  à  une  époque  peu  pos- 
térieure au  décès  de  l'amiral  Coligny,  tué  à  la  Saint- 
Barthélémy  (24  août  1572).  Par  cet  acte,  Charles  IX 
confiait  la  tutelle  des  trois  enfants  du  premier  lit  de 
d'Andelot  à  René  de  Rieux,  seigneur  de  la  Feuillée, 
leur  oncle  maternel.  Quand  celui-ci  mourut,  le  25  août 
1575,  GuyXlX,depuis  une  douzaine  de  jours,  venait  d'at- 
teindre sa  vingtième  année  ;  aussi  non  seulement  il  n'y 
eut  pas  lieu  de  lui  donner  un  autre  tuteur  mais  en  outre 
il  se  trouvait  en  âge  suffisant  pour  assumer  pour  lui-même 
la  tutelle  de  son  cadet. 

Quant  aux  personnes  de  Guy  XIX  et  de  son  frère,  en 
1569,  elles  furent  certainement  placées  sous  la  garde  de 
l'amiral  Coligny  ;  la  preuve  certaine  en  est  que  c'est  à 
Châtillon-sur-Loing  que  Guy  XIX  fut  atteint  par  la 
nouvelle  de  la  Saint-Bartholemy  et  que  c'est  delà,  en  la 
compagnie  de  ses  cousins  et  sous  la  direction  de  Le  Gresle, 
leur  précepteur,  que  tous  ensemble  partirent  pour  la  Suisse 
où  ils  se  proposaient  d'attendre  des  temps  meilleurs*. 

C'est  en  effet  en  Suisse  qu'on  trouve  trace  de  Guy 
XIX  pendant  les  trois  années  suivantes  :  à  Bâle»  le  31 
octobre  1572,  les  6  septembreet  5  octobre  1573  ;à  Schaf- 
fouse  le  24  août    1573.  Il  était  en    Suisse,  pendant   le 

1.  Voir  dans  les  Preuves  de  la  maison  de  Coligny,  p.  624  628, 
un  extrait  des  mémoires  de  M.  de  Ghâtillon  racontant  comment, 
avec  l'aide  du  sieur  de  Pontchartryin,  Guy  XIX  et  ses  deux  cou- 
sins de  Coligny  furent  menés  de  GhAlillon-sur-Loingà  Mulhouse, 
à  Berne,  à  Goppet  et  à  Genève,  et  comment  ils  furent  rejoints  à 
Bâlepar  la  veuve  de  d'Andelot,  avec  ses  jeunes  enfants. 


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—  334  — 

second  semestre  de  1574,  ainsi  qu'en  témoigne  une  let- 
tre adressée  à  Bellièvre  par  Catherine  de  Médicis,  qui 
se  préoccupait  du  séjour  que  Guy  XIX  faisait  hors  de 
France,  et  qui  cherchait  les  moyens  d'y  mettre  fin. 

Jusqu'au  dernier  de  ses  jours,  Guy  XIX  resta  fidèle 
1UX  étendards  protestants.  11  ne  prit  cependant  aucune 
part  à  la  prise  d'armes  do  1 574,  qui  aboutit  en  mai  1576 
à  la  paix  de  Monsieur,  tout  au  moins  il  profita  de  Tédit 
de  pacification  et  des  tolérances  nouvelles  qu'il  apportait 
aux  protestants  pour  rentrer  en  France.  On  possède  en 
effet  un  acte  signé  par  lui  à  Vitré,  le  24  janvier  1577, 


186.  —  Signature  de  Guy  XIX,  1577. 

et  un  état  de  sa  maison  arrêté  par  lui  à  Vitré,  le  5  mars 
1577.  Guy  XIX,  dès  lors,  se  dépensa  de  toute  les  ma- 
nières au  profit  de  la  cause  protestante  ;  en  juin  1580, 
il  est  en  Allemagne  où  il  cherche  à  lever  des  reîtres  ;  en 
juillet  1581,  il  est  aux  côtés  du  duc  d'Anjou  où  on  le 
trouve  encore  en  janvier  1583,  lors  de  la  désastreuse 
équipée  d'Anvers  ;  en  septembre  1584,  il  prend  part  à 
l'Assemblée  de  Montauban;  et,  avec  Duplessis-Mornay, 
il  est  député  par  elle  vers  Henri  lii.  Son  voyage  fut 
pour  lui  ui\e  occasion  de  faire  à  Laval  un  séjour  que  la 
maladie  y  prolongea. 

Le  27  août  1585  Henri  ill  félicitait  Guy  XIX  d'avoir 
donné  «  congé  et  fait  retirer  et  sortir  de  ses  terres  les 
ministres  delà  religion  nouvelle  prétendue  réformée». 


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-  335  — 

On  se  demande  si  le  roi  avait  été  exactement  renseigné 
sur  les  agissements  de  Guy  XIX  et  sur  ses  projets, 
car,  moins  de  quinze  jours  après  la  date  de  ces  félicita- 
tions, Guy  XIX  se  prononçait  résolument  ;  décidé  à  join- 
dre son  contingent  aux  troupes  réunies  sous  les  ordres 
de  Condé,  il  partait  de  Vitré,  le  8  septembre  1585  ac- 
con»[jagné  de  150  reitres  et  de  trois  cents  arquebusiers 
à  clieval  ;  avec  lui  ses  trois  frères  de  Rieux,  Tanlay  et 
Sailly  se  mettaient  en  campagne.  Aucun  des  quatre  ne 
revint. 

Le  premier  qui  disparut  fut  le  sieur  de  Tanlay,  l'aî- 
né des  frères  du  second  lit,  que  la  maladie  enleva  à  Saint- 


187.  —  Sceau  de  Guy  XIX,  1577. 

Jean-d'Angely.  Tundes  derniers  jours  de  mars  1586.  Les 
trois  survivants  firent  lionprablemei^it  leur  devoir,  le  7 
avril  1586,  dans  une  affaire  contre  le  régiment  de  Tier- 
celin,  dans  laquelle  le  sieur  de  Sailly  fut  blessé  à  mort 
d'une  arquebusadeàlatéte,  tandis  que  le  sieur  de  Rieux 
recevait  un  coup  de  pique  au  ventre.  Ils  moururent  de 
leurs  blessures,  l'un  le  lendemain,  l'autre  le  surlende- 
main du  combat. 

Quant  à  Guy  XIX,  il  ne  survécut  à  ses  frères  que  de 
huit  jours  seulement,  il  mourut  le  15  avril  1586,  âgé  de 


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—  336  — 

trente  ans  ,  avec  ses  trois  frères,    il  reçut  la  sépulture 
au  château  de  Taillebourg. 

C'est  le  1*"*  septembre  1583  que  Guy  XIX  s'était  ma- 
rié ;  il  avait  épousé  Anne  d'Alègre,  fille  de  Christophe 
d'Alègre,mort  en  1580,  et  d'Antoinette  du  Prat,  qui  ne 
devait  mourir  qu'en  1598.  Anne  lui  apportait  un  capital 
de  cent  mille  livres.  En  cas  de  survie  elle  devait  rece- 
voir un  capital  de  dix   mille  écus,  en  outre  elle  avait  le 


188.  -  Sceau  de  Guy  XIX,  1579. 

droit  d'opter  entre  le  douaire,  tel  que  les  coutumes  le  fi- 
xaient, et  une  rente  de  vingt  mille  livres  assise  sur  le 
comté  de  Montfort. 

Devenue  veuve  le  15  avril  1586,  Anne  attendit  treize 
ans  avant  de  convoler  en  secondes  noces  ;  et,  en  1599, 
l'année  qui  suivit  la  mort  de  sa  mère,  elle  épousa  Guil- 
laume de  Hautemer,  seigneur  de  Fervaque,  maréchal 
de  France,  dont  elle  fut  la  seconde  femme  ;  et,  dès  lors 
elle  fut  connue  sous  le  nom  de  la  maréchale  de  Fervaque. 
Veuve  une  seconde  fois  par  le  décès  de  Fervaque  en  1613, 
alors  qu'elle  avait  soixante-treize  ans,  elle  fut  accusée 
de  chercher  à  convoler  en  troisièmes  noces,  soit  avec  le 
prince  de  Joinville,  soit  avec  le  duc  de  Chevreuse.  S'il 
faut  en  croire  Tallemaot  des  Réaux,  elle  aurait  choisi 
pour  son  héritier  ce  dernier  personnage  qui,  par  ava- 
rice, lors  de  son  décès,  arrivé  en  1619,  entre  le  20 
février  U  le  4  juin,  aurait  expédié  son  corps  par  le  mes- 
sager au  lieu  de  sa  sépulture. 

Pour  Guy  XIX,  les  monuments  ne  font  par  défaut  ;  on 
a,  en  effet,  eu  la  bonne  fortune  de  pouvoir  grouper  autour 


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LA   MAISON     DE     LAVAL 


PbotMtvpt»  Berthaud. 


ISi.  —  Portrait  de  Guy  XIX 

((UtbiiH'l  de  M.  Anatole  France) 


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LA   MAISON     DE     LAVAL 


PlMtoiypM  ftmtuiurf.  Pana 


185.  —  Portrait  dAnne  dAlèijre,  veuve  de  Guy  XIX,  1593 

(Crayon  de  la  Hihliothéqiie  Sationah) 


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de  son  portrait  (n*  184),  de  celui  de  d'Andelot,  son  père  J 
(n*183),  et  de  ceux  d'Anne  d'Alègre,  sa  femme  (n®  185), 
sa  signature,  deux  de  ses  sceaux  et  un  jeton  à  ses  armes. 

Son  portrait  est  fourni  par  un  crayon  original  de  Tal- 
bum  dit  Recueil  Courajod,  où  il  occupe  le  numéro  qua- 
rante -  ;  il  est  intéressant  de  le  comparer  à  un  portrait 
au  crayon  lui  aussi  conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale 
aux  Estampes,  folio  143  du  tome  XUl  de  la  Collection 
d'Uxelles,  et  qui,  à  tort,  selon  nous,  passe  pour  être  celui 
de  Guy  XIX  \ 

Quant   aux  portraits  d'Anne  d'Alègre,  Tun  (numéro 


189.  -  Jeton  de  Guy  XÎX,  1588. 


185)  est  daté  de  1595,  neuvième  année  de  son  veuvage; 
c'est  la  reproduction  assez  sensiblement  réduite  du  très 
beau  dessin  conservé  à  la  Bibliothèque  Nationale  au  dé- 


1.  Le  beau  portrait  de  d'Andelot,  donné  ici  d'après  le  dessin 
original  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  n'est  pas  inédit  :  il 
a  pris  place  à  la  page  31  du  curieux  travail  de  M  Bouchot  :  Les 
Ctouet  et  Corneille  de  Lyon,  dans  lequel  sa  paternité  est  présu- 
mée appartenir  à  François  Glouet. 

2  Le  Recueil  Courajod,  dont  la  table  a  été  donnée  par  M.  Hen- 
ri Bouchot  à  la  page  319  de  ses  Portraits  au  crayon  des  XVI^  et 
-Y F//«  5i^c/e5,  appartient  à  M  Anatole  France,  de  l'Académie 
française,  que  nous  sommes  heureux  de  remercier  de  la  bonne 
grâce  avec  laquelle  il  nous  a  facilité  la  publication  du  portrait  de 
Guy  XIX. 

3.  Guy  XIX  est  mort  âge  de  31  ans;  or  le  portrait  de  la  collection 
d'Uxelles  représente  un  personnage  bien  plus  avancé  dans  la  vie. 
On  peut  supposer  que  l'attribution  déjà  ancienne  de  ce  portrait 
est  le  résultat  d'une  erreur  et  qu'il  faut  y  chercher  les  traits  de 
l'un  des  Montmorency-Laval. 


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partement  des  Estampes.  Le  second  n'est  pas  daté,  mais, 
comme  Anne  d'Alègre  y  est  qualifiée  de  dame  de  Ferva- 
que,  comtesse  de  Grancey,  il  est  postérieur  à  son  second 
mariage,  consommé  en  1599.  Ce  crayon  est  conservé 
parmi  ceux  de  Louvre  sous  le  numéro  1.382. 

On  en  trouvera  plus  loin  la  photogravure. 

La  signature  de  Guy  XIX  et  le  beau  grand  sceau, 
numéros  186  et  187,  ont  été  fournis  par  Tacte  2.830  du 
Cartulaire  et  ont  été  communiqués  par  M.  le  duc  de  la 
Trémoïlle.  Le  petit  sceau  188  est  communiqué  lui  aussi 
par  M.  le  duc  de  la  Trémoïlle,  en  même  temps  que  le  nu- 
méro 2.843  du  Cartulaire.  On  terminera  par  le  beau 
jeton  de  Guy  XIX  ^  numéro  189,  qui  date  de  Tannée  1583 
et  qu'il  est  curieux  derapprocher  des  trois  jetons  de  Guy 
de  Laval-Nesle,  dessinés  plus  loin,  sous  les  numéros 
192-194. 


CARTULAIRE  DE  LAVAL 

Guy  XIX 
XIX  (2772-2889)  1568-1586 

2772.  —  1568,  10  février,  Orléans.  —  Lettre  écrite  par 
Charlotte  de  Laval  à  la  duchesse  de  Ferrare  (B.  N.,  français, 
3218,81). 
A  Madame  la  duchesse  de  Ferrare  (xii^  jour  de  février  1568). 

Madame,  j'ay  receu  la  lettre  qu'il  vous  a  pieu  m'escrire  par 
ce  porteur,  pour  lequel  j'ay  faict  tout  ce  qu'il  m'a  esté 
possible,  comme  il  le  vous  fera  entendre  bien  au  long,  et 
comme  aussi  je  me  suis  emploiée  pour  la  femme  de  l'appo- 
thicaire,  qu'il  vous  a  pieu  me  recommander  ;  mais  je  n'ay 
sceu  obtenir  ce  qu'elle  demandoit,  pour  la  conséquence. 


1.  A  la  Bibliothèque  nationale,  le  folio  181  du  tome  XIV  du 
recueil  du  Saint-Esprit  conserve  une  jçravure  à  l'eau  forte  donnant 
le  revers  et  le  jeton  considérablement  agrandi  et  daté  de  1584. 


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—  339  — 

Ce  mesmes  porteur  vous  pourra  dire  de  mes  nouvelles 
qui  me  gardera  de  vous  ennuyer  de  plus  longue  lettre,  pour 
prier  le  Créateur  en  cest  endroit  vous  conserver,  Madame, 
en  sa  saincte  et  digne  garde,  avec  mes  très  humbles  recom- 
mandations à  vostre  bonne  grâce. 

A  Orléans,  ce  x®  jour  de  febvrier  1568. 

Vostre  très  humble  et  très  obéisante  servante. 

Charlote  de  Laval. 

2773.  —  1568,  février,  Orléans.  —  Lettre  écrite  par 
Charlotte  de  Laval  à  Coligny  (Imprimé,  Delaborde,  Coligny^ 
d'après  Vie  de  Coligny,  Cologne,  1686,  342). 

2774.  —  1568,  3  mars,  Orléans.  —  Note  sur  le  décès  de 
Charlotte  de  Laval,  inscrite  de  la  main  même  de  Coligny  sur 
le  livre  d'heures  de  Louise  de  Montmorency  (Imprimé, 
Bulletin  du  Protestantisme  français,  II,  6). 

Le  III  de  mars  MCCCCCLXVIII,  mourut  madame  l'admi- 
ralle,  leur  mère,  Charlotte  de  Laval,  à  Orléans. 

2775.  —  1568,  6  mars,  Paris.  —  Jugé  au  Parlement  sur 
un  appel  d'une  sentence  de  la  chambre  des  requêtes,  donnée 
le  9  octobre  1559,  au  profit  de  «  Louis  de  Sainte-Maure, 
chevalier  de  nostre  ordre,  marquis  de  Nesle  et  comte  de 
Joigny,  »  au  sujet  des  comptes  à  rendre  pour  le  fief  de 
Folvye,  mis  sous  séquestre  (A.  N.,  X'^  217,  108). 

2776.  —  1568.  21  mai.  —  Lettre  écrite  par  d'Andelot  à 
Catherine  de  Médicis  pour  se  plaindre  de  ce  qu'à  Chevannes, 
près  d'Auxerre,  on  avait  pillé  l'argent  destiné  à  être  remis 
aux  reîtres  (Imprimé,  Lettres  de  Catherine  de  Médicis,  III, 
143,  d'après  B.  N.,  français,  15546,  77). 

2777.  —  1568,  30  mai,  Maillé.  —  Naissance  de  Louis, 
second  fils  de  Jean  de  Laval,  marquis  de  Nesle.  et  de  Renée 
de  Rohan.  Son  baptême  eut  lieu  le  21  juin  (note,  du  Chesne, 
Histoire,  613). 

2778.  —  1568,  27  juin,  Genève.  —  Lettre  écrite  par  Calvin 
à  Coligny  au  sujet  du  décès  de  Charlotte  de  Laval  (Imprimé, 
Delaborde,  Gaspard  de  Coligny ^  II,  511). 

2779.  —  1568,  juillet.  Le  Mans.  —  «  Association  faicte 
entre  les  gens  d'Eglise,  de  la  noblesse  et  du  Tiers  Estât,  au 


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couvent  des  Jacobins  du  Mans,  pour  maintenir  la  relligion 
catholicque  et  le  service  du  Roy  et  de  Messieurs  ses  frères, 
contre  les  Huguenots  qui  prétendent,  par  arts  diaboliques, 
perdre  la  Relligion,  et  s'opposer  à  leurs  mauvais  desseins 
jusqu'à  la  mort  inclusivement  »  (copie,  B.  N.,  français^ 
15547,  194). 

Nous,  soubz  signez,  confédérez  et  alliez  par  saincte  et 
divine  allience,  pour  la  continuation  et  maintenem[ent]  de 
riionneur  souverain  deu  à  Dieu,  nostre  créateur,  de  ses 
sainctz  comandemens  et  ordonnances  de  la  saincte  Église 
catholicque,  apostolicque  et  Rommaine,  et  pour  la  mainten- 
tion  de  1  estât  du  Roy  très  crestien  et  très  catolicque,  nostre 
souverain  prince,  esleu  et  à  nous  baillé  par  la  grâce  et 
providence  divine,  pour  nostre  chef  et  souverain  terrien, 
dominateur  et  conservateur  de  la  dicte  saincte  Église  cato- 
licque, apostolicque  et  Romaine,  et  de  ses  sainctz  decretz  et 
concilies  d'icelle,  et  de  l'obéissance  que  nous  et  tous  ses  bons 
subjectz  luy  Uevons  et  à  noz  seigneurs  ses  frères,  aussi  très 
crestiens  et  très  catolicques  princes,  et  repos  de  son  royaume 
et  de  tout  son  peuple  ;  et  afïïn  de  maintenir  la  dicte  saincte 
Église  et  religion  catoHcque,  Romaine  et  apostolicque,  pour 
obvier,  par  tous  moiens  licites,  raisonnables  et  permis  de 
Dieu,  auxdampnées  entreprises,  machinations  et  conspirations 
que  Satan  a  mis  es  cueurs  d'aucuns  malheureux,  qui  ont 
tendu  et  tendent,  par  tous  arctzdiabolicquos,  de  non  seullement 
diminu<^r,  mais  du  tout  subvertir  ladicte  religion  catolicque, 
apostolicque,  Romaine,  et  lestât  et  auctorité  du  Roy,  nostre 
bon  souverain,  catolicque  et  très  crestien  prince  et  légitime 
deffenseur.  et  de  nos  dictz  sieurs  ses  frères  ;  et  pour  tenir, 
moiennant  l'aide  de  Dieu,  consentement  et  accord  de  leurs 
Magestez,  tout  le  peuple  en  repos,  pour  servir  à  Dieu  et 
rendre  l'obéissance  deue  à  leurs  Magestez,  faire  obéir  la 
justice  tant  de  ses  courtz  de  parlement  que  autres  ses  juges 
et  magistratz,  promectons  et  jurons  vivre  et  mourir  en 
ladicte  Religion  catolicque,  apostolicque  et  Romaine,  et 
obéissance  deue  ausdicte  Magestez  ;  ausquelles  Magestez  et 
leur  justice  nous  promectons  et  jurons  toute  obéissance, 
services  et  ayde,  et,  de  noz  personnes  et  biens,  empescher  et 
courir  sus,  avecques  leurs  auctoritez,  contre  tous  perturba- 
teurs, innovateurs  et  contrevenans  à  ladicte  Religion  et  estatz 


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des  dictez  Magestez  et  à  leurs  sainctz  et  catholicques  eoditz 
et  ordonnances  divines  et  politicques,  et  de  nous  secourir  les 
ungs  les  autres,  aux  effectz  susdictz  par  tous  moiens,  contre 
tous  héréticques  sectaires  tendans  à  fins  contraires,  le  tout 
jusques  à  la.  mort  inclusivement. 

2780.  —  1568,  juillet.  —  Instructions  données  par  d'A.n- 
delot  à  Bois-Dupin  envoyé  par  lui  au  gouverneur  de 
Bretagne  afin  de  se  plaindre  de  la  surveillance  dont  il  est 
l'objet*  (B.  N.,  français,  15547,  192). 

Bois-Dupin*  a  esté  chargé  de  faire  entendre  à  Monsieur  de 
Martigues'  l'occasion  de  la  venue  de  Monsieur  d'Andelot  à 
Laval  et  en  Bretaigne,  qui  est  que  par  plusieurs  fois  ses  gens 
et  serviteurs  l'ont  interpellé  de  venir  à  Laval  et  en  Bretaigne, 
pour  donner  ordre  à  Texécution  testamentaire  de  feue  Madame 
de  Laval*  et  aux  afaires  des  maisons  de  Laval  et  de  Rieulx, 
ausquelles  ilz  ne  pou  voient  remédyer  sans  sa  présence. 

Estant  achemyné  depuis  Tanlay*  jusques  à  Laval,  accom- 
paigné  de  soixante  ou  soixante  dix  chevaulx,  estimant  les 
passaiges  luy  estre  libres,  suyvant  les  édictz  du  Roy,  luy  ont 
esté  desnyez,  ensemble  toutes  choses  à  luy  nécessaires. 

Et  auparavant  s'estre  rendu  à  Laval  et  depuis,  il  s'est  faict 
deux  assemblées  de  plusieurs  gentilz  hommes  de  l'Eglise 
Romaine,  l'une  au  village  de  Ballon  et  l'autre  en  la  ville  du 

1.  Ces  instructions  ont  été  imprimées  par  M.  Delaborde  au 
tome  IIL  p.  491,  de  son  Coligny;  avec  addition  à  la  fin  d'un  etc. 
qui  donne  à  penser  à  tort  que  le  texte  n  est  pas  publié  in-extenso. 

2.  Bois-du-Pin,  château  sis  en  Bazougers  (Mayenne).  Il  est  ici 
question  de  Guillaume  des  Vaux,  .«^eiffneurde  Bois-du-Pin.  Voir 
Ângot,  Dictionnaire  de  la  Mayenne,  i,  300. 

3.  Sébastien  de  Luxembourg,  vicomte  de  Martigues,  avait  été 
nommé  lieutenant-général  en  Bretagne  par  lettres  du  l**"  janvier 
1560  (n.  s.),  imprimées  dans  dom  Morice,  III,  1.238,  puis  gouver- 
neur, à  la  place  du  duc  d'Blampes,  par  lettres  du  20  mars  1563, 
imprimées  dans  dom  Morice,  III,  1.335. 

4.  Guyonne  décédée  le  13  décembre  1567. 

5.  Tanlajr  dans  le  département  de  l'Yonne,  canton  de  Gruzy-le" 
Chàtel.  Voir  plusieurs  dessins  représentant  le  château  actuel» 
dont  une  partie  date  de  d'Andelot,  dans  rin-4<>  du  baron  Ghaillou 
des  Barres  :  Les  Châteaux  d'Ancy-le-Franc,  de  Saint-Fargeau, 
de  Cliastellujc  et  de  Tanlay, 

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Mans,   pour  reprendre  les  armes  et  conspirer  allencontre 
dudit  sieur  d'Andelot  et  ceulx  de  la  Religion  Réformée*. 

De  ce  adverty,  Monsieur  le  mareschal  de  Vieilleville  en  a 
blasmé  aucuns  de  ladite  assemblée,  leur  remonstrant  que 
e'estoict  contre  le  vouloir  et  intention  du  Roy.  Toutesfois, 
monsieur  d'Andelot  a  esté  adverty  que  la  pluspart  des  c^nju- 
rateurs  avoient  dict  que  pour  cela  ilz  ne  délaisseroient  de 
poursuivre  leur  entreprise,  et  qu'ilz  sçavoient  bien  qui  les  en 
garentiroyt. 

Et  ayant  entendu  ledit  sieur  d'Andelot  que  monsieur  de 
Martigues  entroyt  en  son  gouvernement  de  Bretaigne,  a  esté 
très  aize  de  sa  venue,  se  souvenant  de  ce  que  monsieur  de 
Martigues  luy  avoict  dict  à  Lamballe,  qui  est  qu'il  feroict 
garder  et  observer  les  édictz  du  Roy  en  son  gouvernement, 
ou  qu  il  luy  cousteroit  la  vye,  mais  qu'aucune  passion  ou 
afection  particulière  ne  luy  feroict  entreprendre  contre  ceulx 
de  la  Religion  Réformée,  oultre  le  service  du  Roy  ;  et  se 
confiant  mondit  sieur  d'Andelot  que  mondit  sieur  de  Marti- 
gues continuera  à  faire  garder  et  observer  les  édictz  du  Roy, 
ne  différera  de  poursuivre  ses  afaires,  ne  souhaictant  et 
désirant  rien  plus  que  de  vivre  en  repos  et  tranquillité  soubz 
l'obéissance  du  Roy  et  de  ses  édictz. 

Et  encores  qu'il  ayt  esté  adverty  que  mondit  sieur  de 
Martigues  soict  party  de  la  Court  et  que  plusieurs  compai- 
gnyes  le  suyvent,  en  délibération  de  faire  desplaisir  à  moudii 
sieur  d'Andelot,  ce  qu'il  ne  veult  croire,  estant  asseuré  qu'il 
le  congnoist  si  homme  de  bien,  pour  avoir  esté  employez  en 
mesme  charge,  et  que  pour  ce  regard  il  ne  luy  voudroict  faire 
fascherye,  mais,  oultre  cela,  il  est  son  alyé,  parent,  amy  et 
serviteur,  et  qu'il  est  asseuré  que  au  contraire  il  luy  voudroit 
faire  plaisir,  comme  ledit  sieur  d'Andelot  en  voudroict  faire 
de  sa  part  ;  et  que  si  les  armes  se  reprenoyent,  que  ce  seroict 
à  son  très  grand  regrect  et  desplaisir,  dont  il  se  prendra  bien 
garde  de  sa  part,  et  que  quiconque  conseillera  au  Roy  de 


1 .  On  ne  sait  rien  de  la  réunion  tenue  à  Ballon,  sous  l'influence 
sans  doute  de  Nicolas  de  Thouars,  seigneur  en  Saint-Mars-sous- 
Ballon.  Quant  à  l'assemblée  tenue  au  Mans,  on  trouvera  ici  (n<> 
2580)  le  texte  de  ses  résolutions,  auxquelles  malheureusement  on 
ne  peut  joindre  les  noms  des  signataires  que  le  manuscrit  français 
15547  n'a  pas  conservést 


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commander  de  les  reprendre  sera  cause  d'une  grande  ruyne 
pour  le  royaume  de  France,  et  que,  où  ledit  sieur  d'Andelot 
sera  forcé  et  contrainct,  il  deffendra  sa  vye  tant  qu'il  pourra. 

Et  qu'il  prye  monsieur  de  Martigues  de  ne  croire  beaucoup 
de  calomnyes  et  impostures  que  l'on  mect  en  avant  de  luy- 
mesmes  qu'il  a  prins  et  voulu  surprendre  des  villes,  de  faire 
oster  les  armes  à  ceulx  de  Laval  et  faire  autres  entreprises  où 
il  n'a  jamais  pensé. 

Bien  est  vray  que  lorsque  La  Barre*  se  présenta  au-devant 
de  luy,  luy  dist  qu'il  ne  s'approchast  de  luy  et  qu'il  ne  le 
vouloict  veoire  pour  le  mauvais  traiclement  qu'il  avoyt  faict 
à  Madame  de  Laval,  jusques  à  luy  avoir  desnyé  les  vivres  de 
sa  ville  de  Laval,  battu,  oultragé  et  envoyé  tous  ses  oficiers 
et  serviteurs,  et  plusieurs  aultres  maléfices  pd^r  lesquelz 
dès  lors  il  Teust  faict  constituer  prisonnier,  sans  qu'il  eust 
semblé  à  veoire  que  ce  eust  esté  faict  pour  ce  qu'il  avoyt  esté 
faict  pour  ce  qu'il  avoyt  esté  mys  à  Laval  par  l'évesque  du 
Mans  durant  les  derniers  troubles  ;  mais  au  contraire  ledit 
sieur  d'Andelot  a  voulu  monstrer  qu'il  oublioyt  toutes  choses 
faictes  durant  les  troubles,  ainsi  qu'il  a  pieu  au  Roy  l'ordonner 
par  ses  édictz,  ce  qu'il  a  déclaré  à  ses  sugetz  de  Laval. 

2781.  —  1568,  4  septembre,  Laval.  —  Testament  de 
François  de  Coligny,  seigneur  d'Andelot  (Imprimé,  du 
Bouchet,  Histoire  de  Coligny^  1115). 

...  Je  veux  que  ma  fille  Marguerite  n'abandonne  point  (ma 
femme)  jusques  à  ce  qu'elle  soit  mariée  Quant  à  mes  deux 
fils,  Guy-Paul  de  Laval  et  François  de  Coligny,  mon  intention 
est  qu'ils  demeurent  avec  M.  Tadmiral,  et  leur  soit  baillé 
trois  mil  francs  tous  les  ans  pour  leur  entretenement  de  toute 
chose,  sauf  à  augmenter  leur  pension  quand  il  surviendroit 
occasion  de  plus  grands  dépens. 

...  Item,  j'ordonne  outre  ce  qui  pourroit  estre  deu  à  mes 
serviteurs  domestiques  et  leur  donne  une  année  de  leurs 
gages  ;  et  davantage  cent  escus  au  capitaine  Saint-Bonnet 
Taisné,  lequel  j'entends  qu'il  soit  gouverneur  de  mes  enfants, 


1.  Guillaume  Le  Breton  de  Nuillé,  sjipneur  de  Haute-Follie, 
plus  connu  sous  le  nom  de  capitaine  de  La  Barre,  avait  été 
chargé  par  Tévéque  du  Mans  Charles  d'Angennes,  de  commander 
à  Laval. 


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m'ayant  fidèlement  servy,  le  connoissani  propre  pour  cela  et 
de  bonne  condition. 

2782.  —  1568,  7  septembre,  Vilré.  —  Lettres  par  les- 
quelles François  de  Coligny,  sieur  d'Andelot,  fixe  à  huit 
deniers  pour  livre,  la  rémunération  de  Jean  Jourdain,  sieur 
de  la  Vallière,  nommé  par  lui  intendant  général  des  biens  de 
la  maison  de  Laval  (original,  Archis^es  de  la  Trémoîlle). 

François  de  CoUigny,  conte  de  Montfort,  seigneur  d'An- 
delot,  etc.,  chevallier  de  Tordre  du  roy,  conseiller  de  Sa 
Magesté  en  son  privé  conseil,  cappitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes  de  ses  ordonnances  et  collonnel  général  des 
bendes  françoises,  tant  en  son  nom  que  comme  père  et 
tuteur,  garde  naturel  et  légitime  administrateur  des  personnes 
et  biens  de  Guy-Paul,  conte  de  Laval,  auparavant  nommé 
Paul  de  Colligny,  François  et  Margueritte  de  CoUigny,  noz 
enffens  du  mariaige  de  nous  et  de  feue  dame  Claude  de  Rieux, 
nostre  espouse,  héritiers  de  feue  madame  Guyonne,  contesse 
de  Laval,  leur  tante,  à  tous  ceux  qui  ces  présentes  lettres 
verront,  salut. 

Comme  pour  le  principaLmanyement  des  affaires  du  conté 
de  Montfort  à  nous  et  à  nos  dictz  enffens  appartenant,  aussi 
des  contez,  baronnyes  et  chastellenies,  terres  et  seigneuries 
deppendans  des  maisons  de  Laval  et  Rieux  escheues  à  nos 
dits  enffens  de  la  succession  de  la  dite  feue  dame  Guyonne, 
contesse  de  Laval,  nous  avons  ordonné,  commis  et  depputé 
nostre  amé  et  féal  Jehan  Jourdain,  escuyer,  sieur  de  la 
Vallière,  nostre  procureur  général,  pour  avoir  soubz  nous  la 
superintendance  des  affaires  des  dites  maisons  qui  sont  de 
grande  estendue  et  enveloppées  de  plusieurs  et  divers  affaires, 
pour  ausquelles  donner  Tordre  qui  y  est  requis,  luy  sera 
besoing  faire  plusieurs  fraiz  et  despence,  allant,  venant  et 
séjournant  es  dites  maisons  pour  le  manyment  des  affaires 
d'icelles  et  des  terres  qui  en  deppendent,  pour  à  quoy  aulcu- 
nement  satiffaire,  nous  désirans  luy  donner  certain  appoinc- 
tement  sur  le  revenu  d'icelles,  avons  advisé  de  luy  délaisser, 
comme  de  faict  par  ces  présentes  nous  luy  délaissons  et 
ordonnons  par  chacun  an  huict  deniers  tournois  pour  livre 
tournois  de  tous  et  chacuns  les  deniers  provenans  et  qui 
proviendront  par  chacun  an  du  revenu  ordinaire  et  extraor- 
dinaire de  toutes  les  terres  et  seigneuries  des  appartenances 


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—  345  - 

des  dites  maisons  de  Laval,  Montfort  et  Rieux,  en  quelque 
part  qu'elles  soient  scituées,  soyt  en  Normandye,  Bretaigne 
uu  le  Mayne,  à  quelque  somme  que  le  dict  d/oict  se  puisse 
monter,  lequel  droict  nous  voulions  luy  estre  payé  par  les 
demyes  années  par  maistre  Anthoine  Bayle,  receveur  général 
du  revenu  des  dites  maisons  de  Laval,  Montfort  et  Kieux,  à 
commencer  du  premier  de  la  recepte  que  fera  le  dict  Bayle  du 
dit  revenu  en  chacune  des  dites  terres  et  seigneuries,  et  ce 
par  les  simples  quictances  du  dit  Jourdain  seuUement, 
rapportant  lesquelles  et  la  présente,  ou  le  vidimus  d'icelles 
deuement  collationné,  ce  que  payé  aura  esté  au  dit  Jourdain 
chacun  an  du  dict  droict.de  huict  deniers  pour  chacune  livre 
du  revenu  ordinaire  et  extraordinaire  des  dictes  maisons  de 
Laval  et  Rieux,  sera  alloué  en  la  despence  des  comptes  du  dit 
Bayle  et  rabbatu  de  sa  recepte  par  les  gens  des  comptes  de 
Laval  ou  aultres  que  pourrons  commectre  à  l'audition  des  dits 
comptes,  ausquels  par  ces  présentes  mandons  ainsi  le  faire, 
et  ce  sans  difficulté. 

Faict  à  Yictré  soubz  nostre  seing  et  contreseing  de  nostre 
secrétaire  et  scel  denoz  armes  le  septiesmejour  de  septembre 
mil  cinq  cens  soixante  huict. 

Andblot. 

2783.  —  1568,  25  septembre,  Saint-Maur-des-Fossés.  — 
Mandement  par  lequel  Charles  IX  donne  à  Lancelot  de  Brée, 
sieur  du  Fouilloux,  Tordre  de  prendre  possession  du  château 
et  de  la  ville  de  Laval  et  de  les  occuper  avec  des  forces  suffi- 
santes et  prescrit  à  tous  de  lui  obéir  (Imprimé^  Documents 
Godbert,  198). 

2784.  — 1568,  11  octobre,  Laval.  —  Acte  par  lequel  Fran- 
çois Tartroux,  lieutenant  général  de  Laval,  déclare  que  les 
lettres  de  Charles  IX  du  25  septembre  1568  ont  été  publiées 
devant  l'assemblée  générale  des  habitants  de  la  ville  (Imprimé, 
Documents  Godbert^  199). 

2785.  —  1568,  31  décembre. —  Quittance  délivrée  par  Jean 
de  Laval-Loué  *  (Original  signé,  B.  ^.^  français,  28153, 187). 


1.  On  a  dessiné  ici  sous  le  numéro  189  le  sceau  de  Jean  de 
Laval-Loué,  d'après  une  empreinte  de  1567,  attachée  à  Tacte  2768 
du  cartuiaire.  Voir  sous  le  numéro  191  un  autre  sceau  du  même 
personnage,  dessiné  d'après  une  empreinte  de  1576. 


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—  346  — 

2786.  — 1569, 30 janvier,  Niort.  —Lettre  par  laquelle d'An- 
delot  accrédite  le  sieur  de  Vézines  près  du  marquis  de  Bran- 
debourg (Imprimé,  la  Perrière,  le  XVI*  siècle  et  les  Valois^ 
235). 

2787.  —1569,  31  janvier,  Niort.  —  Lettre  écrite  pard'An- 
delot  au  duc  Louis  de  Wurtemberg,  par  laquelle  il  accrédite 
près  de  lui  le  sieur  de  Vézines  *  (Imprimé,  Jules  Delaborde, 
Gaspard  de  Coligny^  III,  535). 

2788.  —  1569,  7  mai.  Saintes.  —  Décès  de  d'Andelot  (note 
d'un  contrat  du  10  février  1572,  notre  numéro  2800,  imprimé 
par  du  Bouchot,  Coligny,  1118). 

2789.  —  1569, 18mai,VSaintes.  —  Lettre  adressée  par  Tami- 


190.  —  Sceau  de  Jean  de  Laval-Loué,  1567. 

rai  Coligny  à  ses  enfants  et  à  ceux  de  d'Andelot,  au  sujet  de 
la  mort  de  ce  dernier  (Imprimé,  Delaborde,  Coligny^  III,  120). 

2790.  —  1569,  29  mai,  Monceau.  —  Lettre  dans  laquelle 
Catherine  de  Médicis  se  réjouit  du  décès  de  d'Andelot  '  (Im- 
primé, Lettres  de  Catherine  de  Médicis^  241,  d'après  copie, 
B.  N.,  français,  10752,  232). 

2791.  —  1569,  5  juin,  Archiac.  —  Testament  de  Tamiral 
Coligny  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français,  I, 
2jb3,  d'après  original  à  la  B.  N.,  fonds  Dupuy). 

....  Je  désire  bien  aussy  que  mes  nep veux  et  eux  (mes  en- 


1.  Le  même  ouvrage  contient  les  lettres  de  Jeanne  d'Albret. 
de  Henry  de  Navarre  et  du  prince  de  Gondé  ayant  le  même 
objet. 

2.  C'est  le  7  mai,  dans  la  nuit,  qu'eut  lieu  le  décès  de  d'Andelot. 
Les  huguenots  s  efforcèrent  de  faire  croire  à  un  empoisonnement. 


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—  347  — 

fants)  soient  nourrys  et  eslevés  enssamble,  suivant  la  charge 
que  feu  monsieur  d'Andelot,  mon  frère,  m'en  a  laissée  rarson 
testament,  et  qu'ils  preignent  exemple  et  les  uns  et  les  aultres 
à  la  bonne  et  fraternelle  amitié  et  intelligence  qu'il  y  a  tous- 
jours  eu  entre  mon  dict  frère  et  moy. 

Et  pour  ce  que  quant  à  mes  enflants,  je  les  ayme  tous  éga- 
lemant,  j'enttents  que  ung  chascùn  d'eux  recueille  en  ma 
succession  ce  que  les  coustumes  du  pays  où  sont  situés  mes 
biens  leurs  donnent.  Je  ne  parle  pas  de  ce  qui  leur  est  desjà 
escheu  parla  mort  de  feu  ma  femme  (Charlotte  de  Laval),  soit 
des  terres  qu'elle  avoit  en  Bretaigne  et  au  Maine  et  des  acqui- 
sitions qu'elle  et  moy  avons  faictes  ensemble,  car  cela  leur 
est  desjà  acquys,  et  ne  leur  en  puys  ny  ne  veulx  faire  tort.... 

Et  pour  ce  qu'il  y  a  ung  procès  intenté  du  vivant  de  feu 
madame  de  Laval,  à  cause  de  la  succession  de  feu  M.  de 
Laval,  mon  beau-frère  et  cousin  (Guy  XVII),  je  prie  aux  tuteurs 
et  curateurs  de  mesdits  enffents  d'assambler  quelques  gens 
de  bien,  et  composer  ce  faict  amiablement,  sans  faire  tort  à 
mesdits  eniïents  et  nepveux,  comme  nous  eussions  faict,  feu 
mon  dit  frère  et  moy,  s'il  eust  vescu. 

....  Item,  je  prie  à  madame  d'Andelot,  ma  belle  sœur,  de 
vouloir  nourrir  avecques  et  près  de  soy  mes  deulx  filles,  tant 
qu'elle  sera  en  vefvage.  Que  si  elle  se  remarie,  je  prie 
madame  de  la  Rochefoucault,  ma  niepce,  de  les  vouloir  pren- 
dre jusques  à  ce  que  ma  fille  aysnée  soit  mariée.  Et  quand 
elle  le  sera,  je  lui  ordonne  de  prendre  sa  jeune  sœur  en  garde 
jusques  à  ce  qu'il  aye  pieu  à  Dieu  la  pourvoir  de  parti  et  en 
avoir  le  soing  que  nature  et  debvoir  luy  obligent. 

2792.  —  1569,  19  décembre,  Paris.  —  Arrêt  du  parlement 
déclarant  Guyenne  de  Laval  coupable  de  lèse-majesté  (B.  N., 
Dupuy,  322,  158). 

Veu  par  la  cour  : 

Les  informations  faites  par  ordonnance  d'icelle  à  la  requesle 
du  procureur  général  du  roy,  allencontre  de  Guyenne  de 
Laval,  autrement  Renée  de-Rieux,  en  son  vivant  comtesse  de 
Laval  ; 

Exploicts  de  saisie  faict  à  la  requeste  du  dict  procureur 
général  de  la  dicte  comté  de  Laval,  des  meubles  demeurez 
après  son  décès  ; 


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—  348  — 

Le  testament  de  la  dicte  défuncte,  du  quatriesme  septembre 
mil  cinq  cens  soixante-sept  ; 

Arrest  du  vingt-imgniesmemay  dernier  ; 

Recollement  des  tesmoins,  examinezles  dittes  informations  ; 

Exploicts  de  ce  qui  a  esté  faict  suivant  le  dict  arrest  ; 

Et  deffault  obtenu  en  la  dicte  courlevingt-troisiesme  juillet 
aussy  dernier,  par  le  dict  procureur  général  allencontre  des 
habilles  à  succéder  aux  biens  de  la  dicte  defTuncte  et  quy 
pourroient  prétendre  droict  en  iceux,  cessant  le  crime  de 
majesté,  adjoumez  en  la  dicte  cour  suivant  le  dict  arrest  et 
défaillants  ; 

Les  demandes  et  conclusions  du  dict  procureur  général  et 
tout  ce  qui  a  esté  mis  et  produit  par  devant  la  dicte  cour  ; 

Et  tout  considéré  ; 

Dict  a  esté  : 

Que  la  dicte  cour  a  desclaré  et  desclare  la  dicte  Guyonne 
de  Laval  avoir  esté  en  son  vivant  crimineuse  de  majesté  au 
premier  chef,  atteinte  et  convaincue  d'avoir  aydé  et  favorisé 
les  principaux  chefs  autheurs  et  conducteurs  de  la  rébellion, 
conspiration  et  conjuration  qui  a  esté  faicte  contre  le  roy  en 
son  estât  ; 

A  ordonné  et  ordonne  la  dicte  cour  que  le  corps  de  la  dicte 
deffuncte,  inhumé  en  Téglise  de  Laval,  sera  dehors  porté  et 
mis  à  la  plus  prochaine  justice  royalle  de  la  ville  de  Laval  ; 

Ordonne  la  cour  que  les  armes  et  armoiryes  de  la  dicte 
de  Laval  seront  arrachées  et  traînées  à  queux  de  chevaux, 
tant  par  cette  ville  et  faulxbourgs  de  Paris  que  par  la  ville 
de  Laval  et  autres  villes,  bourgs  et  bourgades  où  elles  se 
trouveront  avoir  esté  mises  à  son  honneur,  et  après  rompues 
et  brisées  par  Texécuteur  de  la  haulte  justice  en  signe  d'igno- 
minye  perpétuelle,  en  dampnant  et  abolissant  sa  mémoire  à 
perpétuité  ; 

A  desclaré  et  desclare  tous  les  biens  féodaux  qui  luy  ont 
appartenus,  tenus  et  mouvans  immédiatement  de  la  couronne 
de  France,  réunis,  retournez  et  incorporez  au  domaine  d'icelle  ; 
tous  les  autres  fiefs  et  biens,  tant  meubles  que  immeubles, 
acquis  et  confisquez  au  roy,  sur  iceux  biens  confisquez  les 
partyes  intéressées  préalablement  satisfaictes  et  récom- 
pensées ; 

Et  ordonne  la  cour  que  au  lieu  de  la  sépulture  de  la  dite 


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—  349  — 

de  Laval,  soit  mis  un  tableau  de  cuivre  contenant  le  présent 
arrest  et  condamnation  ; 

Enjoint  la  cour  au  séneschal  du  Maine,  juge  de  Laval  et 
tous  autres  juges  royaux  ou  leurs  lieutenans  et  chacun  d'eux 
de  faire  mettre  ce  présent  arrest  à  exécution  par  vertu  de 
Textraict  d'icelluy  ;  et  aux  substituts  du  dict  procureur  géné- 
ral de  y  tenir  la  main  et  envoyer  leurs  procès-verbaux,  qui 
seront  de  ce  faicts,  par  devers  le  greffe  criminel  de  la  dicte 
cour,  dedans  ung  mois  prochainement  venant,  sur  peine  de 
suspension  de  leurs  estats  et  amende  arbitraire. 

Prononcé  en  jugement,  l'audience  tenant  le  dix  neufiesme 
décembre. 

Les  armoiryes  traynées  à  queux  de  chevaux  et  rompues 
parles  carrefours  de  cette  ville  et  fauxbourgs  le  vingtiesme 
jour  du  dict  mois  Tan  mil  cinq  cens  soixante  neuf. 

Ainsi  signé  :  Màgan. 

Et  plus  bas  est  escript  :  Enregistré  au  greffe  de  la  séné- 
chaussée du  Maine  le  vingt  neuviesme  jour  de  décembre 
mil  cinq  cens  soixante  neuf. 

Ainsy  signé  :  Luday. 

Enregistré  au  greffe  de  la  cour  et  jurisdiction  ordinaire  de 
Laval  le  dix  huictiesme  jour  de  mars  mil  cinq  cens  soixante  dix. 

Ainsy  signé  :  Pbodhomme. 

2793.  —  1570,  14  avril.  —Ordonnance  de  Bertrand  d'Ar- 
gentré  décidant  que  l'abbesse  de  Saint-Georges  de  Rennes  a 
droit  à  un  double  rachat  pour  la  seigneurie  de  Saint -Georges 
de  Tinténiac  à  cause  du  décès  de  Charlotte  de  Laval  [Cartu^ 
laire  de  Saint-Georges^  p.  459). 

2794.  — 1570,  27  juin,  la  Chétardière.  —  Naissance  de 
Charles  de  Laval,  second  Sis  de  Jean  de  Laval,  marquis  de 
Nesle,  et  de  Renée  de  Rohan.  Son  baptême  eut  lieu  le  18 juil- 
let (Note,  duChesne,  histoire,  613). 

2795.  —  1570,  12  juillet,  Vernon.  —  Lettres  par  lesquelles 
Charles  IX,  investi  du  comté  de  Laval  par  confiscation,  pré- 
sente au  chapitre  d'Angers  Charles  de  Ronsart,  afin  qu'il  soit 
inresti  de  la  chapelle  de  la  Grande-Rivette  vacante  par  la 
résignation  de  Charles  Eveillart  (Bibliothèque  d'Angers,  ms. 
710.  Communiqué  par  M.  P.  de  Farcy). 


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—  350  — 

Charles,  par  la  grâce  de  Diea  roy  de  France,  à  nos  chers 
et  bien  améz  les  doyen,  chanoines  et  chapitre  de  l'Eglise  d'An- 
giers. 

Comme  à  cause  de  nostre  comté  de  Laval,  à  nous  adjugé 
par  arrest  de  nostre  court  de  Parlement  de  Paris,  la  nomina- 
tion et  présentation  de  la  chapelle  vulgairement  appellée  la 
Grande  Rivelte,  desservie  en  la  dicte  église,  quant  elle  vacque 
par  mort,  résignation  ou  autrement  à  nous,  et  à  vous  la  col- 
lation et  toute  aiiltre  disposition,  respectivement  appartien- 
nent, sçavoir  faisons  que  à  plain  confiance  de  la  personne  de 
nostre  cher  et  bien  amé  M*  Charles  de  Ronsart,  nostre  aul- 
mosnier  ordinaire  et  de  ses  sens,  vertus,  littérature  et  pro- 
bité de  vie,  icelluy  pour  ces  causes  et  aultres  à  ce  nous  mou- 
vans,  nous  avons  nommé  et  présenté,  nommons  et  présen- 
tons par  ces  présentes  pour  être  pourvue  de  la  dicte  chapelle, 
à  présent  vacante  par  la  résignation  qu'en  a  faicte  entre  nos 
mains  à  cause  de  permutation  M*  Jacques  Eveillard,  dernier 
paisible  possesseur  d'icelle,  par  son  procureur  spécialement 
fondé  de  lectres  de  procuration  quant  à  ce.  Et  vous  prions 
qu'à  notre  présente  nomination  et  présentation,  vous  aiez  à 
donner  et  conférer  audit  de  Ronsart  ladite  chapelle  de  la 
Grande  Rivette  et  le  mettre  ou  faire  mettre  en  possession 
réelle,  actuelle  et  corporelle  et  d'icelle  ensemble  des  fruicts, 
proficts,  revenus  et  émolumens  y  appartenans  le  faictes  joir 
plainnement  et  paisiblement  sans  souffrir  qu'il  luy  soit  faict, 
mis  ou  donné  aulcun  trouble  ou  empeschement. 

Donné  à  Vernon,  le  xii*  jour  de  juillet,  l'an  de  grâce 
mil  cinq  cens  soixante  dix  et  de  nostre  règne  le  dixième. 

Par  le  Roy  :  de  neufville. 

2796.  —  1571,  14  février.  —Règlement  établi  par  les  habi- 
tants de  Vitré,  tant  pour  les  hôpitaux  et  maisons-Dieu  de  la 
ville,  que  pour  les  aumônes  et  distributions  de  deniers  aux 
pauvres  *  (Imprimé,  Paris-Jallobert,  21). 

1.  Voici  en  quels  termes  M.  de  la  Borderie  apprécie  cet  acte  : 
0  Règlement  très  détaillé,  très  ingénieux,  très  prévoyant  de  l'as- 
sistance publique  dans  la  ville  de  Vitré,  vénérable  et  curieux 
monument  du  solide  bon  sens  et  de  rinénuisable  charité  de  nos 
bons  aïeux,  œuvre  qui  fait  le  plus  ^ana  honneur  à  la  commu- 
nauté de  ville  qui  le  rédigea.  c*est-à-dire  à  la  bourgeoisie  de 
Vitré  »  {Revue  de  Bretagne  et  de  Vendée^  18802,  473). 


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-  351  — 

2797.  —  1571, 8  mars.  —  Accord  entre  Jean  de  Laval-Loué, 
baron  de  Maillé  *,  et  François  de  la  Noue,  au  sujet  de  la  suc- 
cession de  François  de  Laval-Marcilly  ;  moyennant  une  somme 
de  cinq  mille  livres  la  Noue  renonce  à  toutes  ses  prétentions 
{Archiçes  de  la  SaintongCy  VIII,  421). 

2798.  —  1571,  17  juin.  —  Procuration  donnée  par  Jean  de 
Laval-Loué  à  M.  de  l'Esperonnière,  chargé  par  lui  de  faire 
hommage  au  duc  de  la  TrémoïUe  pour  la  terre  de  Bressuire 
(Note  19427  du  Catalogue  29  de  la  librairie  Saffroy). 

2798  bis.  —  1571,  13  septembre.  —  Lettres  patentes  de 
Charles  IX  relatives  à  l'industrie  des  toiles  à  Laval,  obtenues 
par  Gaspard  de  Coligny,  tuteur  de  Guy  XIX  (note  du  numéro 
2834). 

2799.  —  1571,  27  octobre.  —  Arrêt  par  lequel  le  parlement 
de  Bretagne  homologue  le  règlement  dressé  le  14  février  1571 
pour  les  hôpitaux  de  Vitré  (Imprimé,  Paris-Jallobert,  34). 

2800.  — 1572,  10  février,  Châtillon.  —  Contrat  passé  entre 
Gaspard  de  Coligny  et  la  veuve  de  d^Andelot,  destiné  à  assu- 
rer l'exécution  du  testament  de  ce  dernier  (Imprimé,  du  Bou- 
che!, Coligny, \ii«), 

2801.  —  1572,  10  mai.  —  Procuration  de  Jean  de  Laval, 
afin  de  rendre  hommage  à  Thouars,  pour  labaronnie  de  Bres- 
suire (Note,  la  TrémoïUe,  Fiefs  de  Thouars,  13). 

2802.  —  1572,  26  juin.  —  Quittance  délivrée  par  l'amiral 
Coligny  en  qualité  de  tuteur  de  Guy  XIX,  François  et  Mar- 
guerite, enfants  tous  trois  de  d'Andelot  (Original  signé,  B.  N., 
français,  27298,  70). 

Nous,  Gaspard,  conte  de  Colligny,  seigneur  de  Chastillon, 
chevalier  de  Tordre  du  Roy,  cappitaine  de  cent  hommes  d'ar- 
mes de  ses  ordonnances,  admyral  de  France,  au  nom  et 
coume  tuteur  et  curateur  de  Guy,  conte  de  Laval,  cy  devant 
dit  Paul  de  Colligny,  François  et  Marguerite  de  Colligny, 
frères,  enfans  de  feuz  messire  François  de  Colligny,  nostre 
frère,  luy  vivant  aussi  chevalier  de  l'ordre  du  Roy,  conte  de 
Montfort,  sieur  d'Andelot  et  collonnel  général  de  l'infanterie 


1.  C'est  nar  erreur  que  l'éditeur  de  cet  acte  y  a  imprimé  Mailly, 
au  lieu  de  Maillé. 


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—  352  — 

françoyse,  et  de  dame  Claude  de  Rieux,  son  espouse,  con- 
fessons avoir  eu  et  receu  de  maistre  François  de  Vigny,  rece- 
veur de  la  ville  de  Paris,  la  somme  de  six  vingtz  livres  tour- 
nois pour  une  demye  année  escheue  le  dernier  jour  de 
décembre  mil  V^  LXXI  dernier  passé,  à  cause  de  deux  cens 
quarante  livres  tournois  de  rente  par  chascun  an,  à  nosdiz 
nepveuz  et  niepee  appartenans  et  à  eulx  advenuz  et  escheuz 
par  le  décedz  et  trespas  de  feue  dame  Guyenne,  contesse  dudit 
Laval,  dernièrement  déceddée,  leur  tante,  et  lesquelz  11^ 
XL  livres  tournois  de  rente  ont,  dès  le  douziesme  jour  d'aoust 
mil  V*  soixante  sept,  esté  constituez  par  les  prévost  desmar- 
chans  et  eschevins  de  ceste  ditte  ville  à  damoiselle  Jaquette 
de  Grandmont,  ditte  la  Haye,  damoiselle  de  la  ditte  dame  feue 
dame  Guyonne  de  Laval,  et  de  ses  deniers,  et  dont  icelle  ditte 
deffuncte  dame  a  cession  et  transport  de  laditte  de  la  Haye, 
les  dittes  11*^  XL  livres  tournois  de  rente  à  prendre  sur  les 
aydes  et  équivallent  de  laditte  ville  et  eslection  de  Paris,  aydes 
et  équivallent  de  Sélection  d'Estampes,  aydes  et  équivallent 
de  l'élection  de  Meaulx,  aydes  de  Télection  de  Monlfort- 
l'Amaury  et  sur  trente  trois  mil  livres  de  rente  et  revenu 
annuel,  tant  dessus  les  deniers  de  la  subvention»accordéeàsa 
Magesté  par  le  clergé  de  France,  pour  le  temps  qui  en  reste 
à  expirer,  et,  icelluy  finy,  sur  les  deniers  des  dons  et  octroys 
caritatifz  et  qui  équipolent  à  decymes  des  éveschez  et  diocèzes 
ressortissans  en  la  recepte  généralle  dudit  Paris,  ou  autres 
receptes  généralles  de  ce  royaulme,  que  sur  la  recepte  géné- 
ralle dudit  Paris,  deniers  des  tailles  de  l'élection  dudit  lieu  et 
autres  ressortissans  en  ladicte  recepte  généralle,  comme  sur 
tout  le  domaine  de  laditte  ville. 

De  laquelle  somme 

Faict  soubz  nostre  seing  cy  mis,  le  xxvi*  jour  de  juin,  l'an 
mil  cinq  cens  soixante  douze. 

G.  COLLIGNY. 

2803.  —  1572,  10  juillet.  —  Quittance  délivrée  par  l'amiral 
Coligny  en  qualité  de  tuteur  de  Guy  XIX,  François  et  Mar- 
guerite, tous  trois  enfants  de  d' Andelot,  et  identique  au  numéro 
2802,  sauf  en  ce  qu'elle  porte  sur  le  premier  semestre  de 
Tannée  1572  (Original  signé,  B.  N.,  français,  27298,  71). 

2804.  —  1572,  après  le  24  août.  —  Acte  par  lequel  Char- 


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—  353  — 

les  IX  donne  pour  tuteur  aux  enfants  du  premier  lit  de  d'An- 
delot,  René  deRieux,  seigneur  de  la  Feuillée,  leur  oncle 
maternel  (Copie,  B.  N.,  français,  4588,  129). 

Charles,  à  noz  amés  et  féaux  les  gens  tenans  nos  cours  de 
parlement  de  Paris,  Thoulouze,  Bordeaux,  Rouen,  Dijon, 
Grenoble  et  Bretaigne,  gens  de  noz  comptes....  Salut. 

Comme  soyons  duement  advertis  que  noz  chers  et  bien  amés 
cousins,  les  enfans  du  feu  seigneur  d'Andelot  et  deffunte 
Claude  de  Rieux,  sa  femme,  soient  mineurs  et  en  bas  aage, 
dépourveus  de  bail,  garde  et  tuteurs  et  curateurs,  à  ces  causes, 
pour  la  bonne  amitié  que  nous  leur  portons,  à  la  protection  et 
conservation  de  leurs  personnes  et  biens,  et  que  nous  sommes 
protecteurs  de  tous  mineurs  ;  voulans  obvier  que,  à  faute  de 
régime  et  gouvernement,  les  personnes  et  biens  desdits  mi- 
neurs, qui  n'ont  encorcs  atteint  Taage  requis  et  nécessaire 
pour  la  conduite  d'eux  et  de  leurs  biens,  de  l'advis  de  nostre 
très  chère  et  très  amée  dame  et  mère  et  de  nostre  très  cher 
et  très  amé  frère,  le  duc  d'Anjou,  nostre  lieutenant  général, 
et  autres  princes  et  seigneurs  de  notre  Conseil,  estant  lès 
nostre  personne,  pour  la  cognoissance  et  plaine  certitude  que 
nous  avons  de  la  personne  de  nostre  cousin,  René  de  Rieux, 
chevallier  de  nostre  ordre,  gentilhomme  ordinaire  de  nostre 
chambre,  seigneur  de  la  Feillée,  du  Guignen  et  de  la  Prévos- 
taye  *,  et  do  ses  sens,  suffisance,  loyauté....,  attandu  la  proxi- 
mittédusanget  lignageduquel  ilatteintaux  mineurs,  desquels 

il  est  oncle  maternel avons  iceluy  de  Rieux  faict 

baillistre,  garde,  tuteur  et  curateur,  selon  les  coustumes.... 

Et,  à  ceste  fin,  voulons  que  èsdits  noms...  soit  mis  enpoces- 
sion  et  jouissance  de  tous  lesdits  biens,  terres  et  seigneuries, 
et  desquels  luy  avons  faict  plaine  et  entière  délivrance  pour 
en  jouir.... 

Enjoignant  à  tous  receveurs  fermiers...,  à  luy  en  rendre 
bon  compte  etreliqua;  deffandant...  à  toutes  personnes  eux 
immisser...  au  faict...  de  ladite  administration...  sans  l'exprès 
commandement...  duditde  Rieux,  quia  présentement  faict  le 
serment  en  tel  cas  requis... 


1.  René  de  Rieux,  fu»  4e  Izz^  de  Rieux,  marquis  d'Assérac,  et 
de  Philippe  de  Saint- Aoiadour,  était  né  en  1540  et  mourut  le 
25  août  1575. 


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—  354  — 

Et,  parce  que  lesdits  mineurs  ont  des  biens  en  nostre  pays 
et  duché  de  Normandie,  où  la  garde  noble  des  personnes  et 
biens  nous  appartient....,  donnons...  la  garde  noble  desdits 
mineurs  et  des  biens  qu'ils  ont  en  nostre  dit  pays,  au  sei- 
gneur de  Rieux 

Sy  vous  mandons....  que  de  noz  présens  déclaration,  vou- 
loir.... vous  faictes...  lesdits  de  Rieux,  ses  gens  et  commis 
jouir....  et  le  contenu  en  cesdi  tes  présentes  faire  enregistrer... 

Car  tel  est  nostre  plaisir;  nonobstant  que  Ton  peut  dire  que 
ceste  présente  eslection...,  les  solennités  plus  particulière- 
ment requises  de  droit,  us,  stil  et  coustume  n'ayent  été 
observés... 

A  quoy,  attandu  la  dationet  prononciation  de  ladite  tutelle... 
nous  appartiennent,  comme  estans  protecteurs...  des  per- 
sonnes et  biens  desdits  mineurs,  nous  avons  iceluyde  Rieux, 
esleu...  tuteur,  curateur,  baillistre,  gardien  desdites  person- 
nes et  biens^sans  qu'il  soit  nécessaire  procedder  à  autre  eslec- 
tion.. de  tutelle.,  ny  autre  prestation  de  serment...;  et  ce, 
nonobstant  quelconques  édits,  mandemens....à  cecontraires, 
oppositions  ou  appellations  quelconques,  pour  lesquelles,  et 
sans  préjudice  d'icelles,  ne  voulons  estre  différé,  et  dont, 
ensemble  de  toutes  autres  instances  qui  pour  raison  de  ce... 
pourroient  estre  intentées  à  l'exécution  de  ces  présentes  ou 
autrement,  nous  avons  retenu  et  réservé...  à  nous  et  à  nostre 
privé  conseil  la  cognoissance. 

Et  parce  que  en  plusieurs  et  divers  lieux,  l'on  pourra  avoir 
affaire  de  ces  présentes,  nous  voulons  que  au  vidimus  d'icelles, 
duement  coUationné  par  l'un  de  noz....  secrétaires,  foy  soit 
adjoustée  comme  au  présent  original. 

Mandons  au  premier  huissier  ou  sergent...  faire  tous 
exploits  ..,  sans...  demander  placet,  visa  nepareatur. 

Car  tel  est  nostre  plaisir. 

Donné . 

2805.  —  1672,  après  le  24  août.  —  Acte  par  lequel  Char- 
les IX,  malgré  l'omission  des  officiers  locaux  dans  l'adresse  de 
ses  lettres  relatives  à  la  tutelle  des  enfants  du  premier  lit  de 
d'Andelot,  leur  prescrit  de  procéder  à  la  vérification  et  k  l'en- 
térinement desdites  lettres  (Copie,  B.  ^,^  français^  4588, 130). 

Charles.  Aux  baillifs,  seneschaux,  prevost  et  autres  noz 
justiciers  et  officiers  enla  jurisdition  desquels  les...  biens  et 


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—  355  — 

seigneuries  de  noz  chers...  cousins,  les  enfans  du  feu  seigneur 
d'Andelot  et  deiTunt  (sic)  Claude  de  Rieux,  sa  femme,  sont 
scituées...,  salut. 

Combien  que,  par  inadvertance,  vous  ayés  esté  obmis  en 
Taddresse  de  noz  lettres  pattentes  cy  attachées  soubz  le  con- 
trescel  de  nostre  chancellerie,  par  lesquelles...  nous  avons 
créé...  baillistre...  des  ..  biens,  terres  et  seigneuries  de  nos- 
dits  cousms. . . .  nostre  cher  et  bien  amé  cousin  René  de  Rieux. .. , 
seigneur  de  la  Prévostaye,  du  Gorray  et  de  la  Feuillée, 
néantmoings  voulons  qu'il  jouisse...  du  contenu  en  icelles. 
Vous  mandons...  que  nonobstant  Tobmission...  vous  ayés... 
à  procedder  à  la  vériffication  et  enthérinement  d'icelles. . .  Car, 
etc.  Donné 

2806.  —  1572, 31  octobre,  Bâle.  —  Lettre  écrite  aux  autori- 
tés du  canton  de  Berne  par  Le  Gresle,  précepteur  de  Guy  XIX , 
et  de  ses  cousins,  fils  de  l'amiral  Coligny  *  (Imprimé,  Bulletin 
du  Protestantisme  français^  XVII,  583). 

2807.  —  1572,  31  octobre,  Bâle.  — Lettre  écrite  par  Anne 
de  Salm,  pour  remercier  les  autorités  du  canton  de  Berne  du 
bon  accueil  fait  à  messieurs  de  Chàtillon  et  à  Guy  XIX  (Im- 
primé, Bulletin  du  Protestantisme  français^  XVII,  585). 

2808.  —  1572,  31  octobre,  Bâle.  —  Lettre  par  laquelle 
Guy  XIX  et  ses  deux  cousins,  fils  de  l'amiral  Coligny,  remer- 
cient les  autorités  du  canton  de  Berne  de  l'hospitalité  qu'ils 
y  reçoivent  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français^ 
VIII,  132;  d'après  original  des  archives  de  Berne). 

2809.  -^  1572,  31  décembre.  —  Quittance  de  ses  gages 

1.  Voici  en  auels  termes  Coligny.  dans  son  testament,  parle  de 
ce  Le  Gresle,  lequel  fut  également  le  précepteur  de  Guy  XIX  et 
de  François  de  Rieux  :  «  Lt  d'auUint  que  j'ay  grand  contentement 
du  seing  et  bon  debvoir  que  Le  Gresle,  leur  précepteur  (de  ses 
enfants)  a  toujours  faict  auprès  d'eux,  je  lui  prie  qu'il  veuille 
continuer  jusques  à  ce  qu'ils  soient  plus  grands  et  qu'ils  ayent 
atteint  i'a&ge  (le  quinze  ans,  car  lors  il  leur  faudra  bailler  quelques 
gentilshommes  pour  les  accompagner,  ce  que  je  remets  a  la  dis- 
crétion de  ceulx  qui  seront  leurs  tuteurs  et  que  je  déclareré  cy 
après  »...  «  Item,  pour  le  grand  contantement  que  j'ay  du  service 
que  ma  faict  Le  Gresle,  précepteur  de  mes  entants,  et  du  seing 

Îfu'il  a  eu  d'eux,  je  luy  donne  la  somme  de  mil  francs  pour  une 
oys  ». 


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—  356  — 

comme  fille  d'honneur  de  la  reine  établie  au  nom  d'Urbaine 
de  Laval-Bois-Dauphin  (B.  N.,  français,  28153,  212) 

En  la  présence  de  moy notaire  et  secrétaire  du  Roy, 

IJrbane  de  Laval,  dicte  Boys-Dauphin,  Tune  des  filles  damoy- 
selles  de  la  Royne,  a  confessé  avoir  eu  et  receu  comptant  à 
quatre  diverses  foys  et  par  les  quatre  quartiers  de  ceste  pré- 
sente année  de  Maistre  Simon  Basdoulx,  conseiller  de  ladicte 
dame  et  trésorier  de  sa  maison,  la  somme  de  deux  cens  livres 

tournois,  en ,  a  elle  ordonnée  pour  ses  gaiges,  à  cause  du 

dict  estât,  durant  ceste  dicte  présente  année,  commancée  le 
premier  jour  de  janvier  an  MDLXXII  dernier  passé,  et  qui 
finira  le  dernier  jour  de  ce  présent  moys  de  décembre  ensui- 
vant ou  dit  an  prochain  venant,  de  laquelle  somme  de  deux 
cents  livres  tournois  la  dicte  de  Laval  s'est  tenue  pour  con- 
tente, et  en  a  quicté  et  quicte  le  dict  Basdoulx  et  tous  autres. 

Tesmoing  mon  seing  manuel  cy  mis  à  sa  requeste,  le  der- 
nier jour  de  décembre,  l'an  MDLXXII. 

DeLAUN4Y. 

2810.  —  1573,  20  janvier.  —  Partage  des  biens  de  Fran- 
çois de  la  TrémoïUe  et  d'Anne  de  Laval  entre  leurs  enfants  et 
ceux  de  feu  Charles  de  la  TrémoïUe  (Copie  partielle,  Dont 
Fonteneau,  XXVI,  B.  N.,  latin  18401,  697). 

2811.  —  1573,  15  février.  —  Quittance  de  huit  mille  huit 
cent  cinquante-quatre  livres  trois  sols  quatre  deniers  donnée 
par  le  sieur  et  la  dame  de  Guémené  à  Anne  de  Laval,  baronne 
d'Acquigny  (B.  N.,  français,  22310,  255). 

2812.  —  1573,  24  août,  SchalTouse.  —  Lettre  de  Guy  XIX 
à  Jean  de  Bellièvre-Hautefort  (B.  N.,  français,  15558,  93). 

A  Monsieur  Monsieur  de  Hotefort,  ambassadeur  pour  sa 
Majesté  à  Messieurs  des  ligues  à  Soleure. 

Monsieur,  depuis  peu  de  jours  j'avois  envoyé  ung  gentil- 
homme à  Solleurre  vers  vous  et  Monsieur  d'Assérac;  mais,  ne 
vous  trouvant  pouint,  il  lui  fut  de  besoin  de  s'en  revenir,  sans 
vous  fère  entendre  ce  que  je  lui  avois  donné  charge  de  vous 
dire,  qui  a  esté  cause  que  par  la  présente,  sous  la  confiance 
que  j'ay  de  vostre  bonne  volonté  et  amitié  en  mon  endroict, 
et  d'autant  que  je  sçay  très  bien  que  monsieur  d'Assérac,  mon 
oncle,  entre  tous  ses  moyens  de  me  amener  en  France  avant 


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—  357  — 

les  troubles  pacicfiés,  veuli  user  de  vostre  authorité,  je  vous 
supplie,  monsieur,  me  faire  celle  faveur,  qu'elle  ne  soit  em- 
ployée pour  me  fère  aller  au  lieu  auquel  je  m'assure  que 
seriez  marie  que  j'eusse  receu  le  desplaisir,  lequel  je  double 
de  la  part  de  ceux  lesquels  seront  assez  impudent,  voire 
contre  la  volonté  du  roy,  d'attenter  au  milieu  de  ses  troubles 
à  ma  vie. 

Ce  qui  m'en  iaict  tant  plus  instamment  vous  en  requérir  est, 
avec  l'alente  que  j'ay  en  vostre  amitié,  Taffeclion  aussi  que 
j'ay  de  révérer  le  lien  que  vous  tenés  par  deçà  et  honorer  à  ja- 
mais tout  ce  qui  vous  appartient,  comme  au  premier  le 
devoier  me  commande,  et  suis  par  vostre  vertu  persuadé  à 
l'aultre.  qui  me  fera  de  rechef  vous  suplier  ne  perdre  par 
vostre  dicte  authorité  et  moyen  et  à  Fappétit  d'aultrui  l'ung 
de  vos  plus  aflfectionés  amis,  qui  seray  toute  ma  vie  diposé  à 
une  bien  prompte  et  entière  recognoissance  du  plaizir  que 
j'espère  recevoir  de  vous  en  cest  endroict,  et  duquel  je  vous 
supliray  de  rechef  bien  humblement  ne  me  vouloir  conduire. 
Et  d'autant.  Monsieur,  que  je  panse  bien  que  Monsieur 
d'Assérac,  mon  oncle,  vous  aura  dict  ce  que  je  luy  mandois  par 
ledit  gentilhomme  envoyé  à  Soleurre,  je  ne  vous  en  diray 
davantage,  sinon  qu'à  soû  arivée  première  en  ce  païs,  pour 
l'effet  que  dessus,  j'estois  prest  à  m'en  aller,  ainsi  qu'il  peust 
bien  cognoistre  mais  avec  quel  argent  par  moy  deu  qui  m'a- 
réte  en  parlie  il  me  donna  par  ses  devis  tant  d'occasions  de 
me  crindre,  que  les  aiant  faicl  entendre  à  mes  amis  de  par 
deçà,  il  ne  s'en  trouve  aucun  qui  ne  soit  d'avis  que  je  doibtz 
ateudre  l'éclaircissement  de  cesle  nue,  qui  couvre  encores  une 
partie  de  la  France,  vous  priant  croyre  que  si  je  n'eusse  eu 
ceste  volonté,  je  n'eusse  esté  si  mal  advizé  de  l'écrire  à  Sa 
Majesté  comme  j'espère  de  luy  fère  entendre  par  homme 
esprès,  si  l'occasion  m'en  est  donnée. 

Et  pour  ce  que  ceci  ne  vous  peust  estre  qu'en  empesche- 
ment  des  choses  plus  grandes,  je  ne  vous  en  ennuiray  par  plus 
long  discours,  sinon  pour  vous  suplier  de  me  vouloir  aymer 
comme  celuy  qui,  vous  en  demeurant  à  jamais  obligé,  vous 
respecteira  et  honorera  toute  sa  vie  et  d'aussi  bonne  volonté 
que  je  salue  vos  bonnes  grâces  de  mes  bien  humbles  et  affec- 
tionnées recommandations. 

23 


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—  358  — 

Priant  Dieu,  monsieur*  vous  donner  en  santé  heureuse  et 
longue  vie. 
De  Schaffouze,  ce  XXIV«  août,  1573. 
Vostre  bien  obéissant  et  affectionné  amy. 

Guy  de  Laval. 

2813.  —  1573,  6  septembre,  Bâle.  —  Lettre  par  laquelle 
Guy  XIX  et  ses  deux  cousins,  fils  de  l'amiral  Coligny,  témoi- 
gnent aux  autorités  de  Berne  leur  désir  d'aller  séjourner  en 
leur  ville  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme  français^ 
XVll,  585). 

2814.  —  1573,  23  septembre,  Paris.  —  Acte  par  lequel 
Charles  IX,  enfaveur  de  Jean  de  Laval-Loué,  comte  de  Maillé, 
chevalier  de  Tordre  et  gentilhomme  ordinaire  de  lachambre, 
dispose  de  la  compagnie  de  cinquante  hommes  d'armes,  va- 
cante par  le  décès  du  duc  d'Uzès  (Copie,  EN.,  français^ 
28153,  214). 

2815.  —  1573,  5  octobre,  Bâle.  —  Lettre  par  laquelle 
Guy  XIX  et  ses  deux  cousins,  fils  de  Coligny,  demandent  aux 
autorités  de  Berne  de  seconder  le  projet  qu'ils  ont  de  s  In- 
staller dans  leur  ville  (Imprimé,  Bulletin  du  Protestantisme 
français,  XVII,  586). 

2816.  —  1574, 1" janvier.  -  Accord  entre  Hugues  de  Laval, 
second  fils  de  René  II  de  Laval-la-Faigne,  et  Jacques  de 
Laval,  son  frère,  elles  enfanlsde  Françoise  de  Laval,  sa  sœur 
(Note,  du  Chesne,  Histoire  y  633). 

2817.  —  1574,  24  février.  —  Surprise  de  Vitré  par  les  hu- 
guenots de  Montmartin  (Note  de  Jean  de  Gennes,  imprimée 
par  Paris- Jallobert,  35). 

2818.  —  1574,  24  février,  la  Haye  de  Torcé.  —  Lettre  écrite 
par  François  du  Bouchet  à  Gilles  du  Plessis,  prévôt  de  Bre- 
tagne, afin  de  concerter  la  reprise  de  Vitré,  tombé  aux  mains 
des  huguenots  (Imprimé  d'après  les  archives  des  du  Plessis 
d'Argentré  par  la  Borderie,  Le  Calvinisme  à  Vitré,  Rennes, 
1851,  p.  7). 

A  monsieur  mon  cousin,  monsieur  du  PlesseLr,  provost  de 
Bretaigney  au  Plesseix, 

Monsieur  mon  cousin,  je  n'ay  failly  à  faire  advertir  tous  les 
habitans  des  paroisses  que  j'ay  en  ma  charge  et  leur  ay  baillé 


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-  359  — 

le  rendez  vous  à  demain,  ung  heure  devant  le  jour  en  la  lande 
du  Fiefve.  Il  seroit  bon  de  vostre  part  de  faire  advertir  ceulx 
d'Argentré,  le  Pertre,  Saint-Sire  [le  Gravelais]  et  Beaulieu 
et  les  faire  trouver  au  grand  pré  du  Mée,  où  Ton  tire  la  pape- 
gault  de  l'arc  près  de  Vitré,  où  les  yray  trouver,  pour  nous 
joindre  ensemble  pour  faire  le  debvoir  de  gens  de  bien.  Et 
qu'ils  portent  leurs  tabourins  sans  les  baptre  aucunement,  et 
de  commander  aulx  troupes  qu'ilz  facent  la  plus  grande  dili- 
gence en  ceste  endroit... 

De  vostre  maison  de  la  Haye,  ce  mercredy  au  soir  24  fé- 
vrier 1574, 

Vostre  humble  cousin  et  asseuré  amy  pour  jamis. 

Francsots  du  Bouschet. 

J*ay  adverty  monsieur  de  Mesjeuseaume  et  le  seneschal  de 
Rennes  de  la  prinse  de  Vitré.  J'en  attens  à  demain  au  matin 
des  nouvelles. 

2819.  —  1574,  25  février.  —  Ordre  du  pailement  de  Bre- 
tagne au  sujet  de  la  surprise  du  château  de  Vitré  (Note,  B.N., 
français,  22312,  172). 

Sur  la  surprise  du  château  de  Vitré  le  Parlement  donna 
commission,  en  Tabsence  du  gouverneur,  à  M.  de  Méjus- 
seaume  d'assembler  les  forces  du  duché,  tant  de  la  noblesse 
que  des  communes,  pour  enipescher  le  progrès  des  séditieux, 
les  enfermer  dans  la  ville  et  les  saisir  au  corps  ;  et  ordre  au 
sénéchal  de  Rennes  de  le  suivre.  25  février  1574. 

2820.  — 1574,  13  mars,  Boisde  Vincennes.  —  Lettre  écrite 
par  Charles  IX,  à  M.  du  Plessis,  prévôt  de  Bretagne,  afin 
de  le  féliciter  de  la  reprise  de  Vitré  (Imprimé  d'après  les  ar- 
chives des  du  Plessis  d'Argentré  parla  Borderie.  Calvinisme 
à  Vitré,  p.  8). 

Monsieur  du  Plessis,  le  sieur  de  Bouille*  m'a  faict  entendre 
le  bon  debvoir  auquel  vous  estes  mis  de  l'assister  et  luy  ayder 
lors  de  la  nouvelle  qu'il  eut  de  la  surprise  de  Victré,  ce  qui 
démonstre  de  plus  en  plus  l'affection  que  je  me  suis  tousjours 
asseuré  que  vous  portez  au  bien  de  mon  service  ;  dont  je  vous 
sçay  fort  bon  gré,  vous  priant  continuer  à  vous  employer  en 
semblables  occasions,  pour  conserver  mon  pals  de  Bretaigne 

1.  Lieutenant-général  en  Bretagne. 


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—  360  — 

en  mon  obéyssance,  et  y  maintenir  le  repos  entre  tous  mes 
subgectz.  Ce  que  me  promectant  de  vostre  fidellité  et  du  bon 
zelie  que  vous  avez  à  Fendroict  de  vostre  patrie,  je  ne  vous 
feray  cette  lectre  plus  longi.e  que  pour  prier  Dieu,  monsieur 
du  Plessis,  vous  avoir  en  sa  saincte  et  digne  garde. 
Escript  au  Bois  de  Yinsènes,  le  XIII  jour  de  mars  1574. 
Charles,  Pinart. 

2821.  —  1574,  21  mars,  Vincennes.  —  Mandement  par  le- 
quel Cliarles  IX  prescrit  au  sieur  du  Fouilloux,  chevalier  de 
Saint-Michel,  de  lever  cent  hommes  d'armes,  afin  d'être  en 
force  dans  la  ville  de  Laval  et  limite  à  deux  mois  le  temps 
pendant  lequel  lui  et  ses  troupes  seront  payés  par  la  ville 
(Imprimé,  Documents  Godberi^  199). 

2822.  —  1574,  17  avril,  Tours.  —  Acte  par  lequel  le  sieur 
Jean  Le  Blanc,  général  des  finances,  rend  exécutoires  les  let- 
tres de  Charles  IX  du  21  mars  1574  (Imprimé,  Documents 
Godbert,  201). 

2823.  —  1574,  10  juin.  —  Quittance  délivrée  par  Jean  de 
Laval,  comte  de  Maillé,  seigneur  de  Loué  (Original  signé  et 
scellé,  B.  ^,,  français,  28153,  215). 

2824.  —  1574,  15  août,  Mussy-l'Evôque.  —  Lettre  de  Ca- 
therine de  Médicis  à  Monsieur  de  Bellièvre  ;  elle  y  donne  ses 
instructions  sur  la  conduite  à  tenir  à  Tégard  de  Guy  XIX, 
alors  hors  de  France  (Imprimé,  Lettres  de  Catherine  de  Mé- 
dicis, L  Y  ,p.  300). 

...  Quant  au  dict  sieur  de  Laval,  j'avois  cy  devant  escript 
au  sieur  de  Hautefort,  vostre  frère,  qu'il  eust  à  luy  dire  qu'il 
s'en  revînt  en  ce  royaulme  ou,  à  faute  de  ce  faire,  que  Ton 
procéderoit  à  la  saisie  de  ses  biens.  Touttefoys  il  luy  a  semblé 
que  cela  ne  se  devoit  haster.  Je  désireroys  bien  qu'il  feust  de 
deçà,  afin  qu'estant  par  delà  il  ne  soyt  en  danger  d'estre  sé- 
duict  ou  pour  entrer  en  quelques  response  du  payement  des 
reistres  ou  de  faire  mauvaise  chose  au  préjudice  des  affaires 
du  Roy,  mondit  sieur  et  tils,  et  de  son  service.  Néantmoins  là 
où  vous  verrez  n'estre  à  propos  de  l'en  pousser,  vous  le  pourrez 
tousjours  admonester  de  se  gouverner  saigement  par  delà, 
ainsi  que  je  suis  advertye  qu'il  a  faict  jusques  icy,  sans  pour- 
suivre aucune  chose  préjudiciable  au  service  du  Roy,  mondit 
sieur  et  filz,  qui,  en  ce  faisant,  le  traictera  favorablement 


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—  361  — 

2825.  —  1574,  6  septembre.  —  Acte  par  lequel  René  de 
Rieux,  bail  de  Guy  XIX,  règle  en  son  nom  le  différend  qui 
existait  entre  le  comte  de  Laval  et  le  prieuré  Saint-Martin  de 
Laval  (Note  de  Bourjolly,  II,  11). 

2826.  —  1574,  20  octobre.  —  Quittance  délivrée  par  Jean 
de  Laval-Loué  [Original  signé  et  scellé,  B.  N  ,  français^ 
28153,  186). 

2827.  —  1575,  20  novembre.  --  Mariage  de  Renée,  fille  de 
Pierre  I«'  de  Laval-Lezay  et  de  Jacqueline  Clérambault,  avec 
René  de  Bouille,  comte  de  Créance  (Note,  de  Chesne,  His- 
toire,  622). 

2828.  —  1576,  28  février.  -  Quittance  délivrée  pjr  Jean 


191.  —  Sceau  de  Jean  de  Laval  Loué,  1576. 

de  Laval-Loué,  capitaine  de  trente  lances  des  ordonnances 
du  roi  (Original,  signé  et  scellé*,  B.  N.,  français,  28153,  216). 

2829.  —  1576,  6  juillet.  —  Moyens  d'opposition  de  Guy  XIX 
contre  des  lettres  royales  du  mois  d'octoDre  1575,  au  profit 
du  sieur  d'Espinay  (A.  N.,  AA.  60). 

2830  —  1577,  24  janvier.  Vitré  —Mandement  de  Guy  XIX 
relatif  au  guet  à  faire  dans  le  château  de  Vitré  par  les  hom- 
mes des  paroisses  (Original,  aux  Archwes  de  la  Trémoïlle, 
acheté  à  la  vente  Pichon). 

Guy,  comte  de  Laval,  de  Montfort,  Quintin  et  Harcourt, 
baron  de  Vitré,  la  Roche-Bernard  et  Ancenis,  viconte  de 
Rennes,  de  Donges  et  Lislebonne,  sires  de  Rieux,  Rochefort, 


1.  Sous  le  numéro  191.  on  donne  ici  le  dessin  du  sceau  plaqué 
à  celle  quittance,  et  sous  le  numéro  190  le  dessin  d'un  sceau  du 
même  personnage  donné  d'après  une  empreinte  de  1567. 


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—  362  ~ 

la  Roche  en  Nord,  etc.,  à  noz  amei  et  féaulx  nostre  séoeschal, 
alloué,  procureur  et  autres  noz  officiers  de  ceste  ville,  chas- 
tellainye  et  jurisdition  de  Vitré,  salut. 

Comme,  pour  le  désir  que  nous  devons  avoir  à  la  conser- 
vation de  nous  et  de  noz  subgectz  en  icelle  jurisdition,  et  nous 
maintenir  autant  qu'il  nous  sera  possible  en  repoz  et  seurté, 
suyvant  le  vouloir  et  intencion  du  roy,  nous  avons  avisé  de 
cercher  et  procurer  les  moyens  qui  nous  pourront  estre  en 
cela  plus  doulx,  propres  et  convenables,  en  quoy  nous  vou- 
lons tousjours  embrasser  la  bonne  affection  que  nous  ont  nos- 
dits  subgectz,  à  ces  causes  nous  vous  mandons  et  en  jongnons 
que  vous  ayez  incontinent  de  par  nous  à  advertir  tous  les 
trésoriers  des  parroisses  de  cestedite  chastellenye  et  jurisdi- 
tion qu'ilz  apportent  pardevers  nous  les  rooUes  au  vray  de 
ceulx  qui  sont  tenuz  au  devoir  de  guetz,  pour  aprez  iceulx 
appeller  et  faire  venir  en  tel  nombre  qu'il  sera  avisé  pour  faire 
le  guet  et  garde  en  cestedite  ville  et  chasteau  autant  qu'il  sera 
nécessaire,  déclarans  par  cesdites  présentes  que,  faisant 
chacun  d'eulx  ce  qui  est  dudit  devoir  et  service  ainsy  qu'ilz  y 
seront  appeliez  et  nommez  à  tour  de  rooUe,  nous  voulons 
qu'ilz  soient  deschargez  et  quictes  de  ce  qu'ilz  doivent  et  sont 
tenuz  en  argent  à  cause  desdits  guetz  et  qu'ilz  n'en  soient 
recerchez  aucunement  tant  qu'ilz  feront  ledit  service. 

De  ce  faire  vous  avons  donné  pouvoir  et  commission  par 
cesdites  présentes,  mandant  à  tous  nosdits  parroissiens  qui 
sont  tenuz  ausdits  guetz  d'y  obéyr  pour  nostredite  garde  et 
conservation,  ainsy  que  dict  est,  sur  les  peynes,  en  cas  de 
deffault,  que  verrez  appartenir. 

Faict  en  nostre  chasteau  dudict  Vitré,  le  vingt  et  quatriesme 
jour  de  janvier,  l'an  MV^LXXVII. 

Guy  de  Laval. 

Par  commandement  de  mondict  seigneur  ^ 

Batlb. 

2831.  -—  1577,  16  février,  Angers.  — Mariage  d'Urbain  de 
Laval-Bois-Dauphin,  avec  Madeleine  de  Montécler  (Note, 
B.  K,  français,  28154, 350). 


1.  Voir  sous  les  numéros  186  et  187  le  fac-similé  de  la  signature 
apposée  à  cet  acte  par  Guy  XIX  et  le  dessin  du  sceau  qu  il  pos- 
sède. 


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—  363  >— 

Contrat  de  mariage  de  haut  et  puissant  Urbain  de  Laval, 
gentilhomme  de  la  Chambre  du  Roy,  seigneur  de  Bois-Dau- 
phin, vicomte  de  Bresteau,  de  Saint-Aubin,  d'Ainay,  de  Baïf, 
d'Ailligné  et  de  Parillé,  demeurant  au  lieu  de  Bois-Dauphin, 
parroisse  de  Saint-Pierre  de  Précigné  en  Anjou,  assisté  de 
haut  et  puissant  messire  Henry  de  Lenoncourt,  naguères  son 
curateur,  chevalier  de  Tordre  du  Roy,  capitaine  de  cinquante 
hommes  d'armes  de  ses  ordonnances,  chambellan  de  Mon- 
sieur, frère  du  Roy,  et  seigneur  de  Lenoncourt,  de  Coupevrai 
et  de  Saint-Amand,  et  dame  Françoise  de  Laval,  sa  femme, 
sœur  du  futur  époux;  acordé  le  16  février  1577  avec  damoi- 
selle  Madelène  de  Montécler,  fille  aînée  de  noble  et  puissant 
messire  René  de  Montécler,  chevalier,  seigneur  de  Bourgon, 
de  Montaudain,  de  Torbeschet,  de  Barge,  de  Boisemparé,  des 
Granges  et  de  Saint— Remy,  et  de  dame  Claude  des  Hayes,  sa 
veuve,  dame  de  Fontenailles,  la  Ville  et  le  Breil,  demeurante 
au  chasteau  de  la  Guierche,  paroisse  de  Saint-Aubin  de  Lui- 
gné,  assistée  de  noble  et  puissant  messire  Louis  de  Montécler, 
son  curateur,  seigneur  de  Courcelles,  chevalier  de  l'ordre  du 
Roy  ;  et  de  dame  Renée  de  Montécler,  sa  femme  ;  et  de  dame 
Renée  de  Jonchères,  dame  de  Coulonges,  —  lesdicts  Louis, 
René  et  Renée,  oncles  et  tante  de  la  future  épouse,  —  et  par 
l'avis  de  darooiselle  Urbanne  de  Laval,  fille  d'honneur  de  la 
Reine  régnanle  et  sœur  dudict  sieur  de  Bois-Dauphin,  de 
messire  Frcinçois  Le  Cirier,  chevalier  de  l'ordre  du  Roy, 
seigneur  de  Semur,  noble  et  puissant  messire  Claude  de  la 
Jaille,  chevalier  de  Tordre  du  Roy,  seigneur  d'Avrillé  et  de  la 
Thuandière,  parens  dudict  seigneur  de  Bois-Dauphin  ;  de 
messire  Jean  de  Chahanay,  chevalier  de  Tordre  du  Roy,  sei- 
gneur de  Cheronne,  noble  et  puissant  messire  Jean  de  Ville- 
neuve, seigneur  dudict  lieu,  aussi  chevalier  de  Tordre  ;  mes- 
sire Louis  de  Chivré,  seigneur  de  la  Chevalerie,  parens  de  la 
future  épouse. 

Ce  contrat  reçu  par  Maturin  Grudé,  notaire  à  Angers,  fut 
passé  dans  la  maison  abbatialle  de  Saint-Aubin  d'Angers, 
présens  nobles  hommes  :  René  de  Ciriers,  seigneur  du  Butz, 
Julien  de  Fontenailles,  seigneur  de  Moulins,  paroisse  de  Beau- 
mont-Pied-de-Bœuf.  et  nobles  hommes  maistres  François 
Grimault,  sieur  de  la  Croizerie,  François  Le  Fèvre,  sieur  de 
Laubrière,    avocats*  demeurans  à  Angers  ;  nobles  hommes 


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—  364  — 

Charles  Olivier,  sieur  des  Brosses,  conseiller  et  roaistre  des 
pequestes  du  duc  d'Aniou,  demeurant  à  Bellande  en  Dunois  î 
maistre  René  Gastin,  sieur  de  la  Prevostière,  avocat  demeu- 
rant au  Mans  ;  maistre  Julien  Le  Fevre,  sieur  de  la  Poterie, 
avocat  au  siège  présidial  du  Mans. 

2832.  —  1577,  février.  —  Contrat  de  mariage  d'Urbain  de 
Laval-Bois- Dauphin  avec  Madeleine  de  Montécler,  fille  de  feu 
René  de  Montécler  et  de  Claude  des  Hayes,  celle-ci  veuve  en 
secondes  noces  depuis  1574^  de  Baudoin  de  Goulaines*  (Ori- 
ginal au  château  de  Bourgon). 

2833.  —  1577,  5  mars,  Vitré.  —  Etat  de  la  maison  de 
Guy  XIX  (Copie,  B.  N.,  français,  22310,  315). 

RoUe  des  gentilshommes,  cappitaines  et  officiers  et  servi- 
teurs estant  de  présent  à  la  suite  de  monseigneur  le  comte  de 
Laval. 

Gentilshommes  :  M.  de  Beaufeu,  M.  des  Gros,  M.  de  Vau- 
gais,  M.  de  Jangé,  M.  de  Mongla.  M.  de  Mignonville,  M.  de 
Picassière,  M.  d'Argenlieu,  M.  de  Pierreficte,  M.  de  Busanval, 
M.  Dolfé,  M.  du  Mottel,  M.  de  la  Covaide  (?) 

Cappitaines  :  Vaudrinère,  La  Gaye,  La  Salle,  Arramon  > 
La  Brosse,  Bricotte,  Doultré,  Morinière,  Jean  Nicolle,  La 
Bille,  Souette,  Hauteville,  Lainel. 

Maistres  d'hostel  et  officiers  :  M.  de  Sigon,  M.  des 
Housches,  M.  Poupart,  Bayle,  secrétaire,  le  conteroUeur 
Gilibert  général,  le  conteroUeur  de  la  maison,  Targentier, 
Perclos,  Couette,  Du  Mée,  Planeval,  le  forrier,  le  tapissier. 

Valets  de  chambre  :  Le  Noir,  Droin,  Lapierre,  le  chirur- 
gien, le  tailleur,  le  valet  garde-robbe. 

SoMMELLERYE  :  François,  Nicollas,  Michon,  Michel,  Jean 
du  Four,  Henry,  Jean  le  Boyteux. 

Cuisine  :  M.  Jean  Lescuj'er,  M.  Martin,  Carré,  André, 
Thomas,  François,  troys  marmitons,  un  lave  vaysselle. 

EscuYRiE  :  M.  de  Champfestu,  escuyer. 

Paagbs  :  Montfou,  Quercyn,  Diesbac,  Barvileste,  Brosset, 
Tronssay,  Le  Parc,  le  petit  Diesbac. 

Lacques  :  L'Espaignol,  Bonheul,  Le  Camuz,  Fizicque 

Pallefreniers  :  Glandes,  Pierre,  le  maréchal,  le  muUetier, 

1.  Voir  Province  du  Maine,  IV,  225. 


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—  365  — 

deux  charretiers,  sept  garçons  d'estable,  troys  suisses,  ung 
portier,  un  vallet  deferrière,  ung  prouvoyeur  et  troys  hommes, 
les  boullangiers,  les  lavandiers,  le  chenetyer. 
Faict  à  Vitré,  le  cinquoisme  jour  de  mars  1577. 

Guy  de  Laval. 

2834.  —  1577,  20  juillet,  Laval.  —  Règlement  par  lequel 
Guy  XIX  fixe  les  conditions  de  la  fabrication  et  du  blanchis- 
sage des  toiles  à  Laval  et  prescrit  la  nomination  de  quatre 
visiteurs  des  toiles  (Copie,  A.  N.,  AA.  55,  dossier  1516). 

Guy,  comte  de  Laval,  de  Montfort,  Quintin  et  Harcourt, 
baron  de  Vitré,  la  Roche-Bernard  et  Ancenis,  vicomte  de 
Rennes,  de  Donges  et  Lislebonne,  sir«  de  Rieux,  de  Roche- 
fort  et  de  la  Roche  en  Nord,  etc.,  à  tous  ceulx  qui  ces  pré- 
sentes lettres  verront,  salut. 

Noz  chers  et  bien  amez  les  bourgeoys,  marchans  et  habitans 
de  nostre  ville  de  Laval  nous  ont  faict  remonstrer  que  le  prin- 
cipal moyen  que  eulx  et  le  menu  peuple  de  nostre  comté  ont 
eu  par  le  passé,  et  ont  de  présent,  de  subvenir  aux  nécessitez 
de  la  vie  provient  de  Tabondance  des  lins  qui  y  croissent  par 
leur  labeur  et  industrie,  que  nosdits  subjectz  du  plat  pays 
sèment,  préparent  et  fiUent,  afïîn  d'en  faire  des  toilles  pour, 
après  qu'elles  ont  esté  vendues  au  marché  de  Laval  aux  mar- 
chans et  bourgeoys  de  nostredite  ville  et  fausbourgs  de  Laval, 
estre  blanchies  es  lavanderies  à  eulx  concédées  par  noz  pré- 
décesseurs comtes  à  ceste  fin,  pour  eulx  et  leur  usaige  seuUe- 
ment  et  non  pour  aultres,  de  sorte  que  de  ceste  seulle  manu- 
facture, toilles  et  blanchisseures  tout  le  menu  peuple  de  nostre- 
dite conté  en  est  substanté,  lequel  ledict  pays  aultrement  pour 
estre  de  soy  infertille  de  bledz,  grains  et  aultres  chosses 
nécessaires  à  la  vie  de  l'homme  ne  pourront  soustenir  et 
substanter,  lesquelles  toilles,  d'aultant  qu'elles  soni  préparées 
à  Tusaige  de  l'estranger  et  non  pour  estre  débitées  en  ce 
royaulme,  nosdits  bourgeoys,  jnarchans  et  habitans  de  nos- 
tredite ville  ont  accoustumé  de  tout  temps  de  vendre  aux 
marchans  des  nations  estrangières  d'Espaigne,  Portugal, 
Barbarie,  Guy  née,  Indes  Orientalles  et  Occidentalles,  èsquelles 
nations  elles  sont  débitées  et  usées  ;  et  s'ilz  en  vendent  aul- 
cunes  aux  marchans  demeurans  en  ce  royaulme,  ce  n'est  pour 
l'usaige  dudict  royaulme,  mais  pour  les  porter  vendre  esdits^ 
paîs  estrangers  ;  l'entière  manufacture,  préparation  et  louaige 


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—  366  - 

desquelles  ioilles,  comme  estant  de  Tindustrie  et  invention  de 
nosdits  subjectz,  le  traffîc  d'icelle  anssi  lenr  a  de  tout  temps 
appartenu  en  nostredite  ville  de  Laval  prisvativement  à  tous 
aultres  marchans  estrangers  ou  forains  de  nostredite  ville  et 
comté,  et  lesquelz  estrangers  et  forains  de  tout  temps  les  ont 
achaptées  toutes  blanchies,  appareillées  de  leurs  fâchons, 
empacquetées  de  nosdits  subjectz,  sans  qu'ilz  se  soint  ingérez 
ne  entretenuz  de  faire  blanchir,  appareiller  et  empacqueter  en 
nosdites  lavanderies  aulcunes  toilles  escreues  qu'ilz  eussent 
achaptées  audit  Laval  ou  ailleurs,  conformément  à  la  forme 
que  a  acoustumé  d'estre  gardée  en  touttes  aultres  villes  bien 
pollicées,  tant  de  ce  royaulme  que  des  nations  estrangères, 
qui  est  que  ceulx  qui  par  leur  industrie  ou  labeur  et  commo- 
dité du  païs  où  ilz  ont  esté  nez  et  eslevez,  ont  inventé  et  en- 
tretenu quelque  manufacture  utille  au  publicq,  ont  esté  prévil- 
laigiez  d*en  avoir  seulx  la  manufacture,  exercice  et  traficq  en 
la  ville  et  au  lieu  où  la  manufacture  et  marchandie  croist  et 
s'exerce  privativement  au  forain  et  estranger,  estant  très  rai- 
sonnable que  chacun  recueille  plus  tost  le  fruict  du  païs  où  il 
est  né  et  nourry ,  et  de  son  labeur  et  industrie  que  souffrir  que 
l'estranger,  qui  n'y  a  riens  apporté,  le  luy  ravisse  des  mains 
et  comme  de  sa  maison  ;  considéré  mesmement  que  cest  mar-. 
chandie  destinée  pour  Tusaige  de  l'estranger^  non  de  ceulx 
en  royaulme,  et  que,  pour  considération  du  peu  de  gaign 
qu'ilz  peuvent  faire  de  ceste  manufacture  et  traficq,  ilz  sont 
surchargés  de  diverses  charges  et  subcides,  néanlmoings 
aulcuns  marchans  espaignolz,  portugailz  et  aultres  estrangers 
et  forains,  qui  depuis  quelque  temps  se  sont  habituez  en  aul- 
cunes des  villes  maritines  de  ce  royaulme,  jaloux  et  envieulx 
du  peu  de  profliict  que  nosdits  subjectz  prenoint  avecq  eulx, 
puis  quelque  temps  se  sont  efforcez  et  efforcent  de  transphérer 
et  tirer  à  eulx  tout  le  proffict  de  la  manufacture,  préparation 
et  traficq  desdites  toilles  par  le  moyen  de  quelques  facteurs 
et  entremeteurs  de  nosdits  subjectz  qu'ilz  interposent  pour 
achapler  pour  eulx,  moyennant  quelque  certain  pris  pour 
aulne  qu'ilz  leur  donnent,  haulsant  lesdites  toilles  de  pris 
excessif  et  non  accoustumé,  et,  après  les  avoir  achaptées 
escreuesjcontre  la  forme  ancienne,  se  ingèrent  aussi  contre 
les  prévilaiges  de  ceulx  de  nostredite  ville,  forme  et  charges 
anxiennes,  ausquelles  les  lavanderies  ont  esté  par  noz  prédé- 


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—  367  — 

cesseurs  accordées  à  tous  nosdits  subjectz,  faire  blanchir  et 
appareiller  èsdites  lavanderies  tant  les  toilles  qu'ilz  font 
achapter  audict  Laval  que  dehors  et  pour  attirer  les  lavan- 
diers  à  ce  faire,  ilz  leur  en  payent  pris  excessif  et  non  accous* 
tumé,  de  sorte  que  par  ces  moyens  indirectz,  non  seullement 
la  marchandise  est  en  ung  instant  grandement  haulcée  de  son 
prisaccoustumé  de  fason  que  nosdits  subjectz  ne  peuvent  faire 
aulcune  emplecte  pour  eulx  pour  contynuer  leur  traficq,  du- 
quel ilz  sont  frustrez  par  le  haulcement  que  y  meptent  lesdicts 
estrangers.  Mais  il  en  advient  aussi  deux  aultres  inconvéniens 
très  grandz  au*  préjudice  du  publicq  :  l'un  est  que  ladite  mar- 
chandie  .de  toille  en  est  excessivement  enchérie  ;  l'aultre  que 
les  manoupvriers,  tissiers  et  ceulx  qui  appareillent  lesdictes 
toilles,  voyant  lesdicts  estrangers  et  forains  si  eschauffez  à 
Tachapt  d'icelles,  se  licentient  facillement  de  faire  une  infinité 
de  faultes,  tromperies  et  desguissemens  tant  à  FétofTe  et  fason, 
ce  que  ayant  esté  auUreffois  par  noslre  très  honoré  sieur  uncle 
et  tuteur  monsieur  Tadmiral  remonstré  à  Sa  Majesté,  auroit 
obtenu  ses  lettres  patentes  dès  le  tréziesme  septembre  mil 
cinq  cens  septante  et  ung  affm  de  establir  et  faire  observer 
en  la  manufacture,  préparation,  vente  et  achapt  desdites  toilles 
tel  reiglement  qu'il  seroict  advisé  et  ordonné  par  noz  officiers 
tant  pour  les  biens  de  nosdicts  subjects,  marchanset  habitans 
de  nostredite  ville  et  comté  et  du  publicq  du  pals  ;  mais  tant 
pourledéceix  de  nostredict  sieur  et  tuteur  que  troubles  depuis 
survenuz,  lesdictes  lettres  n'auroint  peu  estre  minses  à  effeict 
et  plus  ses  abus  pourroint  pulluler  s'il  n'y  estoict  par  nous 
pourveu  promptement  par  ung  bon  et  raisonnable  reiglement 
sujrvant  lesdictes  lettres,  affin  de  faire  cesser  touttes  lesdittes 
faultes  et  abus. 

Et,  après  avoir  ouy  sur  touttes  ses  chosses  plussieurs  desdits 
majrchans  tissiers,  lavandiers  et  aultres  entenduz  en  la  manu- 
facture, négociation  et  traficq  de  ladicte  marchandie,  ensemble 
aulcuns  particuliers,  marchans  forains,  qui,  tant  pour  eulx 
que  aultres,  nous  auroinct  présenté  requeste  signée  de  plus- 
sieurs marchans  forains  et  estrangers,  contenant  les  remons- 
trances  que  sur  ce  ilz  avoinct  à  nous  faire  ;  et  fînablement, 
après  avoir  le  tout  conféré  et  eu  l'advis  tant  de  noz  officiers  en 
nostre  comté  de  Laval,  bourgeoys  et  marchans  et  aultres  de 
nostre  conseil,  avons,  par  forme  de  pollice  et  reiglement  et 


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-  368  — 

jusques  ad  ce  que  aultrement  y  aict  esté  pourveu,  ordonné  les 
poinctz  et  articles  cy  après  déclarez  estre  gardez  et  observez 
en  noz  villes  et  forsb^urgs  et  conté  de  Laval,  pour  la  manu- 
facture, blanchisseure  et  trafficq  desdites  toilles  *. 

I.  —  Que  les  toilles  qui  seront  exposées  en  vente  au  marché 
dudict  Laval  seront  de  la  largeur  par  cy  devant  ordonnée,  tant 
par  les  ordonnances  anxiennes,  qui  est  de  deux  tiers,  deux 
poulces,  aulne  de  Laval,  et  celles  qui  ne  seront  de  ceste  lar- 
geur seront  contremarquées  de  la  faulce  marque,  comme  non 
loy ailes  ny  marchandes  ;  et  sera  celluy  qui  en  exposera  en 
vente  de  moindre  largeur,  deux  moys  après  ces  articles  pu- 
bliez, oultre  condempné  pour  chacune  pièce  de  la  quallîté 
susditte  en  cent  soulz  tournoiz  d'amende. 

IL  ~  Seront  lesdictes  toilles  faczonnées  d'une  mesme  fac- 
zon,  serrées  égallement  par  les  deux  lizières  et  millieu,  et  à 
ceste  fin  tiendront  les  tissiers  leurs  lames  esgallement  com- 
passées sans  les  tenir  plus  lasches  par  le  melieu  que  les 
lizières,  comme  ilz  en  ont  abusé  par  le  passé,  et  les  toilles 
faictes  aultrement  seront  confisquées,  arses  etbruslées  comme 
desloyalles,  et  oultre  celluy  qui  les  aura  ainsi  falcifiées  com- 
dempné  en  dix  livres  d'amende  pour  chacune  pièce  de  toille. 

IIL  —  Seront  aussi  lesdites  toilles  faictes  et  fasonnées 
uniement,  c'est  assçavoir  de  fil  de  pareille  fiUeure  et  bonté, 
sans  entremeller  soictau  meillieu  ne  aux  lizières  de  lachaigne 
ne  en  la  tesfure  de  la  toille  de  fil  plus  gros,  gasté,  empiré, 
pourry  ou  d'aultre  quallité  et  de  moindre  valleur,  sur  peyne 
aussi  de  confiscation  de  la  pièce  de  toille  et  de  dix  livres  d'a- 
mende. 

IV.  —  Touttes  les  toilles  destinées  pour  estre  vendues  à 
Laval  seront  sans  empeschement  apportées  au  marché  de 
Laval  pour  y  estre  vendues  et  non  ailleurs,  et  est  deffendu  à 
touttes  personnes  de  quelque  quallité  et  condition  qu'ilz  soint, 
de  la  ville  et  forsbourgs  et  comté,  ensemble  aux  forains  et 
estrangers  d'icellcs  achapter  hors  le  marché,  enerrer  ou 
barguyner  par  eulx  ou  interposées  personnes,  facteurs  et 
négotiateurs,  et  d'aller  au  devant  des  tissiers  et  vendeurs,  sur 


1.  Pour  rendre  faciles  à  saisir  les  dispositions  prises  par  Guy 
XIX,  on  a  ajouté  des  numéros  en  télé  de  chacun  des  articles  de 
ce  règlement. 


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—  369  — 

peyae  au  vendeur  de  confiscation  de  la  toille,  et  achapteur  de 
cinquante  livres  d'amende. 

V.  —  Pouront  les  marchans  desdites  villes  et  forsbourgs 
achapter  touttes  sortes  de  toilles  qui  seront  exposées  en  vente 
audict  marché  et  non  ailleurs  à  touttes  heures  indifféremment 
pourveu  qu'elles  soinct  de  fason,  bonté  et  quallité  cy  dessus 
déclarée,  et  que  ce  soict  pour  eulx  et  sans  fraulde. 

Et  au  regard  des  marchans  forains  et  estrangers,  pouront 
achapter  audict  marché  et  non  ailleurs  touttes  sortes  de  toilles 
de  la  quallité  suâditte,  c'est  assçavoir,  depuis  Pasques  jus- 
ques  à  la  Sainct-Michel  après  l'heure  de  neuf  heures  sonnées 
à  l'orloge  du  château,  et  depuis  ledict  jour  Sainct-Michel 
jusques  à  Pasques  après  l'heure  de  dix  heures  sonnées  à  la 
mesme  orloge  et  non  plus  tost,  soict  par  eulx,  ou  interposées 
personnes  dudict  Laval  ou  d'aultre  lieu,  sur  peyne  de  forfaire 
touttes  les  toilles,  lesquelles  ils  auroint  achaptées,  barguy- 
gnées  ou  enerrées  paravant  les  heures  dessus  déclarées. 

VI.  —  Deffendons  très  expressément  à  tous  lavandiers  d'a- 
chapter  à  l'advenir  audict  marché  aulcunes  toilles  pouraultres 
que  pour  eulx,  soict  pour  les  manansethabitans  dudict  Laval, 
forains  ou  estrangers,  sur  peyne  d'estre  privez  de  se  pouvoir 
par  cy  après  entremectre  de  l'estat  de  buandier  et  cinquante 
livres  d'amende  pour  chacune  fois  qu'ilz  seront  trouvez  con- 
trevenans  à  la  présente  ordonnance. 

VIL  —  Tous  lavandiers  seront  tenuz  de  bien  et  deubment 
blanchir,  laver  et  appareiller  les  toilles  qui  leur  seront  bail- 
lées pour  ce  faire,  sans  les  laisser  brusler,  pourrir,  déchirer 
ou  endommaiger,  sur  peyne  aux  contrevenans  d'estre  privez 
de  leur  estât  de  lavandier,  de  réparer  le  dommaige  qu'il  au- 
roictfaict  aux  bourgeoys  ou  marchans,  duquel  il  auroict  ainsi 
corro'.npu  et  empiré  les  toilles,  et  d'amende  arbitraire. 

VIII.  —  D'aultant  que  les  buanderies  et  laveries  dressées 
et  establies  sur  nostre  ripvière  de  Laval  sont  de  nostre  vray 
patrimoyne  et  dommaine,  concédées  par  noz  prédécesseurs 
pour  en  gratiffier  noz  subjectz,  marchans  et  habitans  de  nos- 
tredite  ville,  forsbourgs  et  comté  de  Laval  et  pour  leur  usaige 
seullement  et  non  d'aultres,  laquelle  concession,  encores  que 
le  revenu  et  ferme  ordinaire  de  nostredite  ripvière  en  soict 
grandement  dy  my  nué,  nous  voulions  et  désirons  leur  conserver . 

Deffendons  très  expressément  à  tous  lavandiers  et  buan- 


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—  370  — 

diers  de  buander,  laver  et  blanchir  aulcunes  toilles  pour  aul- 
tres  que  pour  noz  subjectz,  bourgeoys,  marchans,  manaas  et 
habitans  de  noz  ville,  faulxbourgs  et  conté  de  Laval,  et  non 
pour  les  forains  et  estrangers,  sy  cen'estoict  pour  leur  usaige 
et  par  nostre  permission  seullement,  sur  peyne  d'estre  privez 
de  leurs  dites  buanderies,  et  ne  s'en  pouvoir  à  Fadvenir  en- 
tremettre dedans  le  ressort  de  nostredite  conté  et  de  cinquante 
livres  d'amende  envers  justice,  déclarans  oultre  que  nous 
ferons  réaniment  et  de  faict  abaptre  et  desmollir  les  arrivouers 
et  édiffices  construictz  en  et  sur  nostredite  ripvière  pour 
lesdites  buanderies  et  laveries  de  ceulx  qui  seront  trouvez 
avoir  contrevenu  à  la  présente  deffense  et  injonction. 

IX.  —  Deffendons  aussi  sur  pareilles  peines  ausdits  buan- 
diers  de  blanchir  et  laver  en  leurs  lavanderies  aulcunes  toilles 
apportées  de  dehors  qui  n'auront  esté  vendues  audict  marché 
de  Laval  et  marquées  de  la  mercque  ordinaire  dont  on  a 
acoustumé  de  marcquer  les  toilles  loyalles  et  marchandes 
vendues  audict  marché. 

X.  —  Et,  pour  Tentretenement  des  poinctz  et  articles  sus- 
dicts  et  à  ce  que  le  traficq  desdites  toilles  puisse  estre  main- 
tenu hors  de  touttes  faultes,  tromperies  et  abuz,  avons  or- 
donné que  à  Tadvenir  il  y  aura  quatre  visiteurs  desdictes 
toilles,  dont  y  en  aura  deux  esleuz  en  numbre  des  marchans 
demeurans  en  nostre  ville  et  forsbourgs,  expertz  et  congnois- 
sans  en  ceste  marchandiez  le  tiers  sera  esleu  delacompaignie 
des  tessiers  qui  chacun  jour  de  marché  visiteront  les  toilles 
qui  y  seront  apportées  et  exposées  en  vente  ;  et,  pour  eslre 
auctorizez,  se  pourront  accompaigner  de  l'un  de  noz  sergens 
et  des  faultes,  mespremptures  et  malversations  qu'ilz  con- 
gnoistront  estre  faictes  es  poinctz  et  articles  susdicts  et  choses 
qui  en  deppendent  en  feront  leur  rapport  à  justice  pour  en 
estre  ordonné  ce  que  de  raison;  lesquelz  visiteurs  seront 
changez  chacun  an  et  esleuz  par  devant  nostre  juge  de  Laval 
ou  son  lieutenant  à  la  plurallité  des  voix  desdits  marchans, 
buandiers  et  tissiers,  lesquelz  pour  ce  faire  seront  assemblez 
par  devant  luy. 

Lesquelz  poinctz  et  articles  nous  avons  voulu  estre  gardez 
et  observez  en  nostredite  ville,  forsbourgs  et  conté  de  Laval 
par  provision  et  par  forme  de  pollice  et  reiglement,  jusques  à 
ce  que  aultrement  par  nous  en  aict  esté  ordonné. 


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—  371  — 

Faici  audict  Laval  le  vingtiesme  jour  de  juillet  mil  cinq  cens 
soixante  dix  sept. 

GUT   DE    LàVÀL. 

Par  commandement  de  Monseigneur,  Le  Roy. 

L'ordonnance  cy  dessus  a  esté  ce  jourd'huy  en  jugement, 
les  plectz  tenans,  le\\e  et  publiée,  ce  requérant  le  procureur 
fiscal  de  Laval,  et  registrée  au  greffe  de  ceste  court,  et  avons 
enjoinct  à  tous  les  subjectz  de  ce  comté  et  aultres  garder  et 
entretenir  icelle  ordonnance  de  poinct  en  poinct  sur  les  peynes 
qui  y  appartiennent;  et  ad  ce  que  aulcun  n'en  prétende  cause 
d'ignorance,  ordonnons  qu'il  en  sera  faict  lecture  et  publica- 
tion à  son  de  trompe  et  cry  publicq  à  jour  de  marché  par  les 
carrefours  de  ceste  ville  et  forsbourgs  par  le  premier  nostre 
sergent  sur  ce  requis,  dont  avons  décerné  acte. 

Donné  à  Laval  par  devant  nous  Jean  de  Martines,  sieur  de 
la  Gilguynière,  conseiller  du  Roy  en  sa  court  de  parlement 
de  Bretaigne,  juge  ordinaire  dudit  Laval,  le  sabmedy  ving- 
tiesme jour  de  juillet.  Tan  mil  cinq  cens  soixante  dix  sept. 

Prodhommb,  pour  greffier. 

2835.  -^  1577, 26-28 décembre.  Vitré.  —Synode protestant 
tenu  à  Vitré  en  présence  de  Guy  XIX  (Note,  dom  Taillandier, 
Hist,  de  Bretagne,  II,  343,  d'après  Crevain,  tiisL  du  Calvi- 
nisme). 

Les  calvinistes  de  Bretagne  profitèrent  du  calme  que  leur 
procura  le  dernier  édit  pour  assembler  un  synode  à  Vitré.  Il 
se  tint  au  château  le  lendemain  de  Noël,  en  présence  du 
comte  de  Laval.  Il  se  trouva  treize  ministres  à  cette  assem- 
blée. 11  résulte  des  actes  de  ce  synode  qu'il  restait  encore  en 
Bretagne  seize  églises  calvinistes,  malgré  le  massacre  de  la 
Saint-Barthélémy  et  les  persécutions  qui  avaient  suivi  cette 
journée.  Les  seize  églises  étaient  Rennes,  Nantes,  Vitré, 
Ercé,  Vieille- Vigne,  Châteaubriant,  Guérande,  le  Croisic, 
Piriac,  Sion,  Saint-Malo,  Pontivi,  Ploermel,  Blein  etMorlaix, 
Hennebon,  Pont  et  Vannes  étaient  abandonnés.  Outre  ces 
églises,  il  faut  en  ajouter  deux  autres  qui  n'estoient  que  sei- 
gneuriales et  domestiques,  sçavoir  LavaletBordage.La  pre- 
mière suivoit  le  comte  de  Laval  et  elle  avoit  pour  ministres 
Merlin  et  des  Ousches.  L'église  du  Bordage  étoit  fixe  dans  la 
maison  du  seigneur  de  ce  nom  ;  elle  n'avoit  point  de  ministre 


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-  372  — 

propre,  mais  elle  se  servoit  de  ceux  du  voisinage.  L'on  y  fai- 
soit  le  prêche  et  l'on  y  administroit  le  baptême,  ce  qui  Ta  fait 
mettre  au  nombre  des  églises  calvinistes  de  Bretagne.  Le 
synode  de  Vitré,  qui  dura  trois  jours,  ne  fut  occupé  que  des 
moyens  de  rétablir  les  églises  chancelantes  et  de  faire  des 
règlements  pour  ordonner  aux  pasteurs  absents  de  retourner 
à  leurs  troupeaux. 

2836  — 1577.  —  Etat  des  parents  de  la  duchesse  de  la 
Trémoïlle  assignés  à  sa  requête  afin  de  procéder  à  l'élection 
des  tuteur  et  curateur  de  ses  enfants  mineurs  ;  Guy  XIX 
de  Laval  et  Jean  de  Laval,  marquis  deNesle,  sont  au  nombre 
des  seigneurs  convoqués  [Jeanne  de  Montmorency  et  la  prin- 
cesse de  Condé,  p.  128, 1895,  in-4*^). 

2837.  —  1577,  13  décembre,  Paris.  —  Lettre  par  laquelle 
Guy  de  Laval-Nesle  demande  à  M.  d'Humières,  son  oncle,  de 
venir  prendre  place  à  Noël  dans  son  conseil  de  famille  (B.  N., 
français,  32il,  64). 

A  monsieur  mon  oncle,  monsieur  de  Humières,  chevalier 
de  l'ordre  du  Roy,  conseiller  en  son  conseil  privé  et  son  lieu- 
tenant général  au  gouvernement  de  Péronne,  Mondidier  et 
Roye. 

Monsieur  mon  oncle,  depuis  la  mort  de  deffunct  monsieur 
le  marquis  de  Neele,  mon  père,  je  ne  vous  ay  aucunement 
escript  de  mes  affaires  pour  en  avoir  assez  peu  de  cognois- 
sance  et  m'en  estant  remis  à  madame  la  marquise  de  Neele, 
ma  mère,  qui  me  faict  cest  honneur  de  les  embrasser.  Seule- 
ment adjousterai-je  ce  mot  à  la  sienne  et  vous  suppliray  me 
tant  honorer  que  de  vous  trouver  en  l'assemblée  qui  se  faict 
pour  l'amour  (îft  moy,  dans  ce  Noël  en  ceste  ville,  où  je  sçay 
que  pouvez  beaucoup  et  que  votre  présence  aidera  grande- 
ment à  mesdites  affaires.  Vous  asseurant  de  n'en  estre  jamais 
ingrat  et  que  je  vous  feray  tous  les  services  qui  me  sera  pos- 
sible quand  Dieu  m'aura  faict  si  heureux  que  d'en  avoir  le 
moyen. 

N'estant  la  présente  à  aultre  effect,  je  la  finiray  en  vous 
baisant  bien  humblement  les  mains. 

Je  supplie  le  Créateur,  monsieur  mon  oncle,  vous  donner 
en  parfaite  santé,  longue  et  heureuse  vie. 


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-  373  - 

A  Paris,  le  13  décembre  1577.  Vostre  bien  humble  neveu 
el  affectionné  à  vous  faire  service. 

Guy  de  Laval. 

2838.  —  1578,  3  août.  —  Etat  des  terres  aliénées  par 
Guy  XIX  (A.  N.,T.  105P,  219). 

2839.  -  1578,  20  septembre.  —  Décès  de  Jean  de  Laval, 
comte  de  Maillé,  marquis  de  Nesle  *  (Note,  du  Chesne,  Histoire^ 
613). 

2840.  —  1578,  4  octobre,  la  Ferté-Ernault.  —  Testament 
de  Jacques  I  de  Laval-la-Faigne  ;  il  y  nomme  Marie  Le  Sec  *, 
sa  seconde  femme,  Michel  de  Laval,  son  bâtard,  Jacques  II 
de  Laval,  son  frère,  Jean  de  Laval-Tartigny  et  Madeleine  de 
Laval,  épouse  de  Pierre  de  Normanville  (Note,  Durand, 
Château  de  Montuel,  22). 

2841.  —  1578,  7  décembre,  Comper.  —  Lettre  de  Guy  XIX 
au  sieur  du  Plessis  de  la  Rivière  (Copie,  B.  N.,  français^ 
22310,  326). 

A  monsieur  du  Plessis  de  la  Rivière, 

Monsieur  du  Plessis. 

Estant  venu  en  ce  lieu  pour  le  plaisir  de  la  chasse  du  san- 
glier, attendant  les  Estats  qui  se  tiendront  à  Rennes,  je  vous 
en  ay  bien  voulu  advertir  et  que  ce  sera  vostre  chemin  pour 
y  aller  comoie  je  sçay  que  vous  avez  la  vollonté,  ayant  déli- 
béré me  trouver  à  Rennes  le  xiii,  pour  ce  que  je  m'attends 
que  les  Estats  se  tiennent  le  xv,  ainsi  que  le  Roy  le  m'a 
encores  mandé  depuis  i  rois  jours. 

Passant  en  ce  lieu  vous  y  serez  le  très  bien  vei  a  aussi  vos 
frères  et  aultres  gentilshommes  vos  voisins  qui  y  viendront  ; 
de  quoy  vous  les  advertirez,  s'il  vous  plaist,  et  les  prierez  de 
ma  part  aussi  de  se  tenir  prests  pour  estre  de  deçà  le  xii.  Et 
nous  irons  de  compagnie  avec  autres  gentilshommes  vassaux 
de  mes  terres,  qui  me  feront  ce  plaisir  de  m'y  accompagner. 

Sur  ce,  Monsieur  du  Plessis,  je  supplieray  le  Créateur  vous 

1.  Cette  date  est  certainement  fausse.  Voir  le  numéro  2837. 

2.  Duchesne,  Histoire,  p.  62£,  ne  parle  pas  de  cette  seconde 
alliance  de  Jacques  I. 

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—  374  - 

donner  sa  sainte  et  digne  garde,  me  recommandant  de  bien 
bon  cœur  à  la  vostre. 

De  Comper,  ce  vu  décembre  1578. 

Vostre  plus  affectionné  amy, 

Laval. 

2842.  —  1579,  3  mars,  Paris.  —  Arrêt  par  lequel  le  Par- 
lement de  Paris  décide  que,  attendu  les  privilèges  du  comté 
de  Laval,  le  sénéchal  du  Maine  n'a  pas  qualité  pour  faire  sur 
ses  nobles  la  répartition  des  frais  dûs  au  représentant  de  la 
province  aux  Etats  Généraux  (Imprimé,  Titres  du  comté  de 
La^al^ip.  133). 

2843.  —  1579, 16  mars,  Rennes.  —  Ordonnance  par  laquelle 
Guy  XIX  prescrit  que  toutes  les  instances  soutenues  en  son 
nom  devront  au  préalable  être  soumises  à  son  conseil  établi 
à  Rennes  (Original  aux  archives  de  la  Trémoïlle  acheté  à  la 
vente  Pichon). 

Guy,  comte  de  Laval,  de  Montfort,  Quintin  et  Harcourt, 
baron  de  Vitré,  la  Roche-Bernard  et  Ancenys,  vicomte  de 
Rennes,  de  Donges  et  de  Lislebonne,  sire  de  Rieux,  de  Ro- 
chefort  et  de  la  Roche  en  Nord,  etc.,  à  noz  chers  et  bien  amez 
séneschal,  alloué  et  procureur  fiscal  en  nostre  jurixdition  de 
Chèvre,  salut. 

Nous  avons  esté  advertiz  par  les  gens  de  nostre  conseil  et 
mesmes  l'expérience  nous  a  faict  congnoistre  les  grands  inté- 
restz  et  préjudices  qui  nous  sont  arivez  au  passé  à  cause  de 
plusieurs  instances  et  procès  cy  davant  intentez  soubz  nostre 
nom,  sans  en  avoir  premièrement  prins  l'advis  de  nostredit 
conseil  et  vous  estre  assemblez  pour  conférer  entre  vous  para- 
vant  qu'intenter  aucun  procès,  mesmes  affin  de  dresser  mémoy- 
res  signez  de  vous,  pour  sur  iceulx  entendre  Tadvis  de  nostre 
dict  conseil,  ainsi  que  oe  a  esté  tousjours  nostre  voluncté 
et  intention.  A  ceste  occasion,  pour  évitter  à  Fadvenir  telz 
inconvéniens,  nous  avons  faict  et  estably  le  règlement  cy 
après  pour  estre  par  vous  inviolablement  gardé  et  observé, 
sans  y  contrevenir,  en  tant  que  vous  désirez  nous  obéyr  et 
faire  agréable  service  : 

Que.  auparavant  qu'intenter  aucun  procès  et  instance, 
vous  confériez  ensemble  pour  dresser  les  mémoyres  requis  et 
nécessaires  touchant  le  faict  et  dificulté  qui  se  présentera, 


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—  375  — 

lesquelz  mémoyres  vous  signerez  jusques  au  nombre  de  deux 
pour  le  moings. 

Et  contiendront  iceulx  mémoyres  une  naration  sommaire 
de  nos  droictz  et  de  ce  qui  se  pourra  vériffier  tant  par  actes 
que  tesraoings. 

Lesquelz  mémoyres  ainsi  signez  et  arestez  par  vous  seront 
promtement  envoyez  en  la  ville  de  Rennes,  pour  en  avoir 
Tadvis  de  nostre  dict  conseil,  lequel  sera  par  vous  suivy  au 
discours  desdites  instances  et  procès,  sans  y  desroger  ny  con- 
trevenir. 

Et  estans  lesdits  procès  terminez,  et  advenant  que  y  auroict 
appel  interjecté  d'une  ou  aultre  part  du  jugement  qui  y  inter- 
viendra sur  iceulx,  vous  envoyrez  de  bonne  heure  et  de  temps 
compectant  pour  se  présenter  à  celluy  qui  aura  la  principalle 
charge  de  nosdits  procès  et  affaires  audit  Rennes,  tant  les 
assignations  qui  seront  données  et  seront  pendantes  pour  le 
faict  dudict  appel,  que  autres  procédures,  tiltres  et  enseigne- 
mens,  d'aultant  que  vous  en  aurez  entre  mains  requis  et  né- 
cessaires pour  soustenir  lesdits  jugemens.  sentences,  ou 
icelles  faire  réformer,  si  elles  sont  données  contre  nous. 

Et  quand  aux  procès  criminelz  èsquelz  interviendront  appel- 
lations, vous  envoyrez  semblablement  emples  mémoyres 
signez  de  vous  avec  coppyes  des  principalles  charges,  aflîn 
que  nostre  dict  conseil  puisse  estre  instruict  si  ou  nom  il 
debvra  prendre  la  cause  en  nostre  nom  et  se  présenter  èsdites 
appellations. 

Et  à  faulte  à  nostre  procureur  fiscal  de  nosdictes  jurixdi- 
tions  et  signeuryes  de  Chèvre  de  ce  faire,  il  sera  par  nous 
désadvoué  pour  le  faict  des  procès  intentez  et  suiviz  sans  l'ad- 
vis  de  nostre  dict  conseil. 

Et  pour  le  regard  des  assignations  qui  seront  données  soit 
en  appel  ou  première  instance,  il  sera  laissé  exploict  par  noz 
procureurs  de  causes  tant  en  ladicte  court  de  parlement  de  ce 
pays  que  audict  siège  de  Rennes,  à  faulte  d'avoir  envoyé 
lesdictes  procédures  et  assignementz,  l'événement  duquel 
exploict,  soit  diffault  ou  congé,  tombera  sur  ledict  procureur 
fiscal  et  en  portera  tous  despens,  dommaiges  et  intérestz  en 
son  privé  nom.  s'il  ne  trouve  et  fasse  aparoir  d'excuse  légi- 
time. 

Sauf  à  nous  à  procéder  outre  à  la  destitution  de  nosdicts 


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—  376  — 

officiers  qui  auront  faict  et  commis  faultes  si  notables  ainsi 
que  verrons  avoir  affaire  et  que  les  ocasions  P*y  présenteront. 

Et  affin  que  le  présent  règlement  ne  demeure  illusoire  et 
sans  fruict  et  que  aulcun  cy  après  n'en  puisse  prétendre  cause 
d'ignorence,  nous  vous  enjoignons  chacun  en  droict  soy  icel- 
luy  faire  lire  et  publier  en  audiemieàjourde  plaitz  généraux, 
et  nous  envoyer  acte  de  ladicte  publicacion,  et  icelluy  faire 
regestrer  au  papier  du  greffe  de  nosdictes  jurixditions  et 
signeuryes.  De  ce  faire  vous  donnons  plain  pouvoir  et  man- 
dement spécial. 

En  foy  de  quoy  nous  avons  signé  la  présente  de  nostre 
main  et  à  icelle  faict  apposer  le  scel  de  noz  armes'. 

Faict  par  Tadvis  de  nostre  dict  conseil  audict  Rennes,  le 
xvi'marsMV^LXXIX. 

Guy  de  Laval. 

Par  commandement  de  monseigneur. 

Dbplanbval. 

2844.  —  1580,  27  janvier.  —  Aveu  pour  la  ladrerie  de 
Saint-Etienne  à  Vitré  fait  à  (iuy  XIX  (^Imprimé,  Paris-Jallo- 
bert,  37). 

2845.  —  1580,  3  février.  Vitré.  —  Aveu  pour  la  Poultière 
en  Vitré  fait  à  Guy  XIX  par  Pierre  Frain  et  Julienne  Lam- 
baré,  sa  femme  (Imprimé,  Mémoire  généalogique,,,,  de 
plusieurs  familles  établies  à  Vitré,  1885,  in-16,  p.  27). 

2846.  —  1580,  12  avril,  Paris.  —  Lettre  écrite  par  Guy  de 
Laval  Loué  à  Madame  de  la  TrémoïUe  (Archives  de  la  Tré- 
moïUe). 

A  Madame,  Madame  de  la  TrémoïUe. 

Madame,  j'accompagneray  celle  de  Madame  la  marquise 
de  Nesle,  ma  mère,  de  ceste  pour  vous  supplier  bien  humble- 
ment de  me  fayre  cet  honneur  de  recepvoir  le  sieur  des  Noubes 
à  rhommaigeque  je  vous  doy,  en  vertu  delà  procuration  qu'a 
à  ceste  fin  expédiée  mon  tuteur.  Ce  me  sera  une  obligation  de 
laquelle  je  m'aquitteray  par  quelque  bon  service,  si  je  suis 
jamais  si  heureux  que  de  mériter  voz  bonnes  grâces  et  que 
me  faciez  cet  honneur  de  m'enployer. 

1.  Le  dessin  de  ce  sceau  a  été  donné  sous  le  numéro  188. 


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—  377  — 

Sans  la  vous  fayre  plus  longue,  sinon  de  vous  baiser  bien 
humblement  les  mains,  suppliant  le  Créateur,  Madame,  vous 
donner  en  parfaicte  santé  très  longue  et  heureuse  vie. 

A  Paris,  ce  xii«  apvril  1580. 

Vostre  bien  humble  et  obéissant  cousin  à  vous  fayre 
service, 

Guy  de  Laval. 

2847.  —  1581,  12  mars.  —  Lettre  écrite  par  Henri  IV  au 
duc  de  Montpensier  ;  Guy  XfX  *  y  est  indiqué  comme  présent 
près  du  roi  de  Navarre  [Lettres  misswes^  I,  360). 

2848.  —  1581,  12  mars,  Cadillac.  —  Lettre  de  Henry  IV  au 
duc  de  Montpensier  relative  à  une  affaire  concernant  celui-ci 
et  dont  il  a  délibéré  avec  le  duc  d'Alençon.  Guy  XIX,  monsieur 
d'Escars  et  d'autres  sont  présents  (Imprimé,  Lettres  misswes^ 
I,  361). 

2849.  —  1581,  17  mars.  —  Pension  de  quatre  cents  écus 
en  faveur  de  Jean  Ravenel,  sieur  de  la  Grange,  commandant 
de  Vitré  (Arch.  de  la  Loire-Inférieure,  H.  64,  42). 

2850.  —  1581,  G  mai,  le  Mans.  —  Lettre  écrite  par  le  duc 
d'Alençon  à  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  (Imprimé,  B.  de 
Broussillon,  Documents  inédits^  92,  d'après  B.  N.,  français^ 
3348,  2). 

2851.  —  1581,  10  mai,  Alençon.  —  Lettre  écrite  parle  duc 
d'Alençon  à  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  le  conviant  à 
prendre  part  avec  lui  à  l'expédition  des  Pays-Bas  (Imprimé, 
B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  93,  d'après  B.  N., 
français,  3348,  1). 

2852.  —  1581,  6  juin,  Blois.  —  Lettre  adressée  à  Urbain 
de  Laval-Bois-Dauphin  par  Henri  III,  lui  interdisant  d'ac- 
compagner le  duc  d' Alençon  dans  son  expédition  dans  les 
P^ys-Bas  (Imprimé,  B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  94, 
d'après  B,  N.,  français^  3348, 5). 

2853.  —  1581,  28  octobre,  Paris.  —  Lettre  adressée  par 


i.  C'est  par  erreur  que  M.  Berger  de  Xivrey,  dans  sa  note, 
identifie  le  «  monsieur  de  Laval  »  dont  il  est  question  dans  le 
texte  avec  Gu>  de  Laval,  marquis  de  Nesle,  alors  âgé  de  moins 
de  seize  ans. 


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—  378  — 

Catherine  de  Médicis  à  Bellièvre  ;  elle  y  mentionne  le  départ 
pour  l'Angleterre  du  duc  d*Alençon  accompagné  de  divers 
personnages  au  nombre  desquels  figure  le  sieur  de  Laval 
(Imprimé,  Lettres  de  Catherine  de  Médicis^  VII,  408). 

2854.  —  1581, 13  mars,  Thouars.  — Acte  par  lequel  Jeanne 
de  Montmorency,  duchesse  de  la  TrémoïUe,  déclare  avoir 
reçu  du  procureur  de  Guy  de  Laval,  marquis  de  Nesle,  baron 
de  Bressuire,  les  foy  et  hommage  lige,  baiser  et  serment  de 
fidélité  auxquels  il  est  tenu  à  cause  de  sa  dite  baronnie  (Cata- 
logue Ernest  Dumont,  n**  90,  octobre  1898). 

2855.  — 1582,  22  janvier.  —  Procuration  donnée  par  Pierre 
de  Laval-Lezay,  afin  de  rendre  en  son  nom  hommage  à  Tévé- 
que  d'Angers  (Note,  B.  N.,  Dom  Housseau,  XIIP,  9399). 

2856.  —  1582,  15  février.  —  Contrat  de  mariage  de  Claude 
de  Laval,  fille  de  Pierre  de  Laval-Lezay  et  de  Jacqueline  Clé- 
rembault  avec  René  Gillier  *  (Copie  aux  archives  de  Lévis- 
Mirepoix  au  château  de  Léran,  et  not6  Du  Chesne,  Histoire^ 
622). 

2857.  —  1582,  22  avril.  —  Délai  obtenu  par  Guy  de  Laval, 
marquis  de  Nesle,  pour  présenter  les  aveux  de  Plouha  et  de 
Plouazec  (Arch.  de  la  Loire-Inférieure,  B.  1225). 

2858.  —  1582,  mai,  la  Chétardière.  —  Décès  de  Pierre  I  de 
Laval-Lezay  (Noie  Du  Chesne,  Histoire^  621). 

2859.  —  1582,  12  juillet.  —  Acte  par  lequel  Guy  XIX  pré- 
sente à  la  chapelle  Saint-Martin,  au  manoir  de  Ménitré  en 
Rosiers,  Jacques  Cador  à  la  place  de  Louis  du  Fresne,  qui 
l'avait  résignée'  (Arch.  de  Maine-et-Loire,  E.  3024). 

2860.  —  1582,  20  octobre.  —  Ordonnance  donnant  mission 
à  Jean  Richard  de  conduire  à  Saint-Nicolas  tous  les  pour- 
ceaux qui  seraient  rencontrés  sur  le  territoire  de  Vitré  (Im- 
primé, Paris- Jallobert,  39). 

2861.  —  1583,  12  avril,  Anvers.  —  Contrat  de  mariage  de 
Guillaume  d'Orange  avec  Louise  de  Coligny,  fille  de  Tamiral 

i.  Leur  fils  Urbain  Giliiers,  le  27  décembre  1613.  épousa  Marie 
Chabot  (Voir  Dom  Fonteneau,  XXV,  729). 

2.  Ce  document,  comme  le  numéro  2830,  possède  un  bel  exem- 
plaire de  sceau  dessiné  sous  le  numéro  187. 


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-  379  — 

et  veuve  de  Théligny  ;  Guy  XIX  est  mentionné  parmi  les  per- 
sonnages présents  (Imprimé,  Preuves  de  la  Maison  de  Coli^ 
gny,  p.  582). 

2862.  —  1583,  15  mai,  Vitré.  —  Actes  généraux  du  XIP 
synode  protestant  tenu  à  Vitré  sous  la  présidence  de  Pierre 
Merlin  suivis  de  la  liste  des  pasteurs  et  des  anciens  députés 
à  ce  synode  (Imprimé,  La  France  Protestante^  1858,  Pièces 
justificatweSy  p.  180) . 

2863.  —  1583,  31  juillet,  Paris.  —  Lettre  adressée  par  le 
chancelier  de  Cheverny  à  la  duchesse  de  la  Trémoïlle,  en  lui 
recommandant  les  intérêts  de  son  gendre,  Guy  de  Laval, 
marquis  deNesle  (Imprimé,  Lettres  du  XVI''  siècle^  n^  195). 

2864.  —  1583,  7  août.  —  Mariage  de  Guy  XIX  avec  Anne 
d'Alègre  (noto,  Bourjolly^  II,  19). 

2865.  —  1583,  V^  septembre.  —  Mariage  de  Guy  XIX  avec 
Anne  d'Alègre  (note  du  plaidoyer,  du  Chesne,  XL,  305). 

2866.  —  1583,  septembre,  Paris.  —  Lettres  patentes  par 
lesquelles  Henri  III  confirme  les  privilèges  du  comte  de  Joigny 
lequel  était  alors  Guy  de  Laval-Nesle  (B.N.,  /ra/icaw,  4600, 96). 

2867.  —  1583,  9  novembre.  Vitré.  —  Reconnaissance  d'une 
dette  signée  par  Guy  XIX  (Archives  de  la  Trémoïlle), 

Je  confesse  debvoir  à  Jean  Chevallerie.  sieur  de  la  Tou- 
chardière,  la  somme  de  six  vingtz  escuz  sol,  laquelle  je  luy 
promectz  payer  à  sa  vollonté. 

Faict  à  Vi^îtré,  le  IX"  jour  de  novembre  1583. 

Guy  de  Laval. 

2868.  —  1584,  26  janvier,  Paris,  en  l'hôtel  de  Laval  rue 
Saint-André-des-Arts.  —  Accord  e'atre  Guy  XIX  et  la  com- 
tesse de  Salm,  grand-mère  de  François,  Benjamin  et  Anne 
de  Coligny,  par  lequel  Guy  XIX,  conformément  au  testament 
de  d'Andelot  et  à  l'accord  passé  lo  10  février  1572  entre  Anne 
de  Salm  et  Gaspard  de  Coligny,  prend  les  engagements  né- 
cessaires en  faveur  de  ses  frères  et  de  sa  sœur  du  second  lit 
(Imprimé,  Preuves  de  Coligny^  1121). 

2869.  — 1584, 21  février.  —  Règlement  établi  pour  préserver 
de  la  peste  la  ville  de  Vitré  (Imprimé,  Paris-Jallobert,  39). 

2870.  —  1584,  23  février.  laFaigne.  —  Contrat  de  mariage 


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—  380  - 

do  Pierre  de  Laval-Lauresse,  fils  de  Pierre  Je  Laval,  avec 
Louise  de  Laval-la-Faigne  *  (Note,  Mémoires  de  la  Société 
dC Eure-et-Loir,  VI,  99). 

2871.  —  1584,  24  mars.  —  Aveu  rendu  au  nom  de  (iuy  de 
Laval-Nesle,  mineur,  à  Thouars,  pour  la  baronnie  de  Bres- 
suirt*  (Note,  La  TrémoïUe,  Fiefs  de  Thouars,  13). 

2872.  —  1584,  3  avril.  —  Procuration  donnée  par  Jacques 
de  Laval-la-Faigne,  chevalier  de  l'ordre  (B.  N.,  français^ 
28154,  225). 

2873.  —  1584,  7  juillet.  —  Transaction  entre  Guy  XIX  et  le 
prince  de  Guémené  touchant  la  succession  de  Guy  XVII,  frère 
de  Marguerite  de  Laval,  mère  du  prince  (B.  N.,  français, 
22311,  31). 

2874.  —  1584,  13  septembre,  Montauban.  —  Lettre  par  la- 
quelle Henri  IV  accrédite  près  de  Henri  III  Guy  XIX  et  du 
Plessis-Mornay  chargés  de  porter  au  roi  les  décisions  de  l'as- 
semblée protestante  de  Montauban  (Imprimé,  Lettres  mis- 
sii'es,  I,  683). 

2875.  —  1584,  13  septembre,  Montauban.  —  Instruction  à 
M.  le  comte  de  Laval  et  à  M.  du  Plessis,  auxquels  a  été  ad- 
joint le  sieur  Constant,  de  ce  qu'ils  auront  à  dire  et  à  remontrer 
à  Sa  Majesté,  de  la  part  du  roy  de  Navarre  et  de  l'assemblée 
des  églises,  tenue  à  Montauban  par  la  permission  de  Sa  Ma- 
jesté' (Imprimé,  Mémoires  de  la  Ligue,  in  4®,  I,  606). 

2876.  —  1584,  13  septembre,  Montauban.  —  Lettre  de 
Henri  IV  à  Walsingham  dans  laquelle  il  mentionne  l'envoi 
vers  Henri  III  de  Guy  XIX  et  de  du  Plessis-Mornay  (Imprimé, 
Lettres  missives,  VIII,  271). 

2877.  —  1584,  13  septembre,  Montauban.  —  Lettre  par  la- 
quelle Henri  IV  annonce  à  Catherine  de  Médicis  que  Guy  XIX, 

1.  Ce  contrat  fut  insinué  au  greffe  de  Chartres  le  26  octobre 
1584. 

2.  Sous  les  numéros  192-194,  on  trouvera  ici  les  dessins  de  trois 
jetons  de  Guy  de  Laval,  marquis  de  Nesle.  Les  faces  des  trois 
jetons  sont  identiques,  les  revers  seuls  sont  différents. 

3.  Le  compilateur  des  Mémoires  de  la  Ligue  prétend  que 
Guy  XIX,  ayant  appris  par  cœur  celte  instruction,  la  prononça 
devant  le  roi,  en  son  cabmet. 


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—  381  — 

du  Plessîs-Mornay  et  le  sieur  Constant  sont  députés  vers  le 
roi  par  l'assemblée  protestante  de  Montauban  (Imprimé,  Let- 
tres misswes^  I,  684). 

2878.  —  1584,  13  septembre,  Montauban.  —  Avis  donné 
par  Henri  IV  au  comte  de  Leicester  qu'il  a  envoyé  à  Henri  III 
Guy  XIX  et  du  Plessis-Mornay,  chargés  de  faire  connaître 
au  roi  les  décisions  de  l'assemblée  protestante  de  Montauban 
(Imprimé,  Lettres  missives,  VIII,  270). 

2879.  —  1584,  14  novembre,  Saint-Germain  en-Laye.  — 
Lettre  écrite  par  du  Plessis-Mornay  au  roi  de  Navarre.  Il 


192-194.  —  Jetons  de  Guy  de  Montraorency-Laval,  marquis  de  Nesle,  1584. 

l'informe  entre  autres  choses  que  Guy  XIX  en  passant  par 
Blois  a  été  faire  un  tour  chez  lui,  d'où  il  n'est  pas  encore  re- 
venu à  cause  d'accès  de  fièvre  (Imprimé,  Mémoires  et  corres^ 
pondance  de  du  Plessis-Mornay^  II,  680). 

2880.  —  1584,  25  novembre.  — Quittance  délivrée  par  Jean 
Dumoulin,  conseiller  du  Roi  et  président  en  l'élection  de  Paris, 
en  qualité  de  tuteur  de  Guy  de  Laval,  marquis  de  Nesle,  comte 
de  Joigny  et  de  Maillé  (Original,  B.  N.,  français,  28154, 
226). 

2881.  —  1585,  .:1  janvier  et  4  février,  Harcourt.  —  Lettre 
écrite  par  Guy  XIX  à  M.  Chorin  [Archives  de  la  Trémoïlle), 


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—  382  — 

A  Monsieur  Chorin^  procureur  en  la  court  de  parlement 
de  Paris^, 

Monsieur  Chorin,  j'ay  receu  voz  lettres  des  XXlIIPet 
XXVIII*  de  ce  moys,  pour  responce  ausquelles  je  vous  diray 
estre  bien  aise  que  monsieur  Marion  ayt  dressé  les  contredictz 
contre  madame  de  Longueville,  encores  plus  de  la  bonne 
oppinion  qu'il  a  du  procès,  après  Tavoir  si  bien  veu  qu'il  a 
comme  je  seray  qu'il  besongne  à  la  production  nouveUe, 
mesmes  pour  les  terres  de  Partenay. 

J'ay  veu  ce  que  vous  me  mandez  touchant  le  sieur  de  Torcy, 
aussi  ce  que  m'en  escript  Laulan,  trouvant  bien  estrange 
qu'en  faisant  l'exécution  contre  luy,  on  n'ayt  trouvé  à  son  logis 
aultre  chose  q'ung  mullet,  pour  ce  que  je  sçay  que  ce  n'est  le 
train  d'ung  chevallier  du  Sainct  Esperit  que  cela,  mais  qu'il 
doibt  estre  plus  grand.  Une  aultre  foys,  il  se  fauldra  tenir 
plus  près  des  sergentz. 

Pour  le  faict  de  Dumesnil,  fault  regarder  de  se  deffendre 
comme  l'on  pourra  et  ne  pense  pas  qu'il  prouve  tout  ce  qu'il 
mect  en  faict. 

Pour  le  regard  de  Larmnoière,  vous  luy  manderez  que  je 
désire  la  faire  paier  et  que  si  elle  ne  faict  plus  de  poursuitte, 
elle  le  sera  au  plus  tard  dans  six  sepmaines,  et  que  si  elle 
poursuict  à  la  rigueur,  elle  n'aura  son  argent  si  tost. 

Je  désire  que  vous  voyez  monsieur  Le  Gresle  pour  luy  dire 
ce  que  je  vous  ay  cy  devant  mandé^  aussi  ce  que  vous  m'en 
escrivez  maintenant. 

Je  suys  bien  aise  que  la  damoiselle  d'Argenlieu  a  faict  re- 
noncer à  son  appel.  Maintenant  il  la  fault  poursuyvre  vive- 
ment sans  y  perdre  une  seulle  heure  de  temps. 

Avant  vous  aurez  sceu  le  nom  de  celluy  qui  sera  rapporteur 
du  procès  de  Chasleau-Giron  ;  vous  me  le  manderez.  Je  croy 
que  vous  regarderez  songneusement  entre  les  mains  de  qui 
vous  le  ferez  mectre. 

Quant  à  ce  que  vous  m'escripvez  pour  estre  payé  d'une 
année  de  voz  gaiges,  c'est  chose  que  je  n'ay  garde  d'oublier, 
et  sçay  bien  la  différance  qui  se  doibt  garder  entre  les  vieulx 
serviteurs  et  les  nouveaulx.  Mais  je  désire  que  de  vostre  costé 

1.  L'original  porte  en  note  :  «  Receu  le  6  février  et  faict  res- 
ponse  le  7*  ». 


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—  383  — 

aussi  vous  me  faciez  paroistre  les  effectz  de  vostre  affection, 
usant  ung  peu  plus  de  dilligence  que  vous  n'avez  accoustumé 
en  ce  qui  m'est  d'importance,  comme  vous  sçavez,  et  qui  est 
très  facille.  Je  dyz  ceci  entre  aultres  choses  pour  le  long  temps 
qu'il  y  a  que  je  suys  à  vous  solliciter  de  faire  faire  une  estude 
en  laquelle  vous  mettiez  tous  les  pappiers  "que  vous  avez  à 
moy.  Vous  mesmes  avez  jugé  cela  estre  nécessaire,  et  touteffoiz 
pour  l'exécuter  vous  y  apportez  tant  de  longueur  qu'à  la  vérité 
cela  m'ennuye  et  trouve  ung  petit  estrange  qu'à  cette  heure 
que  monsieur  de  Martines  est  arrivé  à  Paris,  vous  remectez 
encores  d'icy  à  ung  moys.  Je  vous  prye  donc  que  sans  plus  de 
remise  à  ce  coup  vous  le  faciez  faire  et,  si  tost  que  cela  sera, 
vous  n'aurez  point  ae  besoing  de  me  ramentevoir  voz  gaiges. 
J'en  escriptz  à  monsieur  de  Martines,  aflin  qu'il  face  dili- 
gence de  retirer  ses  hardes. 

Je  suys  bien  aise  de  la  dilligence  que  vous  faictes  en  mes 
affaires  et  vous  prye  d'y  continuer. 

En  ce  lieu  je  feray  fin,  priant  Dieu,  monsieur  Chorin,  vous 
avoir  en  sa  saincte  garde. 
De  Harcourt,  ce  dernier  jour  de  janvier  1585. 
Votre  bien  bon  amy. 

Laval. 
un*  febvrier  1585. 
Je  seray  bien  aise  que  vous  et  Laulan  obteniez  du  Roy  let- 
tres en  mon  nom,  causées  sur  le  désir  que  j'ay  de  présenter  à 
Sa  Majesté  l'adveu  des  terres  que  je  tiens  a' elle  et  entre  aul- 
tres de  celle  de  Rieux  et  deppendances,  et  que  pour  ceste 
occasion  il  soit  mandé  à  messieurs  les  président,  procureur, 
garde  des  comptes  et  tous  aultres  qu'il  apartiendra  mé  déli- 
vrer ou  à  mon  procureur  deument  fondé  coppie  coUationnée 
et  garendie  tant  des  anciens  adveuz  que  modernes  baillez  par 
mes  prédécesseurs  ;  et  le  plus  dilligemment  que  vous  pourrez, 
vous  me  ferez  tenir  les  dites  lettres. 

Vous  verez  aussi  les  lettres  que  le  sieur  de  la  Vallière  m'a 
réunyes,  aussi  l'exploict  faict^suyvant  icelles  contre  madame 
de  la  Fueillée. 

Je  n'escriptz  poinct  pour  ceste  heure  à  M.  Marion  pour  le 

remercier  de  la  peyne  qu'il  a  pr«se  pour  moi  ;  j'attends  l'heure 

que  je  luy  envoyé  de  l'argent  tant  pour  ses  dites  peynes  que 

pention,  qui  sera  bien  tosi  là  que  vous  luy  ferez  entendre. 

Vous  m'advertirez  qui  fera  les  dilligences  au  premier  con- 


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-  384  — 

seil  du  roy  contre  madame  de  la  Fueillée,  pour  ce  que  je  n'ay 
poinct  de  procureur. 

Vous  m'avez  cy  devant  dict  que  vous  avez  plusieurs  pièces 
qui  pouroient  servir  contre  elle  ;  vous  vous  en  aiderez. 

Vous  ne  m'avez  poinct  faict  responce  à  ce  que  je  vous  avois 
mandé  plusieurs  foiz,  sçavoir  ce  qu'il  faudroit  à  M.  Marion 
pour  les  escriptures  qu'il  a  dressées,  lesquelles  je  luy  ren- 
voiray  par  la  première  commodité. 

2882.  —  1585-1586.  —  Avertissement  par  lequel  est  som- 
mairement discouru  de  ce  qui  se  passa....  à  la  fin  de  l'année 
1585  et  en  Tan  suivant,  1586*  (Imprimé,  Mémoires  de  la 
Ligue,  in.4%  II,  156-179). 

2883.  —  1585,  28  juillet,  Taillebourg.  —  Testament  de 
Guy  XIX  (Note,  liourjolly,  II,  20). 

2884.  —  1585,  27  août.  —  Lettre  adressée  à  Guy  XIX  par 
Henri  III  le  félicitant  des  mesures  prises  par  lui  pour  exécuter 
l'édit  de  juillet  1585  (Imprimé,  Bourjolly,  II,  336,  d'après 
B.  N.,  français^  3309,  29). 

2885.  —  1585,  8  octobre,  Paris.  —  Lettre  par  laquelle 
Henri  III  avise  Anne  d'Alègre  qu'il  a  confié  la  garde  du  château 
de  Vitré  au  sieur  de  la  Prévallais  (Imprimé,  Bourjolly^  II, 
337,  d'après  B.  N.,  français,  3309,  43). 

2886.  —  1585,  15  novembre,  Paris.  —  Mandement  par  le- 
quel Henri  III  charge  le  sieur  de  la  Prévallais  de  la  garde  du 
château  de  Vitré  (Imprimé,  Bourjolly,  II,  338,  d'après  B.N., 
français,  ZZ09,  43). 

2887.  —  1585,  15  novembre  Paris.  —  Lettre  par  laquelle 
Henri  III  annonce  au  sieur  de  la  Prévallais  l'envoi  des  lettres 
patentes  lui  confiant  la  garde  du  châceau  de  Vitré  (Imprimé, 
Bourjolly,  II,  339,  d'après  B.  ^,,  français,  3309,  74). 

2888.  —  1585,  22  novembre.  —  Lettre  par  laquelle  Jean  de 
Chourse,  seigneur  de  Malicorne,  avise  les  habitants  de  Saint- 

• 

1.  On  y  trouve  le  récit  de  la  campagne  de  Guv  XIX  dans  le 
Poitou  terminée  par  son  décès  le  15  avril  1586.  fl  ne  faut  tenir 
aucun  compte  de  la  note  par  laquelle  l'édition  in-4®  (1758)  des 
Mémoires  de  la  Ligue ^  identifie  M.  de  Laval  avec  Urbain  de 
Laval-Bois-Dauphin. 


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—  385  - 

Maixent  que  le  comte  de  Laval  est  à  Villeneuve-1 1- Vicomtesse 
(Note  dans  Journal  de  Michel  Le  Riche), 

2889.  —  1586,  !«'  février,  Coupvrai.  —  Contrat  de  mariage 
de  Louis  de  Rohan-Guémené  et  de  Françoise  de  Laval,  veuve 
de  Henri  de  Lenoncourt*  (Note,  dont  Morice^  III,  1473). 


1.  Ce  contrat  fut  ratifié  le  21  février  1580  devant  les  notaires 
du  Ghàtelet  de  Paris  (B.  N.,  français,  22311,  45). 


Cte  Bbbtrani>  ob  Broussillon. 
{A  suiifre) . 


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BIBLIOGRAPHIE 


Débuts  de  la  chouannerie  dans  le  Morbihan  (1793^ 
1794),  par  M.  le  docteur  G.  de  Closmadeuc  (La  Révolution 
française,  t.  XX,  p.  330  et  sqq). 

Quoiqu'elle  n'ait  pas,  pour  Thistoire  du  déparlement  dé  la 
Mayenne,  un  intérêt  immédiat,  je  crois  devoir  cependant 
signaler  aux  lecteurs  du  Bulletin  Tétude  que  M.  de  (Jlosma- 
deuc  vient  de  consacrer  aux  débuts  de  la  Chouannerie  dans 
le  Morbihan.  Il  n'est  pas  inutile  en  effet,  pour  connaître  plus 
intimement  ce  qui  se  passa  ici,  de  voir  ce  qui  se  fit  ailleurs, 
quels  motifs  ont  poussé  le  peuple  du  Morbihan  à  se  soulever, 
quels  agents  servirent  le  parti  vendéen,  quels  movens  ils 
prirent  et  quels  furent  les  résultats.  L'article  de  M.  ae  Clos- 
madeuc, nécessairement  écourté  pour  une  revue  mensuelle, 
pose  plutôt  ces  questions  qu'il  ne  les  résoud,  mais  en  se 
tenant,  comme  il  le  fait  heureusement,  à  la  biographie  de 
Joseph  Defay,  gentilhomme  de  l'Anjou,  ancien  capitaine  au 
régiment  de  Picardie,  il  laisse  soupçonner  la  réponse  qu'une 
étude  de  plus  longue  haleine  apporterait  à  ces  problèmes. 
L'auteur  est  aidé  à  cela  par  un  court  mémoire  du  capitaine, 
écrit  deux  mois  avant  sa  mort. 

Joseph-Louis-Frédéric  Defay,  originaire  de  Saint-Macaire 
(Maine-et-Loire),  quitta  la  Vendée  et,  avec  l'armée  royaliste, 
passa  la  Loire,  le  18  octobre  1793.  Arrivé  à  Laval,  avec  son 
enfant  dans  un  mannequin,  il  voit  tuer  près  de  lui,  par  un 
membre  du  district,  dont  il  tire  vengeance  immédiate,  son 
cousin  de  la  Guérinière,  et  suit  l'armée  à  Granville,  puis  au 
Mans.  C'est  la  déroute.  «  Les  canons,  les  caissons  fuient  ;  les 
voitures,  les  bagaçes  veulent  les  dépasser.  Jamais  on  n'a  vu 
de  déroute  pareille....  Le  ralliement  devient  impossible.  Il 
était  presque  nuit.  Le  combat  continuait  entre  une  partie  de 
notre  armée  et  ne  cessa  que  le  lendemain  matin... 

a  Quel  fut  mon  étonnement,  écrit  Defaj,  lorsque  je  trouvais 
ma  femme  tout  éplorée,  sans  souliers  ni  bas,  sans  mouchoir 
de  col,  toute  mouillée,  pleurant  et  jetant  les  hauts  cris  !  Mon 
premier  mot  fut  :  Oà  est  mon  fils  P —  Ilestécraséy  me  dit-elle. 
—  Oà  est- il  ^  que  faille  le  chercher  ? — Mon  ami^  c'est  inutile  ; 
//  est  écrasé.  J'ai  tombée  l'enfant^  le  chei^al  et  moiy  et  plus 
de  200  chei^auT  et  Je  ne  sais  combien  d'hommes  m'ont  passé 
sur  le  corps.  Vois  !fai  encore  la  marque  des  fers  des  che- 


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-  387  — 

^faux  sur  la  figure.  —  Hélas  !  je  montai  ma  paavre  femme 
derrière  moi  jusqu'à  ce  que  j'eusse  trouvé  un  autre  cheval  et 
mon  manteau  dont  je  l'enveloppais  et  lui  donnai  mes  souliers. 
Nous  voyageâmes  une  partie  de  la  nuit,  nous  nous  reposâmes 
un  peu  et,  le  lendemain,  arrivâmes  à  Laval....  dans  une 
bonne  maison  où  on  les  soigna  bien  ;  j'y  laissai  ma  femme 
hors  d'état  d'aller  plus  loin,  étant  toute  meurtrie.  » 

L'armée  vendéenne  fut  achevée  à  Savenay  et  chacun  se 
sauva  comme  il  put.  Defay,  son  ami  Bejarry  et  quelques 
officiers  vendéens  se  réfugièrent  aux  environs  de  Pont-Châ- 
teau. Les  administrations  républicaines  des  villes  se  tenaient 
sur  le  qui-vive  dans  le  Morbihan,  comme  dans  les  départe- 
ments limitrophes.  L'insurrection  du  mois  de  mars  précédent, 
provoquée  par  la  levée  en  masse  de  300.000  hommes,  y  avait 
été  réprimée  rapidement.  Mais  les  campagnes  restaient  fré- 
missantes ;  les  jeunes  gens  soumis  à  la  réquisition  se  déro* 
baient  aux  recherches  et  ceux  qui  furent  incorporés  dans  les 
bataillons  de  volontaires,  désertèrent  en  granae  partie.  C'est 
avec  eux  que  Defay  tenta  un  premier  mouvement  ;  il  comptait 
sur  4.000  nommes  au  mois  de  février  1794  ;  «  les  poltrons  » 
firent  passer  les  organisateur^  pour  des  espions,  et  le  rassem- 
blement ne  fut  que  de  160  hommes,  dont  47  fusils  :  on  ne  put 
rien  entreprendre  alors.  Defay  et  ses  compagnons  travaillèrent 
les  paysans.  Habillés  comme  eux  :  grandes  culottes  de 
grosse  toile,  chapeaux  ronds,  vestes  de  Casto,  armés  de 
sabres  et  de  pistolets  d'arçons,  ils  s'introduisaient,  la  nuit, 
dans  les  villages,  se  faisant  ouvrir  les  portes  des  maisons, 
s'annonçant  comme  gentilshommes  royalistes,  semant  de 
fausses  nouvelles  sur  leurs  propres  forces,  sur  les  secours 
anglais,  sur  Tinvasion  prussienne,  menaçant  de  brûler  la 
cervelle  à  ceux  qui  les  dénonceraient,  molestant  les  officiers 
municipaux  à  l'occasion  et  pillant  la  caisse  du  receveur  des 
impositions.  L'attroupement  finit  par  grossir  :  il  compte 
1.500  hommes,  dont  600  seulement  sont  munis  de  fusils.  Une 
colonne  de  250  républicains  sort  de  Vannes,  avec  50  cavaliers 
et  une  pièce  de  canon,  commandée  par  le  chef  de  brigade 
Lacombe.  A  la  vue  de  quelques  gendarmes,  près  de  900 
bretons  prennent  la  fuite.  La  troupe  s'évanouit  vite,  malgré 
les  efforts  réitérés  de  Bejarry  et  de  Defay,  trahis  par  des 
espions  qui  découvrent  toutes  les  caches  et  dénoncent  ceux 
qui  ont  reçu  les  officiers  vendéens  :  ceux-ci,  traqués,  couchent 
toutes  les  nuits  dehors,  dans  un  fossé,  dans  un  champ,  dans 
une  lande,  un  peu  de  paille,  vivant  de  charité,  sans  effets, 
jusqu'au  13  iuin  1794  où  Defay  est  pris  sur  la  commune  de 
'Noyal-Muzillac. 

Û  est  évacué,  au  bout  d'un  mois,  sur  Lorient  et  déféré  au 
tribunal  criminel.  Dans  l'intervaile  le  malheureux  avait 
adressé  aux  Bretons  une  proclamation  où  il  faisait  amende 


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—  388  — 

honorable  et  dans  laquelle  il  les  priait  d'écouter  «  le  lançaffe 
de  la  bonne  foi  et  de  la  véritable  franchise  >  en  faveur  de  la 
Convention  nationale  accusée  à  tort  d'avoir  méconnu  l'exis- 
tence de  Dieu,  «  parce  qu'elle  a  supprimé  cet  entourage  du 
culte  catholique  qui  parlait  aux  yeux  et  asservissait  le  peu- 
ple >.  La  proclamation  est  autographe,  dit  M.  de  Closmadeuc. 
Spontanée  ou  inspirée  par  la  crainte  ds  la  mort,  elle  fut  une 
faiblesse  qui  valut  à  son  auteur  des  adoucissements  de  capti- 
vité, mais  qui  ne  le  sauva  pas.  AUa-t-il  plus  loin  dans  cette 
voie  et  fut-il  lâche  comme  Ducouedic,  Collas  du  Reste  et 
l'Amour  de  Laujegu  qui  plus  tard  dénoncèrent  leurs  compli- 
ces ?  On  ne  peut  que  dire.  La  conviction  que  la  cause  monar- 
chique était  perdue  explique  peut-être  suffisamment  cette 
faiblesse,  sans  qu'il  faille  croire  à  la  duplicité  ou  à  la  félonie. 

Condamné  à  mort  le  16  thermidor  an  II  (3  août  1794),  Defay 
fut  exécuté  le  jour  môme,  à  huit  heures  du  soir,  sur  la  place 
de  Lorient.  Ce  qu'il  laissait  en  dépôt  au  Brettin,  chez  l'ex- 
noble  Chamart,  fut  vraisemblablement  intercepté  par  le 
général  républicain  Canuel,  ce  terroriste  qui  finit  par  dégoûter 
même  la  Restauration. 

Les  débuts  de  la  Chouannerie  dans  le  Morbihan,  dans  les 
premiers  mois  de  1794,  furent  donc  misérables.  Là  aussi  le 
soulèvement  trouva  des  aliments  chez  les  réquisitionnai res, 
«  tout  à  fait  bien  disposés  à  l'insurrection  »,  au  moins  dans 
le  peuple  ;  mais  les  gentilshommes  et  les  bourgeois  y  furent 
plutôt  opposés,  craignant  de  ne  pouvoir  plus  se  cacher  si  le 
succès  ne  répondait  pas  à  leurs  efforts.  Sans  armes  et  fondants 
au  moindre  choc,  peut-être  les  Bretons  du  Morbihan  auraient- 
ils  trouvé  suffisant  l'essai  malheureux  qu'ils  avaient  fait  avec 
Defay  et  ses  compagnons,  si  un  autre  personnage,  plus 
entreprenant,  mieux  cjualidé,  n'était  entré  en  scène.  Avec 
Puisaye,  qui  fut  le  véritable  organisateur  de  la  Chouannerie 
en  Bretagne,  avec  ses  gentilshommes  émigrés,  ses  prêtres 
réfractaires,  ses  campagnards  et  ses  réquisitionnaires  enrôlés 
de  gré  ou  de  force,  les  déserteurs  des  armées  républicaines, 
la  Chouannerie  eut  des  chefs  et  des  soldats  et  résista  pendant 
quatre  ans  aux  troupes  que  le  gouvernement  envoya  contre 
elle.  Il  était  utile  de  voir  comment  elle  débuta  et  M.  de  Clos- 
madeuc doit  être  remercié  pour  nous  l'avoir  montré. 

E.  Laurain. 

Les  Chouans  de  la  Mayenne  C1792-1796>,  par  M.  Jean 
Morvan,  Paris,  Calmann-Levy,  in-8**. 

Au  moment  de  donner  le  bon  à  tirer  de  cette  dernière  feuille 
du  Bulletin,  nous  recevons  le  volume  de  M.  Jean  Morvan  dont 
nous  avons  déjà  signalé  un  extrait  à  nos  lecteurs.  Nous  en 
parlerons  dans  un  prochain  fascicule. 


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LE 

COMITÉ    RÉVOLUTIONNAIRE 

DU  DISTRICT  DE  L.WAL 


C'est  la  loi  da  14  frimaire  an  II  (4  décembre  i793) 
qui  organisa  définitivement  le  gouvernement  révolution- 
naire. Nous  nous  proposons  d'étudier  comment  fonc* 
tionna,  d'après  cette  loi,  le  comité  révolutionnaire  du  dis- 
trict de  Laval  ' . 

Le  district  de  Laval  est  en  Tan  11  un  véritable  foyer  de 
contre-révolution.  Avec  tout  le  département,  il  vient  de 
prendre  part  au  soulèvement  fédéraliste  de  Normandie^. 
D'octobre  à  décembre  1793,  les  Vendéens  ont  occupé 
Laval  à  trois  reprises.  Un  de  leurs  chefs,  le  prince  de 
Talmont,  dernier  successeur  des  Guy  de  la  TrémoïUe, 
seigneurs  de  Laval,  veut  faire  de  la  Mayenne,  avec  l'aide 
des  chouans,  une  seconde  Vendée.  C'est  entre  Laval  et 
Vitré,  dans  un  pays  coupé  de  haies  et  de  chemins  creux, 
qi^e  la  chouannerie  a  pris  naissance  dès  1791,  sous  la 
direction  de  Jean  Cottereau  et  de  ses  frères,  rompus  aux 
embuscades  par  la  pratique   du  faux  saunage^.  Moins 

1.  Il  correspondait  à  peu  près  à  la  partie  centrale  de  l'arroadis- 
sement  actuel  de  Laval,  savoir  :  cantons  de  Laval,  Loiron,  Meslay , 
Argentré  et  Montsûrs. 

2.  Queruau-Lamerie,  Girondins  de  la  Mayenne,  passim. 

3.  Voir  La  Gabelle  dans  le  Maine  et  l'Anjou,  par  M.  Le  Fize- 
lier  ;  lecture  faite  au  Congrès  des  Sociétés  savantes  de  1869. 

25 


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-  .190- 

aristocratique  que  le  soulèvement  vendéen,  la  chouan- 
nerie a  cependant  les  mêmes  causes  ;  les  paysans  mayen- 
nais  se  sont  mutinés  lors  de  la  levée  des  300.000  hommes 
(10  mars  1793);  ils  déclarent  n  combattre  pour  le  bon 
roi  et  la  bonne  religion  »  ^  A  tout  moment,  ils  expriment 
Tespoir  que  le  Roi  reviendra  bientôt,  «  peut-être  avant 
un  mois,  peut-être  avant  huit  jours  »^.  Leurs  prêtres  les 
nourrissent  dans  ces  illusions.  Tous  ceux  de  la  ville  et 
du  district  de  Laval,  sauf  vingt  et  un,  ont  refusé  le  ser- 
ment pur  et  simple  à  la  constitution  civile  du  clergé^; 
pourchassés,  traqués,  ils  se  cachent  au  fond  des  bois, 
sous  divers  déguisements  ;  en  1796,  l'administration  du 
département  signale  Tascendant  qu'ils  continuent  d'exer- 
cer <c  sur  des  cultivateurs  simples  »,  contribuant  à 
<c  éterniser  »  une  guerre  «  féroce  d^:  Ce  ne  sont  que 
combats  aux  portes  de  Laval  ;  au  milieu  des  campagnes 
soulevées,  cette  ville  est  comme  une  forteresse  toujours 
en  alarme  et  sur  le  qui-vive. 

A  Laval  même,  les  «  patriotes  »ne  sont  pas  très  nom- 
breux. Mais,  dès  la  fin  de  1792,  ils  ont  concentré  leurs 
forces  en  une  «  société  populaire  »  ou  «  club  patiioti- 
que  »,  affiliée  aux  Jacobins  de  Paris.  Pour  maîtriser, 
pour  tenir  en  respect  une  population  en  majorité  royaliste, 
cette  société  a  réclamé,  dès  le  7  avril  1793,  rétablisse- 
ment d*un  «  comité  de  surveillance  »,  qui  aurait  huit 
membres  titulaires  et  quatre  suppléants  ^. 

Répondant  au  vœu  de  la  société,  Esnue-LavalléOy 
conventionnel  de  la  Mayenne,  a  constitué  à  Laval  dans 
les  premiers  jours  d'octobre  1793,  un  «  comité  de  sur- 


1.  Arch.  dép.  Mayenne,  L.  192,  passim. 

2.  Arch.  dëp.  Mayenne,  Comité  révol.»  Reg. des dénonc,  passim, 

3.  Fréd.  Le  Coq,  Doc,  pour  servir  à  l'hist.  de  la  Constit.  Civile 
du  clergé  dans  la  May.,  Distr.  de  Laval,  passim. 

4.  Arch.  dép.  May. , L., Admin. centrale, lettre du5prairial an IV. 

5.  Queruau-Lamerie,  Gir.  de  la  May,,  p.  2,  et  Arch.  May.,  Reg. 
des  séances  de  la  Soc.  pop.  de  Laval.  —  La  société  populaire 
snccéda  à  la  Société  des  amis  de  la  constitution^  formée  en  1791. 


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-591  - 

vèillance  générale  du  district'  ».  Nous  ne  savons  rien  de 
ce  premier  comité.  Mais,  jusqu'à  la  fin  du  gouvernement 
révolutionnaire,  trois  autres  vont  lui  succéder  : 

I/un,  le  22  frimaire  an  II  (12  décembre  1793)  ; 

L'autre,  le  12  germinal  (1"  avril  1794); 

L'autre,  le  25  brumaire  an  III  (15  novembre  179^). 

Donc,  après  le  décret  du  14  frimaire,  trois  comités  suc- 
cessifs, qu'il  convient  d'étudier  séparément,  chacun  d'eux 
ayaùt  eu  sa  physionomie  distincte. 

I.  Comité  du  22  frimaire,  —  Le  22  frimaire,  Esnue- 
Lavallée,  «  considérant  qu'il  est  instant  de  remplacer  le 
comité  de  surveillance  précédemment  créé,  dont  la  plus- 
part  des  membres  ont  été  égorgés  par  tes  brigands  de 
la  Vendée,  ou  sont  absens  »,  décide  que  le  nouveau 
C(»mité,  ^\i  révolutionnaire^  comprendra  douze  membres, 
savoir  :  Bescher,  Durand,  Jamet,  Quantin,  administra- 
teurs du  département  ;  Laurence,  administrateur  du  dis- 
trict ;  Leroux,  membre  de  la  commune  ;  Legros,  juge 
de  paix  ;  Garot,  instituteur  public  ;  Huchedé,  TuUot, 
Guilbert  et  Mellouin. 

Le  comité  sera  secondé  dans  sa  tâche  par  dix  comités 
subalternes  de  canton,  établis  aux  chefs-lieux  des  dix 
cantons  ruraux  du  district^.  C'est  ainsi  que  le  comité  de 
Montsûr«,  composé  de  douze  membres,  va  fonctionner  à 
partir  du  16  nivôse,  ou  5  janvier  1794  3. 

Conformément  à  la  loi  du  14  frimaire,  Esnue-Lavallée 


1.  Queruau-Lamerie,  Conventionnels  de  la  May,^  p.  37. 

2  Savoir  :  les  quatre  cantons  actuels  de  Ijoiron,  Argentré, 
Meslay,  Montsûrs  ;  dIus  :  Saint-Berthevin.Saint-Ouen-des- Toits, 
Andouillé,  Soulgé,  Nuillé-sur-Vicoin  et  Parné. 

3.  Son  registre  de  délibérations  (Arch.  May.)  s'ouvre  ainsi  : 
«  Les  çMoweii^  soussignés  et  ceux  (fui  ne  savent  le  faire,,,  »  Aux 
termes  de  la  loi  du  21  mars  1793,  il  devait  v  avoir  autant  de  co- 
mités révolutionnaires  que  de  communes.  Mais  comment  trouver, 
dans  chaque  commune  rurale,  de  quoi  former  et  une  municipalité, 
et  un  comité  révolutionnaire?  Aussi  le  district  de  Laval  n'eut-il 
que  des  comités  de  canton.  On  lit  dans  i  ne  lettre  du  22  germinal 
an  II  :  «  Adressez-vous  aux  communes...  et  aux  comités  révolu- 
tionnaires de  leur  canton  réciproque  ».  (Arch.  Mny.,  L.  192.) 


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~  392  - 

décide  que  le  comité  de  Laval  «  étendra  sa  surveillance, 
sous  Tautorité  des  représentants  du  peuple,  sur  tous  les 
objets  de  salut  public  et  de  sûreté  générale.  Il  sera  con- 
tinuellement en  permanence,  et  veillera  à  ce  que  toutes 
les  lois  de  salut  public  randues  par  la  Convention  soient 
exécutées  dans  toute  leur  étendue 


». 


Des  actes  de  ce  comité  du  22  frimaire,  nous  ne  con« 
naissons  guère  que  le  procès-verbal  de  sa  séance  d^ou- 
verture  (l®*"  janvier  1794).  La  pièce  est  courte,  mais  si- 
gnificative :  «  S'occupant  de  suite  des  mesures  de  sûreté 
générale  qui  lui  sont  désignées  par  la  loi,  [le  comité]  a 
fait  la  rechercha  des  individus  qui  ont  attenté  à  la  souve- 
raineté du  peuple  »  ^. 

Pour  juger  ces  «  individus  »  (vendéens  et  chouans), 
une  (c  commission  militaire^  »  instituée  par  les  repré- 
sentants Bourbotte  et  Bissy,  siège  à  Laval  depuis  le 
22  décembre  1793.  Elle  a  pour  président  Clément,  juge 
de  paix  à  Ernée  ;  pour  ((  accusateur  public  »  Volcler,  maire 
de  Lassay,  un  ancien  prêtre,  mais  bien  éloigné  de  la 
mansuétude  ecclésiastique.  «  Tout  comité  de  surveillance, 
écrit-il,  qui  ne  fera  pas  [arrêter]  des  accusés,  et  qui  ne 
fera  pas  entendre  contre  chacun  au  moins  deux  témoins,... 
se  trouvera,  à  ma  diligence,  de  jour  ou  de  nuit,  incarcéré 
sur  mon  réquisitoire...  Purgeons,  républicains,  et  n'é- 
pargnons rien  ! ...  »  Cette  proclamation  est  du  l'*"  pluviôse, 
ou  20  janvier^  ;  or,  du  13  au  19  janvier,  la  commission  a 
déjà  envoyé  à  la  mort  soixante- quatre  inculpés,  hommes 
et  femmes  ;  soit  plus  de  dix  exécutions  par  jour^.  Le  21 
janvier,'  ce  sont  quatorze  ®  prêtred  de  Laval  ou  des  en- 

1.  lùid. 

2.  Arch.  dép.  May.,  L.  194. 

3.  Appelée  ainsi  à  cause  non  de  sa   composition,  mais  de  sa 
procédure  très  sommaire. 

4.  Arch.  dép.  May.,  L.  192. 

5    Abbé  Angot,  Mémoires  épistolaires,  p.  93. 

6.  Quatorze,  et  non  quarante-quatre,   comme  l'imprime  par 
erreur  Ad.  Joanne,  Géogr,  de  la  May.,  p.  40.  —  Une  pyramide 


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—  393    - 

virons  qui  montent  sur  Téchafaud  Dans  la  journée  du 
27  janvier,  le  prince  de  Talmont  est  amené  de  Rennes  à 
Laval,  et,  presque  mourant  du  typhus,  guillotiné  le  soir 
même  à  la  lueur  des  torches  ;  le  l**"  février,  c'est  U  tour 
des  fédéralistes  Enjubault  père  et  Sourdille*. 

II.  Comité  du  12  germinal.  —  Le  comité  du  22  fri- 
maire n  a  pas  été  formé  selon  les  lois  en  vigueur.  Trois 
de  ses  membres  sont  d'anciens  prêtres  ;  or,  la  loi  même 
qui  a  établi  les  comités  de  surveillance  (21  mars  1793)  en 
a  exclu  les  ecclésiastiques  ou  ci-devant  tels.  Il  renferme 
des  administrateurs  du  département,  du  district  ou  de 
la  commune;  or,  le  décret  du  14  frimaire  (sect.  III,  art.  9) 
interdit  tout  cumul  entre  les  fonctions  administratives 
et  celles  des  membres  des  comités. 

Le  12  germinal  (l*'  avril  1794),  le  représentant  Fran- 
çois (de  la  Somme),  en  mission  dans  la  Mayenne  rende 
Laval  un  arrêté  dont  voici  le  début  :  «  Considérant  que, 
né  au  milieu  des  orages,  le  gouvernement  révolution- 
naire doit  avoir  l'activité  de  la  foudre  ;  —  que,  semblable 
à  Tastre  qui  dessèche  les  productions  nuisibles,  alors 
qu'il  mûrit  les  moissons,  ce  gouvernement  doit  porter  la 
vie  aux  patriotes,  aux  traîtres  la  mort;  —  que.  pour 
parvenir  à  ce  gouvernement,  l'épuration  des  divers  corps 
administratifs  est  indispensable...  » 

En  conséquence,  les  douze  membres  du  comité  révo- 
lutionnaire, sauf  un  (Durand),  sont  remplacés^.  Par  qui? 
par  «  de  vrais  sans-culottes  »,  presque  tous  «logés  sur 
les  dernières  marches  do  l'escalier  social  ^  »  :  Turmeau, 
commis  ;  Croissant-Desalleux,  Applaquat  et  Rousseau, 


commémorative.  en  marbre  noir,  portant  les  noms  des  quatorze 
prêtres  décapités,  a  été  érigée  en  1816  dans  l'église  d'Avénières, 
près  Laval. 

1.  Queruau-Lamerie,  Girond.ei  Consent,  delà  May,,^,  52-84. 

2.  C'est  donc  par  erreur  que  M.  Queruau  Lamerie  dit  que  le 
comité  révolutionnaire  du  22  frimaire  sut  vécut  même  au  9  ther- 
midor (Girond,  de  la  May, y  p.  85). 

3.  Taine. 


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—  394  ^ 

marchands  ;  Le  Pannetier,  imprimeur  ;  Murray,  mégis- 
sier  ;  ChoWei,  chapelier;  Tardif,  perruquier  ;  Mercier, 
épicier;  Audevard^  limonadier;  Guériny  cabaretierK 

Deux  registres,  Tunde  délibérations,  Taulre  de  dénon- 
ciations, sans  parler  de  nombreuses  pièces  de  corres- 
pondance, nous  permettent  d'étudier  en  détail  quelles 
ont  été  leurs  attributions,  et  comment  ils  ont  compris 
leur  mandat. 

D'abord,  ils  sont  de  véritables  fonctionnaires.  A  ce 
titre,  ils  assistent  en  corps  aux  fêtes  données  par  la  ville, 
qu'il  s'agisse  d'inaugurer  «  le  temple  de  la  Raison  » 
(29  avril  1794).  ou  de  rendre  un  «  hommage  solennel  à 
l'Être  suprême  »  (8  juin  1794)  ^. 

Mais,  constituant  une  magistrature  exceptionnelle  et 
transitoire,  ils  sont  nécessairement  subordonnés  à  la 
municipalité  et  au  district,  autorités  normales  et  perma- 
nentes. 

C'est  à  la  municipalité  qu'ils  doivent  s'adresser,  »'ils 
veulent  obtenir  pour  eux-mêmes  des  certificats  de  ci- 
visme, ou  se  faire  autoriser  à  échanger  leurs  prénoms 
contre  des  prénoms  romains,  tels  que  Brutus^  Publicola, 
Scipion  V Africain^  Paul-Émile^  etc.,  ^. 

Ils  sont  encore  plus  dépendants  du  district,  que  la  loi 
du  14  frimaire  a  «  chargé  de  les  surveiller  ».  S'ils  es- 
saient d'empiéter,  on  les  remet  bien  vite  à  leur  place.  Un 
jour,  ils  ont  fait  vendre  au  «  ci-devant  château  »  de 
Laval,  des  effets  nationaux.  «  Chargés,  leur  écrit  le 
district,  de  l'administration  des  domaines  nationaux,... 
nous  ignorons  la  loi  qui  vous  a  autorisés  à  faire  vendre 
lesdits  effets,  et  nous  sommes  dans  la  nécessité  de  vous 
en  demander  compte  *  >>. 

1.  Arch.  dép.  May.,  L.  192. 

2.  Ibid. 

3.  Arch.  mun.  Laval,  Reç^.  des  délib.  du  cons.  gén.  de  la  comm., 
4  pluviôse  et  6  messidor  an  IL 

4.  Arch.  dép.  May.,  L.  192. 


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—  395  — 

C'est  par  Tagent  national  près  le  district  qu'ils  reçoi- 
vent les  lettres  et  instructions  des  Comités  de  salut  public 
et  de  sûreté  générale.  C'est  par  lui  qu'ils  font  parvenir  à 
la  Convention,  tous  les  dix  jours,  leur  «  travail  déca- 
daire ».  Le  22  floréal,  c  rame  ils  sont  en  retard  de  deux 
jours,  l'agent  national  leur  écrit  :  «  Vous  nous  enverrez 
de  suite  les  pièces.  Votre  responsabilité  serait  compro- 
mise ainsi  que  la  nôtre  par  le  délai  que  vous  y  appor- 
teriez »  K 

Les  vrais  maîtres,  ce  sont  les  représentants  en  mission, 
auxquels  la  Convention  a  délégué  ses  pleins  pouvoirs, 
comme  jadis  le  roi  aux  intendants.  «  Défense  aux  auto- 
rités intermédiaires...  de  prononcer  aucune  décision;  ce 
droit  appartient  exclusivement  à  la  Convention  et  aux 
représentants  du  peuple  dans  les  départements  et  près 
les  armées  »  2. 

Sous  le  contrôle  des  représentants,  les  attributions  du 
comité  sont  si  absorbantes  et  si  variées,  qu'on  ne  trouve 
pas  excessive  l'indemnité  de  cinq  livres  par  jour  allouée, 
d'après  la  loi  du  5  septembre  1793,  à  chacun  de  ses  mem- 
bres 3.  Jusqu'au  9  thermidor,  il  va  siéger  en  moyenne 
vingt  jours  par  mois.  11  a  deux  secrétaires,  et  occupe 
plusieurs  commis.  Il  tient  cinq  registres.  Dès  le  7  floréal 
(26  avril  1794),  pour  mieux  expédier  la  besogne,  ses 
douze  membres  se  répartissent  en  quatres  sections  : 
correspondance  et  tenue  des  bureaux  ;  police  de  Tinté- 
rieur  ;  mesures  de  sûreté  ;  prisons;  —  la  signature  des 
«  lettres,  mémoires  et  comptes  décadaires  »  demeurant 
réservée  au  président*. 

La  fonction  essentielle  du  comité  révolutionnaire,  c'est 
de  surveiller  les  citoyens,  et  de  s'assurer  de  leur  civisme. 


1.  Ibid. 

2.  Décret  du  14  frimaire. 

3.  Plus,  2.000  livres  de  frais  de  bureau  {Ibid.). 

4.  Ibid.,  Com.  révol.,  Reg.  des  délib.,  7  floréal.  —  Conformé- 
ment au  décret  du  4  frimaire,  président  et  secrétaires  sont  re- 
nouvelés tous  les  quinze  jours. 


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—  396  — 

Est  présumé  «  bon  citoyen  »,  quiconque  prête,  soit 
devant  un  comité,  soit  devant  une  municipalité,  «  le 
serment  civique  »  prescrit  par  une  loi  de  1792,  «  qui  est 
de  soutenir  de  tout  son  pouvoir  Fégalité,  la  liberté. 
Tunité  et  Tindi visibilité  de  la  République  française  ».  A 
ceux  qui  prêtent  le  serment,  les  municipalités  délivrent, 
après  enquête,  un  «  certificat  de  civisme  »,  ou  a  carte  de 
sûreté  ».  Sans  cette  carte,  impossible  de  se  faire  indem- 
niser des  dommages  causés  par  les  «  brigands  de  la 
Vendée  y  ;  impossible  d'être  nommé  aux  «  places  lucra- 
tives »  ;  impossible  d'avoir  le  passeport  indispensable 
pour  aller  d'une  ville  à  l'autre,  par  exemple,  de  Laval  à 
Chartres  ou  à  Tours.  Or,  le  comité  révolutionnaire  veille 
à  ce  que  chaque  municipalité  tienne  à  l'œil  tout  individu 
étranger  à  sa  commune.  Il  vise  les  certificats  de  civisme 
signés  par  ces  municipalités.  11  vise  aussi  les  passeports, 
et  fixe  le  temps  pour  lequel  ils  sont  accordés.  Du  1"  prai- 
rial au  9  thermidor  (20  mai-27  juillet  1794),  il  contrôle 
ainsi  238  certificats  de  civisme  et  2.052  passeports. 

Les  <(  mauvais  citoyens  »,  ce  sont  surtout  les  chouans. 
Le  comité  s'efl'orce  d'intercepter  leurs  communications. 
11  délègue  deux  de  ses  membres  pour  surveiller  les 
«  postes  aux  chevaux  »,  et  «  assister  très  exactement  à 
l'ouverture  des  paquets  de  la  poste  aux  lettres  ».  Avec 
les  membres  du  district  ou  de  la  municipalité,  les  officiers 
de  la  garde  nationale  et  les  commissaires  de  police,  il 
opère  à  Timproviste  de  très  fréquentes  perquisitions 
domiciliaires  ^  11  surveille  les  poudres  et  salpêtres.  Il 
épie  aussi  les  allées  et  venues  des  chouans,  afin  de 
renseigner  les  troupes  républicaines  ;  quelquefois  même, 
à  la  demande  des  généraux,  un  ou  deux  de  ses  membres 
accompagnent  les  détachements  en  marche*. 

1.  Bien  des  ç^ens  à  Laval  redoutent  ces  perquisitions,  car  on 
retire  «  chaque  jour  »,  de  la  Mayenne,  des  fusils,  boîtes  à  mitraille 
et  autres  engins  de  guerre. 

2.  Arch.  dép.  May.,L.iyl.l92,  et  Com.  révol.,  Reg.desdélib., 
passim.  —  Arch.  mun.  Laval,  Reg.  des  délib.  du  cons.  gén.  de 
la  comm.,  passim. 


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-  397  - 

II  sollicite  les  dénonciations  et  en  tient  registre,  (c  C'est 
un  devoir,  dit-il,  de  nous  dénoncer  tous  les  ennemis  do 
la  République,  sous  quelque  masque  qu'ils  se  cachent  ^  )> . 
Et  dénonciateurs  d'accourir  :  gendarmes,  soldats,  agents 
nationaux  et  maires,  ou  simples  particuliers  des  deux 
sexes.  «  Perine  Saudin  a  déclaré  que  la  mère  Roucher  et 
sa  fille  lui  ont  dit  qu'il  ne  faloit  point  soufrir  les  fripons 
qui  vendent  la  chair  de  créthien,  parlant  de  ceux  qui 
dénonçais  les  chouans.  »  De  ces  dénonciations,  il  en  est 
de  deuxième  ou  troisième  main.  «  Fontaine,  maréchal  de 
gendarmerie,  a  dit  que  le  citoyen  Rallier...  a  dit  que  le 
fermier  X...  a  quarante  à  cinquante  pipes  de  cidre  qu'il 
préfère  défoncer  que  de  les  vendre  au  maximum^  />.  Il 
en  est  de  singulières  quant  au  fond  :  «  Deschamps, 
capitaine  aux  grenadiers  de  la  Nièvre,  nous  a  déclaré 
que  sur  la  maison  de  la  citoyenne  Bry,  il  existe  une 
aigle  germanique  et  autres  emblèmes  de  la  tyrannie,  d 
Il  en  est  de  très  violentes  quant  à  la  forme.  Franklin 
Forget,  «  sans-culotte  »,  dénonçant  un  garde  forestier, 
ajoute  :  a  De  ses  deux  beaux-frères,  l'un  était  prêtre, 
c'est-à-dire  scélérat,  peut-être  est-il  brigand  ;  l'autre 
est  absolument  brigand  ».  Un  autre  écrit  au  comité 
révolutionnaire  :  «  Citoyens  et  amis,  à  l'instant  que  les 
aristocrates  ont  cru  avoir  des  succès,...  saisissons  ces 
moments  pour  leur  prouver  que  nous  nous  f....  d'eux.  En 
conséquence,  je  vous  dénonce  [trois  femmes]  cabaleuses, 
mères  de  nos  ennemis  ;  jurons-leur  haine  éternelle... 
Faites -les  prendre  en  plein  jour  pour  l'exemple,  il  faut 
faire  frémir  ces  gueux-là  ».  —  Quelquefois,  ce  sont  des 
ofBciers  municipaux  trop  négligents  ou  trop  tièdes  que 
l'on  signale,  ou  encore,  des  soldats  de  la  République, 
soit  qu'ils  passent  aux  chouans,  soit  qu'ils  se  rendent 


1.  Corn,  rév.,  reg.  des  délib.,  23  germinal  an  II. 

2.  «  Le  fermier  de  Charnière,  en  la  commune  de  Quelaines,  a 
quarante  à  cinquante  pipes  de  cidre  qu'il  aimerait  mieux  f...  au 
vent  que  de  les  vendre  au  maximum  »  (Arch.  dép.  May.,  Com. 
révol.  de  Château-Gontier,  dénonc,  f»  2). 


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—  398  - 

coupables  de  (c  vols,  pillages  et  excès  »  ;  Fagent  national 
de  Saint-Isle*  se  plaint  qu^ils  lui  ont  «  consommé  une 
tonne  de  cidre  »,  sans  autre  paiement  que  des  coups  de 
poing  à  sa  femme,  qu'ils  ont  traitée  de  «  sacrée 
chouanne'^  ». 

Tout  individu  dénoncé  n'est  pas  nécessairement  incar- 
céré. Le  23  germinal  (12  avril),  quelques  jours  après  son 
installation,  le  comité  révolutionnaire  a  fait  afficher  un 
manifeste  où  il  prenait  rengagement  de  rendre  (c  une 
justice  sévère,  mais  impartiale  »,  d'écarter  les  «  intrigans, 
calomniateurs  et  faux  patriotes  »,  et  de  n'accepter  aucune 
dénonciation  dictée  par  a  les  haines  particulières  ». 
Notons  d'abord  qu'il  n'enregistre  que  des  dénonciations 
signées  de  leurs  auteurs.  En  outre,  il  s'efforce  de  ne  pas 
agir  à  la  légère  ;  il  se  renseigne  et  vérifie,  quelquefois  à 
plusieurs  reprises.  Il  lance  un  mandat  d'arrêt,  sauf 
approbation  des  représentants  du  peuple,  s'il  y  a  pré- 
somption suffisante  que  l'individu  s'est  rendu  suspect, 
s'il  a  donné  a^ile  à  des  fédéralistes,  à  des  chouans,  à  des 
prêtres  «  brigands  »  ou  simplement  réiractaires  ;  s'il  a 
cherché  à  dérober  des  cartouches  aux  soldats  de  la 
République,  si  l'on  a  saisi  sur  lui  quelque  a  emblème  de 
la  superstition  »,  tel  qu'un  a  sacré  cœur  de  Jésus  »  ; 
s'il  a  refusé  de  prêter  le  serment  civique,  s'il  a  été  trouvé 
sans  passeport,  etc.  Est  arrêté  quiconque  a  enfreint  la 
loi  du  maximum  ;  telles  ces  deux  bouchères  de  Laval, 
qui  vendent  au-dessus  du  maximum  après  avoir  acheté 
au  maximum,  a  réservent  aux  aristocrates  les  bons 
morceaux  »,  à  raison  de  vingt  sous  la  livre^  «  et  se 
moquent  insolemment  des  patriotes  en  leur  choisissant 
les  plus  mauvais  »,  à  raison  de  vingt-cinq  sous  la  livre. 
Nombre  de  jeunes  gens  de  dix-huit  à  vingt-cinq  ans  se 
sont  soustraits  par  la  fuite  à  a  la  première  réquisition  »3  ; 

1.  Canton  de  Loiron. 

2.  Arch.  dép.  May.,  h,  191  et  192,  et  Gom.  révol.,  Reg.  des 
déncnc.fgermmal  an  IL 

3.  Levée  en  masse  du  16  août  1793. 


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—  399  — 

le  comité  révolutionnaire  fait  emprisonner  leurs  parents 
jusqu'à  ce  qu'ils  aient  reparu.  Au  total,  du  15  germinal 
(4  avril)  au  9  thermidor  (27  juillet),  il  a  reçu  225  dénon- 
ciations; dans  la  même  période,  il  ordonne  182  arresta- 
tions, soit  43  dénonciations  demeurées  vaines  ^ 

Aux  suspects  arrêtés,  le  comité  de  Laval  fait  subir  un 
interrogatoire  sommaire.  Sous  sa  direction,  et  à  condition 
de  lui  rendre  compte,  les  comités  de  canton  arrêtent  aussi 
et  interrogent^.  Est-ce  TofiBce  des  comités  d'aller  plus 
loin,  et  de  faire  une  instruction  proprement  dite?  La 
commission  militaire  voudrait  bien  qu'il  en  fût  ainsi. 
Le  3  floréal  (22  avril  1794),  elle  écrit  au  comité  de 
Laval  :  «  Ne  croyez  point,  citoyens,  que  votre  mission 
se  borne  à  prendre  des  mesures  provisoires  de  sûreté 
générale.  C'est  encore  à  vous  d'instruire  les  procès  des 
détenus,  [et  non  aux]  commissions  militaires,  dont  les 
opérations  doivent  être  promptes  ».  Le  comité  de  Laval 
consulte  celui  de  Rennes,  qui  répond  (25  avril)  :  «  La 
commission  militaire  prétend  mal  à  propos  que  c'est  à 
vous  d'instruire  les  procédures  Vous  n'êtes  créé  que 
pour  surveiller  les  administrations  et  les  gens  suspects  ». 
En  conséquence,  le  comité  de  Laval  fait  deux  parts  des 
dénoncés  qu'il  retient.  Ceux  qui,  étant  simplement 
suspects^  devront  rester  en  état  d'arrestation  jusqu'à  la 
paix,  sont  «  gardés  à  vue  »  dans  leurs  maisons  par  des 
gardes  nationaux,  ou  détenus  au  couvent  des  «  ci  devant 
bénédictines  »,  transformé  en  «  maison  de  réclusion  ». 
Quant  aux  prévenus  de  conspiration,  de  désertion  et 
autres  faits  graves,  le  comité  les  dirige  sur  le  «  ci-devant 
château  »,  transformé  en  a  maison  de  justice  »  ;  puis,  aux 
termes  de  la  loi  du  18  nivôse  an  II  (7  janvier  1794),  il 
remet  les  procès- verbaux  à  1  agent  national  près  le  district, 

1.  Arch.  dëp.  May.,  L.  191,192,  etCom.  révol.,  Reg.desdélib., 
passinij  jusqu  au  9  thermidor. 

2.  Par  exemple,  celui  de  Montsûrs  (L.  192). 


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--  400  — 

qui  renvoie  selon  les  cas,  soit  devant  le  tribunal  de  police 
correctionnelle,  soit  devant  la  commission  militaire  ^ 

C'est  aussi  do  concert  avec  Tagent  national  que  les 
membres  du  comité  révolutionnaire  vont  visiter  les  pri- 
sons, pour  y  «  classer  »  les  détenus,  et  aviser  aux  moyens 
de  prévenir  leurs  évasions^.  C*est  à  Tagent  national  qu'ils 
font  tenir  tous  objets  saisis  sur  ces  détenus,  car  de  sem- 
blables objets  sont  devenus  biens  nationaux,  et  l'agent 
national  administre,  au  nom  du  district,  les  biens  natio- 
naux^. 

Bientôt  les  prisons  regorgent.  Aux  personnes  arrêtées 
sur  Tordre  du  comité  révolutionnaire,  s'ajoutent  celles 
que  la  commission  militaire  cite  directement  à  sa  barre, 
et  celles  que  les  soldats  républicains  appréhendent  au 
corps  dans  les  villages.  Et  voilà  que  vers  la  fin  d'avril 
1794,  le  général  Rossignol  ordonne  de  conduire  à  Laval 
tous  les  habitants  des  paroisses  insurgées  !  Même  il 
fait  savoir  par  Decaen^,  son  adjudant  général,  qu'il 
rendra  les  autorités  de  la  ville  responsables  des  évasions 
de  ces  3  à  4.000  paysans  (24  avril).  Après  en  avoir 
conféré,  le  district,  la  municipalité  et  le  comité  révolu- 
tionnaire décident  qu'ils  délégueront  chacun  un  de  leurs 
membres  pour  faire,  tous  les  matins,  à  huit  heures,  à  la 
halle  aux  Toiles,  un  appel  nominal  des  paysans  amenés 
en  ville  et  logés  chez  les  bourgeois.   Mais  les  vivres 


1.  Arch.  dép.  May..  L.  192. 

2.  Ces  évasions  sont  assez  fréquentes.  Aussi  est-il  décidé  qu'on 
réparera  les  prisons,  et  que  o  nul  n'y  pourra  entrer  sans  un 
permis  d'un  des  ofTiciers  municipaux  ou  d  un  des  membres  du 
comité  révolutionnaire  »  (Arch.  mun.  Laval,  Dél.  du  corps  mun.. 
9  thermidor  an  II). 

3.  Arch.  dép.  May.,  L.  191. —  Lecomité  révolutionnaire  indique 
aussi  à  lagent  national  les  maisons  d  émigrés  où  il  convient 
d'apposer  les  scellés,  et  les  caves  où  peuvent  avoir  été  enfouies 
des  pièces  d'orfèvrerie  ou  des  sommes  d'argent  {Ibid,),  Le  16 
ventôse  an  II  (6  mars  1794),  il  envoie  à  la  Convention  118  marcs 
d'argenterie  et  six  couverts  d'argent  trouvés  enfouis  dans  les 
cavfcs  de  Paulin,  ex-noble  [Moniteur^  XII,  679,  2«  col.). 

4.  Gouverneur,  sous  l'Empire,  des  établissements  français  dans 
l'Inde. 


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-  401  — 

manquent  à  Laval,  et  les  campagnes  ont  besoin  de  bras 
pour  faire  le  sarrasin.  D'autre  part,  l'ordre  de  Rossignol 
est  formel.  Très  perplexe,  le  comité  révolutionnaire 
sollicite  l'avis  de  Dubois-Crancé  *  :  «  Je  vois  comme  vous, 
répond  Dubois-Crancé,  des  inconvénients  dans  la  con- 
tinuité de  cette  mesure...  Je  pense  qu'il  n'y  aurait  pas 
de  danger  à  renvoyer  dans  leurs  communes  respectives 
ceux  contre  lesquels  il  n'y  a  point  de  charges  »  (8  mai 
1794)^ 

Si  la  suspicion  ne  semble  pas  suffisamment  établie,  ne 
reposant  que  sur  des  «  semi-preuves  »,  si  le  détenu  est 
réclamé,  avec  garanties  à  l'appui,  par  sa  municipalité,  le 
comité  révolutionnaire  propose  aux  représentants  de 
prononcer  l'élargissement.  «  La  citoyenne  Dupuy  »  a  été 
arrêtée  pour  avoir  «  porté  la  main  a  sur  un  arbre  de  la 
liberté  ;  mais  elle  voulait  apaiser  une  rixe  «  survenue 
entre  son  fils  et  d'autres  enfans  au  sujet  de  cet  arbre,  que 
les  uns  avaient  élevé  et  que  les  autres  attaquaient  par 
forme  de  jeux  ».  C'est  ce  qui  résulte  de  son  interroga- 
toire et  des  déclarations  de  ses  voisines.  En  conséquence, 
elle  est  relâchée.  —  Une  paysanne  de  Parné  s'était 
informée  du  nombre  des  «  républicains  du  bataillon  de  la 
Montagne  »  en  cantonnement  dans  cette  commune  ;  mais 
son  propos  a  été  mal  interprété  ;  le  comité  la  fait  relâcher 
dès  le  lendemain.  —  Un  laboureur  a  été  arrêté  parce 
qu'on  a  trouvé  chez  lui  une  quantité  de  pain  qui  le  faisait 
soupçonner  d'avoir  cuit  pour  les  chouans.  Lui  aussi  est 
rendu  à  la  liberté,  car  l'enquête  a  établi  que,  s'il  avait 
chez  lui  dix  pains  entiers,  son  ménage  se  compose  de 
huit  individus  ;  or,  l'usage  de  la  campagne  étant  de  cuire 
pour  quinze  jours,  chaque  individu  n'avait  pas  de  pain 
pour   sa   quinzaine.  —  Enfin,   le  comité   s'efforce    de 


1.  C'est  celui  qui,  le  12  août  1793,  fit  décréter  Vamalsame  des 
volontaires  et  de  Tannée  de  ligne.  Il  était  alors  chargé  de  «  l'em- 
brigadement  des  armées  de  Brest  et  de  l'Ouest  ». 

2.  Arch.  dép.  May.,  L.  192. 


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-  402  - 

réparer  des  erreurs  inévitables,  relâchant  tel  individu  qui 
a  été  arrêté  sur  un  faux  signalement,  tel  autre  par  suite 
d'une  similitude  de  nom.  Bref,  du  1*'  juin  au  27  juillet, 
dans  la  période  même  correspondant  à  la  loi  sanguinaire 
de  prairial,  il  prononce  plus  de  cent  mises  en  liberté  K 

Quant  à  ceux  qu'il  se  croit  forcé  de  retenir  sous  les 
verroux,  le  comité  se  concerte  avec  la  municipalité  «  pour 
adoucir  leur  sort,  et  concilier  autant  qu'il  se  pourra  les 
devoirs  de  l'humanité  avec  la  nécessité  de  la  surveil- 
lance ».  C'est  ainsi  qu'en  cas  de  grave  maladie  il 
autorise  les  détenus  à  se  faire  transporter  chez  eux,  où 
un  garde  national  les  surveillera  2. 

Ces  velléités  de  justice  équitable,  on  les  retrouve  chez 
l'ancien  instituteur  Pa6Zeco^  Garot,  qui,  le  12  germinal 
(1*'  avril),  a  remplacé  Volcler  comme  accusateur  public 
près  la  commission  militaire.  Sans  doute,  la  crise 
affreuse  que  l'on  traverse  l'oblige,  hélas  I  à  pourvoir 
largement  l'échafaud  maintenu  en  permanence  sur  la 
«  place  delà  Révolution^  d.  Mais  ce  n'est  pas  unénergu- 
mène.  Avant  de  requérir,  il  cherche  à  s'informer,  à  bien 
peser  les  charges.  11  écrit  au  comité  révolutionnaire  : 
(c  Le  greffier  de  la  municipalité  de  Bonchamp  est  accusé 
d'avoir  refusé  d'accepter  la  constitution  républicaine... 
[Mais],  si  l'on  devait  punir  celui  qui  a  déclaré  n'en  pas 
vouloir,  il  eût  été  inutile  de  consulter  personne*  ». 

Survient  le  9  thermidor  (27  juillet).  De  Laval,  partent 
aussitôt  des  adresses  à  la  Convention  ;  municipalité, 
société  populaire  et  comité  révolutionnaire,  tous  applau- 
dissent à  la  chute  des  a  tyrans  de  la  France^  »,  Mais  le 


1.  Quelques-unes  sont  sous  condition,  pour  le  libéré,  de  rester 
à  Laval,  surveillé  par  le  comité. 

2.  Arch.  dép.  May.,Gom.  révol.,  Reg.  des  délib.,  ^as^im,  jus- 
qu'au 9  thermidor. 

3.  Aujourd'hui,  place  du  Palais-de- Justice. 

4.  Arch.  dép.  May.,  L.  192  (Lettre  du  17  prairial  an  II). 

5.  Arch.  mun.  Laval.  Reg.  dël.  cons?  gén.  comm.,  13  thermidor 
au  II.  —  Arch.  dép.  May.,  L.  194,  et  Reg.  de  la  soc.  pop. 


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-  403  - 

gouvernement  révolutionnaire  subsiste,  et  Ton  se  borne 
à  en  adoucir  les  formes.  Une  loi  du  7  fructidor  (24  août) 
supprime  les  comités  révolutionnaires  des  chefs-lieux 
de  canton  au-dessous  de  8.000  âmes^  et  décide  que 
ceux  des  villes  ne  pourront  plus  décerner  de  mandats 
d'arrêt  qu'à  la  majorité  de  sept  membres  (sur  douze).  Du 
9  thermidor  au  20  brumaire  (27  juillet- 10  novembre), 
c'est-à-dire  en  trois  mois  et  demi,  le  comité  de  Laval 
décrète  d'arrestation  seulement  trente-cinq  suspects,  et 
il  en  relâche  deux  cent  quarante^.  Les  libérés  dont  le 
civisme  n'est  pas  sûr  sont  confiés  à  des  «  patriotes  »  qui 
déclarent  en  répondre,  et  promettent  de  les  «c  instruire 
dans  les  principes  républicains  ».  Charault,  tanneur  de 
Laval,  demande  l'élargissement  de  Joseph  Dubillau  ;  la 
municipalité  l'accorde  (i5  fructidor),  «  considérant  que 
le  patriotisme  du  citoyen  Charault  servira  à  effacer  au 
cœur  dudit  Dubillau  les  principes  anticiviques  dont  il 
aurait  pu  être  infecté  par  les  brigands  de  la  Vendée  ^  i>. 
A  partir  du  9  thermidor,  domine  cette  tendance  à 
propager  par  la  persuasion  la  foi  républicaine.  De  con- 
cert avec  l'agent  national  et  la  société  populaire,  les 
membres  du  comité  révolutionnaire  de  Laval  vont,  les 
a  décadis  »,  faire  des  «  missions  »  dans  les  campagnes 
pour  instruire  le  peuple,  l'éclairer,  lui  «  prêcher  » 
l'obéissance  aux  lois  ^  Et  l'on  verra  tel  paysan  déclarer 
qu'il  «  fait  abjuration  du  party  dos  brigands^  ». 

111.  Comité  du  25  brumaire  an  III.  —  Cependant  la 
réaction  thermidorienne  s'accentue.  Le  7  vendémiaire 
an  m  (28  septembre),  la  Convention   prescrit  d'épurer 

1.  Le  comité  de  Montsûrs  est  dissous  le  30  thermidor  (17  août). 

2.  Arch.  dép.  May.,  L.,  Com.  révol.,  Reg.  des  délib.,  et  Reg. 
des  arr.  du  distr.,  thermidor  an  H. 

3.  Ârch.  dép.  May.,  L.  192. 

4.  Ibid,,  L.  194,  et  Reg.  des  séances  de  la  soc.  popul.,  thermi- 
dor-fructidor. 

5.  lùid.f  L.  192  (Munie,  du  Bignon,  3  frimaire  an  III). 


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—  404  — 

les  autorités  constituées.  Chargé  de  cette  épuration  dans 
la  Mayenne,  le  représentant  Boursault  (de  Paris)  com- 
mence par  inviter  la  société  populaire  et  les  autorités 
constituées  de  Laval  à  présenter  des  listes  des  candidats 
les  plus  propres  à  occuper  les  places  ».  Il  fait  ses  choix 
diaprés  ces  listes,  et  les  soumet  au  peuple  réuni  dans 
le  temple  de  la  Raison.  Puis,  le  25  brumaire  (15  novem- 
bre 1794),  il  publie  à  Laval  les  arrêtés  de  nomination. 
On  lit  dans  le  préambule  «  que  le  gouvernement  révolu- 
tionnaire peut  seul  nous  conduire  à  raffermissement  de 
la  liberté  et  de  Tégalité  »  ;  mais  que,  «  si  la  terreur  a 
été  à  Tordre  du  jour,  il  n'y  a  plus  aujourd'hui  que  les 
vertus  de  l'humanité  ». 

Vainement  le  comité  du  12  germinal  a  quelquefois 
montré  de  la  modération  ;  comme  il  rappelle  une  période 
exécrée,  il  disparait  tout  entier  \  pour  faire  place  à  de 
nouveaux  membres  ;  Heude,  Hamon,  Hayer,  Giranlt, 
marchands  ;  Ringuet,  Mermond,  anciens  officiers  muni- 
cipaux ;  Desdet,  Denouault  des  Cormiers,  anciens 
administrateurs  du  département  ou  du  district  ;  Bourdais, 
Duclos,  anciens  juges  au  tribunal  du  district  ;  Millet, 
Bureau,  anciens  commis  ^. 

Si  le  nouveau  comité  fait  encore  incarcérer  des  suspects 
à  la  maison  de  réclusion,  ce  sont,  le  plus  souvent,  des 
religieuses  qui,  ayant  juré,  en  1793,  de  renoncer  «  aux 
anciens  vœux  de  religion  »,  sont  venues  rétracter  leur 
serment  ;  «  il  serait  dangereux,  dit  le   comité,    de  les 


1.  M.  Queruau-Lamerie  (Girond,  de  la  May.,  p.  85,  et  Coup. 
de  la  May,,  p.  62)  dit  que  Boursault,  le  23  brumaire,  supprima, 
à  Laval,  le  comité  révolutionnaire  et  la  commission  militaire.  — 
Ce  n'est  vrai  que  de  la  commission  militaire,  et  Tarrôté  est  du 
25  non  du  23. 

2.  Arch.dép.  May.,L.  Com.rév.,Reg.  desdélib..  25  brumaire  an 
III.  —  Conformément  à  la  loi  du  7  fructidor  an  II,  six  membres 
du  comité  furent  renouvelés,  le  30  pluviôse  an  III,  par  la  voie  du 
sort,  savoir  :  Denouault  des  Cormiers,  Girault,  Mermond,  Bureau, 
Ringuet,  Hamon  ;  que  remplacèrent  Morin,  Fauveau,  Ijochard, 
Baudoin,  Genty  et  Moreau-Duboulay  (Ibid.), 


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-  4Ô5  - 

laisser  dans  la  société  »,  où  elles  pourraient  «  perver- 
tir les  âmes  faibles*»  par  leurs  «  opinions  fanatiques  ». 
Mais  beaucoup  plus  nombreuses  sont  les  levées  d'écrou. 
Le  14  nivôse  (3  janvier  1795),  un  arrêté  des  représen- 
tants Guezno   et  Guermeur  (du  Finistère)  a  prescrit 
d'achever  Texécution  des  lois  des  21  messidor  et  7  fruc- 
tidor (9  juillet  et  24  aoit  1794)   sur  la  mise  en  liberté 
des  laboureurs  et  ouvriers  ne  vivant  que  de  leur  paye 
journalière  :  le  comité  de  Laval  obéit  presque  aussitôt 
(20  janvier),  car  «  il  s'empressera  toujours  de  voiler  au 
secours  des  malheureux,  [en  appliquant]  les  lois  de  bien- 
faisance pour   l'humanité   ».    D'autres   sont   relâchés, 
parce  qu'ils  n'ont  pas  (c  tous  les  moyens  possibles  de  se 
procurer  le  bois  et  les  aliments  de  première  nécessité, 
qui  n'arrivent  à  Laval  qu'avec  bien  de  la  peine  »,  et  que 
(t  l'humanité  souffre  d'avoir  ses  subsistances  rares  '  ». 
Divers  symptômes  trahissent,  à  Laval,  la  disparition 
progressive  du  régime  terroriste.  Le  2  brumaire  an  III 
(23  octobre  1794),  le  «  conseil  général  de  la  commune  » 
a  décidé  qu'il  n'y   aurait  plus,  à  la  prison  du  chftteau, 
a  qu'un  seul  et  unique   concierge,   sans    guichetier  ». 
Le  l**"  nivôse  (21  décembre),  il  arrête  que,  sur  la  place 
de  la  Révolution,  où  «  l'échafaud  de  la  guillotine  était 
dressé  »,  on  relèvera  et  nivellera,  v  le  plus  tôt  possible  », 
le  pavé  du  ruisseau  aménagé  <c  pour  faciliter   l'écoule- 
ment du  sang^  ». 

  la  Convention,  où  les  Girondins  ont  été  rappelés 
(8  décembre  1794  et  8  mars  1795),  dominent  maintenant 
les  idées  de  clémence.  En  son  nom,  dès  le  25  brumaire 
(15  novembre  1794),  Boursault  a  déclaré  pardonner 
«  à  tous  les  individus  égarés  »  qui  reviendraient  «  de 
leu^  erreur  ».    Le  12  frimaire  (2  décembre),  a  été  votée 

1.  Arch.  dép.  May.,  L.  192  et  Com.  rév.,  Reg.  des  délib. ,  25  bru- 
maire à  pluviôse  an  m. 

2.  Arch.  mun.  Laval,  Reg.  dél.  cens.  gén.  comm.,  aux  dates 
ci-dessus. 

26 


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-4Ô6- 

une  loi  d'ammstie,  étendue,  le  29  nivôse  (18  janyier 
1795),  à  tous  ceux  qui  ont  pris  part  à  la  a  révolte  de 
rOuest^  ». 

Dans  le  district  de  Laval,  cette  amnistie  est  fort  mal 
reçue  des  intéressés.  Les  uns  feignent  d'en  profiter,  et, 
à  peine  nantis  de  leur  carte  de  sûreté,  retournent  tenir 
la  campagne  ;  les  autres  refusent  tout  net  de  déposer 
les  armes  ;  bien  peu  font  leur  soumission.  La  grande 
majorité  continue  de  «  brigander  ».  Des  enquêtes  ont- 
elles  lieu  sur  les  «  meurtres,  vols  et  pillages  commis  »  ? 
Les  victimes,  redoutant  des  représailles,  n'osent  nom- 
mer personne,  ni  donner  le  moindre  éclaircissement. 
Maires  et  agents  nationaux  des  villages  démissionnent 
en  masse,  terrorisés  par  les  menaces  des  chouans, 
menaces  trop  souvent  suivies  d'effet^  (janvier-mars 
1795)3. 

Tel  est  Tétat  intérieur  du  district,  au  moment  où  la 
loi  du  1*^  ventôse  (19  février),  supprimant  les  comités 
révolutionnaires  dans  les  villes  au-dessous  de  50.000 
âmes,  oblige  celui  de  Laval  à  se  dissoudre  (30  ventôse, 
ou  20  mars)  ^.  Quelques  semaines  après,  ce  sont  d'anciens 
membres  des  deux  précédents  comités  que  Ton  désarme 
et  que  Ton  emprisonne  ^,  comme  ayant  «  participé  aux 


1.  Arch.  dép.May.,  L.  192  et Gom.  rév. ,  Reg.des délib.,  5  pluviôse 
an  III. 

2.  De  Parné  (près  Laval),  le  27  nivôse  an  III  :  «  Citoyens..., 
pour  \Si  quatrième  fois  nous  vous  prions  d'accepter  notre  démis- 
sion... On  n*ose  absolument  rien  faire  ni  rien  aire  par  le  danger 
où  Ton  se  trouve  à  toutes  heures  de  perdre  la  vie  ». 

Du  Bignon  (c*'^  de  Meslay).  le  26  pluviôse  an  III  :  «  Vous  nous 
avez  fait  l'honneur  de  nous  nommer  commissaires  pour  nommer 
une  municipalité.  Jean  Lebreton,  [l'un  de  nous] ,  vient  d'être  égorgé 
ces  jours-cy  en  sa  maison...  Nous  n'osons  pas  paraître  en  la 
moindre  fonction  ».  Etc. 

3.  Arch.  dép.  May.,  L.  191  et  Com.  rév.,  Reg.  desdëiib.,  nivôse- 
ventôse  an  III. 

4.  Ibid,,  Com.  rév.,  Reg.  des  déiib.,  à  cette  date. 

5.  En  vertu  delà  loi  du  21  germinal (10  avril),  rendue  à  la  suite 
de  l'insurrection  faubourienne  du  11  germinal  an  III. 


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•   -  40^  - 

borretirs  commises  sous  la  tyrannie  qui  a  précédé  le  d 
thermidor  <  ». 

En  résumé,  du  14  frimaire  an  II  (4  décembre  1793)  an 
30  ventdse  an  III  (20  mars  1795),  trois  comités  révolu- 
tionnaires se  sont  succédé  à  Laval.  Le  premier,  qui  a 
peu  duré,  semble  avoir  été  implacable;  le  troisième, 
constitué  après  le  9  thermidor,  a  eu,  naturellement,  des 
tendances  contraires.  C'est  surtout  le  second  qui  doit 
retenir  notre  attention.  Pendant  sept  mois  et  demi 
(!•'  avril-15  novembre  1794),  il  a  opéré  en  pleine  guerre 
civile,  au  cœur  même  de  la  chouannerie.  Et  pourtant 
(ses  registres  en  font  foi^  il  parait  s'être  rappelé,  de 
temps  à  autre,  qu'il  avait  promis,  a  son  entrée  en  charge, 
«  une  justice  sévère,  mais  impartiale  ».  Faut-il  lui  en 
attribuer  tout  le  mérite  ?  N'oublions  pas  qu'il  était 
soumis  au  contrôle  incessant  des  représentants.  Or, 
François  (de  la  Somme),  qui  l'avait  nommé,  resta  en 
mission  à  Laval  près  de  deux  mois  (du  12  germinal  au 
4  prairial,  1*'  avril- 23  mai  1794),  et  il  était  plutôt  enclin 
à  la  modération  ^.  Nul  doute  que  son  action  s'exerça  en 
ce  sens  sur  le  comité.  Ainsi,  il  lui  a  ordonné  de  viser  les 
passeports  du  citoyen  Frin  de  Cormeray  ^  ;  «  le  comité, 
considérant  que  c'est  le  plus  grand  contre-révolutionnaire 
du  département,....  mais  sachant  aussi  que  son  devoir 
est  d'obéir^  arrête  que  les  passeports  seront  visés  » 
(26  floréal  an  II)  ^  ^  A  François  succède  Laignelot  (de 
Paris),  que  l'on  voit  séjourner  à  Laval  du  6  prairial  au 
21  fructidor  (25  mai -7  septembre  1794).  S'il  ne  fut 
pas  un   ange   de  douceur,  sa  correspondance    prouve 

1.  Arch.  mun.  Laval,  Délib.  du  corps  munie,  30  germinal  an  III. 

2.  AbbéÂngot,  Mém,  épist.,  p.  15.  —A  Mayenne,  en  prairial, 
François  rend  la  liberté  à  de  nombreux  détenus  (Arch.  dép.  May., 
Reg.  de  la  Soc.  pop.  de  May. ,  fP  90  et  sqq). 

3.  Frin  de  Cormeray,  receveur  particulier  de  l'élection,  puis 
du  district  de  Laval,  fut  arrêté  en  1794  comme  fédéraliste.  Relâché, 
il  devint,  sous  le  Directoire,  receveur  général  du  département 
(Abbé  Angot,  Mém.  épist.,  p.  84,  n.  2). 

4.  Arch.  dép.  May.,  Reg.  délib.  Com.  Révol.,  à  cette  date. 


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néanmoins  qu'il  se  faisait  très  exactement  rendre  compte, 
par  le  comité,  des  motifs  d'incarcération  de  tel  ou  tel 
détenue  Et  c- est  au  cours  de  sa  mission  à  Laval  que  le 
comité,  du  1*'  juin  au  27  juillet,  mit  en  liberté  plus  de 
cent  personnes  ^. 

Ainsi  semble  se  vérifier,  pour  la  Mayenne,  ce  que 
M.  Aulard  observe  en  général,  des  représentants  en 
mission  dans  les  départements.  «  Leur  approche,  dit-il, 
n'excite  ni  la  terreur  ni  la  haine....  La  bourgeoisie  voit 
en  eux  des  défenseurs  contre  les  excès  des  comités 
révolutionnaires  et  des  diverses  tyrannies  locales^.  » 

A.  Galland. 

1.  Ibid.,  h.  192. 

2.  V.  suprâ.  XKX^ii 

3.  Revue  de  la  Révolution  française,  t.  JBrS;  p.  498. 


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LE  CHATEAU  DU  COUDRAY 

ET  LES 

CHATELLENIES  DE  CHEMERÉ 
ET  DE  SAINT-DENIS-DU-MAINE 


VI 

Françoise  de  Quatrebarbes^  dame  de  Saint'DeniS'dU' 
Maine^  opère  sur  François  Coustard^  sieur  de  Sou^ 
vri^  le  retrait  féodal  de  la  terre  du  Coudray.  Les 
Guillaud  de  la  Motte. 


Sous  Fancien  régime^  chaque  fois  qu'une  terre  noble 
passait,  par  suite  d'une  vente,  à  un  nouveau  proprié- 
taire, le  seigneur  dont  relevait  la  terre  vendue  avait  le 
droit  de  la  reprendre  sur  Tacbeteur  en  remboursant,  il 
est  vrai,  à  ce  dernier  le  prix  qu'elle  lui  avait  coûté. 
C'était  ce  qu'on  appelait  exercer  le  retrait  féodal. 

Or  Françoise  de  Quatrebarbes,  veuve  de  messire 
Eléonor-Clément  Guillaud,  vivant  chevalier,  comte  de 
la  Motte,  en  Bourbonnais,  alors  dame  de  la  chftiellenie 
de  Saint'Dénis-du-Maine  ^   avait  résolu  d'user  de  ce 


1.  Pour  l'histoire  de  la  châtellenie  de  Saint*  Denis-du-Maine. 
avant  sa  réunion  à  la  terre  du  Goudray,  nous  renvoyons  le  lec- 
teur à  un  chapitre  spécial,  relatif  à  cette  châtellenie,  qui  trouf  era 
place  à  la  fin  de  notre  étude. 


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-  410  — 

droit.  N'ayant  jusque-là  sur  le  territoire  de  sa  chàtelle- 
nie,  où  elle  aimait  à  faire  des  séjours  prolongés,  d'au- 
tre résidence  que  Tancien  manoir  de  la  Motte*,  elle 
s'était  dit  sans  doute  que  le  château  du  Coudray  lui 
offrirait  une  demeure  plus  digue  d'elle,  et  elle  n'atten- 
dait que  le  moment  favorable  pour  en  opérer  le  retrait. 
Ce  moment,  est-il  besoin  de  l'ajouter  ?  devait  être  celui 
où  le  sieur  de  Souvré  viendrait,  comme  il  y  était  obligé, 
lui  faire  offre  de  foy  et  hommage.  Mais  ce  dernier  ne 
pouvait  s'acquitter  de  son  devoir  féodal  envers  la  suze- 
raine tant  que  celle-ci,  qui  demeurait  a  ordinairement  à 
Moulins,  en  Bourbonnais,  paroisse  d'Izeux  »,  serait  ab- 
sente du  pays. 

Enfin  le  23  novembre  1717,  ayant  appris  l'arrivée  de 
la  comtesse  delà  Motte  à  Saint-Denis-du-Maine,  Fran- 
çois Coustard,  «  écuyer,  sieur  de  Souvré,  maître  des 
eaux  et  forêts  et  capitaine  des  chasses  du  comté-pairie 
de  Laval,  y  demeurant,  paroisse  de  Saint- Yénérand  », 
se  transporta,  accompagné  de  Jacques  Nupieds,  «  no- 
taire et  tabellion  royal  résidant  à  Laval  »,  et  de  plusieurs 
témoins,  «  au  lieu  seigneurial  de  la  Motte,  situé  paroisse 
de  Saint-Denis-du-Maine  »,  pour  y  trouver  a  Madame 
propriétaire  du  fief  et  de  la  seigneurie  de  Saint -Denis^du- 
Maine,  pour  lui  faire  l'exhibition  du  décret  d'adjudica- 
tion qui  lui  a  été  fait  de  la  terre  du  Coudray...  et  pour 
lui  faire  acte  de  foy  et  hommage  en  tant  et  pour  tant 
qu'il  y  en  a  de  sad.  terre  qui  relève  desd.  fiefs  de  Saint- 
Denis-du-Maine,  et  faire  les  soubmissions  en  tel  cas 


1.  La  Motte,  aujourd'hui  simple  ferme,  à  peu  de  distance  du 
bourg  de  Saint-Denis-du-Maine  et  près  de  la  route  qui  mène  de 
ce  bouTff  à  la  Cropte,  à  droite.  L^ancien  manoir,  oui  sert  actuel- 
lement a  loger  le  fermier,  est  encore  reconnaissabie,  tant  à  l'in- 
térieur qu'à  l'extérieur,  grâce  à  quelques  intéressants  détails 
d'architecture.  Mais  ce  qu'il  y  a  peut-être  dj  plus  remarquable  à 
la  Motte,  c'est  la  vieille  motte  féodale  qui  s'élève  toujours,  entou- 
rée de  fossés  profonds,  non  loin  des  bâtiments,  derrière  la  cour, 
du  côté  opposé  à  la  route.  Enfin  les  douves  qui  entouraient  le 
manoir  et  ses  dépendances  n'ont  été  ((u'en  partie  comblées  et  il 
est  encore  facile  d'en  distinguer  le  circuit. 


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—  411  — 

requises,  lui  payer  les  devoirs  et  les  ventes  selon  la'^cou- 
tume,  »  etc.  Arrivé  devant  le  manoir,  il  frappe  «  par  trois 
fois  à  la  porte  de  lad.  maison  »,  et  appelle  «  par  trois 
fois  Madame  ».  Il  ne  voit  paraître  «  que  Anne  Fournier, 
femme  de  René  Brillet,  colon,  y  demeurant  »,  laquelle 
lui  répond  a  que  Madame  Françoise  de  Quatrebarbes, 
comtesse  de  la  Motte,  propriétaire  de  lad.  terre,  fief  et 
seigneurie  de  Saint-Denis-du-Maine  v,  est  «  en  la  maison 
presbytérale  de  Saint-Denis-da-Maine  ».  François  de 
Souvré  et  ses  compagnons  s^y  transportent  aussitôt,  et 
ils  y  trouvent  (c  Mad.  dame  de  Quatrebarbes  »,  qui  leur 
déclare  <c  qu'elle  ne  vouloit  point  aller  aud.  lieu  de  la 
Motte  ».  Le  sieur  de  Souvré  lui  exhibe  alors  «  la  grosse 
originale  en  bonne  et  due  forme,  signée  et  scellée,  dud. 
décret  d'adjudication  »,  puis  il  offre  de  «  faire  à  lad. 
dame  la  foy  et  hommage  ou  les  foys  et  hommages  et  les 
obéissances  telles  qu'elles  sont  dues  à  lad.  seigneurie 
de  Saint-Denis-du-Maine  pour  sad.  terre  du  Coudray, 
en  ce  qui  en  relève,.,  même  payer  les  rentes  seigneu- 
riales et  féodales  et  autres  devoirs  tels  qu'ils  sont  dus, 
payer  en  outre  les  ventes  suivant  la  coutume  »,  etc.  Mais, 
au  lieu  d'accepter  ces  offres,  Françoise  de  Quatrebarbes 
se  contente  de  répondre  «  qu'elle  a  un  an  pour  délibé- 
rer sur  lad.  exhibition  »  et  se  refuse  absolument  à.«  dire 
autres  choses  »  ^ 

Ainsi  la  dame  de  Saint-Denis-du-Maine,  tout  en  ayant 
évidemment  déjà  l'idée  arrêtée  dans  son  esprit  d'opérer 
le  retrait  féodal  de  la  terre  du  Coudray,  avait  voulu 
mettre  à  profit,  avant  de  donner  au  sieur  de  Souvré  une 
réponse  définitive,  le  délai  que  la  coutume  lui  accor- 
dait. Elle  n'attendit  pas  toutefois  que  l'année  fût  révo- 
lue. Le  8  juin   1718,  après    avoir  déclaré  à  Pierre  du 

1.  Arch.  duch.  du  Coudfay,  dossier  relatif  au  retrait  féodal 
opéré  par  Françoise  de  Quatrebarbes  sur  François  Coustard  ; 
c  est  dans  ce  dossier,  egoutons-le  tout  de  suite,  que  nous  avons 
pris  tous  les  documents  utilisés  par  nous  daos  les  pages  sui- 
vantes. 


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—  412  - 

Vivier,  «  conseiller  du  Roi  et  son  procureur  au  grenier  à 
sel  de  Sabléf  sénéchal  des  assises  de  la  chàiellenie  de 
Saint-Denis- du-Maine  »,  qu'elle  se  décidait  au  retrait, 
et  en  vertu  d'un  mandement  décerné  par  celui-ci,  elle  fit 
assigner  «  led.  Coustard  nommément,  en  demande  de  re- 
trait féodal,  à  comparoir  x>  le  28  du  même  mois  «  au  châ- 
teau de  la  Motte,  chef-lieu  de  lad.  châtellenie  de  Saint- 
Denis-du-Maine,  les  pieds  et  assises  y  tenans.  pour  voir 
juger  mad.  dame  de  ce  qu'elle  entendait  retenir  par 
puissance  de  fief  les  héritages  sis  en  la  mouvance  de 
cette  châtellenie  dont  led.  sieur  Coustard  s'était  rendu 
adjudicataire,  ce  faisant  led.  Coustard  condamné  à  con- 
naître lad.  dame  au  retrait  féodal  desd.  biens  »,  etc. 
Et  de  fait  le  28  juin  un  jugement  des  assises  de  la  châ- 
tellenie de  Saint-Denis-du-Maine  ordonna  l'exécution  du 
retrait  en  question,  et  comme  le  sieur  de  Souvré  avait 
fait  appel  de  ce  jugement,  un  autre  jugement  rendu  aux 
mêmes  assises  le  5  juillet  ordonna  cette  fois  l'exé- 
cution du  retrait  nonobstant  appel.  Puis,  quelques  jours 
après,  bien  que  ce  second  jugement  eût  été  suivi  d'un 
nouvel  appel  de  la  partie  adverse,  Gilles  Halgrin,  no- 
taire, agissant  à  la  requête  de  dame  Françoise  de  Qua- 
trebarbes,  se  transporta,  accompagné  de  celle-ci  et  de 
François  Conseil,  «  couvreur  de  maisons  »,  et  de  Jean 
Hirbec,  «  maréchal  »,  demeurants  au  bourg  de  Saint-Denis- 
du-Mainc,  «  en  la  maison  seigneuriale  de  la  terre  du 
Coudray,  pour  prendre  et  appréhender  la  possession  et 
saisine  réelle  et  actuelle  de  lad.  terre,  fiefs  et  seigneurie 
du  Coudray  comprise  au  retrait  féodal  »...  Là,  toujours 
suivi  de  ses  compagnons,  il  entre  «  en  la  salle  dud.  châ- 
teau »  où  se  trouve  «  Antoinette  His,  femme  de  Joseph 
Chevreuil,  chargé  des  affaires  dud.  sieur  de  Souvré  et 
du  gouvernement  de  ea  maison  ».  Gilles  Halgrin  enjoint 
ausjsitôt  à  cette  dernière  «  de  sortir  dehors  et  de  laisser 
la  libre  jouissance  et  possession  desd.  choses  à  lad. 
dame  de  la  Motte  »,  puis  il  prend  possession  et  somme 
led.  sieur  de  Souvré,  en  parlant  à  ladite  His,  de  faire  en- 


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—  413  — 

lever  incessamment  tons  les  meubles  de  cette  maison, 
à  défaut  de  quoi  ladite  dame  les  fera  «  jetter  dehors 
d'icelle  ».  Devant  ces  sommations  Antoinette  Hisse  con- 
tente de  dire  «  n'avoir  rien  à  répondre  et  qu'elle  aver- 
tira led.  sieur  de  Souvré  ».  De  là  le  notaire  et  ceux  qui 
raccompagnent  se  transportent  «  dans  les  jardins  et 
vergers  »  où  Françoise  de  Quatrebarbes  affecte  de  pren- 
dre et  rompre  <c  quelques  branches  d'arbres,  a  Du  reste 
le  jardin  fut  <c  trouvé  en  bon  estât  aussi  bien  que  les 
charmilles  qui  sont  àl'entour  ».  La  formalité  de  la  prise 
de  possession  accomplie  de  la  sorte,  Gilles  Halgrin  se 
hâta  d'en  dresser  le  procès- verbal  qui  fut  v  fait  en  la 
grande  salle  dud.  chasteau  du  Coudray  »  en  la  présence 
des  deux  témoins  amenés  par  lui. 

Cependant  le  différend  qui  s'était  élevé  entre  la  dame 
de  Saint-Denis-du-Maine  et  François  Coustard  était  en 
voie  de  s'arranger.  Une  première  transaction  interve- 
nue entr'eux  le  22  juillet  avait  établi  que  le  sieur  de 
Souvré  reconnaissait  enfin  Françoise  de  Quatrebarbes 
au  retrait  féodal,  et  il  avait  été  convenu  dès  lors  que 
ledit  sieur  recevrait  «  par  les  mains  de  M*  François 
Croissant,  greffier  de  lachàtellenie  de  Saint-Denis -du- 
Maine  et  consignataire,  la  somme  de  45.000  livres  offerte 
par  lad.  dame  lors  du  jugement  de  reconnaissance  dud. 
retrait  ».  Par  une  autre  transaction  faite  à  Laval  le 
27  du  même  mois,  François  Coustard  se  désista  de  ses 
oppositions  aux  deux  jugements  rendus  le  26  juin  et  le 
4  juillet  aux  assises  de  la  chàtellenie,  et  du  consente- 
ment  des  parties  il  fut  arrêté  que  la  reconnaissnce  du 
retrait  serait  jugea  définitivement  le  surlendemain  à  ces 
mêmes  assises  et  l'exécution  faite  le  5  août  «  à  la  maison 
seigneuriale  de  la  Motte  ».  Il  fut  convenu  en  outre 
que  le  sieur  de  Souvré  recevrait  en  attendant  la  somme 
de  45.000  livres  et  remettrait  entre  les  mains  de  la 
dame  de  Saint-Denis-du-Maine  dans  quinzaine  une  co- 
pie de  l'état  de  ses  «  loyaux  cousts  »,  à  l'effet  de  quoi  le 
sénéchal  des  assises  dud.  Saint-Denis-du-Maine  les  ren- 


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—  414  — 

verrait  devant  M*  Boucault,  «  conseiller  du  Roi,  juge, 
magistrat  au  présidial  d'Angers  »,  accepté  dès  à  présent 
par  les  parties  comme  tiers  arbitre.  Enfin  par  la  même 
transaction,  et  à  Tégard  du  château  de  ladite  terre  du 
Coudray,  Françoise  de  Quatrebarbes  consentait,  a  pour 
faire  plaisir  aud.  sieur  de  Souvré  »,  que  celui-ci  laissât 
ses  meubles  et  grains  jusqu'au  mois  d'octobre  sous  la 
garde  de  Joseph  Chevreuil  et  de  sa  femme  qui  conti- 
nueraient à  résider  aud.  château,  mais,  pendant  ce  délai, 
le  sieur  de  Souvré  devait  de  son  côté  faire  «  vuider 
ce  qui  reste  dans  la  gallerie  du  château  ». 

Conformément  à  cette  transaction,  le  sénéchal  des 
assises  de  Saint-Denis-du-Maine  rendit  le  5  août  une 
nouvelle  sentence  concluant  à  Texécution  du  retrait  ; 
puis  le  26  du  même  mois,  par  acte  passé  devant  M*  Gil- 
les Halgrin,  Françoise  de  Quatrebarbes  et  François 
Coustard  nommèrent,  chacun  pour  leur  part,  trois 
experts  chargés  par  eux,  le  premier,  de  faire  l'estima- 
tion des  justices,  droits  honorifiques  et  utiles  des  sei- 
gpieuries  de  paroisse  et  des  féodalités,  le  second  d'exper- 
tiser les  domaines,  héritages  et  terres  en  dépendants, 
et  le  troisième  de  connaître  s'il  y  avait  des  bestiaux  en 
quantité  suffisante  sur  les  diverses  métairies.  Cette  tri- 
ple expertise  eut  lieu,  en  effet,  dans  le  courant  de  sep- 
tembre ;  mais,  en  ce  qui  concernait  l'estimation  de  la 
terre  du  Coudray,  la  dame  de  Saint-Denis  du-Maine  et 
le  sieur  de  Souvré  se  trouvèrent  encore  une  fois  en  dés- 
accord. Ce  fut  pour  eux  le  cas,  ainsi  que  l'avait  prévu 
la  transaction  du  27  juillet,  de  recourir  à  l'arbitrage  de 
M*  Boucault,  lequel,  par  son  jugemeat  rendu  à  Angers 
le  25  novembre,  nomma  Jacques  Caillou,  «  conseiller  du 
Roi  au  grenier  à  sel  de  Baugé,  notaire  royal  et  arpen- 
teur juré  »,pour  refaire  comme  troisième  expert  l'esti- 
mation de  la  terre  du  Coudray  et  des  héritages  acquis 
par  ledit  sieur  Coustard.  Jacques  Caillou  se  transporta 
donc  le  3  décembre  au  Coudray  accompagné  de  Fran- 
çoise de  Quatrebarbes,  de  François  Coustard  ainsi  que 


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—  415  — 

des  deux  experts  Urbain  Le  Motbeux  et  Jacques  Bourdon 
et  il  se  livra  eu  leur  présence  à  une  nouvelle  expertise. 

Le  procès-verbal  fait  à  cette  occasion  nous  offre  quel- 
ques détails  qui  ne  sont  pas  sans  intérêt.  Car  il  y  est 
successivement  fait  mention  du  «  terrain  au  devant  du 
chasteau  servant  de  pelouze  ou  allée  »,  du  «  patis  à  côté 
où  il  y  a  une  ancienne  grange  en  ruine  »,  du  «  jardin  » 
dans  un  des  côtés  duquel  se  trouve  «  une  allée  de  cbarme  » 
aboutissant  à  «  un  espace  de  terrain  rempli  de  bois  comme 
chênes,  fouteaux  »,  etc.,  «  et  planté  au  hazard  »  ;  dU  une 
pièce  plantée  en  bois  de  haulte  fustaye  qui  dépend  dud. 
chasteau  du  Coudray  estant  située  proche  le  jardin  ». 
Comme  on  le  voit,  les  dehors  du  château  qui  nous  occupe 
n'ont  guère  changé  depuis  le  XVIP  siècle.  Notre  docu- 
ment passe  ensuite  en  revue  les  différentes  métairies 
qui  dépendaient  alors  du  Coudray,  et,  là  aussi,  nous 
rencontrons  çà  et  là  quelques  détails  intéressants.  Voici 
par  exemple,  dans  la  composition  de  la  Couture,  le  «  pré 
situé  au  devant  du  chasteau  à  costé  de  lad.  pelouze,  con- 
tenant deux  hommées  »  ;  voici  encore  «  la  grande  prée 
dud.  lieu  (de  la  Couture)  attenante  aux  fossés  du  chas- 
teau ».  Citons  enfin,  toujours  dans  la  composition  de  la 
même  métairie  :  les  pièces  de  la  Tremblais  et  de  la  Croix 
Fallais.  Les  autres  métairies  énumérées  sont  :  la  Douce, 
le  Plessis,  la  Rivière,  GuinefoUe,  la  Moisinière  et  les 
Touches  en  Saint-Denis-du-Maine  et  dans  la  paroisse  de 
la  Bazouge;  la  Quinterie,  le  moulin  de  Vauveron,  la 
Minotière,  la  Raudière,  le  <c  lieu  seigneurial  de  Chahain  », 
le  moulin  de  la  Bazouge,  «  au-dessous  de  Tétang  de  lad. 
Bazouge  »  ;  enfia  la  <c  maison  appelée  le  four  à  ban  dans 
laquelle  est  le  pallais,  sise  au  bourg  de  Chemeré  ». 

De  môme  que  Festimation  de  la  terre  dn  Coudray  au 
point  de  vue  domanial,  celle  des  fiefs  et  droits  honorifi- 
ques qui  en  dépendaient  semble  avoir  aussi  nécessité 
une  seconde  expertise.  Elle  eut  lieu  le  19  décembre  en 
conséquence  d'un  jugement  rendu  par  M*  François 
BottcaiiU  le  13  du  même  mois.  Françoise  de  Quatrebarbes 


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—  416  — 

et  le  sieur  de  Souvré  se  trouvèrent  ce  jour-là  au  Coùdray, 
accompagnés  chacun  de  leur  expert,  et  on  procéda 
aussitôt  à  la  reconnaissance  des  titres.  François  Coustard 
représenta  a  un  commencement  de  remembrance  des 
assises  des  fiefs  de  la  chàtellenie  de  Chemeré  tenues  en 
1710  par  M*  François  Courte,  sieur  de  Beauvais  »,  et 
déclara  «  n'avoir  aucune  autre  pièce  concernant  lesd. 
féodalités,  attendu  que  les  titres,  papiers  et  remem- 
brances  ne  lui  ont  point  été  remis  et  sont  demeurés  entre 
les  mains  des  parties  saisies  ».  De  son  côté,  la  dame  de 
Saint-Denis-du  Maine  déclara  «  n'avoir  entre  les  mains 
que  les  titres  cy-après  : 

1*  l'aveu  rendu  le  2  août  1415  par  Guy  de  Laval  pour 
raison  des  terres  de  Chemeré-le-Roi,  la  Bazouge  et  de 
Saulge  à  Mgr  le  duc  d'Âlençon  ; 

2^  l'aveu  rendu  par  Robert  des  Rotours,  seigneur  du 
Coudray,  à  demoiselle  Jeanne  de  la  Roussardière,  qui 
était  lors  dame  de  la  terre  de  Saint-Denis-du-Maine,  le 
5  octobre  1573  ; 

3^  l'aveu  rendu  par  frère  Jean  Le  Breton,  prieur  du 
prieuré  de  la  Cropte,  à  Messire  Jean  de  Brée,  seigneur 
de  Fouilloux  et  de  Saint-Denis-du-Maine,  le  21  octobre 
1461,  pour  le  fief  du  prieuré  de  la  Cropte  ; 

4^  l'aveu  rendu  à  Messire  Guyon  de  Brée,  seigneur 
de  Fouilloux  et  de  Saint-Denis-du-Maine,  le  8  juin  1485, 
par  Jean  de  Fallais,  seigneur  du  Coudray,  pour  raison  de 
ladite  terre  du  Coudray  et  closerie  de  la  Doulce  ; 

Et  enfin  plusieurs  expéditions  informes  de  plusieurs 
obéissances  rendues  par  différents  vassaux  par  les  fiefs 
de  Chemeré,  les  Touches  et  Saint-Bertkevin  ». 

Quelques  jours  après,  François  Coustard  eut  à  fournir 
devant  M"*  Boucault,  comme  il  était  stipulé  par  la  transac- 
tion du  27  juillet  précédent,  l'état  de  ses  frais,  loyaux 
coûts  et  déboursés.  Nous  y  relevons  les  passages  suivants 
dont  l'intérêt  n'échappera  pas  au  lecteur  : 

«  Premièrement  pour  le  voyage  du  sieur  de  Souvré  à 
visiter  et  examiner  avec  des  experts  la  terre  du  Coudray 


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-417- 

auparavant  de  s'en  rendre  acy udicaiaire, . . .  pour  le  voyage 
en  la  ville  de  Paris  pendant  trois  semaines... 

«  Prix  des  matières  et  journées  d'ouvriers  employés  à 
faire  les  réfections  sur  la  terre  du  Coudray,...  sur  la 
fuye,..  sur  la  petite  cour  de  la  tour  du  Coudray,..  sur  la 
chapelle,.,  pour  la  couverture  du  chasteau,  pavillon, 
tour,  gallerie,..  pour  les  fenestres  delà  gallerie... 

«  Sur  le  chasteau  pour  trois  poultres  employées  au 
pont-Ievis  du  chasteau,  chascune  de  16  pieds  de  long, 
et  8  poultres  en  carré,.,  carreaux  et  planches  pour  faire 
la  couverture  desd.  poultres... 

«  Pont  du  jardin,...  croisée  de  dessus  la  gallerie, ... 
traverse  et  éguille  de  bois  neuf  pour  refaire  la  charpente 
de  la  tour  à  gauche  en  entrant  dans  la  cour  du  chasteau... 

«  Pour  avoir  par  led.  de  Souvré  repeuplé  de  pigeons  le 
fuye  du  Couldray  où  il  n'y  en  avoit  aucun  lors  de  son 
adjudication,  et  pour  la  nourriture  desd.  pigeons...  » 

Les  premiers  mois  de  Tannée  1719  virent  pourtant  la 
fin  du  grave  différend  qu'avait  soulevé  entre  les  deux 
parties  intéressées  la  question  du  retrait  féodal  de  la 
terre  du  Coudray.  Le  10  février,  M.  Boucault  réunit 
dans  sa  maison  à  Angers,  «  dame  Françoise  de  Quatre- 
barbes,  veuve  de  Messire  Eléonor-Clément  Guillaud, 
chevalier,  comte  de  la  Motte,  lieutenant  du  Roi  en  la 
province  de  Bourbonnais,  et  brigadier  de  ses  armées, 
demeurante  ordinairement  en  la  ville  de  Moulins  en 
Bourbonnais,  et  de  présent  logée  en  l'hostellerye  où 
pend  pour  enseigne  VOurs^  rue  Saint-Aubin,  paroisse  de 
Saint-Michel  de  la  Pallud  »,  d'une  part,  et  de  l'autre 
François  Coustard,  «  écuyer,  seigneur  de  Souvré, 
maître  des  eaux  et  forêts  et  c^itaine  des  chasses  du 
comté-pairie  de  Laval,  demeurant  en  la  ville  de  Laval, 
paroisse  de  Saint-Vénérand  »,  et  là,  devant  M*'  Bardou 
et  Carré,  notaires  royaux  à  Angers,  la  dame  de  Saint- 
Denis-du-Maine  et  le  sieur  de  Souvré,  bien  résolus  cette 
fois  de  terminer  tous  leurs  différends,  se  conformant 
d'ailleurs,  à  «  l'advis  de  M*  Boucault  et  autres  »,  firent 


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-418- 

la  transaction  suivante.  François  Coustard  consei^it  i 
ce  que  les  bestiaux  et  les  semences  restassent  à  Fran- 
çoise de  Quatrebarbes  a  à  la  charge  par  lesd.  parties  de 
deffendre  conjointement  au  procès  pendant  aux  Recpies» 
tes  de  l'Hôtel  à  Paris  ».  Quant  à  la  somme  qui  lui  était 
due  pour  le  retrait,  elle  était  fixée  à  42.184  livres  ;  il 
restait  donc  redevable  de  3.816  livres  qu*il  s'engageait  i 
payer  sur  le  champ.  Il  était  en  outre  stipulé  que  «  lesd. 
parties  se  quitteront  respectivement  de  toutes  prétentions 
et  demandes  à  raison  dud.  retrait,  sauf  à  se  faire  obéir  à 
leurs  risques  et  périls  des  mouvances  et  féodalités  dépen- 
dantes, et  sans  par  icelles  parties  préjudicier  à  leurs 
droits  et  quallités  de  seigneurs  des  fiefs  et  seigpieuries 
qui  leur  appartenoient  au  cas  qu'ils  possèdent  des  hérita- 
ges ou  fiefs  relevant  le^  uns  des  autres,  suivant  les  titres 
qu'ils  se  communiqueront  respectivement  ».  Du  reste  le 
sieur  de  Souvré,  en  signant  cette  transaction,  devait 
remettre  à  la  dame  de  Saint-Denis-du-Maine  une  copie 
de  l'acte  du  1*^  août  précédent  (c  portant  la  décharge 
des  créanciers  à  qui  »  il  «  avoit  emprunté  pour  payer  », 
et  <c  aussi  une  remembrance  du  fief  du  Coudray,  sans 
néanmoins  approuver  led.  sieur  de  Souvré  que  tous  les 
subjects  y  compris  dépendent  de  la  terre  du  Coudray  ». 

Telle  fut  cette  importante  transaction  du  10  février 
1719,  qui  attribua  décidément  à  Françoise  de  Quatre- 
barbes la  possession  définitive  de  la  terre  du  Coudray,  et, 
par  là  même,  fit  de  l'ancien  manoir  des  Sévigné  le  nou- 
veau chef-lieu  de  la  chàtellenie  de  Saint-Denis-du-Maine. 

Par  ses  ancêtres  à  elle,  la  veuve  du  comte  de  la  Motte 
appartenait  à  une  antique  famille  noble  originaire  du  Poitou 
et  établie  en  Anjou  dès  le  XIIP  siècle*.  Elle  descendait  en 
ligne  directe  de  Maurice  de  Quatrebarbes,premier  seigneur 
de  la  Rongère,  qui  vivait  vers  le  milieu  du  XIV*  siècle,  et 


1.  Voir  la  généalogie  manuscrite  de  la  maison  de  Quatrebarbes 
dont  rorig^nal  est  conservé  à  la  bibliothèque  municipale  d'Angers 
•t  dont  une  copie  se  trouve  à  celle  de  Lavai. 


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—  419  — 

elle  avait  pour  quadrisaleol  Guillaume  de  Quatrebarbes, 
seigneur  de  la  Rongère,  la  Roussardière,  Chasnay,  etc., 
qui  avait  acquis  en  1565  de  Lancelot  de  Brée  la  terre  de 
Saint-Denis-du-Maine.  Elle  était  fille  d'Hyacinthe  de 
Quatrebarbes,  un  des  membres  de  cette  ancienne  maison 
qui  ont  le  plus  contribué  à  Tillustrer,  et  à  qui  Saint-Simon 
a  consacré  dans  ses  mémoires  un  article  spécial.  Nommé 
en  1684  chevalier  d'honneur  de  la  duchesse  d'Orléans, 
puis  chevalier  du  Saint-Esprit  en  1688  et  commandeur 
des  ordres  du  Roi,  créé  marquis  de  la  Rongère  et  comte 
de  Saint-Denis-du-Maine,  le  père  de  Françoise  de  Quatre- 
barbes avait  été  «  un  des  plus  beaux  et  des  plus  honnêtes 
hommes  de  la  cour  du  grand  Roi  ».  Marié  en  premières 
noces  à  Françoise  du  Plessis-Châtillon  et  en  secondes  à 
Thérèse  de  Ruellan,  il  avait  eu  de  celle-ci,  outre  un  fils 
Philippe,  mort  jeune,  deux  filles  :  Henriette,  femme  de 
Henri  de  Menou,  seigneur  de  Turbilly  en  Anjou,  et' notre 
Françoise. 

C'est  en  mars  1704  que  cette  dernière  avait  épousé 
Eléonor-Clément  Guillaud,  comte  de  la  Motte.  Les  Guil- 
laud  de  la  Motte  tenaient  un  rang  important  dans  la 
noblesse  du  Bourbonnais.  Sans  être  à  beaucoup  près 
aussi  anciens  que  les  Quatrebarbes*,  ils  avaient  dans 
leur  province,  grâce  à  leur  richesse  territoriale  ainsi 
qu'aux  charges  dont  ils  étaient  revêtus,  une  situation 
considérable.  Fils  de  Charles  Guillaud,  seigneur  de  la 
Motte,  un  des  officiers  généraux  les  plus  valeureux  du 
règne  de  Louis  XI V^,  et  de  Marie-Gabrielle  de  Marmande^ 


1.  Charles  Guillaud  de  la  Motte  avait  obtenu  en  septembre 
1677  du  roi  Louis  XIV,  sur  le  rapport  du  prince  de  Condë,  des 
lettres  de  noblesse  en  forme,  en  recompense  de  trente-six  années 
de  services  militaires. 

2.  D'après  du  Nointet,  Charles  Guillaud  de  la  Motte  ëUût, 
quoique  d'une  naissance  assez  obscure,  d'une  vertu  si  distinguée 
que  S.  M.  le  fit  lieutenant-général  de  son  armée  de  Catalogne, 
et  il  passait  pour  un  des  meilleurs  officiers  de  son  temps.  En 
tous  cas  il  était  en  16S9  colonel  du  régiment  d'Enghien  et  lieu- 
tenant-général des  armées  du  Roi. 


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-420- 

dame  d'honneur  de  la  princesse  de  Condé,  Eléonor- 
Clément  avait,  à  l'exemple  de  son  père,  suivi  avec  dis- 
tinction le  métier  des  armes,  et  était  devenu,  assez  jeune 
encore,  colonel  d'un  régiment  dlnfanterie,  puis  brigadier 
des  armées  du  Roi.  Très  en  faveur,  comme  Tavait  été 
avant  lui  son  père,  auprès  des  princes  de  la  maison  de 
Condé,il  s'était  vu  confier  en  1700)  «  en  considération  de 
ses  services  et  de  ceux  de  son  frère,  i>  la  charge  de  lieu- 
tenant du  Roi  en  Bourbonnais  pour  tout  le  pays  entre 
Loire  et  Allier  avec  le  château  de  Moulins  pour  rési- 
dence \  Enfin  il  possédait  dans  cette  province  plusieurs 
belles  terres  qu'il  avait  héritées  de  ses  parents,  telles 
que  la  Motte^,  Boucé^  et  Jaligny*. 

Il  était  mort  du  reste,  ainsi  que  nous  l'avons  dit  plus 


1.  Arch.  de  TAllier. 

2.  La  Motte,  ancienne  terre  seigneuriale  située  dans  la  com- 
mune de  Thiel,  canton  de  Chevagnes,  arrondissement  de  Moulins 
(Allier).  D'après  l'acte  de  partage  du  8  septembre  1763  relaté  à  la  fin 
du  présent  chapitre,  la  a  terre  et  seigneurie  de  la  Motte  »  consis- 
tait «  en  un  château  tenu  en  fief  de  S    A.  Sérénissime  Mgr  le 

grince  de  Condé  ».  Les  Guillaud  étaient  seigneurs  de  la  Motte 
es  la  fm  du  XVI*  siècle. 

3.  Boucë,  aujourd'hui  commune  du  canton  de  Varennes,  arron- 
dissement de  la  Palisse  (Allier).  D'après  l'acte  de  partage  de 
1763,  la  a  terre  et  seigneurie  de  Boucé  »  consistait  «  en  un  château 
très  ancien  »  ;  elle  appartenait  aux  Guillaud  de  la  Motte  au  moins 
depuis  1689. 

4.  Jaligny,  aujourd'hui  chef-liea  de  canton  du  département  de 
TAllier  et  de  l'arrondissement  de  la  Palisse.  Cette  petite  ville, 
autrefois  entourée  en  partie  de  murailles,  possède  encore,  bien 
que  défiguré  par  une  restauration  moderne,  son  ancien  château, 
grand  corps  de  logis  terminé  â  ses  deux  extrémités  par  deux 
grosses  tours  et  qui  paratt  remonter  au  XV*  siècle.  Possédée 
successivement  depuis  le  XII*  siècle  par  les  seigneurs  du  même 
nom,  les  comtes  de  Glermont  et  dauphins  d'Auvergne,  les  La 
Fayette  et  les  Guiche,  la  terre  de  Jafigny  avait  été  acquise  â  la 
fin  du  XVII*  siècle  par  Gabrielle  de  Marmande,  la  mère  d  Ëléonor- 
Glément  Guillaud  de  la  Motte.  Elle  est  ainsi  décrite  dans  l'acte 
de  partage  de  1763  :  «  la  terre  et  seigneurie  de  Jalligny.  ayant 
haute,  moyenne  et  basse  justice  dans  toute  l'étendue  de  la  ville 
et  paroisse  de  Jalligny  et  de  trois  paroisses  circonvoisines,  avec 
château  très  étendu  et  en  bon  état,  cour,  bassin,  jets  d'eau^ 
jardin  dans  lequel  sont  deux  canaux  et  un  bassin,  pièce  d'eau  qui 
dépend  du  château,  »  etc. 


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l^ut,  dès  Tannée  1718,  et  avait  laissé  de  son  union  ÊLvet 
Françoise  de  Quatrebarbes  trois  fils  en  bas  âge. 

Une  fois  en  possession  de  la  terre  du  Coudray,  la 
comtesse  de  la  Motte  n^eut  sans  doute  rien  de  plus  pressé 
que  d*en  aménager  le  château  de  façon  à  pouvoir  y  résider 
quand  elle  venait  faire  des  séjours  dans  le  Maine.  Un 
de  ses  premiers  soins  dans  cet  ordre  d'idées  fut  de  solli- 
citer de  Mgr  de  Froullay,  alors  évéque  du  Mans,  la 
permission  de  faire  célébrer  la  messe  dans  la  vieille 
chapelle  de  son  nouveau  manoir,  permission  qui  lui  fut 
accordée  on  ces  termes  le  27  septembre  1724  : 

«  Nous  permettons  à  Madame  la  Rongère  de  la  Motte 
de  faire  bénir  la  chapelle  du  Coudray,  paroisse  de  Saint- 
Denis  du-Maine,   ensemble   les  ornements  nécessaire^ 
pour  y  célébrer  la  sainte  Messe  par  le  sieur  curé  de  lad. 
paroisse  qu'à  ce  faire  nous  commettons,  et  attendu  le 
grand  âge  et  Tindisposition  de  lad.  dame,  luy  permettons 
d'y  faire  célébrer  la  messe  tous  les  jours  de  Tannée,  à 
Texception  néanmoins  de  la  quinzaine  de  Pasques,  et  ce 
aux  heures  fixées  par  nos  ordonnances  synodales,  et  de 
Tentendre  avec  sa  femme  de  chambre  seulement,  même 
d'y  recevoir  les  sacrements  d'eucharistie  et  de  pénitence, 
Texhortant  d'envoyer  ses  autres  domestiques  aux  messes 
paroissiales  des  fcstes  et  dimanches  pour  y  recevoir  les 
instructions  nécessaires  pour  leur  salut;  la  présente 
permission  pour  un  an  seulement.  Donné  au  Mans  en 
notre  palais  épiscopal  le  27*  jour  de  septembre  1724. 
Signé:  Froullay,  Ev.  du  Mans  »*. 
Quelques  semaines  après,  Françoise  de  Quatrebarbes 
recevait,  en  sa  qualité  de  dame  de  Saint-Denis-du-Maine, 
Taveu  de  Charlotte  de    Sévigné,  épouse    de  Messire 
Toussaint  Le  Bihan,  chevalier,  seigneur  de  Pennelé,  pour 
le  «  domaine  et  hébergement  de  Vauberger  ».  Elle  y  est 
ainsi  qualifiée  :    «  Haute  et  puissante  dame  Madame 

1.  Arch.  du  'jhàt.  du  Coudray,  original  en  parchemin. 

27 


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^  422  — 

Françoise  de  Quatiiebarbes  de  la .  Rongère,  veuve  et  non 
commune  en  biens  avec  haut  et  puissant  seigneur  Mes- 
sire  Glément-Éléonor  Guillaud,  comte  de  la  Motte, 
seigneur  marquis  de  Jaligny  et  baron  de  Boucé,  lieu- 
tenant pour  le  Roy  en  la  province  de  Bourbonnais  et 
brigadier  de  ses  armées,  dame  delà  chàtelîenie  de  Saint- 
Dënis-du-Maine,  du  Coudray,  et  autres  lieux  annexés  <  ». 
Au  mois  de  novembre  de  la  même  année,  par  acte  sous 
seing  privé  «  fait  au  Coudray  »,  la  comtesse  de  la 
Motte  donnait  à  bail  à  René  Brillet,  «  fermier  du 
domaine  de  la  Motte  »,  à  titre  de  ferme,  «  les  rentes, 
tant  en  bled,  avoyne  que  argent,  poules  et  chapons,  qui 
sont  deues  à  sa  chastellenie  de  Saint-Denis-du>Maine, 
ce  dont  lâd.  dame  de  la  Motte  luy  a  donné  un  censif 
signé  d'elle  »  ;  ledit  bail  fait  pour  l'espace  de  9  années, 
et  moyennant  la  s^omme  annuelle  de  120  livres^. 

La  veuve  d'Eléonor-Clément  Guillaud  de  la  Motte 
ne  dédaignait  pas  de  s'occuper  elle-même  de  l'administra- 
tion de  ses  biens.  Cela  nous  est  attesté  par  une  sorte 
de  fragment  de  livre  de  raison,  écrit  de  sa  main,  qui  se 
troiive  parmi  les  anciens  papiers  de  la  terre  du  Cou- 
dray. Ce  précieux  document,  que  nous  ne  croyons  pas 
pouvoir  nous  dispenser  de  reproduire  ici,  est  surtout  inté- 
ressant pour  nous  à  deux  points  de  vue  :  d'abord  il  nous 
donne  l'état  exact  de  la  fortune  immobilière  de  la  dame 
du  Coudray  et  de  Saint-Denis-du-Maine  ;  puis  il  témoi- 
gne de  ses  légitimes  préoccupations  soit  pour  arrondir 
des  domaines  par  des  acquisitions  opportunes,  soit  pour 
en  assurer  d'avance  l'intégrité  lorsque  ses  trois  fils 
auraient  après  sa  mort  à  se  les  partager.  Le  voici  : 

Etat  de  la  terre  de  Saint-Denis-du-Maine 

Les  rentes  :  cent  livres* 

La  closerie  du  Temple  :  dix  livres. 

1.  Arch.  du  chat,  du  Coudray,  dossier  relatif  à  Vauberger. 

2.  Arch.  du  chat,  du  Coudray. 


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—  423  — 

La  Grillère  :  trois  cents  livres. 

La  Gauterie  :  cent  trente  livres. 

Le  Tertre  :  deux  cent  soixante  et  dix  livres . 

Les  Nos  :  deux  cent  quatre  vingt  dix  livres. 

La  Porchandière  :  cent  cinquante  livres. 

Le  lieu  de  la  Motte  :  cinq  cent  soixante  livres. 

Le  Breil  :  cent  quarante  livres. 

(Total)  deux  mille  cent  trente  livres. 

2.130  livres,  Saint-Denis;  1.700,  le  Coudray. 

Total* de  mon  revenu  du  pays  du  Mayne,  sans  les 
asarts  (sic)  de  fiefs  qui  quelque  fois  ont  un  object,  Tun 
portant  Tostre,  vaut  bien  :  4.000  livres. 

Payé  avec  subrogation  :  trante  sept  mille  livres. 

Ajeté  le  lieu  Vernet  et  le  Bois-Chemin*  :  huit  mille 
trois  cent  livres. 

(En  marge  à  gauche  de  ce  qui  précède)  :  Total, 
soixante  et  un  mille  deux  cent  quinze  livres  ;  je  ne  sais 
pas  en  détail  de  tout  ce  que  j'ay  payé  d'arérage  ;  j'annay 
les  quictances  et  ausy  des  billets  et  gages  de  domesti- 
ques. 

(En  marge  à  droite)  :  Payé  à  la  quit  de  mes  enfants 
depuis  que  je  suis  veuve  ou  aquit  des  fonds  qui  leur 
ait  utile  pour  10.415  livres;  ajeté  à  mon  fils  une  com- 
pagnie :  5.500  livres. 

Etat  de  la  terre  du  Coudray 

La  Couture  :  quatre  cent  quatre  vint-dix  livres  ;  châtre 
(sic)  charoy  de  foin  et  deux  chartée  de  paille  ;  les  réserves 
valent  bien  cinquante  livres. 

La  Moisinière  :  deux  cent  quatre  vingt  livres. 

La  Rivière  :  deux  cent  vint  livres. 

La  Douce  :  cent  trente  et  trois  livres. 

Guinefolle  :  cent  trente  et  trois  livres. 

Le  Plessis  :  deux  cent  vingt  livres. 


1.  Nous  ignorons  où  étaient  situés  ce  'ieu  Vemet  et  ce   Bois- 
chemin  ;  se  trouvaient-ils  au  Bas-Maine  ou  dans  le  Bourbonnais  ? 


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—  ik2i  ~ 

•  Total  :  quinze  cent  vint  et  six  livres,  sans  le  pré  des 
bois,  qui  vaut  50  livres.  Le  tout  fait  1.576  livres,  sans  le 
devant  de  la  maison,  le  petit  bois  et  le  patis  avec  le 
jardin.  Le  tout  fait  près  de  1.700  livres.  Il  y  a  des  rentes  ; 
je  ne  sçay  ce  qu'elles  valent.  J'ay  de  reprise  sur  mes 
enfans  de  mon  bien  de  Beauvais'payé  à  Facquit  de  la 
succession  à  M.  de  Loyère  10.000  livres  ;  à  M.  de  la 
Tour  à  Taquit  de  la  succession  tant  du  fond  de  Beauvais 
que  du  ramboursement  de  mes  contracts  comme  il  parut 
sur  lesdits  contracts  que  j'ay  retiré,  10.000  livres  \  à  M. 
Louis  Desgouttes  comme  il  est  énoncé  sur  son  partage  : 
16.000  livres  ;  aux  dames  Carmélites  à  la  quit  de  M.  de 
la  Motte  :  4.000  livres  ;  le  tout  fait  de  trente  sept  mille 
livres. 

J'ay  ajeté  le  lieu  Vernet  quatre  mille  huit  cent  livres  ; 

le trois  mille  cinq  cent  livres  ;  payé  depuis  que  je 

suis  veuve  pour  achever  de  payer  un  fond  :  500  livres 

A  M.  Devillane  à  la  quit  de  mes  enfants  :  4.000  livres  ; 

A  M.  Deloyère  à  la  quit  de  mes  enfants  :  3.000  livres  ; 

Un  fond  de sans  les  lots:  2.400  livres; 

UnepetiteacquisitiondanslejardindeJaligny:  65  livres; 

Une  autre  dans  le  mesme  jardin  :  125  livres  ; 

Une  petite  partie  dans  la de  Jaligny  sans  les 

intérêts  :  102  livres  ; 

Encore  un  jardin  pour  la  cure  de  Jaligny,  je  ne  sçay  de 
combien  :  100  livres 

A  Boucé  ausy  une  petite  bagatelle  :  24  livres 

(Total)  dix  mille  quatre  cent  quinse  livres. 

«  Il  est  à  opserver  que,  dans  ma  terre  de  Saint-Denis- 
du-Mayne  avec  la  seigneurie  de  la  Motte  qui  est  le  lieu 
principal,  les  loix  donne  à  Téné  les  deux  tiers,  et  Tostre 
tiers  au  cadets  sans  en  avoir  la  propriété,  sans  cela  un 


1.  La  terre  de  Beauvais,  en  Changé  près  Laval,  appartenait 
aux  Quatrebarbes  depuis  le  milieu  du  XVII*  siècle  ;  Françoise 
de  Quatrebarbes  Tavait  eue  par  héritage  de  René  de  Quatrebarbes 
son  cousin  avant  1711  (voir  l'article  Beauvais  dans  ie  Dictionnaire 
de  la  Mayenne  de  M.  l'abbé  Angot). 


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—  425  — 

vol  de  chapon  qui  consiste  au  château  et  les  environs 
du  château.  Je  voudrés  voir  ce  qui  en  doit  revenir  à  mon 
êné  et  dédomager  mes  cadets  sur  Taquisition  du  Goudray, 
leur  donner  un  fends  en  propre  et  non  en  usuiffruit,  et 
que  cette  terre,  sans  estre  partagée,  restât  à  un  de  mes 
cadets  à  Tentier  qui  feret  sur  ces  biens  du  Bourbonnais 
raison  à  son  éné  et  son  autre  frère  de  ce  qui  luy  seret 
légitimement  deu.  Je  ne  cherche  cales  (sic)  egager  tous 
les  trois  et  non  les  mettre  en  discorde.  Je  voudrois  que 
ce  fût  Boucé,  le  second  de  mes  enfans^qui  pût  à  son 
option  avec  son  cadet  avoir  Saint-Denis  et  le  Goudray, 
en  rendant,  cela  s'entant,  sur  ses  autres  biens  à  un  chacun 
ce  qui  luy  peut  revenir  ;  mais  comme  Boucé  n'est  pas 
sy  bien  baty  que  le  Goudray,  ne  faudret-il  pas  quelque 
dédommagement  à  celuy  qui  garderet  Boucé  ? 

«  Il  faut  ausy  pour  les  meubles  voir  à  ordonner  qu'ils 
ne  soient  pas  vendus  que  cy  Têné  veut  garder  ». 

Comme  on  le  voit,  si  la  première  partie  du  document 
que  nous  venons  de  reproduire  est  une  sorte  de  fragment 
de  livre  de  raison,  la  fin  ressemble  plutôt  à  une  dis-^ 
position  testamentaire.  En  écrivant  ces  lignes,  Françoise 
de  Quatrebarbes  sentait  sans  doute  qu'elle  n'avait  plus 
que  peu  de  temps  à  vivre.  Elle  mourut  en  réalité  dans 
les  premiers  jours  de  novembre  1731,  au  château  de 
Moulins  où,  comme  veuve  de  l'ancien  lieutenant  du  Roi 
en  Bourbonnais,  elle  avait  conservé  son  droit  de  rési- 
dence, et  elle  fut  inhumée  le  8  dans  l'église  de  Saint- 
Pierre  des  Ménestrau.K,  comme  l'indique  l'extrait  mor- 
tuaire suivant,  tiré  des  registres  de  baptêmes,  mariages 
et  sépultures  de  cette  paroisse  : 

a  Aujourd'hui  8  novembre  1731  a  été  inhumée  dans 
cette  église  et  dans  sa  sépulture  haute  et  puissante  dame 
madame  Françoise   de  Quatrebarb(>*s    de  la    Rongère, 


1.  Nous  ignorons  quels  étaient  les  prénoms  de  ce  second  fils 
de  Clément-Ëlëonor  Guiltaud  de  la  Motte  et  de  Françoise  de 
Quatrebarbes  ;  la  date  de  sa  mort  nous  est  également  inconnue. 


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—  426  — 

veuve  de  messire  Clément,  comte  de  la  Motte,  brigadier 

des  armées  du  Roi,  collonel  du  régiment  de  la ,  lad. 

dame  décédée  au  château  de  Moulins  de  cette  paroisse, 
après  avoir  reçu  tous  les  sacrements*  ». 

Comme  on  Va  vu  plus  haut,  Françoise  de  Quatrebar- 
bes  laissait  pour  héritiers  trois  fils  qui  se  partagèrent 
sa  succession.  Henry-Eléonor,  Tainé,  eut  naturellement 
en  cette  qualité  les  terres  de  Jaligny  et  de  la  Motte  en 
Bourbonnais  ;  il  avait  d'ailleurs  succédé  à  son  père  dans 
la  charge  du  lieutenant  pour  le  Roi  en  celte  province. 
Quant  aux  deux  cadets,  ils  s'arrangèrent  pour. que  Tun 
d'eux,  Henry-Augustin,  eût,  selon  le  vœu  exprimé  par 
leur  mère,  la  terre  du  Coudray  avec  la  châtellenie  de 
Saint-Denis-du-Maine  dans  leur  intégrité  :  Tautre  eut 
dans  son  lot  Boucé. 

Comme  seigneur  de  la  terre  qui  nous  intéresse,  noua 
voyons  Augustin  Guillaud,  qui  se  qualifiait  chevalier, 
comte  de  la  Motte,  cité  plusieurs  fois  à  partir  de  1733 
dans  les  anciennes  minutes  du  siège  ordinaire  du  comté 
de  Laval.  Ainsi,  cette  année-là,  il  exerçait  une  demande 
en  paiement  de  rente  contre  les  propriétaires  du  lieu  de 
Malpalu  en  Saint-Denis-du-Maine^;  de  même  en  1736, 
il  voulait  empêcher  Etienne  Mary,  sieur  de  la  Rousse- 
lière,  de  chasser  sur  ses  terres  du  Coudray  3;  de  même 
encore,  en  1737,  il  était  en  contestation  avec  René 
Sauvage  au  sujet  du  fief  de  Marpalu*;  enfin  en  1738  il 
faisait  prononcer  une  amende  do  100  livres  contre  le 
sieur  Etienne  Mary,  coupable  d'avoir  «  chassé  avec  chiens 
couchants,  tiré  et  tué  perdrix  et  pigeons  sur  les  liefs 
dud.  seigneur^.  » 

Cependant  le  moment  était  venu  pour  le  seigneur  du 

1.  Bibl.  de  la  ville  de  Moulins,  anciens  rejçistres  paroissiaux, 
reg.  469,  p.  737. 

2.  Arch.  de  la  Mayenne,  B  638. 

3.  Arch.  de  la  Mayenne,  B  819.  Sentence  du  16  décembre  1736. 

4.  Arch.  de  la  Mayenne,  B  659. 

0.  Arch.de  la  Mayenne,  B  280.  Sentence  du  2'i  févri-^r  173S. 


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—  427  — 

Coudray  de  songer  à  prendre  femme,  d'autant  plus,  que 
son  frère  aîné,  marié  sans  doute  depuis  de  longues 
années  déjà,  n'avait  point  d'enfants.  Il  fixa  son  choix 
sur  une  jeune  personne  appartenant  à  une  des  plus 
anciennes  familles  nobles  du  Bas-Maine  et  dont  les 
parents  étaient  presque  ses  voisins  de  campagne,  nous 
voulons  parler  de  Marie-Charlotte-Geneviève  de  Bois- 
jourdan,  v  fille  de  haut  et  puissant  seigneur  Messire 
Claude-Jacques-Séraphin  de  Boisjourdan  et  de  défunte 
haute  et  puissante  dame  Marie  de  Bonnaire,  »  qui  demeu- 
raient au  château  de  Boisjourdan  on  la  paroisse  de 
Bouère.  Augustin  Guillaud  demanda  sa  main  et  fut 
agréé.  Le  mariage  eut  lieu  au  Mans  le  4  mai  1742.  Les 
nouveaux  époux  avaient  reçu  a  la  bénédiction  nuptiale 
dans  la  chapelle  du  palais  épiscopal,  paroisse  de  Saint- 
Ouen  sur  les  Fossés,  des  mains  d'Augustin-Félix  Barin 
de  la  Galissonnière,  prêtre,  licencié  en  droit  civil  et 
canon,  chanoine  et  archidiacre  de  Montfort  dans  Téglise 
du  Mans,  par  permission  spéciale  de  Sa  Grandeur 
(l'évêque),  en  présence  de  Messire  Pierre  le  Chable,  prêtre 
de  rOratoîre,  et  curé  de  lad.  paroisse,  et  aussi  de  haut  et 
et  puissant  seigneur  M"""  Claude-Jacques-Séraphin  de 
Boisjourdan,  père  de  lad.  épouse,  de  haut  et  puissant 
seigneur  M""®  Georges,  comte  de  Montéclair,  demeurant 
en  la  ville  de  Mayenne,  de  M*^"  René  Cyprien  de  Laval- 
Montmorency,  prêtre,  docteur  en  théologie,  chanoine 
prébende,  scholastique  de  Téglise  du  Mans  et  abbé  com- 
mendataire  de  Tabbaye  royale  de  Beaulieu  ;  de  M" 
Jacques-François  Hocquart,  prêtre,  chanoine  prébende  de 
lad.  église  du  Mans,  et  abbé  commendataire  de  Tabbaye 
royale  de  N.-D.  de  Sully  ;  de  M"  Alexande-Paul-Louis- 
François  de  Samson,  chevalier,  seigneur  de  Lorchère, 
de  M"  Marie- René  Urbaiu  de  Guillemeau,  ancien  procu- 
reur du  Roi  au  siège  présidial  et  sénéchaussée  du  Mayne 
au  Mans,  y  demeurant,  et  de  plusieurs  autres  ^  » 

1.  Voir  la  reproduction  de  l'acte  de  mariage  en  question  sur  les 
registres  paroissiaux  de  Saint-Denis-du-Maine  à  sa  date. 


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—  428 

De  cette  union  naquirent  quatre  enfants  : 

!•  Marie-Séraphine,  ondoyée  en  mai  1743  en  Téglise 
Saint-Nicolas  du  Mans  et  baptisée  le  18  mars  de  Tannée 
suivante  a  avec  permission  de  Mgr  Baudin,  vicaire 
général  de  Mgr  Tévéque  du  Mans,  et  du  consentement  de 
M.  le  curé  de  Saint-Denis-du-Maine  »,  dans  la  chapelle 
du  château  du  Coudray  par  le  curé  de  Vaige  ;  elle  eut 
pour  parrain  <x  haut  et  puissant  seigneur  Messire  Jacques 
Claude-Séraphin  de  Boisjourdan  »,  et  pour  marraine  ; 
«r  haute  et  puissante  dame  Marie-Charlotte  de  Montulé, 
épouse  de  haut  et  puissant  seigneur  M***  François,  comte 
de  Montéclerc  maistre  de  camp  de  cavalerie  et  enseigne 
des  gendarmes  1  ». 

2*  Gabriel-Hiérosme-Augustin,  né  le  17  novembre 
1745  au  Coudray  et  baptisé  le  même  jour  en  Téglise  de 
Saint-Denis-du-Maine  ;  il  eut  pour  parrain  :  a  haut  et 
puissant  seigeur  Gabriel-Hiérosme  de  Bullion,  comte 
d*Esclimont,  maréchal  des  camps  et  armées  du  Roy,  pré- 
vost  de  la  ville  et  vicomte  de  Paris  »  ;  et  pour  marraine  : 
«(  haute  et  puissante  dame  Agnès  Rioult  d'Ouvilly,  veuve 
de  haut  et  puissant  seigneur  Etienne  Berthelot  de  Plé- 
neuf,  directeur  général  de  Tartillerie  de  France^». 

3®  Louis-Aloxandrc,  né  probablement  à  Jaligny  en 
1748,  et  décédé  à  Paris  le  24  mars  1754^. 

4*  Louise-Henrielte-Gabrielle  née  probablement  ^à 
Jaligny  en  1747*. 

En  1744,  Henry-Augustin  Guillaud  de  la  Motte  était 
devenu  aine  de  sa  maison  par  suite  du  décès  sans 
enfants  de  son  frère  aîné  Henry-Eléonor^.  Il  avait  donc 

t.  Voir  registre  paroissial  de  Saint-Denis-du-Maine. 
2  Voir  registre  paroissial  de  Saint-Denis-du-Maine. 

3.  Voir  l'acte  de  partage  de  1763. 

4.  Elle  est  dite  ftçée  de  seize  ans  ou  environ  dans  l'acte  de 
partage  du  8  septembre  1763. 

5.  Une  invitation  à  assister  aux  obsèques  de  ce  dernier  se 
trouve  conservée  dans  le  dossier  Guillaud  de  la  Motte  des  P.  O. 
du  Cabinet  des  Titres  de  la  Bibl.  nat.  Ce  billet  de  part  est  ainsi 


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—  429  — 

succédé  à  ce  dernier  dans  les  différentes  terres  pos- 
sédées par  lui  en  Bourbonnais,  telles  qiie  la  Motte, 
Jaligny,  Tréteau,  Boucé,  etc.,  et  aussi  dans  la  charge 
de  lieutenant  pour  le  Roi  en  cette  province,  ce  qui  ne 
Tavait  pas  empêché  de  conserver,  pendant,  quelques 
années  encore,  sa  principale  résidence  au  Coudray.  On 
le  voit  du  reste,  dès  le  mois  de  novembre  1745,  à 
l'occasion  du  baptême  de  son  fils  Gabriel-Hiérosme- 
Augustin,  en  Téglise  de  Saint-Denis-du-Maine,  se  quali- 
fier :  «  haut  et  puissant  seigneur  Henry-Augustin 
Guillaud,  comte  de  la  Motte,  marquis  de  Jaligny,  baron 
de  Boucé,  seigneur  de  Tréteau,  Sorbier,  le  Garry,  Ser- 
vet,  le  Pinzet,  le  Coudray  et  Saint-Denis-du-Maîne,  lieu- 
tenant pour  le  Roy  en  la  province  de  Bourbonnais,  capi- 
taine du  château  de  Moulins  j^K 

Toutefois  le  moment  approchait  où,  par  une  consé- 
quence forcée  du  changement  de  leur  situation,  le  comte 
et  la  comtesse  de  la  Motte  allaient  abandonner  le  Cou- 
dray pour  transférer  leur  résidence  en  Bourbonnais  au 
château  de  Jaligny.  Cet  événement  eut  lieu,  croyons- 
nous,  avant  la  fin  de  Tannée  1746  2. 

Au  commencement  de  janvier  1748,  la  comtesse  de  la 
Motte  était  revenue  faire  un  petit  séjour  dans  notre 
province,  et  elle  se  trouvait  auprès  de  son  père  au 
château  de  Boisjourdan,  quand  elle  y  fut  surprise  par  la 
mort  (le  13  janvier)^. 


conçu  :  «  Vous  êtes  priés  d*assister  aux  convoy,  service  et  enter- 
rement de  haut  et  puissant  seigneur  Henry-Éléonor  Guillaud, 
comte  de  la  Motte,  baron  de  Jaligny,  seigneur  de  Tréteau,  Boucé, 
et  autres  lieux,  lieutenant  pour  le  Roy  de  la  province  de  Bour- 
bonnais, capitaine  du  château  de  Moulins,  chevalier  de  Tordre 
militaire  de  Saint-Louis,  décédé  à  Châteauvieux,  rue  Saint-André- 
des-Arts,  qui  se  feront  mardy  12  may  1744.  sept  heures  précises 
du  matin,  en  Té^tise  de  Saint-Andre-des-Arts,  sa  paroisse,  où  il 
sera  inhumé  0.  Ajoutons  que  l'inventaire  des  meubles  laissés  par 
le  défunt  fut  fait  le  18  du  môme  mois  par  M*  Guérin  et  son  con- 
frère dans  l'hôtel  où  il  était  décédé. 

1.  Voir  reg.  par.  de  8aint-Denis-du-Maine. 

2.  Voir  acte  de  partage  de  1763. 

3.  Voir  acte  de  partage  de  1763. 


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—  430  - 

Des  quatre  enfants  que  Marie-Charlotte-Geneviève 
de  Boisjourdan  avait  donnés  à  Henry-Augustin  Guillaud 
de  la  Motte,  il  n'en  restait  plus  à  cette  époque  que  trois, 
deux  filles  et  un  fils,  Louis-Alexandre,  et  encore  celui-ci 
ne  devait-il  survivre  à  sa  mère  que  de  bien  peu  d'années. 

En  1751,  le  31  décembre,  M®  François  Le  Clerc,  sieur 
du  Moulin,  conseiller  du  roy  et  son  procureur  des 
exempts  par  appel  et  pour  les  cas  royaux,  agissant 
comme  procureur  de  M""®  Henry- Augustin  Guillaud,  che- 
valier, comte  de  la  Motte,  marquis  de  Jaligny,  baron  de 
Boucé,  etc,  lieutenant  pour  le  roy  de  la  province  de 
Bourbonnais,  capitaine  gouverneur  du  château  de  Mou- 
lins, rendit  au  comté  de  Laval  un  aveu  et  dénombrement 
pour  raison  de  la  terre  et  châtellenie  de  Saint-Denis-du- 
Maine. 

Nous  avons  dit  tout  à  Theure  que  Louis-Alexandre 
Guillaud  de  la  Motte,  le  seul  fils  qui  restait  à  Henry- 
Augustin  de  son  union  avec  Marie-Charlotte-Geneviève 
de  Boisjourdan  était  destiné  à  mourir  jeune.  Cet  événe- 
ment arriva  le  24  mars  1754  '.  C'est  alors  sans  doute  que, 
voyant  par  suite  du  décès  de  son  seul  héritier  mâle, 
sa  race  menacée  de  s'éteindre  avec  lui,  le  comte  de  la 
Motte  songea  à  se  remarier  dans  l'espoir  qu'une 
seconde  union  lui  donnerait  le  fils  désiré.  C'est  ainsi 
qu'il  fut  amené  à  contracter  mariage  le  10  juin  1758, 
devant  les  notaires  au  Châtelet  de  Paris,  avec  «  demoi- 
selle Marie-Madeleine  Tcxier  d'Hautefeuille,  fille  majeure 
de  haut  et  puissant  soigneur  Jacques-Etienne-Louis 
Texier,  chevalier,  comte  d'Hautefeuille,  seigneur  dud. 
lieu,  Charny,  Malicorne,  Saint-Martin-sur-Rouaine,  la 
Motte-aux-Auvets  et  autres  lieux,  et  de  haute  et  puissante 
dame  Marie-Catherine  de  Sorel,  son  épouse  ».  La  future 
était  la  cousine  d'un  célèbre  prélat  de  l'époque  qui  inter- 
vint comme  donateur  au  contrat  de  mariage  et  prêta  son 
hfttel  de  la  rue  de  Grenelle  pour  servir  de  lieu  de  réunion 

1.  Voir  acte  de  partage  de  1763. 


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—  431  — 

aux  membres  des  deux  familles  assemblées  pour  donner 
leurs  signatures.  \,e  prélat  en  question,  qui  devait  quel- 
ques années  après  faire  partie  de  TAcadémie  française, 
était  «  illustrissime  et  révérendissime  seigneur  Monsei- 
gneur Louis-Séraphin  de  Vauréal,  évêque  de  Rennes, 
ambassadeur  extraordinaire  de  France  à  la  cour  d^Es- 
pagne,  grand  d'Espagne  de  la  première  classe,  grand 
maistre  de  la  chapelle  et  musique  de  S.  M.,  comte  de 
Belval,  seigneur  de  Chastelier,  Charmenton-le-Roy, 
Basoche  et  autres  lieux,  abbé  commendataire  des  abbayes 
de  Jouy,  Molesne  et  Saint- Aubin  d'Angers,  demeurant 
ordinairement  en  son  palais  épiscopal  de  Rennes,  et  à 
présent  à  Paris  en  son  hostel  rue  de  Grenelle,  quartier 
Saint- Germain-des-Prés,  paroisse  Saint-Sulpice  ». 

Quant  aux  autres  personnages  qui  honorèrent  de  leur 
présence  la  lecture  du  contrat,  c'étaient  :  «  Très  haut  et 
très  puissant  seigneur  Messire  François,  comte  de 
Fouilleuse,  marquis  de  Flavacourt,  lieutenant  de  Roy  de 
Normandie,  grand  bailli  de  Gisors,  maréchal  des  camps 
et  armées  du  Roy,  cousin  germain  paternel  de'  lad. 
demoiselle  future  épouse,  et  haute  et  puissante  dame 
Hortence-Folicité  de  Mailly,  son  épouse  »  ;  «  haute  et 
puissante  dame  Marie-Catherine  Aubert,  veuve  de 
haut  et  puissant  seigneur  M*^®  Louis-François  Rouxel  de 
Médavy,  comte  de  Grancey,  chef  d'escadre  des  armées 
navales  de  S.  M.,  cousine  issue  de  germain  maternelle  à 
cause  dud.  seigneur  son  mary  »  ;  «  très  haut,  très 
puissant  et  très  excellent  seigneur  monseigneur  frère 
Louis-Gabriel,  bailly  de  Froulay,  chevalier  profès  grand 
croix,  cy-devant  deux  fois  capitaine  général  en  mer  de 
rOrdre  Saint- Jean-de- Jérusalem,  commandeur. des  com- 
manderies  des  Ormereux,  Nancy  et  Nantes,  ambassadeur 
extraordinaire  de  l'Ordre  de  Malthe  près  le  Roy,  cousin 
issu  de  germain  maternel  de  lad.  future  épouse  »  ; 
«  haute  et  puissante  dame  Madelaine-Geneviève  de 
Sainte-Hermine,  épouse  de  haut  et  puissant  seigneur 
Joseph,  marquis  d'Aligre,  colonel  de  cavalerie,  cousine 


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—  432  — 

issue  de  germain  maternelle  de  lad.  future  épouse  »  ; 
a  haute  et  puissante  dame  Marie-Françoise  de  Lionne, 
veuve  de  haut  et  puissant  seigneur  Louis-Gaston,  mar- 
quis de  Crèvecœur,  cousine  issue  de  germain  maternelle 
de  lad.  future  épouse  »  ;  <r  haute  et  puissante  dame 
Pauline  Colbert,  veuve  de  haut  et  puissant  seigneur  Louis 
du  PlessisChastillon,  marquis  du  Plessis-Chastillon,  de 
Saint-Gelais,  de  Nouant  et  autres  lieux,  cousine  issue  de 
germain  paternelle  dudit  seigneur  futur  époux  à  cause 
du  seigneur  son  mary  »  ;  a  haute  et  puissante  dame 
Marie-Félicité  du  Plessis-Chastillon,  veuve  de  haut  et 
puissant  seigneur  François-Antoine,  comte  de  Chabannes, 
lieutenant-général  des  armées  du  Roy,  grand  croix  de 
rOrdre  royal  et  militaire  de  Saint-Louis,  cousine  issue 
de  germain  paternelle  dud.  seigneur  futur  époux  n  ;  a  très 
haute  et  très  puissante  dame  Marie-Claude  de  Hérin, 
veuve  de  très  haut  et  très  puissant  seigneur  Louis- 
César  de  Crémaux,  marquis  d'Entragues,  mestre  de 
camp  de  dragons,  cousine  issue  de  germain  paternelle 
dud.  seigneur  futur  époux  à  cause  dud.  seigneur  son 
époux  »  ;  «  haut  et  puissant  seigneur  César,  marquis 
d'Entragues,  guidon  des  gendariues  delà  garde  du  Roy, 
cousin  issu  de  germain  paternel  dud.  seigneur  futur 
époux  »  ;  «  dame  Anne-Rose  Le  Conte  de  Nouant  de 
Pierrecourt,  épouse  de  messire  Pierre  de  la  Chaussade, 
secrétaire  du  Roy,  maison,  couronne  de  France  et  de  ses 
finances,  cousine  issue  de  germain  maternelle  dud. 
seigneur  futur  époux  à  cause  dud.  seigneur  son  mary  »  ; 
messire  Louis-Bernard  Le  Conte  de  Nouant,  chevalier, 
marquis  de  Pierrecourt,  cousin  issu  de  germain  paternel 
dud.  seigneur  futur  époux  d  ;  «  messire  Hyacinthe-René 
de  Quatrebarbes,  seigneur  d'Argenton  et  autres  lieux, 
et  dame  Marie-Anne  de  Bonnaire  son  épouse,  cousin  et 
cousine  maternels  dud.  seigneur  futur  époux  »  ;  «  messire 
Jérosme  d'Argouges,  chevalier,  seigneur  de  Fleury-la- 
Forteresse  et  autres  lieux,  conseiller  du  Roy  en  son 
conseil  et  maistre  des  requestes  honoraire  de  son  hôtel, 


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-433- 

lieutenant  civil  de  Paris,  et  dame  Marie- Françoise 
d*Argouges,  fille  majeure,  amis; ...  haute  et  puissante 
dame  Jeanne-Marie  du  Plessis-Chastillon,  veuve  de 
haut  et  puissant  seigneur  Philippes-Charles  d'Estampes, 
brigadier  des  armées  du  Roy  et  capitaine  des  gardes  de 
feu  Monsieur  le  Régent,  amie  »,  etc. 

Telle  était  la  brillante  assistance  qui  le  10  juin  1758 
s'était  donné  rendez- vous  dans  Thôtel  de  Tévéque  de 
Rennes  àroccasiondu  prochain  mariage  de  la  cousine 
de  ce  dernier  avec  «  haut  et  puissant  seigneur  Henry- 
Augustin  Guillaud,  chevalier,  comte  de  la  Motte,  mar- 
quis de  Jaligny,  baron  de  Boucé  et  de  Saint  Denis-du- 
Maine,  seigneur  de  Tréteaux,  Serbie,  Serve,  le  Parc  de 
Chavagne,  Luzay  et  le  Coudray,  lieutenant  de  Roy  de 
la  province  de  Bourbonnais,  capitaine  gouverneur  du 
chasteau  de  Moulins,  veuf  de  haute  et  puissante  dame 
Marie-Charlotte-Geneviève  de  Boisjourdan,  son  épouse, 
demeurant  en  sou  chasteau  de  Jaligny,  province  de  Bour- 
bonnais, et  à  Paris  en  son  hostel  rue  du  Foin,  paroisse 
Saint-Paul.  »  Voici  maintenant,  d'après  les  principales 
clauses  et  conditions  de  leur  contrat,  quelle  devait  être, 
l'un  vis-à-vis  de  l'autre,  la  situation  respective  des  nou- 
veaux époux.  D'abord,  ils  ne  devaient  point  être  com- 
muns en  biens.  Puis  la  comtesse  d'Hautefeuille  donnait 
à  sa  fille  «  en  advancement  de  sa  succession  »,  la  somme 
de  40.000  livres  ;  «  comme  aussy,  en  faveur  dud.  ma- 
riage, mondit  seigneur  évéque  de  Rennes  »  donnait  «  à 
lad.  future  épouse,  sa  cousine,  la  somme  deSO.OOO  livres.  » 
De  son  côté,  «  led.  seigneur  futur  époux  »  donnait  <c  à 
lad.  demoiselle  future  épouse  6.000  livres  de  rente  par 
chacun  an  de  douaire  préfix  »  et  en  outre  de  ce  douaire, 
«  lad.  future  épouse  »  en  cas  de  «  viduité  »,  devait 
avoir  a  son  habitation  dans  tel  des  châteaux  qui  se  trou* 
veront  appartenir  aud.  seigneur  futur  époux  qu'elle  vou- 
dra choisir,  meublé  comme  il  se  trouvera,  avec  l'usage 
des  jardins,  ou  la  somme  de  600  livres  par  chacun  an 
pour  lui  tenir  lieu  de  lad.  habitation  à  son  choix  ».  Enfin, 


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—  434  — 

comme  le  comte  de  la  Motte  désirait  a  conserver  ses 
biens  dans  sa  famille  »,  il  assurait  d^ avance  par  son  con- 
trat de  mariage  a  à  celuy  des  enfants  masles  qui  naî- 
tront dud.  mariage  qu'il  voudra  nommer,  et,  à  défaut  de 
nomination,  à  Tainé  desd.  enfants  masles,  sad.  terre  et 
seigneurie  de  Jaligny,  droits,  appartenances,  circon- 
stances et  dépendances,  scituéesen  Bourbonnais  »  ^ 

Comme  on  le  voit  par  cette  dernière  disposition,  le 
dernier  représentant  des  Guillaud  de  la  Motte  comp- 
tait bien  que  le  second  mariage  lui  donnerait  un  ou  plu- 
sieurs héritiers  de  son  nom.  Vain  espoir!  Le 3  mars  1762 
il  mourait  en  son  château  de  Jaligny  ^  sans  laisser  d'en- 
fant de  son  union  avec  Marie-Madeleine  Texier  d'Hau- 
tefeuille^. 

Ainsi  les  deux  filles  que  le  comte  de  la  Motte  avait 
eues  de  son  premier  mariage,  Marie-Séraphine  et  Hen- 
riette-Gabrielle,  restaient  seules  pour  se  partager  sa 
riche  succession.  Elles  étaient  alors  âgées,  la  première, 
de  dix-huit  ans  et  demi,  et  la  seconde  de  quatorze  ans 
et  demi  ou  environ.  Emancipées  dès  le  27  février  pré- 
cédent, quelques  jours  par  conséquent  avant  la  mort  de 
leur  père,  par  lettres  obtenues  en  la  chancellerie  du  Pa- 
lais à  Paris,  elles  avaient  alors  pour  curateur  a  Messire 
Pierre  Charles  de  Bonnaire,  chevalier,  seigneur  de 
Marcé,  Forges  et  autres  lieux,  conseiller  du  Roy  en  son 
grand  conseil  »,  chez  qui  elles  étaient  logées^. 

Un  des  premiers  actes  qui  s'imposaient  aux  deux  jeunes 
héritières,  agissant  sous  Tautorité  de  leur  curateur, 
était  de  faire  inventorier,  partout  où  ils    pouvaient  se 

1.  Arch.  nat.,  Y  68,  fo  47  et  suiv. 

2.  Voir  acte  de  partage  de  1763. 

3.  La  comtesse  de  la  Motte  survécut  pendant  de  longues  années 
à  son  mari  ;  elle  vivait  encore  en  1806. 

4.  Tous  les  détails  qui  précèdent  sont  tirés  de  l'inventaire  fait 
au  Coudray  le  3  mai  1762  par  M»  Chatizel,  notaire  à  Laval,  inven- 
taire dont  nous  avons  pu  avoir  autrefois  communication  grâce  à 
l'obligeance  de  M^  Fontaine,  alors  président  de  la  chambre  des 
notaires  de  cette  ville. 


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-  435  — 

trouver,  tous  les  «  meubles,  effets,  titres  et  papiers  dé- 
pendant de  la  succession  »  du  défunt.  Aussi,  en  ce  qui 
concernait  la  terre  du  Coudray  et  de  Saint-Denis-du- 
Maine  * ,  donnèrent-elles  procuration  sans  retard  et  dès  le 
21  avril  par  acte  passé  devant  les  notaires  du  Chàtelet 
de  Paris  à  un  de  leurs  parents  du  côté  paternel,  «  Mes- 
sire  Hyacinthe-René  de  Quatrebarbes,  chevalier,  sei- 
gneur d'Argenton  et  autres  lieux,  demeurant  en  la  ville 
de  Château-Gontier  »,  pour  faire  faire  en  leur  nom  in- 
ventaire au  Coudray  et  les  représenter  en  cette  circon- 
stance. Le  seigneur  d'Argenton  se  rendit  donc  le  3  mai  au 
manoir  en  question,  après  y  avoir  donné  rendez-vous  à 
M'  Pierre  Ghatizel,  notaire  royal  à  LavaK  et  il  fut  aus- 
sitôt procédé  à  la  visite  du  mobilier.  Nous  ne  reprodui- 
rons pas  dans  tous  ses  détails  le  procès-verbal  qui  fut 
dressé  à  cette  occasion;  nous  craindrions,  en  énumé- 
rant  tous  les  objets  qui  furent  successivement  examinés, 
de  fatiguer  inutilement  l'attention  du  lecteur.  Nous  nous 
contenterons  de  faire  remarquer  le  grand  nombre  des 
différents  appartements  qu'on  eut  à  parcourir,  ce  qui 
pourra  donner  une  idée  de  l'importance  qu'avait  alors  le 
château  qui  nous  intéresse.  C'est  ainsi  que  nous  voyons 
apparaître  tour  à  tour  la  chambre  sur  la  cuisine,  la  cui- 
sine, Tofiice,  une  chambre  à  côté  de  la  salle  à  manger, 
une  autre  à  côté  de  celle-ci,  la  salle  à  manger,  la  salle, 
la  boulangerie,  le  cellier,  la  chambre  sur  Toffice,  le  ca- 
binet à  côté  de  ladite  chambre,  la  chambre  sur  le  vesti- 
bule, une  autre  chambre  sur  la  salle  de  compagnie,  une 
autre  petite  chambre  à  côté,  la  chambre  dorée,  la  cham- 
bre du  pavillon,  et  enfin  les  greniers.  Les  titres  et  pa- 
piers, dont  s'occupe  ensuite  Tinventaire,  ne  nous  offrent 
rien  de  particulièrement  intéressant;  nous  y  trouvons 
surtout  des  baux  concernant  les  diverses  métairies  qui 
composaient  la  terre  du  Coudray. 


1.  Deux  inventaires  avaient  déjà  été  faits,  J'un  à  Jaligny  le 
9  mars  et  i'autru  peu  de  temps  après  en  Thôtel  que  le  défunt  pos- 
sédait à  Paris,  rue  du  Foin. 


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-436- 

La  formalité  des  inventaires  accomplie  dans  toutes 
les  terres  qu'avait  possédées  le  défunt  comte  de  la  Motte 
tant  en  Bourbonnais  qu'au  Maine,  M*  Guérin,  notaire 
au  Chàtelet  de  Paris,  commença  à  s'occuper  de  liquider 
la  fortune  immobilière  laissée  par  ce  dernier.  Ce  fut  une 
assez  longue  opération  qui  dura  plus  d'un  an,  car  les 
partages  entre  les  deux  sœurs  n'eurent  lieu  que  le  8  sep- 
tembre 1763  K  L'acte  qui  relate  ces  partages  mérite  que 
nous  nous  y  arrêtions  un  moment.  Il  contient  sur  cha- 
cune des  terres  composant  la  succession  d'Henry- 
Augustin  Guillaud  de  la  Motte  un  état  détaillé  qui  n'est 
pas  sans  intérêt.  Voici  celui  qui  concerne  la  terre  du 
Goudray  : 

Masse  composée  de  la  terre  du  Goudray  et  des  do- 
maines en  dépendant,  le  tout  régi  par  la  coutume  du 
Maine  qui  donne  par  préciput  à  l'aînée  des  filles,  lors- 
qu'il n'y  a  point  de  mâles,  le  principal  hôtel,  tout  ce  qui 
est  en  jardin  et  la  cloison  des  fossés. 

1®  La  terre  et  seigneurie  du  Goudray,  située  paroisse 
de  Saint  Denis-du-Maine,  consistante  dans  le  château  du 
Goudray  avec  toutes  ses  appartenances  et  dépendances, 
bâtiments,  cours,  fuye  ou  colombier,  chapelle,  jardin  et 
brosse  ou  bouquet  de  bois  en  iceluy.  le  tout  enclos  de 
fossés  doubles,  lequel  château  avec  tout  ce  qui  en  dépend, 
formant  le  préciput  de  ladite  demoiselle  de  la  Motte  aînée, 
a  été  estimé  par  le  rapport  du  sieur  Etienne  Mondières, 
du  !•' juillet  1763,..  la  somme  de  9.000  livres,  eu  égard 
à  ce  qu'il  est  nécessaire  d'y  faire  pour  3.000  livres  de 
réparations  pour  le  mettre  en  bon  état 

2^  Plus  les  pelouses,  le  pré,  la  futaye,  les  deux  pièces 
qui  joignent  le  bosquet  contenant  quatre  journaux,  et  les 
deux  prés  proche  la  Grillère  détaillés  dans  le  même 
rapport  et  estimés  ensemble  5.600  livres. 

1.  Par  acte  passé  devant  M«  Guérin,  notaire  au  chàtelet  de 
Paris,  dont  le  successeur,  M^  Bertrand,  a  bien  voulu  jadis  nous 

fiermettre  de  compulser  l'acte  en  question  si  intérei»sant  pour 
liistoire  du  Goudray. 


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-  i^l  - 

3*  Plus  le  domaine  de  la  Couture,  23.400  livres  ; 
4*^  Plus  le  lieu  et  métairie  du  Plessis,  8.010  livres  ; 
5*  Plus  le  lieu  et  métairie  de  la  Rivière,  10.450  livres; 
6*  Plus  le  lieu  et  closerie  de  la  Douce,  6.585  livres  ; 
7®  Plus  le  lieu,  domaine  et  métairie  de  la  Motte, 
27.870  livres  ; 

8*"  Plus  le  lieu  et  closerie  du  Temple,  situé  au  bourg 
et  paroisse  de  Saint-Denis-du-Maine,  8.075  livres  ; 
9*  Plus  le  lieu  et  métairie  de  la  Ganterie,  6.860  livres  ; 
10*  Plus  le  lieu  et  closerie  du  Breil-Chalandre,  7.510 
livres  ; 

11*^  Plus  le  lieu  et  métairie  de  la  Porchandière-Cha- 
landre,  6.110  livres  ; 

12*  Plus  le  lieu  et  métairie  de  la  Grillère,  13.565  livres  ; 
13**  Plus  le  lieu  et  métairie  de  Guinefolle,  6.720  livres  ; 
14**  Plus  le  lieu  et  métairie  des  Noes,  12.570  livres  ; 
15**  Plus  le  lieu  et  métairie  de  la  Moisinière,  12.660 
livres  ; 

16**  Plus  le  lieu  et  métairie  du  Grand-Tertre,  10.570 
livres  ; 

17**  Plus  sur  la  terre  du  Coudray,  71  chênes  bons  à 
abattre,  3.000  livres 

Dans  laquelle  terre  il  revient  à  ladite  demoiselle  (de  la 
Motte)  les  deux  tiers  outre  le  préoiput,  l'autre  tiers  reve- 
nant à  la  demoiselle  de  Jaligny...  La  terre  du  Coudray, 
non  compris  le  préciput,  monte  à  166.555  livres,  les  bois 
du  Coudray  à  3.000  livres. 

Telles  étaient,  d'après  l'acte  de  partage  du  8  septem- 
bre 1763,  la  consistance  et  la  valeur  de  la  terre  du  Cou- 
dray. Quant  aux  lots,  ils  furent  ainsi  réglés  :  Marie- 
Séraphine  Guillaud  de  la  Motte  garda,  comme  aînée,  Jali- 
gny ainsi  que  toutes  les  autres  terres  du  Bourbonnais  ; 
à  Louise- H  enriette-Gabrielle  échut  pour  sa  part  de  cadette 
d'abord  la  maison,  sise  à  Paris  rue  du  Foin,  où  habitait 
son  père  quand  il  résidait  dans  la  capitale  ;  puis  les 
deux  terres  du  Maine,  le  ^îoudray  et  Boisjourdan,  sur 


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-  438  — 

lesquelles  sa  sœur  avait  renoncé  à  exercer  son  préci- 
pul. 

Les  deux  filles  issues  de  l'union  d'Henry-Aug^stin 
Guillaud  de  la  Motte  avec  Marie>Charlotte-Geneviève 
de  Boisjourdan  se  trouvaient  donc  ce  qu'on  pouvait  ap- 
peler de  beaux  partis,  puisqu'elles  joignaient  les  avan- 
tages de  la  fortune  à  ceux  de  la  naissance  ;  aussi  ne 
tardèrent-elles  pas  à  être  demandées  en  mariage  par  des 
gentilshommes  ajppartenant  à  la  meilleure  noblesse  du 
royaume.  Marie-Séraphine,  déjà  presque  majeure  au 
moment  des  partages,  épousa  le  15  février  de  Tannée 
suivante  Pierre-François,  comte  do  Barrai.  Deux  ans 
après,  en  janvier  1766,  Louise-Henriette-Gabrielle,  bien 
qu'à  peine  âgée  de  dix-neuf  ans,  prenait  à  son  tour  pour 
mari  Jacques-Charles,  comte  de  Croixmare. 

M'*  DE  Beaughesne. 

{A  suivre). 


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LETTRES 


DE 


MICHEL-RENË  MAUPETIT 

Député 

A  l'assemblée  nationale  constituante 

1789-1791. 


IV 


Versailles,  5  mai. 

Je  me  hâte  de  vous  rendre  en  raccourci  la  séance  inté- 
ressante de  cette  journée.  Je  ne  vous  parlerai  pas  de  la 
pompe  qui  accompagnait  l'Assemblée.  Il  est  difficile  de 
la  rendre,  mais  ce  qui  vous  intéressera  le  plus,  c'est  le 
discours  paternel  qu'a  prononcé  le  Roy  avec  la .  plus 
grande  dignité.  Ce  que  ne  vous  diront  pas  les  gazettes, 
c'est  la  vive  émotion  qu'il  a  excitée  ;  ce  sont  les  applau- 
dissements redoublés  que  n'ont  pu  faire  suspendre  et 
l'éclat  du  trône  et  le  ton  majestueux  avec  lequel  il  a  été 
prononcé.  Je  passerai  encore  sou3  silence  le  discours  du 
Garde  des  Sceaux  *,  et  bien  forcé  à  moi,  car  je  n'en  ai 
rien  entendu.  Je  vais  passer  au  discours  de  M.  Necker. 
Il  en  a  prononcé  lui-même  le  commencement  avec  ce  ton 
d'élévation  que  présente  sa  physionomie  vraiment  de 
caractère.  Mais  le  spectacle  imposant  qu'il  avait  sous 
les  yeux,  les  veilles  passées,  l'émotion  qu'il  éprouvait. 


1.  Charles-Louis-François  de  Paule  de  Barentin,  garde  des 
sceaux  depuis  1788. 


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—  440  — 

Tont  forcé   de  demander  qu'un   de  ses  secrétaires  *  le 
finisse. 

L'état  détaillé  des  finances,  un  exposé  succinct  du 
déficit  qu'il  réduit  à  56  millions,  ont  fait  la  première  par- 
tie de  son  discours.  L'ordre  à  mettre  dans  les  finances, 
la  stabilité  à  assurer  à  cet  ordre,  ont  fait  la  seconde  par- 
tie. £t,  suivant  son  usage,  chaque  partie  commence  ou 
finit  par  des  traits  de  la  plus  grande  sensibilité,  sur  les 
vertus  économiques  du  Roy,  sur  le  caractère  du  peuple 
français,  sur  son  génie,  son  activité,  son  industrie,  ses 
ressources.  Il  a  annoncé  tous  les  obstacles  qui  l'avaient 
forcé  de  suspendre  plusieurs  parties  de  paiement,  le 
concours  malheureux  des  intempéries  des  saisons,  des 
travaux  en  tous  genres  pour  éclairer  la  nation,  pour  la 
convoquer,  des  soins  pénibles  qui  l'avaient  occupé  de- 
puis son  retour.  Je  ne  pourrais  que  vous  rendre  impar- 
faitement les  traits  saillants  d'un  discours  qui  a  duré  3 
heures,  qui  a  excité  la  plus  vive  émotion  dans  nombre 
d'endroits.  Après  avoir  procuré  tous  les  éclaircissements 
nécessaires  pour  connaître  dans  le  plus  grand  détail  les 
revenus  comme  les  dépenses  fixes,  rendre  continuelle- 
ment public  l'état  de  la  nation,  après  avoir  parcouru  les 
bonifications  déjà  exécutées,  celles  qu'il  projeté,  il  en  est 
venu  aux  objets  essentiels.  Ils  sont  en  partie  ceux  qu'of- 
fre le  résultat  du  mois  de  décembre.  Il  en  a  fait 
12  à  14  articles  que  je  ne  pourrais  vous  détailler  avec  le 
même  ordre  ;  d'abord,  les  améliorations  en  tous  genres  à 
assurer  pour  le  bien  général,  les  améliorations  partielles 
des  provinces  par  l'établissement  d'Etats  provinciaux, 
la  consistance  à  leur  donner,  les  plans  uniformes  à  sui- 
vre, sauf  à  discuter  les  localités  de  quelques  provinces, 
la  liberté  individuelle,  l'assurance  des  propriétés,  la 
consolidation  de  la  dette  nationale,  la  nécessité  de  faire 
disparaître  du  code  de  la  fiscalité  les  mots  de  taille  et  de 
corvée  (il  n'a  parlé  que  légèrement  de  la  gabelle,  il  n'en 

1.  M.  Coster,  un  des  premiers  commis  du  contrôle  général. 


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—  441  — 

a  pas  annoncé  la  snppression),  la  liberté  de  la  presse, 
la  réforme  du  Code  civil  et  criminel,  la  nécessité  de  rap- 
procher  les  justiciables  de  leurs   justices,  Texamen  du 
Code  noir,  la  nécessité  de  s'occuper  d'une  réforme  sur 
ce  genre  odieux  de  commerce  déjà   dénoncé  à  la  nation 
anglaise,  la  question  controversée  du  commerce  de  Un- 
de,  savoir  s'il   sera  libre  ou  donné  à  une  compagnie 
exclusive,  enfin  la  forme  de  convocation  et  l'organisa- 
tion des  Etats   généraux,  leur  organisation  avec  les 
Etats  provinciaux.  Là,  il  s'est  permis  de   discuter  la 
grande  question  de  l'opinion  par  tête  ou  par  ordre  et  vous 
allez  voir  la  manière  adroite,  la  tournure   qu'il   a  prise 
pour  faciliter  sans  tumulte  la  décision  de  cette  question 
si  importante,  capable  d'arrêter  dès  le  principe  l'union  si 
à  désirer  dans  les  Ordres.  Après  avoir  exposé  tout  ce  que 
la  nation  attend  de  cette  Assemblée,  du  moment  si  inat- 
tendu de  rendre  à  la  France  sa  prospérité  int<Srieure,  sa 
considération  extérieure,  après  avoir  présenté  à  l'assem- 
blée tous  les  avantages  que  retirerait  la  nation,  la  recon- 
naissance qu'elle   en  conserverait,  l'avoir  transportée 
dans  l'avenir  pour  lui  mettre  sous  les   yeux  la   gloire, 
la    renommée    qui    conserverait    dans  les   siècles  les 
plus  reculés  les  travaux  du  premier  choix  de  la  nation, 
avoir  opposé  à  ce  tableau  les  reproches,   l'humiliation, 
le  déshonneur  dont  se  couvriraient  les  députés  si,   plus 
occupés  de  personnalités  que  de  l'esprit  public,  ils  pré- 
féraient des  discussions,  des  haines,  des  querelles,  des 
prétentions  périssables  avec  eux,  mais  honteuses  et  à 
jamais  infamantes,  il  a  enfin   fini  par  proposer  un  parti 
qui  devait  sembler  faire  cesser  le  germe  de  la  division. 
Les  deux  ordres  privilégiés,  a-t-il  dit,  sont  en  possession 
depuis  longtemps  et  des  privilèges  pécuniaires  et  de  vo- 
ter séparément  ;  sans  examiner  le  titre  de  cette  posses- 
sion, elle  existe.  11  faut  laisser  aux  deux  ordres  le  mérite 
de  lui  faire  honneur,  il  faut  que    les  deux  ordres  de  la 
noblesse  et  du  clergé  commencent  à  s'assembler  seuls, 
qu'ils  discutent  entre  eux  ces  deux  objets  importants  et 


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—  442  — 

préliminaires  et  alors,  s'ils  croient  devoir  en  faire  le  sa- 
crifice généreux,  il  est  juste  de  leur  en  conserver  le  mérite. 
L'expression  de  leur  vœu  déjà  connue  sur  les  impositions, 
le  partage  qu'ils  en  reconnaissent  juste,  l'élévation  de 
leurs  sentiments,  doivent  faire  augurer  qu'ils  applaniront 
les  difficultés  préliminaires  qui  peuvent  faire  perdre  un 
temps  précieux. 

Ainsi  le  clergé  et  la  noblesse  vont  être  en  spectacle. 
De  leur  décision  va  dépendre  leur  honneur  ou  leur 
déshonneur  et,  si  malheureusement  encore  cette  fois 
l'intérêt  personnel  l'emportait,  je  crois  pouvoir  augurer 
que  le  sacrifice  n'en  aurait  pas  moins  lieu  et  qu'ils  n'au- 
raient que  le  déshonneur  sans  empêcher  que  ce  qu'ils 
craignent  n'arrive  en  effet.  Le  Tiers  sera,  pendant  cette 
délibération,  spectateur  tranquille,  jusqu'à  ce  que  les 
deux  ordres  se  soient  clairement  expliqués  et  sur  l'égale 
répartition  des  impôts  et  sur  le  vote  par  tête.  Plusieurs 
provinces  ont  imposé  à  leurs  députés  du  clergé  et  de  la 
noblesse  l'obligation  du  vote  par  tête,  entre  autres  le 
Dauphiné,  plusieurs  nobles  le  désirent,  le  clergé  des  cu- 
rés y  inclinera  en  grand  nombre.  Aussi  y  a-t-il  tout  lieu 
de  croire  et  que  la  séparation  des  deux  ordres  pour  ce 
moment,  l'opinion  publique  est  ouverte  sur  eux,  et  l'inté- 
rêt, et  le  vœu  d'un  grand  nombre  des  deux  ordres,  seront 
d'étouffer  ce  germe  de  la  division  dont  se  flattaient  les 
ennemis  du  bonheur  public  ^.. 

V 

Versailles,  8  mai  1789. 

Nous  avons  eu  deux  séances  qui,  comme  vous  pouvez 
bien  le  prévoir,  n'ont  été  qu*un  cahos  confus.  On  n'a  pu 
encore  s'entendre  et  jusqu'à  ce  qu'il  y  ait  une  police 
établie,  il  sera  difficile  que  les  esprits  modérés  pensent 
à  se  faire  entendre. 

1.  La  seconde  feuille  manque. 


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—  443  — 

Je  vous  avais  dit  par  ma  dernière  que  M.  Necker 
avait  proposé  que  les  deux  premiers  ordres  délibérassent 
séparément  pour  examiner  le  sacrifice  à  faire  des  privi- 
lèges pécuniaires,  le  constater,  ainsy  que  leur  vœu  sur 
le  vote  par  tête  ou  par  ordre. 

D'après  cette  invitation,  le  mercredi  matin,  sans  tou- 
tefois que  le  Gouvernement  indiquât  cette  séparation,  il 
fut  annoncé  que  les  Ordres  trouveraient  aux  Menus  le 
local  disposé  pour  les  recevoir. 

On  se  rend  aux  Menus,  la  Noblesse  se  retire  dans  une 
salle,  le  clergé  dans  une  autre.  Le  Tiers,  ou  plutôt  au- 
jourd'hui les  communes,  s'assemblent  dans  la  salle  où 
s'était  faite  la  cérémonie  de  l'ouverture  des  Etats. 

Beaucoup  de  conversations  particulières,  dont  il  ne 
résulte  qu'un  bruit  confus.  Enfin  on  parait  juger  néces- 
saire  de  nommer,  non  un  Président,  mais  un  Doyen  pour 
mettre  quelque  ordre  dans  l'assemblée,  permettre  la 
parole  à  ceux  qui  la  demanderaient.  On  s'informe  de 
l'âge  et  un  doyen,  avec  deux  autres  des  plus  anciens, 
sont  chargés  de  se  ranger  au  Bureau*. 

On  convient,  sans  que  personne  le  propose,  de  ne 
point  occuper  les  bancs,  ni  de  la  Noblesse,  ni  du  Clergé, 
et  de  se  tenir  assis  dans  la  partie  do  la  salle  qu*avaient 
occupée  les  communes. 

Lorsqu'on  se  fut  placé,  M.  Mounier  du  Dauphiné,  le 
comte  de  Mirabeau  ^,  Malouet,  intendant  de  la  Marine 
à  Brest,  députe  d'Auvergne,  parlèrent  d'abord  pour  pro- 
poser quelques  formes.  Bientôt  on  perdit  de  vue  la  pro- 
position de  la  police  pour  s'occuper  de  ce  qu'on  avait  à 
faire  ;  les  uns  proposèrent  de  se  tenir  tranquille,  de  se 
regarder  comme  occupant  le  lieu  de  l'assemblée  des  Etats- 
Généraux,  mais  comme  n'y  pouvant  rien  faire  tant  que 
les  deux  autres  Ordres  ne  se  rendraient  pas  dans  la  salle 
des  Etats  ;  d'autres,  M.  Malouet  et  un  autre,  proposèrent, 

1.  M.  Le  Houx,  député  du  baillage  d*Ainiens. 

2.  Député  du  Tiers  Etat  de  la  sénéchaussée  d*Âix. 


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—  444  — 

non  une  députation,  mais  un  avis  à  faire  passer  aux  deux 
Ordres  que  la  Commune  était  dans  la  salle,  qu'elle  y 
attendait  les  deux  autres  Ordres.  Enfin,  après  plusieurs 
observations  sur  ce  que  peut-être  les  deux  Ordres  s'oc- 
cupaient de  délibérer  sur  l'abandon  des  privilèges,  sur 
le  vote  par  tête  ;  qu  il  serait  dangereux  par  une  précipi- 
tation déplacée  de  les  aller  troubler,  il  parut  que  Tas- 
semblée,  sans  aller  aux  voix,  mais  par  Tapprobation  la 
plus  générale,  résolut  de  demeurer  tranquille  et  d'attendre 
au  lendemain. 

Malgré  quelques  indices  qui  transpirèrent  que  le 
Clergé  d'un  côté  s'occupait  de  vérifier  provisoirement  les 
pouvoirs  de  ses  députés,  sans  cependant  entendre  pré- 
judicier  à  une  vérification  commune,  que  la  Noblesse  au 
contraire  procédait  à  faire  vérifier  dans  son  ordre,  on 
s'en  tint  à  rester  tranquille,  à  ne  faire  aucun  acte,  pas 
même  à  ouvrir  trois  lettres  adressées  au  Tiers-Etat. 

Hiei:,  jeudy,  nouvelle  assemblée  par  Ordres  séparés. 
On  est  sûr  que  le  Clergé  ne  fait  qu'un  examen  provisoire, 
mais  que  la  Noblesse  a  nommé  une  commission,  fixé  le 
jour  où,  devant  les  commissaires,  chaque  province  viendra 
se  faire  vérifier,  et  qu'elle  s'est  ajournée  au  lundi  11  en 
assemblée  générale  de  l'Ordre. 

Nouveau  discours  de  MM.  Meunier  et  Mirabeau  pour 
rester  tranquilles.  Proposition  de  M.  Malouet  de  députer 
pour  faire  connaître  que  la  Commune  était  assemblée  ; 
discours  de  M.  Le  Blanc,  avocat  du  Roy  à  Chàteauroux, 
pour  peser  les  deux  avis  et  se  réduire  à  attendre  avec 
patience  et  ne  rien  faire.  On  propose  d'aller  aux  voix, 
mais  il  était  alors  près  d'une  heure,  le  Clergé  pouvait  se 
séparer.  M.  Meunier  propose  que  ceux  qui  étaient  de 
l'avis  d'attendre  passent  d'un  côté  et  ceux  pour  députer 
de  1  autre.  Tout  cela  se  dit  rapidement.  La  plupart  de 
l'assembléejn'avaient  point  entendu.  On  voit  im  mouve- 
ment dans  la  salle,  on  se  lève,  et  plus  d'un  quart,  sans 
savoir  ce  dont  il  était  question,  suivent  les  autres  ;  sans 
compter,  on  croit  voir  que  la  majorité  était  pour  députer. 


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—  445  — 

Alors  on  vient  assurer  rassemblée  que  le  Clergé  a 
arrêté  de  vérifier  les  pouvoirs  en  commun.  On  croit  voir 
un  motif  pressant  de  députer,  on  engage  le  Doyen  et  le 
plus  âgé  après  lui  à  aller  vers  le  Clergé.  Le  Doyen  de- 
mande pour  adjoint  M.  Mounier  ;  d'autres  s'y  joignent  ; 
et  on  va,  au  nombre  de  onze,  au  Clergé  qui  accueille  la 
députation,  promet  de  lui  donner  réponse.  Les  députés 
prennent  sur  eux  d'aller  à  la  salle  de  la  Noblesse,  n'y 
trouvent  que  les  commissaires,  lui  dirent  comme  au 
Clergfr  qu'ils  sont  envoyés  pour  les  prévenir  que  la  Com- 
mune est  assemblée  dans  la  salle,  qu'elle  croit  ne  pouvoir 
rien  faire,  ni  prendre  aucune  délibération  tant  que  les 
Etats  ne  seront  pas  complets  ;  beaucoup  de  politesses 
sont  faites  aux  députés  qui  viennent  rendre  compte  de 
leur  mission  à  une  assemblée  dont  un  grand  nombre 
ignorait  le  message,  le  croyait  contradictoire  avec  l'avis 
le  plus  dominant  de  la  veille. 

On  allait  se  séparer,  l'assemblée  très  divisée  sur  la 
manière  de  voir  cette  députation^  les  uns  la  regardant 
comme  un  consentement  tacite-  de  la  séparation  des 
Ordres,  les  autres  la  regardant  comme  une  démarche 
indifférente,  mais  qui  peut  néanmoins  tendre  à  rappro- 
cher les  esprits. 

Le  Clergé  fait  dire  à  l'assemblée  qu'il  va  envoyer  une 
députation,  qu'il  est  occupé  à  rédiger  ce  qu'elle  aura  à 
dire.  Trois  quarts  d'heure  se  passent,  enfin  arrive  la  dé- 
putation composée  de  deux  évêques  et  de  quatre  curés  *, 
pour  dire  que  le  Clergé  a  nommé  des  commissaires  pour 
vérifier  en  commun  les  pouvoirs  des  députés  des  trois 
Ordres,  que  le  Clergé  sera  toujours  disposé  à  maintenir 
Tunion  et  à  faire  tout  ce  qui  sera  en  lui  pour  l'harmonie. 

Ce  matin  nous  allons  nous  rassembler  ;  il  sera  enfin 
question  d*une  police  dans  rassemblée  et  probablement 

I.  MM.  les  évoques  de  Montpellier  et  d*Orange  ;  David,  curé 
de  Lormaison,  Dillon,  curé  du  vieux  Pouzauges,  1  abbé  de  Orieux, 
prieur  de  Saint-Himère  de  Rouen,  et  dom  Davoust,  prieur  conven- 
tuel de  Saint-Ouen  de  Rouen. 


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—  446  — 

on  va  établir  des  règles  pour  qu'on  puisse  connaître  le 
vœu  le  plus  général  dans  un  tour  de  discussion  et  un 
tour  d'opinion,  sans  toutefois  rien  écrire  jusqu'à  ce  qu'il 
soit  décidé  comment  se  feront  les  délibérations.  Il  parait 
que  le  Clergé  sera  de  l'avis  de  délibérer  par  têtes,  et 
que,  contre  le  vœu  de  la  Noblesse  déjà  préjugé  par  sa 
forme  de  vérifier  les  pouvoirs,  néanmoins  le  vœu  des 
deux  ordres  l'emportera  ;  ce  n'est  cependant  qu'un  pré- 
jugé, il  faut  du  temps  encore  avant  de  s'organiser.  Celui 
qu'on  passe  ne  sera  point  perdu.  On  y  connaîtra  les 
têtes  chaudes,  toujours  empressées  de  se  produire  sans 
trop  avoir  réfléchi,  et  insensiblement  les  gens  tranquilles 
assureront  leur  empire. 

M.  Héliand,  deuxième  député  du  Mans,  attaqué,  aus- 
sitôt son  arrivée,  d'un  rhume  violent,  a  vu  successive- 
ment le  rhume  prendre  une  tournure  plus  sérieuse  ;  visité 
par  deux  médecins,  l'un  a  traité  sa  maladie  d'une  fausse 
péripneumonie,  l'autre  d'une  fièvre  humérale.  Hier  à 
midi,  il  se  trouva  très  mal.  On  vint  chercher  M.  Allard, 
de  Châteaugontier  *.  Il  n'y  avait  plus  de  secours  à  lui 
donner.  Il  est  mort  hier  au  soir  d'une  fluxion  de  poitrine. 
Ainsy,  voilà  un  député  à  remplacer  et  les  électeurs, 
d'après  l'arrêt  du  Conseil  du  3  mai,  vont  être  obligés  de 
retourner  au  Mans.  Je  crois  que  beaucoup  d'entre  eux 
s'en  dispenseront. 

Les  députés  de  Paris  ne  sont  pas  encore  totalement 
nommés  et  on  craint  que  la  nomination  puisse  à  peine 
être  finie  pour  lundi. 

Je  vous  dirai,  de  vous  à  moi,  que  M.  de  Montesson  a 
déjà  essuyé  une  mortification.  Il  s'est  permis  une  phrase 
un  peu  forte  contre  le  Tiers.  M.  le  prince  de  Poix ^  se 
leva  et  lui  fit  observer  que  la  modération  était  la  seule 
manière  décente  qui   convînt  à  l'ordre  de  la  Noblesse. 


1.  Médecin,  député  du  Tiers-Etat  de  la  sénéchaussée  d'Anjou, 
né  à  Craon. 

2.  M.  de  Noailles,  prince  de  Poix,  député  d'Amiens. 


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—  447  — 

Il  y  a,  dit-on,  une  protestation  de  48  membres  de  la 
minorité  pour  la  vérification  par  ordre  en  commun,  à  la 
tête  de  laquelle  est  M.  le  duc  d'Orléans*.  On  y  compte 
M.  le  marquis  de  la  Fayette  2,  M.  de  Tessé^  et  plusieurs 
autres.  Nous  saurons  cela  plus  positivement  et  je  vous 
le  marquerai. 

Séance  du  vendredy  8. 

Le  Doyen  a  proposé  un  règlement  provisoire  pour  la 
police  intérieure  de  l'assemblée,  en  15  articles.  On  a 
commencé,  après  la  lecture,  à  délibérer  s'il  y  avait  lieu 
à  faire  un  règlement,  dès  lors,  si  on  accepterait  ou  re- 
jetterait celui  proposé  ;  2®  si  on  ne  demanderait  pas  de 
faire  changer  la  forme  des  bancs  de  la  salle  pour  les 
mettre  en  amphithéâtre,  de  manière  qu'on  puisse  voir  et 
mieux  entendre  ceux  qui  parleraient.  On  a  appelé  par 
ordre  alphabétique  les  baillages  et  chaque  député.  Cela 
a  donné  matière  à  quelques  discours,  les  uns  pour  ad- 
mettre comme  arrangement  provisoire  et  momentané  le 
règlement,  les  autres  pour  le  rejeter  et  se  tenir  tran- 
quilles. A  deux  heures  on  n'avait  parcouru  encore  que  la 
lettre C.  Nous  sommes  partis  MM.  delà  Lande,  Gournay 
et  moi  pour  aller  dîner  chez  M.  de  Ghateloger*.  A  sept 
heures  nous  allons  aller  en  corps,  avec  tous  les  députés 
présents  du  Clergé,  de  la  Noblesse  et  du  Tiers,  aux 
obsèques  de  M.  Héliand.  Mardy  il  y  aura  une  messe 
solennelle  ^. 


1.  Député  de  la  Noblesse  dubaillage  de  Crépy-en- Valois. 

2.  Député  de  la  sénéchaussée  d*Auvergne  (Riom). 

3.  Quatrième  député  de  la  Noblesse  du  Maine. 

4.  Le  marquis  de  Ghateloger,  capitaine  au  régiment  des  Gardes 
Françaises,  propriétaire  à  Oisseau,  près  Mayenne. 

5.  Le  8  mai  pendant  la  séance,  MM.  lëvéque  du  Mans,  Jouflfroy 
de  Gonssans,  Lepeletier  de  Feumusson.  prieur-curé  de  Domfront, 
Orandin,  curé  d*Ërnée,  Berthereau,  curé  de  Teille,  et  Bourdet, 
curé  de  Bouère,  députés  du  Clergé  du  Maine,  vinrent  inviter  le 
Tiers-Etat  à  assister  le  soir  aux  obsèaues  de  M.  Héliand. 

L*ordre  du  Clergé,  informé  par  Téveaue  du  Mans  de  la  mort  de 
ce  député,  avait  aussitôt  décidé  que  ta  messe  célébrée  chaque 


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—  448  — 

Je  finis  en  vour  félicitant  d'être  tranquille  chez  vous  ; 
au  train  que  les  choses  devront  nécessairement  prendre, 
nous  voilà  cloués  pour  longtemps  à  Versailles 

Je  suis  très  inquiet,  d'après  ce  qu'on  m'a  marqué  d'une 
seconde  attaque  contre  M.  de  Laubrières^  du  sort  de 
mes  petites  filles.  Se  sont-elles  trouvées  exposées  dans 
les  bagarres  ?  Faites-moi  le  plaisir  de  me  rassurer  sur 
leur  compte. 

VI 

Versailles,  12  mai  1789. 

Les  séances  se  continuent  toujours  en  ordres  séparés 
et  sans  que,  dans  aucune  chambre,  il  se  termine  facile- 
ment la  plus  petite  motion  ;  l'esprit  de  méfiance  dans  les- 
quels sont  les  Ordres  vis-à-vis  les  uns  des  autres,  les 
individus  même  de  chaque  ordre,  tiendront  encore  quel- 
que temps  en  suspens  toute  opération  même  conciliatoire. 

Dans  les  Communes,  la  séance  du  samedy  s'est  passée 
à  continuer  l'appel  des  sénéchaussées  sur  le  règlement 
provisoire  et  le  changement  de  la  salle  pour  la  disposer 
en  amphithéâtre.  Le  résultat  des  opinions,  à  la  pluralité, 
a  été  d'adopter  une  police  provisoire  qui  ne  serait  écrite 
que  pour  soulager  la  mémoire  du  Doyen.  Quant  aux 
changements  de  la  salle,  résolution  d'attendre  la  réunion 
des  trois  Ordres  pour  la  demander.  Ainsi,  comme  vous 
le  voyez,  voilà  deux  jours  passés  à  avoir  des  suffrages 
sur  des  motions  peu  importantes.  Ce  n'est  cependant 
pas  un  temps  totalement  perdu.   Nous  avons  entendu 

matin,  avant  la  séance,  le  serait,  le  lendemain  pour  le  repos  de 
rame  de  M.  Héliand  et  avait  charfi^  la  députationdu  Maine  d*ailer 
en  informer  les  Communes.  M.  le  cardinal  de  la  Rochefoucauld, 
archevêque  de  Rouen, président  de  TOrdre  du  Clergé,  avait  nommé 

Eour  assister  à  la  sépulture  MM.  l'évêque  dv  Mans,  Tévéque  de 
ydda.  Fougère,  curé  de  Saint-Laurent  ae  Nevers,  Vallet.  curé  de 
Saint-Louis  de  Gien,  Goulard,  curé  de  Roanne,  et  de  Castellas, 
doyen  du  chapitre  de  Lyon.  Le  service  fut  célébré  d&ns  1  éfflise 
Saint-Louis.  Les  coins  du  drap  mortuaire  étaient  portés  par  aeux 
membre  du  Clergé,  un  de  la  Noblesse  et  un  du  Tiers-Etat. 


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—  44é  — 

plusieurs  discours  bien  faits,  les  uns  pour  agir,  les  autres 
pour  demeurer  tranquilles.  On  s^est  aussi  exercé  à  la 
lutte,  et  on  a  présenté  l'esquisse  de  talents  qui  devien- 
dront plus  importants  lorsque  les  matières  exigeront  plus 
de  développements  et  inspireront  des  discours  plus  inté- 
ressants. 

M.  de  Volney  a  parlé  sur  cette  motion,  il  n^avait  pas 
son  thème  bien  disposé.  Il' n'a  pu  donner  à  ses  idées  tout 
le  développement  et  la  clarté  possibles.  M.  de  Mirabeau  a 
aussi  péroré,  même  avec  impétuosité  et  avec  feu,  quoique 
la  matière  n'en  fût  pas  très  susceptible. 

La  séance  a  été  prorogée  au  lundi  10.  Elle  a  commencé 
par  une  messe  pour  M.  Héliand  qu*a  célébrée  M.  le 
cardinal  de  la  Rochefoucault,  doyen  et  président  provi- 
soire de  l'Eglise,  à  laquelle  les  Ordres  ont  assisté.  On 
vota  des  remerclments  à  faire  à  l'assemblée  du  Clergé 
et,  pour  ne  pas  se  contredire,  les  députés  du  Maine,  en 
leur  nom  seul,  se  chargèrent  de  les  faire  et  à  raison  seu- 
lement de  la  célébration  de  la  messe. 

M.  Malouet  proposa,  pour  sortir  de  Tétat  d'inertie,  que 
les  Communes  se  constituassent  en  grand  comité  ;  que 
dans  cet  état,  qui  n'indique  point  une  chambre,  un  ordre 
distinct,  ainsi  qu'il  se  pratique  en  Angleterre,  lorsque  la 
chambre  basse  ne  veut  point  agir  comme  Parlement, 
comme  corps  constitutif,  on  nommât  des  commissaires 
pour  aviser  aux  moyens  de  conciliation  avec  les  deux 
Ordres  privilégiés.  On  est  allé  aux  voix  sur  cette  motion 
et,  sur  l'appel  commencé,  d'autres  proposèrent  que  chaque 
baillage  ne  fût  pas  astreint  à  voter  sur  cet  objet,  mais 
qu'il  fût  permis  de  proposer  ce  qu'il  jugerait  convenable. 
Cette  facilité  a  donné  ouverture  à  plusieurs  discours, 
très  inutiles  au  fond,  bons  seulement  pour  satisfaire  les 
plus  pressés  de  jaser.  Le  gros  des  opinions  s'est  attaché 
à  la  motion.  Quelques-uns  ont  été  pour  la  motion,  le  plus 
grand  nombre  pour  attendre  :  1^  une  liste  imprimée; 
2*  la  députation  de  Paris  ;  3^  les  discours.  L'appel  n'est 
pas  encore  fini  à  la  séance  d'aujourd'hui  mardi. 


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«  450  — 

Hier  la  séance  (ut  ralentie  par  la  distribution  d'un  écrit 
de  M.  Tévéque  de  Langres*,  lort  bien  fait  pour  prouver 
la  nécessité  de  sortir  de  l'embarras  que  doivent  éprouver 
les  Ordres  pour  se  concilier  sur  Topinion  par  tête  ou  par 
ordre,  la  nécessité  d'adopter  un  parti  moyen,  l'avantage 
de  faire  deux  chambres,  la  première  composée  des  deux 
Ordres  privilégiés  réunis,  l'autre  des  Communes.  Cet 
écrit  est  censuré.  On  y  voit,  dit-on,  Ténigme.  C'est  pour 
ôter  l'influence  des  curés  qui  se  perdrait  dans  la  chambre 
haute  par  la  réunion  du  Haut-Clergé  à  la  noblesse.  Ce- 
pendant, avec  plusieurs  modifications  au  plan  de  Tévê- 
que,  s'il  est  impossible  de  faire  sortir  la  Noblesse  de  sa 
résolution  de  rester  en  Ordre  séparé,  résolution  non  en- 
core sanctionnée,  mais  préjugée,  il  faudra  en  revenir  à 
ce  plan  modifié  ou,  comme  il  faudra  bien  finir,  convenir 
d'opérer  séparément,  mais  en  remettant  ce  point  à  fixer 
après  que  tous  les  points  sur  lesquels  on  est  d'accord 
seront  sanctionnés. 

Demain  mercredy  arriva  la  députation  de  Paris  hors 
les  murs,  dont  est  M.  Target *2.  Demain  paraîtront  les 
discours  dont  je  vous  enverrai  un  exemplaire.  Demain 
paraîtra  la  liste.  Trois  choses  attendues  pour  prendre 
enfin  quelque  parti. 

Nous  avons  été  voir  aujourd'hui  M.  le  Garde  des 
Sceaux  pour  le  prier  de  faire  passer  les  ordres  au  Mans 
pour  nommer  un  député  à  la  place  de  M.  Héliand  et  trois 
suppléants  en  cas  d'événement.  Il  doit  proposer  ce  soir 
au  Comité  cet  objet,  et  il  a  promis  d'agir  d'après  la  dé- 
cision, même  d'éviter,  s'il  y  en  a  moyen,  le  transport 
des  électeurs  au  Mans. 

J'attendrai  deux  ordinaires  pour  vous  annoncer  ce 
qu'auront  produit  nos  séances  de  cette  semaine. 

1.  César-Guillaume  de  la  Luzerne. 

2.  Avocat  au  Parlement,  membre  de  l'Académie  française. 


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-  451  — 

VII 

Versailles,  15  mai. 

Nous  avons  eu  hier,  jeudy  14,  une  séance  vraiment 
intéressante,  quoiqu'elle  n'ait  encore  rien  produit.  Celle 
du  mercredy  13,  avait  été  tumultueuse.  On  n'avait  pu 
s'entendre.  Deux  députations  de  la  Noblesse  et  du  Clergé 
avaient  trouvé  l'assemblée  dans  un  vrai  désordre.  Il  fut 
augmenté  encore  par  la  distribution  des  discours  de 
rOuverture.  Tous  les  députés  se  jettèrent  à  la  fois  sur 
le  Bureau.  Le  Doyen  fut  renversé  par  terre.  Je  n'assis- 
tais pas  heureusement  à  cette  séance,  dont  tous  nos 
Messieurs  revinrent  le  cœur  navré.  Une  fut  pris  d'autre 
parti  que  de  se  diviser  provisoirement  en  18  gouverne- 
ments qui  nommeraient  chacun  un  député  pour  assister 
le  Doyen,  former  un  comité  de  police,  ce  qui  se  fit  dans 
l'après-diner. 

Les  deux  députations  de  la  Noblesse  et  du  Clergé 
étaient  pour  instruire  les  Communes  que  les  deux  Ordres 
avaient  nommé  des  commissaires  pour  aviser  avec  les 
Ordres  aux  moyens  de  vérifier  les  pouvoirs.  Je  ne  peux 
que  vous  rendre  imparfaitement  les  termes  des  deux  dé- 
putations, je  les  copierai  pour  vous  les  faire  passer. 

Hier  les  commissaires  des  différents  gouvernements 
ayant  pris  place  autour  du  Bureau,  M.  Rabaud  de  Saint- 
Etienne  ^  protestant,  fit  une  motion  tendante  à  ce  que 
les  Communes,  avant  de  se  constituer,  nommassent  des 
commissaires  qui  délibéreraient  entre  eux  sur  les  moyens 
de  conciliation  qu'on  pourrait  employer  pour  engager  les 
membres  privilégiés  à  se  réunir  dans  la  salle  des  Etats^ 
sans  que  les  commissaires  pussent,  en  aucune  manière, 
engager  la  question  de  l'opinion  par  tète  ou  par  ordre, 
ni  préjudicier  en  rien  à  l'indivisibilité  des  Etats. 

Il  appuya  la  nécessité  de  cette  motion  sur  les  motifs 

1.  DépuU  de  la  sénéchaussée  de  Nîmes  tt  Beaucaire. 


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—  4è2  — 

les  plus  pressants  qu'avaient  les  Communes  de  s*envi- 
ronner  de  l'opinion  publique,  de  prouver  qu'un  entête- 
ment déplacé  ne  motivait  pas  sa  résolution.  11  parla 
comme  un  ange  pour  faire  passer  dans  l'esprit  des  Com- 
munes les  principes  d'honnêteté,  d'égards,  de  prudence, 
que  devaient  employer  les  Communes  avant  ceux  de  la 
fermeté,  dont  sans  doute,  en  définitif,  elles  ne  devaient 
pas  se  départir.  11  fut  vivement  applaudi. 

M.  Le  Chapellier,  avocat  de  Rennes,  s'éleva  pour  s'op- 
poser à  la  motion  et  proposa,  contre  celle  de  M.  Rabaut, 
une  déclaration  que  devait  faire  la  Commune  qu'en  vain 
depuis  dix  jours  elle  attendait  dans  la  salle  des  Etats 
les  autres  membres  de  l'Assemblée,  que  déjà  la  Noblesse 
avait,  par  une  délibération,  arrêté  qu'elle  se  regardait 
comme  légalement  constituée  en  ordre  séparé  ;  que  si  le 
Clergé  ne  s'était  pas  expliqué  aussi  nettement,  évidem- 
ment son  retard  à  se  réunir  annonçait  ses  vues  de  former 
aussi  un  ordre  distinct  ;  que  d'après  ces  motifs  les  Com- 
munes interpellaient  les  deux  classes  privilégiées  de  se 
rendre  dans  la  salle  des  Etats,  leur  déclarant  que  leur 

refus  serait  dénoncé  à  la  Nation,  etc ;  la  déclaration 

imprimée,  etc....  Il  appuya  sa  motion  de  la  nécessité  de 
ne  pas  perdre  plus  longtemps  des  moments  précieux, 
que  la  fermeté  seule  amènerait  les  deux  classes  séparées 
à  une  réunion. 

On  alla  aux  voix.  MM.  Garât  frères  *  parlèrent  forte- 
ment en  faveur  de  la  motion  de  M.  Rabaut,  prouvèrent 
d'une  manière  lumineuse  que  la  démarche  des  commis- 
saires conciliateurs  était  ip  dispensable  avant  d'en  venir 
à  une  déclaration  qui  ne  ferait  qu'accélérer  une  scission 
effrayante.  D'autres  soutinrent  la  motion  de  M.  Le  Cha- 
pellier. On  en  est  resté  à  peu  près  à  la  moitié  du  tour 
d'opinion  à  2  heures  1/2  qu'on  se  sépara.  Mais,  dans  les 
suffrages  donnés,  les  5/6  sont  pour  la  motion  de  M.  Ra- 
baut, sauf,  d'après  les  tentatives  des  commissaires,  la 

1.  Députés  du  Pays  de  Labour  siégeant  à  Ustaritz. 


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•  453  — 

réunion  des  députés  de  Paris  qui  ne  sont  point  encore 
arrivés,  quant  à  ceux  extra-muros,  ni  totalement  nommés, 
quant  à  ceux  intra-muros^  à  revenir  à  la  motion  de  M.  Le 
Chapellier.  Nous  n'avons  pas  encore  la  liste  qui  ne  sera 
imprimée  qu'après  l'arrivée  des  députés  de  Paris. 

11  y  aura  à  parler  de  ce  matin  MM.  Bergasse^  Mira« 
beau,  Volney  et  d'autres,  si  toutefois  la  matière  bien 
éclaircie  par  la  discussion  d'hier  présente  des  observa- 
tions neuves  à  donner.  Nous  nous  trouvons  dans  le  Maine 
des  derniers  appelés  et  quand  d'autres  ont  tout  dit  ;  c^est 
ralentir  la  marche  que  de  répéter  ce  qui  s'est  dit  deux 
cents  fois  auparavant.  Nous  paraissons  pour  la  plupart 
de  l'avis  de  M.  Rabaut  et  ce  serait  réellement  la  faute  la 
plus  grave  d'aller  dans  ce  moment  annoncer  la  scission, 
lorsque  les  deux  autres  classes  peuvent  dire  au  public 
qu'ils  se  sont  retirés  pour  convenir,  d'après  les  vues  du 
gouvernement,  de  la  renonciation  aux  privilèges  pécu- 
niaires sur  lesquels  ils  n'ont  encore  rien  délibéré. 

La  marche  des  commissaires,  sans  mission  écrite, 
avec  la  charge  de  proposer  le  moyen  de  réunion,  ne 
peut  être  regardée,  ni  inculpée  de  séparation  effective. 
Une  demande  de  se  réunir  ne  peut  être  regardée  comme 
un  acte  qui  annonce  une  séparation  consentie  par  ceux 
qui  veulent  au  contraire  parvenir  à  la  réunion.  J'espère 
que  la  motion  de  M.  Rabaut  de  Saint-Etienne  passera 
à  la  très  grande  majorité. 

Cette  séance  a  prouvé  deux  choses  intéressantes,  que 
le  fond  de  l'assemblée  est  pour  le  parti  de  la  modération  ; 
que  la  formation  et  la  composition  réunit  et  les  plus 
grands  talents  et  les  plus  grandes  lumières.  Il  y  en  a 
eu  plus  de  cent  à  motiver  leur  opinion,  et,  sur  le  nom- 
bre, 90  ont  dit  d'excellentes  choses,  avec  la  plus  grande 
facilité  et  les  développements  les  plus  lumineux.  Il  y  a 
eu  des  discussions    faibles,  mal  rendues,  bavardes  et 

1.  Avocat,  député  de  la  sénéchaussée  de  Lyon. 

20 


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—  454  — 

minutieuses,  mais  c'est  le  petit  nombre.  Je  suis  persuadé 
que  si  !es  députés  de  Paris  se  fussent  trouvés  à  cette 
séance,  ils  eussent  reconnu  que  le  don  de  la  parole  et 
les  lumières  ne  sont  pas  uniquement  concentrées  dans  la 
capitale  et  qu'ils  eussent  été  étourdis  sur  Topinion  trop 
avantageuse  que  le  public  semble  leur  faire  prendre 
d'une  supériorité  qu'ils  verront  souvent  éclipsée. 

Nos  co-députés  se  portent  bien,  vous  disent  bien  des 
choses.  Les  ordres  pour  rassembler  les  électeurs  du 
Mans  ne  sont  pas  encore  partis.  M.  le  Garde  des  Sceaux 
a  fait  demander  l'apport  des  charges  et  information  de 
i'affaire  des  Ghâtelets.  Je  désire  bien  la  continuation  de 
la  baisse  du  prix  du  grain.  La  pluye  que  nous  avons 
eue  hier  me  fait  espérer  qu'elle  continue.  Vous  m'avez 
tranquilisé  par  vos  deux  dernières  sur  mes  petites  filles. 

{écrit  au  crayon)  :  A  3  heures,  le  15. 

Point  de  collation  de  voix. Nouvelle  discussion  intéres- 
sante: M.  Target  est  arrivé  et  parlera  demain. 

E.  Queruau-Lamerie. 


dè;;.'i' 


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LA  MAISON  DE  LAVAL 


XXV 

GUY  XX 

15  avril  1586.  —  3  décembre  1605. 


Le  15  avril  1586,  lorsque  Guy  XIX  rendit  à  Taille- 
bourg  le  dernier  soupir,  après  avoir  vu  mourir  avant 
lui  ses  trois  frères,  il  laissait  un  fils,  né  de  sa  femme 
Anne  d'Alègre  à  Harcourt,  le  6  mai  1585,  âgé  par 
conséquent  de  moins  d'un  an  le  jour  où,  par  la  mort  de 
son  père,  il  devenait  héritier  de  la  maison  de  Laval. 
Guy  XX,  à  qui  Bourjolly,  on  ne  sait  pourquoi,  donne  le 
prénom  de  François  ' ,  fut  tout  naturellement  placé  sous 
la  tutelle  de  sa  mère,  laquelle,  semble-t-il,  n'eut  aucun 
des  profits  qu'elle  avait  droit  d'attendre  de  ce  chef  :  tout 
d'abord  Guy  XIX  <^tait  mort  en  état  de  rébellion  armée 
contre  le  roi  de  France,  d'où  il  s'en  était  suivi  confiscation 
de  tous  les  biens  laissés  par  lui  ;  puis,  en  1588,  Charles 
de  Lorraine,  marquis  d'Elbeuf,  et  René  de  Rieux,  sieur 
de  Sourdéac^,   se  firent  investir   par  Henri    III  de  la 


1.  Il  n*existe  pas  un  seul  document  original  dans  lequel  il  soit 
désigné  sous  le  nom  de  François  ;  et,  étant  donné  1  usage  établi 
chez  les  seigneurs  de  Laval  de  toujours  porter  le  nom  de  Guy,  on 
peut  être  certain  que  Guy  XX  n'en  a  jamais  reçu  d'autre. 

2.  Second  fils  de  Jean  de  Bieux  et  de  Béatrix  de  Jonchère 


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—  456  — 

tutelle  et  curatelle  de  Guy  XX,  âgé  alors  de  trois  ans 
à  peine  ;  en  1590,  il  est  vrai,  pendant  le  siège  de  Paris, 
Henri  IV  rendit  à  Anne  d'AIègre  la  tutelle  de  son  fils, 
mais  ses  revenus  n'en  furent  guère  augmentés,  car  le 
duc  de  Mercœur  était  maitre  de  la  Bretagne  et  appli- 
quait aux  besoins  de  la  Ligue  la  plus  grosse  partie  du 
produit  dos  fiefs  de  Guy  XX*. 

On  ne  saurait  du  reste  s'étonner  des  sévérités  d'Henri 
III  contre  Anne,  car  à  peine  veuve  de  Guy  XIX  elle 
s'était  empressée  de  se  mettre  en  opposition  avec  les 
ordres  de  la  cour,  en  enlèvent  le  jeune  Guy  XX  et  en 
le  faisant  conduire  à  Sedan,  afin  qu'il  y  fût  imbu  des 
doctrines  protestantes.  C'est  Antoinette  du  Prat,  sa 
mère,  qui  se  chargea  de  la  conduite  de  l'enfant,  son 
petit-fils,  et  qui,  dit-on,  à  partir  de  Reims,  ayant  eu  soin 
de  se  vêtir  en  paysanne,  le  porta  elle-même,  sur  ses 
bras,  pendant  les  sept  à  huit  lieues  qui  séparent  Reims 
de  Sedan. 

Guy  XX  passa  seulement  cinq  ans  dans  cette  der- 
nière ville  et,  en  1591,  parait-il,  il  fut  amené  à  Caen, 
où  il  reçut  la  plus  solide  instruction. 

[1  était  âgé  de  quatorze  ans,  quand,  par  suite  de  la 
pacification  de  la  Bretagne,  sa  mère  obtint  enfin  la  jouis- 
sance des  biens  de  la  maison  de  Laval.  A  cette  époque, 
séduite  par  les  propositions  du  maréchal  de  Fervaque, 
qui  offrait  de  lui  assurer  Grancey,  avec  dix  mille  livres 
de  rente  établies  sur  le  fief  et  sur  les  terres  les  plus 
proches,  elle  se  décida  à  convoler  en  secondes  noces 
avec  Guillaume  de  Hautemer,  seigneur  de  Fervaque, 
maréchal  de  France,  lequel,  en  1611,  obtint  de  la  régente 
l'érection  de  sa  terre  de  Grancey  en  duché-prairie, 
dont  il  ne  fit  pas  enregistrer  les  lettres  patentes. 
Leur  mariage  eut  lieu  en  1599  et  dès  lors  Anne  d'Alègre 

1 .  La  plupart  des  renseignements  donnés  ici  sur  l'enfance  de 
de  Guy  aX  et  sur  sa  vie  entière  sont  puisés  dans  un  plaidové 
que  Tavocai  Servin  prononça  au  Parlement  lors  des  débats  au 
procès  entre  la  maréchale  de  Fervaques  et  les  la  Trémolile. 


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LA    MAISON     DE     LAVAL 


f'hutiHypie  BrrthauU.  l'vi* 


1^5.  —  Portrait  d'Anne  d Alèyvv,  nuurclialr  de  Fenmquc,  I5UU. 

(Crayon  liu  lAtnvre.  n    /.WV) 


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—  457  — 

ne  fut  plus  désignée  que  sous  don  nouveau  titre  :  madame 
la  maréchale  de  Fervaque  ;  c'est  celui  qui  figure  sur  le 
second  de  ses  portraits  donnés  ici,  celui  qui  est  conservé 
parmi  les  crayons  du  Louvre  (figure  195). 

En  1613,  elle  devint  veuve  pour  la  seconde  fois,  par 
la  mort  du  maréchal,  alors  &gé  de  soixante-quinze  ans. 
Elle  lui  survécut  six  ans  et  mourut  en  1619,  entre  le  9 
février  et  le  8  juin  S  quatorze  ans  après  son  fils. 

Une  fois  le  mariage  accompli  >  les  nouveaux  époux  se 
préoccupèrent  de  la  constitution  du  douaire  auquel  Anne 
avait  droit  ;  il  fut  procédé  à  la  désignation  d'un  tuteur 
spécial  :  François  Harpin  de  Marigné,  président  à 
mortier  au  parlement  de  Bretagne  et  ancien  maître  des 
requêtes,  lequel  reçut  pour  mission  de  suppléer  Guy  XX 
pendant  les  négociations  relatives  aux  deniers  dotaux  et 
au  douaire  prévus  par  le  contrat  d'Anne  d'Alègre.  Pour 
ses  deniers  dotaux  et  pour  le  don  de  dix  mille  écus,  elle 
reçut  la  terre  de  la  Roche- Bernard,  laquelle  sortit  ainsi 
du  patrimoine  des  Laval,  de  sorte  qu'elle  ne  vint  pas 
avec  lui  aux  mains  des  la  TrémoïUe.  Quant  au  douaire^ 
il  fut  assis  sur  les  comtés  de  Montfort  et  d'Harcourt. 

Son  second  mariage  ne  priva  pas  la  maréchale  de 
Fervaque  de  ses  droits  à  la  tutelle  de  son  fils. 

En  novembre  1603,  Guy  XX,  alors  âgé  de  plus  de 
dix-huit  ans,  partit  pour  l'Italie  ;  au  retour  il  revint  par 
les  Flandres  et  prit  place  dans  l'armée  de  Maurice  de 
Nassau  avec  laquelle,  en  août  1604,  il  se  trouva  à  la 
prise  de  l'Ecluse.  En  janvier  ou  février  1605,  il  obtint 
des  lettres  d'émancipation  et  prit  par  lui-même  l'admi- 
nistration de  ses  nombreux  domaines.  Il  avait  alors 
dix-neuf  ans  huit  mois. 


1.  Cette  date,  qui  n*est  donnée  nulle  part,  résulte  de  deux 
lettres.  Tune  d'Anne  de  Rohan  au  prince  de  Joinville,  et  la 
seconde  d'Anne  de  Rohan  à  Mme  de  la  .TrémoYlle.  Le  pasteur 
Dumoulins  l'assista  à  ses  derniers  moments  (Voir  France  Pro- 
testante, I,  128,  et  Bulletin  du  Protestantisme  Français,  VIL 
467). 


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—  458  — 

Son  esprit  était  en  pleine  maturité  ;  aussi  est-ce  en 
parfaite  connaissance  de  cause  et,  après  en  avoir  long- 
temps médité  les  motifs,  qu'il  prit  la  grande  résolution 
de  se  convertir  au  catholicisme.  La  pensée  que  TÉglise 
romaine  pouvait  être  la  véritable  religion  de  Jésus- 
Christ  lui  était  venue  à  Naples  alors  que,  témoin  du 
miracle  du  sang  de  saint  Janvier,  il  voyait  le  peuple 
Napolitain  tout  entier  se  livrer  aux  ardentes  manifesta- 
tions de  la  foi  qui  Tanimait. 

11  avait  été  profondément  ému  du  gracieux  accueil  que 
lui  avait  fait  le  pape  Clément  VIII,  puis,  rentré  en 
France,  il  avait  accepté  d'assister  à  la  messe  dite  devant 
Henri  IV,  au  château  de  Fontainebleau,  et  enfin  avait 
sollicité  du  célèbre  P.  Coton  les  instructions  nécessaires 
pour  éclairer  sa  foi  de  néophyte.  Le  P.  Coton  n'eut  pas 
la  bonne  fortune  d'amener  Guy  XX  jusqu'au  pied  de 
Fautel  où  il  devait  abjurer  :  obligé  de  quitter  Paris  pour 
aller  fonder  à  Rouen  un  noviciat,  il  avait,  le  24  février 
1605,  prié  le  P.  de  BéruUe  de  prendre  la  charge  d'affer- 
mir Guy  XX  dans  ses  projets  de  retour  à  la  foi  de  ses 
pères. 

Tandis  que  les  catholiques  s'efforçaient  ainsi  de  faire 
fructifier  les  germes  de  conversion  que  le  Saint-Esprit 
avait  semés  dans  son  esprit,  les  protestants,  de  leur 
côté,  faisaient  tous  leurs  efforts  pour  le  retenir  dans  le 
sein  de  la  religion  prétendue  réformée  dans  laquelle  il 
avait  été  élevé.  Au  Cariulaire  on  trouvera  l'énuméra- 
tion  des  divers  documents  relatifs  à  cette  conversion  ; 
lettres  de  du  Plessis-Mornay,  lettre  de  Philippe  de 
Momay,  son  fils,  dissertations  de  Michel  Tilenus  sont 
des  preuves  suffisantes  du  prix  que  les  huguenots 
attachaient  à  la  présence  du  jeune  comte  de  Laval  parmi 
eux. 

Mais  tous  les  efforts  des  protestants  furent  prodigués 
en  vain  et  la  grâce  l'emporta  tant  sur  les  arguties  des  sec- 
taires que  sur  les  appels  répétés  à  des  amitiés  vieilles 
d'un  demi  siècle.  Dès  le  13  mars  1605  Guy  XX  était 


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—  459  — 

allé  à  la  messe  assez  publiquement  pour  que  Philippe 
de  Mornaypût  en  aviser  sa  famille;  puis  enfin,  entre  le 
10  et  le  21  avril,  il  fit  sa  profession  de  foi  entre  les  mains 
de  l'archevêque  de  Paris,  Henri  de  Retz,  et  alla  :i»!epj 
fermer  aux  Feuillants  pour  trois  jours,  afin  d*y  faîfe  3.a 
confession  générale.  ,         ,,  , 

A  côté  des  lettres  protestantes  il  faut  signaler  uq 
bien  curieux  opuscule,  dont  Tunique  exemplaire  connu  a 
pris  place  dans  la  bibliothèque  de  M.  le  duc  de  la  Xré? 
moïUe  :  La  conversion  de  monsieur  le  comte  de  Laval^ 
avec  la  dispute  par  luy  faite  contre  les  ministres^  et  lu 
vérité  par  luy  recogneue  dans  la  Foy  catholique^  Apos- 
tolique et  Bomaine,  Ensemble  la  lettre  envoyée  à 
madame  la  maréchalle  de  FervaqueSy  sa  mère,  sur  le 
sujet  de  sa  conversion,  A  Paris  M  DC  XXXV^  avec 
permission.  Ce  petit  livret,  qui  a  été  reproduit  en  partie 
dans  un  travail  récent  • ,  ne  se  présente  pas  avec  des  signes 
d'authenticité  suffisants  pour  que  sa  paternité  soit  incon7 
testable.  Il  est  daté  de  1635,  époque  où  sa  mise  au  jour 
ne  semble  avoir  présenté  aucune  actualité  ;  en  outre  on 
n'y  trouve  aucune  de  ces  allusions  intimes  que  Guy  XX 
écrivant  en  1605  à  sa  mère  n'eût  pas  manqué  d'y  insérer.. 
Aussi,  au  lieu  d'y  voir  une  lettre  de  1605,  imprimée  une 
trentaine  d'années  plus  tard  il  faut  peut-être  y  chercher 
tout  simplement  le  travail  de  quelque  théologien  qui, 
écrivant  en  1635,  a  trouvé  commode  d'attribuer  h  la 
plume  de  Guy  XX  les  arguments  qu'il  cherchait  à  faire 
valoir.  Au  XVII*  siècle  on  n'hésitait  pas  à  user  de  ce 
procédé  pour  donner  do  l'importance  à  un  factum  sur 
lequel  on  voulait  attirer  l'attention. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  la  paternité  de  la  brochure  en 
question,  la  conversion  de  Guy  XX  était  sincère  au 
point   de  lui  inspirer  le  désir    de  donner  un   sérieux 


\.  Par  M.  l'abbé  Angot  dans  son  Guy  XX  de  Laval,  sa  con- 
version, son  expédition  en  Hongrie ^  sa  mort,  au  tome  XXVIII, 
p.  231-236,  de  la  Revue  du  Maine, 


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—  460  - 

témoignage  de  son  dévouement  à  la  cause  catholique, 
en  allant  exposer  sa  vie  sur  le  champ  de  bataille  où 
une  lutte  bien  des  fois  séculaire  se  poursuivait  entre 
la  Chrétienté  et  Tlslamisme. 

Afin  de  défendre  la  Hongrie  contre  les  bordes  bar- 
bares, que  le  sultan  Âchmet  I  y  avait  lancées,  Tem- 
pereur  Rodolphe  II  y  entretenait  depuis  plusieurs  années 
déjà  une  armée  commandée  par  Georges  Basta^  laquelle, 
avec  des  fortunes  diverses,  tenait  en  échec  l'invasion 
Mahométane.  Guy  XX,  se  souvenant  du  bon  accueil 
fait  autrefois  par  Tarmée  impériale  aux  Français  qui  lui 
avaient  apporté  le  secours  de  leur  épée  :  le  baron  de 
Vaubecourt,  en  1598,  lors  de  la  reprise  de  Raab,  autre- 
ment dit  Javarin,  puis,  plus  tard,  en  1600,  le  duc  de 
Mercœur,  à  qui  on  avait  confié  le  commandement  de 
Tannée,  voulut  à  son  tour  y  prendre  place. 

Guy  XX  partit  de  Paris  le  29  août  1605,  accompagné 
de  M.  de  Marolles,  désigné  par  Henri  IV  pour  seconder 
le  jeune  comte  dans  le  commandement  de  sa  troupe, 
accompagné  surtout  de  David  Rivault  de  Florence^,  dont 
le  précieux  manuscrit,  conservé  aujourd'hui  aux  archives 
de  M.  le  duc  de  la  Trémoîlle,  contient  tant  de  renseigne- 
ments précieux  sur  la  campagne  trop  courte  qui  devait 
coûter  la  vie  au  dernier  des  comtes  de  Laval'. 


1.  Son  nom  était  bien  Bastaet  non  Baht.  —  Ce  Georges  Basta, 
honoré  par  l'empereur  Rodolphe  II  de  divers  commandements  en 
Honjf^e  et  en  Transylvanie,  reçut  par  lettres  patentes  du  25 
fëvner  1598  la  charge  de  général  de  cavalerie  ;  puis,  par  diplôme 
du  4  septembre  1605,  le  titre  de  comte  d'Hulst  et  du  Saint- 
Empire,  pour  lui  et  tous  ses  enfants  et  descendants  légitimes 
de  Fun  et  Tautre  sexe.  C'est  de  ce  diplôme,  interprété  dans  son 
sens  le  plus  lar^e,  que  s'autorisent  tous  ses  descendants  pour 

Sorter  eux  aussi  le  titre  de  comte  d'Hulàt,  qui  va  se  multipliant 
e  Jour  en  jour  (Voir  Annuaire  de  la  Noblesse  de  France^  1854,  p. 
808-307). 

2.  Telle  est  l'orthographe  actuelle  du  nom  du  lief  que  Rivault 
possédait  en  Saint-Léger  dans  la  baronnie  de  Sainte-Suzanne. 

3.  Voir  dans  le  Guy  XX  de  M.  l'abbé  Angol,  au  tome  XXVIII 
de  la  Revue  du  Maine,  tout  ce  que  notre  savant  confrère,  g^ce 
à  lui,  estparvenu  à  divulguer  de  faits  nouveaux  sur  la  campagne 
de  Ouy  aX  en  Hongrie. 


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—  461  — 

Guy  XX  arriva  à  1  armée  vers  le  15  octobre.  II  ne  tarda 
guère  à  donner  des  preuves  sérieuses  d'une  rare 
intrépidité  et  à  mériter  le  brevet  de  capitaine  de  la  com- 
pagnie de  mille  combattants  qu'il  se  proposait  de  lever 
en  France;  malheureusement,  le  3  décembre  1605, 
après  avoir  pendant  six  semaines  seulement  pris  sa 
part  des  fatigues  de  Tarméc,  il  fut  atteint  d'une  balle, 
qui  traversa  son  armure  mal  ajustée,  et  il  périt  le  jour 
même«  au  moment  où  on  le  débarrassait  de  sa  cuirasse, 
qui  tout  d'abord  avait  arrêté  l'effusion  du  sang.  Sa 
dépouille  mortelle  ne  resta  pas  aux  mains  des  barbares  ; 
sans  soupçonner  la  gravité  de  la  blessure  qu'il  avait 
reçue,  il  avait  eu  l'énergie  de  continuer  pendant  plus 
d'une  lieue  la  poursuite  de  l'ennemi  et  il  se  trouvait  au 
milieu  des  siens  quand,  parvenu  au  bord  du  Danube, 
trahi  enfin  par  ses  f  »rces,  il  tomba  pour  ne  plus  se  relever. 
<  On  se  battait  alors  dans  la  Hongrie  occidentale, 
autour  de  Komarom*,  ville  située  sur  la  rive  gauche  du 
bras  principal  du  Danube,  au  confluent  commun  du  bras 
septentrional  et  du  Vag  et  dont  les  Turcs  étaient  maîtres 
depuis  1594.  C'est  dans  l'un  des  combats  livrés  entre 
les  vieux  remparts  et  les  importants  cours  d'eaux  qui 
entouraient  la  ville  que  Guy  XX  fut  ainsi  frappé  à 
mort. 

Malgré  toutes  les  difticultés  d'un  pareil  voyage, 
malgré  la  peine  extrême  que  les  gentilshommes  de  sa 
suite  éprouvèrent  à  se  procurer  l'argent  nécessaire,  don 
corps  fut  rapporté  à  Laval  où,  grâce  à  la  négligence  de 
la  maréchale  de  Fervaque,  sa  mère,  grâce  aussi  à  un 
litige  entre  le  chapitre  de  Saint-Tugal  et  le  couvent  des 
Frères  Prêcheurs  de  Laval,  il  resta  sans  sépulture,  exposé 
en  l'église  Saint-Dominique  jusqu'au  26  février  1609, 
dato  où  ses  obsèques  eurent  enfin  lieu,  avec  le  cérémo- 


1.  Le  nom  allemand  esl  Komorn  ou  Gomorn.  La  ville,  qui  au 
cours  du  XIX*  siècle  a  été  pourvue  de  fortifications  considérables, 
a  été  eu  1849  le  dernier  rempart  de  l'insurrection  hongroise. 


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—  462  — 

nîal  dont  BourjoUy  a  conservé  les  détails  et  quî  présenta 
cette  singularité  que,  tout  ce  qui  était  protestant,  ayant 
refusé  de  prendre  part  à  la  cérémonie,  la  sépulture  se 
fit  hors  de  la  présence  de  sa  mère  et  de  son  beau-père 
et  qu'elle  fut  présidée  par  un  cousin,  Brandelis  de  Cham- 
pagne, marquis  de  Villaines,  fils  de  Nicolas  de  Cham- 
pagne et  de  Françoise  de  Laval- Lezay.  La  parenté  avec 
le  défunt  était  singulièrement  éloignée,  puisqu'il  faut 
remonter  à  Guy  VIII  pour  trouver  Fauteur  commun,  dont 
elle  découlait. 

Le  cœur  de  Guy  XX  fut  placé  à  Saint-Tugal,  où  se 
trouvait  une  inscription  dont  le  texte  a  été  conservé  par 
M.  de  la  Beauluère  Quant  à  son  corps,  c'est  dans 
Téglise  des  Jacobins  de  Laval  qu'il  reçut  la  sépulture. 
Dans  le  couvent  sur  la  porte  par  laquelle  on  passait 
de  la  chapelle  dans  le  cloître,  on  avait  placé  un  portrait 
de  Guy  XX  et,  tout  auprès,  sur  la  muraille,  l'armure 
dorée  qu'il  portait  le  jour  où  il  fut  tué.  Le  tout  existait 
encore  au  début  du  XVIII*  siècle,  à  l'époque  où  Bour- 
joUy écrivait  son  Mémoire  généalogique.  Il  n'en  reste 
rien  aujourd'hui,  pas  même  un  dessin. 

Par  la  mort  de  Guy  XX  la  maison  de  Laval  se  trouva 
prendre  fin,  car  il  eut  pour  héritier  principal  Henri  de 
la  Trémoïlle,  son  cousin  au  quatrième  degré  et  dont  les 
droits  puisaient  leur  origine  dans  la  représentation  da 
son  arrière-grand'mère,  Anne  de  Laval,  sœur  cadette 
de  Catherine,  arrière-grand'mère  de  Guy  XX. 

Les  La  Trémoïlle  possédèrent  Laval  jusqu'à  la  Révolu- 
tion ;  mais  pour  eux  le  titre  de  comte  de  Laval  fut  seule- 
ment une  qualification  accessoire  qui  prit  place  dans  la 
nomenclature  des  titres  de  la  famille  sans  qu'aucun 
d'eux  s'en  soit  paré  jamais,  sauf  pourtant  le  deuxième 
fils  d'Henri  de  la  Trémoïlle,  Louis-Maurice,  qui,  grâce 
aune  donation  faite  par  son  père  vers  1670,  fut  jusqu'à 
son  décès,  en  janvier  1681,  comte  de  Laval,  tandis  que 
son  aine,  Henri-Charles,  était  baron  de   Vitré  par  la 


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—  463  — 

remise  que  son  père  lui  en  fit  le  9  août   1661  et  le  30 
janvier  1669. 

M.  le  duc  de  la  Trémoïlle,  membre  de  Tlnstitut,  a 
montré  un  tel  discernement  dans  l'emploi  des  splendides 
archives  qui  lui  viennent  de  ses  pères  et  a  si  libérale- 
ment mis  au  jour  les  documents  qui  importent  à  Thistoire 
de  sa  famille,  que  ce  serait  aller  sur  ses  brisées  que  de 
chercher  à  en  élucider  Thistoire;  on  arrête  donc  à 
Tannée  1605  les  recherches  sur  la  Maison  de  Laval^ 
sauf  à  donner  place  dans  le  cartulaire  aux  quelques 
mentions  postérieures  à  cette  date,  qui  sont  venues  à 
notre  connaissance  et  dont  la  nomenclaturo  peut  aider 
à  faire  la  lumière  sur  la  période  à  laquelle  nos  volumes 
sont  consacrés. 


CARTULAIRE  DE  LAVAL 

GUY   XX 

XX  (2890-3168)  1586-1605 

2890.  —  1586,  après  le  15  avril.  --  Lettre  de  condoléance 
adressée  par  Henri  IV  à  Anne  d'Alègre  (Imprimé,  Lettres 
missives^  II,  206). 

A  madame  de  Lassai 

Ma  cousine,  si  je  n'avois  au'ant  de  regret  en  la  perte  qu'a- 
vons faicte  de  feu  mon  cousin,  vostre  mary,  que  pas  un  de  ses 
amys,  il  me  semble  que  j'aurois  plus  de  subject  de  vous  en 
donner  la  consolation  qui  vous  est  nécessaire  ;  mais  le  mal 
nous  est  si  commun  à  tous,  Tamitié  que  nous  luy  portions 
telle,  et  le  besoin  qu'il  nous  faict  si  cogneu,  que  chascun  jour 
nostre  regret  augmente,  nous  resouvenant  de  sa  valeur  et  du 
zèle  singulier  qu'il  portoit  à  la  gloire  de  Dieu,  oultre  Tamitié 
et  grande  affection  qu'il  m'avoit  démonstrée 

Geste  perte,  étant  accompagnée  de  tout  le  reste  de  sa  mai* 
son,  nous  faict  croire  que  le  monde  n'ei<toit  pas  digne  de  si  gens 


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—  464  — 

de  bien  et  que  Dieu  nous  veult  bien  affliger  ;  mais  aussi  n'en 
a-il  pas  voulu  osier  la  mémoire  puisqu'il  vous  en  a  laissé  le 
gaige  qui  vous  reste  en  voslre  fils,  lequel  je  suis  Irez  aise 
qu'ayez  retiré  à  Sedan,  pour  estre  en  plus  grande  seureté  de 
sa  personne  et  pour  le  faire  nourir  comme  vous  le  désirez  et 
nous  le  désirons.  Je  suis  marry  qu'il  n'a  plus  d'aage  pour 
voir  plus  tost  le  fruict  que  les  gens  de  bien  se  promettent  de 
luy.  Je  vous  prie  de  croire  que  je  luy  serviray  de  frère  et  qu'il 
trouvera  tousjours  en  moy  le  mesme  seing  et  la  inesme  affec- 
tion. 

Je  veulx  aussi  que  vous  fassiez  estât  de  moy  et  de  tous  les 
moyens  que  j'auray  jamais  de  tesmoigner  par  effect  que  mon 
amitié  n'est  point  morte  avec  le  corps  mais  qu'elle  continuera 
à  l'endroict  de  tout  ce  qui  le  peut  représenter,  comme  s'il 
estoit  vivant. 

Je  sçais,  ma  cousine,  qu'avez  beaucoup  perdu  et  nous  aussy  ; 
pour  le  moings  ses  amys  vous  restent  :  entre  lesquels  tenez 
moi  pour  vostre  plus  affectionné  cousin  et  meilleur  amy. 

Henry. 

2891.  —  1586,  !•'  mai,  Paris.  —  Lettre  par  laquelle 
Henri  III  prescrit  au  capitaine  Comte,  qui  occupait  Laval  avec 
soixante-dix  harquebusiers,  de  les  mener  à  Alençon  sauf 
contre-ordre  que  lui  donnerait  M.  de  Fargis  (Imprimé,  Boitr- 
jolfy,  II,  339,  d'après  B.  N.,  français,  3310,  67). 

2892.  —  1586,  1*'  mai,  Paris.  —  Lettre  par  laquelle,  entre 
autres  choses,  Henri  III  avise  M.  de  Fargis  que,  sauf  néces- 
sité, les  harquebusiers  du  capitaine  Comte  doivent  se  rendre 
à  Alençon  et  être  remplacés  à  Laval  par  ceux  du  capitaine 
Pastoureau  (Imprimé,  BourjoUy  II,  340,  d'après  B.  N., 
français,  3310,  67). 

2893.  — 1586,  6  octobre.  Rennes.  —  Lettre  éciite  à  M.  du 
Plessis,  conseiller  au  parlement  de  Rennes,  par  M.  Le  Me- 
neust  de  Bréquigny,  sénéchal  de  Rennes,  en  le  priant  d'obte- 
nir d'Anne  d'Alègre  de  réduire  la  garnison  de  Vitré  au  nom- 
bre d'hommes  qui  lui  avait  été  fixé  (Imprimé,  La  Borderie, 
Calvinisme  à  Vitré,  p.  13,  d'après  Archives  des  Le  Gonidec 
de  Traissan). 

Monsieur,  vous  voirrez  ce  que  j'écris  à  Madame  [la  comtesse 
de  Laval]  et  la  mémoire  du  bruit,  lequel  court  en  ceste  ville. 


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—  465  — 

plusieurs  sont  réfugiez  au  château  de  Vitré.  Madame  aura 
volluiitiers  besoin  d'une  troisième  grâce  du  Roy,  son  temsfîny. 
Mais  ce  n'est  pour  Tobtenir  que  de  recueillir  tant  d'hommes, 
lesquels  lui  font  grand  tort.  J'ay  empesché  qu'on  advertisse 
monseigneur  de  Mercœur  jusqu'à  avoir  response  d'elle  et  de 
vous,  Monsieur,  m'estant  promis  que  parentz  ny  alliez  ne  nous 
divertiront  de  la  volunté  que  avons  au  service  du  Roy  cl  du 
pays.  El  seray  pledge  de  la  bonne  intention  de  Madame, 
mais  toulz  ces  Iiommes  là  rentrez  au  château  perdent  tout... 
Faites  qu'ils  se  retirent  ou  réduisent,  autrement  je  crains 
quelque  malheur. 

Faites  que  Madame  me  rende  response  bien  ample  ;  elle  ny 
vous  ne  pouvez  douter  de  la  bonne  vollunté  que  j'ay  à  sou 
service  et  ce  qui  lui  touche,  mais  le  service  du  Roy  est  le  pre- 
mier et  du  peuple,  auquel  il  ne  faut  donner  sujet  de  s'émou- 
voir ou  désir  .. 

A  Rennes,  ce  6*  jour  d'octobre  1686,  environ  les  quatre 
heures. 

Vostre  confrère  obligé  et  obéissant  serviteur. 

Mbnbust. 

2894.  —  1587, 13  mai.  -  Contrat  de  mariage  de  Suzanne 
de  Laval,  fille  de  Jacques  II  de  Laval-la-Faigne,  avec  Esprit 
Dallon ville  (Note,  du  CheeinSf  Histoire,  636,  etDurand,  Châ- 
teau de  Montuel^  p.  23). 

2895.  —  1587, 1»' juillet,  Laval.  —  Mandement  de  Pierre 
Champhuon,  conseiller  pour  le  Roy  à  LaVal,  exerçant  la  judi- 
cature  des  exempts  par  appel  et  pour  les  cas  royaux,  relatif 
à  une  rente  sur  Bécherel  établie  au  profit  de  la  chapelle  de 
Montsûrs  par  Jeanne  de  Laval  (in-extenso,  B.  N.,  français^ 
22339,  141j. 

2896.  •—  1587,  3  août,  Paris.  •—  Lettre  écrite  par  Henri  III 
à  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  S  lui  prescrivant  de  se  mettre 
en  route,  afin  de  combattre  l'invasion  qui  venait  de  franchir 

1.  On  trouvera  ici  (numéro  196)  le  dessin  du  sceau  d'Urbain 
de  Laval- Bois-Dauphin,  tel  qu'il  figure  aux  archives  de  Maine-et- 
Loire  (E.  302'f),  plaqué  à  un  acte  du  26  avril  1584  ;  et,  souâ  le  numéro 
197,  le  dessin  de  celui  de  Madeleine  de  Montecier  plaqué  à  un 
acte  du  3  juin  1582,  conservé  au  môme  dossier.  Le  sceau  de 
Madeleine  porte  au  centre  un  écu  parti  de  Laval  et  de  Birague, 
où  les  trèfles  ne  sont  plus  visibles  sur  les  trois  fasces  breteschées. 


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—  466  - 


le  Rhin  (Imprimé,  B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  95, 
d'après  B.  N.,  français,  3348,  8). 

2897.  -  1587,  18  décembre.  —  Lettres  de  Henri  III  rela- 
tives à  la  perception  par  le  chapitre  de  Saint-Tugal  d'une  rente 
de  vingt-six  livres,  seize  sols,  assise  surBécherel  (in  extenso, 
B.  N.,  français,  28339,  140). 

2898.  —  1588,  12  mars,  Paris.  Lettre  écrite  à  Urbain 
de  Laval-Bois-Dauphin  par  la  duchesse  de  Montpensier, 
laquelle,  entre  autres  choses,  le  félicite  de  la  naissance  d'une 
fille  (Imprimé,  B  de  Broussillon,  Documents  inédits,  96, 
d'après  B.  N.,  français,  3348,  27). 

2899.  -  1588,  fin  de  mars.  —  Lettre  adressée  par  Henri  IV 
à  François  de  la  Noue,  chargé  de  la  tutelle  de  Charlotte  de  la 


196.  ^  Sceau  d'Urbain  de  l.aval-Bois-Dauphin,  lb84. 

Marck,  duchesse  de  Bouillon  ;  le  roi  de  Navarre  lui  recom- 
mande Mademoiselle  de  Bourbon,  sa  nièce,  et  Guy  XX  de 
Laval  €  qui  ne  peuvent  être  en  meilleur  séjour  que  là  »  (Im- 
primé, Lettres  missives.  II,  361). 

2900.  —  ir)88,  fin  de  mars.  —  Lettre  par  laquelle  Henri  IV 
assure  Anne  d*Alègre  qu'il  ne  l'abandonnera  pas  (Imprimé, 
Lettres  missives,  II,  360). 

A  madame  de  Laval 

Ma  cousine,  vous  sçaurez  par  ce  porteur  de  mes  nouvelles  ; 
il  vous  dira  que  je  suis  délibéré  de  n'abandoQner  pas  Sedan 
et  ce  qui  est  dedans,  que  je  tiens  par  trop  cher.   Croyez  que 


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-467  - 

j'auray  aultant  de  soing  de  ma  niepce,  de  ma  cousine  et  de 
vostre  nis  que  s'ils  estoient  mes  enfans  ^  Aussy  leur  veulx-je 
servir  de  père.  Je  vous  prie  qu'ils  ne  se  séparent  poinct  et 
vous  mesme  avoir  Tœil  sur  ce  que  jugerez  estre  de  leur  bien, 
surtout  pour  cmpescher  Ips  praticques  et  menées  que  je  ne 
doubte  poinst  qui  ne  se  dressent  de  diverses  parts.  Il  nous 
fault  voir  plus  clair  aux  affaires  du  monde.  Rien  ne  nous 
presse  ;  il  y  a  de  la  besoigne  taillée  ailleurs,  qu'il  fault  voir 
couldre  premièrement.  J'espère  qu'on  ne  perdra  rien  en 
l'attente. 

Avertissez-moy  et  me  tenez,  ma  cousine,  pour  vostre  bien 
affectionné  cousin  et  meilleur  amy. 

Henry. 

2901.  —  1588,  7  avril,  la  Ferté-Ernault.  —  Acte  par  lequel 
Suzanne  de  Laval,  dame  Dallonville,  renonce  à  la  succession 
de  Jacques  de  LavaMa-Faigne  (Note  Durand,  Château  de 
Montuel,  24). 

2902.  —  1588,  11  avril,  Sedan.  —  Lettre  écrite  par  Anne 
d'Alègre  à  un  nommé  Salomon  (Original,  Archives  de  la  Tré- 


197.—  Sceaa  de  Madeleine  de  Monteder,  ôpoase  d'Urbain  Bois-Dauphin,  1589. 

moïlle,  et  imprimé  par  Marchegay  dans  Anecdotes  galantes  et 
tragiques  du  XIV*  siècle  au  XVlfi^  les  Roches  Baritaud, 
in-4*,  1883,  tiré  à  100  exemplaires). 


1.  Mademoiselle  de  Bourbon,  mademoiselle    de  Bouillon   et 
Guy  XX. 


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-  468  — 

A  monsieur  Salomon. 

Monsieur  Salomon,  je  ne  vous  feray  qu'un  moi  pour  ceste 
heure,  qui  sera  pour  vous  prier  me  vouloir  mander  au  plus 
tost  des  nouvelles  de  madamoiselle  de..,  dont  je  suis  en  peine, 
et  aussy  me  mander  comant  sera  jugé  le  procès  de  ma  mère  ^ 

J*ay  une  autre  requesto  à  vous  faire,  laquelle  je  vous  prie 
ne  dédaigner,  encore  que  je  la  vous  face  pour  chose  qui  ne 
vaut  guère,  aussi  n'est-ce  pas  en  sa  considération  que  je  désire 
que  vous  preniés  de  la  peine,  mais  bien  pour  soulager  la 
mienne,  à  quoy  je  m'assure  que  vous  vous  esiudirés  tousjours 
très  volontiers,  et  il  c'en  présente  une  occasion.  C'est  que  je 
suis  du  tout  résolue  de  me  défaire  de  la  bonne  dame  que  vous 
savés,  et  sans  bruict,  car  voici  un  lieu  où  toutes  choses  sont 
sensurées  quelquefois  assés  sinistrement,  et  seulement  les 
miens  réprouvent  mes  actions,  mais  l^s  autres  non,  à  mon 
advis  au  moins,  n'ai-ge  point  remarqué  cela  ;  aussy  n'en  vous* 
je  donner  nul  sujet,  s'il  est  possible,  et,  pour  ce,  il  m'est  néces* 
saire  que  cette  affaire  soit  traitée  avec  quelque  dextérité,  qui 
ne  sauroit  estre,  ce  me  semble,  en  nul  autre  come  en  vous. 
Advisés  donc,  monsieur  mon  bon  ami,  d'user  tellement  de 
vos  couleurs  que  la  tante  de  ceste  nainfe  m'escrive  qu'elle 
désire  de  la  revoir,  soit  pour  la  visiter  en  quelque  maladie 
qu'elle  trouvera  avoir,  ou  telle  autre  excuse  qu'il  luy  plaira 
pour  faire  tomer  l'honneur  de  son  costé.  Je  suis  contente 
qu'elle  l'ait.  Pourveu  que  j'en  sois  quite,  c'est  ce  que  je  de- 
mande. Trouvés  donc  moien  de  faire  parler  à  elle  et  que  cela 
puisse  tomer  à  mon  contentement.  Elle  est  fort  près  de  Paris, 
ma  mère  saict  ce  que  c'est  ;  advisés  ensemble  sur  cela  ce  qui 
ce  doit  faire.  Si  elle  ne  pouvoit  point  savoir  que  ceste  envie 
là  vint  de  moy,  j'en  serois  bien  aise.  Il  faudroit,  ce  me  sem- 
ble, interposer  une  tierce  personne  qui,  représentant  à  ceste 
estropiée  le  hasart  que  sa  niepce  court  où  elle  est  et  qu'elle 
feroit  beaucoup  pour  elle  de  la  retirer  pour  quelque  temps  et 
de  chercher  quelque  moien  de  me  le  faire  trouver  bon,  qu'il  y 
a  de  la  vraie  semblance  que  l'aimant  comme  je  fai,  que  je  ne 
refuseray  pas  de  luy  donner  quelque  temps  pour  la  visiter, 
si  elle  me  mande  qu'elle  est  besoing  de  son  service. 


1.  Antoinette  du  Prat,  fille  d'Antoine  de  Nantouillet  et  d*Anne 
d'Alègre. 


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Je  serois  bien  aise  de  savoir  sy  madamoiselle  Dameux  est 
tonsjoars  en  volonté  de  me  donner  son  filz  poar  page.  Sy 
c'est  son  intention^je  ne  m'en  chargerois  point  d'autre  et 
serois  bien  aise  de  Tavoir  bien  tost.  Il  faut  nécessairement 
mètre  mon  grant  hors  de  page,  autrement  il  épousera  quatre 
ou  cinq  femmes,  et  quant  il  ne  sera  plus  si  à  son  aise 
ni  à  tant  de  chois,  il  considérera  que  les  autres  ce  contentent 
d'une,  dont  il  ce  trouve  souven  bien  empeschés. 

J'ay  receu  aujourd'huy  deux  lettres  du  roy  de  Navare  fort 
plaines  d'honnestetés.  En  Tune,  il  me  recomande  fort  mada- 
moiselle \  à  laquelle  je  voudrois  avoir  plus  de  moien  de  faire 
service.  A  Dieu,  bon  Gain,  auquel  je  vous  recomande  et  moy 
de  bien  bon  ceur  à  vostre  bonne  grâce,  come  aussy  mon  filz  ; 
luy  et  moy  sommes  entièrement  à  vostre  comandement.  J'en- 
voie  deux  lettres  que  j'ay  escrites  à  Messieurs  de  Chat  et  de 
Bois.  Je  mande  au  premier  que  vous  luy  nomerés  les  noms  de 
ceux  de  nos  oficiers  auquelz  il  sera  besoing  qu'il  escrive  de 
bon  ancre.  Faictes  luy  donc  savoir,  je  vous  prie,  et  à  moy  ce 
que  vous  aurés  résolu  pour  mes  affaires.  Baisés  bien  hum- 
blement les  mains  de  ma  part  à  toute  la  compagnie.  Je  répon- 
dray  une  autre  fois  à  vostre  dernière  lettre.  Pour  ceste  heure, 
vous  n'aurés  autre  chose  de  'noy,  sinon  que  jeseray  à  jamais, 

Ce  xi«  d'avril  1588. 

Vostre  bien  affectionné  amie. 

(Au  dos  :) 

J'oublieis  de  vous  dire  que  je  ne  me  puis  défaire  sans  peur 
de  cete  belle  Fleuripes  que  à  mon  retour,  mais  vous  ne 
délairés  de  tramer  ce  qui  est  contenu  en  ce  mot. 

2903.  —  1588,  27  août,  Bois-Dauphin.  —  Lettre  adressée 
à  Henri  III  par  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  nommé,  ainsi 
que  le  lieutenant  de  sa  compagnie,  député  aux  Etats-géné- 
raux (Imprimé  B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  99, 
d'après  B.  N.,  français,  3408, 67). 

2904.  -  1589,  1«' janvier.  —  Lettre  adressée  par  Henri  IV 
à  Anne  d'Alègre  (Imprimé,  Lettres  missives^  (I,  420). 


1.  Catherine  de  Bourbon,  nièce  d'Henri  IV.  Voir  sa  lettre  de 
la  fin  de  mars,  sous  le  numéro  2900. 


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—  470  — 

A  madame  de  LayaL 

Ma  cousine,  nous  travaillons  icy  à  recouvrer  gens  et  argent 
pour  le  secours  de  Jametz  et  Sedan  ;  nous  avons  dépeschéde 
tous  costez,  j'espère  que  le  fruict  en  réussira  bien  tost. 

Je  vous  prie  tenir  la  main,  de  vostre  part,  que  toutes  choses 
aillent  bien  au  lieu  où  vous  estes.  Vous  voyez  déjà  les  œuvrss 
merveilleuses  de  Dieu  ;  c'est  bien  pour  reprendre  courage. 

Nourrissez  vostre  petit  pour  l'employer  à  son  service,  car 
nous  debvons  espérer  mieulx. 

Faites  toujours  estât  de  moy  comme  de  vostre  bien  affec- 
tionné cousin  et  meilleur  amy. 

Hbnry. 

2905.  — 1589,  !•'  mars,  Le  Mans.  — Mandement  par  lequel 
Bois-Dauphin  prescrit  de  signer  et  de  jurer  la  Lig^e  dans 
chaque  paroisse  du  Maine  (Imprimé,  abbé  Ledru,  Urbain  de 
Lamly  172). 

2006.  —  1580,  vers  le  23;raars.  -  Les  habitants  dô  Vitré 
demandent  trois  pièces  de  canon  à  Mercœur  qui  les  leur  ac- 
corde par  trois  lettres  successives  [Bulletin  de  la  Société  arch» 
d'Ille-et-Vilaine,  XI,  200-204). 

2007.  —  1589,  23  mars  au  14  août.  —  Siège  de  Vitré  par 
M.  de  Mercœur  *  (Notes,  Paris-Jallobert,  42). 

2908.  —  1589,  23  mars  au  14  août.  —  Relation  du  siège 
de  Vitré  par  Mercœur  (Imprimé,  de  Barthélémy,  Choix  de 
documents  inédits  sur  L%  Ligue  en  Bretagne^  18-27). 

2909.  — 1589, 27  août,  Vendôme.  —  Acte  par  lequel  Urbain 
de  Laval-Bois-Dauphin  reconnaît  devoir  six  cents  écus  à 
M.  de  Lignerac  (Imprimé,  Ledru,  Urbain  de  Laval-Bois^ 
Dauphin,  28). 

Je,  Urban  de  Laval  du  Bois-Dauphin,  confesse  debvoir  à 
monsieur  de  Lignerac  '  six  cens  escus  sol  pour  une  vandition 
qu'il  m'a  faicte  d'ung  cheval  d'Espagne  gris.  Laquelle  somme 
de  six  cents  escus  je  luy  promets  paier  à  Pasques  prochène- 
ment. 


1.  C*est  le  21  mars  qie  les  huguenots  s'étaient  établis  dans 
Vitré,  dont  Mercœur  ne  parvint  pas  à  les  déloger. 

2.  Lieutenant  de  la  Haute-Auvergne,  gouverneur  d'Aurillac. 


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LA    MAISON     DE     LAVAL 


Ptaototypi»  Bfrthaud.  l'an» 


l!W.  —  Portrait  dv  Guij  de  Laval,  marquis  de  \esle,  1590. 


(TahU-au  sur  hits,  n    3326  ,h  VtrsaiHvs) 


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—  471  — 

En  tesmoing  de  se  j'é  sine  cesie  de  mon  seing. 
Faict  à  Vendosme  ce  vint  sepiiesme  de  oust  MDLXXXIK 
pour  la  somme  de  six  cens  escus  sol. 

Ubban  db  Laval. 

2910.  —  1589,  8  septembre,  Le  Mans.  —  Acte  par  lequel 
Bois-Dauphin  déclare  que  ce  que  la  Motte-Serrant  a  fait 
contre  le  sieui*  du  Vau  en  Vendômois  Ta  été  par  ses  ordres  et 
est  acte  de  guerre  (Imprimé,  abbé  Ledru,  Urbain  de  Lavaly 
183). 

2911.  —  1589.  —  Dépenses  faites  par  les  échevins  du  Mans 
en  vertu  des  ordonnances  de  Bois-Dauphin  et  du  sieur  de  La 
Pierre,  son  lieutenant  (Imprimé,  abbé  Ledru,  Urbain  de 
Laçai,  173-183). 

2912.  —  1589,  2  décembre,  Le  Mans.  —  Capitulation  de  la 
ville  du  Mans,  signée  par  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  du 
Puy  du  Fou,  Pescheray  et  autres  (Imprimé,  B.  de  Broussil- 
lon,  Documents  inédits^  103,  d'après  B.  N.,  français^  3275, 
136,  et  3977,  357). 

2913.  —  1590,  14  mars,  Ivry.  —  Victoire  remportée  par 
Henri  IV  sur  les  ligueurs.  Guy  de  Laval,  marquis  de  Nesle, 
y  fut  blessé  à  mort  dans  Tarmée  royale  ;  Urbain  de  Laval- 
Bois-Dauphin,  de  Tarméedela  Ligue,  y  fut  fait  prisonnier 
(Mémoires  de  la  Ligue,  IV,  248,  249). 

2914.  —  1590,  15  avril,  Esclimont.  —  Décès  de  Guy  de 
Laval,  marquis  de  Nesle  S  causé  par  les  blessures  reçues  par 
lui  le  14  mars,  à  Ivry  {Mémoires  de  la  Ligue,  IV,  249). 

2915.  —  1590,  16  avril.  —  Coup  de  main  avorté  contre  le 
château  de  Vitré  (Note,  Paris  Jallobert,  44). 

2916.  — 1590,  30  avril,  Rennes.  —  Ordonnance  par  laquelle 
le  sénéchal  de  Rennes  déclare  rebelles  au  Roi  un  grand  nom- 
bre de  ligueurs  de  Vitré  et  des  paroisses  des  environs  énu- 
mérés  dans  l'acte  (Imprimé,  dom  Morice,  III,  1506). 

2917.  —  1590,  25  novembre,  Pontavert.  —  Lettre  écrite 


1.  Ce  Guy  de  Montmorency-Laval,  marquis  de  Nesle,  est  le 
seul  Laval  dont  nous  ayons  rencontré  un  portrait  peint  ;  nous  en 
donnons  ici  sous  le  numéro  198  la  photogravure.  Le  tableau  fait 
partie  du  musée  de  Versailles,  où  il  figure  soas  le  numéro  3326. 


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-  472  — 

par  le  duc  de  Mayenne  à  Urbain  de  Layal-Bois-Danphin 
[imprimé,  Henry  et  LoriqueU  Correspondance  du  duc  de 
Mayenne^  I,  70). 

A  monsieur  de  Bois-Dauphin 

Monsieur  de  Bois-Dauphin,  je  vous  envoyé  par  Legrand 
toute  la  dépesche  des  provinces  où  s'addressera  vostre  che- 
min, que  je  vous  prie  de  faire  distribuer  sur  les  lieulx  et 
recommander  autant  que  vous  pouvez  qu'il  soit  prompte- 
ment  proceddé  à  la  députation  de  tous  les  ordres  pour  avan- 
cer rassemblée  des  Estats  dans  le  temps  que  nous  avons  pour 
la  seureté  des  députez  au  moyen  des  passeports  dont  j'envoye 
pareillement  ung  pour  chaque  province. 

Je  vous  ai  desjà  mandé  une  autre  fois  que  Legrand  vous 
accompagnera  jusques  là  et  vous  dira  les  liens  ausquels  nous 
avons  à  faire  pour  ce  regard,  en  quoy  vous  serez  soulagé  de 
luy,  comme  cogneu  au  pays. 

Je  vous  supplye  d'y  faire  procéder  en  la  plus  grande  dili- 
gence qu'il  se  pourra. 

N'estant  cest  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu.... 

2918.  —  1590.  —  Lettre  écrite  par  Anne  d'Alègre  à  la 
.duchesse  de  la  TrémoïUe  (Archives  de  la  Trémoïlle). 

A  madame^  madame  de  la  Trimoille 

Madame,  je  vous  puis  dire  avec  vérité  que  depuis  le  retour  du 
porteur  que  m'avez  dernièrement  envoyé,  j'ay  recherché  tous 
moyens  de  satisfaire  à  ce  que  mon  filz  vousdoibt,  pour  les  curré- 
ragesde  sept  années  des  mil  dix  huict  livres  troys  sols  six  de- 
niers tournois  pour  chacune  d'icelies  qui  escheoirront  le  xxiii* 
de  ce  moys.  Comme  il  est  très  raisonnable,  et  à  ceste  fin  j'ay 
envoyé  en  toutes  les  terres  de  mon  dict  filz  qui  ne  sont  possé- 
dées de  la  Ligue,  ausquelles  il  a  convenu  mectre  des  receveurs 
à  conférence,  depuis  deux  moys  que  j'ay  eu  l'administration 
de  ses  biens  pour  n'avoir  peu  trouver  de  fermiers,  mais  il  ne 
m'a  esté  possible  d'en  recouvrer  un  seul  escu.  Quant  au  passé, 
il  a  esté  entièrement  receu  par  monsieur  de  Sourdéac,  qui  en 
avoit  eu  l'administration,  et  n'y  a  moyen  d'en  recouvrer  de 
luy.  Au  contraire,  j'ay  esté  contraincte  deluy  laisser  la  jouis- 
sance de  la  baronnye  de  Gaêl,  jusques  à  ce  qu'il  se  soit  payé 
de  quatre  mil  escuz  qu'il  a  voullu  avoir  pour  quitter  la  dicte 


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—  473  — 

administration  et  sans  laquelle  somme  il  eust  jouy  du  tout 
autant  qu'il  eust  peu,   —  et  s'est  mis  dans  le  chasteau  de 
Comper,  dépendant  de  la  dicte  baronnie,  dont  je  ne  le  puis 
tirer,  encores  qu'il  y  soit  au  dommage  de  mon  filz  et  à  la 
foulle  des  subjectz  d'icelle,  —  ne  m'estant  resté  aucun  revenu 
duquel  je  puisse  à  présent  faire  estât  pour  la  nourriture  de 
mon  filz  et  de  moy,  ce  que,  madame,  je  vous  dis  avec  larmes, 
sinon  environ  de  sept  ou  mil  escuz  que  les  fermiers  de  ceste 
baronnye  doibvent  de  leur  dernière  ferme  qui  avoit  commencé 
auparavant  ces  derniers  troubles,  et  sans  la  difficulté  qu'ilz 
ont  faicte  de  payer  au  dict  sieur  de  Sourdéac,  il  eust  dévoré 
encores  ceste  partye,  pour  laquelle  les  dictz  fermiers  m'ont 
aussi  mis  en  avant  plusieurs  difficultez  pour  les  dommaiges 
et  non  jouissances  que  prétendent  leurs  soubz  fermiers,  de 
sorte  de  j'ay  esté  contraincte  de  les  mectre  en  procès,  que 
j'espère  terminer  en  brief,  et  par  l'yssue  d'iceluy  recevoir  la 
meilleure  partye  de  la  dicte  somme,  de  laquelle  j'ay  désigné 
les  premiers  deniers  qui  en  proviendront  pour  acquitter  les 
arrérages  du  dict  suplément  qui  vous  sont  deuz,  que  pourrez 
recevoir  auparavant  la  Saine t- Jehan,  terme  plus  prest  et 
mieux  asseuré  que  si  je  vous  baillois  une  terre  à  jouir,  parce 
que  je  n'en  ay  aucune  affermée,  mais  à  recepte,  dont  ilz  ne 
comptent  pas  du  tiers  du  revenu,  pour  n'ozer  aller  par  pais 
pour  le  recuillir,  comme,  pour  exemple,  ceste  terre  qui  estôit 
affermée  six  mil  escuz  ne  revient  aujourd'huy  à  11  mil  livres  ; 
encores  peu  de  personnes  se  veullent  bazarder  de  recevoir  le 
revenu,  si  ce  n'est  avec   grand  sallaire  ;  tellement,  madame, 
que  quand  vous  auriez  faict  saisir  et  establir  commissaires, 
ilz  consumeroyent  le  tout  en  fraiz,  de  quoy  vous  ne  recevriez 
aucun  proffict  et  mon  filz  un  très  grand  dommage.  Et  pour 
ce,  madame,  je  vous  suplye  au  nom  de  Dieu  de  mectre  en 
considération  mes  justes  dolléances  et  que  nous  faciez  ceste 
faveur  d'aider  à  vous  payer.  Si  vous  aviez  opinion  de  pouvoir 
recouvrer  environ  de  quinze  cens  escuz  que  feu  monseigneur 
le  prince  me  devoit,  je  vous  envoiroys  ses  promesses,  ou  bien 
s'il  plaisoit  à  monsieur  de  la  Trimoille  prendre  la  vaisselle  de 
feu  monsieur  mon  mary,  laquelle  il  a  autres  fois  désiré,  comme 
j'ay  entendu  depuis  quelque  temps,  je  la  luy  ferois  délivrer  à 
la  Rochelle  où  elle  est,  et  aviserions  à  faire  pris   du  marc, 
compris  celle  qui  est  brunye  dorée,  ainsi  qu'il  vous  plairoit 


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—  474  — 

d'en  ordonner.  J'ay  bien  espérance  qu'après  la  prise  d'Avran- 
ches,  qui  se  doibt  rendre  jeudy  prochain,  les  armes  de  mes- 
siears  de  Montpensier  et  prince  de  Dombes  se  pourront  join- 
dre et  remectre  en  Tobéissance  du  roy  la  meilleur  partye  de 
ce  pais.  Et  si  ainsi  advient,  je  ne  vous  demanderay  si  long 
terme,  vous  promectant  que  de  ce  que  je  pourray  prompte- 
ment  recevoir,  je  seray  aussi  songneuse  de  vous  payer  que 
de  secourir  mon  filz.  Et  si  j'avois  autres  moyens,  je  les  vous 
déclarerois  comme  j'ay  faict  ouvertement  ceulx  que  je  vous 
représente,  vous  supliant  bien  humblement,  madame,  de 
croire  que  le  retardement  ne  provient  que  de  faute  d'argent 
et  non  de  bonne  voUonté,  de  laquelle  tout  ce  que  j'auray 
jamais  de  moyen,  voire  moy  mesmes,  seray  entièrement  tous- 
jours  disposé  à  vous  rendre  tout  le  service  bien  humble  que 
pouvez  désirer, 

Madame,  de  votre  plus  humble  et  affectionnée  cousine  à 
vous  faire  service. 

Anne  d'Allègre. 

2919.  —  Vers  1590.  —  Lettre  écrite  au  duc  de  Nevers  par 
Renée  de  Laval,  comtesse  de  Créance  (B.  N.  français^ 
3630,  60). 

Monseigneur  le  duc  de  Nei^ers 

Monseigneur,  je  suis  infiniment  marrie  de  vous  estre  tant 
importune.  L'honneur  qu'il  vous  plaist  de  me  faire  me  tenir 
pour  vostre  très  humble  servante  faict  qu'avec  plus  d'assu- 
rance je  vous  supplie  très  humblement,  monseigneur,  m'oc- 
troyerungz  passeport  pour  aller  aux  villes  de  vostre  gouver- 
nement où  j'ay  quelques  affaires.  J'en  ay  donné  ung  mémoire 
à  ce  gentilhomme,  et  vous  m'obligerés  de  plus  en  plus  à 
demeurer  éternellement, 

Monseigneur, 

Votre  très  humble  et  très  hobésante  servante. 

R.  DE  Laval. 

2920.  —  1591,  21  avril,  Nantes.  —  Long  rapport  adressé 
par  Diego  Maldanado  à  Philippe  II,  dans  lequel  il  mentionne 
réchange  qui  venait  de  s'effectuer  de  Bois-Dauphin  contre 
d'Avaugour,  détenu  au  château  de  Nantes  (Carné,  Documents 
sur  la  Ligue  en  Bretagne,  1,  37,  d'après  A.   N.,   K.   1580). 


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—  475  — 

2921.  —  1591,  mai.  —  Mémoire  adressé  par  M.  de  la  Motte- 
Jacquelol  à  l'ambassadeur  d'Espagne,  dans  lequel  il  parle  de 
la  nécessité  d'imposer  à  Mercœur  la  constitution  d'un  grand 
conseil  et  indique  Bois-Dauphin  comme  devant  y  prendre 
place  (Imprimé,  Carné,  Documenta  sur  la  Ligue  en  Breta- 
gne, I,  45,  d'après  A.  N..  K.  1577). 

2922.  —  1591,  28  juin,  Guengugli.  —  Lettre  écrite  par 
Bois-Dauphin  à  don  Mendo  de  Ledcsma  afin  de  lui  raconter 
les  escarmouches  qui  venaient  d'avoir  lieu  dans  la  lande  de 
Marhalla,  en  Boqueho  (Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la 
Ligue  en  Bretagne,  I,  58,  d'après  l'autographe  A.  N  ,  K. 
1577). 

2923.  —  1591,  2  juillet,  Louville.  —  Décès  de  Suzanne  de 
Laval,  dame  Dallonville  (Note,  Durand,  Château  de  Montuel 
p.  24). 

2924.  —  1591,  3  juillet.  —  Etat  des  forces  du  duc  de  Mer- 
cœur  réunies  au  camp  de  Corlay  ;  le  régiment  de  M.  du  Bois- 
Dauphin,  composé  de  sept  compagnies  comptait  deux  cent 
quarante  cuirasses  (Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la  Ligue 
en  Bretagne,  1.  59,  d'après  A.  N.,  K.  1577). 

2925.  —  1591,  13  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Bois-Dauphin 
à  don  Mendo  de  Ledesma  où  il  se  plaint  de  son  manque  de 
ressources  (Imprimé.  Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en 
Bretagne,  I,  84,  d'après  A.  N.,  K.  1577). 

2926.  —  1591,  15  juillet.  — Instructions  données  par  Bois- 
Dauphin  et  M.  de  la  Roche-Hue  envoyé  par  lui  vers  don  Mendo 
de  Ledesma  (Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en 
Bretagne,  I,  70,  d'après  A.  N.,  K.  1577). 

2927.  —  1591,  juillet.  —  Mémoire  adressé  au  roi  d'Espa- 
gne par  la  Motte- Jacquelot  dans  lequel  on  voit  que  «  le  sieur 
du  Bois-Dauphin,  sans  argent,  sans  ville  de  retrette  et  sans 
passage  aucun  de  rivière,  a  tiré  néanmoins  des  ditz  païs  plus 
de  deux  cens  gentilshommes  et  plus  de  seize  cens  harquebu- 
ziers,  qu'il  a  menés  en  l'armée  du  duc  de  Mercœur  »  (analysé, 
Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en  Bretagne,  I,  71,  d'après 
A.  N.,  K.  1577). 

2928.  —  1591,  6  août.  —  Lettre  écrite  par  Mercœur  à  don 
Mendo  de  Ledesma  lui  donnant  des  nouvelles  de  l'armée  (Im- 


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—  476  — 

primé,  Carné,  Documenta  sur  la  Ligue  en  Bretagne^  I,  83, 
d'appèsA.  N.,  K.  1577). 

2929.  »  1589,  avril  à  1591,  septembre.  — ^  Etat  des  finances 
de  la  Ligue  en  Bretagne  par  lequel  on  apprend  que  les 
ligueurs  ont  reçu  dix-sept  mille  six  cent  cinquante  livres  pour 
supplément  de  rechange  de  d'Avaugour  contre  Bois-Dauphin 
(Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en  Bretagne,  I, 
101,  d'après  A.  N.,  K.  1577). 

2930.  —  1591,  14  septembre.  —  Lettre  adressée  par 
Henri  IV  à  M.  d'Humières  et  relative  à  la  libération  de  Bois- 
Dauphin  (Copie  informe  au  cabinet  de  Fauteur]. 

Monsieur  d'Humières,  je  désire  instamment  que  M.  de 
Laval,  prisonnier  à  Pierrefond,  soit  en  liberté  ',  et,  n'ayant  à 
présent  un  bon  moyen  pour  l'en  tirer,  je  vous  prie  vous  em- 
ployer pour  cest  effet  et  vous  asseurer  de  tout  l'argent  que 
vous  sera  possible  pour  paiement  et  assurance  de  sa  rançon 
et  croire  que  me  ferez  en  cela  chose  qui  me  sera  très 
agréable. 

N'estant  cestuy  à  aultre  fin,  je  prie  Dieu,  monsieur  de 
Humière,  qu'il  vous  ait  en  sa  saincte  gai  de. 

Le  XIV*  jour  de  septembre. 

Hbnry. 

2931.  —  1591,  5  octobre,  Laval.  —  Lettres  par  lesquelles 
le  métier  de  tanneur  est  réglementé  dans  la  ville  do  Laval  ' 
(Imprimé,  la  Beauluère,  Notices  et  recherches^  268). 

2932.  —  1591,  15  novembre,  Craon.  —  Lettres  par  les- 
quelles Bois-Dauphin  autorise  RenéJoubert,  son  chirurgien, 
à  s'emparer  des  plus  beaux  meubles  ayant  appartenu  au  feu 
capitaine  Rallais,  jusqu'à  concurrence  des  quatre  vingt  livres 
qu'il  lui  devait  (Imprimé,  Bulletin  de  la  Mayenne^  VIII, 
1894,  41). 

1.  Il  s'agit  ici  d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  qui,  fait  pri- 
sonnier à  la  bataille  dlvry,  était  Tobjet  d'un  échange  mentionné 
au  numéro  2918.  Comme  Bois-Dauphm  était  l'un  des  chefs  de  la 
Ligue,  il  y  a  lieu  de  penser  que  si  Henri  IV  attachait  tant  de  prix 
à  m  liberté,  c'est  que  celle  de  d'Avaugour  en  dépendait.  Voir  les 
numéros  2918,  2927,  2939,  2940,  2959.  2975. 

t.  Pour  la  rédaction  de  ces  statuts  on  s'est  mspiré  de  ceux 
donnés  par  Louis  XI  aux  tanneurs  d'Angers,  par  ses  lettres  datées 
à  Ghàteau-Qontier,  mai  1487. 


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—  477  — 

2933.  —  1591,  18  décembre,  Rennes.  —  Arrêt  par  lequel 
la  Chambre  des  comptes  de  Bretagne  vérifie  les  lettres  du  Roi 
du  2  novembre  1591,  autorisant  la  ville  de  Vitré  à  faire  une 
levée  pendant  six  ans  (Imprimé,  Paris-Jallobert,  45). 

2934.  —  1591,  31  décembre.  —  Quittance  de  la  somme  de 
neuf  mille  écus,  délivrée  au  nom  du  seigneur  de  Bois-Dau- 
phin à  valoir  sur  ses  états  et  appointements  de  gouverneur  de 
l'Anjou  et  du  Maine  (B.  N  ,  français^  28154,  240). 

2935.  — 1591.  —  Exécution  du  juge  de  Laval  (Bulletin  de 
la  Mayenne^  1889,  354). 

2936.  -—  1592, 11  mars.  —  Contrat  de  Pierre  II  de  Laval- 
Lezay  avec  Isabeau  de  Rochechouard  (Note,  du  Chesne, 
Histoire,  623). 

2937.  ~  1592,  fin  mai,  Nantes.  —  Lettre  écrite  par  Bois- 
Dauphin  au  roi  d'Espagne  à  la  suite  de  la  bataille  de  Craon 
(Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en  Bretagne^  I, 
127,  d'après  A.  N.,  K.  1581). 

2938.  — 1592,  1"  juillet,  Château-Gontier.  —  Quittance  de 
quinze  cent  quatre-vingts  écus,  délivrée  par  Urbain  de  Laval- 
Bois-Dauphin,  à  valoir  sur  ses  gages  de  gouverneur  d'Anjou 
et  du  Maine  «  pour  nosseigneurs,  les  princes  catholiques  » 
(Original  signé  et  scellé,  B.  N.,  français,  28154,  241). 

2939.  —  1592,  15  juillet.  —  Acte  par  lequel  Bois-Dauphin 
reconnaît  avoir  reçu  quatre  mille  écus  dépensés  par  lui  au 
profit  de  la  Ligue*  (Imprimé,  Renie  du  Maine,  XXIX,  363). 

2940.  —  1592,  !«'•  octobre.  —  Relation  de  la  victoire  rem- 
portée à  Ambrières  par  Bois-Dauphin  adressée  par  don  Mendo 
de  Ledesma  à  Philippe  II  (Mention,  Carné,  Documents  sur  la 
Ligue  en  Bretagne,  I,  158,  d'après  A.  N.,  K.  1584,  et  traduc- 
tion, Revue  du  Maine,  XLVIII,  24-30). 

2941.  —  1592,  28  octobre.  ~  Acte  par  lequel  François  de 

1.  Ici,  sous  les  numéros  199,  200,  201,  on  trouvera  les  dessins 
de  trois  cachets  dont  le  maréchal  de  Bois-Dauphin  a  fait  usage 
entre  1592  et  1609,  à  une  époque  où,  par  suite  de  décès,  le  15  avril 
1590,  de  Guy  de  Laval-Loué,  Urbain  de  Laval  devenu  chef  du 
nom  et  des  armes  de  Montmorency-Laval,  avait  abandonné  la 
bordure  chargée  de  cinq  lionceaux,  qui  figure  encore  au  numéro 
196  et  ne  portait  plus  qu  un  blason  sans  bnsure. 


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—  478  — 

Faudoas,  comto  de  Belin,  s'engage  à  payer  douze  cents 
écus  pour  la  rançon  d'Urbain  de  Laval- Bois-Dauphin  (Copie 
informe  au  cabinet  de  l'auteur). 

Je,  seigneur  de  Belin,  mareschal  de  camp  des  armées  catho- 
liques et  gouverneur  de  la  ville  et  cité  de  Paris,  soussigné, 
confesse  debvoir  et  promest  paier  la  dite  somme  [1200  écus] 
de  ce  jourd'hui,  date  de  ces  présentes,  en  trois  mois  accomplis 
etrévoluz  en  son  propre  et  privé  non.  Obligeant  à  ceste  fin 
tous  ses  biens,  seigneuries,  meubles  et  immeubles  en  quelques 
lieux  qu'ils  soient  assiz  et  existant. 

Faict  ce  vingt  huictiesme  jour  d'octobre  mil  cinq  cent 
quatre  vingt  et,douze. 

DE  Bblin. 

2942.  — 1592,  fin  d'octobre.  —  Lettre  adressée  p«r  M.  d'Hu- 
mières  à  Jean  de  Faudoas,  comte  de  Belin,  et  relative  à  la 
libération  de  M.  du  Bois-Dauphin  (Copie  informe  au  cabinet 
de  l'auteur). 

Monsieur,  je  vous  mercie  bien  humblement  du  bon  secours 
que  a  receu  M.  de  Laval  par  vos  mains  en  la  composition  de 
sa  rançon  et  liberté. 

Je  reconnoist  assez  que  c'est  en  la  considération  de  la 
prière  que  je  vous  ai  faicte,  du  commandement  du  roy  qui  a 


199, 900, 901.  —  Cachets  du  maréchal  de  Bois-Dauphin,  1699, 1001, 1009. 

eu  ce  service  très  agréable  et  m'a  asseuré  qu'il  vous  fera  des- 
charger des  douze  cents  écuz  dont  vous  avez  respondu  au 
sieur  de  Rieux  pour  la  rançon.  Je  tiens  cela  pour  chose  bien 
certaine  et  vous  supplie  aussi  de  vous  asseurer  que  le  sieur 
de  Rieux  sera  bientôt  satisfait  de  le  laisser  partir  et  que  vous 
en  recevrez  aulcune  perte  d'intérest  ou  incommodité  en  vostre 
particulier. 
Sa  Majesté  vous  en  faict  un  mot   de  remerciement  et  mon 


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—  479  — 

advis  est  que  vous  debvez  respondre  à  sa  lettre,  car  pour  cela 
je  n'estime  pas  que  vous  puissiez  estre  soubçonné  de  vostre 
parti. 

Ledit  sieur  de  Laval  vous  prie  de  lui  envoyer  un  passeport 
afin  qu'il  puisse  vous  aller  voir  à  Paris  et  vous  remercier  luy 
mesme  de  la  faveur  que  luy  avez  faicte  en  ceste  occasion. 

Je  suis,  monsieur,  vostre  respectueux. 

Ch.  Humtèrb. 

2943.  —  1592,  8  novembre.  Rennes.  —  Mandement  par 
lequel  le  duc  de  Montpensier  prescrit  au  sieur  du  Liscoêt 
d'aller  ienir  garnison  à  Vitré  (Imprimé,  dont  Morice^  III, 
1552).     . 

2944.  —  1593,  20  février,  Laval.  —  Acte  par  lequel  Bois- 
Dauphin  donne  pouvoir  à  Jean  de  Blony,  seigneur  de  Pincé, 
de  prendre  place  en  son  nom  aux  Etats  généraux  (Imprimé, 
Etats  généraux  de  1593,  p.  582). 

2945.  —  1593,  2  mai.  —  Liste  des  victimes  de  la  bataille 
du  Port-Ringeard  (Imprimé,  Bourjollyy  II,  27). 

2946.  —  1593,  3  mai,  les  Riceys.  —  Lettre  d'Anne  de  Laval 
au  duc  de  Nevers  \Q,  N.,  français,  4719,  30). 

2947.  —  1593, 13  septembre,  Nantes.  —  Acte  de  baptême 
de  Philippe,  fils  d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  et  de  Made- 
leine de  Montecler  (Copie,  B.  ti,,  français,  28154,  274). 

2948.  —  1593.  —  Vente  par  Gabrielle  de  Laval,  marquise 
de  Nesle,  comtesse  de  Joigny,  veuve  de  François  Aux-Epau- 
les,  à  Barbe  Tribolé,  dame  de  Pétau  et  Misery,  veuve  de 
Denis  d'Etampes,  et  à  Loup  de  la  Ferté,  des  terres  de  Merry- 
Sec,  Usselot  et  Pierrefitte  (note,  Bulletin  de  la  Société  de 
l'Yonne,  XXXVIII,  450). 

^949.  —  1594,  17  février,  Encre.  —  Procuration  donnée 
par  Jean  de  Laval-la-Faigne,  seigneur  d'Aveluis,  Tartigny, 
Bussu,  Montigny,  Fresne,  Goumay  et  autres  lieux,  pour  alié- 
ner ses  droits  sur  l'hôpital  Saint-Mathieu  d'Arras  (Imprimé, 
Louis  Ricouart,  Documents  sur  l'hôpital  Saint-Mathieu,  11). 

2950.  —  1594,  18  février.  —  Acte  par  lequel  le  procureur 
de  Jean  de  Laval  aliène  tous  les  droits  que  celui-ci  tenait  de 
Hugues  de  Laval,  son  père,  sur  Thôpital  Saint-Mathieu  (Im- 
primé, L.  Ricouart,  op.  cit.,  10). 


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—  480  — 

2951.  —  1594y  11  mars.  ^  Lettre  écrite  par  du  Plessis- 
Mornay  à  M.  de  Bouillon,  dans  laquelle  il  relate  les  inquiétu- 
des que  lui  causent,  au  point  de  vue  des  intérêts  du  parti  pro- 
testant, ïes  négociations  engagées  pour  la  reconnaissance 
du  roi  par  Bois-Dauphin  (Imprimé,  Correspondance  de 
DuplessiS'Mornay,  VI,  21). 

2952.  —  1594,  mars.  —  Compte  d'argent  dû  par  Phi- 
lippe II  en  Bretagne  ;  on  y  mentionne  deux  mille  livres  prê- 
tées par  Bois-Dauphin  (Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la 
Ligue  en  Bretagne^  II,  16,  d'après  A.  N.,  K.  1591). 

2953.  —  1594,  28  avril  et  8  mai,  Laval  et  Saint-Germain- 
en-Laye.  —  Traité  de  la  capitulation  delà  ville  de  Laval  avec 
les  engagements  pris  par  le  roi  Henri  IV  envers  elle  (Impri- 
mé, Bertrand  de  Broussillon,  Documents  inédits  pour  servir 
à  rhistoiredu  Maine,  125-132,  d'après  A.  N.,  X>a.8641,65). 

2954.  —  1594,  6  juin.  —  Arrêt  par  lequel  le  Conseil  d'Etat 
attribue  pour  un  an  au  lieutenant  du  prévêt  de  Laval,  con- 
naissance des  crimes  commis  dans  l'élection  de  Laval  (B.  N., 
français,  18159, 178). 

2955.  —  1594.  —  Mémoire  du  sieur  du  Vineau  au  roi 
d'Espagne,  où  il  mentionne  les  velléités  que  Bois-Dauphin 
aurait  eues,  selon  lui,  de  se  rallier  à  la  trêve  générale,  velléités 
auxquelles  il  aurait  renoncé  après  une  entrevue  avec  Mer- 
cœur  à  Nantes  (Imprimé,  Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en 
Bretagne,  II,  24.  d'après  A.  N.,  K.  1584). 

2956.  —  1594,  30  juillet  —  Sentence  constatant  que  le  dit 
jour  Elisabeth  de  Laval,  épouse  de  du  Bocquet,  seigneur  de 
la  Gadalière  et  de  Saint-Aignan,  a  renoncé  à  la  succession 
de  René  de  Laval  (Note,  B.  ^.,  français,  28154,  352). 

2957.  —  1594,  8  novembre,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Arrêt  par  lequel  le  Conseil  d'Etat  accorde  à  Lavardin,  gou- 
\erneur  du  Maine,  de  Laval  et  du  Perche,  une  indemnité  de 
quinze  cents  écuspour  ses  dépenses  pendant  les  négociations 
de  la  trêve  conclue  avec  les  provinces  de  l'Anjou  et  du  Maine. 

2958.  —  1594,  9  novembre,  Saint-Germain.  —  Arrêt  du 
Conseil  du  Roi,  par  lequel  Henri  IV,  pour  rembourser  les 
habitants  de  Vitré  des  24.100  écus,  26  sous,  6  deniers  dé- 
boursés par  eux  pour  résister  à  la  Ligue,  autorise  dans  ce 


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-  481  — 

but  une  imposition  exceptionnelle  (Imprimé,  de  Barthélémy, 
Documents  sur  la  Ligue  en  Bretagne^  p.  176). 

2959.  -  1594,  10  novembre,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Arrêt  par  lequel  le  Conseil  d'Etat  ordonne  le  remboursement 
de  vingt  milliers  de  poudre,  achetés  par  la  Rochepot,  en 
mars  1593,  alors  que  Henri  IV  voulait  assiéger  ChÀteau- 
Gontior  et  Laval,  et  prescrivant  de  les  livrer  à  Tarméede  Bre- 
tagne (B.  N.,  français,  18159,  424). 

2960.  —  1595,  17  janvier,  Nantes.  —  Lettres  par  lesquelles 
le  maréchal  de  Bois-Dauphin  *  ordonne  la  mise  en  liberté  des 
sieurs  de  la  Barre  et  de  la  Lande  de  Crespy,  détenus  à  An- 
gers (Imprimé,  Revue  de  V Anjou,  1854*  ,  351). 

2961.  — 1595,  20  janvier,  Paris.  —  Arrêt  par  lequel  le 
Conseil  des  finances  prescrit  diverses  levées  de  deniers  des- 
tinés à  satisfaire  aux  engagements  pris  par  la  Rochepot  envers 
Bois-Dauphin,  lors  de  la  conclusion  de  la  trêve  convenue 
pour  les  mois  d'octobre,  novembre  et  décembre  1694  (B.  N., 
Clairambault,  653,  124). 

2962.  — 1595,  26  janvier,  Paris.  —  Arrêt  du  Conseil  d*Etat 
réglant  à  huit  mille  écus  la  somme  que  le  sieur  d'Avaugour 
devra  payer  aux  sieurs  de  Vignacourt  et  de  Sainte-Geneviève 
pour  sa  rançon  et  pour  celle  de  Bois-Dauphin  (A.  N.,  E^^  70, 
et  B.  N.,  français^  10841,  29). 

2963.  — •  1595,  16  février.  —  Etat  des  garnisons  établies 
dans  les  villes  de  Bretagne  dressé  par  le  maréchal  d' Aumont 
(Imprimé,  de  Barthélémy,  Z>oc£i/7i6/tto  sur  la  Ligue,  179-197). 

5.  —  Vitré.  —  A  cinquante  salades  soubz  la  charge  du 
sieur  de  Montmartin,  pour  leurs  gaiges  et  solde  d'ung  mois, 
761  escuz,  6  solz,  8  deniers,  sçavoir  audit  sieur  de  Montmar- 
tin  63  escuz  1/3  ;  à  son  lieutenaut,  31  escus,  23  sols,  4  deniers  ; 
à  renseigne,  24  escus,  26  sols,  8  deniers  ;  au  guidon  pareille 
somme  ;  au  marchai  des  logis  17  escus  1/2,  et  à  45  salades, 
chacun  13  escus  1/3;  cy  761  escus,  6  sol»,  8  deniers. 

A  quarante  harquebusiers  à  cheval  commandés  par  le  capi- 
taine Phelipes,  pour  un  moys,  347  escus  2/3  ;  au  capitaine 

1.  Il  faut  rectifier  le  texte  imprimé  dans  lequel  le  maréchal 
reçoit  le  prénom  de  Jean  au  lieu  de  celui  d'Urbain. 


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—  482  — 

33 1/3  ;  cornette  10  ;  sergent  8 1/2  ;  37  harquebusiers  à  chacun 
8,  cy  347  escus  1/3. 

Le  régiment  du  sieur  de  Ferchaut  composé  de  7  compa- 
gnies de  gens  de  pied,  chacune  de  50  hommes  servira,  en 
ladite  garnison  avec  30  harquebusiers  à  cheval  soubs  la 
charge  du  capitaine  Bourgneuf  et  en  la  campaigne,  desquel- 
les sept  compagnies  de  gens  de  pied  y  en  aura  deux  qui  tien- 
dront garnison  en  ladite  ville  et  seront  payez  des  deniers 
levés  pour  Tentretènement  desdites  garnisons  ;  et  les  cinq 
autres  restantes  avec  lesdits  harquebuziers,  sur  les  deniers 
des  trois  escuz  par  feu.  Pour  ce  ne  sera  cy  faist  estât  que 
de  deux  compaignies,  sçavoir  la  première  compaignie  à  50 
hommes  de  pied  soubz  la  charge  du  capitaine  Maignan,  pour 
leur  solde  et  apointement  d'ung  mois  250  escus,  sçavoir  au 
capitaine  33  escus  1/3  ;  à  son  lieutenant  18  escus  ;  à  rensei- 
gne 10  escus  ;  à  un  sergent  Ô  escus  1/3  ;  à  deux  caporaulx  cha- 
cun 6  escus  ;  à  un  fourier,'au  tambour  et  au  phifre,  4  escus 
chacun  ;  et  à  41  harquebusiers  à  pied,  aussy  4  escus  chacun, 
cy  256  escus. 

La  deuxième  compaignie...  soubz  la  charge  du  capitaine 
Matz  Montmartin,  [identique  à  la  première],  cy  256  escus. 

Plus  à  40  harquebuziers  à  pied  ordonnés  pour  tenir  gar- 
nison dans  le  chasteau  dudit  Vitré,  commandés  par  ung  lieu- 
tenant, pour  leur  solde  et  apoinctement  d'ung  moys,  la  somme 
de  180  escus  2/3,  sçavoir  audit  lieutenant  18  escus  ;  à  ung  ser 
gent  6  escus  1/3  ;  à  deux  caporaulx  6  escus  chacun,  et  à  36 
desdits  harquebuziers,  4  escus  chacun,  cy  180  escus  2/3. 

Geste  partie  est  augmentée  pour  la  solde  dudit  lieutenant 
par  chacun  mois  de  15  escus  1/3  par  ordonnances  particu- 
lières, cy  15  escus  1/3. 

Audit  sieur  de  Montmartin  pour  son  estât  de  gouverneur, 
33  escus  1/3. 

Au  sieur  de  la  Villevoysin,  son  lieutenant^  pour  ce  que  le- 
dit de  Montmartin  est  maréchal  de  camp,  33  escus  1/3. 

Et  au  sieur  de  Raton,  sergent  major,  aussy  pour  son  estât 
d'un  moisy  33  escus  1/3. 

Somme  :  7.901  escus;  6  solz,  8  deniers. 

2964.  —  1595,  14  mars,  Paris.  —  Lettre  de  Henri  IV  à  du 
Plessis-Mornay  sur  les  négociations  relatives  à  la  soumission 


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-483- 

de  Mercceur  et  de  ses  adhérents  (Imprimé,  Lettres  mUsives^ 
VIII,  550). 

..  Quant  au  sieur  du  Bois-Dauphin,  le  duc  de  Montbazon 
a  fait  entendre  au  Roi  ce  qu^il  espère  de  luy  ;  sur  quoy  S.  M. 
a  déclaré  audit  duc  de  Montbazon  sa  volonté  et  le  fera  partir 
dans  deux  ou  troys  jours,  pour  aller  trouver  ledit  sieur  du 
Bois-Dauphin,  lequel  a  fait  congnoistre  au  Roy  qu'il  désire 
traiter  avec  ledict  sieur  de  Montbazon  seulement,  lequel  a 
charge  de  S.  M.  d'advertir  ledict  sieur  du  Plessis  de  ce  qu'il 
advancera  en  ceste  affaire 

2965.  —  1595,  22  mars,  Bois  de  Vincennes.  —  Lettre 
écrite  par  Henri  IV  à  Duplessis-Mornay  au  sujet  des  négo- 
ciations avec  Bois-Dauphin  (Imprimé.  Duplessis-Momay, 
Correspondance^  VI,  35). 

Monsieur  Duplessis 

Vous  sçaurés  de  mes  nouvelles  par  la  Bastide,  présent 
porteur.  Il  s'en  rêva  par  delà  avec  mon  cousin  le  duc  de 
Montbazon,  auquel  j'ai  donné  charge,  suivant  ce  que  je  vous 
ai  ci-devant  escrit,  de  traiter  avec  M.  de  Bois-Dauphin  pour 
estre  mon  serviteur.  Employés-vous  en  ceste  négociation, 
comme  chose  que  j'ai  fort  à  cœur  et  que  j'aurai  très  agréable  ; 
et  m'avertisses  en  diligence  de  ce  que  vous  en  espérés,  afin 
que  suivant  cela,  avant  mon  esloignement  de  ces  quartiers, 
j  y  pourvoye. 

Mandés-moi  toutes  nouvelles  de  vostre  négociation  et 
réponse  de  ce  que  je  vous  ai  ci-devant  escrit  par  ung  de  mes 
lacquais  et  déposés  par  vostre  secrétaire. 

A  Dieu,  M.  Duplessis,  lequel  je  prye  vous  avoir  en  sa  saincte 
garde. 

Hbnrt. 

Au  Bois  de  Vincennes,  ce  22  mars  1595  \ 

2966.  —  1595,  18  avril.  ^  Acte  par  lequel  Elisabeth  de 
Laval,  fille  de  Jacques  de  Laval-la-Faigne,  épouse  de  Gabriel 
du  Bocquet,  seigneur  de  la  Gadelière,  renonce  au  profit  de 

1.  Bien  que  le  texte  imprimé  porte  1594,  la  correction  en  1595 
s'impose  :  en  effet,  tout  d  abord,  il  faut  rapprocher  cette  lettre  de 
celle  du  14  mars  1595  (notre  numéro  2961),j)uis  en  1594  Henri  IV 
était  à  Paris,  tandis  qu*enl595  il  était  à  Vincennes. 


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-  464  - 

ses  enfants  à  la  succession  de  René  de  Laval-Auvilliers,  son 
frère  (Note,  Durand,  Château  deMontuel^  22). 

2967.  -  1595,  15  mai,  Vitré.  —  Aveu  fait  à  Guy  XX  par 
Marie  d'Antraigues,  tutrice  de  sa  fille  Marguerite  de  Beau- 
manoir  (Imprimé,  S.  Frain,  Une  terre....  de  1200  à  1600 ^ 
Rennes,  1879,  in-12,  p.  131). 

2968.  —  1595,  30  juin,  Nantes.  —  Mémoire  du  duc  de  Mer- 
cœur  à  don  Mendo  de  Ledesma  ;  on'y  remarque  la  prière  de 
comprendre  le  maréchal  de  Bois-Dauphin  au  nombre  de  ceux 
auxquels  Philippe  II  devait  allouer  des  gratifications  (Impri- 
mé, Carné,  Documents  sur  la  Ligue  en  Bretagne^  II,  82, 
d  après  A.  N.,  K.  1596). 

2970.  —  1595,  18  juillet,  Chàteau-Gontier.  —  Procuration 
donnée  par  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  à  Ourceau  et  à 
du  Breil  leur  donnant  mission  de  traiter  en  son  nom  de  sa 
soumission  à  Henri  IV  (Imprimé,  Bertrand  de  Broussillon, 
Documents  inédits,  p.  133,  d'après  Collection  Godéfroy). 

2971.  —  1595,  25  août,  Lyon.  —  Articles  présentés  au 
nom  d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  lors  de  sa  soumis- 
sion à  Henri  IV,  et  engagements  pris  en  sa  faveur  par  le 
Roi  (Imprimé,  B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  133- 
149,  d'après  Collection  Godéfroy). 

2972.  —  1595,  25  août,  Lyon.  —  Nouveaux  articles  deman- 
dés par  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  avec  les  réponses 
du  Roi  (Imprimé,  B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  149, 
d'après  Collection  Godéfroy). 

2973.  —  1595,  25  août,  Lyon.  —  Nouvelles  demandes  sup- 
plémentaires d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  (Imprimé, 
B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  157,  d'après  Collec- 
tion Godéfroy). 

2974.  —  1595,  25  août,  Lyon.  —  Demandes  formulées  par 
Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  en  faveur  de  ses  adhérants  se 
soumettant  comme  lui  au  Roi  (Imprimé,  B.  de  Broussillon, 
Documents  inédits^  155,  d'après  Collection  Godéfroy). 

2975.  —  1595,  12  septembre,  Lyon.  —  Lettre  écrite  par 
Henri  IV  à  Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  en  l'appelant  au 
secours  de  Cambrai  (Imprimé,  Lettres  missiçes^  IV,  400). 


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—  485  - 

A    monsieur    de    Bois  Dauphin^  cappitaine  de  cinquante 
hommes  d* armes  de  mes  ordonnances 

Monsieur  de  Bois-Dauphin,  toutes  les  nouvelles  que  je 
reçoy  de  ma  province  de  Picardie  menacent  la  perte  de  Cam- 
bray,  si  elle  n'est  bientost  secourue  ;  et  je  suis  résolu  de  la 
sauver  ou  de  me  perdre.  C'est  pourquoy  je  vous  prie  sur  toutte 
l'affection  que  vous  avez  à  mon  service  et  la  preuve  que  vous 
m'en  désirés  faire,  que  vous  montiés  à  cheval  avec  tout  ce 
que  vous  pourrés  assembler  de  gens  de  cheval  ou  de  pied  et 
vous  rendre  dans  la  fin  de  ce  mois  à  Houdan,  où  vous  sçaurés 
de  mes  nouvelles.  Ce  secours  est  tel  et  si  important,   que 
j'auray  en  perpétuelle  mémoire  ceulx  qui  m'y  assisteront,  car 
c'est  le  salut  de  Cambray  et  la  conservation  de  ma  province 
de  Picardie  et  de  l'honneur  et  de  la  réputation  de  la  France. 
M'asseurant  donc  que  vous  n'y  fauldrés  pas,   je  prie  Dieu 
qu'il  vous  ayt,  monsieur  de  Bois-Dauphin,   en  sa  saincte 
garde. 
Escript  à  Lyon,  le  xii*  jour  de  septembre  1595. 

Hbnry. 
Je  suis  bien  aise  d'avoir  vu  par  vos  lettres  escriptes  à  la 
la  Varanne  que  vostre  intention  s'accorde  avec  le  sujet  de  ma 
lettre.  Hastés-vous  donc  et  croyés  que  je  ne  vous  lairray  pas 
inutile. 

2976.  —  1595,  15  septembre ,  Lyon.  —  Engagement  pris 
par  les  mandataires  d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin,  au 
sujet  des  sommes  qui  lui  étaient  allouées  (Imprimé,  B.  de 
Broussillon,  Documents  inédits  y  159,  d'après  Collection 
Godefroy). 

2977.  —  1595,  octobre.  —  Lettre  écrite  par  Urbain  de 
Laval-Bois-Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  (Impri- 
mé, B.  de  Broussillon,  Documents  inédits^  p.  168,  d'après 
B.  N..  français,  3569,  16). 

2978.  —  1595,  12  décembre,  Sablé.  —  Dépôt  par  le  maré- 
chal de  Bois-Dauphin  du  testament  fait  par  lui  (Imprimé, 
abbé  Ledru,  Urbain  de  Lassai,  184). 

2979.  —  Après  1595.  —  Requête  par  laquelle  François  de 
Faudoas,  comte  de  Belin,  prie  Henri  IV  de  le  mettre  à  l'abri 
des  poursuites  de  la  veuve  du  sire  de  Rieux,   qui  lui   récla- 

31 


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—  486  - 

mait  les  douze  cents  écus  dont  il  s^étaii  porté  fort  pour  la 
rançon  de  Bois-Dauphin  (Copie  informe  au  cabinet  de 
l'auteur). 

Sire,  le  sieur  de  Belin,  chevalier  des  ordres,  vous  remons- 
tre très  humblement  que  durant  les  troubles,  estant  le  sieur 
de  Laval,  premier  capitaine  de  vos  gardes,  détenu  prisonnier 
de  guerre  à  Pierrefond  par  le  sieur  de  Rieux,  vous  auriez 
commandé  par  la  lettre  cy  attachée  du  quatorzième  septembre 
1591  adressante  au  sieur  d'Humières  qu'il  eût  à  moyenner  la 
délivrance  du  sieur  de  Laval  ;  ce  que  ledit  sieur  d'Humières 
ayant  fait  entendre  au  suppliant  et  envoyé  la  lettre  portant 
votre  commandement,  Tauroit  prié  de  respondre  delà  rançon 
dudit  sieur  de  Laval.  Ce  que  le  suppliant  auroict  faict  et  faict 
modérer  la  rançon  à  douze  cens  escus  dont  il  auroit  faict  la 
promesse  audit  sieur  de  Rieux  à  lui  payer  dans  trois  mois. 
Moyennant  ce,  ledit  sieur  de  Laval  auroit  esté  mis  en  liberté, 
ce  que  V.  M.  auroit  eu  très  agréable,  ainsi  que  porte  la  lettre 
du  sieur  d'Humières,  lui  promettant  de  le  faire  descharger  de 
sa  promesse,  ce  qu'il  n'auroit  faict  estant  décédé  peu  de  temps 
après  au  service  de  V.  M.  à  Ham  *,  de  manière  que  le  sup- 
pliant, estimant  que  par  l'exécution  faite  de  la  personne  du 
sieur  de  Rieux  pour  ses  délicts',  ainsi  que  parla  confiscation 
de  ses  biens,  qui  appartiennent  à  V.  M.,  il  est  du  tout  délivré 
et  deschargé  de  sa  promesse  de  douze  cens  escus.  il  n'en  au- 
roit voulu  importuner  V.  M.  ;  mais  depuis  peu  de  temps  la 
veuve  du  sieur  de  Rieux,  qui  s'est  absentée  du  royaume,  auroit 
transporté  sa  promesse  de  douze  cens  escus  à  un  nommé 
François  Bazin,  se  disant  colonel  des  gens  de  pied  estant  en 
garnison  à  Soissons,  qui,  en  vertu  de  ce  transport,  faict  à 
présent  poursuivre  le  suppliant  pour  le  paiement  de  sa  pro- 
messe de  douze  cens  escus,  par  devant  messieurs  des  enques- 
tes  du  Palais  à  Paris. 

Considérez,  Sire,  ainsi  qu'il  vous  appert  des  choses  des- 
sus par  les  pièces  cy  attachées  et  qu'il  ne  seroit  raisonnable 
que  le  suppliant,  pour  avoir  exécuté  le  commandement  de 
V.  M.  et  faict  chose  qui  vous  a  esté  très  agréable,  il  fût  après 
travaillé  et  poursuivi,  ne  s'estant  obligé  que  pour  vous  ren- 

1.  Le  11  mars  1594. 

2.  Le  10  juin  1595. 


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-  487  — 

dre  service  et  obéir  à  vostre  commandement,  et  que  ledit  de 
Rieux  a  esté  exécuté  à  mort  pour  ses  délicts,  dont  par  la 
confiscation  ses  biens  appartiennent  à  V.  M. 

Il  vous  plaira  ordonner  quMl  demeurera  quitte  et  deschargé 
de  sa  promesse  de  douze  cens  escus  et  defTense  faicte  tant 
aux  huissiers  des  enquestes  du  Palais  à  Paris  qu*à  tous  aul- 
très  justiciers  d'en  cognoistre  et  au  sieur  Bazin  et  à  tous  aul- 
tres  de  le  poursuivre  pour  ladicte  raison,  soubs  peine  de 
dommages  et  intérêts. 

Si  ainsi  faicte,  le  suppliant  continuera  de  prier  Dieu  pour  la 
santé  et  prospérité  de  V.  M. 

2980.  —  1596,  20  mars.  Vitré.  —  Lettre  par  laquelle  Anne 
d'Alègre,  comtesse  de  Laval,  recommande  Heari  de  Rohan 
à  Charlotte-Brabantine  de  Nassau  (Imprimé,  Lettres  du 
XV fi  siècle,  n  268). 

A  madamoiselle  d'Orange 

Sy  vous  aviés  creu,  madamoiselle,  en  perdant  la  présence 
d'une  fâcheuse,  estre  quite  de  ces  importunités,  vous  vous 
sériés  trompée,  car  je  tiens  trop  chère  l'honneur  de  vostre 
bonne  grâce  pour  ne  m'y  ramentevoir  en  toutes  les  occasions 
qui  m'en  seront  offertes  ;  et  je  désirerois  bien  plus  que  mes 
services  m  amenassent  ce  bonheur  que  par  mes  mauvaises 
paroles  vous  rendre  ce  débile  lesmoignage  de  mes  vœux  à 
vostre  obéissance,  mais  favorisés-moy  tant  de  croire,  je  vous 
supplie  très  humblement,  madamoiselle,  que  vostre  mérite  et 
gentille  humeur  vous  ont  acquis  tout  comandement  sur  moy, 
et  que  je  tiendrois  à  honneur  très  grant  que  vous  m'en  dai- 
gnassiés  gratifier,  pour  esprouver  l'effect  des  véritables  pro- 
testations que  je  vous  ay  laictes  de  la  très  dévote  servitude 
d'une  très  fidelle  servante,  telle  que  vous  me  jugerés  par 
toutes  mes  actions.  VA  par  l'asseurance  de  vostre  bon  naturel 
j'espère  la  continuation  de  vostre  amitié  dont  je  me  fie  fort, 
puisque  sy  libéralement  il  vous  a  pieu  m'en  prometre^  et  que 
la  distance  des  lieux,  la  diversité  des  objectz,  ne  me  raviront 
point  ce  bien  ;  et  je  vous  en  requiers  de  toutes  mes  affections, 
madamoiselle,  et  de  me  favoriser  de  vos  nouvelles,  vous 
assurant  qu'elles  ne  peuvent  jamais  estre  meilleures  que  je 
les  désire. 

Obligés-moi  tant,  s'il  vous  plaist,  de  me  mander  quant 


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—  488  — 

vous  serés  de  retour  à  Paris,  quel  séjour  vous  y  veniés  faire, 
afia  que  j'envoie  vers  madame  vostre  belle  mère  et  vers  vous, 
car  de  madame  vosire  seur  elle  ne  sera  pas  de  la  partie  pour 
ce  voiage.  Elle  vous  randra  ce  mesme  office  de  vous  amener 
un  de  ces  jours  en  vostre  mesnage,  comme  vous  la  laisés  au 
sien,  où  je  prie  Dieu  la  bénir  et  vous  donner  autant  de  bon- 
heur que  vous  en  souhaite,  madamoiselle,  vostre  très  humble 
et  très  obéissante  à  vous  faire  servince. 

Anne  d'Allègre. 

Madamoiselle,  le  mérite  de  monsieur  de  Rohan  est  tel  que 
cela  ne  rofeneera  point  que  mon  fils  vous  assure  qu'il  est 
vostre  bien  humble  serviteur.  Fermetés  lui  de  ce  qualifier  tel, 
et  robligés  tant,  s'il  vous  plaist,  le  tenir  aux  bonnes  grâces 
de  monsieur  vostre  petit  frère,  qu'il  honore  de  tout  son  cœur. 

A  Vitray,  ce  20  mars  1596. 

2981.  —  1596,  7  mai.  —  Acte  par  lequel  Anne  d' Alègre,  au 
nom  de  Guy  XX,  dont  elle  est  tutrice,  donne  quittance  des 
cent  écus  dus  pour  rachat  par  Gilles  de  Dampierre,  époux  de 
Suzanne  de  Charnières,  dame  de  Beauvais  (Imprimé,  Guiller, 
Hist.  de  Changé,  11,387). 

2982.  —  1596,  vers  le  1«' juin.  —  Lettre  adressée  par  Anne 
d'Alègre  au  synode  protestant  de  Saumur  pour  lui  annoncer 
l'envoi  du  pasteur  Pierre  Merlin  (Imprimé,  Vaugiraud,  Essai 
sur  l  histoire  des  églises  réformées  de  Bretagne  (1535-1808), 

II,   XLIIlj. 

2983.  —  1596,  14  août.  Vitré.  —  Lettre  par  laquelle  Anne 
d'Alègre  recommande  Guy  XX  à  toute  la  sollicitude  du  con- 
nétable de  Montmorency  (Imprimé,  Dictionnaire  de  la 
Mayenne,  I,  694). 

Monsieur, 

J'envoye  mon  fils  par  le  commandement  de  Sa  Majesté  la 
trouver  dans  l'espérance  de  l'honneur  de  vostre  support  et 
que  vous  daignerez,  monsieur,  l'advouant  pour  vostre  servi- 
teur, dissiper  tout  ce  qui  se  pourroit  opposer  et  l'empescher 
de  se  rendre  assez  honneste  homme  pour  pouvoir  ung  jour 
mériter  ceste  qualité  et  se  faire  recognoistre  pour  tel  par  tous 
les  effecls  de  l'obéissance  en  quoy  il  vous  est  consacré  et  voué 
entièrement  de  sa  misérable  mère. 


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2984.  —  1596,  18  août,  Angers.  —  Lettre  écrite  par 
Bois-Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  (B.  N,j  fran- 
çais, 3569,  81). 

A  Monsieur  le  duc  de  Montmorancy  ^  per  et  connétable  de 

France 

Monsieur,  estant  venu  en  ceste  ville,  je  y  ai  trouvé  Monsieur 
de  la  Saulaye,  acheminé  pour  vous  aler  trouver,  et  se  randre 
aujour  deson  assination,  qui,  ayent  désiré  de  moy  que  je 
vous  assurasse  de  son  indisposition,  qui  vous  sera  aulsy  assu- 
rée par  Monsieur  de  la  Hochepot  et  atestation  des  médecins 
qui  le  trétes,  je  vous  supliray  que,  ne  se  trouvent  au  jour 
comme  sa  présence  est  requise  en  ceste  affaire  pour  vous  faire 
entandre  ses  défanses,  luy  vouloir  donner  temps  que  sa  santé 
luy  puisse  permetre  d'entreprandre  le  vosyage,  et  vous  Tobli- 
gerés  et  moy  daventaige  qui  tiendray  si  bien  luy  estre  faict  à 
ma  recommendation,  à  vous  demeurer  pour  jamais.  Mon- 
sieur, vostre    très  humble   et    plus    affectionné  serviteur. 

DB  Laval. 

De  Angers,  ce  18  aust  1596. 

2985.  —  1596,  10  octobre,  Sablé.  —  Lettre  écrite  par  Bois- 
Bois-Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  (B.  N.,/>*a/i- 
çais^  3569,  79). 

A  Monsieur  le  duc  de  Montmorancy,  connétable  de  France 

Monsieur,  il  y  a  quelques  jours  que  le  sieur  Ourceau,  bailly 
du  Mans,  fut  pris  près  de  Meaux  et  mené  prisonnier  à  la  con- 
ciergerie du  Palais  à  Paris,  comme  plus  particullièrement  le 
sieur  de  Sainct-Chéreau  vous  fera  entendre  le  subject  de  sa 
prise,  qui  est  directement  contrevenir  à  la  volonté  du  Roy 
portée  par  son  eédict  faict  en  ma  faveur.  Et  parce  que  vous 
m'avez  tousjours  faict  l'honneur  me  promettre  de  le  faire  en- 
tretenir, vous  supplie,  Monsieur,  en  ceste  occasion  principal- 
lement,  vouloir  apporter  de  vostre  auctorité  à  ce  qu'il  soit 
remys  en  liberté  ;  ce  me  sera  augmentation  d'obligation  pour 
vous  rendre  tous  les  services  que  vous  sçauriez  désirer  de 
personne  quy  soit  au  monde  ;  m'asseurant  que  la  supplication 
que  je  vous  fais  ne  luy  demeurera  infructueuse,  je  ne  vous  en 
feray  plus  particuUière  recommandation,  vous  baisant  très 


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—  490  — 

humblement  les  mains,  Monsieur,  pour  demeurer  vostre  très 
humble  et  obéissant  serviteur.  de  Laval. 

De  Sablé,  ce  10«  d'octobre  1596. 

2986.  —  1596.  —  Règlement  du  chapitre  de  Saint  Tugal 
(La  Beauluère,  Communautés  et  chapitres^  14). 

2987.  — 1597,  5  janvier,  Paris.  —  Deuxième  promotion  de 
chevalier  du  Saint-Esprit  faite  par  Henri  IV  ;  le  maréchal  de 
Bois-Dauphin  est  au  nombre  des  nouveaux  chevaliers  *. 

2988.  —  1597, 21  février,  Paris.  —  Arrêt  du  Conseil  d'Etat 
assignant  trois  mille  trois  cent  trente-trois  écus  un  tiers  à 
Bois-Dauphin  pour  sa  pension  de  maréchal  de  France  durant 
Tannée  1596  (B.  N.,  français,  18160, 111). 

2989.  —  1597,  8  avril.  —  Délibération  des  habitants  de 
Vitré  dans  laquelle  ils  décident  de  faire  une  levée  de  douze 
cents  écus  pour  subvenir  aux  pauvres  (Imprimé,  Paris- Jallo- 
bert,  47). 

2990.  —  1597, 19  avril.  Sablé.  —  Lettre  écrite  par  Bois- 
Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  (B.  N.,  français, 
3607,  72). 

A  Monsieur  le  duc  de  Montmorancy 

Monsieur,  sur  Toccurance  de  la  réduction  du  chasteau  et 
ville  de  Chasteaubriant  *  en  l'obéyssance  du  Roy,  j'ay  jugé 
QBtre  à  propos  vous  en  donner  advis,  tant  pour  le  service  de 
Sa  Majesté,  que  pour  le  vostre  particullier.  Et  vous  supplie, 
Monsieur,  me  vouloir  commander  ce  que  je  vous  pourés  ser- 
vir en  ceste  occasion,  je  Teffecturay  et  tesmoigneray  la  vo- 
lonté que  j'ay  de  vous  servir,  et  demeurer  à  jamais,  Monsieur, 
vostre  très  humble  et  affectionné  serviteur.        de  Laval. 

De  Sablé,  ce  19  avril  1597. 

2991.  —  1597,  30  avril.  —  Acte  par  lequel  les  habitants  de 
Vitré  demandent  au  parlement  de  15retagne  l'autorisation  de 


1.  Ici  on  trouvera  sous  le  numéro  202  une  photogravure  du  por- 
trait du  maréchal  conservé  à  la  Bibliothèque  nationale,  fonds  du 
Saint-Esprit,  numéro  1124,  folio  181.  Déjà  en  1878  une  eav  forte 
en  avait  été  donnée  par  M.  l'abbé  Ledru  dans  son  Bois-Dauphin. 

2.  Le  16  avril  1597,  Saint-Gilles  reprit  sur  les  ligueurs  la  ville 
de  Ghàteaubriant. 


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LA   MAISON     DE     LAVAL 


l  URBAIN  DB  lAl^L  ij^^^/rJici/^^/ai^/^ 

ii<  Siièft-  (hmtr  de  B rafiot u  Maa4  t/rj^hiure^  Jaû  Cfiîi^  tù^^yf 
KJhiii  ^  .y.yf/// /?/>/' /^^^i;*-.  i$mft  /6h/, 


l'liolol)|iie  bertliaud.  Tans 


"HH.  —  Portrait  du  maréchal  de  Bois-Dauphin. 

(Encre  tie  Chine  du  Fomls  du  Saint-Espril.  IV^i.  1S1) 


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—  491  — 

faire  une  levée  de  douze  cents  écus  destinés  au  soulagement 
des  pauvres  *  (Imprimé,  Paris- Jallobert.  48). 

2992.  —  1597,  2  juillet.  —  Lettre  écrite  par  Bois-Dauphin 
au  connétable  de  Montmorency. 

A  Monsieur  y  Monsieur  le  duc  de  Montmorancy^  pair  et 
connestable  de  France 

Monsieur,  ayant  eu  avis  delà  mort  de  monsieur  le  maréchal 
de  Matignon,  j'ay  dépesché  vers  Sa  Majesté  pour  la  supplier 
très  humblement  de  se  ressouvenir  de  la  promesse  qu'il  y  a 
pieu  me  faire.  Je  vous  supplie,  monsieur,  de  me  continuer  en 
si  bonne  occasion  Thonneur  de  votre  amitié  et  assister  ma 
prière  de  la  vostre  envers  Sa  Majesté,  afin  que  par  votre  faveur 
elle  m'entretienne  sa  paroUe  ;  ce  me  sera  plus  de  moyen  de 
vous  rendre  toute  ma  vie  le  très  humble  service  que  je  vous 
ai  voué.  Je  vous  supplie  donc,  monsieur,  dem*y  tenir  la  main 
comme  à  celuy  qui  sera  jusques  au  tombeau,  monsieur,  votre 
très  humble  et  obéissant  serviteur.  db  Laval. 

2993.  —  1597, 25  juillet,  Amiens.  —  Brevet  de  maréchal  de 
France  délivré  par  Henri  IV  à  Bois-Dauphin. 

Henri...  à  tous  ceux....  salut. 

Depuis  qu'il  a  pieu  à  Dieu  retirer  de  ce  monde  deflunct 
nostre  cher  et  bien  amé  cousin  le  sieur  de  Matignon,  mares- 
chal  de  France  d'heureuse  mémoire,  et  nous  priver  de  l'as- 
sistance et  des  services  très  signaliez  que  nos  prédécesseurs 
rois  et  nous  avons  reçus  de  luy,  nous  ne  pouvons  qu'apporter 
beaucoup  de  discrétion  et  meure  considération  au  choix  de 
ceulx  auxquels  nous  puissions  fier  l'importance  de  la  dicte 
charge  de  mareschal  de  France  et  reposer  asseurément  do  la 
conduite  et  maniement  des  affaires  qui  dépendent  de  la  fonc- 
tion d'icelle  ;  et  sur  ce,  mettant  en  considération  les  grands 
et  recommandables  services  qu'a  dès  long  temps  à  cette  cou- 
ronne nostre  cher  et  bien  aymé  cousin  Urbain  de  Laval  de 
Bois-Daulphin  en  diverses  importantes  charges,  qui  luy  ont 
été  commises,  où  nous  avons  suffisamment  fait  preuve  de  ses 
vertus,  mœurs  et  valeur,  grande  expérience  et  cognoissance 
qu'il  a  eue  du  maniement  des  affaires  de  cet  Estât  ;  nous  con- 

1.  L'autorisation  du  parlement  est  du  24  mai  4597. 


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—  492  — 

fiant  d'ailleurs  en  la  fidélité  et  affection  qu'il  porte  au  bien, 
advancement  et  establissement  de  nos  affaires  et  service,  avec 
ferme  créance  qu'il  sçaura  très  dignement  s'acquiter  avec 
tout  ce  que  nous  pouvons  désirer  de  soing  et  de  dilligenceet 
debvoir  qu'il  est  requis  pour  bien  desservir  comme  il  appar- 
tient la  dicte  charge, 

Pour  ces  causes  et  aultres  grandes  et  légitimes  considéra- 
tions à  ce  nous  mouvant,  avons  au  dict  sieur  de  Bois-Daul- 
phin  donné  et  octroyé,  donnons  et  octroyons  par  ces  présen- 
tesy  signées  de  nostre  main,  les  dicts  estât  et  office  de  mares- 
chal  de  France  que  naguerre  tenoit  et  exerçoit  nostre  dict 
cousin  ;  pour  le  sieur  du  Bois-Daulphin  devenir  paisible  pos- 
sesseur d'iceluy  pour  le  dict  office  avoir,  tenir  et  doresnavant 
exercer,  en  jouir  et  user  aux  honneurs,  auctoritez,  préroga- 
tives, facultez,  prééminences,  franchises,  libertés,  gages, 
pentions,  appoinctements,  estât,  entretènement,  pouvoir, 
puissance,  droitz,  proffitz,  revenus  et  esmoluments  qui  y 
appartiennent,  tels  et  semblables  que  les  a  voit  et  pouvoit 
avoir  nostre  dict  deffunct  cousin,  les  ont  encores  et  en  jouis- 
sent en  tous  temps  les  aultres  mareschaux  de  France,  tant 
qu'il  nous  plaira. 

Sy  donnons  en  mandement  à  nos  amez  et  féaulx  conseillers 
les  gens  tenant  nostre  cour  de  parlement,  tous  nos  lieute- 
nants généraux,  gouverneurs,  capitaines,  chefs  de  nos  gens 
de  guerre  et  à  tous  nos  justiciers  et  officiers  qu'il  appartien- 
dra et  à  chacun  d'eulx  que  le  sieur  de  Bois-Dauphin,  de  qui 
nous  avons  pris  et  receu  le  serment  en  tel  caz  requis  et  ac- 
coustumé,  et  icelluy  mis  et  institué  au  dict  estât  et  office,  ils 
le  facent,  souffrent  et  laissent  jouir  et  user  d'ieelluy,  ensem- 
ble des  honneurs,  pouvoir,  auctoritez,  prérogatives,  facultez, 
prééminences,  franchises,  libériez,  droictz,  fruictz,  proffictz, 
revenus  et  esmoluments  dessus  dicts  pleinement  et  paisible- 
ment et  à  luy  obéir  et  entendre  de  tous  ceulx  et  ainsi  qu'il 
appartiendra,  touchant  et  concernant  le  dict  estât  et  office. 

Mandons  en  outre  à  nos  amez  et  féaulx  conseillers  les  tré- 
soriers de  l'ordinaire  et  extraordinaire  de  nos  guerres,  pré- 
sens et  advenir,  que  chascun  en  droict  et  selon  qu'à  chascun 
d'eulx  appartiendra  ils  ayent  en  l'année  de  leur  exercice  à 
payer,  bailler  et  délivrer  à  nostre  dict  cousin  les  gages,  pen- 
tions, estât,  appoinctements  et  entretènement  au  dict  estât 


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—  493  — 

affectez  et  y  appartenant  et  doresnavant  par  chascun  an  aux 
époques  et  en  la  manière  accoustumée  à  commencer  du  dict 
ou  r  et  datte  des  présentes,  apportant  lesquelles  ou  vidimus 
jd'icelles  deumenteoUationné  pour  une  foys  avec  lesquictances 
de  nostre  dict  cousin  sur  ce  semblablement  nous  voulions 
les  dicts  gages,  pensions,  estât,  appoinctement  et  entretenez 
ment  et  tout  ce  que  pour  ce  payé  et  dellivré  luy  aura  esté,  estre 
passé,  alloué  respectivement  et  la  despense.... 

2994.  —  1597,  9  septembre.  Sablé.  —  Acte  par  lequel  le 
maréchal  de  Bois-Dauphin  confirme  son  testament  (Imprimé, 
abbé  Ledru,  Urbain  de  Laç^al^  189). 

2995.  —  1597, 26  octobre,  Paris.  —  Lettre  écrite  par 
Bois-Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  (B.  N., /ran- 
çais,  3607,  76). 

A  monsieur  le  duc  de  Montmorancy 

Monsieur,  je  passé  dernièrement  par  Chantilly  pensent 
avoir  l'honneur  de  vous  y  baiser  les  mains  ;  je  vous  menois  ung 
gentilhomme  qui  m'a  toujours  assisté,  et  est  poursuivy  au 
préjudice  de  Tédit  qu'il  a  pieu  au  Roy  faire  en  ma  faveur,  con- 
tre lequel  ses  parties,  par  surprises  au  préjudice  des  défances 
qui  avoint  esté  faicles  d'exécuter  aucun  descret  à  rencontre 
de  luy,  ont  faict  ordonner  qu'ils  se  randrait  prisonnier  en  nos- 
tre suite,  en  quoy  il  n'a  voulu  manquer.  Et  d  aultent  qu'il  est 
tumbé  malade,  je  vous  suplie,  monsieur,  voir  une  requeste 
qui  vous  sera  présentée  de  sa  part  pour  luy  ordonner  se  qu'il 
vous  piéra,  vous  asseurant  qu'il  vous  ira  tousjours  trouver 
lorsque  luy  comraanderés.  Je  vous  suplie  luy  faire  ceste  fa- 
veur qu'il  resente  l'honneur  que  me  faictes  de  m'esmer  par 
la  suplication  très  humble  que  je  vous  en  fais,  vous  protes- 
tant d'estre  jusques  au  tombeau,  Monsieur,  vostre  très  hum- 
ble et  obéissant  serviteur.  de  Laval. 

De  Paris,  ce  26  octobre  1597. 

2996.  —  1597,  7  novembre,  Paris.  —  Lettre  écrite  par 
Bois-Dauphin  au  connétable  de  Montmorency  *  (B.N.  ^français^ 
3607,  38). 


1.  On  trouvera  ici.  sous  le  numéro  203,  le  dessin  du  lac  d'a- 
mour qui,  à  celte  époque,  constituait  le  cachet  du  maréchal  de 
Bois-Dauphin. 


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Monsieur  le  duc  de  Montmorancy^pair  et  connestable  de 

France 

Monsieur,  j'escris  au  Roy,  ayant  sceula  maladie  d'ung  de  Kies 
parans  eslre  très  grande  ;  il  a  deux  abayes  que  je  suplie  le 
Roy  me  donner.  Sa  Majesté  m'a  donné  des  grades  et  de  l'hon- 
neur, je  la  suplie  me  donner  du  moyen  pour  dcspandre  près 
de  Sa  Majesté.  Ses  abayes  sont  de  petites  valleur  et  fais  estât 
s'ils  vaquest  de  donner  quelques  pensions  desusles  bénéBses 
à  son  frère.  L'honneur  que  m'avés  faict  de  me  prometre  de 
l'amitié  me  enhardist  vous  suplier,  Monsieur,  de  me  favori- 
ser envers  le  Roy  de  vostre  faveur  ;  pour  obtenir  ma  suplica- 


908.  —  Cachet  du  maréchal  del Bois-Dauphin,  1597. 

tion  je  despanderay  sela  et  ma  vie  à  vous  rendre  le  service 
que  je  vous  ay  voué  et  seray  toute  ma  vie.  Monsieur,  vostre 
très  humble  et  obéissant  serviteur. 
De  Paris,  ce  7  novembre  1597. 

DE  Laval. 

2997.  —  1597,  27  novembre,  Paris.  —  Arrêt  du  Conseil 
d'Etat  assignant  à  Bois-Dauphin  trois  mille  trois  cents  trente- 
trois  écus  un  tiers  à  lui  dus  pour  sa  pension  de  maréchal  de 
France  (B.  N.,  français,  18161,  105). 

2998.  —  1597,  5  décembre.  —  Lettre  écrite  par  Bois-Dau- 
phin au  connétable  de  Montmorency  (B.  N.,  français, 
3606,28). 

A  Monsieur  le  duc  de  Montmorancy,  pair  et  connétable  de 

France 

Monsieur,  je  vous  suplie  très  humblement  m'excuser  si  je 
vous  importune  de  dépescher  le  sieur  de  la  Cherrière,  présent 
porteur,  de  l'affaire  qu'il  a.  Monsieur  de  Boissy  est  son  rapor- 
teur.  S'il  vous  plaisoittant  m'obliger  que  d'escrire  audit  sieur 
vous  aller  trouver  et  aporter  se  proses,  en  une  demie  heure 
vous  l'aurés  jeugé.  Je  désirerois  m'en  retourner  au  païs  qu'il 
peult  revenir  ;  il  servira  très  bien  le  Roy  et  connoistïes  forces 


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—  495  — 

des  ennemis  et  de  leurs  villes.  Je  vous  supplie,  Monsieur, 
me  tant  obliger  que  de  juger  son  proses  ;  vous  connoistrés  le 
tort  qu'on  luy  faict.  Je  vous  fusse  moy  mesme  allé  faire  ceste 
suplication,  sens  que  on  m'a  dit  que  le  mareschal  des  logis 
Valon  m'a  deslogé  pour  loger  des  gens  de  Monsieur  le  ma- 
reschal de  Biron  ;  j'ay  envoyé  voir  se  qui  s'en  est  ;  je  vous 
suplie  luy  commender  de  baller  ung  aultre  logis  à  ses  gens» 
là  sont  des  tours  innacoustumés.  Je  m'assure,  Monsieur,  que 
m'en  ferés  faire  raison  et  que  me  tiendrés,  Monsieur,  pour 
vostre  très  humble  et  plus  obéissant  serviteur. 
Ce  5  décembre  1597. 

DE  Laval. 

2999.  —  1597,  16  décembre,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Arrêt  du  Conseil  d'Etat  portant  assignation  de  trois  mille 
trois  cent  trente-trois  écus  un  tiers,  dus  à  Bois-Dauphin  pour 
ses  gages  de  maréchal  de  France  (A.  N.,  E^^  298,  et  B.  N., 
français,  18161,  134). 

3000.  —  1597,  22  décembre,  Saint-Germain-en-Laye.  — 
Arrêt  du  Conseil  d'Etat  validant  les  payements  faits  par 
Julien  Fontaines,  commis  à  la  recette  générale  de  Touraine, 
en  vertu  des  ordonnances  de  Bois-Dauphin,  sauf  ceux  faits  à 
des  personnes  actuellement  rebelles  (A.  N.,  W^  336,  et  B. 
N.,  français,  18161,  144). 

Cte  Bertrand  de  Broussillon. 
{A  suiifre). 


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PROGÈS-VERBAUX  DES  SÉANCES 


SEANCE  DU  8  AOUT  1901 


La  séance  s'ouvre  à  deux  heures,  sous  la  présidence 
de  M.  Emile  Moreau,  président. 

Sont  présents  :  M.  Moreau,  président  ;  M.  de  Farcy, 
vice-président;  MM.  le  marquis  de  Beauchesne,  Durget, 
Garnier,  Gouvrion,  Grosse-Duperon,  Laurain,  Raulin, 
membres  titulaires  ;  MM.  Goupil,  de  Montalembert, 
Mouchet,  Thuau,  membres  correspondants. 

Se  font  excuser  :  MM.  d'Angleville,  Fabbé  Angot, 
Tabbé  Anis,  Richard,  Trévédy. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et 
adopté. 

M.  le  président  souhaite  la  bienvenue  à  M.  Mouchet, 
qui  assiste  pour  la  première  fois  à  une  séance. 

M.  Laurain  annonce  qu'il  y  a  lieu  de  procéder  à  Té- 
lection.  d'un  membre  titulaire  en  remplacement  de 
M.  O'Madden,  démissionnaire. 

M.  Thuau  est  élu. 

M.  de  Farcy,  chargé  par  la  Commission  de  négocier 
avec  le  P.  Pottier  la  reproduction  dans  le  Bulletin  de 
deux  ou  trois  des  peintures  murales  de  Saint-Martin-dc- 


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—  497  — 

Connéc,  fait  savoir  que  Tensemble  de  ces  peiatures  sera 
publié  par  la  Revue  historique  du  Maine  et  qu*il  n'y  a 
plus  lieu  dès  lors  de  s'en  pr<Soccuper  au  même  titre. 

M.  Laurain  communique  le  détail  des  sommes  inscrites^ 
suivant  la  loi  du  30  mars  1887,  au  budget  départemental 
(chap.  XI,  art.  huit)  pour  Tentretien  des  monuments 
historiques.  Le  camp  de  Jublains  y  figure  pour  une 
somme  de  500  francs,  dont  200  francs  pour  Tentretien 
du  camp,  mandatés  annuellement  au  nom  de  notre  col- 
lègue M.  Chédeau,  président  delà  Société  d'archéologie, 
sciences,  arts  et  belles-lettres  de  la  Mayenne. 

M.  le  président  fait  Thistorique  des  dernières  répara- 
tions du  camp.  Sur  sa  demande,  le  Conseil  général, 
en  1898  avait  voté  une  subvention  de  1.500  francs; 
r£tat  en  avait  accordé  une  égale  ;  le  crédit  fut  employé 
en  1899  à  détruire  en  partie  les  végétations  parasites 
et  à  rejointoyer  les  parements  extérieurs. 

Mais  pour  faire  une  besogne  utile,  on  avait  été  obligé 
de  découvrir  les  contreforts  en  ciment  destinés  à  sou- 
tenir les  parements  ;  le  manque  de  ressources  et  l'arrivée 
de  l'automne  avaient  interrompu  les  travaux.  11  fallut 
adresser  en  1900  une  nouvelle  demande  au  Conseil 
général;  l'assemblée  départementale  était  bien  disposée, 
mais  il  y  eut  une  erreur  ;  le  rapporteur  crut  qu'il  s'a- 
gissait du  crédit  annuel  dont  on  vient  de  donner  le  détail 
et  il  n'y  eut  pas  de  crédit  supplémentaire  voté.  Les 
travaux  restèrent  donc  en  souffrance  et  laissèrent  les 
murailles  dépouillées  de  leurs  gazonnements  protecteurs. 
Cette  situation  a  motivé  l'article  erroné  en  fait  de 
M.  l'abbé  Millon,  dont  on  a  donné  lecture  dans  une 
précédente  séance.  Sur  l'ordre  de  M.  Magne,  inspec- 
teur général  des  monuments  historiques,  on  a  replacé 
d'ailleurs  d'urgence,  et  en  présence  de  M.  Darcy, 
les  gazonnements.  C'est  une  nouvelle  demande  de 
crédit  qu'il  faut  introduire  auprès  du  Conseil  général. 


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—  498  — 

Malheureusement  on  ne  pourrait  le  faire  utilement  que 
si  Ton  avait  un  devis  des  travaux  à  exécuter  et  des 
dépenses  qui  les  solderaient.  Mais  M.  Darcy  n'a  jamais 
pris  le  temps  de  dresser  ce  devip,  et  il  est  difficile  au 
président  de  la  Commission  d'asseoir,  dans  ces  condi- 
tions, une  demande  de  crédit. 

M.  Laurain  communique  une  lettre  de  M.  Tirard  dans 
laquelle  notre  collègue  remercie  la  Commission  d'avoir 
bien  voulu  voter  une  somme  pour  faire  des  fouilles  à  la 
Boissière  d'Ernée  et  à  la  Boissière  de  Yautorte  ;  il 
annonce  en  même  temps  qu'il  lui  est  impossible  de  profi- 
ter de  cette  allocation,  le  fermier  ayant  refusé  l'autorisa- 
tion de  pratiquer  des  recherches  dans  le  sol. 

M.  de  Beauchesne  annonce  que  la  Commission  histo- 
rique de  l'Orne  visitera  le  château  de  Lassay  le  5  sep- 
tembre prochain  ;  il  invite  les  membres  do  la  Commission 
historique  de  la  Mayenne  à  se  joindre  à  lui  pour  recevoir 
dignement  nos  collègues  normands. 

M.  Laurain  donne  lecture  des  notes  d'un  voyage  exécuté 
vers  1639,  dans  le  Haut-Anjou  et  dans  le  Bas-Maine,  par 
un  homme  connu  des  érudits  :  Nicolas-François  Baudot, 
sieur  du  Buisson  et  d'Ambenay.  Ce  voyage  qui  va  être 
publié  par  notre  collègue,  M.  Léon  Maître,  en  collabora- 
tion avec  M.  de  Berthou,  contient  des  remarques  fort 
intéressantes,  et  la  Commission  décide  de  reproduire 
dans  le  Bulletin^  la  partie  qui  concerne  notre  pays. 

Rien  n'étant  plus  à  l'ordre  du  jour,  la  séance  est  levée 
à  4  heures. 


SEANCE  DU  21  NOVEMBRE  1901. 

La  séance  s'ouvre  à  deux  heures,  sous  la  présidence 
de  M.  Emile  Moreau,  président. 


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-  499  — 

Sont  présents  :  M.  Moreau,  président;  M.  Trévédy, 
vice-président  ;  MM.  le  marquis  de  Beauchesne,  Durget, 
Garnier,  Gouvrion,  Grosse-Duperon,  Louis  de  la  Beau- 
luère,  Laurain,  membres  titulaires;  MM.  AUeaume, 
Dubel,  Goupil,  Mouchet,  membres  correspondants. 

Se  font  excuser  :  MM.  Tabbé  Angot,  Paul  de  Farcy, 
Tabbé  Lardeux,  de  Montalembert,  comte  Léopold  de 
Quatrebarbes,  Richard,  Thuau. 

Le  procès-verbal  de  la  précédente  séance  est  lu  et 
adopté. 

M.  Edouard  de  Lorière,  secrétaire  de  la  Société  his- 
torique du  Maine,  au  château  de  Moulin- Vieux,  par 
Avoise  (Sarthe),  est  élu  membre  correspondant  de  la 
Commission  sur  la  présentation  de  M.  de  Beauchesne  et 
de  M.  Moreau. 

M.  Laurain  annonce  que,  depuis  la  dernière  réunion, 
la  Commission  a  été  encore  durement  éprouvée  par  la 
mort  de  trois  de  ses  membres  :  M.  Tabbé  Coutard, 
M.  Montagu  et  M.  Tabbé  Gillard. 

M.  Albert-Clément  Coutard  était  né  à  Loué  (Sarthe), 
le  8  août  1847.  Elève  au  petit  séminaire  de  Précigné, 
puis  au  grand  séminaire  du  Mans,  prêtre  le  25  juillet 
1870,  alors  qu'il  était  depuis  un  an  professeur  à  Précigné, 
il  avait  été  nommé  vicaire  à  Joué-en-Charnie  (1870),  curé 
de  Sainte-Sabine  (1881-1893),  procuré  de  Vallon  (1893), 
et  enfin  curé  de  cette  même  paroisse  le  25  juillet  1897. 
C'est  là  qu'il  est  mort,  le  13  septembre  dernier. 

«  Spirituel,  observateur  sagace,  aimablement  railleur, 
a  dit  de  lui  notre  collègue  M.  Tabbé  Ledru,  d'un  scepti- 
cisme de  bon  aloi  sous  un  aspect  légèrer.:^ent  naïf,  dénué 
de  toute  ambition,  ami  sûr  et  dévoué,  il  se  fit  une  place 
de  choix  dans  les  rangs  du  clergé  manceau  ». 

Amoureux  des  choses  d'autrefois,  il  commença  tard  à 
écrire  ses  études  historiques  dont  les  plus  importantes 


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—  500  — 

sont  :  Essais  de  toponymie  mancelle,  Sainte^Sabine 
(Rev.  hist.  et  arch.  du  Maine,  t.  XXXI,  p.  265;  tirage 
à  part  :  Mamers,  Fleury  et  Dangin,  t892,  in-S**,  53  p.): 
—  Vallon  illustré  (Presbytère  de  Vallon-sur-Gée,  1897, 
in-8®,  78  p.)  ;  —  Histoire  de  Joué-en- Char  nie  (mss., 
332  p.). 

Secrétaire  dévoué  de  la  Société  des  archives  histori- 
ques du  Maine,  il  regretta  souvent  de  n'avoir  pas,  par 
suite  de  la  distance  et  de  la  difficulté  des  communica- 
tions, de  relations  plus  fréquentes  avec  notre  Commis- 
sion dont  il  faisait  partie  depuis  1893. 

M.  Emmanuel  Montagu,  lui,  nous  appartenait  presque 
depuis  Torigine,  c'est-à-dire  depuis  1879.  Il  était  né  à 
Ernée  le  24  décembre  1843,  et  après  deux  années 
passées  au  séminaire,  il  s'était  mis  dans  renseignement. 
Successivement  adjoint  à  Gorron  (1864),  puis  au  lycée  de 
Laval  après  avoir  pris  son  brevet  élémentaire  (1865),  à 
Craon,  à  Saint-Christophe-du-Luat,  à  Evron,  il  fut  nommé 
instituteur  titulaire  à  Hardanges,  le  31  août  1869.  Il  fit 
la  campagne  de  1870,  dans  le  60^  régiment  de  ligne,  et 
au  bout  de  onze  mois  d'absence,  revint  à  Hardanges  où 
il  resta  en  fonction  jusqu'au  31  avril  1901.  Malade  alors, 
il  obtint  un  congé  sans  traitement  en  attendant  son  ad- 
mission à  la  retraite  qui  lui  fut  accordée  le  5  mai  ;  il  n'en 
jouit  guère,  car  il  est  mort  le  13  octobre  dernier.  C'était 
un  timide,  d'une  obligeance  absolue,  que  la  Commission 
éprouva  plus  d'une  fois  pour  des  recherches  à  faire  à 
Hardanges,  à  Loupfougères  et  aux  environs,  et  dont  les 
résultats  sont  consignés  dans  les  volumes  de  la  première 
série  de  notre  Bulletin.  Ces  recherches  rengagèrent  à 
écrire  quelques  notices  que  publia  le  Courrier  de 
Mayenne  et  dont  il  n'a  pas  été  fait  de  tirage  à  part.  Les 
principales  sont  :  Les  petites  écoles  d' Hardanges  avant 
1789  [Courrier  de  Mayenne j  avril-mai  1885)  ;  —  Le  dis- 
trict  de  Lassay-Villaines  (1191-1193)  (Ibid.,  décembre 
1885-avril  1886)  ;  —  Ernée,  Recherches  sur  son  ancien 


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—  50i  — 

bailliage  de  1750  à  1190  (Ibid.,  août  1887)  ;  et  enfin  une 
Notice  sur  le  château  de  la  Chasse-guerre  (Hardange)^ 
de  1589  à  1810,  iaiie  spécialement  à  Taide  d'archives 
qu'il  avait  recueillies  et  dont  il  avait  bien  voulu  Tan 
dernier  se  dessaisir  en  faveur  du  dépôt  départemental. 
Il  a  laissé  en  outre  les  Lettres  d'un  Chouan  fusillé 
à  Tours,  et  une  chronique  inédite  de  la  Ghapelle-au- 
Ribouly  composée  avec  le  soin  méticuleux  qu'il  apportait 
à  toute  chose. 

II  n'écrivait  plus  depuis  longtemps,  8ou£frant  déjà  du 
mal  qui  devait  remporter.,  semblable  en  cela  à  notre 
autre  collègue,  M .  Tabbé  Gillard. 

Joseph-Constant-Marie-Jean  Gillard  était  né  à  Heussé 

(Manche),  le  25  juin  1840.    Son  oncle,    M.  Guillaume 

Gillard,  alors  curé  de  Couesmes,  le  prit  chez  lui  dès 

la  troisième  année  et  fit  son  éducation.  Entré  au  petit 

séminaire  de  Mayenne,   puis  au    grand  séminaire  de 

Laval,  il  reçut  la  prêtrise  le  21  mai  1864  et  fut  nommé 

successivement  vicaire  à  la  Bigottière,  àRuillé-Froidfont, 

à  Cigné,   puis  à  Couesmes,    où  il  retrouva  son  oncle 

comme  curé  de  la  paroisse.  Celui-ci  mourut  au  mois  de 

juillet  1881  et  notre  collègue  fut  envoyé,   comme  curé, 

dans  la  petite  paroisse  de  Saint- Fraimbault  de  Lassay. 

Il  y  resta  quatorze  ans.  Lui  aussi  comprit  vite  que  le 

ministère  dans  les  paroisses  rurales  ne  suffit  pas  toujours 

à  remplir  une  vie  sacerdotale,  et  il  se  mit  à  collectionner 

les  documents   et   à  recueillir   des  notes   nombreuses. 

C'est  pendant  cette  période  de  sa    vie  qu'il  écrivit  les 

ouvrages    suivants  :   Recherches  historiques   sur  les 

Bénédictines  de  Lassay  (Revue  hist.  du  Maine,  t.  XVIII, 

p.  82,  226  ;    tirage    à  part,    Mamers,   G.    Fleury  et 

A.  Dangin,  1886  ;  in-8%  117  p.)  ;  —  Vie  de  Saint-Fraim- 

bault  {Mayenne,  Poirier-Béalu,  1886  ;  in-18,  132  p.)  ;  — 

Saint-Joseph,  sa  vie,  son  culte  ;  exercices  et  prières  en 

son  honneur  (Laval,  Chailland,  1889,  grand  in-32,  348 

p.)  ;  —  Lassay,  ses  écoles^  ses  collèges  (Commission 

32 


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^  50i- 

hist.  de  la  Mayenne,  2*  série,  t.  IL  p.  405  et  546  ;  tirage 
à  part,  Laval,  L.  Moreau,  1890;  in-8**  45  p.)  ;  —  Vie  de 
M.  Huignardf  curé  de  Saint-Fraimbault-de-Liissay, 
ses  œuvres^  sa  communauté,  —  La  petite  émigrée 
(Laval,  Chailland,  1892  ;  in-18,  115  p.).  Il  surveilla 
également  Timpression  de  Touvrage  de  Jean-Baptiste 
Morand  :  Saint  Joseph  de  Vautorte. 

Membre  de  la  Commission  depuis  1889.  il  s'était  créé 
de  nombreuses  relations  dans  le  monde  des  travailleurs 
et  ne  demandait  pas  mieux  que  d*étre  utile  aux  cher- 
cheurs dans  le  rayon  où  il  avait  lui-même  poussé  ses 
investigations.  Mais  mis,  le  6  janvier  1895,  à  la  tête  de 
l'importante  cure  de  Couesmes  où  il  était  très  populaire, 
il  y  trouva  d'autres  travaux  à  accomplir,  qui  le  détour- 
nèrent des  purs  travaux  d'érudition  ;  dès  son  arrivée 
dans  sa  nouvelle  paroisse,  il  s'occupait  en  effet  de  la 
reconstruction  du  presbytère,  où  il  eût  désiré  mourir, 
ayant  marqué  sa  place  au  cimetière,  près  de  son  oncle  ; 
son  désir  ne  fut  pas  exaucé.  Sa  santé,  fortement  ébranlée 
depuis  quelque  temps,  lui  rendit  à  la  fin  tout  ministère 
impossible,  et  il  fut  forcé  de  quitter  sa  paroisse,  au  mois 
d'octobre  dernier,  pour  se  retirer  à  la  communauté  de 
Saint-Fraimbault-de-Lassay,  où  trois  semaines  plus 
tard,  le  il  novembre,  la  mort  venait  le  prendre  après 
une  longue  agonie. 

C'était  rhomme  charitable  par  excellence,  toujours 
prêt  à  rendre  service  à  quiconque,  donnant  largement 
et  considérant  moins  pour  cela  ses  ressources  person- 
nelles que  les  besoins  de  ceux  qui  Timploraient,  igno- 
rant du  refus,  même  quand  il  ne  possédait  plus  rien. 
Il  se  fit  ainsi  de  nombreux  amis  et  sa  mort  a  laissé 
d'unanimes  regrets. 

M.  Laurain  communique  une  lettre  dans  laquelle  M. 
Yves  Le  Moyne,  de  Paris,  annonce  qu'il  possède  un 
portrait  au  pastel  d'Ambroise  Paré,  d'une  remarquable 
exécution,  mais  qui  par   sa  facture   ne  peut  être  que 


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—  503  — 

d'un  artiste  français  du  XVIP  ou  du  XVIII*  siècle.  M. 
Le  Moyne  demande  s'il  existe  un  portrait  authentique 
du  chirurgien  Lavallois. 

M.  Tabbé  Lardeux,  sous-directeur  de  Flnstitution 
Saint-Michel  à  Château-Gontier,  annonce  qu'on  démolit 
actuellement  de  vieilles  constructions  qui  faisaient  partie 
autrefois  de  l'hospice  des  incurables  de  cette  ville.  De 
nombreuses  modifications  y  avaient  été  apportées  par 
divers  propriétaires  et  avaient  fini  par  en  compromettre 
la  solidité.  M.  l'abbé  Lardeux  y  a  relevé  deux  inscrip- 
tions sous  forme  de  quatrains,  destinées  apparemment 
à  consoler  les  misères  humaines  qui  venaient  s'abriter 
à  l'hospice.  Elles  étaient  placées  aux  angles  d'une  petite 
salle,  à  la  hauteur  des  yeux,  appliquées  sur  une  sorte  de 
mortier  de  couleur  verdâtre  et  écrites  en  capitales  noires. 
Chacune  d'elles  se  trouvait  par  moitié  sur  les  faces  des 
murs  qui  se  coupaient  à  angle  droit  et  elles  étaient  ainsi 
conçues  : 

1»«  Inscription 

N'attends  point  de  repos  ;  tu  souffriras  toujours. 

C'est  la  condicion  de  la  nature  humaine, 

Et  le  dernier  jour  de  ta  peine 

Sera  le  dernier  de  tes  jours. 

2^^  Inscription 

Vous  serez  éprouvé  par  la  tantatîon  : 
C'est  le  chemin  qui  conduit  à  la  gloire. 

Un  vrai  chrétien  doit  voir  l'humiliation 
Comme  le  char  qui  mène  à  la  victoire. 

M.  Laurain  donne  lecture  d'une  étude  de  M.  Galland, 
professeur  au  lycée  de  Cherbourg,  sur  les  sociétés 
populaires  de  Laval  et  de  Mayenne.  La  Commission, 
vivement  intéressée  par  cette  étude,  en  décide  Tinsertion 
au  Bulletin, 

Rien  n'étant  plus  à  l'ordre  du  jour,  la  séance  est  levée 
à  4  heures  et  demie. 


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BIBLIOGRAPHIE 


Ambroise  Paré,  par  le  docteur  H,  Folet^  professeur  à  la 
faculté  de  Lille  (Revue  de  Paris,  VIII®  année,  n*  17,  p.  59 
etsqq.). 

L'étude  est  courte,  mais  substantielle  en  ce  qui  concerne  le 
chirurgien,  le  médecin  d'armée  témoin  des  mœurs  militaires 
de  son  temps,  et  le  bourgeois  français  du  XV I*  siècle  q[ue  fut 
Ambroise  Paré  ;  elle  pourrait  fournir  un  bon  chapitre  à 
rhistoire  qui  reste  à  faire  des  idées  et  de  Tinfluence  de  l'il- 
lustre lavallois.  Nous  la  résumons  en  nous  servant,  autant  que 
possible,  des  termes  mêmes  de  Tauteur. 

Paré  a  écrit  le  premier  grand  ouvrage  sur  Fart  chirurgical, 
avec  Tampleur  et  la  méthode  d'un  véritable  traité  didactique, 
d'un  vrai  tour  littéraire.  Mais  il  s'est  montré,  sur  une  multitude 
de  points,  aussi  dépourvu  de  critique,  aussi  crédule  que  ses 
contemporains.  S'il  attaque,  et  d'une  façon  un  peu  goguenarde, 
certains  médicaments  baroques,  comme  la  poudre  ae  mumie 
ou  la  corne  de  licorne,  il  en  préconise  d'autres  aussi  bizarres, 
comme  «  du  lait  de  femme  allaitant  fille  plutôt  que  mâle,  »  et 
considère  comme  l'une  de  ses  plus  heureuses  trouvailles  thé- 
rapeutiques l'application  sur  les  brûlures  d'oignon  cru  pilé 
avec  du  sel.  Il  ne  se  contente  pas  de  mal  interpréter  des  faits 
vrais  en  tératologie,  il  exhibe  trancjuillement  les  monstres  les 
plus  ahurissants,  dont  il  donne  la  hgure,  comme  «  le  portrait 
d'une  bête,  laquelle  ne  vit  que  de  vent.  »  Sa  foi  aux  influences 
astrologiques  est  profonde  et  il  tient  compte  de  la  position  des 
astres  pour  choisir  l'époque  d'une  opération  ou  pour  admi- 
nistrer un  médicament.  Naturellement,  en  ce  qui  est  relatif  à 
la  pratique  médico-chirurgicale  proprement  dite,  il  adopte 
les  idées  courantes  et  accepte  l'anatomie  et  la  physiologie  de 
Galien  :  sanguinification  dans  le  foie,  calorique  inné,  humide 
radical,  esprits  animaux,  facultés  ou  vertus  spéciales  des 
divers  organes  pour  démontrer  leurs  fonctions,  aoctrine  des 
tempéraments  et  des  quatre  humeurs.  Et  cette  physiologie 
fantaisiste  aboutit  aux  plus  singulières  conceptions  pathologi- 
ques, lui  fait  invoquer  les  étranges  théories  régnantes  pour 
expliquer  des  faits  authentiques  et  même  les  vérités  neuves 


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que  son  observation  saçace  découvre  sur  certains  points  en 
cnirurgie,  comme  rempnysème  sous-cutané  dans  les  fractures 
des  côtes,  la  possibilité  d'enkystement  indéfini  des  projec- 
tiles dans  les  tissus. 
Pourtant  si  la  théorie  est  mauvaise,  la  pratique  est,  la  plu- 

f)art  du  temps,  iudicieuse,  hardie  et  très  personnelle.  C'est  à 
a  ligature  méthodique  et  raisonnée  des  vaisseaux  dans  les 
amputations  qu'Ambroise  Paré  doit  sa  çloire,  et  il  en  a  tracé 
clairement  le  manuel  opératoire  tel  qu  on  l'exécute  encore. 
Une  autre  partie  originale  de  son  œuvre  est  la  longue  dis- 
cussion dans  laquelle  il  nie  la  vénénosité  des  plaies  d'arque- 
buse ;  tout  le  monde  y  croit  de  son  temps  et  Ton  pense  la  con- 
jurer en  cautérisant  la  plaie  à  Thuile  bouillante.  Paré  réfute 
une  erreur,  mais  le  résultat  de  cette  «  découverte  négative  » 
qui  met  en  honneur  les  topiques  gras  «  suppuratifs  ou  pour- 
rissants »  et  qui  inaugure  la  chirurgie  des  cataplasmes  et  du 
cérat,  est  plutôt  un  recul  sur  la  méthode  inconsciemment 
antiseptique  de  l'époque.  Les  blessés  de  Paré  souffrent 
moins,  mais  ils  meurent  en  plus  grand  nombre  d'infection 
purulente,  et  cela  ne  l'empôche  pas  de  regarder  avec  auelque 
dédain  le  chirurgien  Douolet,  un  a  empirique  »  q^ui  fait,  au 
dire  de  Brantôme,  toutes  ses  cures  «  par  simple  linge  blanc 
et  belle  eau  claire  »  et  qui  est  peut-être  le  père  de  l'asepsi« 
moderne. 

Cependant  à  considérer  l'ensemble  de  sa  pratique  chirur- 
gicale, Paré  se  montre  attentif,  ingénieux,  méticuleusement 
soigneux  des  détails,  et  met  un  «  mécanicien  truqueur  au 
service  d'un  observateur  intelligent.  » 

La  sûreté  de  la  main  et  le  sang-froid  de  l'opérateur  se  trou- 
vent chez  le  médecin  d'armée.  Il  y  a  davantage  ;  il  raconte 
avec  une  tranquille  indifférence  les  scènes  affreuses  auxquel- 
les il  assiste  à  la  Cour  ou  sur  les  champs  de  bataille  ;  l'indi- 
gnation lui  est  à  peu  près  inconnue,  quoi  qu'en  dise  M.  Ste- 
phen  Paiet  dans  son  Ambroîse  Pare  and  his  tinte  (1897)  à 
propos  de  l'expérience  de  la  pierre  de  Bézahar,  qu'on  avait 
certifiée  à  Charles  IX  être  un  antidote  universel  ;  il  ne  s'émeut 
un  peu  que  lorsqu'il  s'agit  de  ses  compatriotes.  Il  n'éprouve 
aucune  pitié  pour  les  ennemis  et  pousse  au  carnage,  même 
sans  profit.  Et  cependant  il  est  bon,  manifeste  une  profonde 
sympathie  pour  ses  malades  et  leur  épargne  la  douleur  inutile  ; 
il  entrevoit  la  possibilité  de  médicaments  insensibilisateurs, 
mais  n'a  pas  l'idée  de  rechercher  si  les  stupéfiants  peuvent 
procurer  i'anesthésie  ;  au  surplus  d'une  humanité  très  géné- 
rale et  très  philosophique. 

Patriote,  à  l'heure  où  le  patriotisme  n'est  pas  vertu  cou- 
rante ;  courageux,  non  par  tempérament  mais  par  raisonne- 
ment et  par  volonté,  endurant  et  débrouillard,  d'une  probité 
professionnelle  et  personnelle  irréprochable,  un  peu  raide  et 


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autoritaire,  vaniteux  (défaut  d'ailleurs  excusable  chez  un 
homme  parti  de  si  bas  et  qui  a  conouis  la  renommée),  mais 
véritablement  un  peu  plat  à  Tégara  des  grands  seigneurs, 
bourgeois  économe,  parvenu  à  une  large  aisance,  ne  faisant 
point  (1  des  honoraires,  mettant  le  devoir  au-dessus  de  Far- 
gent,  il  a  une  vie  privée  très  digne,  quoique  son  second  ma- 
riage n'aille  pas  sans  mécomptes  et  sans  ridicule.  Somme 
toute  un  type  d'honnête  homme. 

Telle  est  la  physionomie  que  M.  le  docteur  Folet  retrace 
de  Paré  ;  elle  est  curieuse  et  tranche  d'heureuse  façon  sur  ce 
qu'on  avait  écrit  jusqu'à  présent.  Je  ne  relève  pas  deux  ou 
trois  mots  dont  on  pourrait  discuter  l'exactitude  et  ne  m'ar- 
rête pas  à  ce  que  Fauteur  dit  du  protestantisme  du  chirur- 
gien ;  il  n'y  a  là  rien  qu'on  ne  connaisse.  Je  veux  seulement 
citer  la  fin  de  l'article  qui  le  résume  et  qui  me  semble  mettre 
complètement  les  choses  au  point,  relativement  à  Paré.  «  La 
ville  de  Laval,  écrit  M.  Folet,  lui  a,  en  1840,  élevé  une  statue 
due  à  David  d'Angers.  C'est  sans  doute  beaucoup  forcer  la 
note  que  de  parier  du  génie  de  Paré,  comme  l'a  fait  Malgai- 

Sue,  son  dernier  éditeur.  Mais  ce  fut  un  homme  de  sens 
roit,  de  vivo  curiosité  scientifique,  d'originalité  sincère,  en 
un  temps  où  tout  cela  était  rare  ;  honnête,  bon,  tolérant  d'in- 
stinct et  de  conduite,  à  une  époque  où  l'idée  de  tolérance  n'était 
pas  née  ;  il  y  a  eu  beaucoup  de  nronze  plus  mal  employé.  » 

E.    LàURÀIN. 

Les  Chouans  delà  Mayenne  (1192^1196),  par  M.  Jecui 
Morvan.  Paris,  Calmann-Lévy,  1901.  In-8^  VIl-429  pages. 

Voici  un  livre  qu'il  faut  avoir  lu  et  qu'il  faut  posséder  pour 
le  relire.  Non  pas  que  j'approuve  les  idfées,  ou  du  moins  toutes 
les  idées  de  l'auteur  et  je  dirai  tout  à  l'heure  mon  sentiment 
là-dessus,  mais  j'estime  qu'il  est  bon  que  de  temps  à  autre 
un  écrivain  vienne  combattre  ce  qu'on  est  un  peu  trop  habitué 
à  regarder  comme  des  vérités  évidentes  et  donner,  avec 
bonne  foi,  les  motifs  qui  lui  font  croire  que  peut-être  les  faits 
ont  été  différents  et  les  raisons  des  choses  diverses  de  celles 
que  l'on  admet  généralement.  C'est  le  cas  pour  les  Chouans 
de  la  Mayenne, 

La  bonne  foi  de  l'auteur  est  indéniable.  «  Cette  histoire, 
nous  dit-il,  apparaît  dans  l'éloignement  d'un  siècle.  J'ai  tenté 
de  l'examiner,  sans  autre  souci  que  d'étudier  une  série  de 

Ï phénomènes  soumis  à  ma  raison  déterministe.  Si  Quelques 
ecteurs  s'en  affligent,  la  pensée  que  l'histoire  nest  pas 
absolue  et  qu'en  son  meilleur  état  elle  n'est  (]ue  la  vision 
d'une  époque  lointaine  spéciale  à  chaque  individu,  leur  per- 
mettra de  me  pardonner  ».  Des  lecteurs  s'en  affligeront, 
certes  ;  mais  un  livre  d'histoire  ne  doit  pas  être  jugé  avec  des 


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préoccupations  politiques  ou  des  préférences  familiales  ;  il  y 
faut  apporter  la  belle  sérénité  du  philosophe  antique  regar- 
dant les  flots  des  passions  humaines  mourir  au  pied  du  temple 
où  il  s'était  réfugié  et  ne  voir  dans  le  Hyre  que  la  valeur  aes 
documents  qui  ont  servi  à  le  construire.  Or,  ici  quelle  est 
cette  valeur  r  Plus  je  pratique  les  documents  révolutionnaires 
dont  la  garde  m'est  confiée,  plus  l'histoire  de  cette  période 
terrible  me  semble  difficile,  à  l'heure  présente.  Les  pièces 
d'archives  proprement  dites,  émanées  des  chouans,  sont  très 
rares,  surtout  les  pièces  relatives  à  la  période  qu'étudie 
M.  Morvan  ;  les  mémoires  le  sont  un  peu  moins,  mais  on  n'en 
a  publié  que  deux  ou  trois  ;  on  peut  ranger  parmi  ceux-là  les 
Lettres  sur  la  Chouannerie^  de  Duchemin  des  Cepeaux,  qui 
ne  sont  pas  à  proprement  parler  des  mémoires  mais  qui 
furent  composées  avec  les  renseignements  que  les  Chouans 
fournirent  à  Tauteur.  Or  ces  mémoires  ont  été  écrits  au 
moins  vingt-cinq  ans  après  les  événements  qu'ils  racontent  ; 
les  principaux  acteurs  de  la  première  chouannerie  étaient 
morts  et  Ion  admettra  bien  qu'il  dut  y  avoir  plus  d'une 
défaillance  dans  le  souvenir  de  ceux  qu'interrogea  Duchemin 
des  Cepeaux  ;  défaillances  involontaires,  soit,  et  inhérentes  à 
la  nature  humaine,  mais  qui  peuvent  modifier,  même  lorsque 
l'intérêt  ne  les  suscite  pas,  le  caractère  des  événements.  Si 
les  f^ettres  sur  la  Chouannerie,  pour  nous  en  tenir  au  Bas- 
Maine  et  à  cet  ouvrage,  ne  déOgurent  pas  précisément  les 
faits  et  les  personnages,  elles  les  grossissent  et  les  idéalisent  ; 
les  traditions  conservées  dans  rentourage  de  ceux  qui  ont 
traversé  la  Révolution  en  y  jouant  un  bout  de  rôle,  ne  peuvent 
être  accueillies  qu'avec  réserve.  «  On  ne  sait  pas  assez,  a  dit 
M.  de  la  Sicotière,  combien  est  courte  la  mémoire  historique 
des  hommes  ;  en  passant  de  bouche  en  bouche,  certains  faits 
se  transforment  bientôt  et  se  défigurent  jusqu'à  devenir  entiè- 
rement méconnaissables  »  ;  et  faut-il  croire  que  parfois  Tinté- 
rét  personnel  ne  vint  pas  donner  aux  fai*s  une  tournure  qu'ils 
n'avaient  point  eue  ?  «  Le  calme  rétabli,  écrit  M.  Aurélien  de 
Courson,  à  propos  de  la  Chouannerie  de  1832,  les  parents  se 
sont  naturellement  abstenus  de  parler  à  leurs  enfant»  de  leurs 
petites  vilenies  ».  11  dut  en  être  de  même  pour  la  Chouannerie 
de  1792  et  M.  Morvan  le  pense  complètement  puisqu'il  traite 
de  légende  les  Souvenirs  de  la  Chouannerie,  Je  ne  sais 
jusqu  à  quel  point  semblable  jugement  peut  être  juste  ;  peut- 
être  l'est-il  entièrement,  mais  il  me  paraît  sommaire  et  j'aime- 
rais à  trouver,  dans  une  sorte  de  préface  bibliographique,  les 
preuves  qui  1  autorisent.  M.  Morvan  dira  sans  doute  qu'il 
suffit,  pour  les  avoir,  de  lire  son  livre  et  de  le  comparer  à 
ceux  de  Duchemin  des  Cepeaux. 

C'est  une  façon,  en  effet,  car  les  deux  ouvrages  sont  dia- 
métralement opposés. 


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Alors  (pie  Duchemin  ne  se  sert  que  de  souvenirs,  M.  Morvan 
les  dédaigne  et  n'utilise  à  peu  près  que  les  pièces  d'archives. 
Mais  que  valent  les  a  30.000  >  pièces  qu'il  a  consultées  ?  Il  ne 
faut  pas  perdre  de  vue  la  passion  haineuse  qui  animait  les 
deux  partis  en  présence,  la  façon  dont  ils  se  combattaient  : 
les  contre-chouans,  dont  on  a  parlé  beaucoup  ;  les  contre-bleus 
dont  on  ne  parle  çuère,  qui  ont  pu  faire  endosser  à  un  parti 
certains  méfaits  ae  l'autre  ;  les  rancunes  personnelles  où  la 
politique  n'avait  rien  à  voir,  mais  qui  se  vidaient  sous  le 
couvert  d'une  foi  politique  ou  religieuse,  les  rivalités  mômes 
de  ceux  qui  combattaient  pour  une  même  cause:  toutes  choses 

3ui  peuvent  modifier  la  valeur  ou  atténuer  les  affirmations 
es  pièces  officielles  pas  toujours  très  sincères  et  dont  le 
contrôle  est  parfois  bien  difficile.  M.  de  la  Sicotière  l'a  re- 
marqué très  justement  :  «  Ces  officiers,  ces  généraux,  ces 
représentants,  ces  fonctionnaires  n'ont  pu  ni  tout  savoir  ni 
même  dire  tout  ce  qu'ils  savaient.  Tout  général,  tout  fonc- 
tionnaire, tout  parti  a  nécessairement  besoin,  dans  ses  rap- 
Sorts,  de  diminuer  le  nombre  de  ses  soldats  engagés  et 
'exaçérer  celui  des  soldats  ennemis,  de  masquer  ses  fautes, 
d'amomdrir  ses  pertes,  d'atténuer  les  torts  des  siens  et  de 
grossir  ceux  de  ses  adversaires,  b  II  faut  donc  interpréter  les 

fuèces  officielles  et,  je  le  reconnais  volontiers,  M.  Morvan  Ta 
ait  d'une  façon  parfois  ingénieuse. 

Pour  Duchemm,  la  vraie  cause  de  la  Chouannerie  fut  reli- 
gieuse. «  Peut-être  que  le  Bas-Manceau,  écrit-il,  eût  enduré, 
comme  les  autres,  la  révolution  et  ses  fatales  conséquences, 
si  on  lui  eût  laissé  son  curé.  Quand  la  république  voulut 
recruter  des  soldats  dans  nos  campagnes,  toute  la  jeunesse 
prit  l'épouvante,  s'enfuit  et  se  cacha  ;  mais  quand  la  républi- 
que, dans  sa  démence  sacrilège,  vint  renverser  les  autels  et 
immoler  les  prêtres^  cette  même  jeunesse  reparut  furieuse  et 
menaçante,  courut  aux  armes  et,  dans  son  zèle  religieux, 
retrouva  du  courage  pour  se  dévouer  à  la  cause  du  roi,  car 
elle  comprit  alors  que  la  monarchie,  en  tombant,  entraînait 
tout  dans  sa  chute  et  que  les  Français  étaient  abandonnés  de 
Dieu  parce  qu'ils  avaient  abandonné  leur  roi.  »  Sauf  cette 
dernière  phrase  qui  est  au  moins  un  non-sens,  c'est  à  peu 

Ïrès  ce  qu'on  lit  aans  une  œuvre  récente  :  Le  marauis  de  la 
fouërie.  «  Les  paysans  seraient  vite  revenus  à  leur  habituelle 
indifférence,  écrit  M.  Lenotre  ;  les  hobereaux,  gui  étaient 
nombreux,  se  seraient  résignés,  et  les  privilégiés,  infime 
minorité,  auraient,  faute  de  partisans,  accepté  la  situation,  si 
la  persécution  religieuse  n'était  venue  aviver  une  aversion 
jusque-là  toute  platonique...  C'est  la  persécution  religieuse 
qui  fit,  dans  l'Ouest,  tant  d'ennemis  à  la  cause  révolution- 
naire. La  chose,  pour  les  contemporains,  était  si  peu  douteuse 
qu'à  peine  arrivé  en  Bretagne  un  agent  du  comité  de  sûreté 


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générale  la  constatait  dès  son  premier  rapport  :  «  La  raison  du 
mécontentement  e»t  qu'on  a  voulu  imposeï  les  prêtres  consti- 
tutionnels. » 

Pour  M.  Morvan  cependant,  cette  raison  n'existe  pas  ;  il 
renverse  la  proposition  de  Duchemin  des  Cepeaux  et  il  afRrme 

Sue  le  Bas-Manceau  eût  enduré  la  révolution,  s'il  n'avait  pas 
té  soumis  à  la  conscription.  L'idée  dominante  de  son  livre 
est  que  le  Bas-Manceau  est  réfractaire  au  militarisme  et,  bien 
plus,  que  machine  sans  ressort,  il  n'a  «  nul  esprit  de  défense, 
nul  patriotisme^  nulle  flamme.  »  Rit  de  cela  il  donne  immédia- 
tement pour  preuve  la  démarche  des  municipaux  de  Laval 
auprès  oe  Chanzy  en  janvier  1871  ;  à  cette  preuve  il  aurait  pu 
en  joindre  d'autres,  par  exemple  la  fuite  éperdue  de  quinze 
gardes  nationaux,  commis  à  la  protection  d'un  pont,  devant  la 
pointe  du  capuchon  relevé  d'un  paysan,  un  jour  de  pluie.  Sans 
doute  on  peut  être  douloureusement  étonné  de  voir  la  muni- 
cijpalité  d  une  cité  comme  Laval  demander  au  général  en  chef 
d  une  armée  en  déroute  et  dans  laauelle  le  pays  a  mis  sa  der- 
nière espérance  de  ne  pas  exposer  la  ville  aux  exigences  de  la 
défense  ;  il  fallut  que  Chanzy  leur  rappelât  que  Laval  était  la 
clef  de  la  Bretagne  et  qu'on  devait  mettre  les  intérêts  de  la 
patrie  au  dessus  des  intérêts  individuels.  La  ville  alors  ne 
montra  nul  enthousiasme,  certes,  pour  me  servir  du  mot  de 
Chanzy,  mais  quelques  villages  de  la  Mayenne,  en  avant  des 
lignes  reformées,  comme  Gesnes,  demandèrent  à  se  défendre, 
si  on  leur  venait  en  aide,  et  si  des  paysans  mayennais  servirent 
d'espions  aux  Allemands,  d'autres  firent  simplement  leur 
devoir.  M.  Morvan  généralise  donc  peut-être  un  peu  trop  en 
attribuant  à  tous  la  ^ute  de  défaillances  particulières.  Mais  il 
reste  tout  de  même  acquis  que  la  fièvre  de  patriotisme  qui  agita 
la  France  en  1792  devant  1  invasion  étrangère  ne  se  fit  presque 
pas  sentir  dans  le  Bas-Maine,  et  que  si  la  conscription  ne  fut 
pas  l'unique  cause  de  la  première  Chouannerie,  de  celle  qu'étu- 
die M.  Morvan,  elle  en  fut  la  cause  principale  et  déterminante. 
Il  est  impossible  en  effet  de  soutenir,  comme  Ta  fait  dom 
Chamard  dans  une  récente  publication  V  que  le  soulèvement 
de  la  Vendée  (et  de  la  Chouannerie,  ajouterai-je,  car  celle-ci 
ressemble  à  celle-là  sur  plus  d'un  point)  eut  un  caractère 
essentiellement  catholique.  Le  sentiment  royaliste  dès  1897 
prédomina  en  Vendée,  mais  il  ne  semble  pas  avoir  joui  alors 
d'une  grande  vigueur  dans  le  Bas-Maine.  Or  la  Vendée  n'a 

Eris  les  armes  ni  à  la  nouvelle  do  l'emprisonnement  de 
ouis  XVI  ni  à  celle  de  sa  mort  ;  mais  elle  a  vu  quelc^ues 
mois  auparavant,  également  sans  combattre*  fermer  ses  églises 
et  proscrire  ses  prêtres.  On  l'a  dit  dernièrement  dans  la 

1.  Les  origines  et  les  responsabilités  de  l'insurrection  vendéenne 
^Paris,  Savaôte,  1899,  in-S»,  452  p".). 


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Reflue  des  questions  historiques^  et  cela  à  propos  da  livre  de 
dom  Chamard.  «  Le  vendéen  ne  souhaitait  pas  d*étre  le 
martyr  de  ses  opinions  politiques,  non  plus  que  de  sa  foi 
religieuse  ;  mais  encore  moins  voulait-il  se  faire  tuer  pour  la 
cause  de  la  Révolution  qu'il  détestait.  »  Pour  détermmer  un 
soulèvement  général,  il  fallut  la  réquisition  de  300.000  hommes, 
aussi  odieuse  par  son  application,  après  les  promesses  de  la 
Constituante,  que  par  le  nombre  de  ceux  qu'elle  atteignait. 
La  vraie  Chouannerie  naquit  de  la  conscription  et  de  la  levée 
de  mars  1793,  mais  au  heu  de  prendre  les  armes  en  masse 
comme  les  Vendéens,  les  réquisitionnaires  ici  se  terrèrent. 
Duchemin  des  CepeauxTa  dit  :  «  Toute  la  jeunesse  prit  l'épou- 
vante, s'enfuit  et  se  cacha  »  Alors  qu'ailleurs  à  l'appel  ae  la 
patrie  envahie  beaucoup  répondirent,  même  des  femmes 
comme  cette  Geneviève  Prothais  (et  il  y  en  eut  d'autres),  qui 
servit  au  5*  bataillon  des  volontaires  de  l'Oise  et  qui,  après  le 
temps  de  son  engagement  écoulé,  obtint  un  congé  régulier  ^  le 
contingent  de  la  Mayenne  ne  se  forma  que  par  un  recrutement 
difficile,  et  sur  ce  contingent  o  le  tiers  au  moins,  peut-être  la 
moitié  déserta;  sur  ceux  qui  parvinrent  à  la  frontière,  la 
moitié,  sans  ressort  moral,  mourut  aux  hôpitaux.  »  On  a  avancé 
qu'il  en  fut  de  même  ailleurs.  C'est  à  voir.  Mais  il  est  prouvé 
(et  mon  prédécesseur  l'a  dit  de  façon  nette  dans  son  livre  :  Les 

Î premiers  troubles  de  la  Révolution  dans  la  Mayenne),  que 
es  paysans  Bas-Manceaux  étaient  résolus  à  se  soustraire,  à 
tout  prix,  aux  conséquences  d'une  loi  qu'ils  regardaient 
comme  une  atteinte  suprême  à  leurs  sentiments,  à  leurs  inté- 
rêts, à  leur  liberté,  et  qu'ils  ne  prirent  les  armes,  dans  une 
insurrection  pour  ainsi  dire  générale,  qu'après  la  journée  du 
10  août  1792,  lorsqu'ils  furent  appelés  à  participer  à  la  réqui- 
sition. A  cette  date,  ils  avaient  été  travaillés  habilement  par 
Gavard,  le  bras  droit  du  marquis  de  la  Rouerie,  alors  réfugié 
au  château  de  Launay-Villiers,  dans  l'attente  du  jour  prochain 
où  il  pourrait  se  mettre  à  la  tète  de  la  conspiration  bretonne 
qu'il  préparait  depuis  longtemps.  C'est  une  remarque  avec 
raison  faite  par  M.  l'abbé  Angot*  que  les  paroisses  sur  la 
lisière  de  la  Bretagne,  depuis  Landivy  jusqu'à  la  Roé,  se 
soulevèrent  le  même  jour,  sur  un  mot  d'ordre  évidemment,  et 
peut  être  La  Rouerie  en  personne  donna-t-il  à  TafTaire  du 
Bourgneuf.  C'est  l'opinion  de  M.  Lenotre*,  et  elle  est  fort 
probable,  car  l'attaque  à  l'étang  de  la  Chaîne,  dans  un  endroit 


1.  Sur  les  femmes  qui  servirent  dans  hs  armées  de  la  Répu- 
blique, voir  le  livre  de  M.  Jacques  Sainl-Cère. 

2.  Dict.  Itisi.,  top,  et  biog,  de  fa  Mayenne,  t.  I,  p.  7^9. 

3.  Le  marquis  de  la  Rouerie  et  la  conjuration  bretonne^  p.  200* 
note.  » 


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-  511  — 

a  ni  empêchait  ou  limitait  tout  déploiement  et  menaçait  le 
anc  des  gardes  nationaux,  dénote  une  habileté  et  un  instinct 
militaire  que  Jean  Chouan  ne  possédait  pas.  M.  Morvan  ne 

Î>arait  pas  avoir  soupçonné  cette  influence  de  La  Rouerie  sur 
es  commencements  de  la  Chouannerie  mayennaise  ;  elle  me 
semble  indéniable  et,  je  crois,  le  constater  eût  fortifié  la  thèse 
de  Tauteur  des  Chouans  de  la  Mayenne^  sur  le  mobile  dn 
soulèvement. 

Sans  doute,  dans  le  discours  qu'il  adressa,  le  27  mai  1792, 
aux  principaux  conjurés,  La  Rouerie  parla  de  rendre  à  TEglise 
ses  véritables  pasteurs  et  de  protéger  la  dignité  du  culte,  mais 
j'imagine  C|ue  cette  tête  folle  et  de  mœurs  faciles,  qui  avait 
tàté  du  suicide,  qui  avait  fait  trançiuillement  sienne  la  mat- 
tresse  de  son  oncle,  et  qui  promenait  partout  sa  belle  cousine 
et  intime  amie,  devait  assez  peu  se  soucier  personnellement 
des  questions  religieuses  et  que,  pour  recruter  des  partisans, 
il  profita  plus  de  «  l'épouvante  »  de  la  réquisition  que  de 
craintes  plus  nobles  et  plus  désintéressées  :  la  date  du  15 
août  choisie  par  les  Chouans  en  est  la  meilleure  preuve. 

Faut-il  pour  cela  écarter  complètement  de  la  première 
chouannerie,  comme  le  veut  M.  Morvan,  les  influences  reli- 
gieuses ?*Je  ne  le  pense  pas.  Le  soin  même  que  La  Rouerie 
prit  de  parler  de  la  religion  aux  chefs  de  ses  comités  prouve 
que  cette  question  ne  fut  pas  du  tout  indifférente.  Mais  il  y  a 
plus.  Les  troubles  oui  signalèrent,  à  l'état  sporadique  pour 
ainsi  dire  et  sans  relations  entre  eux,  les  commencements  de 
Tannée  1792,  sont  caractéristiques  par  les  causes  qui  les 
amenèrent,  par  les  incidents  qui  s'y  produisirent  et  par  les 
personnes  qui  y  prirent  part.  Car  il  n'y  eut  pas  seulement 
que  des  fidèles,  mais  des  séminaristes  et  des  prêtres.  Le  pre- 
mier avril,  par  exemple,  à  l'affaire  de  Chammes,  on  trouve  à 
la  tête  du  mouvement  un  séminariste  sans  grands  moyens, 
Guillaume  Le  Métayer,  JuUen  Ripault,  desservant  de  Gesnes, 
le  curé  et  le  vicaire  de  Chammes.  Ailleurs,  un  des  plus  chauds 
embaucheurs  de  La  Rouerie  était  encore  un  séminariste, 
Louis  Orain,  qui  logeait  chez  le   vicaire   réfractaire  de  la 

f)aroisse,  et  deux  abbés  montaient  la  garde,  armés  de  pisto- 
ets,  à  la  porte  de  son  chàteaur  On  pourrait,  je  crois,  en  trou- 
ver d'autres. 

Les  gens  du  peuple  furent  donc  réfractaires  à  la  Constitu- 
tion civile.  Comprenaient-ils  les  changements  qu'elle  intro- 
duisait dans  la  discipline  ecclésiastique  ?  Non  certes,  et  à  cela 
rien  d'étonnant  lorsaue  tant  d'esprits  qui  devaient  être  éclairés 
sur  cette  question,  tliéologiens  ou  docteurs  en  droit  canon,  se 
querellèrent  si  longtemps  sur  ce  point  de  doctrine.  Leur 
science  religieuse,  comme  celle  des  paysans  de  nos  jours, 
plus  que  courte,  était  nulle.  Mais  ils  avaient  des  traditions  et 
des  habitudes  religieuses,  et  c'fst  cela  que  les  jacobins  vou- 


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-  512  — 

laient  changer  en  partie,  imposant  brutalement  d'autres  ha- 
bitudes. Affir  de  la  sorte  était  le  moyen  le  plus  sûr  de  faire 
regretter  1  ancien  élat  de  choses  et  de  provoquer  la  résistance. 
Le  paysan  Bas-Manceau  n*y  faillit  pas,  ou  cfu  moins  il  trouva 
dans  la  violence  que  Ton  faisait  à  ses  croyances,  très  vagues 
à  s'en  tenir  au  domaine  des  idées,  mais  très  nettes  dans  la 
pratique,  un  grief  de  plus  contre  la  Révolution.  Ce  grief  à  lui 
tout  seul  n'aurait  pas  suffi  à  provoquer  un  soulèvement  im- 
portant et  durable,  personne  n'en  peut  douter,  mais  on  doit 
certainement  le  compter  au  nombre  des  motifs  qui,  après  la 
crainte  de  la  réquisition  oui  fut  prédominante,  empêchèrent 
les  réquisitionnaires  d  aller  aux  armées.  La  défense  de  la 
religion,  incarnée  pour  ainsi  dire  dans  le  clergé  inconstitu- 
tionnel, ne  fut  pas  assez  forte  pour  insurger  les  populations 
au  mois  de  mars  1792  ou  en  septembre,  lors  de  l'internement 
des  prêtres  à  Laval  ou  de  leur  déportation,  M.  Morvan  le 
constate  avec  raison,  mais  il  faut  tout  de  même  lui  laisser  sa 
part  d'influence  dans  les  événements 

J'aurais  d'autres  remarques  à  faire  sur  le  livre  de  M.  Mor- 
van, à  le  défendre,  si  j'avais  à  le  défendre,  car  la  critique  doit 
être  impartiale,  du  reproche  qu'on  lui  a  fait  de  fatras  ou  de 
défaut  de  références,  mais  j'ai  peur  que  ce  compte-rendu, 
déjà  long,  ne  b'allonge  encore  et  démesurément.  Ce  que  j'en 
ai  dit  suitit  à  montrer  l'intérêt  de  l'ouvrage  et  si,  par  la  nature 
même  des  faits  qu'il  raconte,  pour  suivre  ces  bandes  de 
chouans  individuelles,  sans  cohésion  entre  elles,  anarchiques, 
le  récit  s'éparpille,  il  faut  bien  reconnaître  qu'il  n'en  peut  être 
autrement  et  que  supprimer  la  mention  rigoureuse  de  petits 
faits,  en  soi  infimes  et  qui  n'acquièrent  de  l'importance  que 
par  leur  répétition,  ce  serait  supprimer  l'élude  même  de  la 
chouannerie.  Mais  il  y  a  autre  chose  que  ces  petits  faits  :  les 
idées  générales  qu'ils  suggèrent.  On  peut  ne  pas  les  admettre 
toutes,  si  d'autres  documents  sont  plus  laid  découverts  ou  si 
d'autres  idées  qui  n'auraient  pas  leur  racine  dans  le  détermi- 
nisme étaient  mises  e\i  face  d  elles  ;  pourtant,  je  le  repète,  le 
livre  vaut  la  peine  d'être  lu  ;  un  système  historique  s'y  pré- 
sente bien  tenu,  bien  suivi,  et  désormais  tout  érudit  sérieux 
qui  voudra  reprendre  cette  étude  de  la  chouannerie  et  la  mener 
jusqu'à  la  iin,  en  devra  tenir  grand  compte.  Rien  n'est  définitil 
en  histoire,  dès  qu'on  s'attaque  aux  idées  ;  mais  ce  n'est  pas  un 
mérite  banal,  pour  Tauteur  d'un  livre,  que  de  forcer  des  suc- 
cesseurs à  le  discuter.  M.  Morvan,  je  crois,  a  ce  mérite  avec 
les  Chouans  de  la  Mayenne  :  il  convient  de  l'en  féliciter. 

E.  Laurain. 


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TABLE  DES  MATIÈRES 


Le  Château  du  Coudray  et  les  chàtellenie?  de  Chemeré 
et  de  Saint-Denis-du-Maine  (suite),  par  M.  le  marquis  de 
Bbauchbsnb 15,  129,  268,  409 

Les  commencements  de  rimprimerie  dans  TOuest  de  la 
France,  par  M.  Ernest  Laurain 42 

Arrêt  du  parlement  concernant  les  négligences  dans  la 
tenue  des  registres  de  baptêmes,  mariages  et  sépultures 
de  la  paroisse  de  Saint- Fort,  en  Anjou  (26  mai  1772j,  par 
M.  RsNé  Gadbin 53 

La  Maison  de  Laval  (suité)^  par  M.  le  comte  Bertrand  de 
Broussillon 63,  187,  328,  455 

Essai  historique  sur  la  terre  seigneuriale  et  la  chapellenie 
de  la  Gendronnière  (Saint- Sulpice),  par  M.  Rbné  Gadbin.      154 

Nomination  de  M.  Hardy  de  Lévaré,  juge  de  police  de  la 
ville  de  Laval  (1723),  par  M.  Qubruau-Lambrib.     .     .     .      178 

Cercueil  en  schiste  ardoisier  en  Loigné,  par  M.  Cuiron  du 
Brossay     •.'...  184 

District  de  Laval.  L'agent  national  près  le  district,  par 
M.    A.    Galland 261 

Lettres  de  Michel- René  Maupetit,  député  à  TAssemblée 
nationale  Constituante  (1789-1791),  par  M.  Queruau- 
Lambrib 302,  439 

Le  Comité  révolutionnaire  du  district  de  Laval,  par  M.  A. 
Galland 389 


PROCESVERBAUX  DES  SEANCES 


Séance  du  31  janvier  1901 113 

—  21  mai  1901 246 

—  8  août  1901 496 

—  21  novembre  1901 498 


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BIBLIOGRAPHIE 

Maurice   Planta  (1877-1899) 120 

Ambroisb  PARé.  Sa  vie,  son  œuvre  /'1509-1590).  par  M.  le 

docteur  Maxence  Broussais,  de  l'Université  de  Paris.     .       121 
Un  livèQUE  assermenté  (1790-1802).  LeCoz,  évêque  d'Ille-bt- 
Vilaine.  —  Correspondance  de  Le  Coz,  évêqub  constitu- 
tionnel d*Ille-et- Vilaine,  par  }A,  A,  Roussel^  de  l'Ora- 
toire  124 

Les  Chouans  et  les  Bleus,  par  M.  Jean  Morvan.  ...  128 
Mémoires  du  général  d*Andigné,  par  M.  Ed,  Biré.  .  .  .  251 
Dictionnaire  historique*  topographique  et  biographique  de 

LA  Mayenne,  par  M.  Tabbé  Angot 260 

Débuts  de  la  Chouannerie  dans  le  Morbihan  (1793-1794,)  par 

M.  le  docteur  G.  de  Closmadeuc 386 

Les    Chouans   de   la   Mayenne  (1792-1796),  par  M.    Jean 

Morvan 388,  506 

Ambroise  Paré,  par  M.  le  docteur  H,  Folet 50 'i 


TABLE    DES   NOMS   D'AUTEURS 


travaux  originaux  et  documents 


Beauchesne  (Marquis  de) 15,    129,   268,  409 

Bertrand  de  Broussillon  (Comte).     ...      63,    187,   328,  454 

Chiron  du  Brossay  (Emmanuel) 184 

Gadbin(René) 53,  154 

Galland  (A.) 261, •[389 

Laurain  (Ernest). 42 

Queruau-Lamerie  (Emile) 178,    302,  439 


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—  515  — 


COMPTES-RENDUS   ET  BIBLIOGRAPHIE 


Laurain  (Ernest)     .     120,  121,  124,  128,  251,  386,  388,  504,  506 


OUVRAGES   MENTIONNÉS   DANS   LA   BIBLIOGRAPHIE 

Angot  (abbé  A.) 260 

Birë(Ed) 251 

liroussais  (Maxence) 121 

Closmadeuc  (G.  de) 386 

Folet(H.) 504 

Morvan  (Jean) 128,  388,  506 

Roussel  (A.) 124 

X 120 


TABLE  DES  GRAVURES 


Galerie  du  château  de  Laval 97 

Sceau  et  contre-sceau  des  contrats  de  Vitré  (1546).     .     .  205 

Sceau  plaqué  de  Guy  XVIII  (1548) 214 

Blason  de  René  II  de  Laval-Bois-Dauphin  (1547).     .     .     .  220 

Sceau  de  René  II  de  Laval-Bois-Dauphin 222 

v"  Portrait  de  d'Andelot  (planche  hors  texte) 330 

Signature  de  Guy  XIX 334 

Sceaux  de  Guy  XIX 335,  336 

Jeton  de  Guy  XIX 337 

Portrait  de  Guy  XIX  (planche  hors  texte) 337 

V  Portrait  d*Anne  d*Alègre,  veuve  de  Guy  XIX  (planche 

horstexte) 337 

Sceaux  de  Jean  de  Laval-Loué 346,  361 

Jetons  de  Guy  de  Montmorency-Laval,  marquis  de  Nesle.  381 

-  Portrait  d'Anne  d'Alègre,  maréchale  de  Fervaque,  1599 

(planche  hors  texte) 457 


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—  5l6  — 

Sceau  d'Urbain  de  Laval-Bois-Dauphin  (1584)    ....  466 
Sceau  de  Madeleine  de  Montecler,  épouse  d'Urbain  Bois- 
Dauphin  (1582) 467 

v^  Portrait  de  Guy  de  Lavai,  marquis  de  Nesle,  1590  (planche 

hors  texte) 471 

Cachets  du  maréchal  de  Bois-Dauphin  (1592,  1601,  1609).  478 

J  Portrait  du  maréchal  de  Bois-Dauphin  (planche  hors  texte)  491 

Cachet  du  maréchal  de  Bois-Dauphin  (1597) 494 


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U  Président,  f.  f.  de  Gérant  {Loi  du  29imllet  1881) 

B.    MORSAU. 

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LE  BULLETIN  DE  LA  COMMISSION  HISTOBIQUE  ET 
ARCHÉOLOGIQUE  DE  LA  MAYENNE  paraît  tous  les 
trimestres  en  livraisons  comptant  environ  128  pages. 

Il  donne  des  gravures  et  illustrations  aussi  souvent 
que  le  permettent  les  sujets  traités  et  les  ressources  dont 
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Le  ^rix  de  Vabonnement  est  de  DIX  FRANCS  par  an. 

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XIII,  XIV,  de  la  2^  série,  sont  en  vente  au  prix  de  i2 
francs  Vannée. 


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